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CHAPITRE 3

La linguistique au XIXe siècle

■ I. Franz Bopp 25
■ II. Rasmus Rask 26
■ III. Jakob Grimm 26
■ IV. Karl Verner 28
■ V. Antoine Meillet 28
■ VI. Les néo-grammairiens 29
■ VII. Hermann Paul 31
■ VIII. La méthode comparative 32
♦ Notions clés 35
♦ Bibliographie 36
□ IX. Exercices sur le chapitre 2 37
□ X. Corrigé des exercices 38

■ I. FRANZ BOPP (1791-1867)

Le XIX' siècle sera le siècle de l’historisme et de la linguistique comparée. L’Europe est abreuvée
(expansion coloniale, commerce, voyages missionnaires, communications plus faciles) d’un flot
continuel d’informations linguistiques en provenance du monde entier. II s’agit de faire le tri et
d’examiner les matériaux accumulés. Au début du siècle, Johann Christoph Adelung (1732-1806)
publie son Mithridate, qui réunit tous les documents collectés sur les langues du monde. Ce sont
environ cinq cents langues, dont la présentation est assortie de commentaires peu ou prou
scientifiques et qui sont accompagnées, pour la plupart d’entre elles, d’une traduction du Notre
Père. Le romantisme allemand, qui débute un peu avant le tournant du siècle, favorise l’intérêt
pour l’histoire des langues nationales de l’Europe. L’expression grammaire comparée apparaît en
1808 dans l’ouvrage de l’écrivain romantique Friedrich Schlegel (1772-1829) intitulé De la
langue et de la sagesse des Hindous.

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Le grand savant allemand Franz Bopp a vu le premier que la question du rapport des langues
indo-européennes entre elles (il ne dit pas indogermanisch, comme le font encore les Allemands
aujourd’hui, mais indoeuropӓisch) pouvait devenir l’objet d’une étude scientifique à part entière.
En fait, malgré la découverte du sanskrit par Jones dès 1786, cette langue ne sera vraiment connue
et analysée par les linguistes que grâce à l’action de Bopp. Jusque-là, les observations
linguistiques s’étaient faites quasi exclusivement à partir du grec et du latin. Or le sanskrit
présente des différences importantes par rapport à ces deux langues. Il s’est donc agi de voir en
quoi consiste les différences et les similitudes, s’il y a des correspondances régulières, sur quoi
elles reposent... Bref, la linguistique comparée débute officiellement en 1816 avec l’étude de
Franz Bopp intitulée À propos du système de conjugaison de la langue sanskrite comparé à ceux
des langues grecque, latine, perse et germanique. Plus tard, Bopp publiera en trois volumes sa
Grammaire comparée du Sanskrit, du Zend, de l ’Arménien, du Grec, du latin, du Lithuanien, du
Vieux-Slavon, du Gotique et de l’Allemand (1833-1852). L’Allemagne manifeste par une pléiade
de savants et de publications sa suprématie dans le domaine scientifique. Pour les langues
germaniques, les noms les plus marquants de cette époque comparatiste sont Rasmüs Rask, Jakob
Grimm, Karl Venter et Hermann Paul.

II. RASMUS RASK (1787-1832)

C’est un Danois, qui connaissait de nombreuses langues (danois, allemand, islandais, grec, latin,
lituanien, espagnol, italien, frison...) et écrivit des grammaires descriptives. Il détecta par ailleurs
une relation constante entre les sons des mots germaniques et ceux des mots correspondants dans
d’autres langues indo-européennes : par exemple, à/ germanique correspond toujours un p latin :
allemand Fub, anglais foot, suédois fot, latin pes, français pied, grec pod.. allemand fünf, anglais
five, grec penta, russe piat’. À un t germanique correspond toujours un d latin ou grec : allemand
zehn [tse : n], anglais ten, latin decem, français dix, grec deka. A un k germanique correspond
toujours un g latin ou grec : allemand Knie, anglais knee, français genou ; allemand kehlig,
français guttural ; islandais kona, anglais queen, grec gynê. A un p germanique correspond
toujours un b latin : allemand Lippen-, anglais lip-, français labial, latin labium. A un h
germanique correspond toujours un k latin : allemand Herz, anglais heart, suédois hjarta, français
cœur, latin cor, ... Ces correspondances régulières ne sauraient être le fruit du hasard. Il s’agit donc
de les mettre en ordre et de tenter de trouver une explication. Ce sera réservé à Jakob Grimm.

III. JAKOB GRIMM (1785-1863)

Il est l’auteur de la Deutsche Grammatik (1819, édition revue en 1822) et le fondateur de la


linguistique allemande. Il compare les différentes langues germaniques. La deuxième édition de
sa grammaire (1822) contient un exposé systématique des

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correspondances entre les consonnes germaniques et celles des autres langues indo- européennes.
Grimm y voit une telle régularité qu’il en établit la loi (ou les lois) qui porte(nt) son nom. Elle(s)
concerne(nt) les occlusives de l’indo-européen et leurs correspondances en germanique (entre le
Ve et le IIe siècle avant J.-C. : Erste Lautverschiebung oder germanische Lautverschiebung =
Première mutation consonantique ou mutation consonantique du germanique) :

Indo-européen germanique (allemand moderne)

Symboles phonétiques (ici)

EXEMPLES:
Indo-europén/ g e r m a n i q u e
Latin ou autres /gotique/anglo-saxon/ allemand moderne

1re loi de Grimm

Latín portare faran faran fahren


Grec polys filu feola viel (fi : i)
Latín pater fadar faeder Vater
Latin verto waiban weordan werden
Latín cor hairto heorte Herz
Latín taceo paha

2e loi de Grimm
Sanskrit bhrátar bropar brodor Bruder
Sanskrit vidháva widuwo widewe Witwe
Latín hostis gasts giest Gast
(i.e.* ghosti)
3e loi de Grimm
Lituanien balá pol Pfuhl
Lituanien dubus diups deop tief
Lituanien slabnas slepan salpan schlafen
Latín domus timrjan timber zimmern
Latín pes, pedis fotus fot fub
Latín genu kniu cneow Knie
Grec agros akars aecer Acker
Latín regnare reiks ricsian

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Or Grimm constate que ses lois se vérifient toujours à l’initiale, mais qu’à l’intérieur du mot et en
finale, il. y a des irrégularités. En effet, tantôt les occlusives sourdes indo-européennes donnent
des spirantes sourdes (comme ci-dessus, lre série), tantôt des sonores (2e série). Cette alternance
entre les lettres (f/b, t>/3, h/g, kw/g"), lui inspire le nom d'alternance grammaticale (du grec
gramma = lettre). Mais il ne peut pas l’expliquer. L’explication de ces irrégularités sera donnée un
demi-siècle plus tard, en 1875, par le linguiste danois Karl Venter.

IV. KARL VERNER (1846-1893)

Il complétera ainsi les lois de Grimm. Il écrit son fameux article . Eine Ausnahme der ersten
Lautverschiebung (= Une exception à la première mutation consonantique) et trouve la réponse à
la question de savoir comment il se fait qu’à l'intervocalique on observe en général la
correspondance skr. t > got. p > ail. d (exemple : bhrâtar > bropar > Brader) alors qu' on trouve
parfois t > d > t (exemple : pitdr >fadar > Vater). Il démontre que t > pen position post-tonique,
et que t > d en position prétonique : c’est en effet la place de l’accent sur bhrâtar et pitâr qui rend
compte de l’évolution des deux t intervocaliques. En d’autres termes . il explique qu’avant que ne
se fixe l’accent d’intensité germanique sur la syllabe initiale du mot, les spirantes sourdes f, p, h,
h" et l’ancien s deviennent, à l’intervocalique et en finale, les spirantes sonores b, d, grgw, et z
lorsqu’elles se trouvaient en entourage sonore (c’est-à-dire entre voyelles ou après consonne
sonore = nasale ou liquide) et quand la syllabe précédente était inaccentuée en indo-européen.

Par exemple

indo-européen germanique allemand moderne

* bhráter brobar Bruder


* matér modar Mutter

V. ANTOINE MEILLET (1866-1936)

Ce Français formula différemment la loi de Verner dans ses Caractères généraux des langues
germaniques (Paris, 1917) : «Les spirantes sourdes et s se sonorisent entre deux éléments sonores
dont le premier est la voyelle de la syllabe initiale du mot. Mais si cette voyelle porte l’accent, il
n’y a pas de sonorisation.» Ce qui revient au même, il faut en convenir. En fait, la loi de Verner
explique les survivances actuelles de l’alternance grammaticale en allemand moderne dans les
mots suivants :

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Indo-européen allemand moderne

alternance f/b :

p f : dürfen, Hefe

p b: darben, heben

alternance t/d :

t t: Hirt, Knote, Scheit, Scheitel

t d: Herde, Knödel, scheiden

alternance h/g :

k h: Höhe, spähen, ziehen

k g : Hügel, Spiegel, zog (en), Zug, Zügel


alternance s/r :

s s: Fest, genesen, gewesen, Frost

s r: Ferien, nähren, war, frieren

Nous avons vu la première mutation consonantique. La seconde mutation consonantique au


mutation consonantique du haut -allemand n’est pas d’une importance décisive dans cet exposé.
Disons seulement que c’est la suite de la première mutation. La seconde mutation a lieu à partir
du VIe siècle après J.-C. Elle n’affecte que le haut-allemand, le bas-allemand (Nord de
l’Allemagne) conservant les consonnes issues de la première mutation. Sans entrer dans le détail,
on peut dire que cette seconde mutation isole le haut-allemand, l’allemand standard
d’aujourd’hui, par rapport à toutes les autres langues germaniques allemand zehn, anglais ten,
néerlandais tien, suédois tio; allemand Zahn, anglais tooth, néerlandais tand, danois tand,
allemand Pfeife, anglais pipe, néerlandais pijp, suédois pipa ; allemand Apfel, anglais apple,
suédois apple...

VI. LES NÉO-GRAMMAIRIENS

Georg Curtius (1820-1885) introduit la méthode comparative dans la philologie classique avec ses
Éléments d'étymologie grecque (1858-1862), Johann Caspar Zeuss, avec sa Grammatica Celtica
(1853), jette les bases des études linguistiques celtiques, Friedrich Diez (1794-1876), avec sa
Grammaire des langues romanes (1833-44) donne une nouvelle impulsion à la recherche
linguistique historique. La linguistique comparée des langues slaves voit le jour grâce au Tchèque
J. Dobrovsky (1753-1829) et au Russe A. Vostokov (1781-1864) avec sa phonologie systématique
des langues slaves (Raisonnement sur la langue slave, en 1820). Un ouvrage fondamental,
Grammaire des langues slaves (1852-1875), est publié par le Slovène Franz Miklosich
(1813-1891). August Friedrich Pott (1802-1887) est le fondateur de l’étymologie scientifique.
L’étymologie n’est plus recherche de la

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forme primitive ou de la signification originelle, mais recherche des formes plus anciennes de la
langue.

Vers le milieu du siècle, un deuxième courant se fait jour avec apparition des théories de
l’évolution, dont, soit dit en passant, la valeur est de plus en plus relativisée actuellement. Darwin
propose sa théorie de l’évolution des espèces biologiques. Le premier à appliquer la théorie
biologique de l’évolution en linguistique est le comparatiste allemand August Schleicher
(1821-1828). La langue serait un organisme vivant, un corps qui naît, se développe, évolue, se
transforme, produit d'autres langues et finalement meurt. Cet organisme évolue indépendamment
de l 'homme, mû exclusivement par les lois générales du développement biologique, la langue a,
comme l’homme, sa généalogie, son ancêtre commun, duquel descendent les langues postérieures.
Pour Schleicher, la langue est de la pensée qui exprime par des sons. Langage et pensée se
conditionnent mutuellement. Il distingue trois types de langues :

Les langues isolantes, comme le chinois, dans lesquelles les relations grammaticales et les
fonctions syntaxiques sont exprimées essentiellement par l’ordre des mots ; les langues
agglutinantes, comme le hongrois ou le turc, où les relations syntaxiques s’expriment pas des
suffixes et des infixes qui s’ajoutent à la racine; et les langues flexionnelles, comme le latin ou l´
allemand, ou les relations syntaxiques sont indiquées par des suffixes et des infixes dont la forme
varie. Cette typologie se veut strictement parallèle à celle des cristaux, des liantes et des êtres
vivants.

La théorie de Schleicher fut critiquée par l’un de ses élèves, Johannes Schmidt (1843-1901), qui
constata que les innovations linguistiques apparues dans un certain entourage ne s’étendent pas
à un autre domaine par capillarité, mais que la diffusion du mouvement ressemble plutôt à une
onde, à une vague, qui embrasse tantôt de vastes aires, tantôt des domaines plus petits. Schmidt
utilisa des schémas avec des cercles concentriques pour expliquer sa théorie, connue depuis
sous le nom de théorie des ondes. Les recherches ultérieures en dialectologie, qui travaillent sur
des isoglosses (limites d’extension géographique d’une particularité linguistique), ont donné
raison à Schmidt.

D’autre part, dans le sillage des théories de Humboldt, qui voyait dans le langage une émanation
de l’esprit humain, H. Steinthal (1823-1899) fonde l’école psychologiste en linguistique. Il
s’appuie essentiellement sur les théories de Johann Friedrich Herbart (1776-1841), célèbre
psychologue et pédagogue : produites par des influences extérieures, les idées se développent
spontanément dans 1 homme. Cela aboutit aux associations d’idées. Steinthal et ses disciples font
connaître la théorie de Humboldt selon laquelle il existe une relation entre la langue et la
psychologie d’un peuple. Steinthal élargit cette théorie en y incorporant l’acte de parole
individuel. Le langage aussi est l’expression de la psychologie de l’individu. Wilhelm Wundt
(1832-1920) propose la théorie de la perception selon laquelle le monde des idées humaines
s’édifie sur des impressions extérieures reçues par les sens, la langue servant à articuler ces idées
qui reposent en dernier ressort sur les sens. Mais Wundt ne croyait pas que la langue exprime «
l’esprit du peuple ». Pour analyser la psychologie d’un peuple, il faut bien connaître toutes les
manifestations de sa vie communautaire, sa langue, ses coutumes, son idéologie, c’est-à-dire
l’ensemble de sa civilisation. A. Marty (1847-

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1914) s’efforça de fonder une philosophie psychologique du langage. Ces tendances


psychologiques auront plus tard des retombées dans le domaine de la sémantique.

Dans les années soixante-dix, un groupe de linguistes très doués de l’université de Leipzig donne
naissance au mouvement des néogrammairiens (Junggrammatiker = «jeunes grammairiens », au
départ sobriquet méprisant utilisé par leurs aînés, plus conservateurs, puis dénomination acceptée
et revendiquée par eux, dans le sens d’un esprit nouveau, d’une rénovation de la grammaire). Le
grand mérite des néogrammairiens est d’avoir conféré une plus grande solidité à la méthode
historico-comparative. Ils affirment avec force le caractère sans exception des lois de l’évolution
phonétique. Les exceptions ne se manifestent que dans une phase ultérieure et sous 1 effet de 1
analogie, c’est-à-dire en définitive sous l'influence de facteurs psychologiques. Les grands noms
de cette époque sont le slavisant August Leskien (1840-1916) et l’indo-européanisé Karl
Brugmann (1849-1919). Le fait le plus décisif fut la publication à Leipzig en 1878 des Analyses
morphologiques de K. Brugmann et H Osthoff (1847-1909). On reconstruit minutieusement les
phases les plus anciennes des langues indo-européennes. Les néo-grammairiens ont accumulé une
énorme masse de détails. Ils s’y sont parfois perdus, au détriment de la considération d’ensemble,
oubliant que chaque élément n’est pas là pour lui-même, mais qu’ il interfère avec d’autres. La
méthode comparative n’en fut pas moins sérieusement approfondie. La découverte de la loi de
Verne en est un exemple. La restitution des états les plus anciens des langues indo-européennes est
due essentiellement à Brugmann. Les problèmes les mieux traités sont ceux qui concernent la
morphologie et la phonétique ; pour la syntaxe, le premier travail d’envergure sur la syntaxe est dû
à Berthold Delbrück (1842-1922). Les néo-grammairiens étaient convaincus que l’historisme était
le procédé méthodologique qui rendait le mieux compte des buts élevés du processus
herméneutique.

VII. Hermann Paul (1846-1921)

C’est le grand nom qui s’attache à l’historisme. Hermann Paul s’intéresse avant tout à la méthode
historique («ce qui n’est pas historique n’est pas non plus scientifique») et s’oppose à I analyse
synchronique. Son ouvrage principal est Principes d’histoire linguistique (Halle, 1880). Pour Paul,
la linguistique est une science humaine. Pour être en mesure de comprendre la forme d’une
civilisation à son stade actuel de développement, il faut prendre connaissance des conditions
historiques qui lui ont imprimé sa marque immédiate. Certaines idées de Paul seront reprises par
Saussure.
Nous venons de voir que la naissance et le développement de la linguistique historique et
comparative est pendant une cinquantaine d’années (de 1816 à 1865) un quasi-monopole
allemand. Que font les Français? Ils demeurent sous l’influence de la Grammaire générale et
raisonnée de Port-Royal (1660) qui, au cours du XVlIIe siècle, développe toute une philosophie
du langage axée sur la recherche des

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structures universelles et logiques du langage. Des préoccupations historiques point. D’où


l’absence tragique des Français sur la scène linguistique internationale. Mais Michel Bréal
(1832-1915), qui en 1865 vient occuper la première chaire de grammaire comparée au Collège de
France, et Antoine Meillet (1866-1936), qui lui succède, ainsi que Maurice Grammont, Marcel
Cohen, Ferdinand Bruno, Jules Vendryès et Gustave Guillaume, rétablissent l’équilibre.

VIII. LA MÉTHODE COMPARATIVE

Voici une illustration de la méthode comparative par Antoine Meillet :

On est donc conduit à poser que les noms de nombre du français, de l’italien et de l’espagnol
remontent à une seule et même tradition originelle. En pareil cas, l’expérience montre qu’il y a
deux types de tradition possibles : les trois groupes considérés peuvent remonter à une origine
commune, ou bien deux des trois peuvent avoir emprunté les formes de l’autre. En 1 espèce, la
seconde hypothèse est exclue, parce qu’on ne saurait expliquer les formes d’aucune des trois
langues par celles d’une autre. Ni le fr. huit ne peut sortir de it. otto ou de esp. ocho, ni it. otto de
fr. huit ou de esp. ocho, ni esp. ocho de fr. huit ou de it. otto. Il est prouvé ainsi que les noms de
nombre du français, de l’italien et de l’espagnol ont un point de départ commun qui n’est ni
français, ni italien, ni espagnol.

Dans l’exemple choisi, les concordances sont si nombreuses, si complètes et les règles de
correspondances si faciles à reconnaître, qu’elles sont propres à frapper immédiatement des
profanes et qu’il n’y a pas besoin d’être linguiste pour en apercevoir la valeur probante. Les
concordances sont moins frappantes et les règles de correspondances plus difficiles à déterminer si
l’on observe des langues séparées par de plus grands intervalles dans l’espace et dans le temps,
comme le sanskrit, le grec attique ancien, le latin et l’arménien classique
Skr. gr. Att. Lat. arrm.

“un’” ékah, ékâ, ékam hês, mia, hen unus, una, unum mí

“deux’” d(u) va dyo duo erku

“troix’” tráyah trés três erek´

“quatre’” catvárah téttares quattuor çork‘

“cinq’” pánca pénte quinque hing

“six’” sát heks sex veç

“sept“ saptá heptá septem ewt’n

“huit “ ásta ókto octo ut’n

“dix’” dáça déka decem tasn

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Si, réserve faite du nom de nombre “un”, les correspondances entre le grec, le latin et même le
sanskrit sont évidentes dans une large mesure, il n’en va pas de même de celles entre l’arménien et
les autres langues. Mais il suffit d’examiner les faits arméniens de près pour que la valeur probante
des concordances ressorte.
Ainsi arm. erku “deux" ne ressemble pas à lat. duo, etc ; mais d’autres correspondances montrent
que erk- peut répondre à *dw- d’autres langues ; ainsi, de même que le grec a pour l’idée de
“craindre” une racine dwi-, l’arménien a erkt- (erkiwt-"crainte”), et de même que le grec a pour
dire “longtemps" un vieil adjectif dwâron, l’arménien a erkar “long”. La concordance se laisse
donc ramener à une règle générale de correspondance : un ancien dw- aboutit à arm. erk-).

Au premier terme des composés, le grec a dwi-, et l’arménien erki-, Il y a donc un groupe de
concordances singulières qui ne laissent aucun doute.
Les formes arméniennes erek' et çork’ sont loin de gr. très, téttares; mais elles se laissent, au
moins en partie, expliquer par des correspondances semblables. Et, détail caractéristique, de même
qu’en sanskrit et en grec, trois et quatre ont des formes casuelles d’un type ordinaire, les noms à
partir de “cinq” sont invariables ; or, en arménien, “trois” et “quatre” ont des formes casuelles
normales, et, en particulier, le -k' final est la marque du nominatif pluriel arménien, marque qui ne
se retrouve pas aux autres cas. Moins apparentes au premier coup d’œil que les concordances entre
le français, l’italien et l'espagnol, les concordances des formes des noms de nombre en sanskrit, en
grec, en latin et en arménien ne sont, au fond, pas moins certaines, on le voit.
Ces concordances, qui ne peuvent s’expliquer par des emprunts d’une langue à l’autre, supposent
une origine commune. Mais il reste à les interpréter d’une manière systématique : tel est l’objet de
la linguistique historique comparative [...].

Ce n’est pas avec des ressemblances de formes qu’on opère quand on compare des langues d’une
même famille, mais uniquement avec des règles de correspondances. On a vu ci-dessus que le nom
de nombre “deux” de l’arménien, qui est erku, répond à l’ancien *dwo (ou *duwo) de
l’indo-européen. Cette correspondance semble au premier abord étrange. Mais il y a une règle
générale en vertu de laquelle à dw- de l’indo-européen répond erk- de l’arménien. Car on connaît
deux autres exemples de cette correspondance. L’indo-européen a eu une racine *dwei- “craindre”
qui est largement représentée en grec homérique par des formes verbales telles que *dedwoa (noté
deidô), dewoike (noté deidoke) “je crains” ou nominales telles que *dweos (noté deos) crainte’ ;
l’arménien y répond par erkiwi “crainte”, erkay “j’ai craint . Il y a eu un adjectif *dwâro- “long”,
conservé notamment par le grec ; or, 1 arménien a un adjectif erkar “long”. La règle est donc
fondée sur trois rapprochements évidents. Si l’on pense au nombre restreint des mots indo-
européens connus présentant l’initiale *dw-, *duw-, la coexistence de ces trois rapprochements
apparaît probante.

La correspondance s’explique du reste. Le groupe de consonne dentale suivie de w aboutit en


arménien a une gutturale : tw-est représenté par k ?-, ainsi dans k’o “de toi”, en face de formes
telles que twe (d’oú anttique se) du grec. La source k provient ce que, en arménien comme en
germanique, il y a eu

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Une mutation des anciennes occlusives sonores en sourdes : d passe à t, g à k. L'r qui précède est
une trace de l’ancien caractère sonore de la consonne initiale du groupe, cette r a entraîné à son
tour le développement de 1 e initial qui figure dans erku. La présence de -r- à l’intérieur du mot a
du reste suffi à empêcher le développement de r initiale : kr-kin est le mot qui signifie “double”
(krkin repose sur un ancien *kirkin ou *kurkin). Tout, dans la correspondance si étrange de arm.
erk- avec *dw-, résulte de la structure de l’arménien. Une correspondance qui ne s’expliquerait pas
ainsi serait suspecte [...).
Le type le plus caractéristique du problème qui se pose au comparatiste historien est
l’établissement d’une étymologie par voie de comparaison. Pour donner la preuve d’un
rapprochement, il faut montrer que certaines correspondances observées ne peuvent être fortuites.
Le fait que le mot erku deux de l’arménien est à rapprocher de grec dyo, dyô, latin duo, etc. [...]
fournit un bon exemple du type de preuves qu’on peut employer. Au premier abord, le
rapprochement surprend et l’on hésite à l’accepter. En réalité, il est sûr et 1 on peut le montrer
aisément.

Tout d’ abord, la série des noms de nombre arméniens, de “un’ à dix , est indo-européenne; la
forme erku de “deux" est la seule qui ne soit pas transparente du premier coup. Un emprunt, peu
vraisemblable à priori pour un nom de nombre dans une ancienne langue indo-européenne où le
vieux fonds de vocabulaire est si bien conservé dans l’ensemble, est d’autant moins admissible
qu’aucune des langues connues près de l’arménien ne fournit une forme pareille pour “deux” et
que par suite on ne voit pas ici comment 1 arménien aurait pris erku au-dehors.

En second lieu, les noms de nombre “trois” et “quatre”, qui avaient en indo- européen la flexion
du pluriel, ont en arménien au nominatif la forme du nominatif avec -k’ final, tandis que, à partir
de “cinq”, qui est le premier des noms de nombre indo-européens non fléchis, il n’y a pas de -k :
erek “trois”, çork' “quatre”, mais hing “cinq”, veç “six”, etc. Or, le nom de nombre “deux” avait en
indo-européen une flexion, qui naturellement était celle du duel. À l’époque historique, l’arménien
n’avait plus le duel, et sans doute depuis longtemps; la forme erku ne peut donc s’expliquer à date
historique. Et il est remarquable que erku soit demeuré sans signe du pluriel, alors que la catégorie
du duel était abolie en arménien. Cette survivance en arménien d’une trace du duel indo-européen
est frappante; elle rappelle ce que Ton observe dans lat. duo, gr. dyô, etc.

Le traitement *erk- de *dw- initial est étrange, mais on a pu démontrer qu’il se retrouve dans tous
les cas où figure ce même groupe initial ; deux autres rapprochements, aussi bons pour le sens que
celui de erku avec lat. duo, l’établissent. Et le fait s’explique en arménien.

Du reste, si erku était un ancien dissyllabe et si Ve y avait existé originairement, T-u final n’aurait
pu se maintenir; car, dans tout dissyllabe dont l’arménien a hérité, la voyelle de la syllabe finale
s’est amuie. L’-« de erku, qui répond si naturellement à l’ancien *-ô attesté par hom. dyô, v. si.
dttva, etc., n’est demeuré que parce que, à la date où se sont amuies les voyelles des syllabes
finales, le mot n’était pas dissyllabique.

Toutefois l’étrangeté du traitement phonétique pourrait laisser des doutes à certains esprits. La
démonstration est acquise dès que Ton montre les variations concordantes de la forme de “deux”
en arménien et dans les autres
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Langues indo-européennes. Comme un ô indo-européen est représenté par u en arménien, la forme


erku repose sur *duwô, conservé par exemple dans la forme homérique dyô et dans v. si. duva,
comme dans védique d (u) va. Mais il y avait une autre forme *duwà, avec o bref final, qui est la
forme usuelle en grec, soit dyo. Or, à côté de erku “deux”, l’arménien a erko-tasan “douze” (deux
et dix), où le type a o bref est maintenu. Ht ce n’est pas tout ; au premier terme des composés,
l’indo-européen avait *dwi-, et non *dwo-, ainsi dvi- en sanskrit, di- en grec, bi- en latin ; or,
l’arménien a erki- dans erkeam “de deux ans”. Cette triple série de variations concomitantes exclut
le hasard.

La démonstration est ainsi achevée. »

La Méthode comparative en linguistique historique, Oslo, Aschehoug, 1925,


p. 6-7, 31-32, 106-109.

Si la linguistique comparée telle que nous venons d’en esquisser les principes et les méthodes a eu
de nombreux effets bénéfiques pour établir les parentés entre les langues, son défaut principal est
de comparer des états de langues sans tenir compte des différences d’époques. L’époque
historique, c’est-à-dire l’âge des plus anciens documents écrits dont nous disposions, est pour le
sanskrit le Xe, pour le grec le vin', pour le latin le Vf siècle avant J.-C. et pour le gotique le IV'
siècle, pour les langues slaves le [Xe, pour le persan le XVIe siècle après J.-C. Or la comparaison
exigeait I étude historique dans la continuité chronologique : la diachronie. C’est pourquoi les
néo-grammairiens donnèrent à l’évolution phonétique une importance insoupçonnée jusqu’alors.
Ainsi, l’histoire de la langue, de l’évolution phonétique et des états de langue successifs amène les
néo-grammairiens à se débarrasser définitivement de la théorie naturaliste qui voyait dans la
langue un organisme vivant. La langue est dès lors considérée comme une simple institution
humaine et la linguistique est par conséquent une science humaine, une science historique. On
peut résumer ainsi l’apport des néo-grammairiens :

- Les lois phonétiques sont sans exceptions.


- La linguistique est une science historique.
- La psychologie est un instrument de recherche linguistique.

Notions clés

Loi de Verner : Loi qui explique les irrégularités constatées par Grimm lors de la première
mutation consonantique. À l’intervocalique et en finale, les occlusives sourdes de I’indo-européen
deviennent en germanique des spirantes sourdes après l’accent, mais elles se sonorisent en
entourage sonore sous l’accent.
Mutation : Transformation subie par un son.
Occlusive : Consonne dont la prononciation est accompagnée d’une fermeture momentanée du
chenal par où passe l’air. Ce sont les sons [b], [d], [g], [p], [t], [k]. Les premiers sont dits sonores
(b, d, g), les seconds sourds (p, t, k).

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Première mutation consonantique : Encore appelée mutation germanique. Ce phénomène


phonétique est daté approximativement entre le Ve et le II siècle avant J-C Selon les lois de
Grimm, il correspond à la transformation des occlusives de 'indo-européen en germanique : Les
occlusives sourdes deviennent des spirantes sourdes, les occlusives sonores aspirées perdent leur
aspiration et deviennent des spirantes sonores, et les occlusives sonores non aspirées s
assourdissent. Or, les occlusives sourdes, à l'intervocalique et en finale, ne deviennent pas toujours
des spirantes sourdes : il arrive qu’elles deviennent des spirantes sonores. Cette anomalie recevra
une explication scientifique grâce à Verner (loi de Verner).
Spirante : Consonne dont la prononciation est liée à un resserrement du passage de l’air. On dit
aussi constrictive ou fricative (ce resserrement produit un frottement). Les spirantes sont les sons
[f], (0], [x], [b], 13], [y], notés respectivement f p, h, b, d et g

BIBLIOGRAPHIE

Le lecteur trouvera une très claire introduction aux problèmes de la linguistique historique chez :

MEIILLET A., Caractères généraux des langues germaniques, Paris, Hachette, 1917.

KRAHE H. et MEID W., Germanische Sprachwissenschaft, I, Einleitung und autlehre, Berlin, De


Gruyter, 1969.

Si le lecteur n’a aucune connaissance préalable, les ouvrages suivants sont plus abordables :

CRÉPIN A., Problèmes de grammaire historique, Paris, PUF, 1978.


MOUNIN G., Histoire de la linguistique, Paris, PUF, 1967.
RAYNAUD F., Histoire de la langue allemande, Paris, PUF, 1982. Si l’on souhaite approfondir les
méthodes, on consultera :
BOLTANSKI J.-E., La Linguistique diachronique, Paris, PUF, 1969.
MEILLET A., Introduction à l’étude comparative des langues indo-européennes, Paris, Hachette,
1924, et IM Méthode comparative en linguistique historique, Oslo, Ascheloug, 1925.

PlCOCHE J. et MARCHELLO-NIZIA C., Histoire de la langue française, Paris, Nathan, 1996

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IX. EXERCICES SUR LE CHAPITRE 2

EXERCICE 1 : TESTEZ VOS CONNAISSANCES

VRAI FAUX NSP


1) L’indo-européen est une langue attestée
2) C’est le Danois Rasmus Rask qui a vu le premier
que les rapports entre les langues indo-européen-
nes pouvaient devenir objet d’étude scientifique.
3) Jacob Grimm a établi ses lois dans la seconde
Moitié du XIX siècle
4) Les irrégularités des lois de Grimm concernent
L’initiale du mot.
5) D’après Karl Verner, l’alternance grammaticale
des langues germaniques s’explique para la posi
tion du ton en indo-européen
(6) Les spirantes sourdes de l’indo-européen
deviennent, en germanique, sonores a l’inter-
vocalique et en finale lorsque la syllabe précédente
est inaccentuée.
(7) L’etudé d’evolution linguistique au cours de
l’histoire est dite synchronique.
(8) La loi de Verner a été énoncée en 1875.
(9) Le lituanien nést pas indo-européen.
(10) Le gotique et le latin son utilisés comme
témoins de l’indo-européen.
EXERCICE 2 : QUI SUIS-JE?

Retrouvez, à l’aide de quelques indices, les noms des principaux linguistes :


a) Né en 1791, je ni intéresse à l’histoire des langues indo-européennes et non «indo-
germaniques », comme disent mes compatriotes.
b) Je découvre d’innombrables correspondances entre les langues germaniques et les
autres langues indo-européennes, mais je n’arrive pas à les expliquer.
c) Je suis l’auteur d’une grammaire allemande qui paraît en 1819 et j’établis les lois qui
régissent et expliquent la première mutation consonantique.
d) Je suis danois et ma théorie explique le pourquoi des anomalies de la première
mutation consonantique
e) Français, j’étudie les caractères généraux des langues germaniques et reformule la loi
de Verner.

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EXERCICE 3 : QUID ?

a) Quelle est la loi de Grimm qui explique qu’on ait en sanskrit vidhava et en anglais
moderne widowl
b) Pourquoi existe-t-il des irrégularités dans les verbes forts allemands du type
zielienzog-gezogen et schneiden-schnitt-geschnittenl
c) Qu’appelle-t-on alternance grammaticale?
d) Qu’est-ce qui empêche une spirante germanique d’être sonorisée à l’intervocalique?
e) La linguistique diachronique (historique) au XIXe siècle s’oppose nécessairement à l'analyse
synchronique. Vrai ou faux?
f) Quelle transformation subit le ton indo-européen lors du passage au germanique ?

EXERCICE 4 : DE QUI SONT CES EXTRAITS ?

a)
«La langue sanskrite, quelle que soit son antériorité, est d’une structure merveilleuse; plus
parfaite que la langue grecque, plus abondante que la latine, d’une culture plus raffinée que
l’une et l'autre, elle a néanmoins avec toutes deux une parenté si étroite, tant pour les
racines verbales que pour les formes grammaticales, que cette parenté ne saurait être
attribuée au hasard. Aucun philologue, après avoir examiné ces trois idiomes! ne pourra
s’empêcher de reconnaître qu’ils sont dérivés de quelque source commune, qui peut-être
n’existe plus. Il y a une raison du même genre, quoique peut-être moins évidente, pour
supposer que le celtique et le gotique, bien que mélangés avec un idiome entièrement
différent, ont eu la même origine que le sanskrit; et l’ancien persan pourrait être ajouté à
cette famille. »

b)

« L’expérience démontre que la correspondance entre les mots est quelque chose d’extrêmement
incertain. A travers les échanges entre les peuples, un nombre incroyable de mots peut passer
d’une langue à l’autre, quelque différentes qu’elles puissent être toutes deux par l’origine et par le
type [...]. La correspondance grammaticale est une indication beaucoup plus certaine de parenté
ou d’identité originelle, parce qu’une langue qui est mêlée avec une autre n’emprunte que
rarement, ou n’emprunte jamais les changements morphologiques ou inflexions de cette dernière
[...]. Cette espèce de correspondance, qui est la plus importante et la plus certaine, a néanmoins
été presque entièrement passée sous silence jusqu’ici dans la dérivation des langues, et cette
négligence est la principale erreur de la plupart des discussions passées sur ce sujet; c’est pour
cette raison que les travaux antérieurs sont si incertains et d’aussi peu de valeur scientifique...
Une langue, quelque mêlée qu’elle puisse être, appartient à la même branche qu’une autre quand
elle a en commun avec cette dernière les mots les plus essentiels, les plus concrets, les plus
communs [...]. Quand on trouve une correspondance entre cette sorte de mots dans les deux
langues, et si fréquemment que des règles puissent en être déduites pour le passage de telle lettre
à telle autre d’une langue à l’autre, c’est qu’il y a une relation fondamentale entre ces deux
langues. »

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X. CORRIGÉ DES EXCERCICES DU CHAPITRE 2

CORRIGÉ DE L’EXERCICE I : TESTEZ VOS CONNAISSANCES

1) F ; 2) V ; 3)F ; 4)F ; 5)V ; 6)V ; 7) F ; 8) V ; 9)F ; 10)V

CORRIGÉ DE L’EXERCICE 3 : QUID ?


a) La seconde, qui explique la perte d’aspiration des occlusives sonores de l’indo-e péen.

b) C’est l’alternance grammaticale, expliquée par la loi de Verner. Cette alternance est liée à
la place du ton (accent) indo-européen.
c) L’alternance grammaticale est le changement de sonorité d’une spirante germani sourde
sous l’effet de l’accent d’intensité. Après l’accent, cette spirante demi sourde (f, f>, h, hw), sous
l’accent, elle devient une sonore (b, 3, g, gw).
d) L’accent, pour la raison énoncée supra.
e) C'est vrai. La linguistique historique de l’époque excluait toute étude synchrone On sait
depuis Saussure et d’autres que la diachronie est une somme de synchronie
f) De musical qu’il était (un peu comme en russe actuel), le ton indo-européen dev en
germanique un accent d’intensité très fort qui martèle en général la première syllabe. D'où
l’écrasement et la quasi-disparition des autres syllabes.

CORRIGÉ DE L’EXERCICE 4 : DE QUI SONT CES EXTRAITS?

a) William Jones, Asiatic Researches, (1786) t. I, p. 422.


b) Rasmus Rask, Investigation sur l’origine 'du vieux norrois ou islandais (Undersogelse om
det garnie Nordiske eller Islandske Sprogs Oprindelse, 1818).

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g)
a)

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