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Chapitre 1
La linguistique et la grammaire
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Par contre, la grammaire du grammairien est une description complète des
conventions grammaticales d’une langue. Ces conventions grammaticales
couvrent, entre autres, la rection (l’accord), la flexion (les conjugaisons, les
déclinaisons, le nombre et le genre, les règles d’orthographe).
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a. * Paul est intelligent, et mais paresseux.
b. * Paul mange beaucoup et car il a toujours faim.
c. * Marie est belle, mais car elle est intelligente.
b. * Paul n'est ni paresseux, ni mais intelligent.
c. *Ni Marie et ni Paul ne s’aiment
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On a également dit plus haut que les règles de grammaire traditionnelles
n’étaient pas explicites. Moeschler et Auchlin (1997) indiquent que dans Le
Bon Usage de Grevisse (2ème édition) on trouve des règles générales,
beaucoup d'exemples et une liste d’exceptions. Mais, étant donné que ces
règles ne sont pas explicites, elles favorisent la production de phrases
agrammaticales. Pour illustrer le caractère non explicite des règles
grammaticales traditionnelles, voici deux exemples tirés de Ruwet (1967) et
cités par Moeschler et Auchlin (1997: 16). Dans Le Bon Usage de Grevisse,
la formulation du superlatif relatif est décrite comme suit :
Si (6d) et (7d) étaient des phrases sources, il faudrait préciser que dans la
règle de formation du superlatif, l’article indéfini, (un/une) devient défini (le
/la) obligatoirement
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La formation du passif montre aussi que les règles des grammaires
traditionnelles ne sont pas explicites. Grevisse (1964) que citent Moeschler et
Auchlin (1997 : 16-17), décrit la formulation du passif comme suit :
(8) On peut mettre au passif tout verbe transitif direct : l'objet
direct du verbe devient le sujet du verbe passif, et le sujet du verbe
actif devient le complément d’agent du verbe passif.
Cette règle explique de manière adéquate la transformation qui
s’est opérée de la phrase (a) à la phrase (b) ci-dessous :
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a. La secrétaire aime le patron.
b. Le patron est aimé de la secrétaire
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Certains animaux utilisent des signaux gestuels ou chimiques. Ainsi un chien en
colère montre ses crocs, tandis que les loups délimitent leur territoire en
disséminant leurs urines.
3. Les différents types de communication
En général, les codes sont classés selon leur mode de réception et d'émission
On dénombre les types de communication suivants :
CONTEXTE
DESTINATEUR ...MESSAGE ... DESTINATAIRE
CONTACT
CODE
Le code est l’ensemble des règles et des unités employées pour se comprendre
dans toute communication.
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RÉFÉRENTIELLE
PHATIQUE
MÉTALINGUISTIQUE
La fonction poétique est relative aux différentes formes que le message peut
prendre. Le choix et l’agencement des unités déterminent la forme du message.
Chaque écrivain, par exemple, a un style particulier
La fonction métalinguistique est basée sur le code. Elle est utilisée pour vérifier
si le locuteur et l’auditeur s'entendent bien sur les unités ou les règles
employées. Par exemple : Vous avez bien dit : il est à jeter ou acheté ?
La fonction émotive est centrée sur la personne qui émet le message. Elle
renseigne sur son état émotif, apparent ou réel, par exemple, si la personne
concernée est en colère, elle grondera.
En outre, ses fonctions ne font pas la distinction entre les faits intentionnels
proprement linguistiques et les faits involontaires d'ordre psychologique comme
l’émotion.
Par ailleurs, un message donné peut contenir toutes les indications des fonctions
Jakobson et non une fonction spéciale qui exclurait les autres.
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Concept SE
Image signifié
Acoustique SA
Signifiant
8. L’arbitraire du signe
Le signe linguistique possède deux caractéristiques qui ont poussé Saussure à
formuler deux principes essentiels de la linguistique structurale : le principe de
l’arbitraire du signe et celui de la linéarité du signifiant.
Pour Saussure, « le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire ». En
d’autres termes, « le signe linguistique est arbitraire ». Le lien entre les
propriétés du signifiant et celles du signifié est immotivé. Par exemple, il n'y a
pas de justification logique pour appeler un animal domestique à quatre pattes
un chat, a cat... etc...
Étant donné que le lien entre le signifiant et le signifié est arbitraire, les
communautés linguistiques imposent une certaine stabilité aux signes
linguistiques. Cette stabilité résulte d'un accord, d’une convention entre les
membres d’une communauté linguistique donnée. Cela signifie que le signe
linguistique est conventionnel.
Il existe, cependant, des exceptions au principe de l’arbitraire du signe. Certains
types de signes montrent le lien de similarité entre le signifiant et ce qu'il
représente dans le monde réel, par exemple, les onomatopées comme tic-tac,
ding-dong, plouf sont très suggestives ; il en est de même des signifiants
(verbes) suivants : chahuter, siffler, hululer, zig-zaguer. Ces signes pour lesquels
le signifiant semble décalqué sur l’image acoustique ou visuelle du référent sont
des signes motivés.
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Le système linguistique
Chapitre 3
Le système linguistique
1. La spécificité du code linguistique humain
Le système linguistique est un code spécial qui possède à la fois une structure et
certaines propriétés uniques.
2. La connaissance intuitive des règles linguistiques
Le code linguistique est constitué de quatre composantes dont chacune
comprend des unités, des règles particulières. Tout locuteur possède
intuitivement une connaissance de chacune de ces composantes qui lui
permet de reconnaître, de comprendre et de produire les énoncés de sa
langue.
Ainsi, tout locuteur francophone possède une connaissance intuitive de la
phonologie de sa langue. En d’autres termes, il connaît les unités phoniques
de sa langue eut facilement distinguer celles qui en font partie et celles qui
n’en font pas partie. De même qu’il peut reconnaître les mots qui
appartiennent au lexique français et ceux qui font pas partie. Dans ce cas, on
dira qu’il connaît la morphologie de sa langue.
Le locuteur est aussi capable de reconnaître les combinaisons de mots qui
sont acceptables en français. Ceci revient à dire que la syntaxe de sa langue
lui est familière.
Le locuteur sait également reconnaître les constructions de phrases qui sont
bien formées et disqualifier celles qui sont mal formées. En outre, le
locuteur connaît le sens des mots et des phrases de la langue.
En conclusion, le locuteur d’une langue a une connaissance intuitive des
règles de combinaison et d’interprétation des unités linguistiques de cette
langue.
Une connaissance intuitive est une connaissance subconsciente ou
sous-jacente. Le locuteur d’une langue peut comprendre un énoncé sans
nécessairement être capable de l’analyser ou de le décrire en termes de
règles ou de principes. La connaissance intuitive d’une langue ne
correspond pas aux formulations explicites auxquelles a recours le linguiste
qui décrit et analyse une langue.
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PHRASES
(nombre illimité)
PROPOSITIONS
(nombre illimité)
MOTS
(environ 50.000 ; on peut en créer)
SYLLABES
(quelques centaines )
PHONÈMES
(trente-six)
TRAITS
(sept traits majeurs)
Ces niveaux linguistiques distincts sont appelés strates et cette
stratification confère au système linguistique une structure très
productive.
5. La commutation et la permutation
Pour identifier les éléments qui appartiennent aux sous-systèmes et aux niveaux
des langues humaines, les linguistes ont recours aux tests de la commutation et
de la permutation
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Ces deux tests sont sous-tendus par le principe selon lequel les unités
linguistiques entretiennent deux types de relations :
i. Une relation paradigmatique qui veut que les unités linguistiques
puissent constituer des classes ou des catégories d'éléments similaires.
ii. Une relation syntagmatique qui dit que les unités linguistiques peuvent
constituer des chaînes ou des combinaisons d’éléments venant de
catégories différentes.
6. Le paradigme et la commutation
Le paradigme désigne une classe d'éléments pouvant se substituer les uns aux
autres. Des unités sont dites appartenir à un paradigme si elles forment une
classe d’éléments partageant un rôle commun et pouvant apparaître dans le
même contexte linguistique.
Par exemple, des unités phonologiques peuvent former un paradigme, il en est
ainsi des consonnes p, t, b, d, s, f, I, r et g qui forment une classe d’éléments
apparaissant devant la voyelle nasale on pour constituer des mots français tels
que : pont, gond, bond, dont, son, fond, long, rond, ton, etc.
Les unités morphologiques
- ai, - âmes
- as, - âtes
- a, - èrent
forment le paradigme des terminaisons verbales du passé simple de l’indicatif
puisqu'elles se combinent avec les racines verbales.
La syntaxe n’est pas de reste. Le mot chat peut être déterminé par une myriade
d'éléments qui peuvent le précéder et occuper la même position : le, un, ce,
mon, ton, son, notre, votre, leur, etc. C’est du reste la raison pour laquelle ils
sont appelés dans la terminologie traditionnelle des déterminants, et des
spécifieurs en syntaxe générative.
Un paradigme indique qu’il y a un ensemble d’éléments de la même classe et au
sein duquel un locuteur peut opérer des choix. Par ailleurs, les membres d’un
même paradigme sont dits en distribution complémentaire ou en opposition les
uns avec les autres, car là où l’un apparaît l’autre ne peut pas apparaître au
même moment. Et la substitution d’un autre élément du paradigme change le
sens de l'énoncé. Les besoins communicatifs déterminent le choix d'un élément
du paradigme par le locuteur.
Le test de commutation aide à identifier les membres d’un paradigme. Pour ce
faire, on place les éléments susceptibles de constituer un paradigme dans le
même contexte afin de découvrir ceux qui peuvent effectivement y apparaître et
ceux qui en sont exclus.
7. Le syntagme et la commutation
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Les éléments d'un syntagme sont en contraste les uns avec les autres.
Chaque élément a un statut qui lui est propre et une position spécifique dans le
syntagme.
Le test de permutation permet de découvrir les combinaisons possibles. Ce
change l'ordre des éléments pour déterminer les syntagmes possibles et
impossibles. Très souvent, le changement d’ordre provoque un changement de
sens, comme l’illustrent les deux phrases suivantes : Jean aime Marie et Marie
aime Jean.
Cependant, le changement de l’ordre ne change pas toujours le sens global.
Ainsi, les deux phrases suivantes ont une interprétation presque identique :
j’achèterai une voiture demain et demain j’achèterai une voiture.
8. La double articulation
En linguistique, le terme articulation signifie que les deux classes d'unités
phoniques et celles du sens sont liées les unes aux autres. Dans un énoncé, les
unités phoniques renvoient aux unités de sens et vice versa. Les deux types
d’unités s'articulent ensemble et c'est ce qu'on appelle la double articulation.
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