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FILIERE : ETUDES FRANCAISES

PROFESSEUR A.BARA
MODULE : APPROCHE SEMIOTIQUE DU TEXTE
SEMESTRE 6

1- La modalisation
La première démarche de l’analyse narrative consiste à distinguer ce qui relève du faire et ce
qui relève de l’état, c’est- à-dire à reconnaître dans les textes des énoncés d’état et des
énoncés de transformation.

1-1- L’acquisition des valeurs modales / du Faire

L’acquisition des valeurs modales est toujours en relation avec une opération particulière du
faire : c’est toujours un / vouloir-faire/ ou un / savoir-faire/. Dans l’analyse on doit toujours
préciser quelle opération (quel faire) est ainsi modalisée :

″Vouloir exaucer le rêve de son père″ ; ″Pouvoir pulvériser un record″, etc.

Schéma d’ensemble manipulation Compétence performance


Modalités devoir et vouloir savoir et pouvoir faire ou (être)
Modes d’existence virtuel Actuel réalisé

On distingue trois classes de modalités du faire qui correspondent à trois aspects de la


compétence du sujet opérateur.

1-1-1-Modalités de la virtualité : devoir-faire et vouloir-faire. En tant que valeurs modales, le


vouloir et le devoir sont susceptibles d’être transmises d’un actant destinateur à un actant
destinataire. On parle de virtualité dans la mesure où l’activité (le faire) du sujet est mise en
perspective sans que rien ne soit encore fait pour sa réalisation.

1-1-2-Modalités actualisantes : pouvoir -faire et savoir -faire

Ce sont des modalités qualifiantes, elles déterminent le mode d’action du sujet opérateur, sa
capacité à faire. On distingue ainsi les types différents de sujet opérateur :
« Le Petit Poucet », sujet qualifié par le savoir-faire,
« Obélix » qualifié par le pouvoir-faire,
Selon la modalité, le sujet opérateur s’engage dans un type de faire particulier qui le
caractérise. (L’usage de sa force, son énergie, sa puissance réelle ou magique, etc.).
1-1-3- Modalités réalisantes : faire être
Il s’agit de la mise en œuvre de la compétence. C’est la phase de la performance principale où
le sujet opérateur transforme les états.

1
2- La sémiotique greimassienne et le système axiologique1.

L’action du sujet est encadrée par deux « épisodes » où la question des valeurs est la question
centrale : il s’agit de l’établissement, en amont de l’action, d’un contrat et, en aval, le rappel
de ce contrat et son achèvement par une sanction, celle-ci pouvant être positive ou négative
selon la conformité ou la non-conformité de l’action réalisée par rapport au contrat.

En effet, le contrat se réfère à un système de valeurs dans lequel sont marquées les valeurs
soit positivement, soit négativement. Par conséquent, ni la manipulation ni la sanction ne
peuvent se justifier en dehors de ce système de valeurs. De même, c’est par rapport à lui que
le sujet opérateur est jugé sur son action.

Au moment du contrat ou de la manipulation, le maître du contrat-le destinateur qui incarne


le système de valeurs exerce à la fois :

Un faire persuasif sur le sujet qui va accepter ou refuser la proposition du contrat.

Un faire interprétatif, qui va examiner si le paraître correspond à l’être des choses.

Les deux séquences-manipulation à la phase initiale et sanction à la phase finale-sont en fait


symétriques et se situent sur la dimension cognitive du discours et présupposent un contrat.
Elles s’opposent ainsi à l’action du destinateur-sujet qui se situe d’une manière générale sur la
dimension pragmatique.

3- L’armature générale du programme narratif.

Tout programme narratif comprend logiquement quatre phases : manipulation, compétence,


performance, sanction. Chaque phase présuppose les autres.

3-1- La manipulation

En sémiotique, la manipulation n’a pas de connotation négative ou positive : elle fait-faire en


influençant un pouvoir-faire ou un vouloir-faire. La manipulation est le fait d’un destinateur-
manipulateur qui exerce sa manipulation sur le destinataire-sujet.
C’est est une opération de persuasion.
« Dans le développement du programme narratif, la manipulation représente la phase
initiale : c’est le moment où le PN est mis en place et où on constitue un sujet opérateur. 2»

3-2- La compétence : Etre du Faire

On appellera compétence les conditions nécessaires à la réalisation de la performance.

Pour accomplir une performance, le sujet doit posséder au préalable la compétence nécessaire.
C’est ainsi que toute performance présuppose une compétence. Cependant, si la performance
relève du faire, la compétence, elle, relève de l’être.

On peut lier la compétence du sujet opérateur à quatre éléments : le devoir- faire, le


vouloir- faire, le pouvoir- faire, le savoir-faire.

1
. Nous employons, ici, le terme d’axiologie dans le sens que Greimas lui donne, c'est-à-dire comme le mode
d’existence paradigmatique des valeurs (Greimas/Courtés 1979 p. 26), et non comme une branche de la
philosophie.
2
.Analyse sémiotique des textes, p .56
2
Pour réaliser sa performance, le sujet opérateur doit nécessairement être muni de certains de
ces éléments de compétence. Dans ce cas, la compétence est considérée comme un objet
qui peut être disjoint ou conjoint par rapport au sujet.

Nous pouvons donc distinguer deux types d’objets :

 L’objet principal de la transformation ou objet- valeur,

 L’élément de compétence nécessaire pour la réalisation de la performance, ou objet


modal. Il est appelé ainsi parce qu’il correspond aux modalités du faire : (pouvoir-
faire, vouloir-faire, savoir- faire, devoir faire).

Ces deux types d’objets correspondent à deux types de transformations :

 La performance principale transforme la relation du sujet d’état à l’objet-valeur,

 La performance modale (ou encore performance de qualification) transforme la


relation d’un sujet à l’objet modal.

3-3- La performance : Faire-Etre

La performance est l’acte humain interprété comme un « faire -être » constitué d’un énoncé
de faire régissant un énoncé d’état. La performance est donc une transformation qui produit
un nouvel « état de choses ». Cette transformation est assumée par un agent appelé sujet
opérateur.

3-4- La reconnaissance et la sanction

Si la manipulation correspond au faire persuasif, la sanction, elle, correspond au faire


interprétatif. Dans cette phase, il s’agit d’évaluer les états transformés et les performances
réalisées.

Le sujet opérateur a réalisé une transformation des états, reste à dire quel est le statut de vérité
de l’état final de la transformation : vrai, faux, mensonger ? Il faut révéler la vérité de ce qui a
été opéré dans la performance.

Dans la phase de sanction du récit, on trouvera le plus souvent les éléments narratifs
suivants :

 Le sujet d’état reconnait son état transformé et le sujet opérateur de la transformation ;


 Le destinateur évalue le véridiction des états transformés ;
 Le destinateur sanctionne (positivement ou négativement) le sujet opérateur de la
performance.

Cette phase de sanction s’appelle également épreuve de reconnaissance ou épreuve


glorifiante.

3
Tableau récapitulatif

Contrat / manipulation Sanction


Dans le cadre d’un Comparaison du
système de valeurs, Compétence Performance programme réalisé
proposition par le Acquisition de Réalisation du avec le contrat à
destinateur et l’aptitude à réaliser programme, ou remplir :
acceptation par le sujet « épreuve glorifiante »
un programme, ou « épreuve décisive »
d’un programme à « épreuve qualifiante »
(côté sujet)
exécuter Et
« reconnaissance »
(côté Destinateur-
judicateur)

Références bibliographiques

Analyse sémiotique des textes, Groupes d’Entreverrnes- Introduction-Théorie- Pratique


Presses Universitaires de Lyon, 6ème édition.

La sémiotique du langage, Joseph COURTES, Armand Colin, 2005.

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