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12 milliards DH en un mois : Le cash explose !

Le volume de la monnaie fiduciaire est passé de 266 milliards de


dirhams en mars 2020 à 278 milliards en avril 2020

L’été et l’Aïd Al Adha risquent d’aggraver les choses avec des centaines de milliards en
circulation.

Le Maroc est en train d’exploser tous les records en matière de circulation d’argent
fiduciaire. La crise du coronavirus étant passée par là, les Marocains ont eu tendance
durant les derniers mois à procéder à des retraits massifs de l’argent liquide (cf.
Aujourd’hui Le Maroc du 25 mars). Résultat, plusieurs centaines de milliards de dirhams se
retrouvent en circulation actuellement. Les chiffres sont édifiants. Selon les dernières
statistiques monétaires disponibles de Bank Al-Maghrib (BAM). L’encours de l’argent
fiduciaire en circulation est passé durant le seul mois d’avril de 266 milliards de dirhams à
278,5 milliards de dirhams. Durant ce même mois d’avril, pas moins de 12 milliards DH
ont été donc retirés. Entre le mois d’avril 2019 et avril dernier, la masse monétaire a
augmenté de plus de 41,5 milliards DH. S’achemine-t-on alors vers une crise de
liquidités ? En tout cas, la situation risque d’empirer durant les mois et semaines à venir.
Et pour cause. L’arrivée des vacances d’été et le déconfinement progressif en plus de
l’avènement de l’Aïd Al Adha pourraient faire monter les retraits de cash et l’argent
fiduciaire en circulation encore à des niveaux stratosphériques.

Les responsables craignent un scénario similaire à celui de l’été 2019. Flash back. En août
dernier les besoins en liquidités s’étaient rapprochés du seuil des 100 milliards DH avec
un réseau de GAB (guichets automatiques bancaires) proche de la panne sèche. «Reflétant
essentiellement l’expansion de la circulation fiduciaire, le besoin en liquidités bancaires
s’est creusé à 95,5 milliards de dirhams en moyenne hebdomadaire en août (2019)», avait
alors expliqué la banque centrale avant d’annoncer l’injection de plus de liquidités sur le
marché. Au début de la crise du coronavirus, BAM est revenue à la charge avec de
nouvelles mesures concernant les liquidités (voir encadré).

Il faut dire que les sorties de cash ont été juste renforcées après la crise de la Covid-19.
Comme précité plus haut, l’argent fiduciaire battait déjà des records l’été dernier. Selon les
observateurs, l’augmentation du taux de bancarisation fait en sorte que de plus de plus de
chefs de ménages ont des comptes bancaires à la différence que ces comptes sont utilisés
uniquement pour effectuer des sorties de cash mais jamais pour l’épargne. L’autre
hypothèse concerne la crainte des contrôles fiscaux pour de nombreuses personnes
physiques et morales. L’utilisation de l’intelligence artificielle permet en effet aux organes
de contrôle de plus en plus de relier et avec plus de précision ces personnes avec leurs
vrais patrimoines, notamment financiers. Face à cette situation et au recours de
l’administration aux ATD (l’avis à tiers détenteur) qui est un moyen utilisé par
l’administration publique (fisc notamment) pour débiter sur des comptes bancaires des
sommes dues aux autorités par des contribuables en conflit avec la loi, les gens sont plus
tentés de faire des retraits importants du circuit bancaire. Ainsi, que ce soit à cause du
coronavirus, des contrôles fiscaux ou pour effectuer des achats, le cash reste largement
plébiscité, ce qui constitue une particularité assez singulière au Royaume à l’ère de la
dématérialisation et des monnaies électroniques.

Alerte

Dans une note CDG Capital avait alerté sur la situation des liquidités bancaires. «Dans ce
contexte exceptionnellement difficile, la gravité de l’impact sur l’économie nationale
dépend dans une large mesure de la durée de cette crise sanitaire et de la profondeur de
ses séquelles, aussi bien sur le système productif que la stabilité du système monétaire et
financier national», avaient prédit les responsables.

La même source avait anticipé une accentuation du déficit de liquidité du système


bancaire en 2020. Cette aggravation devrait, selon le même document, avoir lieu sous
l’effet de la poursuite de la hausse tendancielle de la circulation fiduciaire, qui sera
amplifiée par la panique générée par la pandémie Covid-19. En outre, CDG Capital avait
estimé que le fort recul des flux financiers en provenance des partenaires commerciaux,
particulièrement les flux du tourisme et les transferts des MRE, devrait réduire le
potentiel de compensation du déficit commercial, générant ainsi un impact baissier sur les
réserves de change du Royaume.

Financement

Bank Al-Maghrib avait annoncé fin mars dernier un dispositif d’appui à l’économie et au
système bancaire en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus. Dans le détail, il s’agit
d’un ensemble de mesures de politique monétaire et prudentielles pour soutenir l’accès
au crédit bancaire au profit des ménages et des entreprises. Il s’agit notamment de la
possibilité de recours par les banques à l’ensemble des instruments de refinancement
disponibles en dirhams et en devise ainsi que l’extension à un très large éventail de titres
et effets acceptés par Bank Al-Maghrib en contrepartie des refinancements accordés aux
banques.
Parmi les mesures adoptées, il y a également l’allongement de la durée de ces
refinancements et le renforcement de son programme de refinancement spécifique au
profit de la TPME, en y intégrant, en plus des crédits d’investissement, les crédits de
fonctionnement et en augmentant la fréquence de leur refinancement.

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