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CM 1

La phrase interrogative

La phrase interrogative exprime une question. C’est une phrase spécifique du dialogue, une
phrase qui demande une réponse et par laquelle le locuteur exprime son désir de recevoir soit une
information qu’il ne détient pas, soit la confirmation d’une information incertaine. La demande
d’informations, la demande de confirmation sont les valeurs fondamentales de la phrase interrogative.

La question peut se référer à :

a) une phrase entière ou à un segment de phrase tout entier. Ce type de phrase interrogative
s’appelle interrogative totale.
Ex. Est-ce que tout le monde est prêt ?
Je peux commencer ?
b) un seul constituant de la phrase. La phrase interrogative de ce type s’appelle interrogative
partielle.
Ex. Comment allez-vous ?
Où as-tu trouvé ces livres ?

LA PHRASE INTERROGATIVE DIRECTE

Elle se présente sous la forme d’une phrase indépendante. Par écrit elle est marquée par un signe
d’interrogation et oralement par des lignes/contours mélodiques spécifiques, parmi lesquelles/lesquels les
plus importants sont :

a) le contour ascendant

Ex. Est-ce qu’elle vient ?

b) le contour descendant :

Ex. Quand est-ce qu’elle vient ?

Par écrit, les marques syntaxiques de l’interrogation sont :


- l’inversion du sujet : Qu’en penses-tu  ?
- la périphrase interrogative est-ce que : Est-ce que vous êtes libres, dimanche ?
- les morphèmes interrogatifs (adjectifs, adverbes ou pronoms) accompagnés ou non de
l’inversion du sujet :
Ex. Qui est là  ?
Comment allez-vous ?
Où est-ce qu’ils vont ?

Le signe d’interrogation est, dans tous les cas, la marque graphique indispensable pour
l’interprétation correcte de la signification de la phrase.
La phrase interrogative directe présente deux types fondamentaux :

I. L’interrogation totale
Ce type d’interrogation se réfère à une phrase toute entière ou à un segment de celle-ci.
La réponse à une telle question est de type oui/non/si.
Ex. Est-ce qu’il s’est levé de bonne heure ? (Oui/Non)
Ne t’ai-je pas dit de m’attendre ? (Oui/Non)
Le contour intonationnel de la phrase interrogative totale est, en général, ascendant ; il
peut constituer, dans le registre oral de langue, la seule marque interrogative de la phrase :
Ex.
Il s’en va ? /vs/ Il s’en va. (phrase déclarative)
Les marques grammaticales de l’interrogation totale sont :
a) L’inversion simple (lorsque le sujet est un pronom personnel, le pronom on ou ce)
Ex. Voulez-vous du thé ?
Est-ce possible ?
Doit-on tout vous dire ?
b) L’inversion complexe : (qui présuppose le reprise du sujet par un pronom personnel
accordé :
Ex. Vos amis sont-ils partis ?
c) La périphrase est-ce que :
Ex. Est-ce que Pierre est parti ?
d) Certaines particules invariables ayant rôle d’emphase : n’est-ce pas, non, pas, pas
vrai ?
Ex. Il est rentré tard, n’est-ce pas ?
Vous aimez la vie, non ?

II. L’interrogation partielle


Elle se réfère à un seul constituant de la phrase. Elle demande une réponse qui prend
d’habitude la forme d’un segment de phrase ou d’une phrase :
Ex. Quand êtes-vous arrivés ?
(Nous sommes arrivés) À cinq heures.
Le contour intonationnel de l’interrogative partielle est, d’habitude, descendant.
L’interrogation partielle est marquée toujours par des morphèmes interrogatifs qui peuvent
apparaître seuls :
Ex Qui vient ?
ou accompagnés des autres marques de l’interrogation :
a) les formules est-ce qui ou est-ce que – est-ce qui s’emploie quand la question se réfère au
sujet de phrase, et est-ce que, à d’autres constituants de la phrase.
Ex. Qu’est-ce qui t’arrive  ?
Qui est-ce que je vois ?
Qu’est-ce que vous voulez  ?
Où est-ce que j’ai mis mon portefeuille  ?
b) l’inversion du sujet :
1. inversion simple (quelle que soit la nature du sujet de la phrase interrogative)
Ex. Que veut-il  ?
Qu’en dit ton père ?
À quoi penses-tu  ?
2. inversion complexe (lorsque le sujet de la phrase interrogative est un nom ou un pronom autre
que ce, on, ou les pronoms personnels)
Ex. Comment Marie est-elle entrée ici ?
Obs. a) L’inversion n’est pas possible lorsque la question se réfère au sujet : Qui t’as raconté
une chose pareille ?
b) L’inversion simple est obligatoire lorsque les morphèmes interrogatifs sont que, qui,
quel, lequel, en position d’attribut du sujet :
Que fait-il ici ?
Quelle est votre opinion là-dessus  ?
Qui êtes-vous ?
c) Pourquoi impose l’emploi de l’inversion complexe si le sujet est un nom.
Pourquoi votre femme est-elle triste ?
3. les particules invariables diable, diantre, donc
Ex. Où diable est-il passé ?
À quoi donc pouvait-elle penser ?
Les morphèmes interrogatifs peuvent apparaître dans le registre familier de langue, à la fin de la
phrase.
Ex. Tu pars quand ?
Il est venu comment ?
La phrase interrogative peut avoir une forme négative :
Ex. Tu n’as pas aimé le film  ?
Qui ne veut pas de café ?
Les modes verbaux employés dans la phrase interrogative sont en général l’indicatif et le
conditionnel.
Ex. Est-ce que toi aussi tu veux lui parler ?
Est-ce que toi aussi tu voudrais lui parler ?
Obs. Le conditionnel a fréquemment dans tels contextes une valeur d’atténuation, de politesse, la
phrase interrogative exprimant une demande, une prière.
Ex. Pourriez-vous me passer le sel ?
L’infinitif apparaît dans la phrase interrogative elliptique à valeur délibérative :
Ex. Que faire  ?
Où aller maintenant ?
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Les valeurs de la phrase interrogative
La phrase interrogative exprime, sauf ”la demande d’informations” et ”la confirmation d’une
information”, d’autres valeurs aussi :
- une affirmation renforcée : Est-ce qu’un jour il ne se mit à crier après moi ?
- une présupposition ou une hypothèse : Lui parlait-on ? Il répondait poliment.
- la cause : Je l’aime bien. N’est-il pas mon meilleur ami ?
- l’opposition : Tu ne me crois pas ? Pourtant, je dis la vérité.
À remarquer que les nuances circonstancielles apparaissent dans des structures comprenant deux
phrases juxtaposées.
- des valeurs spécifiques du dialogue, de l’interaction verbale : Peux-tu me donner un peu
d’eau ?
- la demande de permission : Puis-je vous parler  ?
- la proposition : Voulez-vous qu’on aille au théâtre ?
Il faut ajouter à ces valeurs les soi-dites questions rhétoriques, « les fausses questions », qui ne
demandent pas de réponses, représentant en fait des assertions :
Ex. N’est-elle pas la plus mignonne des filles ?

Observations regardant l’inversion de sujet


1. Le pronom sujet est exprimé après le verbe, lié à celui-ci par un tiret : As-tu mal à la
tête ?
2. Si le verbe est à un temps composé, le pronom sujet s’exprime après l’auxiliaire : Es-tu
arrivé le premier ?
3. A la 3e personne du singulier, si le verbe finit par voyelle, pour qu’on évite le hiatus on
interpose entre verbe et pronom un t  : A-t –elle réussi ?
4. Si le sujet est un nom, il est mis avant le verbe, mais repris par un pronom personnel  :
Tes parents sont-ils arrivés  ?
5. A l’indicatif présent l’inversion du pronom je peut se réaliser seulement après quelques
formes verbales monosyllabiques finies par voyelle : Sais-je  ? Suis-je ? La forme
d’indicatif présent, 1ère personne du singulier, du verbe pouvoir, employée dans une
inversion est puis (puis-je ?). Pour les autres verbes on emploie la périphrase
interrogative est-ce que ?

LA PHRASE INTERROGATIVE INDIRECTE


Elle apparaît comme une subordonnée complétive directe introduite par un morphème
interrogatif (pronom, adjectif, adverbe).
Les verbes dont le complément d’objet direct est une subordonnée interrogative indirecte
peuvent avoir un sens interrogatif explicite (demander, s’enquérir, s’informer) ou implicite
(ignorer, ne pas savoir, se demander). Ils peuvent être aussi des verbes déclaratifs au mode
impératif : (dites-moi, expliquez-moi, savez-vous).
Au cas de l’interrogation totale, les morphèmes interrogatifs sont les conjonctions si ou que :
Ex. Je me demande s’il connaît mon adresse.
Au cas de l’interrogation partielle les morphèmes interrogatifs sont les pronoms, les adjectifs et
les adverbes :
- si la question porte sur le sujet, on utilise les pronoms qui, lequel ou l’adjectif quel+N quand
le sujet est un nom à trait [+humain] et ce qui lorsque le sujet est représenté par un nom [-
humain] :
Ex. Je me demande qui est venu.
Je veux savoir ce qui s’est passé.
- si la question porte sur le COD, on utilise :
 les pronoms qui, lequel, l’adjectif quel pour un COD nom [+humain]
 ce que pour un COD nom [-humain]
 que/quoi pour un COD exprimé par un verbe à l’infinitif

Ex. Dis-moi qui tu as rencontré.


J’ignore ce qu’elle pense.
Je ne sais que/quoi faire.

- si la question porte sur un complément circonstanciel on utilise les adverbes quand,


comment, pourquoi, où
Ex. Elle ne savait comment se débrouiller.
Obs. L’interrogation indirecte exclut l’inversion du sujet, l’utilisation de la périphrase est-ce
que, du signe de l’interrogation (en langue écrite) et de l’intonation interrogative (en langue
parlée). Le contour intonnationnel est celui d’une phrase déclarative.
Ex. Qu’est-ce que tu fais  ? mais Dis-moi ce que tu fais.

Où est-il ? mais Je veux savoir où il est.

À qui parles-tu  ? mais Je te demande à qui tu parles.

La transformation d’une interrogative directe en interrogative indirecte peut présupposer :


- la modification de la personne au cas des pronoms personnels :
Ex. Il me demande  : ”Tu vas bien ?
Il me demande si je vais bien.
- la modification du temps verbal conformément aux règles de la concordance des temps à
l’indicatif :
Ex. Il me demanda : ”Tu vas bien ?”
Il me demanda si j’allais bien.

Les modes verbaux utilisés dans l’interrogative indirecte sont, comme au cas de l’interrogative
directe aussi :
- l’indicatif dans presque tous les cas : Je ne sais pas où il habite.
- le conditionnel ayant le sens d’incertitude, d’hypothèse : Il se demande s’il ne devrait pas
leur parler ouvertement.
- le conditionnel exigé par la concordance (le futur du passé) : Je leur demandai s’ils
iraient au concert.
- l’infinitif (au sens délibératif) : Elle ne savait pas à qui parler.
Obs. L’infinitif apparaît lorsque le sujet de la proposition principale est identique à celui de la
subordonnée interrogative indirecte partielle. L’infinitif ne s’emploie pas dans l’interrogative
indirecte totale et dans la question qui se réfère au sujet.

Avant l’infinitif ce qui, ce que sont remplacés par que, quoi :


Ex. Je ne savais ce qu’il allait répondre. mais Il ne savait que répondre.

RAPPEL
LES PRONOMS INTERROGATIFS
 Les formes simples sont QUI, QUE, QUOI
 Les formes composées invariables sont QUI EST-CE QUI, QUI EST-CE QUE, QU’EST-
CE QUI, QU’EST-CE QUE
 Les formes composées variables sont :
- Au masculin  singulier: LEQUEL, DUQUEL, AUQUEL
- Au masculin pluriel : LESQUELS, DESQUELS, AUXQUELS
- Au féminin singulier : LAQUELLE, DE LAQUELLE, À LAQUELLE
- Au féminin pluriel : LESQUELLES, DESQUELLES, AUXQUELLES

I L’emploi des formes simples :


QUI → des noms [+animé] remplissant les fonctions suivantes :
- sujet : Qui a téléphoné ?
- attribut du sujet : Qui êtes-vous  ?
- COD : Qui as-tu rencontré ?
- COI+prép. A qui pensez-vous ? De qui parlez-vous ?

QUE→ des noms [-animé] remplissant les fonctions suivantes :


- sujet de certains verbes impersonnels, surtout ceux précédé par le pronom réfléchi se :
Que se passe-t-il ? Que manque-t-il  ?
- attribut du sujet remplaçant des noms [± animé] : Que devenez-vous  ?
- COD : Que cherchez-vous ?

QUOI → des noms [-animé], peut avoir le rôle de :


- Sujet dans des propositions sans sujet : Quoi de neuf ?
- COI+prép. : A quoi pensez-vous ? De quoi parle-t-il ?

 II L’emploi des formes périphrastiques


Très employés dans le langage oral, par celles-ci on évite l’inversion du sujet.
a) Pour les noms [+animé] on emploie :
QUI EST-CE QUI (= QUI) → sujet
QUI EST-CE QUE (= QUI) → attribut du sujet, COD, complément précédé par une
préposition
b) Pour les noms [-animé] on emploie :
QU’EST-CE QUI→ sujet de certains verbes impersonnels (= QUE) : Qu’est-ce qui s’est
passé ?
QU’EST-CE QUE (=QUE) → COD, attribut du sujet
III L’emploi des formes composées variables
Ces formes peuvent désigner des noms [±animé] et indiquent la préférence. Fonctions
syntaxiques :
- sujet Parmi ces tissus, lequel vous plairait le plus ?
- COD : De toutes ces autos, laquelle choisiriez-vous ?
- complément précédé d’une préposition : Auquel de tes amis veux-tu faire ce cadeau  ?
De tous ces problèmes, par lequel commencerons-nous ?

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