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Le fonctionnalisme

La langue n’est pas simplement un système désincarné, c’est un moyen de communication


et d’action

1. La théorie d’André martinet :


André martinet est le principal représentant du courant fonctionnaliste, selon lequel la langue
est un instrument de communication, c’est-à-dire l’expression des choix effectués par un
locuteur entre plusieurs éléments d’un ensemble. Il s’agit, dans ce cas, de décision prise par ce
locuteur afin de transmettre ses expériences humaines aux membres de la société à laquelle il
appartient.

2. Qu’est-ce que la syntaxe

Le point de vue traditionnel voyait dans la syntaxe, l’étude des relations entre unités, mais
cette étude était surtout fondée sur des intuitions sémantiques et des présupposés logiques ou
philosophiques.

En réaction, le structuralisme en Europe et l’école américaine adoptent une attitude


scientifique, plus prudente et modeste, qui vise l’analyse de toutes les relations objectivables
dans les phrases concrètes données. Ces relations construisent le sens total de la phrase, lequel
n’est jamais la somme des significations des unités isolées qui la constituent.

La syntaxe c’est donc la partie de la grammaire décrivant les règles par lesquelles on
combine, en phrase, les unités significatives ; la syntaxe qui traite des fonctions, se distingue
traditionnellement de la morphologie, étude des formes ou des parties du discours, de leur
flexion et de la formation des mots ou dérivation.

3. Les notions de bases


3.1.La fonction
Selon Martinet, la langue ne se définit pas uniquement par rapport à sa fonction
communicative mais aussi par rapport aux fonctions des éléments linguistiques particuliers.
Les fonctions syntaxiques représentent tout simplement ce que l’on désignait
traditionnellement comme fonctions grammaticales. En fait « fonction » s’opposait à
«nature ». C’est ce qui rattache un mot au contexte dans lequel il figure, ce qui le distingue
dans un contexte du mot isolé (Martinet, 1985 : 171)
Exemple : l’homme marche « Homme » est par nature un substantif et, par sa fonction, un
sujet. Isolément, homme garde sa nature substantive mais n’a plus de fonction.

3.2. La double articulation


Selon Martinet, la langue est un instrument de communication doublement articulé
(Martinet, 1985 : 22), cela veut dire que les énoncés sont construits de segments minimaux et
ceci sur deux plans différents :

 La première articulation :
C’est l’articulation qui concerne le sens des unités significatives associées à une forme vocale
et dont la combinaison obéit à certaines règles. Pour le linguiste, les unités de première
articulation sont appelées monèmes ou unités significatives. Le monème est une unité
minimale dotée d’une forme phonique (signifiant) et d’un sens (signifié). Martinet distingue
deux types de monèmes :

 Les monèmes lexicaux appelés (lexèmes) ou (sémantèmes)


Ils appartiennent à des listes illimitées.

 Les monèmes grammaticaux appelés (morphèmes) :


Ils appartiennent à des listes limitées ou finies.

Exemple : Dans « retourner », « tourn » est un monème lexical, alors que « re » et « er »


sont des monèmes grammaticaux ou morphèmes.

N.B : le monème ne doit pas être confondu avec le mot qui peut se composer de plusieurs
monèmes.
 La deuxième articulation :

C’est la forme phonique dont la succession forme un monème. C’est ce que Martinet
appelle phonèmes ou unités distinctives. Ils ont une forme phonique mais pas de
signification, c’est-à-dire qu’elles ont un signifiant mais pas de signifié.

N.B : Le nombre de phonèmes varie d’une langue à l’autre, mais il est fixe pour une
langue donnée.

3.3. L’économie de la langue :


La double articulation semble être la combinaison des unités distinctive de deuxième
articulation, dont le nombre est limité, pour former les unités de première articulation, et c’est
grâce à cette double structure que les langues peuvent représenter, de façon économique, des
milliers de mots différents. On a affaire ici à ce que martinet appelle « l’économie de la
langue » selon laquelle un nombre limité de phonèmes permet d’obtenir un nombre
illimité de monèmes et l’association des monèmes, dans le syntagme, autorise un nombre
de communication infiniment plus élevé que le nombre de monèmes.

4. Les classes de monèmes


Le classement des monèmes se fait sur la base de leur fonction, c’est-à-dire le rôle joué par
chaque monème dans l’énoncé et leur compatibilité qui suppose l’existence, entre les unités
compatibles, des rapports déterminés.

A). Les monèmes conjoints (synthèmes): Sont ceux qui font partie de complexe, qui
dans leurs rapports avec le contexte dans la chaîne ne sont pas analysables en deux effets de
sens et se comportent comme des monèmes uniques. (Martinet, 1985 : 34)
Exemple : chauve-souris, bonhomme, pomme de terre.

 Le synthème : C’est un monème inanalysable en deux effets de sens, bien qu’il soit
construit de l’union de deux éléments différents. Le synthème peut être formé par
composition ou par dérivation.
Les composés, sont des synthèmes formés par deux monèmes conjoints libérables ; les
dérivés sont des synthèmes formés par un monème conjoint libérable et un ou deux
monèmes conjoints non libérables (préfixe-base-suffixe, ex. tendrement)
B). Les monèmes libres : Ce qui veut dire « non-conjoints ». Sont ceux qui ne font pas
partie de tel complexe, même s’ils sont joints dans la graphie.
Exemple : Dans « mangeons», mange peut se combiner avec d’autres désinences et « ons »
peut s’associer à d’autres radicaux. Les complexes de monèmes libres forment des
« syntagmes ».

 Le syntagme : c’est un ensemble de monèmes libres.

Les monèmes sont dits libres dans le syntagme et conjoints dans le synthème.

C). Les monèmes amalgames : on parle de monème amalgame lorsque deux signifiés,
normalement représentés par deux signifiant distincts, sont confondus ou amalgamés en un
seul signifiant (si l’on retrouve les divers signifiés de chacun sur le plan du contenu, on
n’observe qu’un seul segment sur le plan de la forme.)

Exemple : « au » c’est un amalgame de la préposition « à » et de l’article défini « le »

« Du » est l’amalgame de la préposition « de » et de l’article « le »

Monème du présent de l’indicatif

Aimons monème de la première personne du pluriel.

D). Monèmes autonomes : L’autonomie d’un monème peut être mise en évidence par sa
déplaçabilité (Mounin, 2004 : 47) à l’intérieur de l’énoncé.
Exemple : j’ai attendu souvent / j’ai souvent attendu
On peut faire changer la place de « souvent », dans l’énoncé sans pour autant changer les
rapports qu’entretient cette unité avec le reste des unités de l’énoncé. Ce genre d’unités entre
dans la classe traditionnelle des adverbes.

E) Monèmes fonctionnels : Ou indicateurs de fonction. C’est un monème qui a pour rôle


de marquer la fonction syntaxique d’autres monèmes.
Exemple : Elle part en voyage
En : monème fonctionnel qui signale la fonction de « voyage ».
Les fonctionnels sont généralement les connecteurs ou les coordonnants et les
subordonnants, tels que « et » dans lui et moi, Par rapport à, à l’égard de, etc.

F). Les hypéronymes : Ce sont les monèmes qui impliquent d’autres monèmes
appartenant à la même classe.

Exemple : « Arbre » a les mêmes compatibilités syntaxiques que « chêne » ou « peuplier »


« Meuble » implique « chaise » « table »

G). Les asyntaxiques Catégories insérées dans un énoncé, mais qui n’y sont pas intégrées
syntaxiquement, et si elles le sont, elles se voient transférer à une classe déterminée. Ce sont
donc les éléments qui apparaissent isolés ou parfaitement distincts de leur contexte. (Martinet,
1985 : 194)
Dans ce cas on parle d’interjections qui sont, à l’origine, des monèmes, voire des syntagmes
qui se sont convertis en interjections dont l’analyse en unité significative n’a pas d’intérêt.

5. Les relations syntaxiques :

5.1. Le noyau :
Martinet désigne par l’expression relations syntaxiques, les relations entre propositions, là où
la notion de noyau s’impose. Le noyau selon Martinet est ce qui, dans un énoncé, est
obligatoire et sa suppression détruit l’énoncé ou modifie les rapports.
Le noyau= actualisateur + prédicat.
Exemple : Dans la phrase : il sort à midi, l’élimination de « il » ou de « sort » a pour effet la
destruction de l’énoncé. Par contre la suppression de « à midi » n’affecte pas l’énoncé il sort
à midi. « Il sort » constitue donc le noyau de la phrase.

5.2.L’expansion :
Se dit de tout élément qui vient s’ajouter au noyau et dont la suppression ne détruit pas
l’énoncé.
Exemple : il sort à midi. « à midi » est expansion de « il sort »
Martinet distingue deux types d’expansion : l’expansion par subordination et l’expansion
par coordination.
A) l’expansion par subordination : On parle d’expansion par subordination lorsque la
fonction de l’élément ajouté est différente de celle de l’élément préexistant dans le
même cadre. On distingue trois types d’expansion par subordination :
 Expansion par subordination positionnelle : (rapidement dans l’homme
marche rapidement)
 Expansion par subordination autonome : (hier dans : ma mère est arrivée
hier).
 Expansion par subordination avec indicateur de fonction : (à l’université
dans il va à l’université)

B) l’expansion par coordination : Deux monèmes coordonnés entretiennent les mêmes


rapports avec les autres éléments de l’énoncé. Ils sont mis syntaxiquement sur un pied
d’égalité. Il y a donc expansion par coordination lorsqu’un monème ou syntagme ajouté
à un autre monème ou syntagme préexistant, a la même fonction que ce dernier.
Exemple : je vends et j’achète
Je vends et tu achètes
Lui et moi partons

Exercices corrigés :

1) Distinguer syntagme et synthème dans ce qui suit :


 Elle a l’air gentille = syntagme
 Bas-bleu = synthème
 Téléphone = synthème
 Manifestas= syntagme
 Grand homme = synthème
 Infatigable = synthème

2) Identifier la classe de monèmes dans les expressions entre guillemets


 « Pauvre homme » = synthème/ monème conjoint
 « Homme pauvre » = syntagme
 Il est « de » la compagne = monème fonctionnel
 On a cours « à 8h » = monème autonome
 Un enfant naît, il subit la tendresse, les douceurs, l'amour, la haine, le désir, la
violence, il se façonnera avec ses « sentiments » tout au long de sa vie = hypéronyme
 « Oh ! » comme elle est belle = asyntaxique

3) Isolez le noyau des énoncés suivants :


Nous parlons l’arabe (nous parlons)
Paul, qui n’est pas bête a mangé le gâteau (Paul a mangé)
Le voisin de mon frère déménage (le voisin déménage)
J’ai vu les pyramides d’Égypte (j’ai vu)
On les rencontre souvent (on rencontre)
Cessez de faire du bruit (cessez)

4) Ajoutez l’expansion indiquée au noyau « nous jouons »


1. Expansion par subordination autonome
Nous jouons souvent
2. Expansion par subordination positionnelle
Nous jouons du piano
3. Expansion par subordination avec indicateur de fonction
Nous jouons au théâtre
4. Expansion par coordination
Nous jouons et nous chantons
5. Expansion contenant à la fois les quatre types ci-dessus
Nous jouons souvent du piano au théâtre et nous chantons.

Bibliographie
Martinet. André, Syntaxe générale, Paris : Armand colin, 1985
MOUNIN. Georges, Dictionnaire de la linguistique, Quadrige/puf, 2004
PAVEAU. Marie-Anne et SARFATI, Georges-Elia, les grandes théories de la
linguistique : de la grammaire comparée à la pragmatique, Paris : Armand colin, 2003

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