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Enseignant: Mme BELIDAM

Faculté des langues

Département de langue française

3ème année

Semestre 2

Module : linguistique 3

l’interférence linguistique

Le mot «interférence» provient du latin inter qui signifie «parmi» et ferentis qui
traduit le sens de «qui porte, qui transmet». L’interférence est, en fait, l’une des
conséquences les plus visibles des situations de contact de langues. Elle est définie
comme un fait individuel, accidentel car le locuteur opère un croisement entre deux
langues ; il en découle qu’une modification des formes et des structures se produit. On
dit qu’il y a interférence quand un sujet bilingue insère dans la langue cible un trait
phonétique, lexical ou syntaxique caractéristique de la langue source. On parle alors de
« violation inconsciente d’une norme d’une langue par l’influence des éléments d’une
autre langue » (Hassan, 1974 :171).

L’interférence apparaît comme un accident de bilinguisme formé par le contact entre


deux ou plusieurs langues ; elle demeure particulière et involontaire, c’est en cela
qu’elle se distingue de l’emprunt qui est collectif et systématique. La problématique de
l’interférence est considérée telle une contamination entre langues qui n’a pas lieu
d’être car elle est à inscrire dans la problématique de la faute.

Selon Mackey (1976 : 414) «L’interférence est l’utilisation d’éléments d’une langue
quand on parle ou écrit une autre langue. C’est une caractéristique du discours et non
du code. Elle varie qualitativement et quantitativement de bilingue à bilingue et de
temps en temps, elle varie aussi chez un même individu, cela peut aller de la variation
stylistique presque imperceptible au mélange des langues absolument évident»
Les types d’interférence

Lorsque des systèmes linguistique se côtoient, l’interférence linguistique se manifeste


et à plusieurs niveaux. On distingue souvent trois types d’interférences, des couacs qui
sont facilement repérables et qui peuvent être phonétiques, syntaxiques ou lexicaux.

A) Interférences phonétiques

On parle d’interférence phonétique lorsqu’il est question de remplacer un son ou un


phonème de la langue cible (étrangère) par un son de même niveau dans la langue
source (maternelle).
A titre d’exemple:
En arabe, les sons vocaliques se manifestent uniquement par les signes : (‫ ﺿَﻤﱠﺔ‬, ‫ﻛﺴﺮة‬
‫)ﻓﺘﺤﺔ‬. Or, les sons vocaliques oraux français ([a][o][i][e][u] [y][ø][Ə][Ɛ][œ]) sont plus
nombreux. C’est pour cette raison que la confusion est fréquente entre : [y] et [i] :
comme « miltitude » au lieu de « multitude », ou : « irgent » au lieu de « urgent »
ou même entre[i] et [e] comme « cinima » au lieu de « cinéma ». il en est de même
entre [o][u] dans « l’écoule » au lieu « l’école » , ou : « coullier » au lieu de «
collier».
Du côté des sons vocaliques nasaux, on remarque une grande difficulté d’adaptation
chez les apprenants. Nous citons à titre d’exemple la prononciation de la consonne
dans «maintenant» [mƐntnã] au lieu de [mɛ̃tnã].
Notons également le souci de la liaison comme pour les oiseaux prononcé au masculin
un [zwazo]: le locuteur n’assimile pas la présence de liaison car inexistante en arabe.
B) interférences lexicales
Ce type d’interférence n’est pas soumis à une règle spécifique. Il s’agit de transférer
littéralement un lexème de la langue maternelle à la langue cible sans prendre en
considération les nuances sémantiques entre les deux systèmes linguistiques. Les
interférences lexicales d’ordre sémantique sont récurrentes telles que dans le lexème
Figure qui signifie « nombre» en anglais avec le lexème de même forme lexicale en
français. Tout comme le lexème instance en anglais avec le sens de « exemple »
utilisé en français.
Autre exemple : l’énoncé [ilʝalədegutaʒ]. Ce néologisme [degutaʒ] utilisé dans le
dialecte algérien au lieu de « l’ennui » ou « le dégoût ».
C) Interférences morphosyntaxiques
Ce type concerne les interférences du genre et du nombre ainsi que les modalités de
dérivation et de Composition.
Pour le genre, il est admis que tout ce qui est féminin en arabe, n’est pas forcément
féminin en français et vice versa. Par exemple :
- ‫( اﻟﻤﻨﻄﻖ‬masculin) est traduit par l’apprenant « le logique » au lieu de « la logique ». -
- [ynɔtʀdiplɔm] : Le locuteur se réfère à l’équivalent du mot « un diplôme » en arabe.
Il s’agit du mot «‫[ »ﺷﮭﺎدة‬ʃahada] qui est un mot féminin. L’usage du pronom [ɛle] dans
[mɔ̃diplɔmɑ̃teɛsɑ̃ɛ̃fɔʀmatikœ../ʒepadlaʃɑ̃sdətʀavaʝɛavɛkɛle] est dû aussi à cette même
interférence.
Quant au nombre, il est admis que le pluriel (en français) des noms et des adjectifs est
toujours marqué par une terminaison en « s », avec quelques irrégularités (-x ;
modification du suffixe : al / aux, ail / aux ; noms en –x, -s, ou –z invariables).
Quelques rares exceptions de transformation totale du mot (œil / yeux). L’apprenant
cependant, comprend que le « s » -à la fin des noms et adjectifs- marque le pluriel,
mais il ignore l’exception en écrivant par exemple : un nez = des nezs.
Notons également certains emplois prépositionnels sources d’erreurs interférentielles
telles que:
- [ʒəvepaʀlesyʀmwa] : La confusion entre la préposition « sur » et « de » (« parler sur
quelque chose » au lieu de « parler de quelque chose » s’explique par une
interférence avec l’arabe dialectal. Ce locuteur a pensé directement dans sa langue
maternelle et a produit l’équivalent français de la phrase [natkalmÇala] ([naHdarÇla])
où « ‫[ » ﻋﻠﻰ‬Çala] est synonyme de « sur ».
[ʒəkɔ̃sɛʝpuʀaʀete] : La même que la précédente, dans cet énoncé, il convient d’utiliser
la préposition « de » (« je conseille les gens d’arrêter »)

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