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JEUX DE TRADUCTION

Il y a des différences entre la traduction universitaire et la traduction professionnelle.


La traduction enseignée à l’université est un simple moyen pour apprendre la langue. La
traduction professionnelle est un fin en soi, puisque son but est de transmettre un
message, un discours. Dans la traduction universitaire il peut arriver que l’on traduise
avant de tout comprendre: on traduit pour comprendre; dans la traduction professionnelle
on ne peut traduire que si l’on comprend vraiment le texte: on traduit pour faire
comprendre. Les situations sont donc différentes, avec des contextes différents aussi:
dans la traduction pédagogique on traduit, pour le professeur, des phrases ou de courts
passages sans contexte, c’est un exercice linguistique; dans la trad. professionnelle on
traduit quand on connait tous les paramètres de communication, le contexte au sens large,
le destinataire modèle; on traduit des énoncés: d’une langue-culture à une autre langue-
culture.
Cotexte et contexte: on appelle cotexte le contexte linguistique qui détermine la sélection
de la signification d’un terme, d’une expression, d’une phrase. On appelle contexte tout ce
qui ne concerne pas l’entourage linguistique immédiat d’une situation de parole. C’est le
contexte extralinguistique lié aux caractéristiques socioculturelles des acteurs du message
(destinateur et destinataire). Le contexte cognitif est donc l’ensemble des informations que
le traducteur enregistre pendant la lecture et l’exégèse du texte original. De la
connaissance du macrocontexte textuel (ex. les chapitres qui précèdent), des
connaissances encyclopédiques…

La paraphrase: explication, reformulation, pratique de délayage de la forme et du contenu,


pouvant aller jusqu’à la distorsion du sens.
La parasynonymie: on sait que le rapport de synonymie est une utopie. Donc on parle de
parasynonymie lorsque chacun des termes synonymes ajoute des sèmes supplémentaires
qui modifient le sens du terme neutre. ex: mourir, crever, expirer… Il s’agit de rendre tant
les sèmes inhérents que les sèmes afférents. Ex: expirer —> sème inhérent: mort douce;
sème afférent socialement normé: langage soutenu. Crever —> sème inhérent: mort de
l’animal; sème afférent: langage populaire.
La paraphrase: quand il s’agit de deux phrases de même sens, on parle de paraphrase
—> les phrases donnent une information identique (sèmes inhérents). Le passage d’une
phrase à l’autre peut s’accompagner d’effets hyperboliques ou euphémistiques.
En situation interlinguale: le langage soutenu est rendu par un langage soutenu; le style
familier par un style familier. Si A et B sont dans un rapport de paraphrase, la traduction de
A tendra vers A’, et la traduction de B tendra vers B’. On doit rechercher l’identité de sens
et de registre.
Il s’agit de faire la différence entre paraphrase illégitime et paraphrase légitime. L’opération
est illégitime lorsqu’elle consiste à expliquer le texte de départ ou lorsqu’elle correspond à
un développement verbeux des mots et idées du texte. Le traducteur ne doit pas
expliquer, ne doit pas rendre le texte plus facile ni difficile à comprendre que dans la
langue source. On a le droit d’expliciter seulement les éléments linguistiquement implicites
dans l’original.
La paraphrase est illégitime quand la traduction s’accompagne d’une interprétation
subjective du texte: par ex, quand le traducteur interprète une expression laissée ambigue
par l’auteur.

Jusqu’à la deuxième guerre mondiale on voyait la traduction selon une base binaire
(traduction littérale/belle infidèle; source-oriented/target-oriented…) Après la guerre la
recherche de Vinay et Darbelnet fait éclater la classification canonique - littérale versus

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libre - en la série des sept procédés. Ils aussi partent d’une opposition binaire (traduction
directe/ oblique).
Traduction directe: comprend - emprunt - calque - traduction littérale
Traduction oblique: comprend - transposition - modulation - équivalence -
adaptation
La terminologie de Vinay et Darbelnet sera revue pendant les années: au binôme direct/
oblique on substitut direct/indirect, etc.
Les équivalences directes: transcription, calque, traduction littérale
Les équivalences indirectes: la transposition, la modulation libre, la modulation obligatoire,
l’adaptation.
Les équivalences directes
La transcription: elle indique la non-traduction. Il y a transcription quand un mot ou un
énoncé est transféré tout court dans le texte d’arrivée, parce que le phénomène désigné
ne correspond à rien dans la culture du deuxième lecteur ou à une exotisation fonctionelle.
La transcription a un pouvoir d’évocation de la culture du texte de départ.
L’emprunt appartient à la terminologie de la traduction intralinguale et correspond à un mot
d’une langue étrangère qu’utilisent les usagers dans leur langue maternelle. Le terme est
déjà en partie assimilé mais, bien qu’incorporé au lexique de la langue d’arrivée, il est
toujours ressenti comme un xénisme. L’emprunt permet d’éviter la transcription tout en
conservant la couleur liée à la culture de départ. La transcription est à user avec
modération dans la mesure où plusieurs mots transcrits donnent une impression de non-
traduit.
Le calque: le calque est la traduction d’un emprunt. On parle de calque lexical ou de
calque de structure (ex. skyscraper —> gratte-ciel). Les auteurs fond des calques de
structures volontairement pour caracteriser la façon de parler d’un étranger, pour créer un
effet comique. C’est un artifice de style qui peut etre exploité en traduction.
La traduction littérale: la traduction littérale désigne le passage de langue de départ à
langue d’arrivée aboutissant à un texte correct et idiomatique sans que le traducteur ait eu
à se préoccuper d’autre chose que des servitudes linguistiques. Les particularités
formelles sont maintenues le plus possible. Ces choix peuvent s’accompagner
fréquemment avec de transcriptions et calques imposant la culture du texte de départ au
texte d’arrivée. On parle alors de source-oriented translation, traduction orientée vers le
texte de départ. Mais toute traduction, qu’elle soit source- ou target-oriented, comporte
une partie d’équivalences symétriques (directes) et une partie d’équivalences
asymétriques (indirectes).
La traduction littérale concerne des segments de phrases, mais aucune phrase entière,
parce qu’il y a une irréductibilité des systèmes linguistiques: chaque langue forme un tout
distinct des autres; il n’y a pas de relation terme à terme entre les langues. La littéralité
sera donc un phénomène isolé, car productrice de distorsion de sens. L’équivalence
globale sera garantie par des opérations asymétriques mais plus fonctionnelles.

Les équivalences indirectes


La transposition: elle est essentiellement une opération grammaticale. Elle consiste à
remplacer une partie du discours par une autre: ex. nom —> verbe, adjectif —> nom etc.
Les transpositions peuvent concerner également les fonctions syntaxiques, toutes les
catégories grammaticales, les modifications des fonction (le complément objet devient
sujet ou vice versa).
Une reformulation finit par en déterminer une autre: c’est la transposition en chaine.
La modulation: alors que la transposition concerne le niveau morphosyntaxique, la
modulation concerne les catégories de pensée. Non plus donc une variation de la forme,
mais une variation ponctuelle dans le message en vue d’assurer une équivalence globale
de discours. Chaque langue organise d’une certaine façon notre vision de l’univers
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immédiat, et, au niveau de la traduction, cela demande des changements dans la façon
d’exprimer un phénomène. Par ex, avec les titres des films, on focalise un autre aspect
pour les versions étrangères.
Les modulations peuvent être créées ad hoc (libres) ou lexicalisées (obligatoires). Les
modulations lexicalisées sont ratifiées par les dictionnaires, tandis que les modulations
libres sont des solutions spontanées. On a recours à la modulation quand une solution
directe produit un énoncé grammaticalement correct mais peu idiomatique.
La modulation obligatoire concerne essentiellement le lexique: on l’a quand plusieurs
signifiants différents désignent une même réalité, mais en focalisent des aspects
différents. Par ex: bande dessinée focalise les séries d’images, tandis que fumetto focalise
les bulles avec les paroles.
Les modulations obligatoires concernent également les dictons et proverbes, les
expressions idiomatiques. Les différentes cultures ont recours à différentes images pour
décrire des situations.
Les modulations obligatoires, enregistrées par les dictionnaires, révèlent des mécanismes
qui peuvent être reproduits ad hoc par les traducteurs: il s’agit dans ce cas de modulations
libres qui visent à créer un énoncé plus idiomatique dans le texte d’arrivée. Ces choix
consistent à constater la façon différente de saisir une situation dans deux cultures
différentes.
Métonymie et traduction: la métonymie implique une contiguïté dans l’expérience. C’est
une figure très courante en traduction intralinguale. On dit l’Elysée/il Quirinale pour le
Président de la République; boire un verre pour boire le contenu d’un verre.
- le contenant pour le contenu
- le lieu pour la personne ou la chose
- la personne pour l’oeuvre
etc
Le problème de la metonymisation est quantitatif: un texte à forte metonymisation ne sera
pas d’un intérêt stylistique élevé. L’explication de la métonymie peut etre nécessaire en
traduction.
Dans la traduction interlinguale on passera de la metonymie à son explicitation dans le but
d’aménager l’énoncé pour le nouveau lecteur, mais sans trahir le style.
La métonymie cause/effet et effet/cause: est très courante dans le passage interlingual: le
texte de départ perçoit un phénomène qui est la cause du fait exprimé dans le texte
d’arrivée.
La métonymie sensorielle: le texte original nomme une caracteristique d’un objet et la
langue d’accueil une autre caractéristique, chaque culture focalisant donc un aspect plutôt
qu’un autre.
Le traducteur doit tenir compte du changement de perspective du nouveau lecteur.
La métonymie symbole: quand une personne ou une chose sont symbolisés par une
caractéristique qui leur est particulière. (possesseur/objet possédé; métier/instrument ou
uniforme). Ex: les magistrats et leurs toges.
La synecdoque: la partie pour le tout et vice versa. La synecdoque est une variété de
métonymie où il y a entre les deux termes un rapport d’inclusion, d’appartenance.

LES LIEUX DE L’INTRADUISIBILITE

Tout texte est une source d’informations sur la société et la culture de celui qui le produit.
Ainsi le traducteur peut-être doit rendre des situations inconnues dans la culture du
nouveau lecteur. Selon Nida, ces lieux sémantiques de l’intraduisibilité correspondent à
cinq domaines du métalinguistique. Par metalinguistique on entend l’ensemble de rapports
qui unissent les faits sociaux aux structures linguistiques.
Les 5 domaines de Nida:
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1) l’écologie
2) la vie quotidienne
3) la vie socio-juridique
4) la vie religieuse
5) les domaines linguistiques: - la variation
- les jeux de mots
- le métalangage

1) la vie écologique: ce domaine concerne les problèmes liés aux différences de climat,
de flore et faune. Le traducteurs interviennent souvent en rédigeant une note. Une des
alternatives à la non-traduction (accompagnée souvent d’une note) est la transcription
accompagnée du binôme traducteur qui explique.
2) la vie matérielle, quotidienne et technologique: la culture gastronomique par exemple:
panettoni versus galette des rois. S’il s’agit d’un texte source-oriented, on opte le plus
souvent pour la transcription, c’est-à-dire pour la non-traduction. Une note en bas de
page peut accompagner très souvent ces options de traduction.
3) La vie sociale: par exemple les rythmes scolaires, les organisations diffèrent. Les
différents phénomènes de la société n’ont pas toujours d’équivalents dans la culture du
nouveau lecteur. On opte le plus souvent pour une transcription accompagné d’une
NdT.
4) la culture religieuse: chaque pays a acquis des traditions différentes au cours des
siècles. A l’intérieur même des différentes traditions catholiques les sacrements sont
donnés à des âges différents et avec des emphases différentes.
5) la culture linguistique: les difficultés de traduction liées à des cultures divergentes sont
de trois ordre: elles correspondent à la difficulté de rendre
a) la dimension de la variation linguistique diatopique et diastratique
b) les jeux de mots
c) les réflexions métalinguistiques

a) les dialectes: en France ils n’ont pas survécu, tandis qu’en Italie ils enrichissent
également la littérature. A cette caractérisation diatopique correspond une dimension
principalement diastratique en français —> au français national et normé s’oppose
l’argot (des métiers, des jeunes etc). C’est un vocabulaire qui ne touche pas
excessivement la structure de la langue, mais le lexique.
b) les jeux de mots: lieu par excellence de l’intraduisibilité. Ce sont des jeux sur le
signifiant qui se basent sur l’ambiguïté, sur le double sens, sur l’allitération et
assonance. Les jeux d’esprit sont des jeux sur le signifié (pas le signifiant) et peuvent
être traduits: ils sont généralement traduisible si l’univers de discours du premier
lecteur et du nouveau lecteur correspondent.
c) traduire une réflexion métalinguistique: lorsqu’on énonce une règle grammaticale, on
fait un exemple. Les mots de l’exemple (dits autonymes parce qu’ils sont l’objet de
l’énoncé) ne se traduisent pas dans la mesure où le phénomène linguistique décrit est
l’objet du discours. Ces mots sont signalés et soulignés graphiquement dans le texte.
Un autre domaine de l’intraduisibilité est le phénomène signalé en note par
l’expression “en français dans le texte”

LES DEGRES D’ENTROPIE

On parle d’entropie lorsque le texte d’arrivée manifeste un appauvrissement sémantique


ou stylistique. Cette perte détermine un déficit d’information ou/et une altération du ton
général du message traduit, car la traduction répond aux lois qui dictent toute forme de
communication: tout message transmis est inéluctablement modifié.
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Entropie totale versus compensation: la perte est totale lorsque le traducteur évite de
traduire un passage difficile et l’élimine complètement. Il s’agit pour le traducteur de
repérer les lieux de l’intraduisibilité, de la perte consequente, puis d’évaluer les possibilités
de compensation, pour restituer la dimension du texte.
Entropie sans possibilité de compensation: l’intraduisibilité totale.
Entropie partielle: nous avons vu que les jeux de mots sont l’un des lieu de
l’intraduisibilité. Ex: Cyrano —> le panache. = pennacchio; métaphoriquement: fierté du
guerrier; brio —> traits qui désignent le personnage de Cyrano. Triple signification qui est
difficile à restituer.
La synecdoque généralisante: la perte peut être seulement partielle: par ex, lorsqu’on
choisit un terme général à la place d’un terme précis.
La paraphrase métonymique: le terme culturel peut inclure un élément implicite,
pertinent à la situation de l’énonciation. ex: Emma Bovary porte une robe de barège (du
nom propre Barège, d’où ce tissu vient). La caractéristique de légèreté du tissu doit être
reproduite pour faire le contraste avec la pesanteur de Charles.
Entropie et intertexualité: ex. comparer les politiques italiens à des don Abbondio,
exploitant la connaissance que tout lecteur italien moyen a de la couardise du personnage
manzonien. C’est un phénomène d’intertextualité: l’intertextualité est l’ensemble des
rapports qu’un discours, un auteur, un destinataire établit avec un u plusieurs textes qui
l’ont précédé dans une situation donnée. Chaque discours fait des allusions à sa culture
qui sont fondamentales pour la comprehension du discours. Le traducteur doit repérer un
renvoi intertextuel, puis évaluer le degré de transferibilité, verifier si la citation est liée à la
culture universelle ou si elle appartient à la culture de l’auteur.
Il faut donc évaluer si l’allusion correspond à un univers du discours commun 1) à l’auteur
2) au premier destinataire et, dans le cas de la traduction au 3) traducteur; car cette
interférence n’est pas toujours évidente.

ADAPTATION PONCTUELLE VERSUS TRANSCULTURATION

Il existe différentes formes d’adaptations. Quand on parle communément d’adaptation, on


fait allusion au passage d’un genre à un autre: de la poésie à la prose, du roman au
cinéma etc. C’est la traduction intersémiotique ou transmutation. En traduction stricto
sensu, l’adaptation se fait à l’intérieur d’un même genre: c’est l’adaptation intrasémiotique,
qui peut etre:
1) adaptation ponctuelle: équivalence d’effet obtenue à travers des adaptations
dispersées dans le texte. Le milieu socio culturel reste le même
2) équivalence d’effet obtenue par transculturation globale des faits de culture et
naturalisation des personnage

L’adaptation intersémiotique: l’adaptation d’un genre à un autre comporte des


réélaborations, des développements différents du texte de départ: opérations liées à la
forme du nouveau vecteur
L’adaptation intrasémiotique: l’adaptation, comme la transcription, intervient quand le
traducteur se trouve face à face à des divergences sociales et culturelles. Alors que les
versions avec transcriptions gardent un contact explicite avec la dimension culturelle du
texte de départ, l’adaptation implique une prise de distance, une “transculturation”, qui
correspond à la naturalisation des phénomènes et des personnages dans le texte
d’arrivée. Le traducteur opte pour l’adaptation dans le but de garantir une équivalence
d’effet sur le nouveau lecteur.
L’adaptation globale: la transculturation. C’est une opération qui privilégie la réaction
émotive du lecteur; on ne demande plus au nouveau lecteur de comprendre et de
s’approprier une réalité appartenant à une autre culture, mais on intervient en remplaçant
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les concepts ancrés à la culture du texte de départ par des concepts liés à la culture du
texte d’arrivée. Quando les adaptations s’enchainent, c’est une adaptation globale.
Alors que la transcription entend imposer une rupture, l’adaptation supprime la distance
entre la réalité du premier texte et la réalité du texte d’arrivée. Le traducteur s’autorise des
libertés qui le conduiront à intervenir dans le paratexte: la version étrangère sera
présentée comme “d’après…”, “texte français de…”, “versione italiana di…”. L’adaptation
en traduction apparait en fait comme la solution ultime. On parle donc d’adaptation globale
lorsque la traduction correspond à une naturalisation des personnages. Les personnages,
les lieux etc quittent leur caractère national-culturel —> ex. traduction pour l’enfance.
L’adaptation globale plie tous les domaines de l’intraduisibilité définis par Nida et entraine
également l’adaptation d’éléments plus traduisibles. Les personnages changent de
nationalité: meme lorsqu’un élément est traduisible, il sera remplacé par un élément plus
typique. On adapte parfois sur l’axe temporel aussi.
L’adaptation ponctuelle: lorsqu’il n’y a pas de transculturation globale mais quand toute
autre solution dans un lieu déterminé du texte produit un vide de compréhension. Les
personnages gardent leur nationalité, ils ne sont pas naturalisés. L’adaptation ponctuelle
est utilisée pour garantir une certaine continuité dans la compréhension du discours.

IMAGES DE RESSEMBLANCE ET TRADUCTION

L’interprétation métaphorique est liée exclusivement à une situation extralinguistique


incompatible. La sélection d’un sens figuré au lieu du sens propre est possible seulement
si on prend en compte le contexte.
De la comparaison à la métaphore: on définit la métaphore comme une substitution de
deux termes, dans laquelle le transfert du premier au second se base sur un rapport de
ressemblance. L’élément analogique est propre à toutes les productions métaphoriques.
Tous les énoncés métaphoriques peuvent être explicités, paraphrasés, à partir de cette
ressemblance. Chacun de ces déplacements sémantiques par similarité peut être décrit
comme suit:
1) premier niveau, la similitude stricto sensu, qui explicite ses raisons. Dans cet énoncé
sont explicités 1) le référent, l’objet de la similitude, 2) l’image de la similitude, 3) la
caractéristique qui soutient la comparaison.
2) deuxième niveau, le similé, similitude raccourcie qui n’explique pas ses raisons, mais
exprime également les trois données: 1) le référent, 2) l’image, 3) la qualité-base de
l’analogie.
3) troisième niveau: il y a l’outil grammatical “comme”, mais l’élément commun aux deux
éléments n’est plus nomme, est implicite
4) quatrième niveau, la métaphore in praesentia. Il n’y a plus “comme”
5) cinquième niveau, la métaphore in absentia: seul le comparant est cité.

Métaphore culturelle versus métaphore universelle


Bon nombre de métaphores peuvent etre interprétées par toutes les communautés
linguistiques et sont dites métaphores universelles. Une métaphore est dite culturelle
lorsque l’élément x n’est pas connu que d’une communauté linguistique/culturelle
déterminée.

Antonomase: le sujet est un nom propre célèbre universellement connu et employé


métaphoriquement —> l’image peut etre traduite et sauvegardée.
La note du traducteur: quand l’énoncé métaphorique culturel apparait souvent intraduisible
—> lieu privilegié de l’intervention paratextuelle.
Métaphore in absentia: la plus difficile à rendre. L’opération de traduction peut consister à
la développer en una métaphore in praesentia.
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L’opération métaphore/comparaison: il s’agit de rendre la métaphore par la similitude dont
elle est dérivée.
L’opération métaphore culturelle —> universelle: solution très efficace qui consiste à
rendre une métaphore culturelle incompréhensible par une image universellement
interprétable. Cette opération consiste souvent à remplacer un nom propre métaphorique
par un terme plus général.
Absence de métaphore/création de métaphore: à moins qu’il ne s’agisse d’une opération
de compensation visant à équilibrer quelque suppression de métaphore ailleurs dans le
texte, la création de métaphore correspond à une paraphrase illégitime. au contraire, fair
chuter la métaphore s’accompagne d’une entropie ponctuelle.
Les locutions idiomatiques: pose problème la traduction de la phraséologie idiomatique,
soit toute expression idiomatique correspondant à une unité fonctionnelle plus longue que
le mot graphique, appartenant au code de la langue en tant que forme stable. Il s’agit de
modalité expressives, souvent caracterisées par un élément intraduisible en langue
étrangère. Ce sont des combinaisons de termes difficiles à transférer dans la langue cible.
En ce qui concerne les locutions figées, les proverbes métaphoriques et les dictons, l’idéal
est de maintenir une métaphore lexicalisée équivalente dans le texte d’arrivée. Les
équivalences de ces expressions peuvent présenter des différences de registre.
Les registres familiers: les registres de langue doivent être pris en compte. L’effet
concrétisant de la métaphore est une des figures privilégiées de l’argot. L’argot est
connoté diastratiquement, tandis que les registres familiers italiens sont connotés surtout
diatopiquement. En l’absence d’une équivalence ratifiée, l’expression idiomatique est
réduite à son sens contextuel.
Traduire le cliché: le cliché est une expression rebattue, plus ou moins figée, et souvent
caractéristique des productions littéraires de second ordre. Certains clichés sont
idiomatiques. Pour qu’il y ait cliché il faut qu’il y ait figure de style usée, provoquant un
effet de répétition, de banalité. Alors que la locution figée requiert une traduction exacte
généralement ratifiée par les dictionnaires, le cliché peut se concentrer en un seul mot ou
en une expression et sa traduction exige souvent un travail de sélection, qui se fait à la
fois en fonction d’une interaction singulière. Ex: dernière ligne droite = un dernier effort
avant une épreuve finale très attendue.
A différence de la locution, dont le sens assez fixe trouve une équivalence dans les
dictionnaires bilingues, la traduction du cliché variera selon le contexte.

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