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Variation morphosyntaxique

Variation
morphosyntaxique
Définition de la sociolinguistique
• La sociolinguistique se fixe comme
tâche de faire apparaître, dans la
mesure du possible, la co-variance
des phénomènes linguistiques et
sociaux, et éventuellement, d’établir
une relation de cause à effet.
• La sociolinguistique est l’étude des
variations de la parole en fonction de
critères sociologiques.

• On observe, par exemple, la


prononciation du ne de négation en
français. Qui supprime cette
négation? Où? Quand? Pourquoi?
• La langue varie d’un point à un autre
d’un même pays.

• Les Français de Lille ne parlent pas


comme ceux de Marseille, les Anglais
de Londres comme ceux de Norwich,
les Américains de Boston comme eux
de Austin (Texas), les Québécois
comme les Acadiens ou les Ontariens,
etc.
• La langue varie aussi d’un milieu social à
un autre. Les pauvres mal ou non
scolarisés d’Haïti ont un parler différent
des intellectuels du même pays qui ont
fait leurs études en France.

• Même dans les pays socialistes de


l’Europe de l’Est ou de Chine, la langue
des ouvriers présente des différences
avec celle des classes plus favorisées.
• La sociolinguistique se préoccupe
de tous ces problèmes réels,
malgré le fait que les différences
linguistiques tendent à s’atténuer
à mesure que les
communications se font plus
fréquentes et que les niveaux de
vie s’égalisent à l’intérieur d’un
même pays.
La norme et les usages
• L’étude linguistique veut être
descriptive, objective, par rapport
aux grammaires qui donnent des
régles prescriptives, telles que: après
bien que, il faut employer le
subjonctif; la forme négative se
construit avec les particules ne….pas.
• De telles régles constituent ce
qu’on appelle norme.

• Ces régles sont censées


représenter le parler d’un groupe
social de prestige, tel que celui
des intellectuels de France, de la
BBC en Angleterre.
• En réalité, lorsqu’on observe de prés des
groupes semblables, on découvre de
nombreuses variations.

• Les régles sont toujours approximatives car les


usages de la parole varient non seulement
selon la région, la classe sociale mais aussi
selon les circonstances. Un(e) professeur(e) ne
s’adresse pas à ses étudiants(e)s comme à ses
enfants.
Communauté
• 1. Communuaté: caractère à ce qui est
commun à plusieurs groupes sociaux. Des
liens reposant sur une communauté
linguistique.

• 2. Groupe social ayant des caractères ou des


intérêts communs (communauté scientifique
française)
• 3. Groupe de personnes vivant
ensemble (une communauté de
moines)

• 4. On appelle communauté
linguistique un groupe d’êtres
humains utilisant la même langue ou
le même dialecte à un moment
donné et pouvant communiquer
entre eux.
• Mais une communauté linguistique n’est
pas homogène

• Elle se compose toujours d’un grand


nombre de groupes ayant des
comportements linguistiques différents;
• La forme de la langue que les membres
de ces groupes utilisent tend à
reproduire, d’une manière ou d’une
autre, dans la phonétique, la syntaxe
ou le lexique, les différences de
génération, d’origine ou de résidence,
de profession ou de formation
(différences socio-culturelles).
• Le concept de communauté
linguistique implique simplement
que soient réunies certaines
conditions spécifiques de
communication remplies à un
moment donné par tous les
membres d’un groupe.
Norme et bon usage

La norme est une expansion de la


langue écrite qui trouve ses
fondements dans l’histoire de
l’écriture
• Le bon usage, c'est l'édiction de
principes à respecter dans l'emploi
d'une langue.

• C'est une règle sociale assez


complexe, car on peut se demander
quelle est la sanction immédiate en
cas de non-respect.
• À l'inverse, quand on ne respecte pas
les lois d'une langue, parce qu'on est
étranger ou qu'on souffre d'un
désordre cognitif, il y a risque de non-
compréhension; ces lois, ce sont les
principes qui régissent le
fonctionnement d'une langue, et ils ne
dépendent pas du bon-vouloir de qui
que ce soit
• Par exemple, en français, on met le
déterminant avant le nom.

• Toute personne qui parle une langue,


sauf dans les cas mentionnés, les
respecte sans le savoir (et sans avoir
besoin de le savoir).
• Les règles du bon usage n'ont aucun
fondement scientifique, ni éthique (ce
ne sont pas des règles du vivre-
ensemble dont l'intérêt pratique est
plus ou moins évident).

• Pourquoi, alors, ces règles? Il y a des


raisons culturelles et des raisons
politiques, qui bien souvent
s'entremêlent.
Les raisons culturelles
• Elles tiennent à la reconnaissance
sociale, et en cela ne divergent guère de
la mode : parler de telle manière, c'est
montrer (pas nécessairement
consciemment) son appartenance à tel
groupe social.

• Cependant, il faut être plus précis et il est


utile de faire un rapide historique de ce
phénomène.
• > L'une des premières grammaires
influentes est celle de Denys le Thrace,
grammairien alexandrin du 1er siècle avant
notre ère.

• Il s'agit de la Tékhnē grammatiké, ouvrage


qui cependant avait un but précis :
enseigner le grec d'Homère afin de former
des philologues chargés d'étudier et de
restaurer les manuscrits anciens.
• Il n'y avait donc pas là de but
normatif; seulement
l'assimilation entre langue des
écrivains et langue véritable est
possible si on ne considère pas ce
but pratique.
• > Au XVIème siècle paraît la première
grammaire française, Les clarcissement de
la langue francoyse, publié par l'anglais
John Palsgrave, à l'usage de ses
compatriotes voulant commercer avec la
France.

• Il s'agit d'apprendre une langue, et on


conçoit que l'auteur n'enseignera pas la
langue "populaire", puisqu'il doit s'agir de
rapports entre membres de la bourgeoisie
• Encore une fois, le souci normatif
n'est pas nécessairement
présent, mais cette description
partielle qui ne dit pas son nom
(le titre ne parle que de la
"langue française") risque encore
de créer l'amalgame.
• Le XVIIème siècle est celui de l'essor de la
grammaire normative.

• L'idéal de l'honnête homme passe par la


maîtrise de la langue (cf. Le Bourgeois
gentilhomme).

• L'appartenance à la classe sociale des


courtisans est extrêmement importante,
et il faut pour cela se conformer aux
usages linguistiques de la cour
• En 1647, Vaugelas publie
ses Remarques sur la langue
française, utiles à ceux qui
veulent bien parler et bien écrire,
dans lequel il entend décrire la
langue de "la partie la plus saine
de la cour ».
• L'idéal du bien parler, c'est la
langue des écrivains, entre
autres parce que parler ainsi
c'est montrer que l'on a lu, ce
qui est aussi un des points
essentiels de l'idéal de
l'honnête homme.
• > Cette idée que la langue des
écrivains est la langue la plus pure, et à
vrai dire la véritable caractérisation
d'une langue, perdurera jusqu'à
aujourd'hui.

• L'idée que les personnes peu ou pas


cultivées parlent mal est encore tenace
aujourd'hui.
L’usage :
le "bon" et le "mauvais"
• Cette normalisation ne s'intéresse qu'à la
langue écrite, qui est prise pour parangon
(modèle, sans défaut).

• Le bon usage, c'est la langue des


écrivains. Cela laisse entendre que les
gens cultivés parlent comme des
écrivains... ce qui est absurde, puisque les
écrivains eux-mêmes ne parlent pas
comme ils écrivent.
• On a ainsi vu s'assimiler oral et
registre relâché d'un côté, écrit
et registre soutenu de l'autre.

• Pourtant, il existe un oral


soutenu et un écrit relâché.
• Enfin, et malheureusement, plutôt
que de traiter ces phénomènes
comme de la variation, de même
qu'en dialectologie ou en
sociolinguistique (où aucune variété
n'est plus légitime qu'une autre), la
maîtrise de la langue est souvent
considérée comme un indice d'une
certaine qualité de l'esprit.
• On notera ainsi que les adjectifs
utilisés pour classer les registres
linguistiques véhiculent par
ailleurs des jugements de valeur
: soutenu, relevé, vulgaire,
populaire, bas...
• Cependant, le français "relâché,
vulgaire", tout ce qu'on voudra,
n'est pas moins cohérent que le
français standard ou soutenu. Il
l'est même souvent plus, si on
considère le fait d'être en phase
avec son époque.
• Les "fautes" ne sont que des
déviations à une norme
arbitraire, et sont souvent
justifiées par ailleurs (cf. la
Grammaire des fautes, d'Henri
Frei)
• Ainsi dire "aller au coiffeur" si
on justifie qu'on ne va pas là où
habite le coiffeur,
premièrement, et
deuxièmement que coiffeur
désigne ici par métonymie une
fonction et un lieu plus qu'une
personne.
• A l'inverse, tout locuteur, même
le moins respectueux de la
norme linguistique, dira "aller
chez le coiffeur" s'il s'agit d'aller
effectivement là où cette
personne habite.
• Certaines régularités sont communes à
tous les registres du français (ce qui
permet d'ailleurs de parler de "langue
française"), comme la place de l'article
ou l'ordre des mots.

• Si ces régularités ne sont pas


respectées, il y a erreur, et non faute,
ce qui signifie que la communication
est perturbée.
• Examinons les formes suivantes :
• 1/ Où est-elle?
• 2/ Elle est où?
• 3/ Où est-ce qu'elle est?
• 4/ Où que c'est qu'elle est?
• 5/ Où c'est qu'elle est?
• 6/ Où c'est-ti qu'elle est?
• 7/ C'est où qu'elle est?
• 8/ Où est-ce que c'est qu'elle est?
• La forme 1, qu'on dira soutenue, est la
seule à inverser l'ordre sujet-verbe,
vestige du temps où le français était
une langue où le verbe était toujours
en deuxième position.

• Aujourd'hui que le français impose


l'ordre sujet-verbe, cette forme
pourrait être considérée comme
archaïque.
• Par ailleurs, les formes 3 à 8 utilisent
l'interrogation renforcée (avec c'est que),
structure à l'origine employée pour
boucher le trou du système interrogatif
français (on ne peut pas demander *Que
a fait ça?, on doit dire Qu'est-ce qui a fait
ça?), et qui s'est généralisée.

• Or la généralisation d'une forme au


départ marginale est une évolution
courante des langues.
• L'ennui cependant, c'est que les
locuteurs eux-mêmes
colportent l'idée qu'il y a une
bonne langue et une mauvaise
langue, et stigmatisent le non-
respect des normes, à l'oral
comme à l'écrit (d'où le poids
de l'orthographe en français).
• Dans les faits, la norme n'est respectée que
dans les ouvrages de grammaire.

• On distingue en général trois registres


principaux : familier, employé dans les
situations de proximité entre les
interlocuteurs, standard, employé dans les
situations où les interlocuteurs ne
partagent aucune intimité, et soutenu,
registre convenant à certaines situations
fortement normées.
Les registres se distinguent selon trois dimensions :

• > La dimension phonique concerne la


prononciation : le "r" dit grasseyé est le "r"
aujourd'hui standard, tandis que le "r"
roulé va signaler un accent.

• > La dimension lexicale est celle du


vocabulaire : ainsi, des termes comme
"débile" ou "crétin" seront considérés
comme familiers.
• La dimension syntaxique prend
en compte la construction de la
phrase.

• Ainsi, une tournure comme


"donne-moi le" plutôt que
"donne-le moi" est dite familière.
• Ce que la norme condamne peut être justifié par
ailleurs, et vice-versa.

• Au demeurant, le français que le puriste défend n'est


jamais qu'une "dégradation" du latin : si des six cas
du latin, on est passé aux deux cas de l'ancien
français, et enfin à l'absence de cas aujourd'hui, c'est
parce que les locuteurs les ont, à un moment ou à un
autre, utilisé "fautivement".

• Vu par un puriste conséquent, le français soutenu


d'aujourd'hui ne serait jamais que le latin vulgaire
d'hier.
Les facteurs sociolinguistiques
d'évolution
et de variation du français
• Les formes linguistiques peuvent
varier au niveau du son, du lexique
aussi bien que de la morpho-syntaxe.

• William Labov qui travaillait en


dialectologie sociale a démontré que
ce qui détermine la variation dans la
langue est extérieur à la langue.
• Les facteurs externes de la variation peuvent
être sociologiques ou socio-historiques. On en
trouve principalement quatre :

• Temps(Diachronie)
• Espace (Diatopie)
• Classe sociale (Diastratie)
• Registre d'interaction (Diaphasie) Variété
Chronolecte Régiolecte Sociolecte Idiolecte
• En fait, ces quatre paramètres
sont enchevêtrés.

• « Lecte » variété déterminée par


un ou plusieurs des quatre
paramètres: dialecte, régiolecte,
sociolecte, idiolecte
• Lorsque plusieurs langues sont en
contact on peut voir apparaître ce
qu’on appelle un “interlecte”

• Les trois premiers facteurs de


variation engendrent le vernaculaire
(langue que l’on parle naturellement)

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