Vous êtes sur la page 1sur 4

Qu’est-ce qu’un emprunt?

L’emprunt linguistique est un procédé qui consiste, pour les usagers et les
usagères d’une langue, à adopter intégralement ou partiellement une unité ou
un trait linguistique d’une autre langue. Le terme emprunt désigne également un
élément introduit dans une langue selon ce procédé. Les principales
composantes de la langue peuvent être touchées : lexique, sens, morphologie,
syntaxe et prononciation.
Il importe de préciser que le degré d’adaptation des emprunts au système du
français est très variable. En effet, si certains sont facilement reconnaissables,
d’autres passent le plus souvent inaperçus pour la majorité des gens.
L’emprunt, comme la création lexicale, peut représenter un procédé
d’enrichissement linguistique : il permet aux langues de maintenir leur vitalité,
de se renouveler et d’évoluer. Il n’est donc pas mauvais en soi, et il est même
normal, voire essentiel. Toutefois, particulièrement dans le contexte général de
l’aménagement linguistique au Québec, ce procédé doit faire l’objet d’une
attention particulière.

EXEMPLES

Les types d'emprunts


Quand on parle des emprunts, on fait souvent référence aux seuls emprunts
lexicaux, lorsque quelqu'un a recours aux mots étrangers pour les intégrer dans sa
propre langue. En vue de simplifier le processus, on admettra qu'il existe trois
types d'emprunts :
 
1) l'emprunt direct : quand un mot ou un groupe de mots est repris sans
modification (staff, shopping, cannelloni, etc.) ou avec adaptation phonétique ou
orthographique.
Exemples: artéfact, démotion, cafétéria, boléro, cannelloni, etc.
2) le calque : quand le mot ou le groupe de mots est traduit, plus ou moins
fidèlement, dans la langue d’arrivée.
Exemples: salle de séjour < "living-room" ; lune de miel < "honeymoon".
3) l'emprunt sémantique: quand un sens d'origine étrangère est ajouté à un mot
de la langue d'arrivée.
Exemples: réaliser > «se rendre compte» > angl.: to realize; avoir les bleus < "to
have the blues" ;  ce n’est pas ma tasse de thé < angl.: "it’s not my cup of
tea"; gratte-ciel < "skyscraper"). 
Aujourd'hui, les emprunts, notamment à l'anglais, font souvent l'objet de critiques
et pas uniquement pour le français, mais également pour le portugais, l'allemand, le
polonais, l'arabe, etc.
L’interférence

Le concept de l’interférence (Interlangue), signifie la langue qui se situe entre la langue

maternelle (source) de l’apprenant et la langue apprise (cible). La langue que l’apprenant


produit

peut être considérée comme une langue transitoire entre la langue maternelle et la langue

étrangère et les erreurs commises par l’apprenant peuvent indiquer ses progrès dans
l’acquisition

de la langue étrangère. Quand l’apprenant essaye de pratiquer la langue étrangère, il


produit une

langue influencée par sa langue maternelle, appelée « Un interlangue ». Cette langue est
définit

par K. Vogel de la manière suivante : « Par interlangue nous entendons la langue qui se
forme

chez un apprenant d’une langue étrangère à mesure qu’il est confronté à des éléments de
la

langue-cible, sans pour autant qu’elle coïncide totalement avec cette langue cible" (K.
Vogel,

1995 : 19 )

Cet interlangue se caractérise par l’existence d’un certain nombre d’erreurs dont celles des

interférences. Ce phénomène est définit par G. MOUNIN, comme « les changements ou

identifications résultant dans une langue des contacts avec une autre langue, du fait du

bilinguisme ou du plurilinguisme des locuteurs» (G. Mounin, 2004)

De leur côté, HAMERS et BLANC définissent l’interférence comme : « des problèmes

d’apprentissage dans lesquels l’apprenant transfère le plus souvent inconsciemment et de


façon

inappropriée des éléments et des traits d’une langue connue dans la langue cible ».
(Hamers &

Blanc, 1983)

Le phénomène de l’interférence ne se limite pas seulement aux apprenants d’une langue

étrangère, mais peut aussi se manifester chez des personnes ayant des connaissances
assez

élevées de la langue, mais ce cas est plus fréquent dans la langue seconde que dans la
langue
maternelle. A partir de ces définitions, on peut dire que les interférences se produisent
quand

l’apprenant fait une confusion entre une production de la langue source et un trait qu’il doit

produire de la langue cible.

L'interférence est une adaptation, souvent inconsciente, d'un son


au système phonétique d'une langue en parlant une autre langue.
Types d'interférences
On peut distinguer trois types d’interférences : les interférences phoniques, les
interférences syntaxiques et les interférences lexicales.
- Les interférences phoniques : L’interférence est une adaptation, souvent
inconsciente, d’un son au système phonétique d’une langue en parlant une autre
langue. Par exemple, la différence importante des systèmes phonologiques de
l’arabe et de l’amazighe d’avec celui du français, notamment au niveau des voyelles,
engendre beaucoup d’interférences des premières dans l’usage de la seconde dans
le discours des Maghrébins. On entend souvent « huit », « nuit » et surtout « juin »,
articulés [wit], [nwi] et [ӡwè]. La semi-voyelle antérieure labialisée [Ч] du français
n’étant pas attestée en amazighe et en arabe. On entend aussi des sons attestés dans
les deux premières langues comme des variantes phonétiques contextuelles articulés
comme leurs correspondants phonémiques : [e] articulé comme un [i] (ou
inversement), [o] et [-] comme un [u] et surtout [ɛ] comme un [i] ou [e] (ce que nous
faisons nous-mêmes parfois) : télé articulé [tile] ou [tili] ; mot, politique, sérieux
articulés [mu], [pulitik], [sirju] ; mais, avec, articulés [mi/me] [avik/avek], etc. Même
l’amazighe et l’arabe, qui ont des systèmes phonologiques relativement proches,
connaissent des interférences lorsque les sons n’ont pas la même coloration dans les
deux langues. Un kabylophone prononce souvent le )‫ ع (عين‬ arabe, en parlant cette
langue, comme une sonore faible, à l’image des autres sonores du kabyle, alors que
cette consonne est forte en arabe. Un arabophone prononcerait [acal/akal] akal «
terre, sol » en parlant kabyle, alors que la palatale sourde est fricative dans ce
contexte [açal], parce que cette consonne n’est pas attestée dans sa langue
maternelle. (Voir A. Berkai, « Les interférences de l’arabe et du français avec
l’amazighe en Algérie : cas du kabyle à la radio Soummam de Béjaïa », Asinag, 12,
2017).
Les interférences syntaxiques : elles consistent à organiser la structure d’une phrase
dans une langue B selon celle de la première langue A : ainsi un italianophone, sur le
modèle courant de phrases comme viene la pioggia (« la pluie arrive ») ou suona il
telefono (« le téléphone sonne »), pourra-t-il produire en français des phrases
comme sonne le téléphone. (in Calvet, La Sociolinguistique, 8ème édition mise à
jour). Pour Berkaï (sus-cité) L’interférence consiste ici à transposer dans une langue, à
l’oral ou à l’écrit, un ordre de succession des unités caractéristique d’une autre
langue. Il n’est pas rare d’entendre un arabophone ne maîtrisant pas bien le kabyle
dire : kečč aɣyul « tu es un âne (litt. toi âne) », au lieu de kečč d aɣyul, oubliant la
particule de prédication de l’énoncé nominal en kabyle équivalant dans ce contexte à
la copule « être » en français.
Les interférences sémantiques : dont les plus simples sont celles qui consistent à tomber
dans le piège des faux amis, lorsqu’un Anglais par exemple utilise en français le mot instance
avec le sens de « exemple » qu’il a dans sa langue. On peut aussi rencontrer des traductions
mot à mot: « estar direito » chez les Portugais des États-Unis traduisant directement l’anglais
to be right, « avoir raison ». Ou encore des créations dans une langue sur le modèle de
l’autre : le français du Québec regorge d’exemples de ce type, comme vivoir pour « salon »
(anglais living room). Mais l’interférence lexicale est surtout fréquente lorsque les deux
langues n’organisent pas de la même façon l’expérience vécue. On trouve ainsi en français
d’Afrique un usage du verbe gagner avec un sens très large (« gagner » mais aussi « avoir »,
« posséder ») sur le modèle de certaines langues africaines qui n’ont qu’un verbe pour ces
notions. Ainsi, une phrase comme « Ma femme a gagné petit » signifiera qu’elle a eu un
enfant et non pas qu’elle l’a gagné dans une quelconque loterie…

Vous aimerez peut-être aussi