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LES PROBLÈMES DE LA PRATIQUE DE LA TRADUCTION

Waliya Yohanna Joseph,


Département de Langues Modernes et de Traduction,
Université de Calabar, Calabar-Nigeria.
Email : waliyayohannajoseph@unical.edu.ng.
Mobile : +2348038940016.

RÉSUMÉ
Préalablement, au fil des siècles, la traduction a été connue pour ses apports très pertinents
d’internationalisation de connaissance, d’interpénétration des cultures et civilisations et de
popularisation de sciences et technologies. La traduction est le deuxième métier le plus vieux
dans les domaines d’études comme le dit J.-R. Ladmiral cité dans Gutu (p.8). Ce métier est
connu dans le monde entier grâce au patrimoine gréco-romain et judéo-chrétien. En revanche,
la traduction est récusée d’infidélité et de trahison de ne pas passer le message exact au peuple
donné. Chez le traducteur, le fameux dilemme de la traduction lancé par Cicéron, un grand
théoricien d’éloquence romain, c’est de traduire la lettre ou l’esprit ? Autrement dit, la lettre
est le mot et l’esprit est le sens qui est sous-entendu ou bien encapsulé dans le texte. Dans cette
recherche, nous voulons nous baser sur les problèmes de pratique de traduction de l’anglais
vers le français et vice versa tout en suivant la démarche ou le plan thématique d’étape en étape.
En premier lieu, nous étudierons la complexité textuelle de traduction, ensuite, le défi de
traduire le sens ou le mot chez le traducteur, la défaillance de traduction automatique et en
définitive, nous conclurons avec la synthèse et donner notre solution possible en vue de
surmonter ces nœuds gordiens.

Mots clés : traduction, problème, infidélité, message, sens, pratique.


INTRODUCTION
La pratique de la traduction n’est pas une tâche simple. Car, elle a besoin de tellement
de connaissances et d’habileté exceptionnelle qui englobe l’apprentissage au quotidien et la
compétence professionnelle afin d’éviter les problèmes empiriques qui intercalent
l’incompréhension du message traduit. Bien que la traduction soit connue comme un ancien
métier, elle fait partie vitale de notre société humaine où personne ne peut être indépendant
d’un, des autres. Les difficultés de pratique de la traduction ont deux pentes, à savoir : la pente
textuelle et celle du traducteur. On peut ajouter aussi la défaillance de technologie chez le
traducteur amateur. C’est-à-dire, les nœuds gordiens de traduction qui viennent de la technicité
du langage et l’incompétence du traducteur. Nous allons catégoriser notre recherche
thématiquement en vue de tenter de résoudre ces problèmes.

TECHNICITÉ DU LANGAGE
Toute langue qu’on a vu évoluer de nos jours a croisé plusieurs civilisations de la
contreculture qui la rend complexe et très difficile à comprendre et à traduire vers une autre
langue, car, chaque langue évolue synchroniquement et diachroniquement. La seule possibilité
de traduire probablement d’une langue de départ à une langue d’arrivée, c’est si les langues
partagent les mêmes histoires originelles. Notamment, la plupart des langues européennes sont
de l’indoeuropéenne. Donc, les autochtones peuvent partager les mêmes cultures, technologie,
vie sociopolitique, végétation, histoire etc.

Les influences que la langue a connues au cours de son développement peuvent changer
quelques caractéristiques langagières telles que la sémantique, la morphologie, la syntaxe et la
phonologie de langue. C’est pourquoi SHOLOKHOVA Svetlana qui était modérateur de la
colloque internationale de philosophie le 5 juillet 2011, opine que « s’il y a une traduction
fidèle dont elle ne croit pas, il faut que la fidélité soit non seulement traduction entre
linguistiques mais aussi traduction entre cultures ». Ainsi, l’anglais et le français à l’époque
ont partagé les mêmes histoires dans les secteurs économiques, politiques, sociaux,
intellectuels, technologiques etc. qui imprègnent des empressions sur l’une et l’autre. C’est
de là que nous trouvons les faux amis dans la traduction anglais-français et vice versa du fait
de phénomènes belliqueux, socioéconomiques, politiques etc.
D’après J.P Vinay et J. Darbelnet, il y a trois problèmes linguistiques que les faux amis
entrainent dans la traduction anglais-français et français-anglais. Ils sont de l’aspect
sémantique, stylistique et structurel (pp.70-72, 170).

- L’aspect sémantique

Le sens des mots varie d’une langue à l’autre. Le piège de la traduction qui pose des problèmes
de traduction c’est que la langue d’arrivée et la langue de départ partagent certains mots de la
même orthographe. Toutefois, leurs sens n’ont rien à faire avec les uns et les autres. Par
exemple, boy chez les Français c’est un domestique indigène dans les pays autrefois colonisés
mais chez les Anglais, le sens de boy est traduit contextuellement tel que garçon, jeune
adolescent etc. Ainsi :

Anglais français

Boy garçon (sens familier)

House boy Boy (sens péjoratif)

Pour traduire boy du français vers l’anglais, il nécessite le contexte dont le mot est appliqué.
Car selon Nmi Education, « une unité linguistique peut présenter une gamme variable de sens
tel que sens lexical, sens propre-dénotation-lexique commun et sens contextuel-sens figuré-
connotation-lexique spécialisée » (p.128)

L’autre exemple c’est pétrole. En français ce mot désigne « kerosine » en anglais. Or en


anglais il y a « petrol » qui désigne l’essence en français. Remarquons que ce n’est pas la
même traduction avec pétrole du français. C’est dans cet aspect sémantique que la question de
l’unité de la traduction se pose.

- L’aspect stylistique

En ce qui concerne l’aspect stylistique, les faux-amis apparaissent dans l’ordre d’évoquer ou
se rapporter à un milieu différent dans le texte cible car le style varie d’une langue à l’autre en
valeur intellectuelle, psychologique, littéraire, technique, scientifique, commerciale et
spécialisée. Mais, les faux-amis stylistiques peuvent posséder presque le même sens. (Vinay
et Darbelnet (id.)). Ici, le dilemme de traduction est la valeur contextuelle. Par exemple, selon
les deux auteurs ci-dessus cités en comparant le français et anglais et vice versa, on trouve les
mots qui sont presque les mêmes mais dans leurs valeurs stylistiques, ils paraissent
différemment.

Valeur intellectuelle valeur psychologique

français anglais français anglais

Maternel maternal maternel motherly, maternal

Ennemi (adj) hostile hostile hostile, inimical

Foule populace populace rabble

Leur style qui pose le nœud dans le texte c’est la valeur littéraire, technique, familière des
langues notamment, dans la traduction anglais-français et vice versa.

Valeur littéraire/technique Langue familière

Français anglais français anglais

Carié carious carié bad

Obsèques funeral enterrement funeral

Condoléancés condolences condoléances sympathy

Les équivalences de figure de style sont très recherchées. Traduire ces styles quelques fois est
difficile parce que l’explication sert à remplacer la traduction dans ce cas afin d’éviter le
dilemme. Tout le monde sait que la traduction n’est pas explication de mots. C’est d’ici que
Gouadec affirme que

En fait, la traduction ne peut pas se réduire au passage d'une langue à une autre : elle
nécessite toujours une adaptation complète du document d'origine à un public qui se
caractérise par des habitudes différentes, des goûts différents, des modes de pensée
différents, des comportements différents. Un public, donc, qui devra recevoir le
document traduit comme si ce dernier avait été rédigé par quelqu'un de même culture.
(p.16)
En ce qui nous concerne, la traduction n’est qu’une évasion du sens lexicographique en
produisant le sens global du texte. Il faut remarquer également que c’est la lexicographie qui
nous aide à arriver au sens global.

- L’aspect structurel/ phraséologique/syntaxique

Les faux amis se montrent dans le sens global qui est divergent au sens de structure de la phrase.
L’aspect structurel de faux amis réunit la lexicalité et la syntaxique d’une phrase Ceux-ci font
la structure phraséologique. Par exemple, la structure de phrases ci-après :

In the view of (d’anglais) si l’on suit la structure de la phrase, on traduirait en français ainsi
« en vue de». La confusion c’est qu’il y a une expression française « en vue de » mais elle
n’est pas l’équivalent de cette phrase. La forme correcte de in the view of (d’anglais) d’après
Vinay et Darbelnet c’est « étant donné que » (p.171).

Un autre mot comme « confidence man » ne traduit pas « un homme de confiance » mais un
« escroc, un chevalier d’industrie ». Il y beaucoup d’exemples dans la traduction anglais-
français et vice versa selon P.J. Vinay et J. Darbelnet : « Dear Sir : Monsieur » non pas (« Cher
Monsieur » qui correspond à « Dear Mr. Smith »). Il est intéressé dans cette affaire désigne
en anglais, « He has interest in this concern » et non pas « he is interested in it ». I did not
think much of him : Il ne m’emballe pas et non pas « je ne pense pas beaucoup à lui » etc.
(id.171-172)

Les autres dilemmes qui se présentent à la traduction français-anglais/anglais-français sont les


modes verbaux, la rhétorique des types de texte, la ponctuation etc.

INCOMPÉTENCE DU TRADUCTEUR
Le problème de la pratique de la traduction chez le traducteur c’est le manque de
compétences pour distinguer entre les expressions qui sont soit traduisibles soit intraduisibles
ainsi que techniques et spécialisées. Ici, l’amateur en traduction peut se confondre aussi aux
théories et aux procédés de la traduction. À la condition qu’il soit incapable de traduire une
connaissance ou des expressions acceptables dans la langue d’arrivée, certains qui passent pour
les traducteurs commettent des fautes de trahison et d’infidélité en accédant à la sur-traduction.
Ricœur souscrit que «…des plages d'intraduisibilité sont parsemées dans le texte, qui font de
la traduction un drame, et du souhait de bonne traduction un pari… » (p.11). Le traducteur
confronte un tas des peines surtout dans la traduction du texte poétique où ses langages sont
trop recherchés. Il témoigne également de

« Antoine Berman, que j’ai donc fortement relu à cette occasion, résume dans une
formule heureuse les deux modalités de la résistance : celle du texte à traduire et celle
de la langue d'accueil de la traduction. Je cite: « Sur le plan psychique, dit-il, le
traducteur est ambivalent. Il veut forcer des deux côtés, forcer sa langue à se lester
d'étrangeté, forcer l’autre langue à se déporter dans sa langue maternelle (id.)

Schleiermacher est cité dans « Sur la Traduction » de Ricœur où il l’honore. Pour lui, le
traducteur se cale entre deux chaises de servir l’auteur et le lecteur. Il énonce que
Ce renoncement seul permet de vivre, comme une déficience acceptée,
l’impossibilité énoncée tout à l’heure, de servir deux maîtres : l’auteur et le
lecteur. Ce deuil permet aussi d'assumer les deux tâches réputées discordantes
d'« amener l’auteur au lecteur», et d'« amener le lecteur à l ' auteur». Bref, le
courage d'assumer la problématique bien connue de la fidélité et de la trahison
: vœu /soupçon. Mais de quelle traduction parfaite est-il question dans ce
renoncement, dans ce travail de deuil ? (id. p.16).

Cependant, Ricœur, Schleiermacher, et Svetlana concluent qu’il y a des impossibilités


de traduire sans trahir ou être infidèle. Autrement dit, le texte traduit a trahi soit l’auteur du
texte soit le lecteur du texte. Car, selon Gutu Ana «Dans certaines langues il existe des mots
exprimant des notions ou des objets qui manquent dans d’autres langues et vice-versa » En
tout, il n’y a pas la traduction cent pourcent exacte. La question sur cette profession c’est :
est-ce que le traducteur est trompeur alors? Ou est-ce la notion gouadecienne sur la traduction
n’est pas falsifié donc ?
TRADUCTION AUTOMATIQUE
Le grand nœud gordien chez certains traducteurs est la confiance dont ils font aux
technologies. Cependant, les technologies ne peuvent pas raisonner comme les être-humaines.
Par exemple, une traduction contextuelle où un mot est polysémique rend la machine folle car
elle sera incapable de choisir le mot juste. Voilà pourquoi, un philosophe questionne la
traduction automatique que les technologies rendent-elles les belles et bonnes traductions
comme celles de traducteurs humains ? Auroux affirme que

Dès 1954 on dispose de programmes capables de traduire mot à mot un texte


russe en anglais. Utilisés en grandeur réelle, ces programmes ne tardèrent
pas à révéler les graves faiblesses de conception qui les maniaient : c’est
que, pour le malheur de la théorie naïve du mot à mot, une unité lexicale
donnée dans une langue naturelle quelconque peut avoir de multiples
traductions dans une autre selon le contexte dans lequel elle est employée.
Une anecdote qui a longtemps circulé dans les milieux de la traduction
automatique explique mieux que de longs discours les conséquences de cet
état des choses. (pp.255-256)

Donc, la pratique de la traduction est un travail très intellectuel qui surpasse l’automation du
fait de la technicité langagière et la nécessité de la compétence professionnelle. Les traducteurs
humains sont les meilleurs traducteurs et non pas les technologies auxquelles certains amateurs
en traduction se confient.

CONCLUSION
La traduction fait partie de la vie humaine parce que nous vivons dans un monde qui
évolue tous les jours dans tous les domaines d’études et de commerces. Donc, la nécessité de
supprimer les barrières communicationnelles sont indispensables pour que les sciences et
technologies, les cultures et les civilisations soient partagées. On peut arriver à
l’épanouissement de ces projets, si les défis contextuels, linguistiques, culturels, stylistiques de
langue d’arrivée ont été relevés dans un texte cible par un traducteur compétent. Autrement
dit, la compétence du traducteur ainsi que la connaissance et le maniement du langage
facilitent la bonne traduction et non pas l’automation de l’art de traduction par une machine.
OUTRAGES CITÉS
GOUADEC, Daniel. Le traducteur, la traduction et l'entreprise. Paris: éd. Afnor, 1989. p.16.

GUTU, Ana. Théorie et pratique de traduction- support didactique à l’intention des étudiants en filière
traduction cycle licence,. Chisinau: éd. ULIM, 2007. pp.26-27.

RICŒUR, Paul. Sur la traduction. Paris: éd. Bayard, 2004. pp.11-16.

EDUCATION, NMI. Connaissance et maniement de la langue française (2nd Cycle enseignement


secondaire général et technique). Yaoundé: éd. Nmi Education, coll. Nnate, 2007. p.128.

AUROUX Syvian , Jacques DESCHAMPS et Djamel KOULOUGHLI. La philosophie du langage.


Paris: éd. Puf, 1996. pp.255-256.

LADMIRAL J.R in GUTU Ana. Théorie et pratique de traduction- support didactique à l’intention des
étudiants en filière traduction cycle licence. Chisinau: éd. ULIM, 2007. p.8.

SHOLOKHOVA, Svetlana. https://www.youtube.com/watch?v=PKW_FJlB55s. mardi 5 juillet 2011.


Web. 09 Septembre 2014.

VINAY J.P et DARBELNET J. Stylistique Comparé du français et de l’anglais. Paris: éd. Didier,
1958(2008). pp.70-72,170.

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