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Approche conversationnelle (suite)

Dialogisme et polyphonie chez Bakhtine

Le concept de « dialogisme » conduit Bakhtine à faire de l'interaction verbale l'élément


central de toute théorie portant sur le langage. Son point de vue fait d’ailleurs figure de
référence majeure : parler, c’est communiquer, et communiquer, c’est interagir.

La notion de dialogisme est donc l'une des composantes essentielles de ce qu'on peut
appeler la dimension interactive du langage. Vu sous cet angle, les monologues, qui sont
essentiellement des communications unilatérales, peuvent être considérés, au même titre que
les productions dialogales, comme des matériaux interactifs. Car ils relèvent en partie du
dialogisme inhérent à toute activité verbale.

Dans le sillage de Mikhaïl Bakhtine, le discours peut être « dialogal » ou « dialogique » :


tandis que le premier renvoie à un échange effectif (dialogue direct), le second ne se réfère
qu’à un échange indirect. L’allocutaire ne prend pas une part active dans l’échange verbal. Vu
sous cet angle, le discours argumentatif est de nature dialogique. Il implique deux partenaires
qui ne sont pas forcément en interaction directe.

Par aillaeurs, la théorie du dialogisme intègre la notion de polyphonie, qui n’est autre que
la pluralité des voix. L’objectif de la conception polyphonique du sens est de montrer
comment l’énoncé signale dans son énonciation la superposition de différentes voix. Les
formes du discours rapporté (style direct, indirect, indirect libre) sont entre autres des lieux
d’inscription de cette polyphonie.

Commentant le dialogisme de Bakhtine, Julia Kristeva y introduira la notion


d’intertextualité qui rappelle, in fine, la communication entre les textes. Ainsi, les théories
littéraires s’ouvrent à l’analyse du discours. C’est ce qui conduit Gérard Genette à forger les
catégories de la transtextualité. Il la définit comme « transcendance textuelle du texte »
(1985). En effet, la transtextualité met le texte « en relation, manifeste ou secrète, avec
d’autres textes un ordre croissant d’abstraction, d’implication, et de globalité ». Dans cet
ordre d’idées, Genette isole cinq types caractéristiques des relations textuelles :

- L’intertextualité : marquée par la présence effective dans un texte dans un autre. La


citation par exemple.

- La paratextualité (cf. paratexte) : relation plus ou moins explicite, mais distante que le
texte proprement dit entretient avec des éléments qui lui gravitent autour. Ils sont souvent
jugés secondaires par les lecteurs non avertis : titres, sous-titres, dédicaces, préfaces, avant-
propos…

- La métatextualité : il s’agit du commentaire qui unit un texte à un autre dont on parle,


sans le citer ou le nommer nécessairement.

- L’architextualité : ce sont des productions qui se rapportent aux genres textuels, aux
différents types de textes, bref aux séquences textuelles…
- L’hypertextualité : elle permet d’identifier la relation qui unit un texte B (appelé
hypertexte) à un texte A (appelé hypotexte) sur lequel il se greffe, d’une manière qui n’est pas
celle du commentaire. Par exemple, le poème « Le mont des oliviers » d’Alfred de Vigny a
pour hypotexte la Bible.

Ainsi, la pensée de Bakhtine a nourri de sa théorie l’évolution du champ de l’analyse du


discours.

D- L’approche sociolinguistique

La sociolinguistique est considérée comme un champ d'investigation qui étudie la variété


des usages linguistiques dans une communauté linguistique. Son objet d'étude s'applique à
des phénomènes très variés : les fonctions et les usages du langage dans la société, la maîtrise
de la langue, l'analyse de discours, les jugements que les communautés portent sur leur(s)
langue(s), la planification et la standardisation linguistiques. Depuis environ vingt ans la
sociolinguistique englobe l’étude du langage dans son contexte socioculturel. Les chercheurs
les plus représentatifs de cette approche essayent d’élargir le champ d’investigation de la
sociolinguistique. On peut citer entre autres : Gumperz, Labov, Goffman, Bourdieu…

1) La sociolinguistique interactionnelle de GUMPERZ

Pour cet auteur, les divergences ou différnces d’interprétation proviennent du fait que
dans les contacts sociaux, les interactants appartiennent à des univers symboliques différents,
même si en apparence, ils parlent la même langue et partagent des compétences langagières
identiques. Les diverses incompréhensions et malentendus qui surviennent au cours d’un
échange sont dus à la manière différente de percevoir les indices. C’est dire que le processus
de découverte des indices correspond à la manière dont les participants à une conversation co-
construisent et cointerprètent leurs performances langagières.

Dans la pensée de GUMPERZ, puisque « parler c’est interagir », il faut focaliser son
attention sur l’étude de l’interaction, la manière dont se joue la compréhension dans un
contexte langagier.

La notion de contextualisation qui occupe une place centrale dans cette théorie agit, selon
l’auteur, à deux niveaux :

- la prosodie : ce sont des éléments qui jouent le rôle de signal tout en exprimant les
sentiments et les attitudes des interlocuteurs : l’intonation, le changement de ton,
l’accentuation, les pauses… en sont partie intégrante. Elle permet d’analyser les stratégies de
changement du locuteur dans une conversation.

- le choix du code : l’alternance codique ou stylistique, les variables morphologiques,


sociolinguistiques permettent d’étudier selon des méthodes quantitatives au niveau du groupe
ou supra-individuel les processus d’inférence (opération logique de déduction qui consiste, à
partir de certains indices, à rendre explicite une information qui n’est qu’évoquée ou supposée
connue. Inférer c’est donc raisonner pour mieux appréhender une information).

2) L’approche variationniste de LABOV

D'autres chercheurs comme William Labov (Sociolinguistic patterns, 1976), tentent


d'appréhender le langage comme activité socialement localisée dont l'étude se mène sur le
terrain. En adoptant la démarche qui consiste à retrouver le social dans le linguistique, le
chercheur considère que les situations linguistiques ne peuvent être résolues qu'en faisant
appel à des variables sociales. Ainsi LABOV constate que l'appartenance d'un sujet à une
communauté linguistique le rend capable d'une maîtrise structurée de différents sous-
systèmes. La variable se manifeste à deux niveaux : la variation stylistique (les différents
usages d'un même locuteur), la variation sociale (les différents usages de différents locuteurs
au plan de la communauté).

Ses enquêtes lui ont permis de dégager des comportements gestuels, des habitudes
langagières et phonétiques qui sont soumises à des variations en fonction des milieux sociaux.
Ces méthodes apportent ainsi des perspectives intéressantes sur les processus de changement
considérés jusqu'alors comme inaccessibles à la recherche systématique.

3) Bourdieu et les rituels sociaux

Pour BOURDIEU (1982), tout acte de langage autorisé, sa rhétorique, sa syntaxe, son
lexique, sa prononciation même, n'ont d'autre raison d'être que de rappeler l'autorité de son
auteur. L'ambition même de l’acte d’autorité trouve son fondement dans le groupe qui a
mandaté le pouvoir au chef et dont la mise en œuvre efficace est subordonnée à tout un
ensemble de conditions, celles qui définissent les rituels sociaux. Ces derniers sont
subordonnés à un ensemble systématique de conditions interdépendantes qui composent la
communication politique.

BOURDIEU traite le monde social comme un univers d'échanges symboliques et


considère l'acte de communication comme une action destinée à être déchiffrée au moyen d'un
code culturel qui régit les interactions symboliques.

Tout acte de parole, et plus généralement, toute action est une conjoncture, une rencontre
de séries causales indépendantes : d'un côté les dispositions, socialement façonnées, de
l'habitus linguistique, qui impliquent une certaine tendance à parler, à dire des choses
déterminées et une certaine capacité de parler (capacité linguistique d'engendrer des discours).

La théorie de Pierre Bourdieu repose sur un ensemble de concepts parmi lesquels


l’habitus occupe une place de choix. Par habitus, il entend un système de préférences, un
style de vie particulier à chacun, une prédisposition à agir qui influence les pratiques des
individus au quotidien.

Sa pensée se résume à la capacité sociale de l’homme politique d'utiliser adéquatement


ses talents oratoires, de les adapter à une situation déterminée. Le modèle de la production et
de la circulation linguistiques comme relation entre l'habitus linguistique et les marchés sur
lesquels les acteurs politiques offrent leurs produits, constitue le noyau de la théorie de
BOURDIEU.

E- Approche sémiotique

Elle résulte du confluent de deux courants principaux de pensée à savoir la sémiologie


(née d'un projet de Ferdinand de Saussure) et la sémiotique (devenue discipline avec l'œuvre
de Peirce).

Dans son Cours de linguistique générale, Saussure établit qu’on peut concevoir une
science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale, nommée sémiologie. D’après lui,
la linguistique n'est qu'une partie de cette science plus générale. Mais cette définition ne
ralliera pas l’accord de plusieurs chercheurs et fera l'objet d'une polémique à partir de laquelle
naîtront deux tendances :

- d'une part ceux qui soutiennent que la sémiologie englobe la linguistique et d'autre part
ceux qui pensent qu'elle n'est qu'une partie de la linguistique. Pour Roland Barthes par
exemple, « tout système sémiologique se mêle de langage ». C’est dire que la sémiologie
serait une branche de la linguistique et non l'inverse.

- d’autre part, la sémiotique reprend le projet de la sémiologie de Saussure, à la différence


qu’elle se refuse de privilégier le langage et la société. La sémiotique s'assigne comme objet
d'être la théorie générale des modes de signifier. Le terme sémiotique, dans son emploi
moderne, est d'abord utilisé par PEIRCE. La sémiotique qu'envisage cet auteur est une
science des signes.

Peirce a élaboré une théorie sémiotique à la fois générale, triadique et pragmatique.

Une théorie générale :

 qui envisage à la fois la vie émotionnelle, pratique et intellectuelle ;

 qui envisage toutes les composantes de la sémiotique ;

 qui généralise le concept de signe.

Une théorie triadique :

 qui repose sur trois catégories philosophiques : la priméité, la secondéité et la


tiercéité ;

 qui met en relation trois termes : le signe ou representamen, l'objet et l'interprétant.

Une théorie pragmatique, c’est-à-dire :

 qui prend en considération le contexte de production et de réception des signes ;

 qui définit le signe par son action sur l'interprète.


Charles Sanders Peirce postule que l’homme n’a pas accès directement aux choses du
monde mais seulement à leur représentation, tout, pour lui, est alors signe. Autrement dit,
l'homme pense par les signes car la seule pensée que nous connaissons est la pensée des
signes, mieux, elle est signe. Une des propriétés du signe est de toujours renvoyer à un autre
signe. Ainsi la pensée elle-même est un signe, qui renvoie à une autre pensée, laquelle est son
signe interprétant. Ce dernier renvoie encore à une autre pensée qui l'interprète en un
processus continu et infini. L'homme lui-même est un signe. Quand nous pensons, nous
sommes des signes. Cette sémiotique est loin d'être une discipline empirique ; ses fondements
sont réflexifs et philosophiques.

Pour Pierce, le signe est une triade de signification : « Un signe, ou représentamen, est
quelque chose qui tient lieu pour quelqu’un de quelque chose [...]. Il s’adresse à quelqu’un,
c’est-à-dire crée dans l’esprit de cette personne un signe équivalent, ou peut-être un signe
plus développé. Ce signe qu’il crée, je l’appelle interprétant du premier signe. Le signe tient
lieu de quelque chose, son objet [...] »

Transposé dans le domaine médical, ce sont les signes qu’une maladie nous donne à voir
(c’est le représentamen). Ils produisent dans notre esprit le concept de la maladie, regroupant
les diverses connaissances que nous avons d’elle (interprétant) à propos d’une pathologie
réelle, dont nous ne connaîtrons jamais tous les signes (objet).

L'objet est ce que le signe représente. Le signe ne peut que représenter l'objet, il ne peut
pas le faire connaître ; il peut exprimer quelque chose à propos de l'objet, à condition que cet
objet soit déjà connu de l'interprète, par expérience collatérale (expérience formée par d'autres
signes, toujours antécédents). Par exemple, un morceau de papier rouge, considéré comme
échantillon (= representamen) d'un pot de peinture (= objet), n'indique que la couleur rouge de
cet objet, l'objet étant supposé connu sous tous ses autres aspects (conditionnement, matière,
usage, etc.). Le morceau de papier exprime que le pot de peinture est de couleur rouge, mais il
ne dit rien des autres aspects de l'objet.

Le representamen, pris en considération par un interprète, a le pouvoir de déclencher


un interprétant, qui est un representamen à son tour et renvoie, par l'intermédiaire d'un autre
interprétant, au même objet que le premier representamen, permettant ainsi à ce premier de
renvoyer à l'objet. Et ainsi de suite, à l'infini.

Par exemple, la définition d'un mot dans le dictionnaire est un interprétant de ce mot,
parce que la définition renvoie à l'objet (= ce que représente ce mot) et permet donc au
representamen (= le mot) de renvoyer à cet objet. Mais la définition elle-même, pour être
comprise, nécessite une série ou, plus exactement, un faisceau d'autres interprétants (d'autres
définitions)... Ainsi, le processus sémiotique est, théoriquement, illimité..

Illustration :
Soit le mot MAISON représenté par l’image ci-dessus : on peut le définir comme
logement ou lieu d’habitation.

- le signe ou representamen c’est le mot /mƐzon/

- sa définition (logement, lieu d’habitation) est son représentant.

- l’objet c’est bien l’image à laquelle elle renvoie :

On doit également à Peirce les distinctions importantes pour l'analyse du symbole, de


l’index et de l’icône (signe-index, signe-symbole, signe-icône).

 Un signe est un symbole si ce qu'il représente lui est associé par convention. C'est le
cas des signes du langage et des codes culturels en général. Plus exactement, la convention
associe au signe un signifié et chaque occurrence du signe actualise cette association. Le
symbole selon Peirce recouvre l'arbitraire du signe saussurien. [Un mot de passe, un ticket
d'entrée à un spectacle, un billet de banque, les mots de la langue sont des symboles.]

 Un signe est un index (indice) si chacune de ses occurrences est liée existentiellement,
comme la fumée et le feu, le symptôme et la maladie, la trace et le passage… [Ainsi, la
position d'une girouette est causée par la direction du vent : elle en est l'indice ; un coup
frappé à la porte est l'indice d'une visite ; le symptôme d'une maladie est l'indice de cette
maladie.]

 Enfin l’icône partage, avec ce dont il est signe, quelques propriétés, mais pas toutes.
On peut citer à titre d'exemples les plans, les photos, les maquettes. [Le portrait d'une
personne est l'icône de cette personne, et une maquette est l'icône d'un bâtiment construit ou à
construire. Le dessin d'un verre est l'icône d'un verre.]

La sémiotique est également utile à l’analyse de l’image qui en est une de ses
applications didactiques. Pour ce faire, on doit tour à tour :

- Décrire objectivement (« ce que je vois »)

- Mettre en contexte (« ce que je sais »)

- Interpréter et critiquer (« ce que j'en déduis »).

Les sémioticiens ont imprimé un nouvel élan aux recherches en assignant à la sémiotique
l'étude narrative du texte comme pratique signifiante. La sémiotique se définit alors comme
l'étude des pratiques signifiantes prenant pour domaine le texte.

F- Approche pragmatique

Nés du confluent de plusieurs disciplines, les concepts de la Pragmatique empruntent


plusieurs directions. La Pragmatique est loin de se constituer en discipline autonome et
unifiée car aucun consensus ne s'est installé entre les chercheurs quant à sa délimitation, ses
hypothèses et même sa terminologie. La Pragmatique constitue un riche carrefour
interdisciplinaire pour linguistes, logiciens, sémioticiens, philosophes, psychologues et
sociologues. La diversité des courants qui l'ont alimentée fonde en même temps sa richesse. Il
en résulte que vouloir présenter une théorie générale de la pragmatique au point de tenter une
synthèse s'avère très difficile. C'est pour cette raison que nous nous contenterons dans cette
partie de donner quelques repères utiles, sur ce qu’il est convenu d’appeler la pragmatique
linguistique.

Le langage ne sert pas toujours à décrire le monde, exprimer ses pensées ou ses
sentiments. Dans un processus communicationnel, on peut par exemple prendre la parole pour
porter un jugement, assumer une obligation, se mettre d’accord avec autrui ou bien réagir à sa
conduite. C’est ce qui confère sûrement un pouvoir aux mots. En effet, l’étude du langage
en actes (la pragmatique) nous amène à répondre aux questions du genre que faisons-nous
lorsque nous parlons ; que disons-nous exactement lorsque nous parlons ; quels sont les
usages du langage ? C’est partant d’un tel questionnement que J. L. Austin distingue dans sa
première approche deux types d’énoncés.

Les langues naturelles s’organisent autour de deux types d’énoncés, à savoir les énoncés
constatifs et les énoncés performatifs.

a) Les constatifs sont des énoncés affirmatifs qui servent à décrire le monde, un certain
type d’action ou un état de choses. Ils sont de ce fait régis par les conditions de vérité.

Exemple : Des murmures se font entendre.

En fonction des circonstances, cet énoncé peut être considéré comme vrai ou faux au
moment de son énonciation.

b) Les performatifs quant à eux, sont les énoncés affirmatifs qui, sous réserve de
certaines conditions de réussite (conditions de félicité), accomplissent l’acte qu’ils désignent.
L’énoncé suivant en est une illustration.

Exemple 1 : Le Directeur général des Brasseries annonce la création d’une nouvelle unité
de production à Dschang.

Par le seul fait de le dire, cet énoncé accomplit déjà cette annonce ; il peut être sincère ou
insincère, heureux ou malheureux, mais non pas vrai ou faux.

Exemple 2 : Je jure que Dreyfus est innocent !

Exemple 3 : Je vous remercie pour votre aimable attention. (Ce remerciement n’est ni
vrai ni faux ; celui qui le dit peut être sincère ou pas)

Ayant constaté que certains énoncés sont situés à la lisière du constatif et du performatif,
le théoricien estime qu’il y a lieu de distinguer les actes de langage.
Dire par exemple Le téléphone sonne peut être une invitation (voire une injonction) à le
décrocher ; de même, Il fait beau ce matin pourrait être une suggestion de sortir, ce qui
complexifie la distinction constatif/performatif.

Les actes de langage

En général, l’acte de langage désigne un acte réalisé au moyen de la parole (un ordre par
ex). Les linguistes les classent en trois grands groupes.

a) L’acte locutoire

Le premier type qui est appelé acte locutoire ou locutionnaire, consiste à produire des
sons, à combiner des mots suivant les règles de la grammaire, afin de construire une phrase.
Dès lors que l’on dit quelque chose, le propos étant adressé à un destinataire ou pas, on
produit un acte locutoire. C’est tout simplement le produit d’une énonciation.

Exemple : Les enfants prennent le petit déjeuner le matin. // Des murmures s’élèvent de
la foule.

b) L’acte illocutoire

Le deuxième type correspond à l’acte illocutoire ou illocutionnaire ; il se réfère à ce qui


est fait en accomplissant un acte locutoire. C’est en fait l’acte accompli dans la parole, ou tout
simplement ce que l’on fait en disant ce que l’on dit : il peut s’agir de questionner ou
répondre, rassurer ou avertir, donner un ordre, prononcer une sentence, accuser, remercier,
annoncer une nouvelle, suggérer, obliger, baptiser, jurer, etc. Ce sont de véritables actes de
parole (speech acts en anglais).

Exemple : Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. // Je jure que Dreyfus


est innocent !

Comme les performatifs, cet acte peut être sincère ou pas, heureux s’il est accompli
dans les conditions requises (pour le baptême : un prêtre, un moment et un lieu du sacrement),
malheureux si c’est un imposteur qui le prononce.

c) L’acte perlocutoire

Le troisième tient lieu d’acte perlocutoire ou perlocutionnaire. C’est un acte qu’on


accomplit par le fait d’avoir dit quelque chose, et qui relève des conséquences de ce qui a été
dit. Ce type est caractérisé par la notion d’effet, raison pour laquelle on l’appréhende comme
l’effet du dit.

On ne peut l’accomplir que si la compréhension de la signification du précédent a pour


conséquence un changement des croyances du destinataire. Par exemple, les énoncés tels que
J’ai compris, tu as gagné // Je suis convaincu // C’est d’accord // Je suis émue, touchée,
surpris, Vous êtes formidables… relèvent du perlocutoire.
Remarque : Ces trois types d’actes sont étroitement liés, du moment où l’on peut les
retrouver dans un même énoncé : les cris de la foule (cf. corpus) sont à la fois action et
réaction.

Exemple 2 : J’ai la conviction que nous ferons 100% aux examens officiels cette année.

Cet énoncé entremêle l’acte locutoire (production de l’énoncé, l’illocutoire (l’assertion


d’une certitude), et l’illocutoire (la conviction, être convaincu relève d’une conséquence de ce
qui a été dit).

Cet aperçu permet de se rendre à l’évidence que la pragmatique est utile à l’analyse des
conversations quotidiennes, des textes littéraires et de nombreuses autres formes du discours,
en particulier le discours politique.

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