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LES PRINCIPES DE LA TRANSLITTÉRATION

Partie VI
LA TRANSLITTÉRATION DE L'ARABE ET LA NOUVELLE
NORME DE L'ISO

Tableau (1/2)
Tableau (2/2)
Notes
1. (retour)↑  Sur toutes les notions relatives à l'écriture auxquelles il
sera fait allusion, je renvoie une fois pour toutes à deux ouvrages
capitaux, celui de Marcel Cohen, La Grande invention de l'écriture
et son évolution, Paris, Impr. nationale, 1958, 3 vol. (version
abrégée: L'Écriture, Paris, Éditions sociales, 1953), qui est surtout
précieux pour son effort de précision et de clarification des
concepts à la base de la classification des types d'écriture, et celui
de James G. Février, Histoire de l'écriture, 2e éd., Paris, Payot,
1959, plus axé sur l'histoire.
2. (retour)↑  L'internationalisation de l'usage des cartes, des horaires,
etc., pousse actuellement, dans le même sens, à liquider les
orthographes francisées traditionnelles des noms de villes
étrangères. Les cartes et horaires français ont tendance depuis peu à
écrire London, Mainz, Firenze et non plus Londres, Mayence,
Florence. Pourtant remarquons en passant que Mayence est une
forme plus proche de la prononciation allemande que, pour un
Français, Mainz qu'il risque de prononcer « Minze ».
3. (retour)↑  Car le profane peu cultivé pense souvent que n'importe
quel nom doit avoir une forme ne varietur dans son orthographe
nationale.
4. (retour)↑  Indiquons tout de suite en gros ce qui sera précisé ci-
dessous. La transcription s'efforce de rendre un mot en caractères
latins en se basant sur sa prononciation, la translittération en
partant de sa graphie originale en caractères non latins.
5. (retour)↑  Il vaut la peine de noter que la discrétion dans l'emploi
des signes diacritiques permet leur diffusion plus facile dans des
ouvrages de grande vulgarisation. Un bon exemple est celui du
nouveau Grand Larousse encyclopédique (Paris, Larousse, 1960
ss.) qui a adopté ces signes pour une série de langues (cf. la notice
introductive).
6. (retour)↑  C.-F. Volney, Simplification des langues orientales ou
méthode nouvelle et facile d'apprendre les langues arabe, persane
et turque avec des caractères européens, Paris, de l'impr. de la
République, an III, 138 p.; L'Alfabet européen appliqué aux
langues asiatiques, ouvrage élémentaire utile à tout voyageur en
Asie, Paris, Firmin-Didot, 1818, XVIII-224 p. Sur Volney, voir
l'importante thèse de Jean Gaulmier, L'Idéologue Volney 1757-
1820, contribution à l'histoire de l'orientalisme en France,
Beyrouth, Impr. catholique, 195I, XLII-628 p.
7. (retour)↑  Das Allgemeine linguistische Alphabet, Berlin 1855; 2e
éd. Standard alphabet for reducing unwritten languages and foreign
graphic systems to a uniform ortography in European letters,
London, Williams and Norgate; Berlin, W. Hertz, 1863 ,XVI-324.
p.
8. (retour)↑  On le trouvera reproduit par exemple dans le recueil
commode Lautzeichnen und ihre Anwendung in verschiedenen
Sprachgebieten, von Fachgelehrten zusammengestellt unter
Schriftleitung von M. Heepe, Berlin, Reichsdruckerei, 1928, p. 18-
27 (exposé de D. Jones). Cf. P. Passy, Étude sur les changements
phonétiques, Paris, F. Didot, 189I ; du même, L'Écriture
phonétique, Paris, Libr. populaire, 1898 ; et la collection de la
revue Le Maître phonétique, Neuilly-sur-Seine, 1886-1912.
9. (retour)↑  Le terme est purement conventionnel. Du point de vue de
son étymologie, il est assez mal choisi comme l'a fait remarquer Mr
Frontard, directeur à l'AFNOR (Les Codes de translittération et
leur normalisation internationale, Bulletin de l'Unesco à l'intention
des bibliothèques, t. 15, 196I, p. 85-89, à la p. 89). Des termes plus
exacts seraient « notation graphique à base phonétique » pour la
transcription et « transposition graphique » pour la translittération,
mais ils sont trop longs.
10.(retour)↑  Transcription phonétique et translittération, propositions
établies par la Conférence tenue à Copenhague en avril 1925.
Oxford, Clarendon Press, 1926. Cf. L. Ščerba, Notes sur la
transcription phonétique à l'occasion des propositions de la
Conférence de Copenhague de 1925, Bulletin de la Société de
linguistique de Paris, t. 29, 1929, n° 86, pp. 1-23. Le système
adopté est aussi exposé dans le recueil de M. Heepe cité ci-dessus,
pp. 28-30 Dans la même ligne, M. Cohen, Instructions pour les
voyageurs. Instructions d'enquête linguistique, Paris, Institut
d'Ethnologie, 1928 ; 2e éd., 1950.
11.(retour)↑  Mais il ne faut pas oublier que la question se pose
ailleurs. Ainsi, en URSS, s'est posé le problème de la « cyrillisation
» c'est-à-dire de la transcription en alphabet cyrillique des langues
non écrites et de la transcription ou de la translittération des
langues écrites en d'autres écritures. La question de la notation en
écriture cyrillique de mots et phrases isolés dans un contexte russe
est posé par G. P. Serdjučenko, O russkoj transkripcii dlja jazykov
zarubežnogo vostoka (Problemy Vostokovedenija, 1960, n° 3, pp.
9I-107). Le problème pratique de la transcription et de la
translittération des noms européens se pose quotidiennement pour
toutes les écritures non latines en usage aujourd'hui. Il y a eu là
aussi, de temps en temps, des essais de systématisation en général
peu suivis.
12.(retour)↑  Cf. Francis L. Kent, Progrès internationaux dans le
domaine de la translittération, Bulletin de l'Unesco à l'intention des
bibliothèques, 10, 1956, 135-141.
13.(retour)↑  Un avant-projet établi par l'ISA (organisme dont l'ISO a
pris la suite) en 1939 a servi de base aux enquêtes et discussions de
l'ISO depuis 1948. Elles aboutirent à un projet de recommandation
approuvé par les comités-membres par 20 voix sur 34 en mars
1953, adopté par le Conseil de l'ISO en 1954 et devenu la
recommandation ISO/R59 (Ire édition en octobre 1955).
14.(retour)↑  Un avant-projet concernant le grec établi en 1954 par
l'AFNOR est devenu le projet de recommandation ISO n° 315 sur
lequel la consultation des comités-membres est en cours. Pour
l'arabe, des détails sont donnés ci-dessus. Pour l'hébreu, plusieurs
avant-projets présentés par la Belgique, l'Espagne, Israël et la
France (ce dernier ayant été préparé par l'auteur de ces lignes
initialement à l'intention des bibliothèques françaises), étudiés et
modifiés au cours d'une réunion à Paris en avril 1959, ont abouti à
un texte qui, après discussion et modifications, est devenu la
recommandation ISO/R 59 (Ire édition datée de mai 1962).
15.(retour)↑  On me permettra pourtant une remarque critique sur
l'avant-dernier paragraphe. Si on rend par deux signes et non par un
seul des lettres comme le russe III ou le grec Psi, ce n'est pas parce
que l'alphabet latin n'offre pas de « possibilité raisonnable » de
faire autrement. Il est toujours possible d'ajouter des signes
diacritiques nouveaux à une lettre latine. On eût pu, par exemple,
choisir š ou p. La considération qui, implicitement, a emporté la
décision des rédacteurs de normes est que l'ambiguïté n'était pas
possible. Et ceci, non pas à cause de l'emploi de deux lettres pour
translittérer, comme le dit le texte, mais parce que ces deux lettres
translittèrent ce qui peut s'analyser comme une suite de deux
phonèmes, suite qui s'écrit toujours par une seule et même lettre en
cyrillique ou en grec respectivement. Le cas est tout différent de
celui avec lequel la formulation du texte permettrait de le
confondre : deux lettres (par exemple kh) employées pour rendre
un phonème indécomposable (comme le chi grec, j espagnol, ch
allemand de hoch); l'ambiguïté est toujours possible du moment
que les deux lettres choisies (ici k et h) représentent par ailleurs des
phonèmes qui peuvent se suivre dans la langue translittérée ce qui
est le cas général.
16.(retour)↑  En grec moderne aussi on est obligé de tenir compte des
intentions de la graphie. Le groupe @ est en effet employé pour
rendre le phonème simple b (comme dans @ = [Edmond] About,
@ « balcon ») des mots étrangers au grec alors qu'il se rencontre
aussi pour rendre m + p comme dans @, « vigne ». - L'opposition à
l'assimilation de l'article a été exprimée avec vigueur par exemple
par A. Mieli, Archeion 17, 1935, p. 412-3.
17.(retour)↑  On trouvera la bibliographie des articles consacrés à la
question dans J. D. Pearson, Index islamicus 1906-1955,
Cambridge, Heffer, 1958, p. 709 s.; id., Index islamicus.
Supplement 1956-1960, Cambridge, Heffer, 1962, p. 238. L'exposé
le plus intéressant pour les indications historiques qu'il donne est
celui d'A. A. Brux, Arabic-English transliteration for library
purposes, American journal of semitic languages and literatures,
vol. 47, n° I, part 2, oct. 1930, 30 p., avec un grand tableau dépliant
de comparaison des divers systèmes proposés à l'époque.
18.(retour)↑  Sur cet historique, cf. J. Ruska dans Archeion 17, 1935,
p. 410-2.
19.(retour)↑  Cf. ci-dessus, p. 9.
20.(retour)↑  Simultanément, le 20 et le 2I avril particulièrement, un
groupe de travail composé partiellement des mêmes membres
étudiait la translittération de l'hébreu, cf. ci-dessus P. 9, n. 4.
21.(retour)↑  Cf. G. M. Wickens, The Transliteration of Arabic, an
approach in the light of current problems of printing and
publication, Journal of Near Eastern studies, 12, 1953, 253-6; J. J.
Koopmans, Bibliotheca Orientalis, 12, 1955, 46-48.
22.(retour)↑  Ce projet ne semble pas avoir été publié. Il rappelle celui
de Nafiz Danisman, Transcription de l'alphabet arabe, Revue des
études islamiques, 9, 1935, 97-103. Celui-ci se bornait pourtant a
créer de nouvelles formes uniquement pour les lettres
correspondant à des sons n'existant pas dans les langues
européennes. Pour les autres, il adoptait la lettre latine. Un peu
analogue est le système de P. Cauneille, L'Arabe modernisé.
Premier livret, Casablanca, s. d. Cf. déjà la voie cherchée par le P.
M. Bouyges, En terre d'Islam, janv.-févr. 1948, pp. 12-14,
conseillant un second alphabet auxiliaire à côté de l'alphabet
traditionnel. Les projets de réforme de l'écriture arabe de ce type et
différents seraient au nombre de 2000! Cf. V. Monteil, L'Arabe
moderne, Paris, Klincksieck, 1960, pp. 5I-2 qui en analyse
quelques-uns.
23.(retour)↑  Cf. E. Tisserant, Pour une réforme de l'alphabet arabe,
Revue des deux mondes, 15 août 1962, pp. 497-504. Y. Moubarac
a rédigé une petite Anthologie de la littérature arabe, Paris,
Gedalge, 1962, VIII-67 p., qui contient une série de textes
poétiques et en prose translittérés suivant ce système.
24.(retour)↑  On peut se procurer celle-ci à l'AFNOR, 23, rue Notre-
Dame-des-Victoires, Paris, 2e, ou auprès des autres organisations
nationales de normalisation.
25.(retour)↑  On pourrait même remplacer les lettres diacritées par des
digraphes dont un soulignement commun indique l'unité comme
fait l'Encyclopédie de l'Islam. Mais l'accumulation des digraphes
(groupes de deux lettres) rend les mots peu lisibles.
26.(retour)↑  Comme semble le croire par exemple Francis L. Kent
dans l'article cité ci-dessus (p. 9, n. 2) en dénonçant les écritures
non-latines. Mais il faut bien comprendre que les objections à la
valeur d'un alphabet (les écritures non alphabétiques étant
assurément moins commodes que les écritures alphabétiques) ne
peuvent reposer que sur des questions de plus ou moins grande
lisibilité (proportions des lettres, ressemblances entre elles, etc.) sur
lesquelles les spécialistes compétents (psychologues, etc.) ne sont
pas toujours d'accord. On ne peut tirer argument des insuffisances
de l'alphabet tel qu'il est employé actuellement par manque de
lettres, etc. En effet, le latin lui-même est très insuffisant. Il ne note
même pas le son si courant qu'est le ch français de chat. Les
langues européennes ont dû remédier à ces manques par l'usage de
groupes de deux ou plusieurs lettres dont les inconvénients sont
évidents (par exemple, pour la consonne ci-dessus citée, sch en
allemand, sh en anglais, sci en italien, etc.) et les sytèmes de
translittération et transcription par des signes diacritiques ou
modifications de lettres. On pourrait tout aussi bien appliquer ces
procédés à d'autres alphabets. C'est d'ailleurs ce qui a été fait
maintes fois. Par exemple, si l'écriture arabe telle qu'elle avait été
adaptée aux langues turques marquait mal les voyelles, ce qui est
beaucoup plus gênant pour le turc que pour l'arabe, c'était par suite
du manque d'intérêt des adaptateurs pour cette notation des
voyelles ou par timidité envers une modification éventuelle de
l'écriture sacrée, non par suite d'un obstacle intrinsèque. La preuve
en est que des linguistes turcs avaient proposé depuis longtemps un
système cohérent avec signes diacritiques pour noter les voyelles
turques au moyen de l'écriture arabe. Un système de ce genre est
maintenant officiellement en usage dans la République populaire
de Chine pour noter en écriture arabe la langue turque dite
ouygoure en usage au Sin-Kiang (ancien Turkestan chinois).
27.(retour)↑  Cf. V. Monteil, L'Arabe moderne, Paris 1960, p. 49 s.;
'Abd al-'azîz Fahmî, al-hurûf al-lâtîniyya li-kitâbat al-'arabiyya (les
lettres latines pour écrire l'arabe), Le Caire, 1944 et le recueil de
l'Académie Fouad 1 de langue arabe (mu'tamar al-mağma' sanat
1944, Le Caire, 1946) contenant le texte des mémoires, discussions
et décisions de cet organisme sur la latinisation de l'écriture arabe
et la réforme de l'orthographe.
28.(retour)↑  A l'exception notable du maltais, dialecte arabe (avec
beaucoup d'emprunts de vocabulaire à l'italien) parlé par la
population chrétienne de l'île de Malte. La séparation de cette
population d'avec la religion musulmane et la culture arabe
classique a permis, dès le début du XIXe siècle, la notation du
dialecte au moyen de l'écriture latine augmentée par des signes
diacritiques et une lettre supplémentaire (u à l'envers).
Référence bibliographique :
Rodinson, Maxime. Les principes de la translittération, la
translittération de l'arabe et la nouvelle norme de l'ISO. Bulletin des
bibliothèques de France [en ligne], n° 1, 1964 [consulté le 26 octobre
2015]. Disponible sur le Web : <http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1964-
01-0001-001>. ISSN 1292-8399.

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