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Master Langage, Société et

La
sociolinguistique
Représentations

de William
LABOV

Présenté par : Encadré par :

LAATARI Younes Pr. ELFARSSI Imane


MABROUKI Imane
Plan d’exposé

 Introduction

- Biographie : William LABOV


- Le contexte social de l’alternance des codes

I. L’enquête de New York

II. L’enquête de Martha Vernyard

III. L’enquête du quartier South Central

 Conclusion

 Weobographie
Introduction
Biographie

William Labov (né le 4 décembre 1927 à Rutherford, New Jersey) est un linguiste américain,
considéré comme un des fondateurs de la sociolinguistique moderne, particulièrement dans
son volet quantitatif.
Son apport considérable a permis une redéfinition et une meilleure description de la variation
linguistique, et prend plusieurs orientations majeures.
Premièrement, il est, avec Uriel Weinreich et Marvin Herzog, un père de la linguistique
variationniste, qui étudie le langage en le considérant comme sujet d'une inhérente variabilité,
tout en étant ordonné dans son hétérogénéité.
William Labov a également porté un éclairage social à l'évolution du langage au cours du
temps, en expliquant la relation dynamique entre variation et changement. Il a par la suite
introduit une nouvelle approche de la langue vernaculaire par le biais de l'analyse du texte
narratif oral.
Corollairement à son travail sur la variation linguistique, William Labov a enfin porté
d'importantes contributions à la méthodologie de l'analyse de corpus en linguistique.
Professeur à l'université de Pennsylvanie, il y poursuit actuellement des recherches en
sociolinguistique et en dialectologie.

Le contexte social de l’alternance des codes

La sociolinguistique suppose, dès le début, qu’une mise en rapport quantifiée des


phénomènes linguistiques et sociaux est productive. C’est dans les années 60 que la
sociolinguistique va commencer à prendre un chemin réellement constructif. Malgré de
nombreux travaux réalisés, le concept d’une linguistique attachée à la réalité sociale
semble encore douteux, une grande majorité de linguistes s’étant résolument tournée vers
une simple contemplation de leurs idiolectes.

William Labov se consacre à l’étude des situations concrètes et contemporaines, et donne un


élan sans pareil à cette science encore floue qu’est la sociolinguistique. Inspiré
directement des travaux de Meillet (1965), son objet sera l’étude de la langue au sein de son
contexte social, dans son usage purement quotidien.
L’enquête de New-York
Le cas de ( r ) dans New-York

En 1966, Labov publie son étude sur la prononciation du /r/, la variable phonologique
étudiée c’est la présence ou l’absence du (r) consonantique en position post vocalique, dans :
car, fourth, card…, dans les grands magasins new-yorkais.
Labov se lance dans une enquête anonyme sans que les interlocuteurs ne s’aperçoivent qu’ils
sont interrogés.

La méthode de recherche

Afin de mener à bien son enquête, il choisit trois grands magasins censés représenter les
trois types de classes sociales généralement admises dans les études sociologiques, à
savoir les classes inférieures, les classes moyennes et les classes supérieures.
L’enquêteur se présente donc comme un client parmi d’autres pour interroger les employés
des trois grands magasins de Manhattan ; Saks fifth avenue, Macy’s, S.Klein, dans l’ordre de
prestige (prix et monde) décroissant. Donc, plus le magasin est haut dans la hiérarchie, plus
ses employés présenteront des valeurs élevées pour (r).
L'enquêteur, qui est Labov, a pris le rôle d'un client. Il demande au vendeur de lui indiquer le
chemin vers un rayon particulier situé au quatrième étage.
L'enquêteur disait : “Excuse me, where are the women’s shoes?” et le vendeur répondait :
“Fourth floor.” Puis l'enquêteur se penche en avant et dit : “Excuse me?” le vendeur répète
sa réponse : “Fourth floor.”, en insistant sur les mots,
Il a appliqué cette méthode sur chaque rayon de l'étage et sur tous les étages autant de fois
que possible. Au quatrième étage, la forme de la question était différente : “Excuse me, what
floor is this?”

Les variables indépendantes sont respectivement:


- le magasin
- l’emploi du répondant
- l’étage du magasin
- le sexe
- l’âge
- la race
- l’accent étranger si présent dans la prononciation du sujet.
Les variables dépendantes sont les quatre prononciations du /r/ (deux prononciations par
style) dans “fourth floor”.
Résultats

Labov recueille 68 entrevues chez Saks, 125 chez Macy’s et enfin 71 pour le magasin
Klein.
Les résultats obtenus montrent que l’emploi du (r) suit exactement la stratification sociale:
les vendeuses de Saks, magasin le plus prestigieux, marquent plus le(r), que celles de Macy’s
qui elles aussi le marquent plus de celle de Klein. En outre, il apparait que les vendeuses de
Macy’s tendent à se rapprocher de la manière de prononcer de leurs collègues de Saks; il y a
là l’effet d’un modèle de prestige.

Ces recherches ont montré que le personnel de vente dans un établissement fréquenté par la
couche supérieure de la société prononçait, presque sans exception, le « r final » ce qui
s’explique par : le contact avec la clientèle de la couche sociale supérieure ainsi par la
manière dont est perçu le statut de vendeur. Les vendeurs dans un magasin fréquenté par la
couche inférieure de la société ne prononçaient pas le « r final » et ceux des magasins
fréquentés par la classe moyenne alternaient leur prononciation.
L’enquête de Martha Vineyard
Elle se situe dans le Massachusetts, elle est surtout connue comme résidence d'été, elle attire
environ 40000 visiteur chaque année, les 6000 vineyardais natifs se distribuent en 4 sous-
groupes :
-les descendants de souche anglaise du XVII siècle,
-les immigrants d’origine portugaise, 
-les indiens, 
-un groupe divers (Français, Allemands, Polonais,…) représentants 15% du total.

William Labov, Durant son séjour dans cette île où le tourisme se développe depuis peu, il
constate que l'enthousiasme des autochtones à recevoir les vacanciers fortunés varie
considérablement d'une personne à l'autre.
En outre, il note une variation typique de l’île dans les diphtongues [ay] et [aw] (présentes par
exemple dans « mice » et « mouse ») qui sont prononcés d’une manière particulière, proche
de [ǝy] et [ǝw]
Notons que diphtongue signifie une Voyelle complexe dont le timbre se modifie
graduellement une fois au cours de son émission (par exemple en anglais [ei] day, [ou] nose ;
en allemand [au], Haus ; en espagnol [ue] muerte ; en italien [uo] cuore). [En français
moderne, il n'existe plus de diphtongues : les graphies eu, au, ou correspondent à des voyelles
simples [ø], [o] et [u].]
Il fera l’objet de sa première recherche postdoctorale en 1963 d’étudier une corrélation
existant a priori entre ces deux phénomènes :
1/les habitants favorables aux touristes semblent prononcer les
deux diphtongues de la même manière que ceux-ci, dans un américain plus standard.
2/ceux qui leur sont plus défavorables, auront tendance à conserver, voire à exagérer
l’accent local.

« Je crois qu’il est possible d’apporter à cela une réponse spécifique en étudiant dans le
détail la configuration de ce changement phonétique à la lumière des forces sociales qui
agissent le plus profondément sur la vie de l’ile  »
« Pour saisir la variation et l’expliquer, il a fallu pénétrer dans la structure sociale de l’ile et
comprendre sous quelles pressions se font les changements sociaux. »

Recherche de corrélation entre ce trait linguistique et divers traits


sociolinguistiques

 Selon la répartition géographique: basse île / haute île


 Selon les groupes sociaux
 Selon l’ethnie d’origine : Anglais, portugais, polonais

Labov fait aussi des remarques qui s’avèrent nécessaires pour les analyses finales:

 Le taux de chômage qui est important malgré le tourisme


 Des tendances différentes entre ceux qui veulent rester sur l’ile et ceux qui veulent
travailler sur le continent

La méthode de recherche

Labov a interrogé 69 personnes, chacune appartenant à des groupes d'âge, ethniques et


sociaux différents, afin d'obtenir un échantillon représentatif. Plutôt que de demander à ses
informateurs de lire des listes de mots simples, Labov a utilisé une technique d'interview pour
encourager subtilement les participants à dire les mots contenant les voyelles qu'il souhaitait
étudier.
En utilisant cette méthode de recherche, Labov a essayé d'éviter les caractéristiques de la
demande et de rendre la conversation aussi naturelle que possible afin que les participants ne
sachent pas nécessairement ce que Labov recherchait.
Exemples de questions :

Voici l’exemple de quelques questions posées par Willam Labov lors de ses entretiens :
“When we speak of the right to life, liberty and the pursuit of happiness, what does right
mean? … Is it in writing? ”
“ If a man is successful at a job he doesn’t like, would you still say he was a successful man”
Ce type de questions incite inconsciemment les participants à utiliser des mots contenant
les voyelles souhaitées, tels que «  Life » « Right » « Might »

Les résultats

Labov a constaté que la prononciation de certains sons vocaliques changeait subtilement par
rapport aux prononciations américaines standard et a noté que les locaux avaient tendance à
prononcer ces diphtongues avec un point plus central, plutôt comme [əy, əw]. La réaction la
plus forte a eu lieu dans les régions rurales où la pèche continue d’être le moteur de
l’économie (les chilmarkais sont (…) les plus entêtés à défendre leur mode de vie)
Cette manière de prononcer, largement attestée chez les pêcheurs et les fermiers de l’île, avait
été aussi adoptée, avec une fréquence étonnante, par les gens revenus habiter l’île après avoir
suivi un cursus universitaire.
En plus, ce qui a été constaté c’est que la centralisation de deux diphtongues atteint son
maximum chez les individus qui ont entre 30 et 45 ans.
 les lycéens sont ceux qui ont le moins tendance à centraliser les deux diphtongues.

 les jeunes portugais marquent une centralisation plus forte que leurs contemporains
d’origine anglaise.
 Les habitants de l'île haute utilisaient davantage les diphtongues centralisées que ceux
de l'île basse.

Analyses
Les plus grands utilisateurs de ce type de prononciation centralisée des diphtongues ( [ǝy]
et [ǝw] ) étaient les hommes qui cherchaient à s'identifier en tant que natifs des Vineyard,
rejetant les valeurs et le style de langage du continent.
Les pêcheurs, en particulier, n'appréciaient pas non plus l'afflux de riches estivants et étaient
hostiles à leur présence car ils pensaient qu'elle portait atteinte à leur mode de vie traditionnel
sur l'île. Les pêcheurs étaient perçus comme incarnant des valeurs souhaitables, ce qui a incité
les autres habitants du Vineyard à adhérer à un style de prononciation similaire.
Les habitants des Vineyard ont adopté un dialecte quelque peu atypique pour conserver leur
identité sociale. La communauté très unie s'est inconsciemment assurée de créer un fossé
linguistique.
Comme de plus en plus de personnes parlaient de la même manière, l'innovation est
progressivement devenue la norme pour les habitants de l'île et s'est établie comme un
dialecte.

« la préservation des traits linguistiques spécifiques à l’île de Martha’s Vineyard tout comme
l’adoption à une plus large échelle de l’accent des pêcheurs, était une façon de préserver
l’identité insulaire devant l’invasion touristique continentale. »
« En centralisant les diphtongues, l’individu (pose inconsciemment le fait qu’il fait partie de
l’ile, qu’il y est né, et quelle lui appartient »

Quarante ans plus tard, une nouvelle recherche fut conduite à Martha’s Vineyard par Renée
Blake. Le constat fut différent : la centralisation du [ay] et du [aw] était en déclin et les vagues
de touristes s’avérèrent être beaucoup mieux acceptées par les habitants de l’île
D’une manière général ; l’étude empirique montre bien les corrélations étroites, multiple et
remarquablement cohérentes qui existent entre un changement linguistique et une situation
sociale.
L’enquête des quartiers du
South Central
Labov est aussi à l’origine d’une autre recherche dont les conclusions s’avérèrent très
importantes.
Celle-ci fut menée parmi les jeunes des quartiers du South Central Harlem ayant abandonné
l’école élémentaire, mais très doués en matière d’expression et de sensibilité langagière. Leur
adhésion à l’anglais vernaculaire afro-américain indiquait leur allégeance à la culture de la
rue, préférable à leurs yeux à celle de l’école, mais sans que cela soit le signe d’une
quelconque infériorité intellectuelle.
Labov a rejeté la théorie des éducationalistes qui associaient ce type de maniement de la
langue à une inaptitude, qu’elle soit innée ou socialement déterminée.
Par conséquent, le phénomène de variation d’une langue ne résulte pas uniquement de
l’opposition entre une variante « supérieure » et « inférieure » : les jeunes de Harlem
attribuaient du prestige à leur parler vernaculaire et déconsidéraient le parler dominant.
L’usage de la langue dépend tout aussi bien de la classe sociale que de la manière dont les
gens conçoivent leur position dans une situation donnée et l’expriment à travers leur « style »
linguistique
Conclusion
Après avoir rassemblé et longuement étudié les résultats de ses recherches, Labov publie en
1972 Sociolinguistic Patterns qui présente les nombreux problèmes théoriques et
pratiques qu’il repère tout au long de ses études. Il considérera, entre autres, que l’ensemble
des changements ne se fait pas nécessairement de façon structurée, mais il n’y a qu’en milieu
social actif que ces phénomènes peuvent prendre naissance.
De ce milieu actif, Labov en donne une représentation hiérarchisée sous la forme de la
théorie de la stratification sociale : La stratification sociale est le produit de la
différenciation et de l’évaluation sociale. Le terme n’implique aucunement l’existence
de classes sociales ou de castes spécifiques, mais signifie simplement, que le
fonctionnement normal de la société a produit des différences systématiques entre
certaines institutions ou certaines personnes, qui ont été hiérarchisées d’un commun accord
sur une échelle de statut ou de prestige. (Labov 1976:96)
À travers ses travaux, Labov souligne que l’étude du comportement linguistique permet bien
d’analyser, et cela en détail, la structure des classes. Ce sont les indices linguistiques qui
livrent un ensemble de diverses données quantitatives qui reflètent l’action de plusieurs
variables indépendantes, elles-mêmes images de la structure sociale d’une communauté.
On en déduit donc que l’étude des phénomènes linguistiques doit tenir compte à la fois des
éléments cognitifs (phonologie, syntaxe, sémantique) et des éléments sociaux et
socioculturels. En partant du principe que les faits de langue sont essentiellement des
phénomènes de communication, il est tout naturel de reconnaître le poids du contexte social et
d’inclure dans l’étude du développement linguistique et donc de l’histoire, les considérations
d’ordre sociologique.
Webographie

https://journals.openedition.org/yod/1814#tocfrom1n2
https://all-about-linguistics.group.shef.ac.uk/branches-of-linguistics/sociolinguistics/research-
in-sociolinguistics/william-labov-marthas-vineyard/
http://amel25.unblog.fr/2009/06/09/lenquete-de-william-labov/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sociolinguistique#Histoire
https://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2007-3-page-163.htm
https://www.britannica.com/science/linguistics
https://stringfixer.com/fr/William_Labov
https://fr.wikipedia.org/wiki/
William_Labov#The_social_stratification_of_English_in_New_York_City
https://twpl.library.utoronto.ca/index.php/twpl/article/view/6188/3177
http://amel25.unblog.fr/2009/06/09/lenquete-de-william-labov/

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