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La fonction sujet

Définition du sujet

Souvent, le sujet grammatical correspond au sujet logique et communicatif et désigne ce


dont on dit quelque chose, ce quelque chose étant le prédicat. C'est le premier des deux constituants
obligatoires de la phrase canonique de base.

L'analyse logique et communicative appelle aussi thème cet élément mis en tête, et propos le
reste de la phrase.

En raison de sa position initiale dans la phrase canonique, le sujet grammatical correspond


souvent au thème de l'analyse logique et communicative.

Le thème et le propos peuvent alors coïncider avec le sujet et le prédicat. Mais ce n'est pas
toujours le cas. Cela dépend de l'information nouvelle que veut véhiculer le locuteur :
Mon fils s'envole aujourd'hui pour Hong Kong.

Un tel énoncé peut répondre à la question : Que fait ton fils aujourd'hui ? Le sujet est mon
fils, lé prédicat est s'envole pour Hong Kong.

Il peut aussi répondre à la question : Qui s'envole aujourd'hui pour Hong Kong ? En ce cas,
l'information nouvelle, et donc le propos, est mon fils.

Les questions Quand ton fils s'envole-t-il pour Hong Kong ? et Où ton fils s’envole-t-il
aujourd'hui ? font respectivement de aujourd'hui et de Hong Kong les propos de l’énoncé.

Par ailleurs, quand le sujet grammatical de la phrase est postposé au verbe, il perd
son statut de thème et acquiert celui de propos.

,
Certaines structures permettent de modifier le statut communicationnel des constituants de la
phrase. Ce sont des réagencements communicatifs de la phrase

1) Le clivage ou extraction ou structure clivée : permet de procéder a la mise en propos de


différents constituants de la phrase qui n'ont pas vocation a l'être.
C'est trois bicyclettes qui ont disparu dans notre quartier. Clivage.
Mise en propos du sujet trois bicyclettes de la phrase : Trois bicyclettes ont disparu dans notre
quartier.
Le clivage au moyen de la locution « c'est... qui / que... » permet la mise en propos de n'importe
quel constituant de la phrase, y compris le sujet, qui acquiert alors une forte valeur prédicative.

2) L'impersonnalisation (ou construction impersonnelle) permet de conférer à l'ensemble de


l'énoncé le statut de propos et donc de faire entrer le sujet de la phrase de base dans le propos. Ce
type de construction répond à une question du type :
Que s'est-il passé ?
1
Il a été volé trois bicyclettes dans notre quartier.

3) La dislocation permet plutôt de procéder à la thématisation de différents constituants de la


phrase qui n'ont pas vocation à l'être.
Une auto, les copains et lui en avaient une. (Merle)
La dislocation de la phrase permet de thématiser par détachement à gauche un constituant de la
phrase, ici le COD, alors repris à l'aide d'un pronom, ici en.

4) Quant à la passivation, elle permet de thématiser le COD de la phrase active et, le cas
échéant, d'intégrer le sujet au propos.
Trois bicyclettes ont été volées par des inconnus dans notre quartier. Thématisation de trois
bicyclettes COD de la phrase active, et mise en propos de « des inconnus » : Des inconnus ont volé
trois bicyclettes dans notre quartier.

• D'un point de vue sémantique, selon le sémantisme du verbe, le sujet peut jouer un rôle
- d’agent (Marie apporte des oranges à Paul),
- de bénéficiaire (Paul reçoit des oranges de Marie),
- de patient (Paul se voit offrir des oranges par Marie, Paul a été roué de coups à la récréation),

• D'un point de vue syntaxique, le sujet est le terme qui, normalement donne au prédicat verbal à un
mode personnel ses marques de personne, de nombre et, dans certains cas, de genre.

REMARQUE

Si l'infinitif a un sujet, c'est d'un point de vue logique, et non grammatical puisque celui-ci ne peut
donner au verbe ses marques de personne ou de nombre, l'infinitif étant un mode non temporel et
non personnel : Et Paul de rire.
Certaines grammaires parlent d'agent ou de support agentif ou de contrôleur de l'infinitif
plutôt que de sujet.

Nature du sujet

Le sujet est réalisé par un constituant nominal; il peut donc être :

1. Syntagme nominal

Agnès est partie.


1. Le sujet peut être un nom seul, dépourvu de déterminant dans le cas du nom propre, mais c'est
le plus souvent un syntagme.

Des gamins qui volaient des pêches dans le jardin s'étaient enfuis silencieusement
par les trous de la haie. (Alain-Fournier)

2. Le nom sujet peut être un mot appartenant à une autre catégorie, mais employé
occasionnellement comme nom.
2
Les pourquoi des enfants ne finissent pas.

2. Pronom
Tout est perdu.

3 Construction infinitive

L'infinitif est en emploi nominal mais n'est pas substantivé.

Aimer sans espoir est encore un bonheur. (Balzac)

4 Proposition subordonnée

Qui vivra verra. Relative substantive indéfinie.


Que tu partes me chagrine. Conjonctive essentielle.

Sujet apparent et sujet réel

Dans les phrases où le verbe est impersonnel, le pronom il ne représente rien de précis, il est non
référentiel, vide de contenu sémantique.

C'est pourquoi il ne peut varier en personne : *Elle faut. *Nous fallons. "Tu pleux, et il est difficile
voire impossible, selon les verbes, de proposer un sujet nominal
Pour certains verbes cependant, un sujet exprimant l'origine du procès peut être exprimé : De gros
nuages pleuvent.

REMARQUE
La notion du sujet réel est donc une notion logique difficilement tenable dans une approche
syntaxique. Certains grammairiens appellent ce syntagme complément du verbe impersonnel. Il y a
pourtant des inconvénients à cette appellation. En effet, ces verbes peuvent avoir des compléments
variés. C’est pourquoi on préfère souvent parler de séquence (ou de régime) du verbe ou de la
construction impersonnelle.

Non-expression du sujet

Dans certaines conditions liées à la clarté de la situation d'énonciation ou a celle de


l'entourage linguistique, le sujet peut ne pas être exprimé.

1. Impératif
L'impératif s'emploie toujours sans sujet. On ne peut pas parler d’ellipse dans ce cas. Ses désinences
sont explicites quant aux personnes concernées.

Viens.
Ne partez pas sans m'avertir.

3
2. Coréférence

On ne répète pas le sujet, d'ordinaire, quand le sujet des verbes de phrases (ou de propositions)
coordonnées ou juxtaposées est coréférentiel du sujet du verbe de la première proposition.
La garde meurt et ne se rend pas. (Phrase attribuée à Cambronne)

3. Expressions figées

Le pronom sujet manque dans diverses expressions figées.


À Dieu ne plaise ! Advienne que pourra ! Tant s'en faut. N’importe. Si bon vous semble.

4. Discours elliptiques

Pour des raisons d'économie, on peut supprimer le pronom personnel sujet dans certains
discours écrits caractérisés par l'ellipse (télégrammes, petites annonces, notes rapides, SMS).

Ainsi dans le journal intime :


Ne parviens pas à prendre sur moi de ne plus fumer. (Gide)

De même, le sujet impersonnel peut être supprimé à l'oral pour certains verbes écrits cherchant à
restituer l'expression orale. Très fréquents quand la phrase a valeur exclamative.

Faut en profiter. (Céline)


Impossible de se souvenir (Aragon)
Y a tout ce qu'il faut à bord. (Céline)

5. Réponses

Dans les réponses qui ne comportent pas de verbe, le sujet n'est pas non plus exprimé.

Jacques. - Où sont les femmes ? Lia, Ruth, Martha, Judith ?


Jean. - À des milliers de lieu, hors d'atteinte. (Giraudoux)

Cependant, il sera exprimé s'il s'agit d'opérer une distinction:


Paul et toi vous viendrez ? Paul oui, moi non.

6 .Phrases averbales

C'est aussi le cas dans certaines phrases averbales qui n'expriment que le terme prédicatif car la
situation d'énonciation est suffisamment claire, s’agissant du sujet logique :
Délicieux ! pour, par exemple, Délicieux, ce gâteau !

Place du sujet

Le sujet précède généralement le verbe dans la phrase canonique déclarative, mais dans la langue
familière, il se place aussi fréquemment avant le verbe dans :
4
- l’interrogation et
- dans les incises.

1. Le sujet est placé après le verbe lorsque l'adjectif attribut est en tête.

Tel est mon souhait.


Grande fut ma surprise.
Rares sont chez nous les hivers sans neige.
Seules restaient les difficultés professionnelles.

2. Le sujet est placé après un verbe intransitif, marquant souvent un mouvement dans l'espace ou
un avènement dans le temps, quand la phrase commence par un adverbe de temps, de lieu ou de
manière, notamment ainsi, aussi, peut-être, ou par des syntagmes nominaux prépositionnels
équivalents :
Aussitôt s'établit un combat de générosité. (Mérimée)
Ainsi se précise la différence avec l'imparfait. (F. Brunot)
De la partie gauche du cadre, descend un cône de lumière vive et crue. (Robbe-Grillet)

REMARQUE
Cela est fréquent dans les épitaphes et autres inscriptions : Ici repose... Dans cette maison est né...

3. Quand la phrase commence par un verbe intransitif, souvent en lien avec l’énoncé précédent ou
marquant une indication scénique :

Ah ! Voilà le cimetière de Ziès. Y dorment le petit Nicolas et le vieux Jérôme. (Duras)


Entrent la troisième et la quatrième ménagère. (Ionesco)
Passaient les jours, les semaines, les mois. (Sabatier)
La conversation s'engage mal; arrive une Italienne blonde, lourde, mais avec de beaux
yeux pâles. (Beauvoir)
Le phénomène est particulièrement fréquent avec le verbe rester :
Restaient les débris disparates qui subsistent toujours. (Yourcenar).

4. Le sujet suit le verbe dans certains tours figés (proverbes, langue juridique, etc.), et aussi parfois
quand le sujet est une énumération :
Rira bien qui rira le dernier.

Ne peuvent être tuteurs, ni membres des conseils de famille,


1° Les mineurs, excepté le père ou la mère ;
2° Les interdits... (Code civil)

Inversion aussi dans :

1) La phrase exclamative - elle n’est pas obligatoire : Combien de refus a dû essuyer ce pauvre
homme !
Dans les propositions subordonnées :
- temporelles : Quand passent les cigognes
- finales : On a pris des mesures pour que cessent de telles pratiques.
5
- Concession : Aussi chaud qu’ait été le soleil, un peu de brume annonce de loin de crépuscule.
- comparatives : Il écrit comme écrivaient les auteurs classiques.

Reprise du sujet
Le sujet peut se trouver redoublé, tantôt sous la forme d'un pronom tantôt sous la forme d'un mot de
sens vague dans :

1. Phrases interrogatives
Sous la forme du pronom personnel dans les phrases interrogatives ou certaines structures
modalisantes, c'est a dire comportant un terme modalisateur, tel qu’un adverbe:

Le président ira-t-il à Bordeaux ?

2. Détachement

Pour mettre en évidence le sujet, on le place au début ou à la fin de la phrase et il est repris ou
annoncé par un pronom. Il s'agit là alors d'un phénomène d'emphase par dislocation.
L'auteur de l'Adonis, il ne peut être qu'un esprit singulièrement attentif. (Valéry)

REMARQUE

Lorsque le sujet est détaché en fin de phrase, le morphème que, « explétif », en ce qu'il est
facultatif, peut servir de ligature entre prédicat et sujet
Drôles de gens (que) ces gens-là.
C'est un plaisir (que) de la voir.
C'est une belle fleur (que) la rose

Ce morphème que est difficilement analysable quant à sa classe grammaticale.


Il est toujours effaçable

Il est repris notamment sous la forme du pronom démonstratif neutre ce (parfois d'un syntagme
nominal de sens vague) :
Partir, c'est compromettre sa réputation.

+ Le pronom neutre c' anaphorise souvent un groupe nominal indéfini mais peut aussi une valeur
générique (une classe d'individus ou d’objets) :
Un enfant, c'est bruyant. Les enfants, c'est bruyant.

C'est ne peut s'utiliser avec un référent spécifique ;


*Ton fils, c'est bruyant.
Mais : Ta nouvelle tenue, c'est laid. Le démonstratif prend alors une valeur dépréciative.

6
Pour insister sur le sujet et le contraster avec d'autres sujets possibles, on le reprend sous la forme
du pronom personnel disjoint
Moi, je le sais.
Je le sais, moi.
Mon père le sait, lui.
Mon père, lui, le sait.

On parle dans ces cas de figure de redoublement du poste syntaxique du sujet.

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