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Traité de métrique grecque ;

suivi d'un Précis de métrique


latine / W. J. W. Koster,...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Koster, Willem Johann Wolff. Traité de métrique grecque ; suivi
d'un Précis de métrique latine / W. J. W. Koster,.... 1936.

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TRAITÉ DE MÉTRIQUE GRECQUE
DU MÊME AUTEUR
TRACTATUS GRAECI DE RE METRICA INEDITI. Paris, 1922.
SCHOLIA" IN ARISTOPHANIS PLUTUM ET NUBES, vetera,
Thomae Magistri, Demetrii Triclinii nec non anonyma
recentiora partim inedita. Leyde, 1927.
TRAITÉ DE MÉTRIQUE GRECQUE
SUIVI D'UN
PRÉCIS DE MÉTRIQUE LATINE

PAR

W. J. W. KOSTER
(HONORÉ PAR UNE SUBVENTION DU LEGATUM HCEUFFTIANUM)

A. W. SIJTHOFF'S
LEYDE -
1936
U ITG EA^-Ê-RS M A AT SCHAPPIJ N.V.
AVANT-PROPOS

Bien que les études concernant la versification des Grecs et


des Romains se soient multipliées pendant ces dernières années,
il n'existe pas encore, que je sache, un manuel d'une étendue
suffisante pour l'étude approfondie de cette science. Tout en
reconnaissant les mérites des traités plus ou moins détaillés
parus depuis le commencement de ce siècle, il faut cependant
reconnaître qu'aucun d'eux ne saurait remplacer le manuel de
Christ ou celui de Masqueray, datant de la dernière partie du
siècle précédent. Depuis, des hypothèses nouvelles ont été for-
mulées par les métriciens, et notre connaissance de la poésie
grecque s'est accrue d'une façon inattendue, grâce aux données
nouvelles fourmes par les papyrus. Dans le présent livre, l'au-
teur a tâché de résumer l'état actuel des études sur la métrique
et d'en contrôler la doctrine en l'appliquant aux textes des poètes.
Tout en se réservant des points de vue personnels, il s'est gardé
de juger tous les phénomènes qui se présentent d'après des
théories préconçues.
Pour le texte des vers cités, je me suis servi des éditions
suivantes: pour Eschyle, Yeditio minor de Wilamowitz (Weid-
mann) et l'édition de Mazon (Budé) ; pour Sophocle, l'édition
de Masqueray (Budé) ; pour Euripide, l'édition de Murray
(Bibliotheca Oxoniensis) et les tomes I—IV de l'édition de Méri-
dier, Parmentier et Grégoire (Budé) ; pour Aristophane, l'édition
de Coulon et Van Daele (Budé) ; pour le texte de Ménandre,
souvent douteux à cause des suppléments des éditeurs, celui
de Van Leeuwen (IIIme éd., Sijthoff, Leyde) et de Jensen (Weid-
mann, Berlin) ; pour les parties lyriques de tous les poètes
scéniques, les Cantica de Schroeder (Teubner) ; pour Pindare,
Yeditio minor de Schroeder (Teubner) et celle de Puech (Budé) ;
pour Bacchylide, l'édition de Blass, revue par Snell (Teubner) ;
pour les autres lyriques, les Poëtae lyrici graeci de Bergk et
YAnthologia lyrica de Diehl (Teubner) ; pour les fragments des
poètes tragiques et comiques, les recueils bien connus de Nauck
(Urne écj.) et de Kock.
II
Il m'a été impossible de discuter toutes les questions con-
la constitution du texte des vers que j'ai cités ; en général,
cernant
je me suis borné à relever les différents points de vue des édi-
teurs, quand ils rapportent à la composition métrique des vers
se
Quant aux schémas ajoutés aux textes, le lecteur se rendra
compte que je n'ai employé le symbole de la pause métrique
(A) qu'incidemment. Bien qu'en théorie, les cola ou vers cata-
lectiques se terminent par une pause équivalente à la durée de
la syllabe finale du côlon ou vers acatalectique, rien ne nous
autorise à croire que les poètes aient toujours ajouté cette pause
à la fin des cola ou vers catalectiques. Aussi, je ne l'ai pas indi-
quée, quand il s'agit de vers catalectiques répétés xazà azi%ov
(par exemple le tétramètre trochaïque catalectique) ; d'autre
part, /ai employé le symbole de la pause là où le côlon cata-
lectique, précédé d'un côlon acatalectique, se trouve à la fin
d'une période ou d'un système (par exemple le phérécratéen
après des glyconéens).
Dans le Précis de métrique latine, les questions épineuses con-
cernant l'accentuation des vers du drame archaïque n'ont été
touchées que superficiellement. Quant à la nature de l'accent
de la langue latine en général, je me suis abstenu de me ranger
du côté des partisans de l'école française ou de l'école allemande ;
dans les schémas, j'ai ajouté les ictus dans un but purement
pratique, sans vouloir déclarer par là que le vers latin aurait
eu des accents de nature dynamique. Quant aux vers grecs, la
question ne se pose même plus Yictus d'intensité n'y jouait
,*

aucun rôle.
Bien que je n'aie négligé, autant que possible, aucune étude
récente de quelque importance sur tout ce qui concerne la
métrique, je n'ai pu consulter autant de livres et de revues que
j'aurais désiré. Sans doute, le lecteur avisé découvrira d'autres
lacunes ; néanmoins, j'espère que ce livre, tel qu'il est, pourra
contribuer à une connaissance approfondie des vers grecs et
latins.
Il me reste à remercier mon très cher collègue, M. Johannes
Tielrooy, qui a bien voulu surveiller l'idiome du texte si tant
;
est que celui-ci ne choque pas outre mesure le sens linguistique
du lecteur français, les mérites en reviennent entièrement à lui.
Zwolle (Pays-Bas), février 1936
I. Introduction
1. La métrique a été créée par les Grecs et continuée par les
modernes. L'ampleur et la richesse des formes rythmiques
présentées par la poésie grecque rendaient nécessaire l'étude
scientifique des mètres, sans laquelle on risquerait de perdre
la connaissance approfondie et complète de cet art complexe.
Beaucoup de poèmes devaient être chantés ou récités avec
accompagnement musical ; aussi la nécessité de connaître la
forme exacte des mètres se faisait sentir spontanément. Dans
les langues modernes, la musique n'est plus intimement liée à
la parole ; par conséquent, l'importance de la métrique n'est
plus la même. Le compositeur moderne se soucie peu de la
valeur rythmique que les mots présentent eux-mêmes ; chez les
Grecs, le compositeur n'était autre que le poète ; en composant
le texte, il indiquait déjà le rythme de sa mélodie, et il n'avait
qu'à ajouter des signes rythmiques aux syllabes de durée pro-
longée et d'autres signes pour indiquer la hauteur des sons de la
mélodie. Voici une ligne pourvue d'annotation complète :
_J _J
c—z z KIZ i
osov Çjfç, tpatvov *)
La série de signes supérieure indique le rythme, la série
inférieure la mélodie ; les points superposés annoncent la partie
de chaque mètre (unité rythmique), qui était opposée à l'autre
par l'abaissement du pied ou du pouce. La syllabe brève ne
porte pas de signe rythmique, qui serait w ; la syllabe <pal-
est également dépourvue de signe, la durée étant indiquée suffi-
samment par les trois signes mélodiques ; elle vaut trois brèves
et pourrait porter le signe _J , qui se trouve au-dessus de la
syllabe -vov ; enfin le signe bien connu de la longue ordinaire

*) Le premier vers de YEpitaphium Sicili, inscription trouvée sur la pierre


tombale d'un certain SUHLXOÇ à Aidin (Asie Mineure) par Ramsay; on
l'attribue au premier siècle après J.-C. La pierre a disparu depuis 1933;
v. J. F. Mountford dans New chapters in the history of Greek literature,
Sec. ser., Oxford 1929, p. 147 suiv.
Traité de métrique grecque 1
2 I 1/ 2

valant deux brèves (_) ne fait pas défaut. La transcription


moderne serait la suivante :

2. La métrique est à proprement parler une subdivision de la


rythmique, mais l'annotation musicale a été reléguée de bonne
heure au second plan, et après la période des grandes compo-
sitions rythmiques, le rapport entre la musique et la poésie
devenant moins étroit, on lisait ordinairement le texte seul, sans
avoir aucune intention de le chanter ; dès lors, les grammairiens
ne comptaient plus avec les rythmes plus compliqués et se
contentaient de l'axiome fondamental, que la syllabe longue
vaut deux brèves (_ = uu). La rythmique, au contraire,
toujours intimement liée à la musique, n'observait point cette
restriction, mais elle pouvait attribuer une durée arbitraire aux
syllabes, tout en ne dépassant pas certaines bornes. Elle con-
naissait des syllabes brèves plus brèves que les brèves ordinaires,
des syllabes plus longues que les brèves ordinaires, mais plus
brèves que les longues ordinaires, et des longues valant de trois
à cinq fois une brève ordinairex). Quant aux métriciens, qui
n'étaient pas des musiciens, mais des grammairiens, ils distri-
buaient les longues et les brèves de chaque vers en les rangeant
suivant des groupes fixes (les pieds, nôôeç) et mesuraient pour
ainsi dire le vers ((lezçeïv, (lexçinri TÉ%vr)). La différence entre
les deux arts résulte clairement d'un passage d'Aristoxène de
Tarente (p. 292 Mor., p. 413 Marqu.) :
*) sIaréov Sét ozi aXXoyç Xaf&fîàvovoi zovç %Q6VOVÇ oi fiExf>ixoit jjyovv
oi ygafifiazixol, xaî àXXcoç oi gv&fiixoi. oî yQafijtaztxoï êxsïvoy fiarcgdr
Xgàvov èniozavzai zov Myovxa êvo XQÔVOVÇ, xal ov xazâyovzai eîs IIBZÇ6V
zi • oî Se gv&fiixol Xéyovot, z6Se elvai fiaxoézegov xovSe, (pâaxovxeç xijv
fièv zàv avXXafiâv elvai Svo tfftloEos XQÔvmv, zr\v Se zgiwv, xi\v Si nXei,6-
vcov, Choeroboscus, Comment, in Hephaest., p. 180, 4 suiw., Consbr.
Mrjxovç Se xaï ftgaxvzwzoç ovXXafiâv ov fiia <pvaiç, âXXà xai fiaxQÔzegai
zivég eiai z&v fiaxomv, xaï /3g agrégat xoev p^ax^icôv, Denys d'Halic,
De cornp, verb. c. 15. Oî /lévzoï Qv&titxol xovzov zov atoSàs [le dactyle
dans le vers homérique cité par Denys, 1 39] zr/v fiaxgàv Pgaxvzéoav
elvai cpaai zrjg xeXcias • ovx k'xovzeç S' eîneïv Jtécat, xaXovaiv airr/v aXoyov,
ibid. c. 17. V. pour les syllabes plus longues que les longues ordinaires
YAnonymus de musica, édité par Bellermann, p. 17 suiw.
I 2, 3, 4 3.

Norjxêov ôè %CÙQIÇ ta zs zijv zov aioSàç Svva[iiv tpvkâaaovxa


cnfieTa xaï ràç vnà zfjç QVÛfionoUaç yivopévaç ôiaigéoeiç xal
stQoa&ezéov ôè zoïç elçijfiévotç, ôzc zà ftèv êxâozov jtoôàç oijfiEïa
ôiafiévei 'usa ovza «ai zcp âçvd'ficp «ai xâ> fisyê'&ei, ai ô' vnb zrjç
gv&fionoUaç yivôfievai ôiaïQÉaeiç jtoXkijv haftfiâvovai noinikiav.
3. Non seulement la poésie, mais aussi la prose devenait
rythmée du moment qu'on commençait à la composer artistique-
ment ; l'écrivain employait, s'il y avait lieu, certains pieds, il
en évitait d'autres ; les rythmes étaient recherchés surtout à
la fin des phrases {clausulaé), et Aristote nous apprend que c'est
le rythme, et non l'écriture et la ponctuation, qui nous avertit
que la phrase est terminée1). Le sophiste Thrasymaque a été
le premier théoricien de la prose rythmée.
A côté des rythmes que les écrivains appliquaient suivant des
systèmes fixes et bien connus des rhéteurs et des grammairiens
anciens, il y a le rythme individuel appartenant à tout écrivain
dont la prose est rythmée. On l'a étudié systématiquement depuis
le siècle dernier ; la statistique comparée de la prose rythmée
et non rythmée révèle les tendances caractéristiques des
prosateurs depuis l'époque archaïque du rythme libre jusqu'au
temps où même des techniciens comme Vitruve appliquaient
des clausulaé à type fixe.
4. Au cours du IIIe siècle après J.-C., le sentiment de la
quantité des syllabes s'affaiblissait; des indices sûrs nous aver-
tissent que l'accent dynamique devient l'accent normal de la
langue parlée. Ainsi la métrique quantitative, qui survécut bien
longtemps à l'altération de la langue, devenait presque aussi
artificielle pour les contemporains qu'elle nous semble l'être
aujourdhui. On n'entendait plus la différence entre les syllabes
longues et brèves, qu'on continuait à grouper suivant les préceptes
classiques.
Le Christianisme finit par renverser cette tradition ; bien que
des prélats lettrés comme Synésius de Cyrène (environ 370—415
après J.-C.) aient encore composé des hymnes dans lesquelles
la métrique quantitative était observée rigoureusement, la versi-
fication reposant sur l'accent dynamique devient de règle pour
la poésie religieuse.

*) j&XXà SEL
- SrjXrjv zïvai xr\v ZEXEVZI\V fj-rj Sià ràv yçaqiéa JJLTJSÈ Sià zr\v
naoaygtupqv, âXXà Sià zov gt>#f«5r, Rhetor. III 8, 6.
4 I 4, 5

Dans la première époque de la poésie religieuse byzantine


(environ 500 après J.-C), les poètes composaient des strophes
libres basées sur le nouveau principe ; Romanos est le plus
célèbre de ces mélodes. Bientôt on se contenta d'imiter une strophe
(appelée hirmus, elçfioç) ; le nombre et l'accent des syllabes
connue
des strophes nouvelles (les tropaires, xçonâçia) étaient ceux du
hirmus. Au lieu de l'hexamètre de l'époque classique, on se
servait du vers politique {azLxoç aioXixvxôç) pour des poèmes
dans lesquels le même vers était appliqué sans interruption ;
il se compose de 15 syllabes, dont l'avant-dernière porte l'accent
(dynamique), par exemple
Mlvcoç ô KQTJÇ vttrjQ%E jtatç Aiàç xov jAxszeqiov
(Tzetzes, Chil I 473).
La prose rythmique, elle aussi, était réglée par l'accent dyna-
mique ; la clausula était composée de telle manière que le nombre
des syllabes entre les deux dernières syllabes accentuées était
toujours un nombre pair (2, 4, 6), phénomène connu sous le
nom de loi de Guillaume Meyer.
5. Nous ne savons presque rien des théories les plus anciennes
chez les Grecs. Damon, qui comptait Périclès parmi ses disciples,
est le premier métricien connu ; il a analysé l'ïambe et le trochée
et semble avoir distingué trois variétés de vers dactyliques1).
Le plus célèbre des rythmiciens a été Aristoxène de Tarente,
disciple d'Aristote ; il ne reste que des fragments de ses travaux
concernant la rythmique. Dans l'époque alexandrine, Philoxène
était un métricien d'un grand renom ; ses théories nous sont
inconnues. Nous sommes mieux informés quant à la métrique
de l'époque impériale ; alors vécurent Héliodore et Héphestion
(fin du premier siècle — première moitié du second siècle).
Les vestiges des travaux d'Héliodore subsistent dans les scolies
métriques d'Aristophane, chez Héphestion et ses commentateurs
et dans les traités des métriciens latins. Héphestion a écrit des
traités volumineux, qui sont perdus ; par contre, son précis
de métrique : 'EyxeiQiôiov UISQI ftérçov, qui a été de tout temps
le livre de chevet des métriciens, est parvenu aux temps modernes.
Les grammairiens latins ont disserté beaucoup sur la métrique,

*)Comp. Aristoph., Nuées 649 suiw. et Platon, Rép. 400 B. Les données
très vagues ont été discutées souvent; v. mon article dans Classical Quarterly,
XXVIII, 1934, p. 148 suiv.
15 5

mais ils manquent presque tous d'originalité. De ces métriciens,


dont les dissertations prolixes composent le tome VI des Gram-
matici Latini de Keil, Caesius Bassus, qui vécut au temps de
Néron, est le plus important. Parmi les auteurs de l'époque
tardive, Terentianus Maurus se distingue par la forme de son
traité, qu'il a composé dans les mêmes mètres que ceux qu'il
expliquait. Les travaux de Juba, qui s'inspirait de la doctrine
d'Héliodore, ne subsistent plus dans leur forme authentique ;
on peut relever leurs traces dans le traité de Marius Victorinus,
le commentaire de Servius et d'autres ouvrages,
A côté des métriciens de profession, plusieurs philosophes
et presque tous les rhéteurs se sont incidemment occupés de la
métrique, ces derniers à cause des clausulaé de la prose rythmée
(par exemple Cicéron et Quintilien) ; à la première catégorie
appartient Héraclide du Pont, qui dérivait les mètres d'un pro-
totype de six pieds spondaïques ; v. Précis de métr. lat. § 20 E.
Il va sans dire que les ouvrages des musiciens contiennent
beaucoup d'aperçus se rapportant à la rythmique et à la métrique ;
après Aristoxène, il faut consulter surtout Aristide Quintilien
(troisième siècle après J.-C. ?).
Les fragments d'Aristoxène ont été édités plusieurs fois par
Westphal (avec les autres fragments des rythmiciens dans Die
Fragmente und die Lehrsàtze der Griechischen Rhythmïker, Leipz.
1861 ; en dernier lieu dans Aristoxenus von Tarent, Leipz. 1883—
1893) ; les fragments qui se trouvent dans les manuscrits de ses
AQfioviHâ, ont été ajoutés à l'édition de Marquard (Berl. 1868).
La doctrine d'Héliodore a été étudiée par Hense, Heliodo-
reische Untersuchungen, Leipz. 1870 ; on trouve les scolies
d'Aristophane dont l'origine remonte à Héliodore, chez White,
The verse of Greek comedy, Lond. 1912.
L'édition définitive d'Héphestion est celle de Consbruch,
Leipz. 1906; il y a ajouté les scolies anonymes et le commentaire
de Choeroboscus, et aussi plusieurs autres traités d'époque tardive.
Les métriciens latins sont édités dans les Grammatici Latini
de Keil ; il ne faut pas seulement consulter le tome VI, déjà
indiqué, mais aussi les autres volumes, qui contiennent plusieurs
travaux de grammairiens dans lesquels la métrique n'était pas
négligée (par exemple Diomède et Charisius ; celui-ci a été
édité séparément par Barwick, Leipz. 1925). Sur Juba on peut
consulter Hense, De Iuba artigrapho, Leipz. 1875.
6 I 5, 6
L'ouvrage d'Aristide Quintilien a été édité par Jahn, Berl. 1882 ;
les autres musiciens (excepté Aristoxène) sont réunis en majeure
partie dans les Musici Scriptores Graeci de Von Jan, Leipz. 1895,
6. Au moyen-âge les auteurs plus anciens étaient résumés et
copiés par bien des grammairiens obscurs, qui paraient parfois
leurs opuscules d'un nom célèbre, par exemple d'Héphestion,
devenu le métricien xaz' è^ox^v ; néanmoins, ces traités byzan-
tins ne sont pas tout à fait dénués de valeur. Les mètres plus
compliqués de la poésie lyrique n'étaient presque plus étudiés;
on s'en tenait essentiellement aux vers usuels de l'épopée et du
drame (hexamètre dactylique, trimètre ïambique). La plus grande
partie de ces traités a été éditée par Studemund, Anecdota Varia
Graeca I, Berl. 1886, et par l'auteur de ce livre, Tractatus graeci
de re metrica inediii, Paris 1922.
Enfin il ne faut pas négliger les scolies des poètes ; nous avons
déjà mentionné les scolies d'Aristophane. Les scolies de Pindare
sont aussi d'un intérêt particulier.
Grâce à une tradition vivante qui n'a jamais été complètement
interrompue, la science de la versification grecque s'était main-
tenue à Byzance ; on constate chez des savants comme Démé-
trius Triclinius (première moitié du quatorzième siècle) des
connaissances métriques d'une étendue surprenante. Ce sont
eux qui répandirent en Italie et ensuite dans les autres pays
ayant participé au mouvement de l'Humanisme, les principes de
la métrique antique. Après la chute de Byzance (1453), bien
des Grecs instruits, qui s'étaient réfugiés dans les pays occi-
dentaux, y gagnaient leur pain comme copistes de manuscrits
et professeurs de leur langue et de leur littérature nationales.
Nous possédons encore un document curieux de leur activité ;
un traité de métrique, qui porte le nom d'un métricien de
l'antiquité connu seulement par un article de Suidas, Dracon,
a été composé par le Grec Diassorinos de Rhodes (environ 1550 ;
v. mon Tractatus etc. p. 1).
Pendant des siècles la métrique n'a été traitée qu'incidemment
par les philologues. Ils se contentaient d'observer les particu-
larités des mètres usuels et ne parvenaient pas à une connaissance
complète et systématique des mètres lyriques. Les philologues
anglais du dix-huitième siècle et du commencement du siècle
suivant ont surtout étudié le vers du dialogue dramatique (Bentley,
Porson, Elmsley).
I 6, 7 7
L'Allemand G. Hermann doit être considéré comme le vrai
fondateur de la métrique moderne. Partant des doctrines d'Hé-
phestion, il a étudié à fond la poésie grecque tout entière et
construit un système d'une solidité et d'une ampleur impres-
sionnantes ; bien que beaucoup de détails, chez lui, paraissent
surannés aujourdhui, l'ensemble des doctrines hermaniennes a
survécu aux autres systèmes de pareille envergure du siècle
dernier. Son contemporain Boeckh a élucidé la métrique de
Pindare ; il était plutôt rythmicien que métricien et se fondait
sur les théories d'Aristoxène. Les générations suivantes ont
marché sur ses traces ; le génial savant Westphal a interprété
et développé les doctrines d'Aristoxène, qui lui ont servi de
base pour sa propre théorie du rythme non seulement chez les
Grecs, mais aussi dans la musique moderne. Il en résultait une
confusion funeste entre les principes rythmiques de la musique
contemporaine et ceux de la musique grecque, qui lui était assi-
milée par analogie. La même tendance se fait remarquer dans la
métrique peu originale, mais assez complète et bien ordonnée
de Christ. Le savant français Weil a beaucoup contribué à une
compréhension plus saine de la métrique grecque ; il partait
lui aussi de la rythmique, mais il sut éviter les généralisations
décevantes. C'est aussi le grand mérite du Traité de Mas-
queray.
7. Dans la dernière moitié du dix-neuvième siècle, la méthode
historique s'empara de la métrique des philologues allemands,
qu'elle a dominée jusqu'à ce jour. On vise à une explication
génétique des mètres connus, à la base desquels on suppose
un vers primitif hypothétique (Urvers) ; on recherchait en première
ligne l'origine de l'hexamètre. Bergk et Usener ont cultivé d'abord
cette méthode ; elle a été développée par Wilamowitz et surtout
par O. Schroeder. On prend comme point de départ la poésie
populaire de différentes nations dont la forme présente un aspect
plus ou moins primitif ; le rôle des poètes individuels se réduit
à la normalisation des mètres libres de la chanson anonyme.
Ainsi Archiloque, Sappho et les autres « inventeurs » des mètres
grecs n'auraient fait que régulariser les vers des chansons popu-
laires datant d'une époque préhistorique.
Les résultats de cette méthode sont peu encourageants ; l'una-
nimité est loin d'être atteinte. Elle repose sur des données incer-
taines ou fausses. Nous n'avons aucune chanson populaire des
8 I 7

Grecs dont l'âge remonte aux temps des premiers poètes. Les
chansons populaires des Allemands eux-mêmes ne sauraient
remplacer ces « missing links » des Darwinistes parmi les métri-
ciens. Mais le plus grand inconvénient vient de la nature même
du vers grec. Les adeptes de la méthode historique, qui supposent
des vers primitifs dont seul le nombre des syllabes longues
accentuées à cause du rythme aurait été fixé («Dreiheber, Vier-
heber»), ne tiennent pas compte du caractère musical de l'accent
et de l'absence (ou tout au plus du rôle secondaire) de Yictus
métrique chez les Grecs. Il vaut mieux se passer d'hypothèses
confuses et arbitraires qui prétendent expliquer le connu par
l'inconnu.
Aussi cette métrique est rejetée même en Allemagne par
plusieurs savants, qui préfèrent la classification et la comparaison
des mètres existants à la recherche des mètres primordiaux
(Maas, Rupprecht). Cette méthode «linnéenne» (le mot est de
Rupprecht) sera la méthode de ce livre.
Dans les autres pays le succès de la méthode des schroedériens
a été mince. White, dont le Verse of Greek comedy restera le
modèle pour tous ceux qui entreprendront la tache urgente de
décrire les mètres des genres différents, n'en fait pas tout à fait
abstraction, mais il se garde d'en exagérer l'importance. Hardie
la critique âprement dans sa Res metrica. En France la métrique
historique n'a pas eu d'adeptes ; la métrique comparée de Meillet
part d'un autre point de vue. Laurand juge « le système de
M. Schrôder presque entièrement hypothétique quoique assez
séduisant» {Manuel des études gr. et L, TVme éd., p.795). Ailleurs
les doctrines de Westphal (en dernière instance celles d'Aris-
toxène), dont les mérites ont été trop oubliés à cause de quelques
mécomptes (fondamentaux, à vrai dire) de Westphal, ont toujours
trouvé des adeptes avisés, par exemple le Tchèque Kràl, ainsi
que l'Italien Del Grande, qui a su maintenir le contact entre
la métrique et la musique des Grecs, dont il n'est presque plus
question dans les études métriques d'outre-Rhin.
Les études concernant la prose rythmée se sont multipliées
pendant ces dernières dizaines d'années ; je ne cite que les
noms
de Zielinski, Norden, Laurand, De Groot, Novotny. On peut
s'orienter dans La prose métrique des Anciens de De Groot (Paris
1926) et dans Etat actuel des études sur le rythme de la
prose
grecque de Skimina, Lwow 1930 (supplément d'Eos).
18 9
8. Liste de quelques ouvrages qu'on peut consulterx) :
A. Traités plus ou moins complets :
G. Hermann, Elementa doctrinae metricae, Lips. 1816.
Théorie der musischen Kûnste der Hellenen, von A, Rossbach
und R. Westphal (la troisième édition de la Métrique des mêmes
auteurs) ; les trois tomes contiennent la Griechische Rythmik,
Griechische Harmonik und Melopoeie et Griechische Metrik ; celle-ci
se compose de deux parties, Allgemeine Théorie der Griechischen
Metrik et Specielle Griechische Metrik, Berl. 1885—1889.
J'ai déjà parlé des mérites de ces deux systèmes, les seuls
qui soient originaux et complets, et dont la valeur, bien qu'a-
moindrie par suite du temps écoulé, est indiscutable. Le grand
ouvrage de Rossbach—Westphal est « le plus complet qui existe
sur la Métrique grecque» (Masqueray).
U. v. Wilamowitz—Moellendorff, Griechische Verskunst, Berlin
1921. Bien que d'une importance capitale, le livre du célèbre
helléniste ne sera jamais le « Hermann » ou le « Westphal » de
ce temps-ci ; la composition est très inégale, l'exposition des vues
de l'auteur est fort difficile à suivre. Son érudition immense,
sa préoccupation de comparer toujours les textes aux schémas,
l'ont préservé des erreurs auxquelles la métrique historique
des Allemands donne trop souvent lieu.
W. Christ, Metrik der Griechen und Rômer, IIme éd., Leipz.
1879. C'est le seul traité après l'ouvrage de Hermann, où la
métrique des Grecs, à côté de celle des Romains, est traitée sur
une grande échelle.
H. Gleditsch, Metrik (tome II, 3 du Handbuch d'I. Mûller),
Munich 1901. Contient lui aussi la métrique des Grecs et des
Romains.
P. Masqueray, Traité de métrique grecque, Paris 1898. Expo-
sition très claire et assez complète, sans trop d'hypothèses
encombrantes ; ses avantages lui ont valu une traduction allemande.
0. Schroeder, Grundriss der Griechischen Versgeschichte, Heidel-
berg 1930. Comme le titre l'indique, c'est plutôt une esquisse
qu'une exposition complète et systématique. Schroeder est l'auteur

x) Aux titres des livres que je n'ai pas consultés moi-même, j'ajoute l'indi-
cation d'un compte-rendu.— Une bibliographie détaillée des travaux sur la
métrique et la rythmique grecques et latines parus dans le dernier quart de
siècle, composée par Kalinka, vient de paraître (Bursians Jahresberichte
1935, tome 250).
io 18
de plusieurs autres livres et de nombreux articles, dont on
trouvera les titres dans son Grundriss ; ses théories, dont le
caractère a été indiqué dans le paragraphe précédent, quoique
souvent remaniées, n'ont pas subi d'altérations essentielles.
B. Précis plus ou moins sommaires.
L. Havet et L. Duvau, Cours élémentaire de métrique grecque
et latine, IVme éd., Par. 1896.
K. Rupprecht, Griechische Metrik, IIme éd., Munich 1933.
P. Maas, Griechische Metrik (tome I, 7 de YEinleitung in die
Altertumswissenschaft de Gercke et Norden), Leipz. et Berl.
1923 ; réimpression augmentée de quelques additions de 1929.
L. Laurand, Métrique (grecque et latine) ; c'est le fascicule
VII de son Manuel des études grecques et latines-, IVme éd.,
Paris 1929.
A. C. Juret, Principes de métrique grecque et latine, Paris 1929.
C. Traités de métrique latine :
L. Mueller, De re metrica, IIrae éd., Saint-Pétersb. et Leipz.
1894. Écrit en latin ; d'une lecture très malaisée ; renferme une
foule d'observations minutieuses, les détails les plus insignifiants
sont étudiés à fond. Les mètres de Plaute et de Térence n'y
sont pas envisagés.
F. Vollmer, Rômische Metrik ; tome I, 8 de la même collection
que la métrique grecque de Maas déjà indiquée.
F. Crusius, Rômische Metrik, Munich 1929. Précis assez complet.
M, Lenchantin de Gubernatis, Manuale di prosodia e metrica
latina, Messine et Milan 1934 (comp. Klotz dans Phih Wochen-
schr. LV, 1935, col. 628 suiv.).
W. M. Lindsay, Early latin verse, Oxford 1922. Les questions
difficiles concernant les vers du drame latin y sont traitées à fond.
D. Ouvrages traitant de différentes matières :
A. Meillet, Les origines indo-européennes des mètres grecs, Paris
1923. Comparaison intéressante de quelques mètres grecs avec
la métrique d'autres langues de caractère quantitatif, notamment
du sanscrit.
C. Del Grande, Sviluppo musicale dei metri greci, Naples 1927,
(comp. Lenchantin dans Rivista di Filologia 1929, NS. VII,
p. 390 suiw.), et du même auteur : Espressione musicale dei poeti
greci, Naples 1932.
J. Krâl, Beitràge zur Griechischen Metrik, Prague 1925. Extrait
des grands ouvrages du même auteur écrits
en langue tchèque
18 ii
{Rythmique grecque, IIme éd., Prague 1915 ; Métrique grecque,
Prague 1906—1913). Défenseur de la métrique de Westphal ;
v. § 7-
A. Kôrte, Neuere Forschungen zur Griechischen Metrik, dans
Neue Wege zur Antike VIII, Leipz. et Berl. 1929. L'auteur passe
en revue et discute les publications récentes; les métriciens des
autres pays sont presque entièrement passés sous silence.
Th. D. Goodell, Chapters on Greek metric, New Haven 1901.
Certains points controversés sont discutés amplement ; les sources
authentiques sont toujours consultées sans intentions de nature
hypothétique.
H. Weil, Études de littérature et de rythmique grecques, Paris
1902. Recueil de comptes-rendus et d'articles, dont l'intérêt
réside surtout dans le sens critique et l'originalité des points
de vue de l'auteur.
W, R. Hardie, Res metrica, Oxford 1920. Les discussions de
cet auteur concernent les scansions nouvelles proposées par les
métriciens allemands, qui sont critiquées avec un conservatisme
avisé. Ce livre est en outre un manuel très pratique.
P. Maas, Die neuen Responsionsfreiheiten bei Bakchylides und
Pindar, I, Berl. 1914 ; II, Berl. 1921. Les licences que Schroeder
et d'autres savants admettent dans la correspondance strophique
de la lyrique dorienne sont rejetées d'une manière énergique.
J. W. White, The verse of Greek comedy, Lond. 1912. Je n'ai
rien à ajouter à ce que j'ai dit de ce livre magistral, v. § 7.
G. Thomson, Greek lyric mètre, Cambridge 1929. Hypothé-
tique et subjectif, comp. Kalinka dans PhiL Woehenschr. L,
1930, col. 1538 suiv.
A. Kolâr, Die Logaôden, Bratislavë 1933. Disciple de Krâl,
ce savant tchèque souscrit à la doctrine de son maître, tout en
y apportant certaines modifications.
P. Kikauka, HSQI zoev ^LXnalov tcal 2ajtq>ovç wù. AvanQÉovzoç
péxçcov Riga 1928 (du même auteur : Mètres de la poésie grecque
monodique, Riga 1931, cité par Kolâr, passim). Le savant letton
rejette, comme Kolâf, la scansion choriambique prônée par
l'école de Wilamowitz et de Schroeder ; il part, comme l'avait
fait Westphal, du rythme isochrone.
A. Wifstrand, Von Kallimachos zu Nonnos, Lund 1933. Études
pénétrantes sur l'hexamètre de l'époque tardive.
12 10
Le rythme en général est étudié par :
A. W. de Groot, Der Rhythmus {Neophilologus 17, 1932).
E. A. Sonnenschein, What is Rhythmt, Oxford 1925.
Il va sans dire que les études concernant le rythme sont
innombrables ; j'ai cité les ouvrages de deux auteurs dont la
connaissance de la littérature antique se joint à la familiarité
avec les expériences de la science phonétique et avec les résultats
de la linguistique et de la psychologie. On peut ajouter les travaux
des Bénédictins sur le rythme grégorien (Dom Mocquerau,
Le nombre musical grégorien ; Dom Jeannin, Étude sur le rythme
grégorien, et plusieurs autres ouvrages).
Enfin, les travaux de musicologues savants, comme J. Com-
barieu {Histoire de la Musique, Vme éd., Paris 1930) sont d'un
grand intérêt pour l'étude du rythme dans l'Antiquité.
Analyses complètes des oeuvres de divers poètes grecs :
O. Schroeder, Aeschyli Cantica, IV^e éd., Leipz. 1916.
O. Schroeder, Sophocles Cantica, Leipz. 1907 ; réimpression
de 1923 (avec des corrections).
O. Schroeder, Euripidis Cantica, Leipz. 1910 ; réimpression de
1928 (avec des corrections).
O. Schroeder, Aristophanis Cantica, Leipz. 1909 ; réimpression
de 1930 (avec des corrections).
O. Schroeder, Pindarus Carmina, IIme éd., Leipz. 1914 ;
réimpression de 1930 (avec supplément).
Les analyses de Schroeder reposent sur ses théories concernant
l'origine des vers grecs ; néanmoins, elles peuvent être consultées,
quoique, évidemment, avec quelque circonspection, par ceux
qui ne partagent point ses opinions. Les réimpressions sont en
grande partie des reproductions anastatiques,
F. Blass, Bacchylidis Carmina, Leipz. 1898 ; la quatrième
édition a été procurée par Suess (1912), la cinquième par Snell
(1934).
L'introduction de Blass a fait époque pour la théorie des mètres
lyriques.
Il n'existe pas d'analyses complètes des mètres des autres
lyriques ; les schémas de l'édition de Bergk ne sont pas très
instructifs, YAnthologia lyrica de Diehl n'en a pas du tout. J'ai
donné une analyse des mètres de Simonide dans la Revue des
Études Grecques XXXIX, 1936.
II i, 2, 3 13

II. Notions générales


1. La science de la versification grecque se divise en trois
parties :
i)La prosodie (doctrine concernant la valeur quanti-
tative des syllabes et quelques autres particularités se rapportant
aux éléments constitutifs des pieds métriques).
2) La métrique proprement dite (doctrine des unités
métriques primaires et de leurs combinaisons).
3) La strophique, c.-à-d. la théorie de la forme exté-
rieure des poèmes et des manières de combiner les vers et les
membres de vers.
2. Liste de quelques termes et signes 1) :
La durée d'une syllabe brève s'appelle mora (XQOVOÇ).
Une syllabe brève {brevis, /?ga#e?a) est indiquée par le signe u.
Une syllabe longue (longa, fiança), valant deux morae, est
indiquée par le signe
_.
Une syllabe indifféremment longue ou brève s'appelle anceps
(àèiâtpoçoç) quand la syllabe, bien que brève ou longue d'elle-
même, est de quantité indifférente pour la constitution d'un
vers ; elle s'appelle communis (xoivij) quand la syllabe elle-même
n'a pas de quantité fixe ; enfin, elle s'appelle irrationalis (&Xoyoç)
quand sa quantité n'est pas celle que le mètre exige. On les
indique toutes par une combinaison des signes v et superposés.
_
Voici les signes des syllabes plus longues que les longues
ordinaires: _i pour la longue de trois morae (fiança xQla-nfioç),
LJ pour celle de quatre (fi. zezQâarjfioç), UJ pour celle de cinq
morae (ji. Jievxâoqfioç).
3. Un pied (pes, novç) se compose de deux à quatre syllabes2).
Un mètre (metrum, fiézçov), appelé aussi s y z y g i e (syzy-
gia, ovÇvyia), se compose de deux pieds ; le mot mètre ayant
plusieurs significations, nous préférons employer l'autre nom
pour éviter des confusions fâcheuses.
N.B. Tous les pieds dissyllabiques et tris-
syllabiques dont l'étendue ne dépasse pas
quatre morae, excepté le dactyle de l'hexamètre
épique, sont comptés par syzygies; ainsi on
*) On peut comparer O. Schroeder, Nomenclator metricus, Heidelberg 1929.
a) Les pieds plus grands n'ont qu'une valeur théorique; v. les Anecdota
de Studemund, p. 232 suiw.
i4 II 3

trimètre le ïambique qui se compose de six pieds,


nomme vers
c.-à.-d. de trois mètres ou syzygies. Il va sans dire que cette
scansion n'est pas possible quand le nombre des pieds est impair»
Un côlon ou membre (membrum, xâXov) se compose de
quelques pieds ou syzygies dont l'ensemble ne forme pas un
vers indépendant ; d'ordinaire, son ampleur ne dépasse pas 18
morae (comme le trimètre ïambique) ; les cola
crétiques peuvent
compter jusqu'à 25 morae.
Un vers {versus, azixoç) se distingue d'un côlon parce que
cette combinaison de pieds ou de syzygies forme une unité
indépendante ; d'ordinaire son ampleur dépasse celle du côlon ;
il compte jusqu'à quatre syzygies et 30 morae (le tétramètre
anapestique catalectique). Une agglomération de syzygies plus
considérable s'appelle hypermètre (hypermeter, vnégfiezQov),
Une période (periodus, negloSoç) se compose de cola en
nombres différents ; son ampleur égale celle du vers ou la sur-
passe, mais elle n'en a pas le caractère fixe et n'est répétée qu'in-
cidemment.
Une strophe (stropha, azQoiprj) se compose de quelques
périodes ou vers ; elle forme l'unité métrique la plus considérable.
Bien que son étendue soit théoriquement illimitée, elle oscille
d'ordinaire entre huit et soixante syzygies.
Un système {systema, ovoz-nfia) se compose d'une succession
de cola de structure régulière (le plus souvent des dimètres) du
même mètre d'une étendue considérable ; comme nous l'avons
vu, on peut également considérer la notion de système comme
équivalente à celle d'hypermètre.
N.B. Toutes les unités plus considérables qu'un côlon (vers,
période, strophe, système) se terminent par une pause ; e 11 e
est marquée par l'hiatus et la syllaba anceps, c.-à-d.
que la dernière syllabe peut se terminer par une voyelle quand
la syllabe suivante commence par une voyelle, et qu'elle peut
être brève quand le mètre exige une syllabe longue.
Par contre, la dernière syllabe d'un côlon qui n'est pas en
même temps la dernière syllabe d'une unité plus considérable,
et la première syllabe du côlon suivant sont liées immédiatement ;
elles ne sont pas autrement traitées que les syllabes appartenant
au même côlon ou vers. Aussi un mot est assez souvent inter-
rompu à la fin d'un côlon. Cette liaison immédiate entre les
cola s'appelle synaphie {avvâcpeia).
II 3, 4 15

Par exception, les poètes ont admis la synaphie entre deux


vers ; elle se manifeste par l'élision de la voyelle finale, par
exemple
"Hpurù fiev ytvxfjç exi zà nvèav, rffiiav ô' ovx oïà"
EXZ' "EQOÇ, BIT' J&.IÔ7JÇ ijQnaae, JtXfyv âwavéç
(Callimâque, Épigr. XLI Cah.).
Sophocle a admis plusieurs fois cette licence ; aussi elle est
appelée Ysïôoç <ro<péxXeiov. Je cite les vers suivants du poète :
'Eyiù oiiz' èfiavzbv oiizs a' àXyvvcà. zl zavz'
&XXa>ç èXéyxeis; (OEd, R. 332 suiv.).
Le comique Eupolis a même interrompu un mot (composé, à
vrai dire) à la fin d'un vers :
2LXX' ovxl Svvazàv èaziv • ov yàç âXXà crtço-
fiovXevfia fiaorâÇovoi rrjç MÔXECOÇ fiéya
Ces vers (fr. 73 K.) sont cités par Héphestion (p, 15, 12 suiv.
Consbr.) ; il y ajoute quelques exemples où un nom propre est
divisé ainsi.
4, Quant à la composition des poèmes, quelques indications
sommaires suffiront ici ; il en sera reparlé dans le chapitre XIV.
Un poème peut consister en une succession ininterrompue
de vers égaux (par exemple Y Iliade et Y Odyssée) ; c'est la com-
position stichique (xazà ozL%ov).
Deux vers peuvent être réunis dans un couplet (distique ;
Siavixov). Les poèmes bâtis sur des distiques de vers inégaux
s'appellent épodes (&rt<pôot, ol).
Les strophes peuvent être groupées de manière différente ;
nous ne mentionnons ici que la structure monostrophique (une
seule strophe est répétée plusieurs fois) et la structure épodique
(une paire ou plusieurs paires de strophes égales sont suivies
par une strophe de composition différente). D'ordinaire, deux
strophes égales, la strophe et Y antistrophe (àvziaxgo<poç, 17), com-
posent avec une épode (èncoôâç, j}), une triade épodique, qui est
répétée plusieurs fois.
Les poèmes qui ne présentent aucune structure fixe, s'appellent
àazQoipa *) ; on fait rentrer dans cette catégorie les'systèmes (v. § 3),
les xofifioi (chants répartis entre le choeur et les acteurs), les

1) Par le terme &ozQa<pa Héphestion ne désigne qu'une partie insigni-


fiante de ce groupe; il l'indique par les termes thtoXEXvfiéva et è| ôpoicov,
v. XIV § 10.
i6 II 4> 5

monodies du drame, les dithyrambes et les nomes de la poésie


lyrique.
5. Nous indiquons la structure d'un poème par des moyens
typographiques (des blancs, des lignes rentrées ou sorties) ; les
Anciens disposaient d'un système de notes (notae, <rn[ieïa), que
connaissons principalement par le traité d'Héphestion
nous
HEQI arjfielcov (p. 73 suiw. Consbr.).
La paragraphes (naeâyoaipoç) (—•) indique la fin d'une strophe.
La corônis (XOQCOVÎÇ) (—) se trouve à la fin d'une triade.
~L'astérisque (âazEQiaxoç) (î&) indique la fin du chant entier.
Dans la poésie dramatique la paragraphos indique le change-
ment d'interlocuteurs ou de chanteurs dans le dialogue ou le
chant alternés. Pour séparer la strophe et l'antistrophe, on
ajoutait une couple de petits traits convergeant en dedans (ômXfj
vevBvxvla) (>), quand la paragraphos était déjà appliquée
sacù
dans le but indiqué.
Une couple de petits traits convergeant en dehors (SUIXTJ e£a>
vBVEVxvla) (<) était ajoutée pour séparer deux strophes de
constitution métrique différente.
Héliodore, dans sa colométrie d'Aristophane (v. I § 5), se
servait seulement de la première ômXfj ; il indiquait ainsi un
changement de mètre.
Deux ôinXaZ de la même espèce annonçaient le premier vers
de l'antistrophe, quand celle-ci était séparée de la strophe par
d'autres vers. Héphestion mentionne des symboles plus com-
pliqués pour indiquer la correspondance de ces stEQioôoi èv ôiExela.
Héliodore faisait aussi rentrer et sortir les lignes pour indiquer
l'ampleur différente des cola et des vers ; cette indication n'avait
pas de rapport avec le mètre. Les termes techniques sont BÏo-d'BOiç
(à rentrer), êneCa&Eaiç (à rentrer davantage) ; BX&BOLÇ (à sortir),
ènéx&BOLç (à sortir davantage) x).
La disposition graphique des cola etc. est l'oeuvre des philo-
logues de l'époque hellénistique, surtout d'Aristophane de
Byzance. Auparavant les parties non stiehiques des poèmes
étaient écrites comme de la prose ; aussi la prose rythmée ne se
distinguait guère de la composition lyrique de structure libre.

Je ne donne ici qu'un précis sommaire de la doctrine assez compliquée


*)
nsel o-rifielmv ; je l'ai exposée plus amplement ailleurs (Scholia in Aristophanis
Plutum et Nubes, Leyde 1927, p. 51 suiw.).
II 6, 7 17

6. Nous avons déjà vu que les unités métriques plus consi-


dérables que le côlon se terminent par une pause (§ 3) ; elle
peut être indiquée par le signe A (la première lettre du mot
AEIMMA) quand la pause équivaut à la durée d'une mora. Pour
indiquer les pauses de durée plus longue, on superpose à ce
signe le signe des syllabes dont la durée est égale à celle de la
pause (x, "x1, V).
Dans l'intérieur des cola et des vers de dimension si grande,
qu'ils ne peuvent pas être récités ou chantés d'un trait, il y a
des points de repos secondaires. Quand la voix s'arrête au milieu
d'un pied, il y a césure (caesura, xofirj) ; par contre, la
diérèse (diaeresis, ôialQBaiç) est appliquée entre deux pieds.
On les indique par le signe ||.
D'autre part, il y a des endroits où une pause est évitée et
où un mot ne doit pas finir ; il n'existe pas de terme antique
pour les indiquer. On les appelle des zeugmata (de ÇBvy/m) ;
les Allemands les indiquent par le mot «Brùcke» (pont),
La ponctuation selon le sens a très peu de rapport avec la
pause métrique ; il y a même des strophes dont la fin ne coïncide
pas avec la fin du sens, A certains endroits du vers on évite la
ponctuation (notamment dans l'hexamètre épique).
7. Un côlon ou un vers peut être allongé ou raccourci au
commencement ou à la fin. En général, la différence consiste
en une seule syllabe.
Un côlon ou vers allongé au commencement s'appelle p r o-
c é p h a 1 e (nQoxsyaXoç, c,-à-d. dont la tête fait saillie). Ce
phénomène est indiqué aussi par le terme anacrouse
(àvdxçovoiç), qui n'est pas antique dans cette signification.
Le côlon ou vers qui est raccourci au même endroit, s'appelle
acéphale (àxécpaXoç).
Un côlon ou vers allongé à la fin s'appelle hypercata-
lectique (vnEQxazâXijxzoç, de xazàXrfëiç, désinence).
Le côlon ou vers raccourci au même endroit s'appelle c a t a-
lectique (xazaXrjxzixôç) ; ce nom s'applique spécialement
quand la différence consiste en une syllabe. Quand il s'agit d'un
pied trissyllabique, deux syllabes peuvent être supprimées ;
alors on ajoute les mots in syllabam au terme général. Si l'on
veut faire ressortir l'omission d'une seule syllabe, on ajoute in
disyllabum. Enfin, les syzygies et les pieds de quatre syllabes
peuvent être diminués d'un pied entier (ou de deux syllabes)
Traité de métrique grecque 2
18 II l, 8

à la fin du côlon ou du vers; alors ceux-ci s'appellent brachy-


catalectiques (^QaxvxaxâXijxxoi).
Les cola catalectiques se trouvent souvent à la fin d'une unité
plus considérable (vers, période, strophe, système) ; on trouve
quelquefois des cola acéphales au commencement d'une telle
unité.
Deux cola catalectiques combinés en un vers font un dicata-
lectum (ôixaxâXijxxov).
Non seulement au commencement et à la fin, mais aussi dans
l'intérieur d'un côlon ou d'un vers, une ou deux syllabes appar-
tenant à un pied ou à une syzygie peuvent être supprimées,
surtout dans les vers ïambiques, trochaïques et ioniques ; ce sont
des syllabes syncopées. Si la durée de ces syllabes est ajoutée
à la durée de la syllabe voisine, la syncope s'appelle protrac-
tion; on se sert aussi du terme musical xovq, qui indique la
prolongation d'une note. Ainsi les syllabes longues deviennent
des syllabes de trois et de quatre morae (v. § 2).
Et la théorie antique (comp. V § 3) et ce qui nous reste des
partitions musicales des Grecs (comp. I § 1) nous autorisent à
affirmer que les Grecs ont connu et pratiqué la protraction.
Malheureusement nous n'avons aucune indication sûre de pro-
traction dans l'immense majorité des cas où la syncope est certaine
et la protraction possible. Aussi des métriciens circonspects
comme White ajoutent un point au lieu de la syllabe syncopée
(par exemple u devient _), mais ils n'indiquent pas de chan-
_ .
gement rythmique de la syllabe qui reste (u_ deviendrait _:).
La même question se présente à la fin de cola ou de vers cata-
lectiques. La durée de la syllabe ou des syllabes omises est-elle
représentée par une pause de la même durée ou non ? On peut
supposer que la durée de ces syllabes est ajoutée au moyen d'une
pause de la même valeur, quand le côlon catalectique conclut une
série de cola acatalectiques ; par contre, il est peu probable que les
choses se soient passées ainsi dans les vers catalectiques répétés
xaxà azLxov.
8. Il y a correspondance entre des unités métriques
de forme identique qui sont juxtaposées dans ce dessein. Parfois
on fait correspondre des unités similaires, qui ne sont pas
identiques ; on s'ingénie aussi à trouver une correspondance
dans l'intérieur d'unités métriques d'une certaine étendue. Nous
ne nous occuperons pas de ces tentatives dont les résultats
II 8, g, 10 19
sont trop souvent douteux à cause du caractère subjectif du
problème.
Le rythme d'un côlon ou d'un vers s'appelle ascendant
quand le levé (comp. §15) précède le frappé de chaque pied ;
le rythme s'appelle descendant quand le frappé précède
le levé. Par exemple, le rythme d'un vers ïambique est ascendant,
celui d'un vers trochaïque est descendant.
9. Parfois une syllabe longue et une syllabe brève changent de
place dans l'intérieur d'un pied ou d'une syzygie, ou à la fin d'un
pied (syzygie) et au commencement du pied ou de la syzygie qui
suivent. Ce phénomène s'appelle anaclase (âvdxXaaiç, de
àvaxXâv, recourber). Par exemple, une syzygie ïambique devient
par anaclase un choriambe : 15 u _ et Ib u_.
J'appelle métarythmie (fiBzaQQvvsfitaiç, de yLBxaQQvd'iii-
Çsiv, changer le rythme), le phénomène qu'on peut constater
dans quelques cola ou vers qui, bien que gardant la forme exté-
rieure qu'ils présentent d'ordinaire, doivent pourtant être con-
sidérés parfois comme des cola ou des vers d'une tout autre con-
stitution rythmique et métrique. Le phérécratéen offre l'exemple
le plus instructif de ce phénomène ; v. VII § 7.
On ne peut pas toujours définir la structure d'un côlon ou d'un
vers avec une certitude absolue ; alors il faut considérer la struc-
ture des vers avoisinants et deviner de cette manière la nature
véritable du côlon (vers) dont il s'agit.
La création de cola ou de vers nouveaux par l'omission ou
l'addition d'une ou de plusieurs syllabes au commencement
d'un côlon (vers) est indiquée chez les métriciens anciens par
le terme epiploce (ènunXoxtf, de nXéxco, enlacer) ; l'omission
s'appelle aphaeresis (âcpalçBoiç), l'addition prosthesis (stQÔa&eaiç).
Il y a des cola (vers) dont une ou deux syllabes initiales doi-
vent être séparées du reste ; elles sont indiquées par le nom de
base (fiâaiç), terme d'un usage général, bien que ne datant pas
de l'Antiquité.
10. Dans le tableau suivant les pieds comptant de deux jus-
qu'à quatre syllabes sont représentés en allongeant successive-
ment le pied plus court d'une syllabe brève et d'une syllabe lon-
gue au commencement.
Les péons sont numérotés d'après la syllabe longue, les épi-
trites d'après la syllabe brève ; par exemple, le troisième péon
est celui dont la troisième syllabe est longue.
( péon quatrième (uuu_) nalcov zézaQZoç
/
anapeste (uu_) dra«a«r*off
j choriambe ( ) Zoefo^oç
( diïambe (u u _) ôUafifloç
^w " j
y cretique
, . i.-^_; g?j ç ........ _
^ ^pitrite troisième (_-w_) éwiTçiToç TÇ£TOÇ

{ péon troisième (uu_u) nalav zgizoç


/[
amphibraque
, „ (u_u)
, . , «W^P?
,. J
ditrQchée (_u) ÔLrQ6x<xl0ç
trochée (-J) xçoxaïoç. . {
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\ , , l--u)
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\ naXifipaxxEioç
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. . âvzlanaoxoç
..
w) , ,
èjttxQixoç ,
xézaQxoç

spondée (_ -)
/
\
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, , fisiçovoç
II II 21
11. Un certain nombre d'entre les pieds mentionnés dans ce
tableau sont tout à fait hypothétiques ou ne se trouvent que par
exception ; en tout cas, ils ne sont pas répétés en séries cohé-
rentes. Ce sont l'amphibraque, le naXt(if}àxxei°Ç> k péon troi-
sième, l'antispaste, Fépitrite quatrième ; le molosse, l'épitrite
premier, le dispondée ; le pyrrhique, le péon second.
Quelques pieds quadrisyllabiques ne sont que des syzygies de
pieds dissyllabiques. Ce sont le diïambe, l'épitrite troisième ;
le ditrochée ; l'épitrite second ; le dispondée déjà mentionné.
D'autres pieds n'existent pas, à quelques exceptions près,
par eux-mêmes, mais ils se constituent souvent par la résolu-
tion de syllabes longues dans les pieds plus courts ; ce sont le
péon quatrième ; le tribraque, le procéleusmatique, le péon
premier.
Les dix pieds qui restent, sont les prototypes (nçcaxôzvna,
se. fiéxpa) ; ce sont l'ïambe, l'anapeste, le crétique, le choriambe,
le trochée, le spondée, le bacchée, l'ionique a minore ; le dac-
tyle, l'ionique a maiore. Les Anciens (notamment Héphestion)
distinguaient neuf prototypes ; ils y ajoutaient l'antispaste, mais
ils en exceptaient le spondéex) ; les bacchées et les crétiques
étaient comptés parmi les pieds péoniques, dont la valeur métri-
que est la même.
On distingue les pieds aussi d'après le genre (genus, yévoç),
lequel est déterminé par la proportion qui existe entre les deux
parties de chaque pied. Par exemple, le dactyle se divise en une
syllabe longue et deux syllabes brèves ; chaque partie compte
deux morae ; ainsi la proportion est de i ; i.
Au yévoç ïaov (la proportion est de i : i) appartiennent, parmi
les prototypes, le spondée, l'anapeste, le dactyle et le choriambe.
Au yévoç ôinXâoiov (la proportion est de i : 2) appartiennent
l'ïambe, le trochée et les deux ioniques.
Au yévoç fmiôXiov (la proportion est de 2 : 3) appartiennent
le crétique et le bacchée.
Au yévoç ênlzQizov (la proportion est de 3 : 4) appartiennent,
comme l'indique le nom, les épitrites, s'ils sont considérés comme
des pieds indépendants.
Quant à la signification des noms des pieds, elle est incon-
1) Le spondée remplace presque toujours des pieds dissyllabiques ou tris-
syllabiques de structure différente; mais il y a des chants qui se composent
entièrement de spondées; v. XIII.
22 II II, 12, 13

nue ou incertaine, quand il s'agit des pieds les plus anciens et


les plus ordinaires. Quelques pieds portent le nom des tribus
helléniques auxquelles on attribuait l'invention ou l'usage ori-
ginel de ces pieds (crétique, ioniques) ; d'autres empruntent
leur nom à leur constitution métrique (amphibraque, tribraque,
épitrites) ; enfin, quelques-uns sont dénommés d'après l'action
à laquelle ils sont associés (comme le anovèsloç, de anévôeo,
faire des libations).
12. Les pieds peuvent subir des modifications de nature dif-
férente ; nous en avons déjà indiqué quelques-unes dans les
paragraphes 7 et 9. En outre, les prototypes peuvent être rem-
placés par des pieds secondaires de la même valeur métrique ;
par exemple, à l'ïambe se substitue le tribraque comptant lui
aussi trois morae (w = o u J).
_
Ensuite, des syllabes de durée différente peuvent être substi-
tuées à des syllabes de durée légale dans certains mètres et en
certains endroits du côlon ou du vers. Par exemple, la première
syllabe d'une syzygie ïambique est longue ou brève selon la volonté
du poète. Ainsi à l'ïambe légal se substitue le spondée, pied
appartenant à un genre différent (w_ u_ : __ u_). La syllabe
longue résultant de cette substitution s'appelle irration-
nelle (irrationalis, iLXoyoç). On a supposé que sa durée (ou
bien la durée de chacune des deux longues du spondée entier)
était inférieure à la durée d'une longue ordinaire ; mais le doute
reste permis.
Il y a des vers qui se composent de deux cola, lesquels diffèrent
le plus souvent l'un de l'autre. Le vers constitué ainsi s'appelle
asynartète (âavvâQzrjzoç, de ovvagxoe, joindre) ; la diérèse
entre les deux membres est de règle. Exemple ;
'EQaafiovLôrj XagiXas, %Qj)fiù. xoi yBXoïov:

(Archiloque, fr. 79 B = 107 D).


Une série de dactyles est combinée avec une série de trochées.
13. Enfin il y a des catégories de mètres où les cola se
com-
posent d'éléments variés. Nous en indiquerons les principaux
groupes.
Les vers é o 1 i e n s se rencontrent, comme l'indique le nom,
surtout chez les poètes qui se servirent du dialecte éolien : Sappho
et Alcée, les lyriques célèbres de l'île de Lesbos. La marque dis-
tinctive de cette catégorie de vers, et qui en fait un
groupe à part
II 13» 14 23
dans la poésie grecque, est l'i s o s y 11 a b i e, c-à-d. le nom-
bre fixe des syllabes des cola et des vers. Ils commencent par
une base (v. § 9) ou une syzygie entière dont les syllabes n'ont
pas de quantité fixe ; la partie du vers dont le rythme est nette-
ment marqué, se compose de dactyles ou de choriambes x).
Les dac t yl o-é pi t r i t e s présentent des cola dans les-
quels des éléments dactyliques et trochaïques, et des éléments
anapestiques et ïambiques se rencontrent en proportion presque
égale. Le plus souvent, les mètres trochaïques et ïambiques sont
construits de telle manière que les syzygies présentent la longue
irrationnelle (v. § 12) ; elles deviennent ainsi des épitrites. Les
dactylo-épitrites appartiennent aux chants choraux, aussi bien ceux
du drame que ceux de la poésie lyrique (Pindare, Bacchylide).
Les logaèdes forment une catégorie apparentée à la caté-
gorie précédente ; ici une série plus considérable de dactyles ou
d'anapestes est suivie d'une partie beaucoup plus petite qui se
compose de trochées et d'ïambes ; les derniers pieds du vers n'af-
fectent pas de préférence la structure épitritique ; leur étendue
ne surpasse pas celle d'une syzygie. Le nom de ces vers s'expli-
que par le caractère des dactyles et des trochées, qui s'y trouvent
mélangés ; ceux-ci se prêtent surtout à des compositions non chan-
tées, tandis que les dactyles appartiennent aux chants épiques 2).
14. Les mètres différents ont tous leur caractère propre et appar-
tiennent à des genres de poésie spéciaux. On distingue les vers
chantés, les vers dont la récitation est dénuée d'éléments musi-
caux, et les vers récités avec accompagnement musical. A la pre-
mière catégorie appartiennent les monodies et les chants choraux
de la poésie lyrique et du drame. La seconde catégorie embrasse
la poésie épique et les parties du drame qui appartiennent au
dialogue (il va sans dire que la déclamation des dactyles par les
rhapsodes avait un tout autre caractère que la récitation des
ïambes par les acteurs). Le dernier genre de débit s'appelait
*) La liberté de la base n'est pas absolue; quelques formes en sont préfé-
rées aux- autres. Quant aux vers (cola) dans lesquels une syzygie précède la
partie choriambique, leur structure est encore moins libre. Voyez, pour
plus de détails, la discussion spéciale réservée à ces vers (IV 10 suiw.; X 2
suiw.).
2) Apparemment l'inventeur du terme XoyaoïSixôs ne s'est pas rendu
compte du fait que l'Iliade et Y Odyssée ne contiennent des « chants » qu'au
sens figuratif. V. l'explication assez confuse dans les scholies A d'Héphestion,
p, 130 Consbr.
24 H x4> *5

naoaxazaXoyfi ; c'est notre récitation mélodramatique. On en


attribue l'invention à Archiloque (Plutarque, De Musica c. 28,
§ 277 suiw. Weil et Reinach) ; il se servait de la napaxazakoyq
la récitation de ïambes. Elle était aussi appliquée dans
pour ses
le drame, mais nous ne savons pas exactement en quels endroits.
Xénophon nous apprend que des tétramètres (trochaïques) étaient
récités de cette manière par un acteur (Sympos. VI 3) ; on
suppose généralement qu'à part les tétramètres trochaïques, les
systèmes anapestiques de la parodos et de Yexodos appartenaient
aussi à la naQaxazaXoyrj.
Le caractère de l'ïambe est défini par les Anciens comme XEXZIXÔÇ
(propre à la langue parlée), du trochée comme zQoxaXôç (rapide)
et xogôaxixôç (pétulant), du dactyle comme OBfivôç (majestueux),
des ioniques comme naXftaxôç (efféminé). L'anapeste était le
rythme propre à la marche; il exprimait également le mouve-
ment ordonné des rameurs.
15. Les théoriciens grecs ignorent complètement l'accent
métrique ; il faisait d'ailleurs entièrement défaut dans la poésie
grecque ou, tout au plus, son rôle était secondaire et minime. Il
faut faire abstraction de la versification des langues germani-
ques, qui repose sur l'accent dynamique, quand on veut com-
prendre la métrique grecque.
Les Grecs ne connurent que l'accent musical des mots ; le
terme npoaoeôLa (accentus, de d>Srj et de cantus) l'indique suffi-
samment. Le ton des syllabes s'élevait ou descendait dans la
langue parlée ; dans l'écriture, les accents étaient ajoutés aux
syllabes affectées par le changement du ton. Les syllabes n'étaient
pas différenciées par l'intensité de la prononciation.
Le mot ictus, dont nous nous servons pour indiquer l'accent
métrique, avait un tout autre sens chez les Romains. Il n'indi-
quait lui non plus un accroissement d'intensité, subi par la syl-
labe qu'il marquait, mais il se rapportait au battement de mesure,
qui s'effectuait par l'élévation et l'abaissement du doigt ou du
pied (Lesbium servate pedem meique pollicis ictum, Horace, Carm.
IV 6, 35 suiv. ; pedum et digitum ictu intervalla signant, Quinti-
lien IX 4, 51).
La conclusion est évidente : «Pour lire les vers anciens, grecs
et latins, il faut donc et il suffit d'observer la quantité et l'accen-
tuation des mots. » (Juret, Principes, p. 6). « Die Einsrimmigkeit
der Aussprachen antiker Grammatiker und Metriker spricht
II 15 25
dafûr, das der griechische und lateinische Rhythmus der klas-
sischen Période ein reiner Dauerrhythmus war. Es gibt m. E. kei-
nen Grund, die Richtigkeit dieser Beobachtung anzuzweifeln. »
(De Groot, Der Rhythmus, p. 20 du tirage à part1)). « Unter den
Philologen wie unter den Linguisten dringt allmahlig die Meinung
durch, dass der griechische Vers keinen dynamischen Iktus
kannte, » (Wifstrand, Von Kallimachos zu Nonnos, p. 26). Il ne
faut jamais perdre de vue l'avertissement formel d'Aristoxène :
"Ozi (ièv oiv nsçl xoiiç %QOVOVÇ èaxl (se, ô §v&/i6ç) xaï zi)v
zovxcov a'ta&T}atv, BiQt]zai fièv xaï èv xotç BfinQoo'&Bv, XBXZÉOV
ôè xaï nâkiv vvv àgXV V^S XQÔnov xivà zrjç nspl xovç QV&fioèç
ènujx7jfi7)ç èaxiv aftzin (p. 268 Mor., p. 409,8 — 11 chez Marquard).
Les éléments constitutifs de l'unité rythmique, appelée ^v&fiôç
ou novç, étaient marqués, nous l'avons déjà vu, par l'élévation
et l'abaissement d'un doigt ou d'un pied ; dans lés chants accom-
pagnés de danse, le pied faisait spontanément fonction de régu-
lateur du rythme. Par conséquent les deux parties de chaque
novç indiquées de cette manière étaient nommées &poiç (de
aiQco, lever) ou zà Uvco, et v^éaiç (de xt-dyfii, poser, c.-à-d.
le pied) ou xà xaxca ; les termes zà âvco et zà xâxoa ont été
employés déjà par Damon ; les autres se trouvent chez Aristoxène
et chez Aristide Quintilien, toujours dans le même sens. Nous
empruntons au livre de M, Juret le terme levé pour indiquer
la première partie du pied, frappé comme traduction de &éoiç.
Il vaut mieux s'abstenir des termes antiques, parce qu'ils ont
été, depuis l'antiquité, appliqués de manière différente. Première-
ment, Yarsis peut indiquer la première partie de tous les pieds,
aussi bien de ceux dont le rythme est ascendant, que des pieds
de rythme contraire ; la thesis indique alors la partie suivante 2).
Et puis, le sens exact des deux mots s'étant perdu, ils peuvent
indiquer exactement le contraire de ce qu'ils désignaient d'ori-
gine ; alors Yarsis indique le temps fort, la thesis le temps faible
1) Je ne prends pas à ma charge les mots « et latins », « und lateinische »
ajoutés par MM. Juret et De Groot. Pour le latin, la nature de l'accent des
mots et de l'ictus métrique est, encore de nos jours, discutée âprement sans
qu'on soit parvenu à des résultats susceptibles d'approbation générale; v.
Précis de métr. lat. § 9.
2) Horum (il s'agit de l'ïambe et du trochée) arsis et thesis alterna mutations
variatur, siquidem in iambo arsis primam brevem, in trochaeo autem longam
habeat incipientem, thesis vero contraria superioribus sumat, Marius Victorinus
I 11, p. 45, 2 suiw. K.
26 II 15

de chaque pied x). Bentley et beaucoup d'autres philologues ont


employé les termes dans ce sens ; chez eux, la première syllabe
de l'ïambe constitue la thesis du pied, tandis qu'elle en était
originellement Yarsis.
Résumons notre levé précède le frappé dans les pieds de
.*

rythme ascendant, comme l'ïambe ; au contraire, il suit le frappé


dans les pieds de rythme descendant, comme le trochée. Aucun
ictus d'intensité ne les différenciait ; si le déclamateur faisait
ressortir les frappés par une tension plus forte de sa voix, c'était
son affaire à lui ; la constitution du vers ne l'exigeait pas.
Le frappé compte au moins deux morae, abstraction faite
du pyrrhique, lequel n'a pas de caractère rythmique bien défini.
Le levé compte au moins une mora. La durée du levé est égalée
ou surpassée par celle du frappé ; les syzygies avec longue
irrationnelle forment une exception plutôt apparente que réelle.
Le frappé était indiqué par un point (axiyfiij) superposé 2) ;
le signe est appliqué de cette manière dans l'inscription d'Aidin
citée dans l'introduction de ce livre ; v. § i. Mais il semble que
par suite de la même confusion, qui a conduit à l'inversion du
sens des termes arsis et thesis, la aziyftrj peut marquer aussi le
levé ; du moins, quelques fragments de musique découverts
récemment sur des papyrus semblent admettre ce point de vue 3).
Les théoriciens antiques ne mentionnent la aziyfiri qu'une seule
fois ; mais nous ne pouvons pas décider en quel sens l'auteur
anonyme de basse époque dont il s'agit, se servait des termes
arsis et thesis 4). En tout cas, les aziyfiaC sur les ïambes de YEpi-
taphium Sicïli et sur les dochmiaques de YOreste d'Euripide
(v. XII § 7) ne peuvent désigner que le frappé.

x) Est enim arsis sublatio pedis sine sono, thesis positio pedis cum sono : item
arsis elatio temporis, soni, vocis, thesis depositio et quaedam contractio sylla-
barum, Marius Victorinus I 9, p, 40, 15 suiw. K,
2) C'était déjà l'opinion de Westphal (Théorie I, p. 108 suiv.); elle est suivie
par la majorité des métriciens de ce temps, par exemple par White (Verse
of Gr. com., p. 3, note 1), Del Grande [Intorno ai papiri musicali, Chronique
d'Egypte 12, 1931, p. 445). On peut comparer la discussion impartiale de
Mountford, JVetv chapters in the history of Greek literature, Sec. ser., p, 160-163.
a) Del Grande pense qu'ici les aziyfiai ne se rapportent pas au rythme,
mais à l'accompagnement instrumental, op. cit. p. 447.
4) "H fièv ovv {héois anpaivEzat, ozav ârcXcôç xà arjfiEÏov aaxixxov
y —'
rj S' ago-cç, Szav iaziyftévov, Anon. de musica, éd. Beilermann, p. 21 § 3.
III I, 2 27
III. Prosodie
1. Règles générales.
a) Une syllabe est longue quand elle contient une voyelle
longue *) ou une diphthongue, ou quand la voyelle, bien que
brève, est suivie de deux ou de plus de deux consonnes ou
d'une consonne double. Dans le premier cas, la syllabe est
longue de nature (yvosi), dans l'autre cas elle est
longue par position (Pétrel).
b) Une syllabe est brève quand elle contient une voyelle
brève suivie tout au plus d'une seule consonne.
c) Une syllabe est communis (v. II § 2) quand elle contient
une voyelle brève suivie d'une muette et d'une liquide (muta
cum liquida), qui appartiennent au même mot ou au mot sui-
vant ; si la muette et la liquide appartiennent à deux mots ou
aux éléments constitutifs d'un composé, la syllabe est longue
par position (a). Par exemple, dans le mot nenQéopevxaç, inséré
dans un vers ïambique, la première syllabe est communis et
considérée comme brève, tandis que la syllabe suivante ne peut
être que longue ; par contre, la première syllabe des mots èx
AaxBÔaCfiovoç est toujours longue.
Parmi les combinaisons de muettes et de liquides les com-
binaisons pX, yX, yv, ôv, y/i, Ôfi n'admettent jamais ou presque
jamais la communis ; les syllabes auxquelles ces consonnes se
rapportent, sont presque toujours longues par position.
La position grâce à laquelle une syllabe peut être brève,
s'appelle position faible (positio debilis). La communis
étant surtout considérée comme brève dans la comédie attique,
ce phénomène est indiqué par le terme correptio attica.
2. Exceptions à la règle ia.
Une voyelle longue ou une diphthongue qui se trouve à la
fin d'un mot dans le levé d'un pied, est le plus souvent abrégée,
quand le mot suivant commence également par une voyelle ;
dans le frappé, elle ne subit pas l'abréviation. Parfois l'abré-
viation est appliquée à l'intérieur d'un mot devant une voyelle ;
dans ce cas, il s'agit presque toujours de diphthongues 2) ; par
x) Les grammairiens grecs distinguaient les voyelles longues (1, <»), les
voyelles brèves (c, o) et les voyelles qui peuvent être longues ou brèves
(a, i, v)- ces dernières s'appelaient Sixsova.
s) Une voyelle longue est abrégée dans les formes ygoyog (-ES, -as) chez
Homère et chez Pindare et dans Sqioio chez Homère.
28 III 2, 3, 4
exemple, la syllabe du verbe noim est souvent brève, et elle
oi
même écrite un simple dans beaucoup de textes
se trouve par o
épigraphiques, dans plusieurs manuscrits et dans quelques
éditions modernes (par exemple dans celle d'Aristophane de
Coulon et Van Daele).
On désigne le phénomène que nous venons d'expliquer par
la règle latine vocalis ante vocalem corripitur, dont l'application
est plus restreinte en grec qu'en latin.
D'autre part, il y a des cas où une voyelle brève suivie d'une
consonne double ou de deux consonnes constitue une syllabe
brève — cela contrairement à la règle la.
L'abréviation d'une voyelle longue dans le levé et la négligence
de la position se trouvent surtout dans l'hexamètre homérique ;
l'hexamètre de Callimaque et surtout celui de Nonnus (cinquième
siècle après J.-C.) présentent ces particularités à un moindre
degré. En général, elles sont limitées aux vers dactyliques et
anapestiques ; l'abréviation de la voyelle longue finale se trouve
aussi quelquefois dans le choriambe et le dochmiaque ; Pindare
admet parfois le mot èaXôç avec syllabe initiale brève. Il y a
encore d'autres exemples, qui seront passés ici sous silence.
3. Quoique la règle vocalis ante vocalem corripitur repose sur
des principes d'ordre phonétique, son application illimitée dans
les vers d'Homère s'explique en grande partie par la nécessité
où le poète se trouvait d'insérer dans ses vers des mots impropres
aux pieds dactyliques et spondaïques de l'hexamètre ; par
exemple, la forme aizLrj (_ w _) n'y pouvait entrer qu'avec syllabe
finale abrégée (_ u J) ; v. T 164. C'est par la même nécessité
que s'explique la négligence de la position dans certains cas.
Ainsi la forme àvôpozrjza (_ u d) n'est utilisable qu'avec syllabe
_
initiale brève (u w o) ; v; H 857. La syllabe qui précède le mot
_
axénapyov serait toujours longue, si l'on observait la position;
mais la série _u_o; qu'on obtiendrait de cette manière, est
rebelle au mètre dactylique. Aussi le poète est obligé de faire
abstraction du principe dont il s'agit ; v. e 237.
Quelques noms propres sont écrits avec une ou deux con-
sonnes selon l'exigence de la métrique, par exemple 'AXIX(X)BVÇ :
u u _ OU u *
4. Exceptions à la règle 16.
f
Les liquides, le a et le (digamma), consonnes dont la durée
est susceptible de prolongation, peuvent compter pour deux
III 4» 5 29
consonnes, de sorte que la règle ia devient de rigueur; à l'inté-
rieur d'un mot, la prolongation de la syllabe qui précède ces
consonnes, est indiquée soit par le dédoublement de la consonne
(par exemple UXXa%Bv au lieu de UXaxBv) soit par la substitution
d'une diphthongue à la voyelle simple (par exemple vnslQ &Xa
au lieu de -ônèg à'Ao). Quand la voyelle prolongée et la consonne
se trouvent dans deux mots séparés, la prolongation n'est pas
indiquée dans l'écriture ; ainsi le vers a 56 se lit ; atel ôè
fiaXaxoïffi etc.
Le digamma n'était pas écrit dans les manuscrits d'Homère,
même dans les époques les plus reculées ; il se trouve dans les
papyrus contenant des fragments de lyriques (Alcman, Sappho,
Corinne). L'influence de cette consonne disparue se fait sentir
un peu partout dans la poésie homérique ; par contre, elle est
déjà absente de la poésie dramatique.
La prolongation causée par les consonnes que j'ai nommées
concerne, à quelques exceptions près, des syllabes qui se trouvent
dans le frappé du pied ; par contre, elle se trouve dans le levé
dû premier pied du vers W 493 (Aïâv 'IôofiEvev xe) et dans
quelques autres vers.
Indépendamment des consonnes qui suivent la voyelle brève,
une syllabe brève peut compter pour longue dans le frappé du
pied, si le mètre l'exige. Ainsi une syllabe qui se trouve au
milieu de cinq syllabes brèves (média inter quinque) et celle qui
est la première d'une série de trois syllabes brèves, sont con-
sidérées comme longues, par exemple la troisième syllabe de
fiexExlaiiï'OV et la première syllabe du mot âûàvaxoç.
Abstraction faite de l'influence du g, les particularités men-
tionnées dans ce paragraphe se rapportent essentiellement à
l'hexamètre homérique ; Callimaque n'a admis ces licences que
dans certains cas ; la versification de Nonnus est, ici aussi,
encore plus sévère. Quant au §, au commencement d'un mot
il peut compter partout pour deux consonnes, comme c'est le
cas régulièrement dans la comédie attique.
5. Extension de la règle ic.
Dans plusieurs mots la voyelle, appartenant aux ôlxpova (v. la
note au paragraphe 1), n'a pas de quantité fixe, de sorte que la
syllabe est considérée comme communis. Ici encore, il s'agit en
première ligne du vers épique de l'époque archaïque. Par exemple,
le datif AnôXXcovi ne peut entrer dans un vers dactylique qu'avec
30 III <$, 6

o au lieu de u__o). Un
syllabe initiale longue ( exemple
frappant est présenté par le vers E 455, qui commence par le
vocatif réitéré *AQBÇ "AQBÇ ; la syllabe initiale est d'abord longue,
ensuite brève.
La quantité des ôixQova peut varier selon le genre de poésie ;
la première syllabe des mots Vaoç et xaXôç est longue dans la
langue homérique, brève dans le dialecte attique, tandis que la
quantité est variable dans les poèmes appartenant à d'autres genres
et à d'autres dialectes. Chez Homère, la première syllabe des
mots âvtjp et "Sôoeg est très souvent longue ; dans la poésie dra-
matique, les formes avec première syllabe brève sont de règle.
Dans la poésie lyrique, notamment chez Pindare, le v de ^gucreoç
est souvent bref ; ailleurs la voyelle est longue.
Il y a encore d'autres mots avec syllàba communis à cause d'un
ÔLXQOVOV dont la quantité n'est pas fixe ; nous ne pouvons pas
les énumérer ici.
6. La syllaba communis par position, elle aussi, est traitée
différemment dans les genres différents. Dans la poésie épique
elle est considérée de préférence comme longue ; la communis
brève est admise surtout à cause du mètre ; par exemple,
le vocatif IlâxQoxXE se trouve au commencement du vers, où
la forme ZZatgôxAe (_ J) serait plus difficile à appliquer ;
_
v. T 287.
Nous avons déjà vu que la communis est considérée comme
brève surtout dans la comédie attique (§ 1) ; dans les autres
genres de poésie la communis est tantôt longue, tantôt brève ;
dans un vers de Sophocle elle est appliquée des deux manières,
appartenant les deux fois au même mot : xsZxai ôk vsxgàç nsçl
VBXQÔ), xà wpqpixâ (Soph., Ant. 1240).
Dans la tragédie la correptio attica se trouve souvent ; sa fré-
quence est moindre dans la poésie lyrique chorale, tandis que la
communis est considérée de préférence comme longue dans la
poésie élégiaque, chez les ïambographes et dans la poésie lyrique
monodique (les poètes de Lesbos, Anacréon). Callimaque et les
autres poètes épiques de l'époque alexandrine et des premiers
siècles après J.-C. appliquent le plus souvent la correptio Nonnus
;
revient, avec quelques modifications, à la pratique de la poésie
épique archaïque.
Le savant byzantin Démétrius Tricîinius (v. I § 6) inventé
a
des signes pour indiquer la communis considérée
comme longue
III 6, 7> 8 31
(~i) et comme brève (i_) x) ; à cause de leur ressemblance avec
le signe qui indique la syllabe longue de trois morae (v. II § 2)
nous n'osons pas proposer l'application de ces signes, d'ailleurs
fort commodes et plus agréables aux yeux que les symboles
que quelques savants modernes emploient pour indiquer la correptio
attica (xX : les consonnes n'en font qu'une dans la prononcia-
tion) et la prolongation par position devant la muette et la liquide
(x'A : les consonnes sont prononcées séparément).
7. Enfin, l'esprit rude se joignant à une consonne peut suffire
quelquefois à prolonger une syllabe par position. Le fait est attesté
par la théorie métrique et confirmé par plusieurs exemples dans
la poésie des Grecs ; v. mon Tractatus graeci etc. p. 115 suiw. 2).
L'exemple le plus connu se trouve chez Homère :
TQCÙBÇ S' BQQlynoav, ôncoç l'ôov alôXov (M 208),
oqiiv
La première syllabe du mot &<piç est longue par position à cause
de la consonne aspirée <p, qui suit la voyelle brève.
8. Modifications que les syllabes peuvent subir.
É1 i s i o n : une voyelle brève finale est supprimée (elidere)
quand le mot suivant commence par une voyelle. On évite ainsi
une succession de voyelles qui s'entrechoquentd'une manière désa-
gréable à l'oreille. Quand cette succession n'est pas évitée, il y a
Hiatus: le rythme est interrompu par un « bâillement »
(%aafio}ôCa, de ^d<r«o?) ; il est indiqué par le signe H (première
lettre du mot hiatus). En poésie, l'hiatus est évité dans l'intérieur
de toutes les unités métriques qui ne dépassent pas l'ampleur
d'un côlon, et entre les cola eux-mêmes (v, II § 3) ; en prose,
les stylistes méticuleux, comme Isocrate, l'évitaient également,
marchant dans les traces de Thrasymaque (v. I § 3).
Dans la poésie homérique, l'hiatus est encore fréquent ; l'effet
en est atténué par les pauses métriques dans l'intérieur du vers.
Aussi il est admis :
1) dans la césure xaxà zàv ZQCZOV ZQOXO.ZOV (V. TV § 14),
par exemple
MELCOV, oi) xi zôaoç ys, || ôaoç TsXaficovioç Aïaç (B 528),
2) dans la diérèse bucolique (v. le même paragraphe), par
exemple
*) Dans son introduction aux scolies d'Aristophane, p. XXXI de l'édition
de Dûbner.
2) On peut ajouter aux exemples cités dans mon livre : Pe^Xov (Théogn,
iogg), <piX6aa<pov (Aristoph., Ass. d. F. 571),
33 III 8
MX' Uy èfi&v àxémv êni^aso, || ô'<pQa ïô-nat (E 221),
3) après le premier pied suivi d'une ponctuation, par exemple
°AXX' Uva, | BI fiéfiovâç ys xaï oy>s nsp vïaç A%ai&v (I
247).
Au dernier endroit l'hiatus est plutôt évité que recherché ; cette
tendance est attestée par la formule ri>ç 'écpa&', xzX., employée
devant un mot qui commence par une voyelle, tandis que l'augment
du verbe est omis devant un mot qui commence par une consonne
(&ç tpâzo, xzX.),
L'hiatus ne choque pas l'oreille et ne donne pas lieu à l'élision
après une voyelle longue ou une diphthongue ; nous avons déjà
traité d'une autre modification que les syllabes peuvent subir
dans ce cas (v, .§2).
Quant aux voyelles brèves, l'hiatus est permis
après le 1,
1)
a) au datif singulier de la troisième déclinaison,
6) après les mots xl (xî), oxi, k'xi (ici rarement), MEÇC ;
2) après le v ; ce ne sont que des cas isolés, par exemple
ov èaai (Z 123);
3) après le o des mots ô', zô, ngô ; mais les exemples sont
rares et discutés par beaucoup de savants.
Un grand nombre d'hiatus sont éliminés par la substitution
du digamma (v. § 4) ; toutefois il en reste encore une certaine
quantité qui ne peuvent être expliqués d'aucune manière, par
exemple f ïva ùp'piv (A 203).
L'hexamètre est normalisé aussi, à cet égard, par Callimaque
et surtout par Nonnus ; mais la plupart des poètes épiques a
continué à suivre la manière libre d'Homère avec des restrictions
plus ou moins sévères.
Dans les autres genres de poésie, l'hiatus est plus rare ; sig-
nalons, avant de passer à la poésie dramatique, l'exemple sin-
gulier qui se lit chez Archiloque, où il y a hiatus après la
voyelle v :
$CXZSQ' rjnBlQOV yévnzai, xoZai 6' r)8v ijv Ô'QOÇ
(fr. 74,9 B. et D.).
Dans la tragédie et dans la comédie, les interjections per-
mettent l'hiatus (lov lov; naZ, tfpt, Nuées 1144). Il est permis
également après le mot xi, et, notamment dans la comédie, après
ô'xi et nsçl, et dans les locutions ovôk sïç et firjôè efç.
Ensuite l'hiatus est toléré dans la césure et dans la diérèse,
s'il y a changement d'interlocuteurs et ponctuation :
III 8, 9, io 33
A. 'Sic èÇErtXTrjo&t]. B. 'Ià> là> SvaxTjvB av
(Sophocle, Philoct. 758) ;
A. 'Si VB&V ptùfiol naxpoboi. B. ovç aè noo&TÏffùjv ndpEi
(Eurip., Phénic. 604)1).
Enfin, la répétition d'un mot peut accentuer une pause métrique
et la rendre assez forte pour excuser l'hiatus, par exemple
Atfiaxt, Setvtp, aïfiaxi Xvyptô (Eurip., Phénic. 1497).
Nous concluons ce paragraphe en remarquant que, d'une façon
générale, il ne saurait plus exister d'hiatus quand il y a eu élision ;
alors la liaison entre les deux mots est devenue si étroite qu'ils
n'en font, pour ainsi dire, qu'un seul ; par exemple : âXys'
B&rjxBv, Hom. A 2.
9. Là où l'hiatus est admis, l'élision n'est plus de rigueur ;
dans certains cas, elle ne se produit jamais. Après Homère, le 1
du datif de la troisième déclinaison n'est pas élidé au singulier ;
les poètes attiques n'élident pas non plus le 1 du même datif
au pluriel. En outre, cette voyelle et le 0 ne subissent pas
l'élision dans les mots xi (xi), oxi; npô, nEpi (mentionné déjà
dans le paragraphe précédent) 2) ; &XQI, fiéxpi.
Le v n'est jamais élidé.
Enfin les mots o, s; x6, zd; Uva (vocatif de àVa£) ne sont pas
susceptibles d'élision.
Les diphthongues ai et 01 peuvent être élidées:
a) ai dans les désinences appartenant au moyen et au passif
des verbes (où elle est comptée comme brève par rapport à
l'accent),
b) 01 au datif singulier des pronoms personnels, notamment
à la fin de (ioc et de l'interjection oï'ftoi, composé dont le mot
précédent est un élément constitutif.
L'élision de ces diphthongues devient également moins fré-
quente après Homère; l'élision de ai est rare dans la tragédie,
celle de 01 partout dans la poésie posthomérique.
10. Aphérèse: quand un mot commence par une voyelle
brève, celle-ci peut être supprimée; il s'agit le plus souvent du B.
L'aphérèse est surtout une particularité de la poésie dramatique;
dans la poésie homérique, le seul mot âç>a peut subir l'aphérèse

x) Murray a accepté dans son texte la correction des Byzantini nazoâo>v.


s) Dans le dialecte éolien ÏXCQÎ devient nto par apocope, aussi bien devant
les consonnes que devant les voyelles.
Traité de métrique grecque 3
34 III IO
devient
(à'ga: ça). Voici d'autres exemples: èfiov èndxovoov
èfiov 'ndxovaov; /M) efa> devient fii) 'fa>.
Dans plusieurs cas la crase (v. § n) est également possible;
alors les deux mots n'en font qu'un dans l'écriture (fiijÇco), tandis
les mots restent séparés quand il y a aphérèse.
que
L'aphérèse concerne souvent des formes verbales dont l'aug-
ment est supprimé de cette manière, par exemple ènEÎ 'ôâxQvaa
au lieu de ènBÏ èôdxpvaa.
Si l'aphérèse est appliquée régulièrement au même mot (par
exemple à'ga), elle n'est pas désignée par des symboles graphi-
ques; ailleurs on l'indique par l'apostrophe (ànôaxQocpoç, fj), dont
le signe ne diffère pas de celui de l'esprit doux1).
Syncope: une voyelle est supprimée à l'intérieur d'un mot,
par exemple yvv% de yôvvÇ; elle appartient surtout à l'épopée.
Dans xinxB elle s'allie à la contraction de deux mots (xi noxE).
Apocope : une voyelle est supprimée à la fin d'un mot ou,
ce qui arrive souvent, à la fin du premier élément constitutif
d'un composé. Il ne faut pas confondre l'apocope avec l'élision
(§ 9) ; celle-ci ne se trouve que devant une autre voyelle et la
voyelle supprimée est indiquée par l'apostrophe, tandis que la
disparition totale de la voyelle supprimée par apocope n'est
désignée d'aucune façon.
L'apocope est assez fréquente dans l'épopée et dans la poésie
lyrique ; elle est rare dans la poésie dramatique, où elle se trouve
encore le plus souvent dans la tragédie. L'apocope des prépo-
sitions est une particularité de la plupart des dialectes grecs et
elle n'est pas confinée à la poésie ; elle fait défaut dans le dialecte
ionien et attique.
Par suite de l'apocope, âga devient àg; les consonnes des
prépositions sont assimilées aux consonnes du mot suivant; par
exemple âvà nsôiov : [&v neôiov] : âfi nBÔiov.
Epenthèse: une lettre est insérée entre des consonnes
à l'intérieur d'un mot, par exemple âvôçôç du radical ANP,
ëcpEvoç à côté de âcpvEiôç, fiBorjfiflQia de [fiEaijfiBQia]. Ce phéno-
mène d'ordre phonétique appartient à la métrique en ce sens
qu'il met parfois le poète à même de conformer les mots au
mètre.

*) A l'origine celui-ci était de forme différente H); l'apostrophe et la


corônis ont gardé la forme originelle.
III ii, 12 35
11. Crase: la dernière voyelle d'un mot (le plus souvent
monosyllabique) et la première voyelle du mot suivant sont
liées ensembles et les deux mots sont contractés en un seul ;
xaï ô devient #a>, xà &XXa devient xâXXa.
Tantôt la contraction a lieu conformément aux lois de la
contraction à l'intérieur d'un mot (o êyôçei devient ovçpâçsi,
comme BÔOVXOEÇ devient èôovXovç), tantôt l'influence de la
voyelle du premier mot, celui-ci étant tout à fait subordonné
à l'autre, ne se fait pas sentir (ô âvqq devient âvrjp). Le t des
diphthongues disparaît (ta o'xXo? devient x&xXro),
La crase est rare dans la poésie homérique, et elle a même
été contestée par quelques savants (Van Leeuwen). Par contre,
elle est fréquente dans la poésie dramatique, notamment dans
la comédie attique ; on la trouve moins souvent chez les poètes
lyriques.
Le signe servant à indiquer la crase s'appelle corônis; v. l'anno-
tation au paragraphe io. Si la corônis se trouve ainsi jointe à
un esprit, elle est le plus souvent omise, par exemple dans âvijQ.
Synizèse et synalèphe: deux voyelles se succédant
l'une à l'autre sont prononcées à peu près comme une seule
voyelle, mais elles restent séparées dans l'écriture. Nous em-
ployons le premier de ces noms quand les voyelles appartiennent
à un seul mot, le second quand la première voyelle se trouve
à la fin d'un mot et l'autre au commencement du mot suivant.
Exemple de synizèse : nXécov èni (_ ^ J) ; exemple de syna-
lèphe : âçdvto ai&BQoç (_ o u ; Sappho, fr. I,II B, et D.)1).
_ _
La synizèse a lieu d'ordinaire entre une voyelle brève et une
voyelle brève ou longue ; la première voyelle est le plus souvent
un B, peu souvent un i ou v, très rarement un a, o ou tj ; par
exemple, xagôiaç, Ésch., Sept 288 ; 'Epivvcov, Eurip., Iphig, en
T. 931 ; ôaépcûv, Hom. Si 769 ; 'Onoévxoç, Pind., 01. IX 58 (87) ;
èmjEzavôv, Hés., Trav. et J. 607.
12. Diérèse et synérèse, division et contraction de
voyelles dans l'intérieur d'un mot. Il y a diérèse apparente
dans beaucoup de formes épiques dont la voyelle longue provient
de la contraction de deux voyelles ; ainsi ÔQOCOVZBÇ de ôp&vzeç,

1) La synalèphe se rencontre fréquemment chez les poètes éoliens; on


peut la rapprocher de l'élision des voyelles longues dans la versification
latine.
36 III 12
tandis que ÔQ&VZBÇ présente la forme contractée de dgdorreç.
Il semble que les formes non contractées doivent être considérées
partout comme les formes originelles, auxquelles les copistes
attiques substituèrent les formes contractées ; en dernier lieu,
le mètre, violé par cette substitution, a été rétabli par la diérèse
des voyelles longues, de sorte que la série de syllabes longues
et brèves devenait identique à celle que présentait la forme
primitive.
La contraction est de règle dans le dialecte attique ; la langue
de la poésie lyrique tient le milieu entre le dialecte attique et
celui de l'épopée quant à la fréquence de la synérèse.
Métathèse: des consonnes ou des voyelles changent de
place à l'intérieur d'un mot ; il s'agit le plus souvent de liquides ;
exemples : xgaregdç à côté de xaçtzBpoç, âfii&Qéco à côté de
âpi'd'fiéoe, MizvXirjvn à côté de MvziX-fjvn.
Par methatesis quantitatis on indique l'intervertissement de la
quantité de deux voyelles, par exemple AyéXâoç à côté de
AyéXBcaç (Hom. © 257 et x I31)'
La métathèse n'a pas de rapport avec la métrique proprement
dite ; aussi nous nous bornons à la mentionner ici.
T m è s e : les éléments constitutifs d'un composé sont sépa-
rés ; le premier élément est une préposition, le second un verbe
ou, par exception, un adverbe (par exemple ôià ô' àfinspéç au
lieu de ôiafinspèç ôé, Hom. A 377).
La tmèse se rencontre partout dans la poésie épique ; les
poètes lyriques et les poètes dramatiques l'ont employée aussi,
quoique ces derniers à un moindre degré ; chez Aristophane,
elle est presque exclusivement confinée aux parties lyriques de
ses comédies.
La tmèse s'explique par la nature des prépositions, qui étaient
originellement des adverbes juxtaposés au verbe. Parfois il est
impossible de déterminer avec certitude la relation véritable
entre le verbe et la préposition ou l'adverbe, par exemple:
'Ex ô' svvàç BfiaXov, xaxà ôè npvfwf\ai ëârjcav
(Hom. A 436).
Anastrophe: la préposition est placée après le substantif
auquel elle se rapporte. Cette particularité est surtout propre à
la langue poétique ; elle est rare en prose et ne se trouve
pas
souvent dans la comédie.
L'accent des prépositions dissyllabiques dont les syllabes sont
III 12, 13 37
brèves, se déplace, si elles sont des oxytona; ainsi sregl EQIÔOÇ
devient B'QIÔOÇ néqi, tandis que àvzl yvvaixôç garde les accents
originaux : yvvatxàç àvzl.J)
Les prépositions proclitiques sont accentuées, par exemple
fidxijç è'| à côté de èx fidxijç.
La tmèse peut se joindre à l'anastrophe ; alors le verbe pré-
cède la préposition :
êv<ppoavvn fièv e # g *fdza ôijfiov ânavza (Hom. i 6),
Explication des termes employés dans
les paragraphes io—12.
Aphérèse (aphaeresis, âyaigeaiç), de â<paipm, ôter ; syncope
(syncope, ovyxontf), de avyxànzco, broyer, frapper ensemble ;
apocope (apocope, ânoxonri), de ànoxônzco, trancher; épenthèse
(epenthesis, ènév&eaiç), de ènBvxlvy"nfii, ajouter en dedans ;
crase (crasis, xp&aiç), de xepdvwfii, mélanger ; synizèse (syni-
zesis, awi^aiç), de ovviÇdvoe, faire coïncider; synalèphe (syna-
loephe, avvaXoi<pij), de ovvaXBi<pa>, fondre ensemble; diérèse
(diaeresis, ôialQBaiç), de SiaïQm, séparer; synérèse (synaeresis,
avvaiQBcriç), de avvaiQâ, contracter ; métathèse (metathesis,
fiBxdd'Baiç), de fiBxaxi&rjfù, transposer ; tmèse (tmesis, zfiTjaiç),
de xéfivoe, couper ; anastrophe (anastrophe, âvaaxpo<prj), de âva-
Gxpé<p<o, intervertir,
13. Quand il s'agit de la répartition des mots par rapport à
la constitution métrique du vers, il ne faut pas perdre de vue
que les unités verbales indiquées par l'écriture ne sont pas tou-
jours les mêmes que les unités phonétiques dont nous avons à
tenir compte.
En premier lieu, les mots qui n'ont pas d'accent ou qui ne
gardent pas toujours l'accent (proclitiques, enclitiques), se joig-
nent au mot principal; ensuite, des mots d'accent faible doivent
être considérés de même, bien qu'ils aient leur accent à eux ;
l'article, la préposition, le pronom, la conjonction monosylla-
bique rentrent dans cette catégorie. Ces mots s'appellent, selon
leur position par rapport au mot principal, prépositifs
ou postpositifs. Il faut se rendre compte de cette dif-
férence entre la langue écrite et la langue parlée, quand nous
1) Cette règle est loin d'être absolue; déjà les grammairiens grecs n'étaient
pas d'accord à ce sujet. Le déplacement de l'accent est également contesté,
quand le substantif et la préposition sont séparés par une particule, par
exemple z& S' inl (ou Sm) au lieu de i^A Se r<5.
38 III 13, i4> *5
affaire à la séparation des mots (par exemple dans la césu-
avons
dans II § 6) cependant, la dépendance
re ou un zeugma, comp. ;
des mots prépositifs et postpositifs à l'égard du mot principal
n'est pas toujours égale. Ainsi les mots sont toujours traités comme
des unités indépendantes les unes des autres, quand il s'agit de
l'élision, de l'hiatus et de la règle vocalis ante vocalem corripitur
(v. § 8 et § 2).
14. Les mots prépositifs sont évités à la fin d'un vers ou d'une
période ; les mots postpositifs ne se trouvent presque jamais
au commencement des vers et des périodes. Les mots préposi-
tifs se rencontrent parfois dans la position indiquée, notamment
dans la comédie attique, chez Sophocle et chez Pindare ; par
exemple, le côlon 17 de la première Pythique finit par le mot
prépositif xsaïç, tandis que le côlon suivant commence par le
mot principal (çinaioi), avec lequel le mot précédent est en
rapport étroit. La fin du côlon est en même temps la fin d'une
période ; on s'en aperçoit facilement quand on considère le mot
final du même côlon dans la strophe correspondante (5 : adfiaaiv),
dont la dernière syllabe doit être considérée comme syllaba
anceps (comp. II § 3).
Il y a également une tendance plus ou moins marquée à évi-
ter les mots prépositifs devant la césure et la diérèse, et les mots
postpositifs après ces incisions.
L'élision ne se trouve qu'exceptionnellement à la fin d'un vers
(v. II § 3) ; elle ne se trouve jamais à la fin d'une période. Par
contre, la plupart des poètes l'admettent dans une césure, et
quoique avec une moindre fréquence, dans une diérèse et dans
un zeugma ; comp. V 15 C, 5 et 1.
15. Voilà quelques-unes des particularités concernant la rela-
tion qui existe entre le mètre et le mot dans le vers. La théorie
antique ne s'en est occupée qu'incidemment; c'est aux études
des savants modernes qu'on doit la connaissance de plus en plus
approfondie d'une foule de règles subtiles. Elles montrent claire-
ment le zèle extrême que les poètes grecs déployaient en s'occu-
pant de l'harmonie intérieure de leurs vers, et la relation intime
existant entre le rythme et la langue dans la poésie. Elles
mon-
trent aussi la différence qui existe entre les genres de poésie et
entre les poètes individuels, non seulement à l'égard du mètre, mais
aussi quant à la répartition et à la séparation des mots dans le
vers.
Il va sans dire que ce sont surtout les vers de forme fixe dont
et
III 15, IV i 39
l'usage était le plus répandu, qui se prêtèrent à des raffinements
subtils dans ce domaine ; aussi l'hexamètre daetylique et le tri-
mètre ïambique en présentent le plus grand nombre. Par contre,
les vers plus ou moins libres de la poésie lyrique se distinguent
surtout par leur constitution métrique ; ici, la césure, le zeugma
et les autres particularités du même ordre, dont nous mention-
nerons quelques-unes dans les paragraphes réservés aux vers
usuels, n'ont qu'une influence secondaire.
Pour une étude approfondie des matières dont nous avons traité
dans ce chapitre, on peut consulter les traités de métrique de plus
grande envergure que j'ai nommés à la fin du chapitre I ; les pré-
cis de Maas et de Havet et Duvau contiennent aussi beaucoup
de renseignements utiles. J'y ajoute quelques ouvrages où le
sujet est traité à fond, le plus souvent par rapport à l'hexamètre :
J. Hilberg, Dos Prinzip der Silbenwàgung, Vienne 1879.
Kûhner-Blass et Kûhner-Gerth, Ausfùhrliche Grammatik der
Griechischen Sprache I et II (4 vol.), Hanovre 1890—1904.
W. Schulze, Quaestiones epicae, Gueterslohae 1891.
J. van Leeuwen, Enchiridium dictionis epicae, éd. II, Leyde 1920.
K. Meister, Die Homerische Kunstsprache, Leipz. 1921.
F. Marx, Molossische und baccheische Wortformen in der Vers-
kunst der Griechen und Rômer, Leipz. 1922.
E. Lobel, Sanipovç fiéX-n, Oxf. 1925 (contient une étude minu-
tieuse sur la prosodie de Sappho et d'Alcée).
A, W. de Groot, Wesen und Gesetze der Caesur, Mnemosyne
N. S. III, 2. 1935, éditée aussi séparément (Brill, Leyde; contient
en outre une étude sur la loi de Porson ; l'auteur vise à une expli-
cation générale des problèmes présentés par le phénomène de
l'incision métrique, en l'étudiant du point de vue esthétique et
psychologique).

IV. Le dactyle
1. Le dactyle (-^w).
Le pied daetylique se compose d'un frappé d'une syllabe lon-
gue et d'un levé de deux syllabes brèves ; par conséquent il appar-
tient au yévoç ïaov et son rythme est descendant. Sa durée est
de quatre morae ; le spondée, dont la durée est égale et le rythme
descendant ou ascendant à volonté, peut le remplacer ; par contre,
l'anapeste, pied à rythme ascendant, n'est substitué au dactyle
40 IV i, 2, 3
qu'exceptionnellement, bien que sa durée soit égale. Enfin,
le procéleusmatique (uwuu), dont la durée embrasse quatre
et dont le caractère rythmique n'est pas fixe, est inséré
morae
très rarement dans une série daetylique. La substitution de l'ana-
peste et du procéleusmatique ne se trouve que dans les vers des-
tinés au chant x).
Le nom est expliqué de différentes manières ; parmi les éty-
mologies proposées par les Anciens, la dérivation du mot Sdx-
xvXoç, doigt, n'est pas invraisemblable; le nombre et la dimen-
sion des phalanges auraient suggéré le nom de la série de syl-
labes qui constitue le dactyle.
2. Le dactyle est employé : a) dans la poésie épique et didac-
tique, et dans certaines formes de la poésie religieuse (hymnes,
oracles) ; b) dans la poésie lyrique. Dans le premier groupe, le
vers compte six pieds, qui ne sont pas combinés par syzygies, le
spondée est substitué souvent au dactyle, et le dernier pied n'est
jamais un dactyle ; dans le second groupe, le nombre des pieds
est variable et compté de préférence par syzygies, la substitution
du spondée est moins fréquente ou exceptionnelle (dans les dac-
tylo-épitrites), et le dernier pied peut être un dactyle 2).
3. Monomètre daetylique (.'uu _uu).
Quelques cola appartenant à des périodes dactyliques consis-
tent en une syzygie, par exemple :
ÂEvÔQoxôfiovç, ïva :
u u w u (Aristoph., Nuées 280).
_ _
"AXfiaxi Orjfiaiç :
^ ^ (Eurip., Phénic. 790).
_ __
Nvfup&v xEZvzai : (Eurip., Iph. en Aul. 1295).
__ __
La première forme s'appelle metrum hymenaicum.
La deuxième forme se confond aisément avec l'adonien (v.
X § 11), vers éolo-choriambique d'une tout autre constitution
métrique (.uu_|_),
La forme catalectique in syllabam devient x ; elle se
- u w _
trouve dans les strophes dactylo-épitritiques; par exemple :

*) Exemple de l'anapeste : fia&vxoX-]jzov âvaoé-ipazo nagê-évov Ai-[yivav


(u^_ _wu _uu _, Pind., Péan VI 136), correspondant au côlon xal
d-aXiâv zeocpov aXaos 'AnSX\Xmvos (_uu ïbid. 14),
^ w _uu _,
Exemples du procéleusmatique : aXixaç,_ iooxE<pàXovs, iviyvlovs (_
u
WWUU _uu __, IbyC. 16 B. = 2D., VS. 2); EQVEÏ TsXEOlâSa (_WW UUUU
<_/

Pind., Isthm. IV 45 (77)). ,


2) L'hexamètre daetylique n'est
pas tout à fait étranger à la poésie drama-
tique et lyrique, v. § 7,
IV 3, 4 41
MazQÔnoXiv ©Tjoav ysvéa&ai. xôv noxs :
-uu _ | _ _ u_|__ wo (Pind., Pyth. IV 20 (35)).
Le plus souvent, la même série de syllabes doit être considérée
comme un choriambe ; ce pied se trouve dans les vers éolo-
choriambiques ou dans les vers choriambiques purs ; il est aussi
substitué de temps en temps à une syzygie ïambique. Il faut se
rendre compte de la nature des vers auxquels la série u appar-
_u _
tient dans tous les cas où on veut la déterminer.
4. Tripodie daetylique (_uw _wu u w).
_
Elle se rencontre parfois comme côlon isolé ou répété plusieurs
fois, par exemple :
'Ofifipocpôpoi &' âfia fipovxai: _uu _uu
__
(Aristoph., Ois. 1751).
Ovô' èç yâv nponixvovxEÇ : u w o (Esch., Pers. 588).
__ _ _
La seconde forme présente la même série de syllabes que le
phérécratéen dont la base est un spondée ; v, X § 17. Le côlon
qui précède le côlon cité, est sans aucun doute daetylique, tandis
que le côlon suivant présente la même forme que le côlon cité
lui-même; enfin, le dernier côlon de la strophe d'Eschyle est nette-
ment choriambique. On constate ainsi que l'avant-dernier côlon
doit être considéré également comme choriambique ; la transition
des dactyles aux choriambes est facilitée par l'identité de la forme
extérieure des cola 588 et 589 :
Asanoavvoiaiv âvdyxaiç _uu _uu
ovô' êç yâv nQonixvovxsç u^ _a
__ _
"ApÇovzai • fiaoïXBia J
u w
|
__ _ _ _
yàg SIÔXCOXEV lax'àç'. _UU„|U--A
La tripodie catalectique in syllabam s'appelle penthemimeres
ou hemiepes, parce qu'elle correspond à la première moitié de
l'hexamètre daetylique divisé par la césure penthémimère (v.
§ 14). L'étendue de l'autre partie de l'hexamètre surpasse celle
de la première par une syllabe longue au commencement, si nous
partons d'un hexamètre du type xazBvônXiov (c.-à-d. dont le
troisième pied est un spondée,, comp. § 17), et par la syllaba
anceps à la fin ; elle s'appelle prosodiaque (de nQÔaoèoi,
processions rituelles, dans lesquelles des vers de cette constitu-
tion métrique étaient d'usage).
\J \J _UU_-I!_ _uu _wu _w
_
La première syllabe du prosodiaque appliqué comme côlon
indépendant est anceps et peut être considérée comme une ana-
42 IV 4

(v. II § 7) quand elle est longue, la série de syllabes est


crouse ;
la même que celle présentée par un dimètre anapestique cata-
lectique ou parémiaque (v.VII § 11) dont le premier pied est un
spondée : _|_uu _ u u _ s ; — uu-|"u- -
La forme acéphale (2) du prosodiaque (1) correspond à la tri-
)
podie daetylique acatalectique (_ ^ u _ u w _ ; la forme catalec-
tique (3) se rencontre également (" -<->" _^
-), tandis que la
forme catalectique et acéphale (4) correspond au penthemimeres
déjà nommé (_uu _wu _). Enfin, la forme acéphale et hyper-
catalectique (_ w u w u o), bien que fort rare, se rencontre
[
_ __
aussi.
Le prosodiaque et le penthemimeres ont été employés déjà par
Archiloque dans ses asynartètes et ses épodes (comp, VIII § 12
et 16), Les différentes formes du prosodiaque sont très fréquen-
tes dans les dactylo-épitrites, dont il est un des éléments consti-
tutifs principaux. Deux penthemimerê réunis dans un ôixaxd-
Xrjxxov constituent le pentamètre daetylique, v. § 19.
Exemples de formes usuelles :
(1) "O xâç d'Bov, ôv Waud&Bia: v _uu _uu o
_
(Pind., Ném, V 13 (23)).
(2) -ti xaxanavofiEvoiaiv : _uw _uw _c
(Pind., Prosod. II, fr. 89 a Schr., 2).
(3) XBZQBÇ ÔB xal rfxoQ l'aov : __uu_uuo
(Pind., 01. TV 25 (38)).
(4) 'Ogxvyiav azEcpdvoiç:
_uu _uw
(Pind., _Pyth. II 6 (10)).
Exemple de forme hypercatalectique :
MBV paàiç âyXaîaç âçxd :
_uu _uu _ _ | -
(Pind., Pyth, I 2 (4)).
En dehors des vers que j'ai indiqués, le penthemimeres se trouve
pour la première fois chez Alcman, où il est inséré entre un dimè-
tre daetylique acatalectique et un trimètre ïambique catalectique :
Mâa' ays, Moeoa Xiysia, noXvfifiEXbç
alèv âoiôé, fiéXoç
VBOXfiàv &.QXB naçaévaiç ÙEiô-nv :

— wU _UU \J
u- " - u _ u_|^_ _A (Alcm., fr. 1 B. = 7 D.).
I

Le dactyle du prosodiaque n'est remplacé par le spondée


qu'exceptionnellement, quoique Archiloque
se soit déjà permis
IV 4> 5 43
cette licence ; comp. VIII § 12. La substitution de spondées
aux dactyles du pentamètre sera traité dans le paragraphe 19.
5. Dimètre daetylique (_
u u _uul_uu _uo)
C'est le côlon daetylique le plus commun dans les systèmes
dactyliques ; il se trouve aussi dans les strophes dactyliques et
parmi les asynartètes. Exemples :
Mao' âys, KaXXiôna, ûvyazBQ âiâç: _uu .uu|_uu
_vu
(Alcm., fr. 45 B.
= 67 D.).
Uàvzcùv x' àyQovôficov <piXofidazoiç:
__
_uu|_uu,-_
(Esch., Agam. 142).
On distingue deux formes particulières du dimètre :
1) le dernier pied est un spondée (trochée), les autres pieds
sont d'ordinaire des dactyles ; c'est le metrum archilochium (-eum) ;
Archiloque s'en est servi dans ses épodes (comp, Héphest. c. VII,
p. 21, 14 Consbr!).
2) le côlon se divise en deux membres, dont le premier pied est
un dactyle et le second un spondée ; la diérèse autorise même sous
certaines conditions l'hiatus, v. III § 8. Le côlon de cette forme
sert parfois de clausula à une strophe, une période, ou à un
système daetylique. Exemples :
(1) ËaivôfiEVOv xaxàv oïxaô' &y£o"&ai :
_vu
_uu|.uu __
(Archil. fr, 98 B. = 105 D).
(2) Aïfiaxt SBIVCO, aïfiazi XVYQCÔ
_UU__H_WU__

(Eurip., Phen. 1497).
Les cola dactyliques catalectiques in disyllabum ne peuvent
être distingués des cola acatalectiques dont le dernier pied est
un spondée (trochée), que quand il y a synaphie entre le côlon
dont il s'agit, et le côlon suivant ; alors seulement, le trochée à
la fin n'équivaut pas à un spondée (substitution d'un dactyle
entier), la dernière syllabe n'étant pas une syllaba anceps.
Exemple d'un dimètre daetylique catalectique
in disyllabum :
'Si ndzep, S> ndxEp, àp' èzvuoç ye : _uu .uuLuu _u
(Aristoph., Paix 114).
Ce côlon est le premier d'un système de cinq dimètres suivis
d'un monomètre ; le deuxième et le troisième dimètre sont éga-
lement de forme catalectique.
Le dimètre daetylique catalectique in sylla-
bam (_uu _ww]_uu _Â) est plus fréquent ; il s'appelle metrum
44 IV 5, 6
alcmanifàum1). On le trouve soit dans les périodes hétérogènes
soit dans les périodes de dactylo-épitrites ou de dactyles purs ;
s'en rendra compte en comparant les exemples que je citerai,
on
aux vers de leur entourage :
HoXXà Bpozoev ôia/iBifiofiéva: u u
_uw|_wu _
_ (Ésch., Suppl. 543),
*Si MoZa', àXXà ov xaï d'vydzrjp: _uu|_ww
__ (Pind., 01._ X (5)).
3
Aaundôi ZBpnôiiBvai xa&' ôôôvx _uu _uu|.uu w
(Ésch., Eum. 1042)2).
Le dimètre acatalectique de forme procéphale
ne se rencontre pas souvent ; en voici un exemple bien connu :
'Irjxonov, ov nBXdÛBiç en' âpcoyâv : _uu _uu|.ui/ —
<~>

(Eschyle dans les Grenouilles d'Aristophane, vers 1265).


6. Pentapodie daetylique (_^u _^L> _U^ _UU _^U)
Elle se trouve parfois dans les strophes dactyliques, par
exemple
A6%ai ô' âvÔQ&v xaï fidX' vn alftéçi OBfivai:
(Ésch., Eum. 368).
_ _ __ _uw _uu __
Le poète alexandrin Si(m)mias s'étant servi de cette pentapodie
(probablement xazà ozixov), elle en reçut le nom : metrum
sim(m)ieum. Le vers de ce poète cité par Héphestion, ne compte
que des dactyles, si l'on excepte le dernier pied :
XaZps, &vaÇ, erage Ça&éaç fiâxaç 'Hp~aç:
_uu _wu _uu _uu __ (Sim., fr. 6 D.).
La pentapodie catalectique in syllabam est plus
rare ; en voici un exemple :
lcov fisyaAcov Aavawv vno xXyÇofiBvav:
_uu _uu _uu _wu _ (Soph., A). 224—225).
La forme procéphale du côlon catalectique est extrê-
mement rare ; par exemple :
Uao' (b azôvov dvxixvnov fiaov^Qôâx' ànoxXa'ô-
OEIEV alftazTjQÔv:

_u -U|..OA (Soph., Philoct. 694 suiv.).


Le côlon daetylique est suivi d'un ithyphallique (v. VI § 9).

*) Le côlon acatalectique est également désigné par ce nom.


2) Schroeder veut lire Xâ^nq au lieu de Xa/tmàSi.
IV 1, 8 45
7. Trimètre daetylique (_uu _uu|.uu _uu|.uu -uJ),
Le trimètre dont le dernier pied est un dactyle, s'appelle metrum
ibycium x) ; l'exemple suivant est tout à fait conforme au schéma
indiqué :
"Av^Xiov Sôé ooi OVXBXL XQr}aoflevov r0 fiB,d"ùoxBpov
:
_WL.
.uu|_uu -uu|.uu _ww (Soph., Philoct, ii 32—1133).
La différence entre ce côlon et l'hexamètre épique saute aux
yeux, bien que le nombre des pieds soit égal. Le dernier pied
de l'exemple cité est un dactyle, tandis que l'hexamètre se
termine toujours par un pied dissyllabique ; le trimètre de Sopho-
cle n'a pas de césure, alors qu'elle est obligatoire dans le vers
homérique. Mais la différence n'est pas toujours aussi facile à
saisir ; le dernier pied du trimètre est souvent un spondée ou,
s'il n'y a pas synaphie entre le trimètre et le vers suivant, un
trochée ; rien ne s'oppose à l'introduction d'une césure dans
le trimètre, tout comme dans l'hexamètre2); par exemple
'Si noXéfiox'd'Oç 'AQTJÇ, xi no&' aZfiazi
xal {havâxa» xazéxfl Bqofiiov naqdftovooç êoQzaîç :
_UU _ V-» U J
_ UU _wu
_uu _wuj_||uw __
_uu|.uu
(Eur., Phén. 784 suiv.).
Comme le vers 785 fait partie d'une strophe daetylique, il ne
peut être question ici de l'hexamètre épique, employé xazà
oztxov dans d'autres genres de poésie (comp. § 2). L'hexamètre
ne se trouve dans la poésie dramatique que dans les passages
où le vers est d'un usage fréquent, par exemple quand le poète
mentionne des oracles (Aristophane, Oiseaux 967 et ailleurs).
Quant aux lyriques, ils se sont parfois servis de l'hexamètre
homérique (Terpandre dans ses Nomes, Alcman dans ses Parthé-
nées, Sappho dans ses Épithalames).
Le trimètre catalectique in syllabam (metrum choerileum
ou diphilium) est rare ; par exemple :
"Opzvyaç olxoyevsZç yvXiavxBvaç ÔQX'nozdç'.
-vu _^u.|_^u _vu|-_ _
(Aristoph., Paix 709).

*) Le poète Ibycus a donné son nom à trois vers dactyliques d'une ampleur
plus grande que celle de l'hexamètre; v, Leichsenring, De metris graecis
quaestiones onomatologae,. Greifswald 1888, p. 11.
2) Tout porte à croire que la césure des trimètres lyriques,, qui étaient
chantés, n'était pas aussi marquée que celle de l'hexamètre récité.
46 IV 8, 9
C'est le vers dont tous les pieds sont des dactyles excepté le
troisième pied, qui se rencontre le plus souvent :
'Hvixa fièv fSaoïXsvç -ijv XoipiXoç èv oazvQoiç:
_ww ^u^|^_ _uu|-uu _
(Plotius Sacerdos, VI p. 500, 1 K.j.
8. Les séries dactyliques dont l'étendue dépasse celui du tri-
mètre, doivent être divisées en cola de dimension plus petite, de
préférence des dimètres ; ainsi les dactyles d'Eschyle cités par
Aristophane dans les Grenouilles, v. 1273—74, se décomposent
en un dimètre et une tripodie :
EvtpafiEZzE, fiBXiooovôfioi, ôôfiov | Agzéfiiôoç néXaç oïyEiv:
_uw_wu _uu „ uu _ w u
Nous avons déjà remarqué que certains cola dactyliques se
prêtent à la métarythmie choriambique (le monomètre et la
tripodie acatalectique, § 3 et 4) ; on peut y ajouter le dimètre
catalectique in syllabam. La forme de ce côlon daetylique dont
le premier et le troisième dactyle sont remplacés par des spon-
dées, correspond à un glyconéen dont la base est spondaïque
et la syllabe pénultième une longa irrationalis (X § 15) :
_^*^J I ]_l-'U'_]
_
Le cas me semble purement hypothétique ; il n existe pas,
que je sache, un seul côlon de cette forme dont le caractère ne
soit douteux.
9. Exemple d'une strophe daetylique (Ésch., Agam. 104—121): x)
1 I KVQIÔÇ slfii V^QOEZV ô'ôiov xpdxoç aïoiov dvÔQ&v
EVZBXÉCOV ' BZI yàg T^BOV^EV xazanvs'ÔEi
nsi'&cb fioXnâv âXxçi ovfiopvxoç aicav •
II "Onaç Axaioev ôiûpovov xodzoç, 'EXXdôoç fjp'aç
5 Çvfupçova zaydv,
III Héfinsi fw ôopl xaï #eg£ mpdxzoQi
&0VQ10Ç à'çviç TBVXQIÔ' en' aïav,
TV Oloev&v PaaiXsvç flaoïXsvoi VB-
mv, ô xsXaivoç o z' êÇôniv dgyâç,
10 V ËavévxEç ïxzap fisXd&pcov #egôç êx ôopmdXzov
nafm^énxoiç èv è'ÔQaioiv,
VI BooxôfiBvoi Xaytvav êç-ixvfiova <pépfiaxi yévvav,
fSXafiévxa Xoio&icov ÔQÔfimv.
VII AïXivov, aïXivov slné, xà ô' eS vixdzco.
J) Nous indiquons les cola par des chiffres arabes et les périodes des
chiffres romains et par des capitales.
par
IV 9 47

„UL» Y„
il u_^
— —
u_j_uu _ u w
j uu
_
5
_uu
i-li- ——
_wu| „uu _UL;
„uo vu _ O
i-V ^l/U j„uu _uu
_ U U" _ U1 V _ U U
IO V w_ u_Luu _uu Luu
_Uu _G

W _ 0'_'U_ LV_
VU _uw _uu _ u w
Notre colométrie est celle de Wilamowitz ; Schroeder joint
les mots &OVQIOÇ b'gviç au côlon 6, Mazon le mot nBiftcô au
côlon 2.
La fin de la période I est indiquée par la pause du sens
également forte dans la, strophe et dans l'antistrophe, et par le
changement du mètre ; celle de la période II ne peut pas être
déterminée par des indices sûrs, mais elle est probable à cause
de la symétrie entre les périodes III et IV ; celle de la période
III résulte avec certitude de la syllàba anceps -av de alav ;
la distinction entre les périodes IV et V se recommande à cause
du changement du mètre et de la symétrie obtenue ainsi entre
cette dernière période et la période II, qui commence par le même
côlon ; la fin de la période V est indiquée nettement par la
syllaba anceps dans l'antistrophe (naxpéç \ avxôxoxov, v. 135
suiv.) ; enfin, le vers VII se détache de la strophe proprement
dite par son caractère d'ephymnium (refrain, comp. XIV § 8) ;
il se trouve aussi à la fin de l'antistrophe et de l'épode.
La période I se compose d'un trimètre daetylique et de deux
pentapodies dactyliques. La période II se compose d'un côlon
de mètres mélangés : un monomètre ïambique et un dimètre
daetylique, et d'un monomètre daetylique. La période III se
compose de deux dimètres dactyliques, dont le dernier présente
la forme propre à une clausula, décrite dans le paragraphe 5, 2.
La période IV se compose également de deux dimètres dacty-
liques. La période V commence par le même colon de mètres
mélangés que la période II (côlon 4) ; l'autre côlon est une
48 IV 9, io, II
tripodie daetylique du type décrit dans le paragraphe 4. La
période VI se compose d'un trimètre daetylique et d'un dimètre
ïambique. Uephymnium est une pentapodie daetylique ; elle
distingue par la fin retardée (deux spondées de suite).
se
La correspondance entre la strophe et l'antistrophe est presque
complète ; les syllabes longues et brèves sont distribuées avec
une symétrie remarquable ; seuls les dactyles initiaux du côlon
1 et 21) et le dactyle
final du côlon 6 sont remplacés par des
spondées dans l'antistrophe. La structure particulière du côlon 3
(trois spondées de suite, dont chacun est formé d'un mot
séparé) et celle du côlon 7, sur laquelle nous avons déjà appelé
l'attention du lecteur, est répétée exactement.
10. Dactyles éoliens.
Nous avons déjà vu que les vers éoliens se distinguent par
l'isosyllabie et la base libre (II § 13). Aussi les dactyles des vers
de cette catégorie ne peuvent pas être remplacés par des spon-
dées, car la substitution d'un spondée à un dactyle diminuerait
le nombre des syllabes. La base se compose de deux syllabes
longues ou brèves, qui peuvent être combinées de quatre façons
(v w, w _) ; le trochée et le spondée en sont les formes
_, _ u, _
les plus usitées.
Le dernier pied de la série daetylique est incomplet ; il n'en
reste qu'une syllabe longue. La partie finale dissyllabique du
vers entier est de forme ïambique ; dans les vers catalectiques,
il n'en reste qu'une syllabe.
11. Hexapodie éolienne ou aancpixbv zEOoaQBOxai-
ÔBxaovXXafiov (^|.uu _uu .JU _|UÛ),
Ce vers compte, comme l'indique le nom grec, quatorze syl-
labes ; la partie médiane comprend trois dactyles complets. Il
est employé xaxà ozixov par Sappho dans les Noces d'Hector
et d'Andromaque, dont les papyrus nous ont conservé des restes
considérables (55 D.), et plus tard par Théocrite (Haiôixbv
aloXixbv a' = XXIX).
Les exemples d'hexapodie qui suivent, montrent les quatre
formes de la base ; la base pyrrhique est très rare ; Théocrite
ne l'a pas employée. Un seul exemple suffira pour les autres
cola des dactyles éoliens.

2)On peut garder le dactyle au commencement du côlon 2, en lisant


AzQEÎSas avec diérèse (vers 123).
rv H, 12, 13 49
'Hpdfiav fièv 'Azfti, ndXai néxa :
êyà> oé&BV,
-j|-"" -^«J -uu _|uo (Sappho, fr. 33 B. = 40 D.).
'O ÔB x&ya&oç aflxixa xal xâXoç BOOBxai :
uu|_u^ _uu _uu _|u_ (Sappho, fr. 101 B. = 49 D., 2).
"EXXOJQ xal avvéxaipoi Syoïo' êXixtibniôa :
--l-«" - u - u L. _ | w Û
<--
(Sappho, fr. 55a, 5 D.).
Tvvaixoyv z' à"fia nap&svixav XE xaviO(fÔQC0V :
w_|_i/u _uu _uu _|u_ (ibid., 15),
La forme catalectique est plus rare ; exemple :
'HQOÇ SyyeXo'ç l(iEQo<pcavoç àrjôoev :
-u|-"u _uu _uu _|_ (Sappho, fr. 39 B. = 121 D.).
12. Pentapodie éolienne (^|.uu _vu _|<JC).
Ce côlon compte onze syllabes ; il contient deux dactyles
complets. Sappho l'a employé assez souvent, entre autres comme
côlon dernier d'une strophe de trois vers ; comp. X § 31, 1.
Exemple :
"A fis ipioôofiéva xaxBkifinavBV :

__
|
_uu _uu_|un (Sappho, fr. 96, 3 D.).
Exemple du côlon catalectique :
0VQCOQO3 nôÔBÇ ênzoQÔyvioi:
u-l-uu _uu _ _ 1 (Sappho, fr. 98 B. = 124 D,).
En éliminant encore un dactyle, on obtient un côlon tout à
fait identique au glyconéen : " " ] u u [_uu]. _|u.. Nous
_
préférons cependant rattacher le glyconéen et sa forme catalectique
(le phérécratéen) aux vers choriambiques (asclépiadéens, etc.),
v. X § 12 suiw. ; la correspondance qui existe entre le glyconéen
et le dimètre choriambique, montre clairement leur affinité réelle
(X § 16). Récemment Kikauka a proposé la dérivation que nous
rejetons, dans ses livres cités dans le chapitre I, § 8 ; v. UBQI
xoev AXxalov xxX. fiéxgoev, p. 21 et Kolâr, op. cit. p. 66,
13. Hexamètre épique (^ooaïxàv fiéxçov, è'noç)
_ u; ^ ^A/ _ uw _ uu _ I_A_/
_w
Nous avons déjà traité de la différence entre l'hexamètre
épique et le trimètre lyrique (§7) et de quelques particularités
prosodiques (III § 2 suiw.).
Quant à la structure de l'hexamètre, nous distinguons trois
époques :
1) l'hexamètre homérique et celui des imitateurs d'Homère,
y compris Apollonius de Rhodes,
Traité de métrique grecque 4
5o rv 13

2) l'hexamètre de Callimaque et de ses imitateurs, jusqu'à


Quinte de Smyrne inclusivement,
3) l'hexamètre de Nonnus et de son école.
A mesure que la pratique des poètes épiques devient plus
artificielle, ils s'ingénient à astreindre le vers épique à des lois
de plus en plus sévères. Leurs préceptes se rapportent à la
substitution des spondées aux dactyles, aux césures, à la con-
cordance ou à la différence entre la fin des mots et celle des
pieds métriques, et à des particularités appartenant à la prosodie
proprement dite ; nous en avons déjà indiqué un certain nombre.
La restriction progressive de la liberté du poète résulte claire-
ment du fait que Nonnus ne dispose plus que de neuf formes
(ox^fiaxa) x) de l'hexamètre, tandis qu'Homère en admet 32.
En ce qui concerne la substitution des spondées aux dactyles,
les restrictions suivantes sont à noter :
a) Le cinquième pied n'est pas souvent un spondée (chez
Nonnus, jamais) 2) ; les vers de cette structure s'appellent versus
spondiaci (oxixoi onovÔBidÇovxEç), Le mot final d'un anovÔBidÇoev
compte de préférence au moins trois syllabes, de sorte qu'en tout
cas la deuxième syllabe du spondée fait partie de la dernière
section du vers. Le pied qui précède ce spondée (le quatrième pied)
est le plus souvent un dactyle.
Exemple d'un versus spondiacus :
'HX&B ô' ênl tpvxrf fujzQàç xazazE&vnvi'nç :
(X 04).
— uu _wu
Le mot final est dissyllabique et monosyllabique dans les vers
qui suivent :
AXXâ XB xal xôàv alev âcpaiçéEzai Xlç nézçr) (fi 64) ;
'Sic nozé ziç ègêsi ' ZÔZB fioi ^dvot BVQBZa ^côv (d 182).
b) Les vers composés uniquement de dactyles (excepté le pied
dernier) sont fréquents (versus holodactyli) ; mais les vers qui
ne présentent que des spondées (versus holospondei) sont de toute
rareté ; exemple :
Wvxi)v xixXffaxcov HaxpoxXfjoç ôsiXoïo (W 221).
Quelques éditeurs, comme Van Leeuwen, les éliminent par des

*) Les aXr)iA.aza. se rapportent exclusivement à la forme métrique du vers,


c.-à-d. à la répartition des pieds, abstraction faite des mots.
2) Ici et ailleurs il est question des Dionysiaques de
ce poète; les hexamètres
dont l'auteur n'est pas nommé, appartiennent à l'Iliade et à l'Odyssée.
rv 13 51
conjectures ; ainsi on peut écrire dans le vers cité HaxQoxXéBoç
au lieu de HaxQoxXrjoçv).
Parmi les autres pieds, le premier et le second sont le plus sou-
vent de forme spondaïque, tandis que le spondée est le moins usuel
au troisième pied, surtout chez les poètes épiques de basse époque
(Quintus de Smyrne, Nonnus) ; les vers de cette structure ris-
quent d'avoir l'apparence de vers composés de deux membres ;
comp. § 15&.
Le nombre de spondées va en diminuant chez les poètes posté-
rieurs ; c'est surtout l'agglomération de spondées dans la deuxième
moitié du vers qui est évitée. Chez Homère, on trouve des vers
dont les trois derniers pieds sont des spondées, par exemple :
OVZB ozoz' BIÇ nzôXsfiov âfia XaSs d'<x>Qr]%'d'r\vai (A 226).
Les poètes de l'époque alexandrine, y compris Apollonius de
Rhodes, ont introduit de propos délibéré des versus spondiaci
dans leurs poèmes ; ils accentuèrent ainsi l'élégance plus ou
moins maniérée de leurs hexamètres. De préférence, ils faisaient
coïncider les deux derniers pieds avec un seul mot quadrisylla-
bique, de telle manière que la dernière partie du vers était séparée
nettement de la partie précédente. Dans l'hymne à Diane de
Callimaque se trouvent, parmi treize vers (170-182), cinq spon-
diaci, se terminant tous par un mot quadrisyllabique.
Les mots de plus de quatre syllabes et les mots trissyllabiques
ne sont pas entièrement prohibés à la fin des spondiaci;pan exemple :
ToÇoxiv ' ov ydQ ocpiv Xayôvsç ovvBmytBéoovzai
(Hymn, Dian., 223).
AqxoïÔTjç êôiôaÇs &Eongoniaç olcovoev
(Apollon., Argon. I 66).
Nous avons déjà vu que Nonnus n'admettait point les versus
spondiaci ; la plupart des poètes de son école (Musaeus, Jean de
Gaza, Paul le Silentiaire, et autres) ont suivi son exemple.
En général, le nombre des spondées est considérablement
diminué chez les poètes de cette époque ; deux spondées de

a) L'incertitude quant à l'aspect originel de beaucoup de formes de la


langue épique rend l'application d'une statistique objective impossible. En
substituant les formes primitives reconstruites aux formes traditionnelles,
on augmente considérablement le nombre des syllabes brèves. Par consé-
quent, la fréquence des versus spondiaci est évaluée différemment, par exemple
à un sur 18 vers par Christ (Metr.1 p. 162) et par Masqueray (Traite'p. 36),
à un sur 50 vers par Maas {Metr. p. 22) et par Juret {Principes p. 15).
52 IV 13/ 14
suite ne se rencontrent que dans le deuxième et le troisième
pied, et encore ce oxnfia est de beaucoup le plus rare parmi
les neuf ax'qfiaza de l'hexamètre de Nonnus.
Chez les poètes latins, le nombre des spondées est plus consi-
dérable que chez les poètes grecs ; le caractère de la langue latine,
s'alliant à la gravitas des Romains eux-mêmes, explique la prépon-
dérance des syllabes longues et la solennité de l'hexamètre latin.
14. On distingue cinq pauses métriques x) :
I. Une diérèse, la d i é r è s e bucolique, qui se trouve
entre le quatrième et le cinquième pied ; elle se nomme ainsi,
parce que les poètes bucoliques l'ont employée fréquemment.
Le premier vers de l'Odyssée, cité infra, en présente un exemple.
II. Quatre césures :
a) la trithémimère (zç>i-d"nfiifispirjç) après le troisième
demi-pied, c.-à-d. après la syllabe initiale du second dactyle,
b) la penthémimère (nBv&ni-iifiEQTJç) après le cinquième
demi-pied, c.-à-d. après la syllabe initiale du troisième dactyle,
c)l'hephthémimère (è<p&7]fiifiBQi]ç) après le septième
demi-pied, c.-à-d. après la syllabe initiale du quatrième dactyle,
d) xaxà xbv ZQLZOV xpoxaiov, c.-à-d. après la première syllabe
brève du troisième dactyle, qui, avec la syllabe longue précé-
dente, constitue un trochée.
Les césures mentionnées sous les lettres b) et d) sont les inci-
sions ordinaires du vers ; les deux autres césures sont moins fré-
quentes ; elles sont souvent combinées dans le même vers. La
césure est obligatoire, tandis que la diérèse est une pause accessoire.
Exemples des césures et de la diérèse :
b) Mfjviv UBIÔB, &sâ, || H'nX'nïâÔBCo AxiXijoç:
!:A 3_ w4. L|_ _uu .uu _Û (Ai).
d) 'Avôoa fioi EvvsnE, Movoa, || noXézoonov, || ô'ç fidXa noXXd :
- uu _ -J
u_^||u_uu||_uo_û (a i).
a + c) Aïoysvsç |j AaEQzidô-n, || noXvfitfxav' 'Oôvoasv :
J-A i||i 5_J\, Z.||uu
_ww __ (B 173).
La doctrine de la pause métrique n'est qu'ébauchée sommairement par
x)
les Anciens; Héphestion la passe sous silence; Aristide Quintilien la mentionne,
ainsi que plusieurs traités anonymes WEQI zopéàv (comp. l'édition d'Héphes-
tion de Consbruch, p. 328 suiw.). Évidemment, l'importance n'en était
pas aussi grande qu'elle nous semble aujourd'hui. Tout de même, l'existence
de la césure, niée par Sturtevant (Am, Journ. of Philol 45, p. 329 suiw,),
est hors de doute; v. l'étude fondamentale de A, W. de Groot, citée à la fin
du chapitre III § 15.
IV i4, 15 53
Chez Homère, la césure penthémimère est à peu près aussi
fréquente que la césure xazà xbv xpixov xpoxaiov ; sa fréquence
diminue chez Callimaque et devient encore beaucoup plus rare
chez les poètes épiques de basse époque (Quintus de Smyrne,
Nonnus) ; chez eux, la diérèse bucolique est également moins
fréquente.
15. Quant aux zeugmata, on peut constater les règles suivantes :
a) Il y a zeugma entre le troisième et le quatrième pied, si le
troisième pied coïncide avec un mot trissyllabique ou avec la
dernière partie d'un mot de plus de trois syllabes, et si le mot
suivant compte deux ou plus de deux syllabes. Si ce zeugma
n'était pas observé, on aurait admis des vers sans aucune césure,
par exemple, la variante forgée du vers E 126 n'en présente aucune :
'HX&E ô' è'nBixa oaxeondXoç, Innôza Tvôéoç vlôç :

_ u l U _ U * U _k_/W* _wu' _wu• _w


Ni la trithémimère (après ënsi-), ni la penthémimère (après aaxso-),
ni l'hephthémimère (après in-), ni la césure xazà xbv xpixov
zqo%aZov (après aaxsona-) ne sont possibles.
b) Le zeugma est plus ou moins sévère entre un spondée et le
pied suivant, si l'on excepte le premier pied où il n'y a aucune
restriction.
a) Le zeugma est absolu entre le troisième pied, s'il est de
forme spondaïque, et le pied suivant. Les vers de cette composi-
tion, où le zeugma est négligé, se décomposent en deux membres
identiques et le vers est brisé ; on s'en rendra compte en comparant
la variante forgée du vers A 266 avec le vers lui-même :
Kdpzvaxoi ôij xeZvoi nâow èv â'd'avdxoioiv ;
KâQziaxoi ô^ xsïvoi êmx&ovicov xQâtpov âvôçtôv.
f3) Le zeugma est moins sévère, quand la diérèse bucolique est
précédée par un spondée ; dans cette position, le spondée est
évité surtout devant un signe de ponctuation. La cause de cette
restriction est identique à celle qui vient d'être mentionnée :
les hexamètres constitués ainsi risquent de se décomposer en
deux membres, un dimètre et un monomètre, par exemple :
~Siç zmv nào' âyopr] XIVTJV^, || xol ô' àXaXtjzâ (B 149).
Aussi Callimaque et Nonnus n'ont presque jamais un spon-
dée devant la diérèse bucolique x).

1) La prétendue loi de Wernicke, d'après laquelle la prolongation par


position de la dernière syllabe du quatrième pied est défendue, si la première
54 IV i5
y) Le zeugma est encore moins sévère, du moins dans l'hexa-
mètre homérique, quand le deuxième pied est un spondée ; chez
Homère, ce spondée coïncide assez souvent avec un mot ou les
dernières syllabes d'un mot ; par exemple :
"H vv xal avz&v oxvfibç ènozovvBi xal dvoeysi (Z 439)*
\

Callimaque et Nonnus, au contraire, observent ce zeugma


rigoureusement, et ne permettent que très peu d'exceptions.
ô) Quant au cinquième pied, nous en avons déjà parlé en trai-
tant des versus spondiaci (§ 13) ; nous avons vu qu'ici le zeugma
est observé de préférence chez Homère et qu'il est de règle chez
les poètes alexandrins, tandis que Nonnus n'a pas de versus
spondiaci.
Les vers dont le cinquième et le sixième pied sont formés
par des mots dissyllabiques, sont rares même chez Homère ;
encore, l'exception disparaît le plus souvent quand on substi-
tue les formes non contractées aux formes traditionnelles, par
exemple dans le vers :
'Eyyv&BV Açyvqç, oui fisivafiEv 'Hâ ôZav (A 723) ;
en écrivant 'Hôa au lieu de 'H&, le cinquième pied devient un
dactyle, formé d'un mot trissyllabique.
Les vers formés comme nous l'avons indiqué, ne se rencon-
trent plus chez les poètes alexandrins.
c) Il y a zeugma entre les syllabes brèves du quatrième pied ;
la fin d'un mot ne coïncide pas avec la fin du quatrième trochée.
Cette règle a été découverte par G. Hermann ; les exceptions
sont en nombre insignifiant ; en voici une :
U'nXE'ùç d"r\v fioi ënsiza yvvaZxa yafiéooBxai avxôç (I 394)
A. _2uu A, H
w
_A,:U _uu -; 1)
Bien que les polysyllabes soient beaucoup plus nombreux
à la fin du vers, le dernier mot est parfois monosyllabique ;
dans ce cas, la ponctuation est défendue devant le monosyllabe ;
exception :
Tooirj èv EVQBirj • xi vv oî xôaov oeôvoao, Zsv (a 62)

consonne se trouve à la fin d'un mot et la consonne suivante au commen-


cement du mot suivant, n'est qu'une conséquence de ce zeugma ; voyez
l'excellent article de Théa Stifler dans Philologus 79, 1924, p. 323 suiw.
x) La conjecture d'Aristarque ye pâtroezat (au lieu de yafiéo-o-Ezai) remédie
à ce défaut, l'enclitique ys se joignant au mot précédent; mais elle ne se recom-
mande pas sous d'autres rapports.
IV i5, i6 55
En général, la ponctuation est rare après la première syllabe
du cinquième pied, et encore plus rare après les syllabes suivan-
tes ; il en est de même, cela va sans dire, dans les zeugmata.
Exemple de ponctuation après le cinquième pied :
Tôçppa yàg âv xaxà &axv noxmxvoaoifie&a, fivfhcp
XPr\fiax' dnaixiÇovxEÇ (/? 77 suiv.)
Le savant Nicanor d'Alexandrie, qui vécut du temps d'Hadrien,
a déjà critiqué ce vers et d'autres vers dont la ponctuation
est anormale ; v. G. Rauscher, dans Disseriationes phihlogicae
Argentoratenses XI, p. 81 suiw.
Par contre, la ponctuation est fréquente après le premier pied,
surtout quand il y a enjambement ; on s'en rendra compte en
récitant les premiers vers de Y Iliade (ovXoftévnv, dans le deuxième
vers; ripâxov, dans le quatrième vers).
Nonnus tient compte de l'accent des mots, devenu dynamique,
dans les deux derniers pieds ; il évite un mot proparoxyton à
la fin de l'hexamètre et empêche ainsi l'accentuation fâcheuse
d'une syllabe brève dans le levé d'un pied, dissonance particu-
lièrement choquante à la fin du vers, où le rythme se dessine net-
tement (par exemple néôiXa : ^ 1 o).
Pour une étude approfondie des particularités que je viens de
mentionner, on peut consulter les ouvrages indiqués à la fin du
chapitre précédent (§ 15) ; on peut y ajouter le livre de Wif-
strand mentionné I § 8, et H. Frànkel, Der Kallimachische und
der Homerische Hexameter, dans Nachr, der Ges, der Wiss, zu
Gbttingen, Phil, hist, KL, 1926. Enfin, on trouvera dans les Appen-
dices de l'excellente édition de Ylliade de Leaf beaucoup de
renseignements utiles sur ce sujet.
16. Les métriciens de l'antiquité distinguaient plusieurs eî'ôij
et ôiacpoQai de l'hexamètre ; ils appelaient ainsi des formes du
vers remarquables à cause de la répartition des mots, de la dis-
position des spondées et des dactyles, ainsi que de l'harmonie
imitative et du rythme du vers entier. Ils distinguaient en outre
des nd&rj, quand le mètre leur semblait défectueux; dans plu-
sieurs nd&r) le défaut n'est qu'apparent et s'explique en tenant
compte de la synizèse ou de la syllaba communis ; v. mon Trac-
tatus de Re Metrica, p. 64 suiw.
Je cite d'abord quelques formes remarquables à cause de
l'harmonie imitative des vers :
56 IV 16
a) Les versus holodactyli peuvent indiquer un mouvement
rapide ; la répartition des mots par rapport aux pieds métriques
aide à accentuer l'effet visé par le poète ; par exemple :
'Pifupa s yovva cpéoBi fiBzâ z' fj'd'Ba xal vofibv l'nncov (Z 511)
Le galop du fier cheval s'évadant de retable est exprime par
le rythme ; comp. Virg., En, VIII 596, cité dans Préc. de métr.
lot., § 12.
Voici un autre exemple :
Afi&iç è'nsixa néôovôs xvXivôsxo Xâaç draiô^ç (X 598)

L'allure de ce vers est plus heurtée que celle du vers précé-


dent; les fins de mots ou les mots entiers présentent presque
toujours la forme trochaïque et ne coïncident presque jamais
avec les dactyles de l'hexamètre. La chute du rocher de Sisyphe
roulant en bas avec des soubresauts et des chocs multiples est
rendue pour ainsi dire sensible dans ce vers.
Le vers suivant présente un caractère opposé ; les mots coïn-
cident presque partout avec les pieds métriques :
"F/?gtoç slvExa xfjoÔB • oi) ô' ioxeo> nsùv^Bo ô' rjfiïv (A 214)
Seul le troisième dactyle est formé de plus d'un mot, division
exigée par la césure. La déesse furieuse adresse d'un ton bourru
ses reproches à Achille et lui jette les mots un à un à la figure.
Ce vers est compté comme v n ô g pv& fi o v parmi les
ôiacpopai.
Par contre, la prépondérance des spondées donne une allure
solennelle au vers ; des mouvements lents ou gênés sont expri-
més de cette manière. On peut comparer le vers X 84 cité dans
le paragraphe 13 a.
b) L'harmonie imitative s'obtient aussi par l'application
démesurée de certaines lettres, dont le son est dur et désagré-
able, ou doux et mélodieux. A la première catégorie appartien-
nent, d'après la classification de Denys d'Halicarnasse (De comp.
verb, 14), les tenues, et surtout le o, appelé par Pindare xb oàv
xifiô-nXov (Dith, 2,2 ; fr. 79 Schr.). La seconde catégorie
com-
prend entre autres les voyelles longues (surtout le a) et la liquide X.
Exemple d'un vers d'harmonie rude :
TQiX&â zs xal XBzpax&à ôiazpvcpèv è'xnBOE #eigdç ÇT 363)
La glaive de Ménélas se brise en morceaux sur le casque résis-
tant de Paris. Le vers cité est compté comme x g a x "à ç parmi
les BÏôrj.
rv 16, 17, 18 57
Exemple d'un vers d'harmonie molle :
Al'fiaxi oi ÔBVovto xôfiai ^agfrefforir ôfioîai (P 51)
C'est avec une compassion vive que le poète raconte la fin
du jeune et bel Euphorbus. Le vers est compté comme fiaXa-
xoeiôijç parmi les el'ôt],
17. Nous mentionnerons quelques autres ôiaipogaî et BÏÔT),
dont quatre se rapportant à la répartition des spondées et des
dactyles :
xaxBvonXiov1): 'Sic çpâxo ôaHpvvémv, zov ô' SXXVE nôxvia
firjx-np (A 357). Le troisième et le sixième pied sont des spondées,
les autres pieds sont des dactyles.
nsQioô ix6v: OvXofiévnv, rj fivpi' AxaioZç &XyE' ë&nxs (A 2).
Les dactyles et les spondées se succèdent alternativement.
oan mixov : "AXX01 uév pa d'Eoi XE xal âvépEÇ Innoxopvozai
(B 1). Le premier et le dernier pied sont des spondées ; comp.
les dactyles éoliens (§ 11), qui présentent une série analogue de
pieds dissyllabiques et de dactyles.
laÔXQOVOÇ: Tà> ô' èv MEOO'IJVT} ^vfifiXrjvnv âXXrjXouv (<p 15).
C'est un autre nom pour le versus holospondeus (§136), dont toutes
les syllabes sont de durée égale.
Les deux catégories suivantes se rapportent à la forme des mots :
xAïuaxcoxoç : &£ uaxap AXQEIOT), uoiprjyEVBç, oA.piodaiu.ov
(T 182). Dans ce vers à forme d'échelle (xXZfiaÇ), l'étendue des
mots est augmentée syllabe par syllabe, du monosyllabe au com-
mencement jusqu'au mot de cinq syllabes à la fin 2).
xéXBiov: UQOÇ Ô' êfiè zov ôvazrjvov è'xi epfjovéavz' êXéaiQe
(X 59). Toutes les parties du discours sont représentées dans
ce vers.
18, On distinguait 6 nâ&rj, dont deux seulement peuvent être
considérés comme des véritables. On admettait trois ndûrj
nd"d"n
xaz' svÔEiav et trois xazà nXEovaofiov, à mesure que le
nd'ô'r}
vers comptait (ou semblait compter) un nombre de morae trop
petit ou trop grand ; la mora qui manquait, ou qui était superflue,
pouvait se trouver au commencement, dans le milieu ou à la fin
du vers.
1) Tout rythme propre aux danses de guerre s'appelle êvônXios Qv&fiôs ;
il en existe une espèce dont la forme correspond au prosodiaque catalectique
(y _uu _uu Von Jan.
_, v. § 4); comp. Bacchius, p. 316
2) Évidemment, la syllabe médiane du mot %.zgdSi] était prononcée sans
diérèse.
58 IV 18

Les nd&7] qui méritent ce nom, appartiennent à la première


catégorie ; ce sont :
i) Le vers dit âxé<paXoç, dont le premier pied est incomplet;
exemple :
'Ensiô'h vfjdç XE xal EXXrjonovxov ïxovxo 2j (r
Cette licence est analogue au phénomène de la base libre des
vers éoliens ; comp. § n. Bien qu'assez rare, elle se rencontre
plusieurs fois dans l'Iliade et Y Odyssée,
2) Le vers dit fis iovgoç (c.-à-d. dont la queue est plus
petite que celle du vers construit régulièrement) présente un
pied incomplet à la fin :
TQCOBÇ ô' BQQiynoav, ô'ncoç î'ôov alôXov oqpiv (M 208)

L'anomalie n'est, à notre avis, qu'apparente, la syllabe 6-


étant prolongée à cause de la consonne aspirée qui suit ; v. III
§ 7. Les autres exemples de cette licence véritable ou apparente
sont également douteux ; il s'agit partout de formes de mots
anomales, dans lesquelles une syllabe est prolongée metri causa
ou pour d'autres raisons, qui n'ont rien à faire avec l'endroit
spécial du vers dont il s'agit x).
Néanmoins, les Anciens ont reconnu le oxixoç (IEÎOVQOÇ comme
un vers spécial et l'ont employé dans des passages d'une étendue
considérable ; comp. les distiques de Livius Andronicus cités
par Terentianus, vers 1931 suiw. (fragment de son Ino), les
vers 311 suiw. de la Tragodopodagra de Lucien, et les vers qui
se trouvent dans Oxyrhynchus Papyri XV 1795, par exemple
Nvv yàg ô x6Vfiar' £%a>v é'zi nXsiova d'éXBi.
Le troisième nâ'&oç xaz' Uvèsiav est le suivant :
3) Le vers dit Xayapôç ou oojtjxiaç, dont un pied médian
semble compter moins de quatre morae :
Bfjv sic AlôXov xXvzà ôcbfiaza' zàv ô' êxixavov (x 60)
La deuxième syllabe du nom propre est prolongée par position
devant la liquide X, prolongation exceptionnelle, mais nullement
improbable ; comp, III § 4. Le mot se rencontre exactement
dans la même position au vers 36 du même livre.

*)Par exemple xâvsia (x 355) de xâvsov ; lâyn (A 559) avec a long;


SiSovvai (Si 425), forme rejetée par Aristophane de Byzance et bannie des
manuscrits (v. la note de Leaf à ce vers).
IV i8, 19 59
Voici maintenant les nàftn) xazà nXBovaofiôv t
4) Le vers dit ngoxéfpaXoç; le premier pied semble
compter plus de quatre morae :
'H oi>x âXiç, ô'xxi yvvaïxaç âvâXxiôaç 'nnsgonsvEiç (EqAg)
En réalité, les premières syllabes se fondent ensemble par syna-
lèphe ; comp. III § 11,
5) Le vers dit nooxoiXioç; un pied médian semble
compter plus de quatre morae :
UaxQÔxXov no&êa>v àvÔQoxfjxd XB xal fiévoç tfv (Si 6)
Nous avons déjà parlé de la première syllabe du mot àvôçox-qç,
v, III § 3.
6) Le vers dit ô o Xix ô ov Q o ç ou fiaxpoaxBXtfç; le
dernier pied semble compter plus de quatre morae :
KvxXcoyj, xfj, nis oïvov, ènsl tpâysç âvôpôfiea xçéa (1347)
En réalité, les deux syllabes du dernier mot sont prononcées
comme une seule par synizèse.
19. Pentamètre daetylique (_^w _^u _H_^^ _uu _)
Ce vers est, à vrai dire, un dicatalectum (v. II § 7), composé
de deux tripodies catalectiques (v. § 4) ; il compte 2 X -z\ =
5 pieds ou mètres. De la composition du pentamètre il résulte
clairement que la diérèse au milieu du vers est de règle. Exemple :
Kal Movoécov ëçazbv Ô&QOV ênioxdfiBvoç :
__ _wu _|i_uu _wu o (Archiloque, fr. 1, 2)
Le pentamètre est presque toujours combiné avec l'hexamètre ;
le distique formé ainsi s'appelle distique élégiaque
(xb êXByBïov). Il est apparenté à d'autres distiques, employés
dans les Épodes d'Archiloque ; v. VIII § 16. Exemple du distique
élégiaque :
Tiç ôè fiioç, xi ôè xspnvbv âzEç> xQva^jÇ AcpQOÔixrjç ;
xe&valnv, ÔXB fioi firjxéxi xavxa fiéXoi
(Mimnerme, fr. 1, 1—2)
La composition du pentamètre se montre clairement dans les
vers isolés de la poésie lyrique, où la structure du vers n'est pas
fixée avec autant de rigidité que dans le distique ordinaire. On
peut comparer les vers suivants d'Euripide (Troyen, 1096 suiw.):
Kvavéav ênl vavv ElvaXiaiai nXdzaiç
ïj SaXafitv' tsçàv fj ôinoQOV xoQvqpâv
"Iofrfiiov, éV^a nvXaç HéXonoç k'xovoiv ê'ôpai.
Dans les deux premiers vers, des penthémimère dactyliques de
structure très pure composent des pentamètres, tandis que le
6o IV 19, 20
troisième vers se décompose en un penthemimeres daetylique et
un dimètre catalectique ïambique :
_uw _uw _|juuu u_ u_ —A I

Les poètes se sont parfois permis d'autres combinaisons que


le distique élégiaque. Premièrement, ils ont répété le pentamè-
tre xazà ozixov, comme l'a fait l'auteur anonyme de l'épigramme
de deux lignes citée par Aristote dans la Constitution d'Athènes
VII 4, Plus tard, le poète Philippus composa une épigramme de
cinq pentamètres, dont chaque vers compte un spondée de plus
et un dactyle de moins que le vers précédent :
XaïpE, d'Eà Hacpit} ' arjv yàg dei ôvva/iiv
xdXXoç z' â&âvaxov xal oéfïaç ifiBQÔBV
ndvzEÇ zifioeaiv frvaxol èqpafiéQioi
êv nâoiv fi'ù'd'oiç BQyoïaiv XB xaXoZç •
ndvzrt yào nàoiv ortv ôtiXoïç xifi-hv (Anth. Pal XIII 1).
Ensuite, on pouvait faire précéder l'hexamètre du pentamè-
tre ; c'est ce qu'a fait le poète Dionysius Chalcus"; je cite les deux
distiques dédicatoires de ses élégies (v. Athénée XIII 602 C et
XV 669 E) :
'Si 0BÔÔCOQE, ôéxov zrfvÔB nQonivofiévnv
x$]v an'
èfiov noiijoiv. èyà> ô' êniôêÇia néfinco
ool nçcùxo) xaQ^ra}v ByxBpdaaç xdgixaç *
xal oi) XaBcov ZÔÔB ÔCÙQOV âoiôàç âvxmpônv&'i.
Enfin, le pentamètre est remplacé parfois par le trimètre ïam-
bique pour des raisons particulières. Critias s'étant proposé
d'adresser une élégie à Alcibiade, il ne pouvait faire entrer le
nom de son ami dans son poème qu'en employant le trimètre :
Kai vvv lLA.Bivi.ov viov A.V"nvaZov oxE<pava>oo3
"AXxi^idô'nv véoioiv vfivqoaç XQÔnoiç '
ov yâç nmç rjv xoiivofi èopapfiô^Biv èXsyBiop,
vvv ô' èv lafi(3siq> xBloBxai ovx âfiéxçcoç
(ir. 4 JD. = 2 i->)
De même, le poète alexandrin Nicénète a changé le second
vers du distique, parce qu'il voulait citer dans son épigramme
un trimètre célèbre de Cratinus (Anth, Pal, XIII 29).
20. Nous avons déjà vu que la diérèse entre les deux
mem-
bres du pentamètre est de règle ; le vers est soumis à d'autres
préceptes, dont le plus important défend la substitution d'un
spondée à un dactyle dans le second membre. La dernière syllabe
du premier membre doit toujours être longue, de préférence
rv 20 61

longue de nature, quoique la syllabe longue par position ne soit


nullement exclue.
L'hiatus n'est pas admis entre les deux membres. On évite
les monosyllabes à la fin de chaque membre.
Les exceptions à ces règles sont parfois voulues par le poète,
comme nous l'avons remarqué dans l'épigramme de Philippus,
où il s'agit de la substitution des spondées aux dactyles.
La diérèse est négligée dans le vers suivant d'Euripide, pen-
tamètre isolé parmi des mètres lyriques hétérogènes :
'Si cpiXoç, a> <piXs BaxxEÏB, noZ olonoX&v (Eurip., Cycl, 74)
Ailleurs, un nom propre composé est divisé par la diérèse :
Tegà vvv ôè âioaxovQlôsoi yBvsTJ (Callimaque, cité par
Héphestion, p. 52 Consbr. = fr. 192 Schn.)
L'hiatus se trouve chez Théognide :
Oiix' ëzi yàg vr\cp<ù OUZB Xvnv fis&voa (vers 478).
Le même poète a aussi admis une syllabe brève à la fin du
premier membre :
A-qoofiai éQxôfiEVOç ovô' àvanavôusvoç (vers 2).
Ce ne sont pas les seuls exemples de ces deux licences, dont
la cause est identique : le premier membre est considéré comme
un vers indépendant, comp. II § 3.
Quand il y a un monosyllabe à la fin d'un membre, c'est le
plus souvent un mot postpositif ou lié au mot précédent par
l'élision (fiéXzBpoç TJ <piXoç w v, Théogn. 92 ; <Sc ^aAewôç <5è
fidX' BJ>, ibid, 520).
Le distique élégiaque se rencontre dans la littérature pour la
première fois pendant la première moitié du septième siècle ; il
a été employé par plusieurs poètes de ce siècle et du siècle sui-
vant, presque tous des Ioniens (Archiloque, Callinus, Mim-
nerme) ; à Sparte, les élégies guerrières de Tyrtée jouirent d'un
grand renom. A l'origine, l'élégie était destinée aux chants funè-
bres ; le nom semble être apparenté à certains mots exprimant
par onomatopée des cris de caractère soit lugubre soit joyeux
(BXBXBV, ôXoXvyfiéç). Le nom du pentamètre se trouve pour
la première fois chez le poète Hermésianax (dernière moitié
du rVme siècle avant J.-C), fr. 2,36 D. L'élégie était chantée
(par exemple la célèbre élégie de Solon intitulée Salamis, v. Plut.
Sol. 8, 1) avec accompagnement de flûte (Théogn. 241 suiw.),
ou récitée (v. le témoignage d'Athénée, XIV 632 D).
62 IV 20, 21
Les poèmes élégiaques étaient propres à toute sorte de matiè-
res ; même des philosophes, comme Xénophane, s'en servirent
pour exprimer leurs pensées. Chez Mimnerme, l'élégie prend
un caractère erotique, qui prévaudra dans la poésie latine, Euri-
pide a introduit une élégie dans une tragédie (Andromaque, vers
103 suiw.), où elle fait fonction de chant funèbre.
Le distique élégiaque est employé de préférence dans 1' é p i-
gramme, qui était d'abord une inscription véritable sur les
monuments funéraires et les dons votifs. Bientôt la poésie litté-
raire s'en empara ; Simonide de Céos s'est surtout distingué
dans ce genre. Quelquefois la différence entre l'élégie et-l'épi-
gramme est fort difficile à saisir, même par rapport à l'éten-
due du poème ; par exemple, l'épigramme de Méléagre, Anth.
Pal. IX 363, compte 23 vers et est plus longue que beaucoup
d'élégies.
21. Le dactyle dit cyclique.
Du temps de la métrique de Westphal, les dactyles des logaè-
des, y compris ceux que nous désignons comme mètres éolo-
choriambiques, et des dactylo-épitrites n'étaient pas considérés
comme des dactyles de durée normale. Le dogme du rythme
isochrone exigeait que les dactyles et les trochées, qu'on trou-
vait juxtaposés dans les mêmes cola, fussent de durée égale
(_
\J \J = J),
_
Or, il existe un endroit dans le traité De compositione verborum
de Denys d'Halicarnasse (c. 17), où il est question de dactyles
et d'anapestes dont la syllabe longue est considérée comme
UXoyoç, étant plus brève que la longue ordinaire ; comp, II § 12.
On empruntait à Denys (à tort, comme nous le verrons) le nom
de xvxXioç pour désigner le dactyle des vers logaédiques, dont
la transposition en notes musicales modernes ne serait plus
J JJ,mais £
j~J; ainsi il aurait la durée du trochée (J J").
Avant de discuter les points litigieux que soulève la question
du dactyle de Denys, nous transcrirons l'endroit tout entier :
Hapàôsiyfia ôè avzov (se. zov ôaxxvXixov) XÔÔB '
'IXIÔ&BV fis q>épa>v avEfioç Kixôvsaoi néXaooBV (1 39)
ol fiévxoi çv&ftixol zovzov zov noôbç zr\v fiaxpàv jipaxvzépav
EÏvai <paai zfjç ZBXsiaç • ovx BXOVZBÇ ôè slnsZv, nôoeo, xaXovaiv
avzijv àXoyov ' BTEQOV ôè àvxioxpotpôv ziva zovzco çv&fiôv, ôç
ànb z5>v ^Qaxeioev âpÇàfievoç ènl zijv blXoyov zavzqv ZBXBVZS,,
rv 21 63

XmpioavxBÇ ânb x&v àvanaiaxcov, xvxXov (xvxXiov Herm.) xaXovai


naQâÔBiyfia avzov cpéQOvzBç ZOIÔVÔB •
Kéxvzai nôXiç vipinvXoç xazà yâv.
Cet endroit fait partie d'une énumération des pieds dissylla-
biques et trissyllabiques ; la description du dactyle est précédée
de celle de l'anapeste, à laquelle est joint l'exemple suivant :
Bapv fioi XBcpaXrjç ènixpavov êf#ei (Eurip., Hippol. 201) x).
En analysant les paroles de Denys, on se rend compte tout
d'abord, que le nom xvxX(i)oç n'est pas appliqué au dactyle,
mais à l'anapeste avec longue irrationnelle, que les rythmiciens
opposaient à l'anapeste ordinaire ; la structure métrique de ces
deux pieds était identique, comme l'indiquent les exemples cités
par Denys. Quant au dactyle, les rythmiciens que Denys a con-
sultés n'en reconnaissaient que la forme qui est le pendant du
pied dit xvxX(i)oç, c.-à-d. avec longue irrationnelle ; il s'agit
du dactyle d'un hexamètre épique. Pour ces mêmes rythmiciens,
le dactyle normal avec longue ordinaire ne semble pas avoir
existé 2).
Parmi les explications nombreuses qui ont été données de
cet endroit difficile, nous citerons en premier lieu celle de
G. Hermann ; il ajoutait foi aux paroles de Denys et pensait
que la syllabe longue de l'hexamètre épique était réellement
plus brève qu'une longue ordinaire ; il considérait comme preuve
de cette hypothèse le fait que la syllabe longue ne peut pas être
remplacée par deux brèves ; comp. El. doctr. metr. p. 317
suiw.s). A côté du dactyle avec longue irrationnelle, le dactyle
avec longue normale, dont les rythmiciens de Denys ne parlent
pas, était reconnu par Hermann ; selon lui, c'était le dactyle
des vers dactylo-épitritiques, ibid. p. 321. L'opinion de Hermann
a été reprise, de nos jours, par Maas, qui d'ailleurs ne le cite
point ; v. Griech. Metr. p. 14.
Cette explication présente une difficulté insurmontable ; les
auteurs suivis par Denys reconnaissent également l'existence
d'anapestes du même type. Or, la syllabe longue de l'anapeste

x) Euripide a ËxElv au lieu de Ë'XEI.


2) Le choriambe est appelé lui aussi xvxXios; v. Choeroboscus, p, 218, 23
Consbr.
3) Au même groupe appartiennent, selon Hermann, en majeure partie,
les cola dactyliques groupés par systèmes.
64 IV 21

peut toujours être remplacée par deux brèves, v. VII § i. Wif-


strand a proposé une hypothèse pour sortir de l'impasse ; selon
lui, le groupe d'anapestes désigné par les rythmiciens comme
xtixX(i)oi, serait celui des systèmes anapestiques, où les cola
consistent en syzygies dont la fin coïncide régulièrement avec
la fin d'un mot (comp. VII § 5). Comme Wifstrand s'est rendu
compte du fait que le rythme anapestique exige l'isochronie
stricte du levé et du frappé, il pense que la différence entre la
durée de la syllabe irrationnelle et celle du frappé tout entier
est suppléée par la pause entre chaque paire de syzygies ; v.
Von Kallimachos zu Nonnos, p, 28 suiw. Il y a deux faits qui
s'opposent à cette hypothèse : premièrement, le frappé du second
pied de la syzygie peut être formé de deux syllabes brèves (v.
les exemples cités VII § 9) valant une longue normale, de sorte
que la pause métrique supposée par Wifstrand est exclue après
les syzygies de cette constitution ; on ne voit pas pourquoi la
séparation des mots comporterait tantôt une pause métrique,
tantôt en resterait privée. Ensuite, dans le dimètre anapestique
catalectique des mêmes systèmes, la fin d'une syzygie ne coïncide
pas toujours avec la fin d'un mot (v. VII § 12), de sorte que
la pause indispensable à la scansion rythmique des anapestes
proposée par M. Wifstrand ne peut pas exister dans ces cola.
L'explication du passage de Denys proposée par Hermann, Maas
et Wifstrand me paraît inadmissible.
D'après E. Fraenkel (Rhein. Mus. 1918, LXXIL p. 163 suiw.),
le xvxX(i)oç serait le dactyle des cola avec anacrouse ; selon
lui, les vers du yévoç ïoov chez les auteurs de la poésie lyrique
des choeurs archaïque (Stesichorus, Ibycus) seraient des vers
dactyliques, même s'ils commencent par deux syllabes brèves ;
celles-ci devraient être isolées comme anacrouse du reste du
vers. Ainsi l'exemple du xvxX(i)oç cité par Denys permettrait
la scansion suivante :
<-/ >_<
[
_ ^u ~. *-> \J __
\j \j __
L'anacrouse dissyllabique n'est reconnue, dans le yévoç ïoov,
que par Fraenkel ; elle nous semble extrêmement improbable.
Le pied mentionné par Denys ne peut pas être un pied daety-
lique, parce qu'il est expressément signalé comme le pendant
du dactyle (âvziozpocpoç z& ôaxzéXcp). L'explication de Fraenkel
est encore moins satisfaisante que celle de Hermann.
Enfin, Goodell (Chapters p. 168 suiw.) a proposé de réduire
IV 21, V i 65

l'usage des pieds mentionnés par les rythmiciens de Denys à


des vers d'un caractère spécial, dont l'allure pressée exigerait
une récitation accélérée. Selon lui, ni le dactyle avec longue
irrationnelle ni le xvx(X)ioç devraient être considérés comme des
mètres sui generis. Il explique le nom de xvxX(i)oç comme
synonyme de ozçoyyvXoç et de ènlzooxoç, l'idée de facilité et
de vitesse du débit se joignant à celle de rotondité appliquée
métaphoriquement au langage.
L'exemple de l'hexamètre avec longue irrationnelle cité dans
le chapitre de Denys dont il s'agit, s'accorde bien avec l'expli-
cation de Goodell ; ailleurs (ch. 20), le vers célèbre exprimant
par harmonie imitative la chute du rocher de Sisyphe (X 598 ;
comp. § 16) est analysé minutieusement par Denys, et cela
justement à cause du caractère de vitesse qui y est inhérent ;
les syllabes longues y sont également décrites comme des
&Xoyoi. L'interprétation de Goodell me semble préférable aux
autres, bien qu'elle comporte la supposition que Denys aurait
résumé d'une façon assez nonchalante la doctrine de ses
rythmiciens.
V. L'ïambe
1. L'ïambe (^ _)
Ce pied se compose d'un levé qui est une syllabe brève et
d'un frappé qui est une syllabe longue ; donc, il appartient
au yévoç ômXdoiov, son rythme est ascendant et il compte
trois morae. La syllabe brève peut être syncopée, le pied n'étant
représenté que par une seule syllabe longue : . _, ou, avec
protraction, _i ; comp. II § 7.
Quand le nombre des pieds est un nombre pair, le côlon ou
le vers se décompose en syzygies (u _ u _) ; le premier pied de
chaque syzygie, ou bien chaque pied de nombre impair du côlon
ou du vers, peut commencer par une syllabe longue au lieu
d'une brève. Nous avons déjà touché la question concernant
la durée de cette syllabe dite irrationnelle (II § 12) ; son impor-
tance est moindre par rapport aux vers récités, où la durée des
syllabes ne saurait être indiquée d'avance avec une précision
chronométrique. Même quand il s'agit de vers chantés, une
précision absolue ne me semble pas nécessaire ; ici encore, il
faut faire abstraction de la rythmique de la musique classique
de ces derniers siècles, selon laquelle la plus minime addition
Traité de métrique grecque 5
66 V i, 2, 3
de temps doit être justifiée par rapport à la mesure choisie par
le compositeur. Inversement, l'oreille des Grecs n'était pas
choquée par l'insertion au milieu de pieds ïambiques d'un pied
quadrisyllabique comptant une mora de moins qu'une syzygie
(w
u „ _) ; v. § 3.
Le fait que le second pied des syzygies doit toujours compter
le nombre exact de morae, prouve que l'allure du rythme se
faisait sentir surtout dans les pieds de nombre pair, tandis qu'elle
était moins prononcée dans le premier pied des syzygies. L'ap-
plication des oxiy/iai dans l'Epitaphium Sicili, qui se trouvent
toujours sur le second pied des syzygies ïambiques, concorde
avec cette constatation *) ; par conséquent, dans chaque syzygie
le second pied constitue le frappé par rapport au premier pied.
2. Dans la syzygie ïambique, tous les pieds de durée égale
peuvent remplacer l'ïambe et le spondée, excepté le trochée ^
à l'ïambe se substitue le tribraque (^c^), au spondée l'anapeste
(^J _) et le dactyle (_ Ou). La substitution du procéleusmatique
est excessivement rare (u ^ w). La seconde partie de chaque
pied en constitue toujours le frappé, comme nous l'avons indiqué,
le rythme étant toujours ascendant.
La substitution de ces pieds aux pieds purs n'est pas illimitée ;
elle est différente selon les genres auxquels les vers ïambiques
appartiennent. Chez les comiques, elle est fréquente dans le
dialogue, mais beaucoup plus rare dans les vers lyriques. Dans
les dactylo-épitrites, le premier ïambe de chaque syzygie est
presque toujours remplacé par un spondée.
L'anapeste est substitué également au second pied de la
syzygie, bien qu'ici il ne puisse pas être interprété comme un
spondée résolu. Le dernier pied du vers est toujours un ïambe pur.
3. Quand le premier pied d'une syzygie est syncopé, le schéma
rythmique devient _i ^ ; quand le second pied est atteint de
_
syncope, on obtient le schéma rythmique u _J (ou avec i
_
longue irrationnelle) ; le schéma devient _i _J, quand les deux
pieds sont syncopés. Comme il est, le plus souvent, impossible
de s'assurer si la durée de la syllabe élidée était ajoutée à la
durée des autres syllabes ou non, nous préférons l'indiquer
par un point (par exemple . _ u _) ; comp. II § 7.
Si la protraction n'a pas eu lieu, la syzygie atteinte par syncope

x) V. I § 1 et le livre de Mountford cité dans la note, p. 161.


V 3 67
devient un crétique (_ u _), un bacchée, un molosse (^ ou
) ou un spondée (_ _). Ce cas se présente partout où la _ _
syllabe longue d'un pied syncopé équivaut à deux syllabes
brèves ; si cette syllabe avait été prolongée par protraction, elle
aurait la valeur de trois brèves (_J = J), Par exemple, dans
w <-»
les strophes de la Deuxième Olympique de Pindare, le même
côlon se termine tantôt par un crétique, tantôt par un péon
quatrième (_ <J = ^ w u _) ; par conséquent, la première syllabe
_
du crétique ne peut pas être une xQiaijfioç. On peut comparer
ce côlon dans la première strophe et dans la première antistrophe :
"EoxaoBv 'HpaxXérjç : __u_|_u_ 3 (5)
HXovxôv xe xal ^dgo» &ymv: u_|uuu_ 11 (20)
__
D'autre part, la protraction est mise hors de doute, quand
elle est indiquée par l'annotation rythmique (dans YEpitaphium
Sicili déjà cité), ou quand elle résulte de la correspondance des
strophes (une syzygie ïambique correspond à des pieds qui ont
la forme d'un crétique, d'un bacchée, un molosse ou d'un
spondée), par exemple
$iXoi, zoZaô' ôfiov néXaç : w _i u u o ]
,. _
(Soph., Ajax 406)
-ov 0% ziva Tooia oxpaxov : u _ u_|__ u_ (ibid. 424)
On voit que le bacchée apparent du premier côlon est, en réa-
lité, une syzygie ïambique syncopée.
Enfin, la protraction est démontrée d'une manière irréfuta-
ble par les fragments d'un traité rythmique conservés dans les
papyrus d'Oxyrhynchus (O. P. I, n. LX, p. 14 suiw.), traité
qui provient de l'école d'Aristoxène, peut-être du maître lui-
même x). L'auteur explique la valeur rythmique d'un groupe de
trois syllabes, dont le schéma métrique est celui d'un crétique;
il dit que ce crétique apparent peut être identique à une syzygie
ïambique, bien que la protraction se rencontre plus souvent dans
les vers trochaïques et qu'elle y soit répétée en séries plus lon-
gues. Il cite les vers suivants (col. III) :
"Ev&a ôi) noixlXcov àv&écov àfifSQOxoi
XBiuaxBç p~wd"ùaxiov nap' îLXaoç àfSponap&èvovç
BVioexaç x°QovS àyxdXaiç ôéxovzai:

*) V. l'analyse minutieuse des fragments d'Oxyrhynchus dans l'article de


Blass, Neue Jahrbiicher 1899, p. 32 suiw.
68 V 3, 4

i ^ _ |. U_|_J ^ |.—i w_
i
_
1
u_|u_ u_ j u_ u „ u _ J u_
_J | _J u_| —I u_|u_ _A (Adesp. chor. 36 D.)
w_
Ce sont trois tétramètres ïambiques, dont le dernier est cata-
lectique. Les seules syzygies non syncopées se trouvent dans
le deuxième vers ; la première syzygie est syncopée partout, de
sorte que le rythme serait considéré comme trochaïque, si nous
n'avions pas à notre disposition l'explication du théoricien grec.
La dernière syzygie du vers catalectique présente, comme d'or-
dinaire, la forme d'un bacchée.
La prolongation de la syllabe longue causée par la protrac-
tion est indiquée clairement dans la colonne V : &OZB ZTJV fièv
nçcùXTjv ÇvXXaftjjv èv xâ fiByioxqp #gdV<j> XBîo&ai, zi/v ôè ÔEVxégav
èv xâ> éXaxiozcû, zi)V ôè ZQIZTJV èv XCÙ fiéoop.
4. Les mètres ïambiques se présentent soit comme des vers
indépendants, soit comme des cola faisant partie d'unités plus
grandes. Ils sont employés xazà ozixov chez les ïambographes
(Archiloque), dans le dialogue du drame, dans certains poèmes
lyriques (Anacréon et les Anacreontea) et, à une époque plus tar-
dive, dans l'épigramme. Les cola ïambiques sont fréquents dans
les strophes des parties lyriques du drame et de la poésie lyrique
proprement dite.
Aux pieds ïambiques sont, nous l'avons déjà vu, juxtaposés
parfois des pieds crétiques ; les cola ïambiques sont juxtaposés
aux cola appartenant au yévoç ïoov dans les vers dactylo-épi-
tritiques ; à la fin de cola anapestiques de forme logaédique
se trouve une syzygie ou un pied ïambique ; v. VIII § 6 et 5.
L'ïambe se rencontre aussi dans les vers éoliens, soit sous la
forme de cola ïambiques, soit comme élément constitutif des
cola éoliens eux-mêmes, à côté de dactyles et de choriambes ;
v. IV § 10 et X § 2 suiw.
Enfin, la combinaison de syzygies ïambiques et trochaïques
n'est pas exclue, bien qu'elle comporte un changement de rythme
(fiBzaftoXri) violent; par exemple
AvaÇupôpfiiyyBç iifivoi:
u_ u_|_w __ (Pind., 01. II 1)
Ce phénomène ressemble à l'anaclase (II §9), par suite de
laquelle la syzygie ïambique devient un choriambe (b 2 :
u _
21 o _). L'anaclase a lieu aussi bien dans un côlon (vers) isolé
que dans un côlon correspondant à un autre. Quant au premier
V 4, % 6 6g

cas, nous en donnerons des exemples en traitant le trimètre


(§ 17). Voici un exemple se rapportant au second
cas :
Kal x&ovia xôviç nty : .uU-|u_ u_ (Ésch., Sept. 736)
A lava ô' ëç xglxov fiévst: |u_ (ibid. 744) x)
__ u u _
La syzygie ïambique est analogue à l'ionique a minore quant
au nombre de morae et à l'allure du rythme (u u : u u _) ;
aussi des pieds ïambiques se rencontrent dans les _ _ _
cola (vers)
ioniques, quand il y a anaclase des ioniques, par exemple dans
le galîiambe (v. IX § 5).
5. Les Anciens connurent plusieurs étymologies du nom de
l'ïambe, dont aucune n'est satisfaisante ; on le dérivait du nom
d'une servante du roi éleusinien Celeos, appelée 'Iâfi^jj, qui aurait
égayé par ses plaisanteries Cérès, inconsolable à cause de la dis-
parition de sa fille ; on le dérivait aussi d'un verbe lafifii^Eiv,
c-à-d. railler ; mais il est clair que le mot ïafifloç est à la base
et du nom propre et du verbe. Cependant, il faut retenir ceci,
que l'ïambe a été, de tout temps, mis en rapport avec la raillerie
effrontée et licencieuse ; il se peut que le pied métrique ait été
usité dans certains refrains appartenant au culte de Cérès ; on
sait que les participants aux mystères d'Eleusis avaient l'habitude
de railler le public en traversant un pont ; ces railleries s'appe-
laient yBcpvoiofioi. L'étymologie véritable du mot nous est incon-
nue; il semble être apparenté à iïpiafip'oç et ôi&vpafip'Qç, mots
indiquant des chants appartenant au culte de Bacchus.
Le trimètre ïambique est, après l'hexamètre daetylique, le vers
le plus ancien dont nous avons connaissance ; l'auteur inconnu
de l'épopée comique perdue Margites, a déjà inséré des trimè-
tres parmi les hexamètres, qu'il devait trouver trop sonennels.
Pour nous, la poésie ïambique commence par les ïambes d'Ar-
chiloque de Paros (première moitié du VIIme siècle avant J.-C).
6. Monomètre ïambique (u u_)
_
Ce côlon fait partie de périodes et de strophes de mètre ïam-
bique ou de mètre mélangé ; il se prête surtout aux exclamations
brèves, par exemple
AlaZ xaxoev : (Eurip., Herc. 899)
'Iôov lôov :
__ u - (ibid., 904)
u_ w_
'Avi âvia: wo
(Ésch., Pers, 1055).
u^w

I) Plusieurs éditeurs, ignorant cette licence, ont changé le texte sans aucune
raison.
7o V6
Quant aux exclamations de la même forme, qui se trouvent parmi
les trimètres du dialogue, elles étaient séparées de la partie mé-
trique et indiquées comme nQoavatpmvrjfiaza ; voyez, par exemple,
la scolie d'Héliodore aux vers 1170—1205 des Nuées d'Aristo-
phane x).
Le monomètre peut être combiné avec un dochmiaque :
2$ xoi noXiç, oi) ôè xb ôduiov : u _ u.|uuu-uu
(Ésch., Suppl. 370)
Le monomètre acatalectique se rencontre également comme
élément constitutif de cola dactylo-épitritiques; par exemple:
"AfiBpaav ônépxazov êx xelQ°^v yégaç :
_uu u u
_|__ wo (Bacchyl. XI (X) 36)
_ _
Le monomètre hypercatalectique y est plus fré-
quent ; par exemple :
"AVÔQ' âya&bv fièv âXa&écoç ysvéo'&ai :
_wu _uu -|u_ u_|_ (Simonide, fr. 5 B. = 4 D., 1)
Ce vers composé s'appelle élégiambe ; v. VIII § 14.
Le monomètre hypercatalectique coïncide avec la première
partie d'un trimètre ïambique divisé par la césure ordinaire (la
penthémimère) ; v. § 13.
La forme catalectique ressemble à un bacchée (u A);
par exemple :
"Anpiyôa : u a A (Ésch., Pers. 1057) 2).
_
Le côlon est nettement séparé par l'hiatus des cola qui précè-
dent et qui suivent.
Le même monomètre se rencontre quelquefois comme côlon
indépendant dans les strophes éolo-choriambiques de compo-
sition libre :
.
aEv àvôp&v : u (Pind., Ném. VI 1).
_ _
Plus souvent, le monomètre catalectique fait partie de cola
éolo-choriambiques ; on y trouve une autre forme abrégée, qui
ressemble à un crétique ; ce n'est pas, à vrai dire, une syzygie
catalectique réelle, mais plutôt une syzygie syncopée (. u_);
Il _
comp. 3. se peut
§ toutefois que les cola qui se terminent par
x) Par contre, la même exclamation (lov lov) est indiquée comme x&Xov
larfixàv /J.0V6/J.EX00V âxazdXnxxov dans la scolie récente au commencement
des Nuées.
2) Je suis le texte de Wilamowitz et de Schroeder.
V 6, 7 7i
une syzygie de cette forme, fussent considérés parfois comme des
cola catalectiques (. | A) ; ils sont beaucoup plus fré-
. . . _ _
<J

quents dans les strophes éolo-choriambiques et dactylo-épitri-


tiques que les cola catalectiques formés régulièrement. Quand
la première syllabe longue est résolue, le péon quatrième se
substitue au crétique ; exemple :
TQBZÇ defiXocpéçoi nçbç àxgov âçszâç :
U|_<J.J_|U_|UUU_ (Pind., Ném. VI 23 (39))
_
Ce vers se compose d'un glyconéen, augmenté d'une syzygie
ïambique syncopée ou catalectique.
L'exemple suivant est emprunté à une strophe dactylo-
épitritique :
os -]uvoev yovdzcov nôXiôç &' vnèp <plXaç :
_uu _uu _t.|_u_. (Pind., Ném, VIII 13 (23))
La première partie de ce côlon est une tripodie daetylique cata-
lectique (prosodiaque acéphale) ; cette série est employée plu-
sieurs fois dans la même ode, par exemple dans le deuxième
vers (âfif3Qoaiâv cpiXoxdxoiv),
7, Tripodie ïambique (^ _ u _ ^ _)
C'est un côlon peu fréquent ; il commence parfois par un ana-
peste ; par exemple :
©aXafitjnôXqp nsosiv : w u u (Soph., OEd. R, 1209)
_ _ _
La forme pure se rencontre chez Bacchylide dans une strophe
ïambo-trochaïque :
Tâyov ôè vavfiàzai : w w u ÇHùd>., XVII (XVI) 48)
_ _ _
Dans le même poème se trouve également la forme qui com-
mence par un spondée :
KOVQOVÇ 'Iaôvcov : (ibid., 3)
__ u_ o_
Anacréon a réuni deux tripodies en un asynartète :
rSi ' pavvè oi] Xiijv noXXoZai yàp fiéXsiç :
(fr. 93B. = 84 D.)
__ -_ u_ __ u_ w_
Il

Le plus souvent, notre côlon est combiné avec un dochmia-


que, tout comme la tripodie trochaïque catalectique (hypodoch-
mius), dont nous parlerons plus tard ; v. XII § 1. Exemple :
Téxvav èfioev <pvXa% ôXé&piov xoizav :
w_|uuu (Eur., Héc. 1084)
w_ u_
Le côlon de Sophocle cité au commencement de ce paragraphe,
se trouve à la fin d'une série de hypodochmii.
72 V7,8
Enfin, je cite le côlon suivant à cause de la résolution de deux
ïambes consécutifs :
Alôvfia xdx' ëxéXsOBv : u uu u uu w (Esch,, Sept, 782)
8. Dimètre ïambique (^
_ u |
_ u _ u _)
Dans les mètres ïambiques, comme dans les mètres dacty-
liques, le dimètre est le côlon le plus usité dans les périodes et
dans les systèmes. Exemple :
ZriXoe OB xnç BvBovXiaç: __ u_|__ ^_
(Aristoph., Ach. 1008)
La forme catalectique (u _ u _ | u _ _ A) se trouve
souvent à la fin d'un ou de plusieurs cola acatalectiques. Dans
le premier cas, les deux cola peuvent se réunir en un vers, le
tétramètre catalectique;
Eï fioi yévoixo nap&évoç | xaXrj XB xal xépBiva
(Hipponax, fr. 90B. = 79 D.)
Quand les cola ne forment pas des vers employés xaxà oxixov,
on les écrit séparément. On peut comparer les cola de la strophe
des Acharnéens, dont le côlon cité est le premier. Elle se com-
pose de quatre périodes ; la première et la dernière période comp-
tent deux dimètres acatalectiques et un dimètre catalectique,
la deuxième et la troisième un dimètre acatalectique et un dimè-
tre catalectique :
I ZrjXâ OB xrjç svfiovXlaç,
fiâXXov ôè xrjç sv(ù%iaç,
âv&gconB, xrjç nagotio-qç,
II Tl ôrjx', ênsiôàv xàç xixXaç
ônza>(iévaç ïôrjXB;
III Oïfiai OB xal xovx' e5 Xéysiv.
xb nvQ vnoaxdXEVB.
TV "Hxovoaç d>ç fiayBiQix&ç
xofiipâç XB xal ÔBinvrjxixoeç
avzoe ôiaxovBZxai;
Dans les systèmes, les dimètres acatalectiques se suivent en
nombre considérable sans aucune interruption ; parfois des
syzygies isolées y sont insérées. Le système de la plus grande
étendue se trouve dans les Cavaliers d'Aristophane (vers 911—
940) ; il compte 59 mètres! Le Vendeur de Saucissons et le
Paphlagonien profèrent furieusement des menaces à jet continu et
le choeur est entraîné par leur fougue ; le passage entier est débité
tout d'une haleine.
V 9 73
9. Il s'en faut beaucoup que tous les dimètres présentent la
structure transparente des vers d'Aristophane que nous venons
de citer ; il y en a dont tous les ïambes sont remplacés par d'au-
tres pieds :
'Si xéxsa xéxsa naxgbç ânâzog':
_w u^/|uuu uwu
(Eur., Herc. 114)
Non seulement Euripide, mais Sophocle aussi s'est complu
à varier les ïambes au point de les rendre presque méconnais-
sables, la syncope se joignant à l'emploi fréquent de cola cata-
lectiques et à la substitution de pieds apparentés à l'ïambe :
I 'Si UéXonoçâ nQÔo&BV uu u |
_ _ . _ . _
noXvnovoç innsla, u uu u _ | . _ _A
II 'Sic BfioXsç alavijç
uu u |
_ _ . _
xâÔB yâ. . _ u_
III ErbzE yàp ô atovzio&elç
uu u |
_ _ . _ ._
MvgziXoç èxoifiàifa], uu u |
_ _A
W HayxQvocùv ôi<pQcov _
__
_
._]._._ .

ôvaxdvoiç aixEiaiç | A
. _
V JTgdggiÇoç èxQupd'eiç, u_ |
__ . _ . _
oii xi na> u_
. _
VI "EXutev èx xovô' oïxov u uu _ . |
noXvnovoç alxsia : u uu u _ | . _ _ A
(Soph., El. 504 suiw.)
La dernière syzygie de chaque dimètre n'est jamais complète ;
elle est souvent dissyllabique par suite de syncope répétée, ou
bien un côlon catalectique subit en outre la syncope. Le premier
ïambe est remplacé partout par le dactyle, le tribraque ou le spon-
dée, ou bien il est syncopé.
Dans les strophes dactylo-épitritiques la syncope est rare; en
voici un exemple :
Aôyoïç BI tpBvyouBv, Boicoxiav ï>v :
u_ ,_|_u__l_u__ (Pind., 01, VI 90 (153))
Une syzygie ïambique syncopée est suivie d'un dimètre tro-
chaïque.
Quand chaque ïambe d'une syzygie finale est réduit à une syl-
labe longue, le côlon s'appelle brachycatalectique;
aux exemples que présente le passage de Sophocle déjà cité,
j'ajoute un dimètre brachycatalectique de forme régulière :
KaXsZ xuç dv&oâncùv : u_ u_ | A
(Aristoph., Ois, 1314)
. _ _
74 V 9, io
Le dimètre ïambique ne se trouve pas souvent dans les strophes
dactylo-épitritiques ; j'en cite un :
"AfmvEVfia osfivbv AXtpsov :__ u_|u_ u_ (Pind., Ném, 11)
Nous avons déjà parlé de la forme syncopée ou catalectique de
la syzygie finale appartenant spécialement à ces strophes et aux
strophes éoliennes ; comp. § 6. Un dimètre de cette forme pré-
cède un dimètre catalectique de la forme ordinaire dans les vers
suivants :
E'ùd-B fie xoifidoBiB zbv |
_ u u _ _ _ u_
ôvoôaifiov' Aiôov fiéXai- |
— _ . _ u_
u
va VVXXBQÔÇ z' àvdyxa : U_U_|U__A
(Eur., Hippol, 1386 suiw.)
Cette période empruntée à une strophe éolo-choriambique se
compose d'un dimètre choriambique, d'un dimètre ïambique
se terminant par un crétique apparent et d'un dimètre ïambique
catalectique de la forme ordinaire ; évidemment, le dimètre pré-
cédent ne peut pas être considéré dans cette position comme un
côlon catalectique.
10. Le dimètre catalectique est aussi employé xazà ozixov :
l'exemple le plus ancien se trouve parmi les fragments de Sappho ;
il s'agit d'un poème bâti sur un dicatalectum composé de deux
dimètres catalectiques :
rXHxrja fiâxEQ, oiixoi ôvvafiai xpéx-nv xbv ïoxov:
u_ u_|u_ _||uu_ u_|u_ O (fr. 90B. = II4D.)
Le second côlon pourrait être considéré comme un dimètre
ionique changé par anaclase, comp. IX § 3 ; mais nous ne con-
naissons pas d'autres asynartètes se composant d'un côlon ïam-
bique et ionique ; d'ailleurs, la même succession de cola se trouve
au commencement d'une strophe éolo-choriambique de Bacchy-
lide (VI), où les ioniques sont exclus.
Le dimètre ïambique catalectique de forme pure est employé
xaxà oxixov dans quelques poèmes d'Anacréon et du recueil
des Anacreontea, par exemple :
O fièv xhéXeov fidxEO'd'ai,
u_ u_ |
u_
ndpEOxi ydp, fiaxéo&co : u_ u_ |
u_
(Anacr., fr. 92B. = 82 D.)
Alors que ces hemiambi sont devenus, à côté du dimètre ionique
avec anaclase, le mètre favori des auteurs d'Anacreontea, le dimè-
tre acatalectique n'a pas trouvé la même faveur, bien qu'Ana-
créon l'ait employé, lui aussi, xazà oxixov :
V io, II, 12 75
'Egéco ôrjixB xovx èpéoo
XB u_ u _ | u _ u_
xal fiaivofiai xov fiaivofiai : u_ j __ u_
__
(fr. 89 B. =79D.)
Un dicatalectum composé de deux dimètres catalectiques sans
aucun pied trissyllabique a été employé par Callimaque :
âr]fir]XQi. xy nvXaly |] xfj TOÛTOV ÔVX HsXaoyoev
(Épigr, 39 Cah., 1)
11.-Dimètre ïambique hypercatalectique
(u— u j u
_ _
u_|_)
Ce côlon est bien connu comme le troisième vers de la strophe
alcaïque (ennéasyllabe alcaïque; v, X §30, 2):
Ta ô' BV&EV ' afiueç ô' 8v xb fiéooov :
u_ u_|__ u_|o (Alcée, fr. 18B. = 30D., 3)
Il se rencontre également dans les strophes dactylo-épitri-
tiques, par exemple :
HavOEi ôixaç ûvazoZai xpaivcov :
__
u_|__ u_|_ (Bacchyl., XIII (XII) 45 (12)).
Dans la chanson satirique de Timocréon contre Thémistocle,
le côlon forme le second membre des vers composés ; le dernier
vers nous met à même de déterminer exactement sa composition
véritable ; il y est séparé par l'hiatus du premier membre, lui
aussi un côlon ïambique :
Oï ô' ffa&iov xr/vxovzo fir) d>gar QsfiiazoxXéoç yBvéo&ai:
__
u_|__ u_ H-_ u_)__ u_|_ (fr. 1 B. et D., 12)
Pentapodie ïambique catalectique (u_ u_
u _ u _ u _)
La pentapodie est rare ; en voici quelques exemples :
SépÇnç ôè ndvz' Ensons ôvowpôvoaç: u_ u_ u_
__ u_(Ésch., Pers, 552)
ùBVOioi de VBQdnovza, yvaaofiai u_ u uu u_ __ u_
zàv ôXfïlav Koçivd'ov, 'Io&fiiov : __u_ u_u_u_
(Pind., 01, XIII 3 suiv.)
Au premier endroit, elle fait suite à une série de dimètres ïam-
biques ; chez Pindare, elle est répétée dans une strophe de mètre
mélangé.
12. Trimètre ïambique (u_ u_|u_ u_|u_ u_)
Aux ïambes se substituent les pieds que nous avons déjà men-
tionnés à plusieurs reprises ; nous en reparlerons plus tard ;
ici, nous nous bornons à constater que les vers ne contenant que
76 V 12, 13

des ïambes sont plus rares que les vers ne contenant aucun spon-
dée, et que c'est le cinquième pied qui présente le moins souvent
la forme spondaïque.
Le trimètre est employé soit xazà ozixov (chez les ïambo-
graphes, dans le drame et dans l'épigramme), soit comme côlon
ou vers isolé dans la poésie chantée (parties lyriques du drame,
chez les lyriques proprement dits). Il n'y a pas de différence
fondamentale quant à la structure du trimètre récité et du tri-
mètre chanté.
Les trimètres récités se divisent en quatre groupes : A) le tri-
mètre de la comédie, B) le trimètre du drame satyrique, C) le
trimètre de la tragédie, D) le trimètre des ïambographes. Le
caractère facultatif de la substitution d'autres pieds aux ïambes
et aux spondées diminue dans le même ordre ; alors qu'elle est
presque illimitée dans la comédie, elle n'existe presque pas chez
les ïambographes (auxquels il faut ajouter ceux d'entre les auteurs
d'épigrammes dont la technique est plus soignée qu'elle ne l'est
chez plusieurs de leurs confrères). La combinaison d'un dactyle
ou d'un tribraque avec un anapeste (_ uu | uu _ et u uu | uu _) est
évitée partout.
13. Les groupes que je viens de nommer, se distinguent aussi
par rapport à la césure.
Le trimètre admet deux césures:
a) la penthémimère (après le cinquième demi-pied) ;
c'est la césure la plus ordinaire,
b) l'hephthémimère (après le septième demi-pied).
Enfin, la diérèse après le troisième pied se rencontre aussi,
quoique moins fréquemment (c) x).
Exemples des césures et de la diérèse :
a) Ei/d'' &><PBX' Apyovç fii) ôianzdo'd'ai oxdtpoç :
12 3*|5||_ u_|__ UÛ (Eur., Méd, 1)
b) *Si xoivbv avzâÔBXcpov 'Iofirjvnç xâça:
12 3f|5Ë l\\-\-- u- (Soph., Ant, 1)
c) dijfi7]ZBQ BOXIOVX 'EXBVOÏVOÇ X&OVÔÇ:

__
u_.|u_||u_|__ uo (Eur., Suppl, 1)
Il y a des vers où la césure et la diérèse font entièrement défaut
;

*) Dans ce cas, la scansion par syzygies prévient la dislocation du


vers;
s'il était scandé par pieds, le vers divisé par la diérèse se décomposerait
deux tripodies; comp. IV § 15b, en
V 13, 14 77
leur fréquence, dans les différents groupes, est en raison de celle
des résolutions de syllabes longues. Ces vers se décomposent
parfois en syzygies à cause de la coïncidence répétée entre la
fin des mots et celle des syzygies :
Anopoe, ypâ<pco, | napaxiXXofiai, j XoyiÇofiai
(Aristoph., Ach. 31) *)
Le trimètre employé comme mètre lyrique peut être également
privé d'incision métrique ; quant à la résolution des syllabes
longues, le poète n'est astreint à aucune règle. La différence
entre les trimètres suivants d'Eschyle, empruntés à la même
strophe, saute aux yeux :
Toiavxa nâftsa fiéXea ûçEOfiéva Xéyco :
u uu u H uu u uu | u _ u_
J (Suppl, I I i)
Ir) lr\, VnXsfioioiv èfmQBnfj :
u_ u_|u_ u_|u_ u_ (ibid. 114)
Le premier vers compte trois tribraques consécutifs, il est
divisé par la césure penthémimère ; le second vers se compose
d'ïambes purs, et il n'a ni césure ni diérèse.
Nous passons à la description des groupes que nous avons dis-
tingués.
14. A. Trimètre de la comédie
1) Le zeugma de Porson, dont nous traiterons tout à l'heure,
est souvent négligé ; par exemple :
Oïfioi xaxoôalficov, OXQOV'&'OÇ âvrjç yiyvBxai:
__
uu_|_jj_ u_|_;_ u_ (Aristoph., Guêpes 207)
2) Les pieds trissyllabiques sont admis dans tous les pieds
excepté le dernier ; le dactyle est exclu aussi du second et du
quatrième pied. Le vers suivant présente des anapestes partout
où ce pied est admis :
A. Kaxàfia, xazàfia, xazâfla, xazâfia. B. Kaxafîrjoofiai:
uu. uu_|uu_ uu_|uu_ u_ (Aristoph., Guêpes 979)
3) En général, l'anapeste substitué à l'ïambe ou au spondée
ne doit pas être divisé de telle manière que les syllabes brèves
ou une de ces syllabes et la syllabe longue se trouvent apparte-
nir à des mots différents ; l'anapeste divisé ainsi s'appelle anapeste

x)Le poète Castorio a isolé de cette manière toutes les syzygies de son
fragment 1, dont nous citerons un vers dans le paragraphe 16.
78 V 14
déchiré) brisé x). Aristophane ne s'est pas astreint à cette
« ou « »
règle, tandis que chez Ménandre, l'anapeste « déchiré » se rencon-
tre moins souvent. Exemple d'un anapeste déchiré :
El xoev fièv fXXoev &QX°flBV) vfiBZç ô' oi &soi:
u_|_||_ uu;_|-_ u_ (Aristoph., Ois, 1226)
4) Le tribraque et le dactyle sont, eux aussi, admis sans aucune
restriction quant au nombre (abstraction faite de la règle 2), à
l'ordre de succession et à la répartition des syllabes par rapport
aux différents mots ; ainsi, le vers suivant serait mal placé dans
une tragédie (comp. § 15 C3) :
cO fivQOonaqpXaytiov, vnonBoàtv xbv ÔEOnôxrjv:
:
u _ uuu|_f H
uu
u_|__ u_ (Aristoph., Cav, 47)
Le procéleusmatique (uuuu, anapeste dont la syllabe longue
est résolue) ne se rencontre que dans le trimètre de la comédie,
et encore fort rarement. Le comique Platon a voulu exprimer
par un vers contenant ce pied la précipitation de l'interlocuteur :
O'ùzoç, ziç BÏ; Xéys zaxv' zi oiyâç; ovx èpEZç;
__u_|uu||uuu_|__u_ (fr. l88K.)
4) Le vers peut être réparti entre les acteurs presque sans aucune
restriction quant à l'étendue et au nombre des morceaux obte-
nus ainsi (les àvziXafiai). On évite seulement la division de deux
brèves dues à la résolution d'une syllabe longue ; et encore, ces
vers ne sont pas entièrement défendus ; par exemple :
A. Ilà&Bv; B. Anb &vXfjç sXafiov oi Boicozioi
(Aristoph., Ach, 1023)
5) Les vers sans césure ou diérèse ne sont pas rares ; nous
avons déjà cité un exemple dans le paragraphe précédent ; en voici
un autre :
Tàç êvôiaEQiavQovnxézovç zivdç (Aristoph., Paix 831)

*) La fréquence des anapestes « déchirés » est évaluée différemment par les


métriciens; pour ceux qui, comme l'a fait Maas, éliminent les anapestes de ce
type où un des mots séparés appartient aux postpositiva et aux praepositiva, et
les anapestes dont les syllabes brèves n'appartiennent pas à un mot précédent,
le nombre se réduit considérablement; Maas n'a trouvé qu'un seul anapeste
«déchiré» chez Ménandre (Gr. Metr. § m). White, en n'admettant aucune
restriction, en compte jusqu'à 1278 contre 2562 de forme normale chez Aris-
tophane, et 67 contre 189 chez Ménandre (V. of Gr. Corn. § 116 suiw. et
§ 160). La définition de Schroeder (Grundr. § 83)
ne diffère pas sensiblement
de la nôtre.
V 14 79
Le trimètre de Ménandre n'est pas tout à fait identique à celui
d'Aristophane ; nous avons déjà mentionné l'emploi plus rare
de l'anapeste « déchiré ». Le nombre des résolutions est à peu près
égal, mais il est relativement plus élevé dans le premier et dans
le cinquième pied ; l'anapeste ne se rencontre pas aussi souvent.
L'accumulation de résolutions dans un vers est plus accentuée
chez Ménandre que chez Aristophane.
Ménandre vise à une adaptation complète du vers à la langue
parlée ; aussi l'emploi de la césure et de la diérèse, chez lui, est
encore plus libre que chez Aristophane ; les incisions du vers
sont adaptées au sens plutôt qu'au schéma métrique. La diérèse
médiane et la césure hephthémimère sont plus fréquentes par
rapport à la césure normale (la penthémimère) qu'ailleurs ; les
vers suivants, empruntés à la Samienne (184 suiw.), donneront
une idée de son art subtil :
Tovzl zb nqôfiazov || zoiç d'Boîç fièv zà vôfiifia
ânavza nair)asi || xv&èv xal xaZç •â'Baîç.
aïfia ydg ë'xBi, || x°^Vv faavrjv, || ôoxâ xaXd,
anXrjva fiéyav, || &v %geta èaxl || xoZç 'OXvfmioiç. *)
Le premier vers présente la césure penthémimère, le second
vers la césure médiane ; le troisième vers se décompose en syzy-
gies (comp. § 13, vers la fin) ; le quatrième vers a la césure
hephthémimère accompagnée d'une césure trithémimère plus
faible. L'énumération des différentes parties de la victime est
soulignée par les incisions du mètre.
Dans les passages où le style tragique est imité, la structure
du trimètre y est adaptée, par exemple dans les Oiseaux d'Aris-
tophane, vers 1706—1719, et dans la scène de la Circumtonsa de
Ménandre qui commence au vers 338.
B. Trimètre du drame satyrique.
Comme le style du drame satyrique, la structure de ses vers
tient le milieu entre la comédie et la tragédie. Le zeugma de Por-
son est négligé plus souvent que dans la tragédie (1) ; le trimè-
tre est distribué plus souvent à plusieurs acteurs (4) ; les pieds
à syllabe longue résolue sont assez fréquents, et l'emploi de l'ana-
peste à d'autres endroits que le premier pied n'est pas confiné
aux noms propres, comme c'est le cas dans la tragédie (2) ; l'ana-

*) Les mots xe«'a êaxi subissent la synalèphe.


80 V 14, 15

peste dit «déchiré» (3) n'est pas évité avec autant de rigueur.
Exemples de vers caractéristiques pour le drame satyrique :
Ti mare; xi XéysxB; xdxa xiç vfi&v xcb Ç-ôXco :
uuu uuu|u||uu u_|_i_ w_
(Eur., Cycl. 210)
Il faut remarquer, outre la succession de trois tribraques, la vio-
lation évidente du zeugma de Porson.
Ay&t oiizivi iï-ôoi nXrjv êfioi, V^BOIOI ô' oii:
uu|_|_||_ u_|u_ u_ (ibid,, vers 334)
__
L'anapeste, formé de noms communs, se trouve au second pied ;
c'est un anapeste « déchiré »,
Dans les Limiers de Sophocle, on rencontre un vers (199)
qui se divise probablement en quatre àvziXapai; mais, à vrai
dire, le trimètre de ce drame ne se distingue pas essentiellement
des trimètres de Sophocle appartenant à des tragédies.
15. C. Trimètre de la tragédie.
1) Le zeugma de Porson est observé rigoureusement, c.-à-d.
que, si le dernier mot ou le dernier groupe de mots présentent
la forme d'un crétique (ou bien d'un péon quatrième : u ou
_ _
uuu_), la syllabe précédente ne peut être longue que si elle
forme un mot monosyllabique. Autrement dit, si la dernière
syzygie d'un trimètre commence par une syllabe longue, cette
syllabe ne doit pas se trouver à la fin d'un mot. Ainsi le premier
vers de Ylon d'Euripide n'est pas conforme à la loi de Porson :
"AzXaç, ô xaXxéouii vcbzoïç ovQavôv :
u _
j
uu
u_ u_j_;_
La violation de cette loi n'est qu'apparente :
a) quand la deuxième syllabe de la syzygie finale est liée à
la fin du mot précédent par suite de l'élision de la voyelle finale
de ce mot ; par exemple :
"EÇBOX' âvdooEiv, S>v ôô' rjysïx' OÏXO-&BV :
-_u_|__ ^_|~ UÛ (Soph., Aj, 1101), et
b) quand le premier mot d'un groupe de mots formant
un
crétique à la fin du vers, se joint au mot précédent, le premier
mot appartenant aux postpositiva (III § 13) ; par exemple :
IIpooépxBxai zôô' ëyyvç- oïfioi fioi zâXaç:
u- ^- I
u_
<•-- "_ | n (Soph., Philoct. 788)
Les exceptions véritables sont très rares ; néanmoins, il n'est
pas permis de les éliminer par des conjectures inventées uni-
V 15 8i
quement à cette fin ; aussi le nom de « loi » est trop ambitieux
pour cette règle.
Elle a été découverte par Richard Porson (v. I § 6) et étudiée
dans son Supplementum praefationis ad Hecubam (dans le tome
premier de Euripidis Tragoediae, Leipz. 1807). Depuis, elle a
été l'objet de discussions innombrables, dont nous ne nommons
que Krâl, Porsons Gesetz, Prague 1909, et l'étude de De Groot
parue récemment (Wesen und Gesetze der Caesur ; v. III § 15). x)
2) La résolution de syllabes longues est moins usuelle. Le
dactyle ne se trouve au cinquième pied qu'exceptionnellement.
L'anapeste n'est employé que dans les noms propres, exception
faite pour le premier pied, où il est aussi admis en d'autres mots.
Les vers qui ne comptent aucun spondée sont plutôt rares.
Les résolutions sont plus fréquentes dans le trimètre d'Euri-
pide que dans celui d'Eschyle et de Sophocle. Il n'hésite pas
à admettre plus d'une résolution par trimètre, licence excep-
tionnelle chez les tragiques plus anciens 2). Cependant, Sophocle
a adapté le vers de ses tragédies de la dernière époque (Philoc-
tète ; OEdipe à Colone) à celui d'Euripide. Nous donnerons quel-
ques exemples de la manière plus libre :
Mrjzéga naxaxzdç, ôlaôoxaZç ô' 'EQIVÔCOV
(Eur., Iph. en Taur. 79)
Le premier et le troisième pied sont des dactyles.
AyduEavov, & MEVBXOE, noeç &v dvz' èfiov
(Soph,, Philoct. 794)
Le premier et le troisième pied sont des anapestes ; il s'agit
dans les deux cas de noms propres.

*•) On ne connaît pas exactement la raison d'être du zeugma de Porson; avec


M. de Groot, je crois que la tendance à accentuer le rythme vers la fin du
vers, affirmée aussi par l'exclusion des pieds secondaires au sixième pied
(§ 2, in fine), en est la cause première. La négligence de ce zeugma dans la
comédie s'explique par la liberté de structure que nous venons de constater
sous d'autres rapports dans le vers de ce genre de poésie; elle résulte, en der-
nière analyse, de l'affinité avec la langue parlée propre à la comédie, affinité
beaucoup plus grande que celle à laquelle la tragédie autorisait les poètes.
2) Chez Euripide lui-même, la structure du trimètre devient beaucoup
plus libre vers la fin de sa vie (après ±418 avant J. C); les trimètres des tra-
gédies de l'époque antérieure (Alceste, Médée, Héraclides, Hippolyte, Andro-
maque ; il faut y joindre le Rhésus, qui n'est probablement pas d'Euripide)
ne montrent qu'un nombre de résolutions peu élevé.
Traité de métrique grecque 6
82 V 15
BovXsi; zi ô' zb nXéov; è'vofi' èfai fiôvov
B'OZI
(Eur., ftien, 553J
Deux pieds consécutifs (le troisième et le quatrième) sont des
tribraques.
Chez Eschyle, l'anapeste ne se trouve qu'une seule fois . en
dehors du premier pied (AficpiàpBco filav, la fin du vers 569
des Sept contre Thebes).
Sophocle a admis une seule fois deux dactyles dans un vers :
Ovô' ôoiov èx&çâç ânb yvvaixbç lozdvai (El, 433)
Chez le même poète, deux vers comptent jusqu'à trois pieds
trissvllabiques :
Anôôoc, ixvovtiai a', ànôôoç, IXBXEVCO, xéxvov
(Philoct, 932) x)
Les vers comptant trois résolutions sont moins rares chez
Euripide.
3) L'anapeste « déchiré » est évité ; quelques exceptions appa-
rentes s'expliquent, si l'on tient compte des mots prépositifs et
nostoositifs, par exemple :
Tbv ïoov vpôvov xpéçpoixB xhv vôoov
XTIVÔE
(Soph., Philoct, 795)
Dans un dactyle et dans un tribraque, les syllabes brèves nées
de la résolution d'une syllabe longue doivent appartenir au même
mot ; mais, si la première syllabe brève coïncide avec un mono-
syllabe, l'application de la règle n'est pas de rigueur; par exemple :
"Onmç ô' agio x a xbv èubv alôoZov néoiv
(Ésch., Agam. 600)
Par contre, les vers contenant un des pieds dont il s'agit, dont
la première des syllabes brèves substituées à une syllabe longue
appartient à un polysyllabe, sont propres à la comédie; par
exemple :
'Efiè fièv oit noXXovç xbv naxéç»' èXaivBiç ôçofiovç
(Aristoph., Nuées 29)
Enfin, les mêmes syllabes brèves ne se trouvent, chez Eschyle et
chez Sophocle, au milieu d'un mot que dans le premier pied ;
Euripide n'observe pas toujours cette règle ; par exemple :
AsXcpoi a<p' B'9'EVXO XQvaoop-ùXaxa (Ion 54)
xov V^EOV
1) L'autre vers se trouve dans l'OEdipe-Roi, 967.
V 15, i6 83
4) Eschyle évite la distribution d'un vers à des acteurs diffé-
rents (il l'a admise une fois, Prom. 980 *)) ; plus tard, les àvxiXafiai
se rencontrent plusieurs fois chez Sophocle et chez Euripide ;
parfois, le vers est même distribué à trois acteurs. La division du
vers coïncide le plus souvent avec la pause métrique ; mais les
exceptions ne font pas défaut, surtout dans l'oeuvre d'Euripide;
par exemple :
A. Uâç BÏnaç ; B. Alxfivjv BIÇ fiiav xa&éoxaxov :
A. u B, _|_|| u_|u_ UÛ (Eur., Phén, 1273)
__ _
Il y a stichomythie (oxixouv&ia) quand les vers d'un
passage d'une certaine étendue sont répartis alternativement
entre les acteurs.
5) Les vers dépourvus de césure ou de diérèse sont excessive-
ment rares ; en voici un :
SxQazôç, negâ XQvaxaXXonfjya ôià nôgov :
u_ u_|__ u_|uuu UÛ (Ésch., Pers. 501)
La diérèse médiane est exceptionnelle chez Eschyle et chez
Sophocle ; Euripide l'emploie plus souvent ; il la fait coïncider
avec une élision. Exemples :
Aôyoç XékBxxai nàç • ô ô' Axosiôaç axvy&v :
u_ u_|__||u_]__ u_ (Soph., Philoct. 389)
Si fioïpa ôvozâXaiv èun XB xal zéxvcov :
__
u_|u_j|u_]u_ u_ (Eur., Herc. 456)
16. D. Trimètre des ïambographes 2)
Ce groupe contient les trimètres les plus anciens dont nous
avons connaissance ; leur forme est la plus pure. Cette sévérité
de structure était exigée sans doute par le genre de débit de ces
vers ; Archiloque chantait ses ïambes ou il les récitait avec naoa-
xazaXoyr) ; comp, Plutarque, De Musica c. 28, § 283, et II § 14.
Le zeugma de Porson est de rigueur (1) ; les syllabes longues
ne sont résolues que rarement et jamais plus d'une fois par vers ;
les trimètres sans aucun spondée sont plus fréquents que chez les
tragiques (2) ; les résolutions ne concernent que des mots d'une

*) Lachmann et Wilamowitz ont attribué ce vers à un seul acteur; mais


la leçon des manuscrits ne doit pas être changée; v. le commentaire de Groe-
neboom dans son édition du Prométhée, Groningue 1928.
2) Les conclusions contenues dans ce paragraphe restent plus ou moins
hypothétiques, parce que nous ne possédons que des fragments des ouvrages
des ïambographes.
84 V i6, 17

certaine étendue contenant beaucoup de syllabes brèves (3) ; la


césure ne fait jamais défaut (5).
C'est chez Sémonide d'Amorgos que le nombre des résolu-
tions est le moins élevé ; les licences sont plus fréquentes dans les
quelques trimètres que nous possédons d'Hipponax, où on ren-
contre pour la première fois l'anapeste ; les trimètres d'Archiloque
employés xazà ozixov tiennent le milieu entre les groupes précé-
dents, tandis que ses trimètres appartenant aux épodes sont aussi
purs que ceux de Sémonide. Exemples :
QE&V Epya, fiEyâXijç ô' ovx ëpéca zvpavviôoç
(Archil., fr. 25 B. = 22 D., 3)
Le second pied est un tribraque ; les autres pieds sont dissyl-
labiques, les mots iïs&v et èpéca étant prononcés avec synizèse.
Ovô' ègaroç, oïoç &fi<pl Siçioç gpdç
(Archil., fr. 21 B. = 18 D., 4)
Le premier pied est un dactyle.
Kpixiqç ô XZoç èv xaocoçixcp ôôfiop
(Hippon., fr. 74 B. = 67 D., 2)
Le premier pied est un anapeste ; il s'agit d'un nom propre.
Les ïambographes d'époque plus tardive ont admis plus d'une
résolution par trimètre :
MovoonôXs "d"fi(3, xrjçôxvzov êç fiBiXiyfi isZç
(Castorio, fr, 1,5)
Le premier et le troisième pied sont des dactyles; voyez aussi
le paragraphe 13, note dernière.
Les auteurs d'épigrammes suivent de préférence la manière
plus sévère des ïambographes ; parmi les 34 trimètres de Léo-
nide de Tarente (énumérés dans le paragraphe 18), il n'y en a pas
un seul qui contienne une résolution. Sous l'Empire, les licences
sont plus fréquentes ; notamment, l'anapeste est introduit assez
souvent dans les trimètres de cette époque. Pourtant, la structure
du trimètre de Palladas (environ 400 après J.-C.) est plus sévère
que celle du trimètre d'Euripide; chez Agathias (environ 560
après J.-C), le nombre des résolutions est beaucoup moins élevé
que chez les comiques.
17. Enfin, nous avons à mentionner l'anaclase,
par suite de
laquelle une syzygie ïambique devient un choriambe (§ 4). Elle
se rencontre exceptionnellement dans la première syzygie des
V i7, i8 85
trimètres de la tragédie, quand il s'agit d'un nom propre rebelle
au mètre ïambique, par exemple :
'Innofiéôovxoç axrjfia xal fiéyaç xvnoç :
_uu_|_]|_u_|u_ UÛ (Esch., Sept 488)
La première syzygie du vers 1049 des Choêphores du même
poète peut être considérée comme ïambique à cause de la pro-
longation par position, due à une consonne aspirée ((paioxlxcovBç :
_o u_ | u; comp. III § 7).
Aristophane fait commencer un trimètre par un choriambe
formé par la locution BÏBV àxovco (Paix 663), Parmi les ïambo-
graphes, Sémonide n'a pas hésité à introduire un choriambe au
milieu d'un trimètre:
"A ôrj floxà ÇcbofiBv ovôèv EIÔÔXBÇ :

u_ u_!_uu||_|u_ uû (fr. I, 4)
Cependant, beaucoup d'éditeurs et de critiques n'ont pas accepté
la leçon des manuscrits; par exemple, Grotius a proposé dei
Bpoxol ôi} Ç&fiEV, Bergk S ôrj Bôx' atel ÇâfiBv.
Nous parlerons du prétendu trimètre ïambique acéphale en
traitant du trimètre trochaïque catalectique.
18. A l'aide de la petite statistique insérée dans ce paragraphe,
le lecteur pourra se faire une idée des différents groupes de tri-
mètres dont nous venons de traiter. Dans l'oeuvre de quelques
poètes, j'ai comparé 50 trimètres choisis sans aucune idée pré-
conçue; chez Hipponax et chez Léonide de Tarente, ce nombre
de vers n'est pas à notre disposition. Quant aux auteurs drama-
tiques, j'ai eu soin d'analyser un nombre égal de vers appar-
tenant à une pièce de date ancienne et de date plus récente.
J'ai indiqué le nombre total des résolutions dans chaque vers (A),
ensuite celui des pieds résultant de ces résolutions et la place
qu'ils occupent dans le vers (B), enfin la fréquence des résolu-
tions par trimètre. Les pieds du trimètre sont désignés par des
chiffres romains.
Il va sans dire que les chiffres obtenus ainsi n'ont pas de valeur
absolue; on trouvera des statistiques complètes dans Verse of
greek comedy de White, et dans C. F. Mùller, De pedibus solutis
in dialogorum senariis Aeschyli, Sophoclis, Euripidis, Berlin 1866.
B 2 rés. p. trim. 3 rés. p. trim.
ÏAMBOGRAPHES A ~T~ ~~~ _+ __+ ww+ __(2X)'

00000
UVA,+
u uu uu, _ uu
uuu^2X; uuu^2XJ -uu^2Xj
w^-i — _ uu _ w^j uu _ (2 X) -p —
uu
1) Archiloque

2) Sémonide

3) Hipponax
00000
5

12 ?
3 (H)

4 (II) ? 8 (I) ?
o
2* ^t
fil

o?
o

o
o

o
00000
o o o o o
o

o
TRAGÉDIE
4) Eschyle
5) Sophocle
4
2
1 (I)

o
1

1
(I)

(V)
2 (III)

5 (III)
o

o
o

o
00000
00000 o

6) Euripide 19 ^JJ'J
2lV)'
5 (I) Iifn ° ° I 000 00
DRAME SATYRIQUE
7) Sophocle

8) Euripide
4

20
iiv) 11' I W
J^* 1' 4 (4I)
x

9^,
(m)
-
°

0
°

0
00000
0010 o
o

o
COMÉDIE

n(ill,' 25feL
%ll\ *nn'
9) Aristophane 47 2III, $% 7lH) o 2 1 o 1 2 1 1
8IV)
51l(31' ^^"961, ~~^
10) Ménandre 46 giii ni' -; 2111» 3 2 o 3 3 1 o 1
o? j ô o o I
o
o? o? o? o
II) Léonide
^ ThSlonte ^ffiF7^ o o o
x"
jiv/1' in/'
a (III) o o

00000
o o o o

00010
13) Palladas 8 (HI) o o o
1

8 (il, io(2l,
14) Agathias 20 5\\ 3jJ*
iIII, 2 (il, o 2 o
iIV)
iIII,
; 4IV)
lin)

15) Lycophron 00000


AUTRES TRIMÈTRES DE L'ÉPOQUE ALEXANDRINE
o o 0000 o

1) Archiloque, fr. 18—49 ; 79 ; 81 ; 83 (D). 11) Léonide de Tarente, Anth. Pal. VI 211 ; VII 455 ;
2) Sémonide d'Amorgos, fr, 7, 1—50 (D). XVI 182, 307 (édition de Didot) ; ap. Stobaeum, Flor. CXX 9
(IV 39 Cougny). En tout 34 trimètres.
3) Hipponax, fr. 33 ; 42, 4 ; 66—69 ; 81 (D). En tout
12) Philippe de Thessalonique, Anth. Pal. VI 90, 92, 94,
13 trimètres, dont 6 appartenant au fragment 81, qui n'est
peut-être pas authentique ; à ce fragment appartient le seul 101, 107 ; VII 394 ; IX 290.
13) Palladas, Anth. Pal. IX 180, 181, 508 ; X 81, 82, 86,
tribraque.
87, 90, 91, 92, 94, 95-
4) Eschyle, Perses 176—200 ; Euménides 1—25. 14) Agathias, Anth. Pal. IV 3, 1—46; VII 311. En tout
5) Sophocle, Aias 1—25 ,' OEdipe à Colone 1—25.
49 trimètres.
6) Euripide, Médée 1—25 ; Bacchantes 1—25. 15) Lycophron, Alexandra 1—50. Lycophron n'a qu'une
7) Sophocle, Limiers 136—169; 211—226. vingtaine de résolutions dans son poème entier, qui compte
8) Euripide, Cyclope 1—40 ; 82—91. 1474 trimètres.
9) Aristophane, Acharnéens 1—25 ; Plutus 1—25.
10) Ménandre, Circumtonsa 2—26 ; Samienne 4—28 (éd. y) Le texte de Jensen présente un tribraque de plus au vers 4
Van Leeuwen 1). de la Circumtonsa (yéyovE SE: Xâ&ga. Se V.L.).
88 V ig, 2o
19. A côté du trimètre de forme normale, il existe une 'variété
nommée choliambe (appelé aussi oxdÇoov, par opposition au
trimètre dgtfdç). Comme ce nom l'indique, c'est un vers boiteux;
la défiguration du sixième pied en est la cause ; ce pied est un
spondée au lieu de l'ïambe obligatoire, de sorte que le mouve-
ment du vers est interrompu inopinément à l'endroit où le rythme
est le plus marqué. La violence et l'énergie inhérentes au trimètre
d'Archiloque se transforme en lourdeur comique dans le trimètre
du poète mendiant Hipponax (environ 540 avant J.-C), inventeur
ou du moins premier auteur des choliambes ; l'effet du mètre est
en rapport avec la matière de ses poèmes. En voici un exemple ;
Axovoav^' 'Innâvaxzoç • ov yàp âXX' rjxco :
u_ u_|__ u_|u_ __ (Hippon., fr. 13 B. = 1 D., 1)
Quand le cinquième pied est également un spondée, la paralysie
du trimètre rapide est augmentée encore ; il s'appelle mainte-
nant ischiorrhogique (c.-à-d. dont les hanches sont
brisées, de loxiov et de §r/yvvfii). Quoique l'invention de cette
variété du trimètre soit attribuée à un autre ïambographe (Ananius),
il se trouve déjà parmi les fragments d'Hipponax; par exemple:
"EficooE Mair/ç naîôa, KvXXr/vrjç nâXfivv:
u_ u _ _ _ u_|__ _ o
I (Hippon., fr. 1 B. = 4 D., 1)
Les résolutions sont plus fréquentes dans le choliambe et
l'ischiorrhogique que dans le trimètre ordinaire des ïambogra-
phes ; on en trouve jusqu'à deux dans le même vers :
An6 o' ôXéoEiBv "ApzBfiiç. Se ôè xùnôXXcùv
(Hippon., fr. 31 B. =36 D.)
Le premier pied est un tribraque, le cinquième, un anapeste*
On trouve parfois un trimètre de forme normale parmi les
choliambes, par exemple le vers 4 du fragment 43 B. 42 D.
=
A l'époque alexandrine, le choliambe a été employé par plu-
sieurs poètes (Phoenix, Hérondas, Callimaque). L'ischiorrho-
gique ne se rencontre plus chez Callimaque.
Enfin, le choliambe des fables de Babrius (deuxième siècle
après J.-C?) présente un phénomène curieux qui
en fait un
précurseur des vers accentués de l'époque byzantine (I § 4) la
:
pénultième porte toujours l'accent, par exemple
:
Boqéri Xéyovoiv r)Xicp XB zoiavzrjv (Babr. 18, 1)
20. Dans les strophes dactylo-épitritiques, le trimètre ïambique
se rencontre de temps en temps ; il présente, cela va sans dire,
presque toujours la forme épitritique ; par exemple :
V 20, 21 89
àva-] nziiÇaç <papézpaç n&fia • xâ> ô' èvavxia :
-- u- | __ u_u_|u_ (Bacchyl., V 76) x)
Dans les mêmes strophes, on trouve aussi le trimètre
ïambique hypercatalectique:
Hv&âvoç alnsivâç ôfioxXaQoiç ènônxaiç :
-- ^_|__ u_|__ u_|_ (Pind., Ném. IX 5 (n))
L'emploi du trimètre ïambique catalectique
remonte, comme celui du trimètre acatalectique, à la plus haute
antiquité ; Alcman l'a employé xaxà oxixov (par exemple fr.
36 B. = 101D.) et Archiloque en a fait le second vers d'un épode:
n.oXXr)v xaz âxXvv ôufiàzwv B'XBVEV :

-- u_J__ u_|u_ u (Archil., fr. 103 B. = 112 D., 2)


Plus tard, le vers se rencontre, à côté d'autres vers ou cola ïam-
biques, dans les périodes et les strophes ïambiques ou éolo-cho-
riambiques de la poésie lyrique et du drame (par exemple dans
YAntigone de Sophocle, vers 592). Bacchylide a employé cette
forme du trimètre abrégé dans une strophe dactylo-épitritique d'un
caractère singulier :
Ap^iazoxdpnov SixsXiaç xpéovaav :
u_ u_|_uu u_|u_ u (Bacchyl., III 1)
A l'époque alexandrine, Phalécus a composé une épigramme
entière dans ce mètre (Anth, Pal. XIII 5).
Dans les strophes dactylo-épitritiques, on rencontre sporadi-
quement la forme abrégée du trimètre avec désinence de forme
crétique (v. § 6) :
"EvsyxB xôoiiov èx Ba&Eiaç âXôç :
u_ u_\^_ u_|_u Û (Bacchyl., XVII (XVI) 62)
En outre, la deuxième syzygie peut être syncopée dans un
trimètre de la forme indiquée :
Ovzco ôè MoZp', â ZB naxpdbiov :
__u_|._u_|_uu (Pind., 01, II 39 (65))
21. Les formes syncopées du trimètre sont fréquentes dans les
strophes lyriques du drame ; nous n'en citerons que quelques
exemples :
Av&pconcov &épu' an' àv&pàxoiv xpéa :
j
. _ . _ __
u_ju_ u_ (Eurip,, Cycl. 373)
KapBâva ô' avÔàv BV, yâ, XOVVBZÇ :
__
u_|__ ._|._ ._
(Ésch., Suppl. 118)

J) Dans la dernière édition de Bacchylide, la colométrie a été changée à tort.


go V 21, 22

'Opfiâz' èv Bvavéfioiç fidooaiç :


u_|
. _
u.|
. _ ._
(Soph., A]. 197)
Nous avons déjà mentionné l'emploi du trimètre hypercatalec-
tique dans les strophes dactylo-épitriques ; j'en trouve un exemple
dans une strophe de mètre mélangé (moitié éolo-choriambique,
moitié ionique) des Choéphores d'Eschyle :
Téxvov, tppôvnua zov d-avôvzoç ov ôa/iâÇsi:
u_ u_|u_ u_Ju_ u_|_ (vers 324) *)
22. Tétramètre ïambique
(u_ u_|u_ u || u u_Ju_ u_)
_ _
Tout comme la forme catalectique, dont nous avons traité
dans le paragraphe 8, la forme acatalectique se compose de deux
dimètres. Employé comme vers stichique, le tétramètre ne con-
serve pas toujours la diérèse entre les dimètres ; elle peut être
remplacée par une césure au milieu du premier pied du second
dimètre ; par exemple :
Hi'&ov * ûavàiv yàp BOXE wcovrjv, Çôbv ô' àvavôoç rjv ô v^qQ :
u_ u_|u_ u_|_||_ u_|u_ u_ (Soph., Limiers 293)
Des tétramètres de cette structure se rencontrent déjà chez les
lyriques (Alcman, fr. 10 B. = n D. ; Alcée, fr. 56 B. = 65 D.).
La forme catalectique, dont nous avons déjà cité un
exemple emprunté à Hipponax, se trouve fréquemment dans la
comédie. La substitution de pieds trissyllabiques aux ïambes et
aux spondées y est admise, et cela aussi souvent dans le tétramètre
que dans le trimètre ; seuls le quatrième et le septième pied sont
presque toujours des ïambes 2). On ne trouve l'anapeste dans le
septième pied que quand il s'agit d'un nom propre :
'Eyévszo MsXavinnaç noi&v Ëaiôgaç XB ' HT}VBX6JZ?/V ôé :
V>M
uuu|__ u_||__ u_|uu_ Û
(Aristoph., Thesm. 547)
Au quatrième pied, par contre, l'anapeste se trouve aussi dans des
noms communs.
Les éditeurs joignent la dernière syllabe de ce côlon au côlon suivant;
1)
mais ils sont forcés d'interrompre un mot de la même forme dans le côlon
de l'antistrophe (ftavovoiv, vers 355). En suivant ma colométrie, on obtient
après le vers cité une paire de cola presque identique à l'avant-dernière paire
de la strophe précédente (glyconéen acéphale + phérécratéen ou dimètre
choriambique catalectique).
z) La cause est la même que celle que nous avons déjà indiquée
en traitant
du dernier pied du trimètre (dans la première note au paragraphe 15, p. 81);
à la fin du premier côlon, et, à plus forte raison, à la fin du vers entier,
le rythme doit être indiqué aussi nettement que possible.
V 22, 23, 24 91
La diérèse médiane est parfois remplacée par une césure, dont
la position dans le vers n'est pas fixe; dans le tétramètre suivant,
elle se trouve dans le premier pied du second côlon:
Oi>x' innaXExzQVÔvaç uà Ai' ovôè zoayEXdoeovç, &KEP OV :
u_|uu_ uu_]u II uu u_|u_ D (Aristoph., Grenouilles 937)
__
Ce vers présente en même temps un anapeste dans le quatrième
pied.
Les tétramètres dont nous venons de décrire la structure très
libre, appartiennent au débat (âyoev); dans les autres parties de
la comédie, ils sont de composition plus régulière. Les tétramètres
acatalectiques des Limiers de Sophocle présentent une structure
très pure; ils sont soumis au zeugma de Porson.
23. On cite à titre de curiosité l'octomètre ïambique
catalectique, invention bizarre du poète alexandrin Boïscus :
Boîoxoç, ânb KvÇlxov, navzbç ygaqiBvç noitjfiazoç,
zbv ôxzdnovv Evpàiv ozixov, <ï>oij8û) zl&r/oi ÔCÔQOV :
u _ u _ ( u _ w— I
v—1 ^— I

u_ u_ ] ^— I
U _ j U _ u
24. Enfin, nous avons à appeler l'attention du lecteur sur les
vers doriens (ÔCPQIXOI ozlxoi), dont les syzygies ïambiques
admettent, en opposition flagrante avec la règle, le spondée aux
endroits de nombre pair des syzygies. Dans le trimètre acatalec-
tique, le deuxième ou le quatrième pied est un spondée; v. mon
Tractatus, p. 98 suiv.
Exemple d'un trimètre catalectique:
Kal vabç âyvâç Evnvçyco SEgdnvaç :
u_| u_ -
I (Alcman, fr. 4 B. = 7,3 D.) *)
__
Exemple d'un dimètre catalectique:
'EpôfiBrjOBV iïâXaooa : u |
u a (Simon., fr. 1 B. et D.)
_ __ _
Priscien nous apprend qu'à ce vers dorien correspondait un
côlon de forme normale (De metr. Ter., III 428 K.):
AnozQénoioi KrjQaç : u u ] u o (fr, 2)
_ _ _
De même, les spondées sont admis dans les pieds de nombre
pair dans deux tripodies consécutives de Sophocle, tandis que les
tripodies correspondantes de l'antistrophe sont construites régu-
lièrement :
J) Bergk et Diehl ont eu tort d'accepter la conjecture éyvàs proposée par
Hermann.
92 V 24, VI i

'AU' nti -rAv "AOZBUIVxàv alèv âôurjxav :


II

Il (Electr. 1239), et
u_
2ïc o^v av àÇiav || ye oov nB<prjv6xoç :
u_ u_ u_||u_ u_ _o Via. iaoo;-;

VI. Le trochée
1. Le trochée (_u)
Tout comme l'ïambe, le spondée se compose d'une syllabe
brève et d'une syllabe longue; mais la succession des syllabes
est renversée; le rythme du pied est descendant. Les trochées
subissent eux aussi la syncope, que nous avons discutée longue-
ment dans le chapitre précédent, § 3. Quand la protraction des
syllabes qui restent, s'ajoute à la syncope, on obtient les schémas
suivants: _u_. devient -U_J, devient _J_O,
_. _ o _. _.
devient _i _J
.
Une série de pieds trochaïques de nombre pair se décompose,
elle aussi, en syzygies; mais ici c'est le second pied de chaque
syzygie qui admet la longue irrationnelle (_u _o).
Les pieds qui se substituent à l'ïambe, peuvent remplacer aussi
le trochée, à l'exception du procéleusmatique; v. V § 2. Confor-
mément au rythme ascendant du trochée, la première partie de
chaque pied en constitue le frappé (lu; -_; Cw; w_; luu). En
général, les résolutions de syllabes longues sont moins fréquentes
que dans les vers ïambiques; le dactyle ne se trouve qu'excep-
tionnellement dans les vers trochaïques. Dans les vers dactylo-
épitritiques, la syzygie présente presque toujours la longue irra-
tionnelle; elle revêt alors la forme de l'épitrite second (_u_ _).
Nous avons vu que des péons (c.-à.-d. des crétiques résolus)
peuvent être juxtaposés aux syzygies ïambique (V § 3); le même
phénomène se rencontre, dans une mesure plus large, dans les vers
trochaïques; c'est ici le péon premier qui se joint à des syzygies
trochaïques. Par exemple, un tétramètre catalectique dont la
troisième syzygie est remplacée par un péon, est répété xaxà
oxixov dans la Lysistrate d'Aristophane, vers 1014—1035:
Ovôév èoxi d'rjQiov yvvaixbç àfiaxâxBgov
:

x)Seidler a peut-être vu juste en arrangeant le texte de Sophocle de telle


manière que les vers deviennent des dochmiaques, De versibus dochmiacis
p. 100.
VI i 93
Les ïambographes et les auteurs dramatiques emploient aussi
les trochées xaxà oxixov, comme c'est le cas pour les ïambes ;
employés ainsi, ils se rencontrent presque toujours sous la forme
du tétramètre catalectique. Les vers trochaïques répétés xaxà oxixov
sont peu fréquents dans la poésie lyrique.
Les pieds et les cola trochaïques sont parfois mélangés avec des
mètres hétérogènes ; à cet égard encore, le trochée ne diffère pas
essentiellement de l'ïambe ; comp. V § 4. L'anaclase change la
syzygie trochaïque, tout comme la syzygie ïambique, en choriambe
(_ u 5 : S I) ; cependant, cette anaclase du trochée est
_ _ u encore
plus rare que celle de l'ïambe. J'en trouve un exemple dans les
Oiseaux d'Aristophane, où un nom propre a fait naître un choriambe
au milieu de dimètres trochaïques ordinaires :
-nsg noz' 'OÔVOOBVÇ ëfiEivE: . uu_|_u _u (Ois., vers 1561)
Quand le premier pied de la syzygie subit l'anaclase, elle devient
un antispaste (12 _ u : 3 I _ u) ; nous reparlerons de ce phéno-
mène dans le paragraphe 8. Nous avons déjà mentionné la combi-
naison d'ïambes et de trochées dans le même côlon ; v, V § 4.
L'explication de cola ou de vers dont le caractère trochaïque ou
ïambique ne saute pas immédiatement aux yeux, n'est pas tou-
jours certaine. On s'en rendra compte en comparant les schémas
suivants,
La série _u__u^w_u- peut être interprétée :
1) comme un côlon de mètres ïambiques et trochaïques mé-
langés :
._ u_|_u _u]_u _, c.-à-d. une syzygie ïambique
syncopée jointe à un dimètre trochaïque catalectique.
2) comme un côlon trochaïque : _u | _u]_u _, c.-à-d.
_ . _u
un trimètre trochaïque syncopé et catalectique.
3) comme un côlon ïambique : | | c.-à-d.
._ u _ . _ u_ u _ u _,
un trimètre ïambique acatalectique syncopé deux fois.
La série u__u_u_u_u_ peut être interprétée :
1) comme un côlon ïambique : u
_ . _
|
u _
u_|u_ u _, c.-à-d.
un trimètre ïambique acatalectique syncopé.
2) comme un côlon trochaïque, dont la première syzygie a subi
l'anaclase : 31 u j u u | u _; ce serait alors un trimètre
_ _ _ _
trochaïque catalectique.
Enfin, nous remarquons en passant que les syzygies trochaï-
ques sont substituées régulièrement aux ioniques a maiore dans le
sotadée (LX § 7).
94 VI 2, 3
2. Les Anciens désignaient aussi le trochée (rgo^aïoe) par le
nom de #ogeïoça) ; ces noms se rapportent au caractère ryth-
mique du pied, qui se prête au mouvement rapide (xoéxEiv) et à
la danse (XOQÔÇ). Aristote va même jusqu'à identifier ce caractère
avec celui d'une certaine danse lascive, le xôpôaÇ (ô ôè xgo%aZoç
xopôaxixézEpoç, Rhét. III 8, 4). Bien que cette caractéristique des
tétramètres trochaïques cités en exemple par Aristote soit bien
adaptée à leur emploi dans la comédie, il ne faut pas perdre de
vue que ces mêmes vers ne font pas défaut dans la tragédie ; il va
sans dire qu'ici leur caractère est tout autre que xopôaxixôç.
Les premiers vers trochaïques dont nous avons connaissance,
se rencontrent chez Archiloque.
3. Monomètre trochaïque (_ u _u)
Ce côlon fait le plus souvent partie de périodes hétérogènes,
par exemple dans une strophe éolo-choriambique de Pindare
(Ném. VI 6b (12)) :
'AfifiB nôzfioç :
_u _o
Dans quelques autres strophes de cette ode on trouve le même
côlon avec un anapeste :
Oïipov ènéoiv : (ibid., 286 (49))
_ u uu _
Cette forme du monomètre est combinée avec une forme qui
présente le tribraque, dans une strophe d'Eschyle, éolo-cho-
riambique elle aussi :
UavzàXav' &XV II ôiaBoàao) : u uu_||uuu
_ __
(Pers. 636) 2)
Enfin, les deux pieds peuvent être résolus :
'AVBXB, nâpBXE:
uuu uuu (Aristoph., Guêpes 1326)
De temps en temps le côlon est employé comme clausula t
Kal fieyâXa IlEXaoyia u uu u | u
_ _ _
xal xax "Apyoç: _u _o (Eurip., Suppl, 367 suiv.)
Le monomètre de forme épitritique est un des éléments con-
stitutifs les plus fréquents des dactylo-épitrites ; par exemple :
Oï<5a xal nXovzov fieyâXav ôvvaoïv :

_u _ _ I _ u u _uu c (Bacchyl., X (IX) 49)


Le monomètre catalectique ressemble à un crétique
(- u A) ; on le trouve, tout comme la forme acatalectique, à
_

1) Hérodiane accentuait zôeetoj. — Le tribraque est désigné parfois par


les mêmes noms. V. le commentaire de Choeroboscus, p, 217, 3 suiw. Consbr..
2) Dans l'antistrophe, les monomètres sont séparés
par l'hiatus (vers 645).
VI 3, 4 95
côté de cola de plus grande étendue, qui sont plus fréquem-
ment qu'au cas précédent, des cola du même mètre ; par exemple :
"Afia ôè xal
yévoç 'OXvfinicùv -d-B&v :

uu u _
w^,u _ u | _ u (Aristoph., Thesm. 959 suiv.)
_
Pour ajouter un exemple d'un monomètre non résolu, nous
citons une période dactylo-épitritique de Pindare, suivie du mono-
mètre catalectique :
SixsXiav nisiçav ÔQ&d)- vuv j
_ _ _ u __
OBtv xoQvqjaZç noXioev
_uu _uu _
AcpvsaZç
_u _A (Ném. I 15 (21))
Ailleurs (51 b (78 b)), le même côlon se détache nettement des
cola précédent et suivant par la syllaba anceps et l'hiatus.
4. Tripodie trochaïque (_u u _u)
_
La tripodie acatalectique est rare ; presque tous les cola tro-
chaïques dont l'aspect semble être celui de la tripodie, sont en
réalité des dimètres brachycatalectiques (ithyphalliques) ; v. § 9.
Une tripodie réelle se trouve dans la Première Olympique de
Pindare :
El ôè ôrj xiv Sivôpa : (vers 54 (86))
_u _u _u
Dans une épode précédente, la dernière syllabe de ce côlon est
en même temps la syllabe initiale d'un mot (B-pdooaxo, 25 (38)) ;
donc, elle ne peut pas être considérée comme anceps et comp-
ter pour une syllabe longue, ce qui devrait être le cas à la fin de
l'ithyphallique.
La forme catalectique (_ u u _)x) est beaucoup plus
_
fréquente ; en raison de son affinité avec le dochmiaque, on l'ap-
pelle aussi hypodochmius (comp. XII § 1). La relation qui existe
entre ces deux mètres semble être d'ordre génétique ; v. XII § 5.
Tout comme la tripodie ïambique (V § 7), Yhypodochmius se joint
au dochmiaque lui-même ; on les trouve tous les trois dans ce
passage d'Euripide :
"O&i fioi xiç r)v fpiXa, \M _ u_ u_
noQopijQEa (pâpsa
_u _u _
noxafiiq. ôpôoqp : u uu _ u _ (Hippol. 125 suiw.)

2) En analysant les exemples, on se rendra compte que la pause à la fin


du côlon catalectique n'est pas de rigueur; évidemment, Y hypodochmius
était considéré comme un côlon ou un vers indépendant.
96 VI 4, 5

L'hypodochmius et le dochmiaque se fondent même en un seul


côlon sans diérèse :
AQfiàxBiov, âpfidxBiov fiéXoç:
_|u__uu (Eurip., Or. 1384)
_u _u
Ailleurs, Yhypodochmius est répété xazà oxixov comme vers
indépendant x) :
AXXd fi a âiôç _u _u o
AXxifia &E6Ç
_u _u o
'OXé&piov aixiÇsi : \JUW^
Dans ce passage de Sophocle (Aj. 401 suiw.), deux hypodoch-
mii sont suivis d'un dochmiaque de forme exceptionnelle (XII
§ 3, 40) ; ils sont caractérisés comme des vers par la syllaba anceps.
Le côlon se rencontre également en connexion avec des mètres
éolo-choriambiques :
E'ùn oé zovzov v- _|_uu_|u_
XB
ipov XQÔvov naxsZv ' -v ^v - (Pind., 01. I 115 (185))
h'hypodochmius fait suite à un glyconéen acéphale.
Enfin, nous ajoutons quelques exemples d'hypodochmii dont
un ou deux trochées sont remplacés par des tribraques :
'EnicpavéazBQOv: uuu _u o (Pind., Pyth. VII 7 (7))
HoXvçpiXov ênéxav: uuu uuu (Pind., Pyth. V 4 (5))
_
Ici encore, les hypodochmii se joignent à des mètres éolo-cho-
riambiques. Quand un côlon présentant le schéma du dernier
exemple est combiné avec des dochmiaques, il vaut mieux l'inter-
préter comme un dochmiaque lui aussi (uuuuuu_; v. XII § 3, 8).
En dernier lieu, nous citons un hypodochmius présentant un
tribraque au second pied, inséré au milieu d'une suite de doch-
miaques véritables (v. XII § 3, 13 ; 1 ; 12) :
AlaZ là> Qpr\XT\ç XoyxocpÔQOv BVO-
nXov siimnov "Aget xdxoxov yévoç :
_uu I
_ u uu u _
u__u_|_uu_u_ (Eurip., Hêc. 1089 suiv.)
5. Dimètre trochaïque (_u _u|_u _u)
Ainsi que dans les autres genres de mètres, le dimètre est le
côlon ordinaire dont se composent les périodes et les systèmes
du genre trochaïque. Exemple :
KXavasxai xiç xcov onia'&Ev :
-u --l-u _u (Aristophane, Guêpes 1327)

J) En contradiction avec la règle donnée dans le chapitre II § 3.


VI % 6 97
Le dimètre acatalectique constitue avec sa forme catalec-
tique (_u _u|_u _A) le vers trochaïque le plus usité, le
tétramètre catalectique:
Qvfié, &vfi', âfiTjxdvoioi xr)ÔEOiv xvxcôfiEVE :

*J
_u|_u _ u || u
_
_u|_uû"
(Archil., fr. 66 B. = 67a D., 1)
Dans les périodes comme dans les systèmes, les dimètres restent
séparés l'un de l'autre. UUozpocpov des Guêpes, auquel nous
avons emprunté notre exemple de dimètre, se compose de deux
périodes ; la première période compte un monomètre, un dimè-
tre acatalectique et un dimètre catalectique ; la seconde période
se compose de deux dimètres acatalectiques et d'un dimètre
catalectique :
I "AVBXE, Jtdge^e *

xXavoezai ziç xâv ô'nia&Bv


ënaxoXov&ovvxtùv èfioi.
II Oïov, BI fii) 'QQTjoeih', vfiâç,
a>novrjQoi, zavzrjl xfj
ôaôl <PQVKZOVÇ axEvâoco.
La structure de ce morceau est assez régulière ; seuls, les tro-
chées du premier côlon et le premier trochée du troisième côlon
ont été remplacés par des tribraques.
Pour se faire une idée d'un système trochaïque, le lecteur lira
par exemple les vers 520—527 des Thesmophories du même
poète ; un parémiaque y est suivi de six dimètres acatalec-
tiques, terminés par un dimètre catalectique, tous de mètre
trochaïque et tous liés entre eux par suite de la synaphie ininter-
rompue.
6. Les résolutions de syllabes longues, dont nous avons déjà
parlé en traitant du monomètre, sont admises dans tous les
autres cola. Nous avons aussi mentionné la syncope et la pro-
traction du trochée (§ 1) ; comme nous l'avons déjà remarqué
à propos de l'ïambe syncopé, nous ne pouvons discerner que rare-
ment si la syncope se combine avec la protraction ou non. Par-
fois, la substitution régulière d'un péon (c.-à-d. d'un crétique
résolu) à une syzygie trochaïque rend la protraction extrêmement
invraisemblable ; bien que le schéma _i uu u au lieu de -uuu
soit, en théorie, possible, rien ne nous autorise à croire^guÊ I|\,
poète ait introduit une variation |fort bizarre dans j^né ^suifé|
Traité de métrique grecque 7 \S' ' ' ' ' 5;
98 VI 6, 7
de vers de structure régulière et symétrique ; comparez les vers
de la Lysistrate cités § i.
Certains métriciens, par exemple White, sont enclins à croire
que ces péons ne sont que des syzygies trochaïques dont la deux-
ième syllabe longue serait abrégée (_ u _ u : _ u u u), et ils désig-
nent les vers formés comme nous l'avons indiqué, par le nom de
mètres péono-trochaïques x). Cette explication ne suffit plus quand
il s'agit d'interpréter les crétiques non résolus (_w_) et les
péons quatrièmes (u^^-), que l'on trouve à côté des péons
premiers. Cette difficulté n'existe pas quand on part de la suppo-
sition que la syzygie trochaïque devient par suite de syncope
un crétique apparent [(_ u _u:_u_.); les deux péons que
nous avons mentionnés, en naissent par suite de la résolution
d'une syllabe longue.
Par contre, l'explication de White peut être acceptée quand,
un péon correspond à une syzygie trochaïque dans une paire
de strophes ; par exemple :
AéyExov, ënixov, àvaôéQBXOv: uuu uu|uuu uuu, et
Nvv ôè xal naQTfjxôvnvxai: _u _u|_u
__
(Aristoph., Gren. 1106 et 1116)
Le poète oppose, de propos délibéré, l'allure rapide de la strophe
à celle, plutôt calme, de l'antistrophe.
7. Les cola trochaïques abondent chez Eschyle et chez Aris-
tophane, aussi bien ceux dont la structure est inaltérée que ceux
qui ont subi la syncope ; mais ils sont rares chez Sophocle. Comme
exemple d'une strophe appartenant à la deuxième catégorie,
j'analyserai une antistrophe (le texte de la strophe étant corrompu)
des Choêphores d'Eschyle (vers 613—622). La syncope y est
probablement combinée avec la protraction, parce qu'on n'y
rencontre nulle part des crétiques résolus, tandis que quelques
syzygies sont réduites à des spondées.

x) D'après Wilamowitz, tous les pieds appartenant au yévoç ijfuéXiav ne


seraient que des trochées d'allure accélérée par l'abréviation d'une syllabe
longue; ainsi les péons seraient des syzygies trochaïques modifiées, et le cré-
tique serait né de la contraction de deux syllabes brèves d'un péon (Verskunst
p. 330). Cependant, rien ne nous autorise à éliminer le yévos rj/tiôXiov comme
genre indépendant; Aristoxène le désigne expressément comme tel (p. 300
Mor., p. 415, 12 Marq.); d'autre part, il est fort improbable qu'une licence,
tolérable, tout au plus, en des cas isolés, soit à la base du rythme de toute une
catégorie de chants et de danses.
VI 7 99
I I "AXXav ô' î)v xw' èv Xôyoïç ozvyBïv
(poiviav SxvXXav,
II "A x" èx&Q&v vnal <pâz' dnoiXe-
OBV tpiXov, KQTJXIXOÏÇ
5 III XovoBOÔfiirjxounv SQ-
fioiç nvdrfoaoa ôâpoioi Mivco,
IV NZoov â&avàzaç zpixbç
voocpioaaa noofîovXa>ç,
V Hvéovfr' d xvvâq?Qû>v {Snvto •
io xiyxdvBi ôé fiiv 'Epfirjç.
I 1
— . — .
]
_ u _ u _ u _,
]

]
_u _ . _A
_ .
il -. _.|_u j
_ . _u _u
j
_u _ - _u _A
5 III u )
_ __ _u _ .
_ u _ .
]
_ u ]
_ . _ u __
IV _u|_uu_ju_
_uj_UU_[_A
V u_j_uu_|u_
IO |_UU_]_A
La strophe entière se divise en deux parties, dont seule la
première est trochaïque (côl, i—6) ; l'autre partie est éolo-chori-
ambique. La première partie comprend trois périodes, la seconde
en compte deux. Chaque période se compose de deux cola.
La période I se compose d'un trimètre, dont la première syzy-
gie est syncopée deux fois et la troisième une fois, et d'un dimè-
tre catalectique, dont chaque syzygie a subi la syncope,
La période II se compose de deux cola de la même étendue,
mais ici, c'est la troisième syzygie au lieu de la deuxième du tri-
mètre qui est complète, tandis que la seconde syzygie du second
côlon n'est pas syncopée,
La période III se compose d'un dimètre et d'un trimètre; le
premier côlon compte une syzygie syncopée une fois, le second
en compte deux.
Les périodes suivantes se composent chacune d'un glyconéen
et d'un phérécratéen.
C'est dans le célèbre ôéofiioç vfivoç des Euménides qu'Eschyle
a su atteindre les effets les plus saisissants que les trochées peu-
vent exprimer ; ici encore, les trochées syncopés se joignent
aux trochées purs, et la protraction des pieds appartenant aux
ioo VI 7
premier groupe est très probable. Dans la première strophe, les
syzygies syncopées comptent deux ou trois syllabes (par exem-
ple MâzBQ Nv\, âXa- | oZoï: _. _.|_u_.|_u...., vers 322) ;
dans l'ephymnium qui suit, le premier pied des syzygies syn-
copées est résolu ÇEnl ôè xq> zB&vfisvq) : uuu _ . |uuu _ .).
Dans les dactylo-épitrites, le dimètre trochaïque acatalectique
se rencontre régulièrement, soit comme côlon indépendant, soit
combiné avec des cola dactyliques ; il y présente naturellement
de préférence la forme épitritique. Exemples :
Alvéaoe nvyfiâç Enoiva : _u
_u _c
j

(Pind., 01. VII 16 (30))


EinBv èv ©ijBaioi xoiovzôv zi è'noç :
_u __|_u __|_uu Û
(Pind., OI. VI 16 (25))
Le dimètre trochaïque est suivi d'un monomètre daetylique
catalectique in syllabam,
La syncope est assez rare dans ce genre de mètres ; en voici
deux exemples :
MagzvQtfaco ' fisXltpd'oy-
yoi ô' ènixQéy/ovzi MoZoai :
_ u [
_ . _u
u J (Pind., 01. VI 22 (36))
_ __ _u __
Le dimètre syncopé une fois est suivi d'un dimètre complet.
HBÙ&ovxai ô' âoiôol adfiaoïv :
_. -.|_u __|_u o (Pind., Pyth. I 3 (5))
La première syzygie d'un trimètre est syncopée deux fois ; c'est
exactement le même côlon que le premier côlon de la strophe
d'Eschyle analysée dans ce paragraphe, abstraction faite de la
longue irrationnelle.
Par suite de l'anaclase, le dimètre commence par un ïambe :
|
*j _ _ u _ u _ Û.
Ce côlon se trouve, par exemple, dans les Perses
d'Eschyle :
Boâxiv xâXaivav avôâv (vers 575).
Dans la poésie lyrique, le dimètre acatalectique se rencontre
déjà chez Alcman :
Kal xlv Biixofiai cpÉQOiaa _u _u|_u _u
xôvô' EXIXQVOCO nvXEoeva _u |_u _u
xr\paz& xvnaiQeo : u u |
_ _ _ . _A
(fr. 16 B. = 24 D.)
Le dernier côlon est le dimètre brachycatalectique, dont nous
parlerons tout à l'heure.
VI 8 ioi
8. Le dimètre catalectique _
(_ u
o _ u _A) est employé
]

souvent sans rapport avec le côlon acatalectique ; dans ce cas,


il se compose de préférence de trochées purs (_ u u | u _). On
_ _
l'appelle aussi lecythium (XTJXV&IOV), ou euripideum, en souvenir
d'un passage fameux des Grenouilles d'Aristophane (vers 1200
suiw.), où le poète ridiculise le trimètre des tragédies euripi-
déennes en ajoutant partout après la césure la cheville Xr\xvvKiov
ândoXeoBv ; par exemple :
'Açyoç xazaoxà>v — X-nxv'9'iov âncoXEOsv
Le côlon se rencontre déjà chez Archiloque, qui a composé
un asynartète du lecythium précédé d'un dimètre ïambique :
Afjfirjxgoç àyvrjç xal KÔQTJÇ xr\v navfjyvgiv oéflmv :
__
u_|__ u_||_u _u|_u _
(fr. 120B. = ii9D.)
La strophe du Parthénée d'Alcman, conservé en majeure partie
sur un papyrus, se divise en deux parties, dont la première
embrasse quatre périodes se composant chacune d'un lecythium
et d'un paraglyconeus (X § 22) :
"Eazi ziç oiâv xioiç, u |
_ u _ _u Û
ô ô' ô'XBioç, ooxiç Bvqypcùv : u j u u | u
_ _ _ _
(fr. 23 B. =1 D., 36 suiv.)
Dans le même poème, on trouve aussi un lecythium dont la
première syllabe longue est résolue :
Aiacpàôav' xi xoi Xéycp: uuu _u(_u (vers 56)
_
En général, dans la tragédie aussi, les résolutions sont plutôt
rares ; le côlon s'y rencontre fréquemment, surtout chez Eschyle.
A ce point de vue encore, la technique d'Euripide est plus relâchée.
Tout comme Y hypodochmius, le lecythium est employé tantôt
comme vers indépendant (comparez le premier vers cité d'Alc-
man, dont la dernière syllabe est anceps), tantôt comme un côlon
lié étroitement avec le côlon suivant :
Aéofiioç ÇPQEVCOV, àçpôjp- u j
_ u _ _u _
uiyxxoç, a-ùovà BgoxoZç : _ u _ u |
_u _
(Esch., Eum. 332)
Le lecythium est parfois précédé d'une syzygie ïambique ;
celle-ci est syncopée dans l'exemple suivant :
'Icb nâvzoev noXvozovcôzazoï:
u_ ._|_u _u]_ u_ (Esch., Sept 1000)
La syzygie initiale peut subir l'anaclase :
'EXioocùv xvxXoZ x&ôva: u__uj_u o (Eurip., Or. 1379)
102 VI g
Dans les Troyennes, Euripide a composé toute une série de
lecythia avec anaclase (vers 560 suiw.) ; elle se termine par un
côlon catalectique de la même forme ($evy&v naxgiôi név&rj:
u_uuu|_. _A), c.-à-d. un ithyphallique avec anaclase (comp.
§ 9). Il faut remarquer qu'ici et auparavant (vers 565 : xagazôfioç
èpvfiia: u_uuu|_u _), la troisième syllabe longue paraît équiva-
loir à deux brèves ; donc, nous n'avons pas affaire à des ïambes
avec protraction (u_ |
_J u_ u_), où la même syllabe aurait la
valeur de trois brèves.
Quant aux dactylo-épitrites, le lecythium n'y est nullement rare ;
je ne citerai qu'un exemple remarquable à cause de l'antériorité
du côlon catalectique au côlon acatalectique :
O&x' èplBpofioi lXéov- u u |
u
_ _ _ _
XBÇ ôiaXXàl-avxo f/v^oç :
_ u |
— _u .a
(Pind, OI, XI 20 (ai))
9. Enfin, nous avons à traiter du dimètre trochaïque
brachycatalectique, bien connu sous le nom d'i t h y-
phallique, nom qui se rapporte aux processions en honneur
du démon de la fertilité (comp. Aristophane, Ach, 263 suiw.).
Le schéma apparent (^.u^^^J) ferait croire à une tripodie ; mais
le côlon va de pair avec le dimètre (comp. le fragment d'Alcman
cité dans le paragraphe 7), la pénultième n'est résolue qu'excep-
tionnellement et, par là, ne paraît pas être une longue ordi-
naire ; enfin, la théorie métrique des Anciens (Héphestion, ch. VI)
est conforme à notre interprétation, qui est celle de presque tous
les métriciens modernes. Ainsi le schéma véritable devient :
_u _u|_. _A,
La pénultième devient une xplor/fioç, si la mora de la syllabe
omise y est ajoutée. Il est probable que ce cas se présentait dans la
poésie chantée, quand le côlon brachycatalectique était combiné
avec le côlon acatalectique et que l'équivalence de la durée devait
ressortir. D'autre part, nous ne croyons pas que la longue pénul-
tième fût allongée outre mesure dans les vers répétés xaxà oxixov
et qui n'étaient pas destinés au chant. Des ithyphalliques apparte-
nant au dernier groupe se rencontrent chez Archiloque ; en les
combinant avec un prosodiaque, il en a fait un asynartète célèbre :
'EgaOfiovlÔT] XaplXoE, XQVf1^ z°l YBXOZOV :
u -^JKJ _uu _u||_u _u|_. Û. (fr. 79 B. = 107 D., 1)
Nous parlerons plus tard (VIII § 12) d'autres asynartètes se
terminant par un ithyphallique.
VI 9 103
La chanson avec laquelle les Athéniens souhaitaient la bienvenue
à Démétrius Poliorcète, est bâti sur des distiques se composant
d'un trimètre ïambique et d'un ithyphallique :
'Sic oi fiéyutxoi x&v ûeâv xal cpiXzazoï
TJ7 nôXei ndpeioiv
(Carm. Pop. 46 B. = Hermocles, 1 suiv. D.)
Sappho a réuni deux ithyphalliques en un dicatalectum :
ABVQO ôrfixB MoZaai j| xovoiov Xinoioai
(fr. 84 B. = 154 D.)
A cause de son caractère de côlon catalectique, l'ithyphallique
est employé souvent comme clausula, non seulement à la fin de
cola trochaïques, mais aussi après des cola hétérogènes.
La première syllabe longue est parfois résolue ; par exemple :
'EÇ aïfiaxoç ysyàvofiev - Xixaîç as :
u -1 uu u u I
ÛA
(Ésch., Sept 142)
__ _ _ .
L'ithyphallique est précédé d'une syzygie ïambique, combi-
naison que nous avons aussi constatée dans le cas du lecythium
(§ 8).
Dans le côlon suivant, la deuxième syllabe longue est résolue,
elle aussi :
Aià xb oUvexoç BÏvai: uuu uuu|_. _A
(Aristoph., Gren. 1490)
L'ithyphallique peut subir l'anaclase :
ËiXoi, zifxofiai ftév : u |,_
__ u . aA
(Aristoph., Guêpes 317)
Cette série de syllabes se prête aussi à une autre analyse ; elle
peut être considérée comme un dimètre bacchiaque (u _ _ | u _ _).
Quant au côlon cité, il y a deux arguments qui plaident contre la
scansion par bacchiaques : d'abord, la fin des pieds coïncide
presque toujours, dans ce genre de mètres, avec la fin d'un mot
(v. XI §11); ensuite, le côlon d'Aristophane précède une série de
cola éolo-choriambiques acéphales, cola dont l'affaiblissement
du début est analogue à la modification du rythme causée par
l'anaclase au commencement de l'ithyphallique. Ailleurs, la scan-
sion par bacchiaques est presque toujours préférable.
L'ithyphallique est fort rare dans les dactylo-épitrites de la
poésie lyrique des choeurs ; dans le drame, il n'est pas évité dans
ce genre de mètres. Nous empruntons un exemple à un poème de
104 VI 9> IO' XI
Bacchylide, dont les dactylo-épitrites présentent cette autre singu-
larité que les syzygies appartenant au yévoç ômXdoiov n'ont
presque jamais la forme de l'épitrite :
"Oç aLv Jiapà HispCôoev Xd- u ^^w _uu -u
Xvoi ôcdga Movoâv : _ u _ u |
_ . _A
(Bacchyl., XIX (XV111) 3 suiv.)
10. Pentapodie trochaïque (_u _u ^u ^u _u)
La pentapodie est rare ; voici un exemple de la forme acata-
lectique :
'Iuépco ypioao' àqovxzov olazôv :
_o (Eurip., Méd, 634) x)
_u __ _u _u
La pentapodie catalectique est un peu plus usitée.
Bacchylide l'emploie parmi d'autres cola du yévoç ômXdoiov :
Nvv npônBfin an' ovpavov d-ôav :
_u _u _u _u _ (Bacchyl., XVII (XVI) 55)
Elle constitue le deuxième côlon de la Neuvième Pythique de
Pindare ; elle y présente toujours la forme épitritique, conformé-
ment au mètre dactylo-épitritique :
2vv fia&vÇcovoioiv âyyéXXoiv :
_u __ _u __ _A (vers 2)
La pentapodie peut subir elle aussi l'anaclase ; quant à la forme
acatalectique, la scansion en est douteuse à cause du caractère
ambigu inhérent aux cola d'une formation analogue ; v. § 1. Le
côlon suivant d'Eschyle pourrait en être un exemple :
HéqpQix' sloiôovoa nçâtf-iv 'Iovç :
u__u _u _u __ (Esch., Prom, 095;
Par contre, nous pouvons citer un exemple de la pentapodie
catalectique avec anaclase dont l'interprétation est assez certaine :
Mâxaiçav 'légatvoç êoziav :
u_uuu ^u _u _A (Pind., OU I 11 (17))
La résolution de la troisième syllabe rend la scansion ïambique
improbable ; comp. § 8.
11. Trimètre trochaïque (_u _u|_u _u|_u _u)
Ce côlon n'a pas l'importance du côlon ïambique de la même
étendue ; il n'a pas été employé comme vers stichique.

x) Le côlon est aussi considéré comme un trimètre brachycatalectique


(Masqueray); Schroeder le divise en une syzygie trochaïque et un ithyphal-
lique.
VI ii, i2 105
Le trimètre acatalectique se rencontre parfois dans les périodes
trochaïques ; il est souvent atteint de syncope. J'ai déjà cité quel-
ques trimètres syncopés de forme différente dans le paragraphe 7.
Quant au trimètre inaltéré, les éditeurs le divisent souvent en
un
dimètre et un monomètre, ou inversement. Par exemple, le côlon
d'Aristophane, Thesm. 465 :
ABZ ôè zavzrjç xrjç ijfÎQECùç rjfiZv xbv ëvôpa
:
_U J
_u
{
„u ^u
est divisé ainsi par Schroeder et par Coulon-Van Daele, tandis
que White le considère comme un trimètre (Verse § 237).
Le trimètre acatalectique est employé dans le Parthénée d'Alc-
man déjà cité (par exemple vers 44 suiv. D.) ; il y constitue le
neuvième et le dixième côlon de la strophe, et s'y distingue net-
tement par suite de l'hiatus à la fin de chaque trimètre dans quel-
ques strophes.
Le trimètre acatalectique de forme épitritique n'est pas du tout
rare dans les dactylo-épitrites ; il est désigné dans les scolies de
Pindare comme metrum stesichorium. Exemple :
Aop&ôvcov àozcôv èv ifiEQzaZç àoiôaZç:
_u __|_u _|_u __
(Pind., 01. VI 7 (n))
12. Le trimètre catalectique se trouve pour la première
fois chez Archiloque :
ZEV nâzEQ, yâuov fièv ovx ëôaiodfvnv'.
_u_u|_u_u|_u_ (fr. 99 B. = 29 D.)
Héphestion cite ce vers en l'analysant comme nous l'avons
fait ; mais il ajoute que certains métriciens le considéraient comme
un trimètre ïambique acéphale. Cette explication est probable-
ment due à l'application irréfléchie de Yepiploce (II § 9), à l'aide
de laquelle on pouvait déduire un vers trochaïque d'un vers
ïambique. x)
Le côlon est inséré plusieurs fois dans une suite d'autres cola
dont le caractère trochaïque est certain ; par exemple :

*) Suivant ce système, les ïambes et les trochées étaient compris dans


l'ImjzXoxt] SvaSixi) i^do7jfx.os (Scholia A ad Heph., p. 110 Consbr.), c.-à-d.
une epiploce de syzygies de six morae, comprenant deux genres de mètres.
Comme exemple, l'auteur des Scholia B cite précisément un trimètre ïam-
bique acatalectique, qui devient par l'omission de la syllabe initiale un.
trimètre trochaïque catalectique :
'Ià> KdïxE Mvaiai x' Eatioooo.1 (Ésch., fr. 143), et
TSÏ KdïxE Mvaiai z' êmiogoat (p. 258 Consbr.)
io6 VI 12, i3> 14
'Eoxàzaiotr ovfutXéxcav
ôéÔBx' BvtpoQOOzâxauri vavaiv, &ç
&iov xal vavfSdzav
slôôfiav XBOJV'
j
_ u _ u _u
_u _ _ u
u | _u|_u

_
_- u
j
_U __
(Eurip., Iph. en Aul, 292 suiw.)
_u _u _
L'entourage du trimètre ne présente que des cola trochaïques
de forme catalectique (deux lecythia, un hypodochmius).
Dans les dactylo-épitrites, le trimètre catalectique est moins
fréquent que le trimètre acatalectique ; en voici un exemple :
"Yfifiiv, & Moïoai, <pvyô%EVOv oxoaxôv :
__|_u _u|^u (Pind., 01, XI 17)
_u D
13. Dans le trimètre, comme dans le dimètre, une syzygie
trochaïque peut être remplacée par un crétique ou par un péon,
sans qu'il y ait protraction ; par exemple, un trimètre trochaïque
pur correspond à ce côlon :
Ol'xBxai, xvxvov xe noXi&XBQai ôt) :
_u _u]_u u u | _ u __
(Aristoph., Guêpes 1064 ; comp. le vers 1095)
L'anaclase est également possible :
'Ià> yaZa fiaZa fioifiéva fi lâXXsi :
u__u|_u _u|_u __ (Ésch., Choêph. 45)
Les éditeurs ont coutume d'ajouter la dernière syllabe au côlon
suivant ; par conséquent, ils sont obligés de couper le dernier
mot dans l'antistrophe aussi. Ils obtiennent ainsi deux cola ïam-
biques de suite, mais le dernier côlon de la période, un lecythium,
reste toujours trochaïque. Il vaut mieux considérer la période
entière comme trochaïque ; l'anaclase au commencement sert
de transition aux ïambes du vers précédent.
14. Tétramètre trochaïque
(_u _u|_u _u||_u_u|_u _u)
Le tétramètre acatalectique est moins usité que le tétramètre
catalectique ; il n'est pas répété xaxà oxixov, comme l'autre
forme du vers. Comme nous l'avons vu (§ 8), les dimètres dont
il se compose, sont écrits séparément, d'ordinaire, dans les
périodes comme dans les systèmes ; alors seulement, quand deux
dimètres constituent une unité marquée nettement comme
VI 14 15/ i6 107
telle, on les réunit dans un vers, comme c'est le cas dans une
chansonnette malicieuse d'Anacréon bâtie sur un distique formé
d'un tétramètre acatalectique et catalectique :
H&XB Oqnxir), xi Ôt) fie XoÇbv ô'fiuaoïv BXénovoa
vrjXeâç <psvyeiç, ôoxeZç ôé u' ovôèv Eiôévai oooeôv :
u _ u | _ u _ u || _ u _ u | _ u ~ u

-v _-|-u -u||_u _u|_u (fr. 75B. = 88D.)


ÛA
Anacréon n'observe pas toujours la diérèse médiane inhérente
au vers dans ses autres poésies ; dans le fragment 76 B. (91 D.),
elle est remplacée par une diérèse après le troisième pied:
KXv&C (isv yépovxoç, || Evé&Bipa XQVOonBnXB xovprt.
15. Le tétramètre catalectique est bien connu
comme le troisième des vers stichiques ordinaires. Archiloque
l'a cultivé d'abord ; après les ïambographes, les poètes drama-
tiques l'ont employé. Dans la tragédie primitive, le tétramètre
trochaïque l'emportait sur le trimètre ïambique (Aristote, Rhét.
III 1, 9 ; Art Poét. TV 19) ; puis, le dialogue et le raisonnement
se développant au détriment des effusions lyriques, le trimètre
primait. Alors que le tétramètre est encore fréquent chez Eschyle,
Sophocle ne s'en sert que par exception ; Euripide l'emploie
plus souvent dans ses dernières tragédies.
Tout porte à croire que le tétramètre était récité toujours avec
napaxaxaXoyr) ; comp. II § 14. Les tétramètres des différents
genres de poésie ne se distinguent pas aussi nettement que les
trimètres.
16. La longue irrationnelle est fréquente dans les pieds de
nombre pair ; les vers ne comptant que des trochées purs sont
rares ; le nombre en est, par comparaison avec les autres écri-
vains, le plus élevé chez les ïambographes. J'en cite un emprunté
aux Acharnêens d'Aristophane :
Tbv yéQovxa z<pyépovzi, zbv véov ôè xcà véop :
_u _u|_u _u|]_u _u|_u _
(vers 718)
Les résolutions de syllabes longues ne sont pas aussi fréquen-
tes que dans le trimètre ; on les trouve le plus souvent dans le
premier et dans le cinquième pied, c.-à-d. dans le pied initial
de chaque membre. Bien que la fréquence des résolutions soit
plus élevée dans la tragédie plus récente et dans la comédie, la
différence est loin d'être aussi prononcée qu'elle l'est dans le
cas du trimètre. On s'en rendra compte en consultant le tableau
suivant, contenant l'analyse de 50 tétramètres :
io8 VI 16

wu+ ^ u +
ÏAMBOGRAPHES wu vu- -^ uuu(2X)
uu __ __
uu

i) Archiloque 5 2 (3 ?) o o o o

TRAGÉDIE

2) Eschyle 7 1 ? o 1 o o

3) Sophocle ±12 o o ià2 o o

4) Euripide 17 2 o 1 00
COMÉDIE

5) Aristophane
6) Ménandre
71
17 8
10
01 o
1
1
o

1) Archiloque, fr. 52—74 (D) ; le nom propre NEofiovXr) employé dans


71 peut être considéré comme trissyllabique, quand on y applique la
synizèse.
2) Eschyle, Perses 155—175 ; 215—243 ; l'unique anapeste est douteux,
les dernières syllabes du mot yneaXéa (vers 171) pouvant se fondre ensemble
par synizèse.
3) Sophocle, OEdipe-Roi 1515—1530 ; Philoctète 1402—1407 ; OEdipe à
Colone 887—890 ; j'ai doublé le nombre des pieds résolus qui se trouvent
dans ces 26 tétramètres.
4) Euripide, Hercule 855—873 ; Bacchantes 604—634.
5) Aristophane, Acharnéens 303—327 ; Grenouilles 686—705 ; 718—722.
6) Ménandre, Circumtonsa 77—126 ; un tribraque et un anapeste sont
dus à une restauration des éditeurs; un anapeste est de caractère conjec-
tural1). A part cet anapeste, les suppléments du texte de Van Leeuwen
ne présentent pas de pieds trissyllabiques.
On voit que le nombre et la nature des résolutions indiquent
chez le seul Ménandre une différence de structure fondamentale;
l'adaptation du vers à la langue parlée en est la cause, tout comme

x) Les mots VTcoSÉXEo&ai (84) et xo nvXco&Qstv (87) se lisent chez Van


Leeuwen, comme chez Jensen; au vers 98, Jensen n'a pas d'anapeste (Sionox'
Elvai S' &çloS: Séo-jrox' âyanjo-eiv êycb V.L.); par contre, Jensen a un
tribraque au vers 96, qui ne se trouve pas chez Van Leeuwen (âvôocov
Xéysis: agyoç ovx SOBI V.L.).
VI i6, 17 109
•dans les trimètres du même poète. Chez; Aristophane, le carac-
tère lyrique des tétramètres prime ; il les emploie surtout dans
l'épirrhème et dans l'antépirrhème de la parabase, où il n'y a
pas de dialogue.
Le tribraque se trouve le plus souvent dans les pieds de
nombre impair ; l'anapeste appartient exclusivement aux pieds
de nombre pair.
Le dactyle se trouve, en tout, six fois chez Aristophane et
une fois chez Ménandre (OTOQVIÔIOV, CircumL 150) ; on ne
peut pas affirmer qu'il s'agisse d'une différence prononcée entre
les deux comiques, vu le nombre relativement restreint des vers
de Ménandre que nous possédons. Le dactyle forme le premier
ou le dernier pied d'un dimètre ; comparez ce vers d'Aristophane :
'YJIÈQ èazt,%TJvov '•&eXtfoa> || rijv weç> aXr/v e%a>v Xéyeiv
(Ach. 318)
Deux résolutions par vers se rencontrent depuis Eschyle ;
le vers que nous venons de citer en présente un exemple (tri-
braque et dactyle). Le phénomène est absent des tétramètres
d'Archiloque, aussi bien que de ses trimètres.
Le nombre des résolutions par vers va jusqu'à trois chez Euri-
pide et chez les poètes comiques, mais les vers composés ainsi
sont rares ; en voici un :
2Lvâaioç jtécpvKaç. *AiX oii jtarQÎÔoç, â>ç <JV,
noA-éfiioç (Eurip., Phén. 609)
La résolution du septième pied (c.-à-d. du pénultième) ne se
rencontre que chez les mêmes poètes, et encore à titre d'excep-
tion ; cette licence s'explique par l'emploi d'un nom propre ou
par la recherche d'un effet particulier. Ainsi, le mot nohéftioç
dans le vers cité d'Euripide, est débité d'un ton saccadé trahis-
sant une émotion vive. Ces raisons n'existent plus chez Ménan-
dre ; il n'y a aucune particularité à remarquer dans des vers comme
"Ovxaç EH 'd'eoev. ai) ô' oïei ôeivov eïvai rb yeyovôç;
(Sam. 257)
17. La composition du vers exige, nous l'avons remarqué
à plusieurs reprises, la diérèse médiane :
T£i Ba&vEcovcov àvaaaa, II IlspalôcùV ineprâxi]
(Ésch., Pers. 155)
Les ïambographes observent toujours cette diérèse ; elle n'est
nigïxgit qu'exceptionnellement chez les tragiques ; les vers
sans diérèse médiane sont plus nombreux chez Aristophane.
no VI 17, 18, 19
Dans le vers suivant de ses Guêpes (437), elle est remplacée par
une césure au milieu du quatrième pied :
'Sic ëycoy' avxâv ÔQÔOV ôèôoixa xàç èytcevxQtôaç :
A, _2_|_3w -fiw|_^ _-|_w O
Par contre, Ménandre observe constamment la diérèse médiane.
18. Quant à la distribution du vers aux acteurs, nous renvoyons
le lecteur à ce que nous avons remarqué à propos du trimètre ;
tout ce que nous avons à ajouter ici, c'est que nous pouvons
constater aussi, à ce point de vue, une différence remarquable
entre le tétramètre d'Aristophane et celui de Ménandre. Chez
le premier poète, le changement d'interlocuteurs a lieu géné-
ralement entre les deux membres du vers ; Ménandre l'admet
en d'autres endroits du vers, et il divise beaucoup plus souvent
le tétramètre en trois àvrikafial. C'est l'adaptation du vers à
la langue de tous les jours qui en est cause. On peut comparer
ces vers typiques d'Aristophane et de Ménandre :
A, Tlkkà ÔQ& xovx' ' àXXà nal av. B. Tv<pe iwoAAqj T«J> nanvcô :
A. _u | _u B. Il ~u __|_u (Guêpes 457)
__ _ .« _
A. Ev néxgqoal fioi. B. Tékoiov ' r\ fièv o-bv fiTJxrjQ.
A. Tl ÇJT/Ç;
A.
_ v |
__ _
B. u _u||_u _-|- A. u (Circumtonsa 135)
_
Euripide a été, à cet égard comme à beaucoup d'autres, le
devancier de Ménandre. Dans la grande scène des Phéniciennes
qui se joue entre Ëtéocle, Polynice et Jocaste (588—637), on trouve,
dans une stichomythie de 39 vers, 22 changements d'interlocu-
teur, dont autant dans la diérèse médiane qu'en d'autres endroits
du vers. La scène du Philoctète de Sophocle, vers 1402—1408,
présente un caractère analogue ; le vers suivant l'exprime nette-
ment :
A. II&ç Mysiç; B. EïpÇco JieAdÇeiv.
A, Sxeïxe siQOOyvùoaç x&ôva :
A. o B, | u --Il A. J u 1
uo (vers 1407)
_ _ _ _ _ _ _
19. Le zeugma de Porson (V §15 Ci) est de rigueur chez
Archiloque et dans la tragédie ; l'unique exception a été écartée
par l'inventeur de la règle lui-même .*

Oïnsp f] ÔIHTJ xeAeéei (i'. àkk' à<ploxacr&' ènatoôd>v


(Eurip., Hél. 1628)
Au lieu de àiplaxaaW, il faut lire àxploxua', conjecture acceptée
généralement.
VI 19, 20, 21 III
Dans la comédie, le tétramètre, pas plus que le trimètre,
n'est soumis à cette règle ; aussi le vers suivant de Ménandre ne
choque point :
'Enta ovvxô(icoç xâXavxa. Uavxona>Xeïv BovXoiiai :
_u _u|_w _u||_u __|:_u _ (Circumt. 93)
Un zeugma analogue, observé par le même groupe de poètes,
a été découvert par Havet ; il se rapporte au premier membre
du tétramètre. Donc, le tétramètre suivant n'est propre qu'à
la comédie :
' EJ-oXéo&ai ttVfurtXaxévxa X'Q JBxvlh&v èQ7}(ila:
-u __j:_u _w |j —. _u _u _ (Anstoph.,
] Ach. 704)
On voit que le second pied, de forme spondaïque, coïncide avec
les deux dernières syllabes d'un mot ; les vers formés ainsi sont
évités chez les ïambographes et dans la tragédie.
20. Hipponax a introduit des tétramètres déformés comme
ses trimètres boiteux. La dernier pied complet (le septième)
d'un tétramètre oxâÇ cov est un spondée ; par exemple :
jifupiôéÇioç yâo etfit, xovx âfiaoxâvco xômcov.
_ u _ u | _u _u||_u —u|

(Hippon., fr. 83 B.
D., 2) = 70
En traitant du choliambe (V § 19), nous avons vu que le pied
précédant le spondée anormal, devait être un ïambe pur, si le
vers était construit régulièrement ; la même règle est observée
par Hipponax à l'égard du tétramètre boiteux, dont le sixième
trochée n'est pas remplacé, chez lui, par le spondée. L'ïambo-
graphe Ananius négligeait parfois cette règle ; par exemple :
AXXà n&tnv Iv&v'eaaiv èunpen^ç èv fivxxcoxâi :
II I (fr. 5, 8 B, et D.)
- _v _ _u _w _ _ __ _
u I
u
21. Callimaque s'est servi d'un pentamètre trochaï-
que catalectique, hypermètre dont l'invention est due,
sans doute, à un caprice pédantesque du doctus poëta ; Héphes-
tion prétend que ce pentamètre était employé par beaucoup
d'auteurs (p. 18 suiv. Consbr.) :
"EpXexai ztoXvç /ièv Aiyaïov StaTfifêaç an olvijpfjç XLov :
_uj_u I
-u I
-u I
- w -
_u
(fr. 115 Schn., Anth. Pal XIII 9)
112 VII I, 2
VII. L'anapeste
1. L'anapeste (^w_)
Ce pied se compose d'un levé comprenant deux syllabes brè-
et d'un frappé qui est une syllabe longue ; il est le pendant
ves
du dactyle, et il appartient, comme le dactyle, au yévoç ïaov et
embrasse, lui aussi, quatre morae ; mais son rythme est ascen-
dant. Les formes qui naissent de la contraction et de la résolu-
tion des syllabes de l'anapeste, se rencontrent toutes dans les
vers et les cola anapestiques : le spondée (_ l), le dactyle (_ ÙU)
et le procéleusmatique (JUOU), La deuxième partie de chaque
pied en constitue toujours le frappé, comme nous l'avons remar-
qué par rapport à l'ïambe (V § 2).
La différence entre les cola dactyliques et les cola anapesti-
ques n'est pas toujours nette ; à cause de l'anacrouse, un côlon
dactylique ressemble parfois à un côlon anapestique (le proso-
diaque et le parémiaque, comp. IV § 4). Cependant, il ne faut
pas pousser l'analogie jusqu'à une confusion complète des dac-
tyles et des anapestes ; v. IV § 21.
Les anciens poètes ioniques n'ont pas connu l'anapeste ;
Homère, les élégiaques et les ïambographes l'ignorent tout à
faitx). C'est chez les Doriens du Péloponnèse que l'anapeste
semble avoir pris naissance ; des chansons de marche (les è/iBa-
xrjpia) composées dans ce mètre y étaient chantées par les sol-
dats ; les métriciens en attribuèrent l'invention à Tyrtée et à
Alcman, poètes qui vécurent à Sparte. Tout porte à croire que
la poésie dactylique et la poésie anapestique se sont dévelop-
pées indépendamment l'une de l'autre.
2. Encore au commencement du cinquième siècle avant J.-C,
les origines doriennes de l'anapeste sautent aux yeux; un vers
anapestique (le tétramètre catalectique) est employé dans la
comédie dorienne de la Sicile ; Pratinas, originaire de la ville
dorienne de Sicyon, s'est servi d'anapestes dans son hyporchème
célèbre (fr. 1 B. et D.), Un peu plus tard, le mètre est d'un usage
fréquent dans la tragédie et dans la comédie attique, où il a con-
servé son caractère de mètre de marche dans la parodos et dans
Vexodos de la tragédie et dans la parabase de la comédie.
Dans la poésie dramatique, on distingue à côté de ces anapestes

x) Il ne faut pas confondre l'anapeste apparent, substitué sporadiquement


à l'ïambe (v^_), avec l'anapeste véritable.
VII 2, 3 H3
de marche, les anapestes lyriques ; ils sont employés souvent
dans les chants de caractère plaintif, mais ils peuvent exprimer
également un sentiment solennel. Ce groupe se distingue des
anapestes de marche :
a) par la fréquence excessive des contractions et des résolu-
tions de syllabes ; tantôt les anapestes sont remplacés, tous ou
presque tous, par des spondées, tantôt le procéleusmatique s'y
substitue.
b) par le dialecte du texte ; les anapestes de marche sont
écrits en dialecte attique, tandis que le dialecte employé dans
les anapestes lyriques est celui de la poésie lyrique des choeurs,
appelé dorien par un nom de convention.
c) par la structure des cola, structure beaucoup plus libre dans
les anapestes lyriques ; en outre, des mètres hétérogènes y sont
insérés sporadiquement.
Les anapestes de marche appartenant à la poésie dramati-
que étaient probablement récités avec accompagnement de flûte ;
v. VI § 15 et II § 14.
3. Quant à la substitution d'autres pieds à l'anapeste, il faut
remarquer que la juxtaposition d'un dactyle et d'un anapeste
^
est évitée (_ w ^ _). En général, ia substitution du dactyle
à l'anapeste est confinée presque entièrement à la poésie dra-
matique ; elle a lieu plus souvent dans les pieds de nombre impair
que dans ceux de nombre pair.
Les vers et les cola anapestiques se scandent par syzygies,
si le nombre des pieds est un nombre pair.
L'abréviation d'une voyelle longue ou d'une diphthongue
devant une autre voyelle (III § 2) se rencontre dans les vers et
les cola anapestiques, mais elle y est plus rare que dans les vers
et les cola dactyliques. Le plus souvent, l'hiatus est évité.
L'étymologie du nom est claire (âvâ et naico) ; l'explication
en est moins facile. Probablement, il indique le caractère du
rythme, qui refoule, pour ainsi dire, celui du dactyle (d npbç xà
âvâjiaXiv x& èaxxiXcp xal âvzia-tQÔtpcùç, Tractatus Urbinas dans
mon Tractatus etc. p. 62). Les autres noms de l'anapeste
(âvxiôâxxvXog, ôâxxvXoç stavànsfinxoç) s'accordent parfaitement
avec cette explication. Wilamowitz a proposé une autre expli-
cation ; selon lui, le nom n'aurait eu rien à faire avec le mètre
lui-même, mais il se rapporterait à l'assaut des guerriers [Gr.
Versk. p. 62). Or, le caractère guerrier ne peut être constaté
Traité de métrique grecque 8
H4 VII 3> 4> 5

que dans les êfiBaxifQia des Spartiates ; partout ailleurs, c'est le


mouvement bien ordonné des marcheurs ou des rameurs (Cra-
tinus, fr. 144 K., cité par Héphestion, ch. VIII, p. 27 Consbr.)
qui est indiqué par le mètre anapestique, auquel tout caractère
hostile est étranger.
4. L'anapeste ne se rencontre, comme pied isolé, que dans
les dactylo-épitrites ; par exemple :
cIxéxaç Aiaxov ae- ""-|-« - -
uv&v yovâxcov nôXiôç #* vmsp q>i,Xaç: _ ^ ^ _ u ^ _u|_u _
(Pind., Ném. VIII 13 (22 suiv.))
Le premier côlon se compose d'un anapeste et d'une syzygie
trochaïque acatalectique, le second côlon a été analysé dans le
chapitre V, § 6.
Ici et ailleurs, on est porté à croire que l'anapeste apparent
doit être considéré comme un ionique a minore syncopé ou cata-
lectique (yu_ ou uuu, si la protraction s'ajoute à la syncope,
.
ou bien u u _ Â). Dans le côlon qui suit il n'y a aucun doute quant
à la nature véritable du second pied, le premier étant un ionique
complet :
Aalaç ei>QV%ÔQOv: ^u__|uu.. (Pind., Ol. VII 18 (33))
5. Monomètre anapestique (^ u
_
w^_)
Le côlon anapestique de l'étendue la plus brève se rencon-
tre, tout comme celui des autres mètres dont nous avons traité,
sporadiquement entre des cola plus longs. Dans les systèmes
anapestiques, il est employé comme l'avant-dernier côlon (napa-
xéXevxov) d'un système entier. Il se trouve aussi parmi des doch-
miaques, comme l'exemple que nous citerons :
Sévov sÇavvoat: wu_ ou_ (Soph., OEd. à Col. 1562)
La forme du côlon qui ne compte que des spondées, n'est
pas rare :
Kâmaxcbjtxoev : (Aristoph., Gren. 375)
__ __
La strophe à laquelle ce côlon appartient, est composée entière-
ment de spondées ; dans l'antistrophe, l'anapeste se rencontre une
seule fois.
Exemple d'un monomètre présentant le procéleusmatique :
Kaxàv âp' êyevôfiav :
uu^ uu_
(Ésch., Pers. 934)
La strophe contenant ce côlon sera analysée dans le paragraphe 15.
Dans les anapestes de marche, le procéleusmatique
ne se trouve
qu'exceptionnellement :
VII 5, 6 II5
Aià ae ôè cpoixâv : UWVA, (Aristoph., Nuées 916)
__
Les formes suivantes s'y rencontrent plus ou moins régulièrement :
AageioyEvtfç : (Ésch., Pers. 6)
__ uu_
Obérât dvrSgûJr : _w _. (ibid., 60)x)
T^aâ' âcpixoi/ne&a :
cFsrô 5' eôroMtç :
.* .^ (Ésch., Suppl. 21)
(Ésch., Choéph. 857)
uU. ..
Dans les systèmes, on ne peut pas toujours décider si nous avons
affaire à une syzygie indépendante ; presque toujours, la syzygie
peut être considérée également comme la moitié d'un dimètre,
parce que ce côlon est ordinairement divisé par suite de la coïn-
cidence de la fin d'un mot et de celle de la première syzygie. La
forme moins régulière
_ _^ ^a été introduite dans les Suppliantes
par Wilamowitz ; mais Mazon considère la série citée supra comme
la première partie d'un dimètre ; chez lui, le monomètre est placé
un vers plus bas :
Trjaô' dtpixolnev^a avv xoïaô' IXEX&V
Êy^etgirSiotc.
Le monomètre anapestique a été employé xaxà oxtyov par
Mésomédès, poète de l'époque hadrienne, dans son Septième
Hymne (A un cygne) ; les procéleusmatiques y abondent ; le
vers 19 en présente deux :
'0 fSè XVXVOÇ àvÉ&OQE :
u u UJ U U UU
Les monomètres de Mésomédès ne sont pas des vers indépen-
dants, la dernière syllabe n'étant pas anceps et l'hiatus ne s'y trou-
vant pas (v. l'édition de Horna, p. 27 suiv.). Par contre, Synésius a
traité le même côlon comme vers indépendant dans quelques-uns
de ses Hymnes (3, 4, 10).
6. Le monomètre hypercatalectique (uu_ uu_|_)
semble être une forme dû phérécratéen (X § 17), tandis que la
forme du monomètre avec spondée initial (_ u u j _) se con-
_ _
fond aisément avec une forme du reizianum (X § 19). Le plus
souvent, nous avons affaire à ces cola éolo-choriambiques ; dans
le cas où le côlon se trouve au milieu d'autres cola anapestiques,
il doit être considéré comme anapestique lui aussi, par exemple :
Ti2 mal xâç Aaxovç : | (Eur., Iph. en Taur. 126)
__ __ _

J) D'après la colométrie de Wilamowitz- — Il ne faut pas confondre ce


côlon avec le monomètre dactylique ni avec l'adonien; v. IV § 3.
n6 VII 6, 7

Ce côlon se trouve dans une série interminable d'anapestes


lyriques, en majeure partie de forme spondaïque (vers 123-235).
(Eurip., Ion 896)
Kvnqiôi xâQiv jtçàoocùv : _ _ ^|
- -I - (ibid. 148)
"Av âjto%£vovxai :
_ -M _ _ -
Ces cola, dont le premier présente, dans le premier pied, le
procéleusmatique et le second le dactyle, se trouvent dans des
monodies d'une structure identique à celle de la monodie de
Vlphigénie. x)
Le monomètre catalectique (-
_ _ _
Â) est rare ;

extérieure est celle de l'ionique a minore ; en voici


son apparence
un exemple :
Ti xoô' avôâç: ___ _ (Eurip., Aie. 106)
Le côlon est précédé et suivi d'un dimètre anapestique cata-
lectique.
7. Tripodie anapestique (^ _ wu_ _ _ _)
_
Les exemples de la tripodie sont peu fréquents ; on ne les
trouve pas dans les anapestes de marche. J'en cite d'abord un
exemple de forme régulière :
Nv%iav jiXâxa xBgoâfievoç: (Ésch.,Pers. 952)
_ _ _ ___ . _ _
Tous les anapestes peuvent être remplacés par des spondées :
AEI[MÔVCÙV êyxQovmv : (Aristoph., Gren. 374)
______
Par contre, les syllabes brèves abondent dans la tripodie suivante,
dont deux anapestes sont remplacés par des procéleusmatiques :
Svv â/ia #e_ç d <pLXoç âvéxco : u___ ^
_ __ ___
(Soph., Lim. 70) 2)
Chez les auteurs de la poésie lyrique des choeurs, la tripodie
anapestique s'allie parfois à des cola hétérogènes ; dans l'exemple
qui suit, elle précède un lecythium :
Mévei ovQavôç. âXXâ xi npoa-
tpÉQOfiev ëfinav ij fiéyav :
.__ ^ u _ ___
.____|_U_A
(Pind. Ném. VI 4 (7))

2) Schroeder préfère expliquer autrement ces trois cola; selon lui, le premier
serait de nature dochmiaque, le deuxième ïambique, le troisième choriambi-
que; mais les cola qui les entourent, n'autorisent que l'analyse par anapestes.
2) Peut-être le dernier mot doit être combiné
avec le côlon suivant (ztôvovç
me<"pyvas); alors, nous aurions un dochmiaque, suivi d'un dimètre ionique
avec anaclase (u _ _ _ | _ _ _). Cependant, la présence d'ioniques au milieu
de dochmiaques est peu _probable.
VII 7 ii7
On remarquera que la syllabe -et du premier mot est abrégée
devant la voyelle au commencement du mot suivant.
Les cola dont le premier et le dernier pied sont des spondées,
se prêtent à la métarythmie. La série . ___
doit être consi-
dérée, presque toujours, comme un phérécratéen (X § 17; voyez
aussi IV § 4) ; mais, dans le passage suivant d'Aristophane,
les cola qui entourent la série dont il s'agit, n'admettent que la
scansion anapestique :
ÂElJtvijOOflEV, BVOZf EVaï,
__
u__|__ _ Â
EvaX, c&ç énl vixy,
_ _ _ u_ _ _
eôoï, EvaZ, e&aî, stiaT:
__
__(__
__
(Ass. des Femmes, 1181 suiw.)
Les cola sont tous les trois anapestiques ; le premier est un
dimètre catalectique, le second une tripodie dont le deuxième pied
est un dactyle, le troisième un dimètre qui ne présente que des
spondées.
En outre, le comique Phérécrate a doublé le côlon dont nous
venons de parler, et il a obtenu ainsi un vers dont il s'est
servi xaxà axfyov dans une parabase d'une de ses comédies
(la Corianno) ; il déclare lui-même que ce sont des anapestes :
"AVÔQEÇ, aQ6ao%EXE xàv vovv êf-BVQrjfiaxi, xaivoe,
ovftnxvxxoiç âvamaCoxoiç :
j]
_ _w _ _ _ _ _ _
(fr. 79 K.) 1)
Il faut remarquer que le nom du phérécratéen ordinaire, forme
catalectique du glyconéen et qui n'a rien à faire avec le mètre
anapestique, est dérivé de ce fragment de Phérécrate, discuté
deux fois par Héphestion (p. 32 et 55 Consbr.). Il repose, comme
nous l'avons vu, sur une interprétation fausse due au métricien
lui-même ou à un de ses prédécesseurs. L'«invention nouvelle»
du poète consiste en ceci qu'il a changé le côlon bien connu de

a) Les «anapestes repliés sur eux-mêmes» sont des spondées; v. le


scoliaste récent de Pindare, OL IV 7 Boeckh. La question des anapestes
de Phérécrate a été discutée souvent; elle a donné lieu aux scansions les
plus hasardées du phérécratéen. Je renvoie le lecteur à mon article dans Phi-
lologus LXXX, 1924—35 (De glyconei et pherecratei origine p. 362 suiv.).
Je trouve dans le livre de Kolâf, Die Logaôden, p. 41, exactement la même
analyse des avfjmzrvKxoi àvwrcaïazoï, sans que mon article, paru environ
huit ans auparavant, soit nommé.
n8 VII 7) 8

éolo-choriambique en un côlon anapestique, exemple de


nature
métarythmie fort remarquable.
8. Dimètre anapestique (^ u
_ ___ ___
u^_)
|

Le dimètre est le côlon anapestique le plus répandu, comme


nous l'avons vu à propos des autres mètres ; les systèmes, dont
nous avons déjà traité (§ 5), ne contiennent que des dimètres,
interrompus par endroits par des monomètres. Nous rappelons
-

l'attention du lecteur sur les particularités des anapestes lyriques


par opposition aux anapestes de marche (§ 2), sur l'exclusion
presque absolue de la combinaison _.- - - _ (§ 3), et sur la
coïncidence de la fin des mots et de celle de la première syzygie
du dimètre acatalectique (§ 5).
Le dimètre acatalectique est le côlon le plus ancien dont nous'
avons connaissance ; il se rencontre déjà chez Alcman :
'Efté, Aatoïôa, xéo S' dp^é^ogov: w ^ _u_|___ __c
_
(fr. 17 B. =33 D.)
Chez les autres lyriques, le dimètre se trouve de temps en temps,
bien que sporadiquement, comme les mètres anapestiques en géné-
ral ; ainsi Bacchylide l'a employé dans un poème où les mètres
dactyliques s'associent aux anapestes (XVI (XV) 19).
Quant aux formes différentes qui naissent de la substitution des
pieds secondaires à l'anapeste, nous avons déjà vu que le procé-
leusmatique est exclu presque entièrement des anapestes de
marche (§ 5) et que le dactyle est admis de préférence dans les
pieds de nombre impair (§ 3). En outre, les cola ne contenant que
des anapestes et ceux qui contiennent trois spondées consécutifs
ou deux anapestes et deux spondées consécutifs, sont plutôt rares.
Dans la liste suivante, les formes du dimètre appartenant à la
dernière catégorie sont marquées par un astérisque.
Quatre anapestes :
*i) _ldyoç êx Aava&v xaxô&Qovç êniBij :
-__ ___|___ u^_ (Soph., Aj. 138)
Trois anapestes en un spondée :
2) Syfâovai xâpa <poviq> nEXéxei :
__
_u_|uu_ wv_ (Soph., El. 99)
3) Se 3' ô'xav nXijyij Aibç r) ^afiEvrfç
:
u.___|uu_oo_ (Soph., Aj. 137)
4) TeXapwvie naX, xijç â/iupiQvxov :
uu- "---l-- uu_ (Soph., Aj. 134)
VII 8, ii9
5) MeyâXoi #dgî//?oi xaxéxova' r](iâç :
.._ ___)___ (Soph., Aj. 142)
__
Deux anapestes et deux spondées :
*6) Kal Zsitç ocoxijp xpCxoç, olxoyôXaÇ :
__
__|u-_ _ _ _
(Ésch., Suppl. 27)
7) Evnutxa Xéyei, xax nâç ô xXvcov :

__
___|__ ___ (Soph., Aj. 151)
8) "Hneg ôoQiXrjnxoç èV ^r AOÛT?/ :

__
uu_|uu_ __ (Soph., _!/. 146)
9) 'Ynb xoiovTGtv àvSo&v dogv/Jjjf :
___
__)__ . __
(Soph., A/. 164)
10) "_V' dnonjxijç àaiirj ^otçû)»' :
y<--_
__|-__ __ (Aristoph., Cav. 548)
*n) Aavabç ôe naxrfQ xal fiovXap%oç :
| _o (Ésch., Suppl. 12)
-__ . u_ __
Un anapeste et trois spondées :
*I2) "Onôxav %ao[iâ, xal xoi>ç xavXovç :
_ _ _
__|__ __
(Aristoph,, Cav. 824)
13) Tcov yàg fieyâXcov yvx&v IBIÇ :

__
-__!__ __
(Soph., Aj. 154)
14) *__ç xal tr^ç vvv <pûifiév7jç wxxôç :

__
__(___ _o (Soph., A;'. 141)
*I5) Sxvyvai S' oipsiç xVSmv fteXâftpcov :
__
__|__ .__ (Eur„ Afc. 862)
Quatre spondées :
16) Tov XéÇavzoç xa^Ssl (tàXXov :
__
__!__ _o (Soph., A/. 152)
Un dactyle, deux anapestes et un spondée :
17) Ovx B.v âfiâpxoiç ' xaxà ô' dv XLÇ èfiov :

_._ __J^w_ u__ (Soph., Aj. 155)


18) Méyav ô'xvov %xa> xal neqiôfiijfiat, :
w._ _ _ _ | _ __ __ (Soph., Aj. 139)
Un dactyle, un anapeste et deux spondées :
19) Kal ocpôôoa nel&ei, nepl yàp aov vvv :
_u_ __|___ __
(Soph., Aj. 150)
20) *£lv atôXiç, âSv yrj xal Xevxbv VÔOOQ :
(Ésch., Suppl. 24)
_w __)__ - _ _
21) StpaXeçbv nvpyov gvfia ttéXovxai :
_w_ __|__- __
(Soph., 4/« r59)
120 VII 8, g

22) Eiç d>xa cpsoei n&aiv 'OÔVOOEVÇ :


_-_|_-w __ (Soph., Aj. 149)
__
Un dactyle et trois spondées :
*23) Trjv XE v^avovaav xàfi' oXBi£a>v :
__|-_ - - (Eur., Aie. 919)
_VA,
24) KéXaai ô' "Aqyovç yaïav, o&ev ôtf :
__|_w (Ésch., Suppl. 16)
__
Deux dactyles et deux spondées :
25) Uvevfiaxi, #o&gaç ' âQaEvonXtj'd-f} ô' :
|
(Ésch., -Suppl 30)
_u_ _ _ _ uu -_
Parmi les formes marquées par l'astérisque, celles que nous avons
numérotées 12 et 15 sont assez fréquentes dans la comédie; parmi
les autres combinaisons, les numéros 3, 10 et 24 sont plutôt rares.
9. Les exemples d'un dactyle dans le second pied de la syzygie
sont assez rares, surtout si le premier pied est un anapeste (uu_
w) ; mais on les trouve même dans les anapestes de marche.
_
Anapeste + dactyle :
Xiïôva ovyxogxov SVQIO, <pevyoftev :
__|u-_ (Ésch., Suppl. 6)
u__ _ww
Deux dactyles, dont un dans un pied de nombre pair :
Ovxiv' êoe' aïuaxc SijuiiXaoCav :
| (Ésch., Suppl 7)
___ _ u_ _ _ _u_
Trois dactyles ;
néfiwaxE nôvxovô' ' kr&a ôè XalXani :
| (Ésch., Suppl 34)
__o _ _ _ u_ _VA,
Les exemples cités supra montrent que c'est surtout chez
Eschyle que les dimètres de forme moins régulière sont employés ;
il en a d'autres, par exemple la combinaison spondée + deux
dactyles + spondée, Agam. 92 ('AXXTJ ô' éLXXo&ev ovpavofiijxrjç).
Enfin, je cite quelques formes qui ne se trouvent, à quelques
exceptions près, que dans les anapestes lyriques :
Quatre dactyles:
Kàvanv&wiiEÛa zotioÔB XÎVBÇ utoxé :
_ -_
_uu|.w _ uu (Aristoph., Ois. 403)x)
Un procéleusmatique, un anapeste et deux spondées :
"Exaq)ov Uxatpov ovx âfixpl axrjvaîç :
_ _ __
uu_|__ __
(Ésch., Pers. 1000)
*) Cola de quatre dactyles dans les anapestes de marche: Eurip., Méd.
160 (?); Aristoph., Ass. des Fem. 690, et quelques autres.
VII 9> 10 121
Deux procéleusmatiques et deux anapestes :
Kaxotpâziôa Boâv, xaxofiéXsxov idv :
uuuu uu_|uuuu uu_ (Ésch., Pers. 936)
Trois procéleusmatiques et un dactyle :
Tiç ô •d'ôçvfloç ÔÔB ; xi zâôs xà x°6e^'fla'ta '•
u u uu u u uu I u u uu _ uu (Pratinas, fr. 1, 1 B. et D.)
Quatre procéleusmatiques :
"Evi â'gâaoç, ëvt ôè xb ootpâv, evi cpiXônoXiç :
uuuu uuuu|uuu_ uu-u (Aristoph., Lys. 545*)
Exemple de la combinaison évitée du dactyle et de l'anapeste :
Kal fivpov ênixùç <*>ç $}v ti> JIBOCOV :
>'

_ __
_-_)__ uu_ (Aristoph., Paix 169)
10. Nous avons déjà remarqué que les syzygies du dimètre
des systèmes sont séparées l'une de l'autre par la fin d'un mot ;
à plus forte raison, la fin d'un dimètre entier doit coïncider avec
la fin d'un mot. Pourtant, les manuscrits présentent des dimètres
qui finissent au milieu d'un mot. Les éditeurs ont coutume
d'éliminer cette anomalie en transposant une syzygie entière ; par
exemple (Aristoph., Ois. 732) :
Biov, EIQTJVIJV, vBÔXTjxa, yéXcù-
xa, xoçotiç, &aXCaç, yâXa x' ÔQVÎ&CÛV xxX.
se lit dans les éditions courantes :
NEÔXTjra, yéXcoxa, XOQO'ÛÇ, iïaXiaç,
yâXa x' ÔQVI&COV, &axe mâpEGxai xxX.
Ce déplacement est dû, dans l'édition de Coulon, à l'expulsion
du mot evëaifiovlav au vers 731, mot qui constitue une syzygie
entière. Cependant, il est fort douteux que la colométrie des manu-
scrits doive être changée dans de tels endroits ; ici, le poète sem-
ble avoir lié les dimètres de propos délibéré, pour mieux faire res-
sortir l'accumulation de bienfaits promis par les oiseaux. Il existe
un dimètre où l'anomalie dont il s'agit, ne peut être éliminée
d'aucune façon (ày>ij<pi\axoçf Guêpes 752).
Quant à la division qui sépare les syzygies du dimètre, elle a
été parfois négligée, elle aussi, non seulement dans les anapestes
lyriques, mais aussi dans les systèmes des anapestes de marche ,*

le vers des Guêpes que je viens de citer, présente un exemple


frappant :
*) D'après le texte de Wilamowitz (édition de Lysistrate, Berl. 1927)-
122 VII IO, II
"Iv' ô xiJQV% tpjjo-i, xlç ày>rjq>i- uu_ _ _ | u- • u _ __
oxoç; âvioxâtr&a)'. uu_ —
Dans la tragédie aussi, la division entre les syzygies n'est pas
observée partout ; par exemple :
IIxEQvycov èpezfioZoïv èQEûaâfievoi :
-w_|uiu_ (Ésch., Agam. 52).
uu_ uu_
On voit que dans les exemples cités une division après la pre-
mière syllabe brève du troisième pied se substitue à la division
médiane. Mais on rencontre, notamment dans la comédie, des
dimètres qui ne présentent aucune division ; par exemple :
K&neixa xaxEOxsôaoav ftEQfiôv :
u|u_ uu_;_o (Aristoph., Ois. 536)
__
D'autre côté, la division médiane est souvent soulignée par la
ponctuation ; on n'a qu'à parcourir les exemples cités dans les
paragraphes précédents pour s'en rendre compte. Parfois, le poète
la fait ressortir davantage en répétant le même mot :
KiveZ xQaôlav, XIVBZ ôk xàXov (Eurip., Méd. 99)
Le changement d'interlocuteurs dans l'intérieur d'un dimètre
a lieu, de préférence, entre les syzygies ; mais, ici encore, les
exceptions ne font pas défaut ; par exemple :
A. BkscpâQcov §•' iinvov. B. Ov yàg è'%a> nmç Sv:
A. u uu B. | u u (Soph., Trach. 991)
_ _ _ _ __
La division dont nous venons de traiter, ne doit pas être consi-
dérée comme une diérèse véritable, c.-à-d. comme une pause métri-
que exigée par la constitution du vers. L'étendue du dimètre
est trop petite pour qu'elle puisse admettre une pause de cette
nature ; de sa répétition ininterrompue à travers un système entier,
il résulterait un morcellement du rythme insupportable ; d'ail-
leurs, le nombre des dimètres ne contenant pas la division médiane
est si considérable qu'elle ne semble pas correspondre à une parti-
cularité inhérente au rythme du dimètre. Dans le vers de Sophocle
cité en dernier lieu, une pause après le mot ov aurait un effet
franchement ridicule.
11. Dimètre anapestique catalectique
(^ u uu_ |uu_ _Â).
_
Le dimètre catalectique est désigné par le nom de p a r é-
m i a q u e (jcaçoifitaxôç), dérivé, d'après l'étymologie acceptée
généralement, de napoifiia, proverbe ; en effet, beaucoup de pro-
VII II, 12 123
verbes en épousent la forme métrique. On l'a dérivé aussi de
oïfioç, route ; alors, le nom se rapporterait aux anciennes chan-
sons de marche des Spartiates (les èfipaxrjpia) mentionnées
dans le paragraphe i.
Comme exemples de proverbes présentant la forme du paré-
miaque, Héphestion mentionne (p. 26 Consbr.) :
UÔXE S' "AQXBfllÇ OVX EXÔQEVOE :
uu_ uu_ uu_ _
Kal XÔQXOQOÇ èv Xaxàvouti : __uu_uu__
Cependant, d'autres proverbes commencent par une seule syllabe
brève ; par exemple :
_*tA_f Se vôxoç fisxà nâxvqv:
v_ _u_ _ _
Ce fait prouve que nous n'avons pas affaire à un vers d'origine
anapestique, mais à un vers dactylique commençant par une
anacrouse, c.-à-d. au prosodiaque (IV § 4) ; par suite de méta-
rythmie, le vers propre aux proverbes pouvait être considéré
comme un vers anapestique admettant deux syllabes brèves au
commencement. Le prosodiaque lui-même était considéré parfois
comme un vers anapestique ; v. le chapitre XV d'Héphestion
(p. 47 suiv. Consbr.).
Bien que cette explication soit possible, je préfère considérer
les proverbes de la forme indiquée par Héphestion comme des
parties d'hexamètres dactyliques divisés par la césure penthé-
mimère ou xaxà xbv XQCXOV xQoxaZov ; la première partie d'un
hexamètre divisé de telle manière étant omise, la partie qui reste
constitue le proverbe employé indépendamment. Chez Hésiode
surtout, on lit plusieurs hexamètres qui se prêtent parfaitement
à cette dérivation ; par exemple :
Oïxôv x' et) d'ioûai " || ÇTJXOZ dé xs yslxova yBIXCOV
(Trav. et J. 23)
*Eç xéXoç èÇeX'd'ovoa • || na&cov ôé XB vrjnioç Myvm
(ibid. 218)
En effet, beaucoup de ziaçoifilai sont incomplets quant au sens
et quant à la construction (la particule ôè s'y trouve insérée, sans
qu'elle se rapporte à une affirmation précédente).
' Héphestion ajoute à son analyse du parémiaque qu'il y a aussi
des proverbes ayant la forme de l'hexamètre ou du trimètre ; il
y en a d'autres de forme prosaïque.
12. En général, le parémiaque revêt les mêmes formes que le
côlon acatalectique la dernière syllabe n'est jamais résolue ;
,*
124 VII 12, 13
elle peut être représentée par une brève, étant anceps à cause de
sa position à la fin d'un vers.
Le parémiaque des anapestes de marches se distingue, lui aussi,
du même côlon employé dans les anapestes lyriques. Ce n'est
que dans ce dernier groupe qu'il admet le procéleusmatique ; la
contraction des deux dernières syllabes brèves y est plus fré-
quente que dans les anapestes de marche. Le dactyle est limité
partout au premier pied.
Il y a une différence fondamentale entre le dimètre acatalec-
tique et le parémiaque : la division entre les syzygies, de règle
dans le côlon acatalectique, fait souvent défaut dans le côlon
catalectique.
Dans les systèmes, le parémiaque fait fonction de clausula ;
il est répété xatà axlxov régulièrement dans les êfiPazrfpia, et
sporadiquement dans les anapestes lyriques du drame ; ici, le
côlon se trouve aussi au commencement ou au milieu d'une
période. Le parémiaque ne se trouve pas dans les odes de Pindare
et de Bacchylide ; les cola qui semblent revêtir la forme du dimè-
tre anapestique catalectique, doivent être considérés comme des
prosodiaques dactyliques.
Le premier hymne de Mésomédès (v. § 5) se compose de
parémiaques dont tous les pieds sont des spondées ; en voici
le commencement :
Agxa Mal nâvzcov yévva |
__ __ __ _
jiQEofliaxa xôofiov uâxBp : I
__ __ __ _
Le cinquième hymne de Synésius est bâti sur la même forme du
parémiaque ; chez lui, comme chez Mésomédès, il est employé
comme vers indépendant, l'hiatus et la syllaba anceps étant admis
à sa fin.
13. Voici une liste des formes principales du parémiaque :
Trois anapestes :
1) Atoç svxofiEvov xBxéAEazai:
uu_ uu_|uu_ _ (Ésch., Suppl 19)
Deux anapestes et un spondée :
2) KVÔIGX' â%ÉG>v knéxpavEV.

-- uo-luu- °"
(Ésch., Suppl. 14)
3) Xûôvioi, d-ijxaç xaxéxovxBç :
uu- - - "^ - o
I (Ésch., Suppl 26)
4) BaalXeia ô' ëfirj, nooanCxvcû :
uu_ _u_|__ _
(Ésch., Pers. 152)
VII 13 135
Un anapeste et deux spondées :
5) HâvxBÇ fiti&oioi noooavôâv:

__
__|uu_ _
(Ésch., Pers. 154)
6) Aô%wu axsQQàv ozaiôeiav:
uu_ __|__ _
(Eurip., Iph. en Taur. 206)
7) Wtftpcp jtôXscoç yvmaÛBZaai:
| (Ésch., Suppl. 8)
__ - _ _ _ _ _
Trois spondées :
8) 'EÇ âgxâÇ f^oi ôvoôaîficov :
| (Eurip., Iph. en Taur. 203)
__ __ __ _
Un dactyle, un anapeste et un spondée :
9) Tijvô', âsxovxoev èmBîjvai:
_uu __|uu_
(Ésch., Suppl 40)
_
10) _-Ç7_Aev êXdxav nofinalav :
_ __
uu.|_. _
(Eurip., Iph. en Aul 1322)
Un dactyle et deux spondées .*

11) 'EXXâôoç kvlnnov zivQyovç:


I (Eurip., Iph. en Taur. 133) x)
_ __ _ _ _ _ _
Parmi ces formes du parémiaque, celles qui commencent par
un spondée sont les plus ordinaires ; les cola dont le deuxième
et le troisième pied sont des spondées (6, 8, 11), sont limités
aux anapestes lyriques. C'est aussi le cas du côlon 10, qui pré-
sente la combinaison évitée du dactyle et de l'anapeste. Puis, les
formes du parémiaque qui admettent le procéleusmatique, appar-
tiennent également aux anapestes lyriques :
Un procéleusmatique :
Kégaaiv èv Aiptixoiç d^et:
u u __ _ _ I _ _ _
(Eurip., Ion 883)
Deux procéleusmatiques :
Héôa diaQ&éviov è'aiov âaîaç:
uu_ uuuu|uuu_ _ (Eurip., Iph. en Taur. 130) 2)
KoôxBa jtéxaXa (pa.pe.aw EÔQEJIOV :

uuuu uu.juuuu D
(Eurip., Ion 889) 3)
*) Ne pas confondre ce côlon avec le dimètre dactylique catalectique
(_uu __| ), v. IV § 5.
2) Quelques métriciens ont cru à tort que Favant-dernière syllabe du paré-
mique, étant une rere-o-^^oç, ne pouvait pas être remplacée par deux brèves.
Il faut admettre que la résolution de cette syllabe du parémiaque est tout à
fait exceptionnelle.
3) Schroeder considère ce côlon, qui se trouve dans un groupe contenant cinq
autres parémiaques, comme ïambique; cette scansion me paraît improbable.
126 VII 14
14. Nous ferons suivre ici un résumé des particularités propres
aux systèmes anapestiques, dont nous avons déjà parlé à plusieurs
reprises.
Ils se composent presque toujours d'anapestes de marche ;
aussi on les trouve en des endroits du drame où les acteurs ou
le choeur sont en mouvement (comp. § 2). Tous les cola des dimè-
tres se terminent, à quelques exceptions près, par un mot ininter-
rompu (§ 10) ; ce mot peut subir l'élision, à l'exception, cela va
sans dire, du dernier mot d'un système entier. Le dernier côlon
est un parémiaque ; l'avant-dernier (le ataQaxéXsvxov) est sou-
vent un monomètre indépendant ; ce côlon se rencontre aussi en
d'autres endroits d'un système. Le gros des cola se compose de
dimètres acatalectiques.
L'accumulation de cola (autrement dit, la formation d'hypermè-
tres) est caractéristique pour les systèmes anapestiques, notamment
dans la comédie; Aristophane a une série de 116 syzygies (Nuées
889—948) ; le comique Mnésimachus l'a surpassé en composant un
hypermètre de 123 syzygies (Athénée IX 402 F suivv. ; fr. 4 K.).
Par suite de la synaphie entre les cola d'un système, l'hiatus
et la syllaba anceps ne sont pas admis à la fin des cola. Encore à
cet égard, les exceptions ne font pas défaut. Il y en a qui s'expli-
quent tout naturellement par un changement d'interlocuteurs ;
cette circonstance nécessite une pause, quelque brève qu'elle
soit. Exemple de l'hiatus :
A. OvyaxBP, noZ xiç (poovxlôoç E'X&rj : A. |_uu __H
uu
B. 'Si jtâxBQ) âaxoZç ïaa XQV ^EXBX&V: B,
__u |u__u__
(Soph., OEd. à Col. 170 suiv.)
Exemple de la syllaba anceps :
A. KXavuaV' vnào^Bi fîpaôvxrjxoç VJIEQ : A. _|u u o
_ uu _ _ _ u
B. Oïfioi, {havâxov xovx' èyyvxâxco: B. ___u_|__uu_
(Soph., Antig. 932 suiv.)
Les cas où l'excuse dont nous venons de parler n'existe pas,
sont rares, et les éditeurs sont enclins à corriger ces endroits.
Par exemple, au vers 794 de VAgamemnon d'Eschyle, la ponc-
tuation à la fin n'est pas jugée suffisante pour excuser l'hiatus
(BiatôfiEvov. | oaxiç) ; Hermann a supposé qu'un parémiaque
était omis après ce vers ; Wilamowitz veut lire BiaÇouévoiç.
Comme exemple d'un système bâti régulièrement,
nous trans-
crirons, d'après le texte de Mazon, une partie de la parodos des
Suppliantes éschyléennes (vers 12—23)
:
VII 14, 15 137
I Aavabç ôè naxrjQ xal Bo-ûXaqxoç
xal oxaoiagx°Ç tàôs jtsaaovofi&v
xiSiax' àxécav ènéxçavEV,
II ^EiyBiv àvéôijv ôià xvfi âXiov,
xéXaai S' "Aoyovç yaZav, oi?_r ôy
yêvoç THJLBXEQOV xfjç oiaxQoôôvov
Booç _f ènatpfjç xà% ësttnvoiaç
Aibç Bvxofievov XExéXBaxai.
III Tlv' âv oëv x<*}6.av ev"<PQova uâXXov
xijaô' âcpiHoifiE'd'a avv xoZob" ÎXBX&V
èyxEiQièioiç,
EQiooxénxoiai xXâôoiaiv;
Le système I compte 6 syzygies, réparties sur trois dimètres, dont
le dernier est catalectique ; le système II compte io syzygies,
formant cinq dimètres, dont le dernier est également catalec-
tique ; le système III compte 7 syzygies, groupées par deux dimè-
tres acatalectiques, un monomètre acatalectique, et un dimètre
catalectique.
Nous remarquons que la syllaba anceps se trouve à la fin du
premier et du troisième système (le côlon suivant commence
par <~v). Le monomètre précède comme naqaxéXBVxov le paré-
miaque final. Tous les systèmes sont des hypermètres, leur éten-
due surpassant celle de quatre syzygies (comp. II § 3).
15. Nous avons déjà vu que le parémiaque n'est répété que
dans les èfiBaxtfgia et les chants similaires, et dans les anapestes
lyriques du drame (§ 12) ; comme exemple d'un ê(iBaxi]Qiov nous
citons un fragment attribué à Tyrtée (15 B. = Carm. Pop. 18 D.) :
"AyEx', & ZnâQzaç EVWVÔQQV
XOVQOI maxégoev noXvqxâv,
Xaiâ uèv ïxvv jtQoBàXBO'd'E,
Ô6pV 6' BVXÔXflCùÇ ttAXXoVXEÇ
firj cpBiôôuEVOi x&ç Çcoàç "
ov yàg nâxQiov xâ SnâQxa.
Ce fragment se compose uniquement de parémiaques, employés
comme vers indépendants (syllaba anceps à la fin du troisième
vers). On se rendra compte de la préférence accordée au spon-
dée dans le dernier pied complet ; deux fois sur quatre, il est
précédé d'un autre spondée (vers 1 et 4). La pause après chaque
vers exigée par le côlon catalectique, permet aux marcheurs de
reprendre haleine.
i28 VII i6
16. Quant aux anapestes lyriques, nous renvoyons le lecteur
paragraphes 2, 8 et 9 pour le dimètre acatalectique, et au
aux
paragraphe 12 pour le parémiaque, où nous avons énuméré
les particularités qui les caractérisent par opposition aux anapes-
tes de marche employés également dans le drame. Ici, nous nous
bornons à souligner encore une fois le caractère irrégulier de ces
compositions ; tantôt des séries considérables de cola ne présen-
tant que des spondées se font suite presque sans interruption,
tantôt on rencontre des procéleusmatiques élevant le nombre des
syllabes brèves au maximum.
Nous citerons d'abord des anapestes lyriques présentant la
structure strophique la strophe 931—939 des Perses d'Eschyle,
:
à laquelle correspond l'antistrophe, vers 940—948.
I "08' èyoev, 0I0Z, alaxxbç
UBXEOÇ, yévvq. yâ XE naxQCpa
xaxbv &Q' êysvofjiav.
II Hoôocp'd'oyyôv 001 vôaxov xàv
xaxotpâxiSa (ioâv, xaxo/téXEXov làv
MaoïavSvvov •d'QtjVijx'ijQOç
rtéfitpca, jtoXvôaxQW iaxàv :
1 uu_ I
_
I
_ u _ u_ _ _
u u uu u u _
II 1__
_
u u uu u u _ j u u u- u u _
uu_ ——I _—
uu_Iuu_ _A
La première période embrasse trois cola ; elle commence par
un parémiaque dont le deuxième et le troisième pied sont des
spondées (§ 12) ; le deuxième côlon est un dimètre acatalectique
de forme régulière ; le troisième côlon est un monomètre acata-
lectique dont le premier pied est un procéleusmatique (§ 5).
La seconde période embrasse quatre cola; elle commence, elle
aussi, par un parémiaque ; ici, ce côlon se compose entièrement de
spondées. Le deuxième côlon est un dimètre acatalectique qui pré-
sente deux procéleusmatiques (§ 9) ; le côlon qui suit, un dimètre
acatalectique lui aussi, est à l'opposé du côlon précédent quant à la
fréquence des syllabes brèves ; il compte trois spondées consécutifs
(§ 8) ; le quatrième côlon est un parémiaque de forme ordinaire.
On remarquera les formes dites doriennes yévva, yâ etc.
VII 17 129
17. La structure de la strophe éschyléenne est encore très
régulière, quand on la compare au morceau de Ylphigênie en Tau-
ride (vers 123—136) qui sera analysé dans ce paragraphe. Il se
trouve au commencement d'une vaste agglomération d'anapestes
lyriques, dont la structure amorphe caractérise l'art de l'Euripide.
Ev<pauBZx', S> itôvxov
__ __ __
oiaaàç avyxcoQo-ôaaç or-Tgaç
__
__|__ __
EV\ELVPV vaiovxBç.
__ __ __
'£i naZ xâç Aaxovç, |
__ -_ -
5 Aixxvvv' ovgsla, |
__ __ _
ngbç aàv avXâv, EVOXVXCOV |
__ __ __ _
vaâv froiyxoijç,
XQVOTJQsiç |
__ __ __ _
môoa naQ'd'éviov oaiov ôaiaç
u u _ u u u_ | u w uu _
xXyôovxov oovXa atéfutco, |
__ __ __ _
10 'EXXâôoç BvUrtJtov trfùpyovç |
_ __ _ _ _ _ _
xal x°Qra,v z' BVÔÉVÔQCÙV __ __|__ __
XELXI}
êÇaXXàÇao* Evooenav, |
__ __ __ _
vtaxgcpcov OLXCOV é'.gaç : |
__ __ __ _
Le poète a renoncé complètement à la composition strophique;
il nous est même impossible de grouper les cola par périodes ;
tout au plus, on pourrait supposer que le côlon 3 est le dernier
d'une période à cause de la syllaba anceps à sa fin ; cependant,
des cola d'étendue peu considérable peuvent être considérés,
dans ce genre de composition libre, comme des vers indépendants,
qui admettent la syllaba anceps et l'hiatus. On cherche en vain
une symétrie quelconque dans la répartition des syllabes longues
et brèves et des cola de différente structure. Après une série de
sept cola ne contenant que des spondées, on rencontre un paré-
miaque où l'anapeste initial est suivi de deux procéleusmatiques ;
l'insertion du second procéleusmatique comporte la résolution
de la pénultième du procéleusmatique (v. § 13 et la note 2 à ce
paragraphe). Le parémiaque lui-même a perdu son caractère de
clausula ; il est disséminé ou répété suivant la fantaisie du poète ;
il se compose partout de spondées, à l'exception du côlon 8 déjà
mentionné et du côlon 10 ; ici, le premier pied est un dactyle.
Puis, on rencontre des cola rares, des tripodies et des monomè-
tres hypercatalectiques, ne présentant jamais que des spon-
dées. Enfin, les dimètres acatalectiques ne forment qu'une mino-
rité infime ; il y en a deux, spondaïques eux aussi ; la division
médiane en est absente.
Traité de métrique grecque 9
i3o VII 17, 18
Voici l'analyse du passage entier : le côlon 1 est une tripodie,
le côlon 2 un dimètre acatalectique, le côlon 3 une tripodie, les
cola 4 et 5 sont des monomètres hypercatalectiques, les cola 6—10
des parémiaques, le côlon 11 est un dimètre acatalectique, les
cola 12 et 13 sont des parémiaques. Dans ce morceau anapesti-
que, il n'y a, chose remarquable, parmi 39 pieds complets qu'un
seul anapeste.
L'analyse des cola qui se trouvent dans les Uaxpocpa n'est pas
toujours certaine ; ^ScEroeder considère la dernière syzygie du
côlon 8 comme ïambique (u_u ._), et les cola 3 et 4 comme
des dochmiaques. Je préfère suivre rigoureusement la scansion
anapestique.
Pour conclure, nous mentionnons l'emploi des dimètres ana-
pestiques dans les formules de forme fixe prononcées par les
hérauts dans les jeux athlétiques ; elles admettent le procéleus-
matique :
BaXBîôa atoôbç fréxs nôôa naçà nôôa :
__
wu_|uuuu uuuu (Carm. Pop. 15 B. = 21 D.)
18. Dimètre anapestique hypercatalectique
(uu_ u u _ u u _ w u _ w)
C'est un côlon extrêmement rare ; on en trouve un exemple
présentant la forme inaltérée, au milieu de cola hétérogènes,
dans VOreste d'Euripide, vers 1363 :
AaxQ'ùoiai yào cEXXâô' ânaaav enXrjCEV
Pentapodie anapestique (u u
_ uu_ uu_ uu_ _ u _)
La pentapodie est presque aussi rare que le côlon précédent ;
en voici l'exemple le plus connu :
_?è fièv o'bv xaxaXevaofiBV, a> fiiagà XBtpaX-fj
(Aristoph., Acharn. 285)
Dans la pentapodie suivante, le dernier anapeste est remplacé
par un spondée ;
Kaxà nijôaXlcov olovjiai nçanlôcov yvéôuai. :
uu_ uu_ uu_ uu_ __ (Eurip., Androm. 480).
Dans l'antistrophe, le dernier pied est un anapeste, lui aussi
(A_#_ï : u u D).
Un autre exemple se lit dans les Oiseaux d'Aristophane,
vers 456
(le mot âÇwéxov y compris).
Trimètre anapestique (uu_ u__|.u_ u__|u__ uu_)
VII i8, 19 131
Les trimètres qui se trouvent de loin en loin dans les manu-
scrits des poètes scéniques, sont divisés d'habitude, dans les
éditions courantes, en dimètres et monomètres. Des trimètres
indubitables ont été insérés par Pratinas dans son Hyporchème :
Tiç HpQiç BfioXsv ënl AiovvaiâSa atoXvnâxaya frvfiéXav :
U U UU U U UU
|_U_ UUUujuUUU UU_ (ft* I B. Ct D., 2,)
On remarquera la fréquence des procéleusmatiques, que nous
avons déjà constatée à propos du premier côlon de ce curieux
fragment (§ 9).
Les « anapestes repliés sur eux-mêmes » de Phérécrate étaient
groupés également par trimètres ; v. § 7.
Le trimètre anapestique catalectique
a été
employé xaxà axlxov par le poète alexandrin Sim(m)ias; par
exemple :
'laxia âyvd, an êvt-stvcov fiéaa Tot^cov:
_ uu
| uu_ juu_ _
(fr. 5 D. ; comp. Héphestion, p. 26 Consbr.).
19. Tétramètre anapestique catalectique
Iu w
_ uu_ uu_
_u_![_u_ u u _ u u _ u)
]

Le dimètre acatalectique et le dimètre catalectique sont combi-


nés en un vers, comme nous l'avons dit en traitant des trochées ;
le tétramètre anapestique est employé xaxà axlxov, lui aussi,
mais son usage est restreint à la comédie. Nous le rencontrons
d'abord dans la comédie dorienne de la Sicile ; Héphestion nous
apprend que son représentant le plus célèbre (Épicharme) a com-
posé deux pièces entières dans ce mètre (chap. VIII, p. 25 Consbr.).
Plus tard, les poètes de la comédie attique l'ont employé souvent,
surtout dans le débat et dans la parabase ; aussi il est indiqué par
le nom de aristophanium metrum.
La variété du tétramètre catalectique dont le dernier pied com-
plet est un spondée, s'appelle laconicum metrum, parce qu'il était
employé dans les êfiBaxrJQia des Spartiates ; nous avons déjà
vu que les dimètres catalectiques se distinguaient, eux aussi, par
cette particularité dans le même genre de chants (v. § 15). Comme
exemple du laconicum, on cite :
'Aysx' 3> Snâozaç MvonXot XOVQOL, noxl xàv 'AQBCÙÇ xlvaaiv :
uu_ uu_ I
w u_ uu_ j__ O"

(Tyrt. fr. 16 B. = Carm. Pop. 19 D.)


132 VII 19
Cependant, des tétramètres de cette composition se rencontrent
sporadiquement aussi chez les comiques les plus anciens ;
Héphestion cite ce vers d'Aristoxène de Selinus, précurseur
d'Épicharme :
TCç âXaÇovlav nksiaxav napixBi xoev âv-d'pconcov; xol udvxEiç:
UU_ | UU || j
U U _ _ _
(cité par Héph., p. 25, 17 ; p. 87 Kaib., C. G. F.)
En général, le tétramètre admet les mêmes pieds secondaires
que le dimètre des systèmes de forme régulière ; le procéleus-
matique en est exclu. Pourtant, les manuscrits d'Aristophane
le présentent deux fois (Guêpes 1015, Oiseaux 688) ; dans les deux
cas, il est formé par le mot npoaéxEXB, que beaucoup d'éditeurs
changent en noôo(o)xBXB v).
Les tétramètres ne comptant que des anapestes sont évités ;
Aristophane a un vers de cette composition dans les Oiseaux
(vers 707) :
cO fiÈv b'pxvya Sovç, ô ôè noQQJVQLcov', ô ÔÈ XVV*> °* Se nEQ-
aixbv O'QVIV.
La combinaison d'un dactyle et d'un anapeste (_u_ uu_)
n'est tolérée que quand les pieds sont séparés par la diérèse :
Avxbv ôrjaaç, & [iiaoâxaxB, xl noisZç; ov firj xaxa/3ir}oBi:
__|_uu __u||uu_ __|uu_ (Aristoph., Guêp. 397)
__ _
Les vers ne comptant qu'un seul anapeste ne sont pas rares;
par exemple :
Elç âXXijXaç ëunlnxovaai ^r/yvvvxai xal naxayovoiv:
__|__ __||__ __|uu_ o (Aristoph., Nuées 378)
__
Chez Aristophane, le septième pied est toujours un anapeste ;
autrement dit, il n'admet pas le laconicum metrum et il n'a pas de
dactyle au septième pied. Le dactyle est également exclu du sixième
pied ; au quatrième pied, il ne se trouve que rarement. Le vers
397 des Guêpes cité supra en présente un exemple.
En général, le dactyle est moins fréquent dans les pieds de
nombre pair que dans ceux de nombre impair, comme nous l'avons
déjà constaté à propos du dimètre (§ 9). Comparé au nombre total
des anapestes et des spondées, celui des dactyles est insignifiant;
le spondée est le pied le plus fréquent.

x)La leçon des manuscrits n'est changée ni par Coulon ni par Schroeder
(dans son édition des Oiseaux).
VII 19, 30, 2i 133
Le lecteur désireux de se faire une idée plus complète de la
composition du tétramètre pourra consulter le tableau donné à
la fin de ce chapitre.
20, La diérèse médiane est de règle dans le tétramètre ana-
pestique, tout comme dans le tétramètre trochaïque. Dans les
quelques vers où elle fait défaut, elle est presque toujours rem-
placée par une césure après la première syllabe du cinquième
pied :
Kâv fi7) XOVXOLÇ âvanevd'cafiEO'd'a, xà naiSdpi Bv&i>ç âvéXxEi;
__
__|uu_ __|u||u_ uu_|uu_ _
(Aristoph,, Guêp, 568)
La substitution d'une césure après la première syllabe du quatrième
pied à la diérèse est extrêmement rare :
"OOXLÇ napEHivS'ùvEvaEv Aûr/valoiç eforeîV xà ôlxaia
:
__
uu_|__ u||u_|__ __|uu_ _
(Aristoph., Ach. 645)
La division entre les autres syzygies (comp. § 5 et § 8) est
négligée plus souvent que la diérèse médiane.
Quant à la répartition des mots par rapport aux pieds métriques,
nous nous bornons à remarquer que le nombre des anapestes
formés par plusieurs mots ou parties de mots égale, ou peu s'en
faut, celui des anapestes formés par un seul mot ; les spondées
appartiennent en majorité à la dernière catégorie, les dactyles
à la première. Le cas où un des trois pieds se trouve au milieu
d'un mot ne se présente pas souvent ; il va sans dire que le spon-
dée, pied dissyllabique, se rencontre le plus souvent dans cette
position.
Quand on compare l'rj&oç des tétramètres anapestiques et celui
des tétramètres trochaïques, une différence assez nette se révèle
clairement. Le sentiment exprimé par le vers anapestique est
moins pétulant que celui qui se fait jour dans les tétramètres
trochaïques de la comédie; dans les tétramètres anapestiques,
le poète discute souvent des problèmes importants sur le ton le
plus sérieux auquel le genre de poésie qu'il cultive puisse se prêter.
21, Dans le tableau suivant, on trouve l'analyse de 50 tétra-
mètres anapestiques d'Aristophane (Ach. 626—650 et Plut. 487—
511). J'ai indiqué, premièrement, le nombre absolu des trois pieds
(A), ensuite le nombre des vers présentant les différentes com-
binaisons de ces pieds (B), puis le nombre des vers présentant
chacun des trois pieds aux différents endroits du vers (C), enfin
la fréquence de la diérèse et des césures (D).
134 VII 3i
VII 2i 135
i36 VIII i, 2

VIII. Mètres mélangés


A. Dactyles et anapestes logaédiques.
1. Nous avons défini dans le paragraphe 13 du chapitre IL
le groupe de mètres que nous désignons comme logaédiques ;
nous avons vu que des mètres appartenant au yévoç taov et au
yévoç SmXdaiov s'y trouvent réunis dans un seul côlon ou vers
considéré comme une unité indivisible. C'est par cette particu-
larité qu'ils se distinguent des asynartètes, dont nous traiterons
plus tard ; ici, la diérèse entre les cola hétérogènes dont ils se
composent, les caractérise comme des vers composés. Quant aux
dactylo-épitrites, dont la formation repose sur la combinaison
des mêmes genres de mètres, les éléments constitutifs en sont
considérés également comme des cola individuels, bien que la
diérèse n'y soit pas de règle et que l'étendue des cola ne dépasse
pas toujours celle d'une syzygie.
Les dactyles logaédiques ressemblent aux dactyles éoliens (IV
§ 10) ; mais ils s'en distinguent clairement par l'absence de la
base dissyllabique.
Les dactyles et les anapestes appartenant aux logaèdes ne sont
remplacés par des spondées qu'exceptionnellement.
Du temps de Westphal et de Christ, les mètres éolo-choriam-
biques étaient classés eux aussi parmi les logaèdes, la première
syllabe longue et les deux syllabes brèves du choriambe étant
considérées comme un dactyle, dit cyclique (comp. JV § 21). Bien
que la scansion choriambique soit acceptée généralement par les
métriciens allemands et aussi par plusieurs théoriciens apparte-
nant à d'autres nations, la scansion dactylique trouve toujours
des défenseurs, par exemple Kikauka et Kolâf (v. I § 8).
2. En étudiant les cola séparés des logaèdes, nous nous heur-
tons à la même difficulté dont nous avons déjà parlé en traitant
du prosodiaque et du parémiaque (JV § 4 ; VII § 11) : les vers
commençant par une syllabe longue suivie d'une autre syllabe
longue peuvent être considérés comme des vers anapestiques ou
comme des vers dactyliques avec anacrouse. Cette difficulté
n'existe plus quand le vers commence par deux syllabes brèves
(vers anapestique) ou par une syllabe brève (vers dactylique avec
anacrouse). Nous rappelons l'attention du lecteur sur les vues
différentes de Fraenkel mentionnées dans le paragraphe réservé
au dactyle cyclique (IV § 21). Bien que nous ne les partagions
VIII 2, 3 137
point, il faut lui accorder que dans l'ancienne poésie lyrique des
choeurs, la différence entre les dactyles et les anapestes n'est pas
toujours facile à saisir; par exemple, dans le fragment 2B, =
7 D. d'Ibycus, nous distinguons : 1) des anapestes ; 2) des ana-
pestes; 3) des dactyles ou des anapestes; 4) des dactyles; 5) des
dactyles ou des anapestes ; 6) des dactyles ; 7) des anapestes.
D'ailleurs, les mètres de rythme opposé appartenant au yévoç
SmXdaiov sont parfois, eux aussi, entrelacés au point que la struc-
ture véritable du côlon ou du vers devient incertaine; v. VI § 1,
Enfin, nous remarquons que le nombre des pieds des logaèdes
est souvent un nombre impair ; aussi nous les désignons d'après
le nombre des pieds et non d'après celui des syzygies. Cette parti-
cularité caractérise également les anapestes et les dactyles purs
avoisinant les logaèdes.
3. Dactyles logaédiques comprenant une syzygie
trochaïque acatalectique.
a) Tripodie (_ u u o).
_ _ _
Les cola présentant cette série de syllabes appartiennent presque
toujours aux mètres éolo-choriambiques (dimètre choriambique
catalectique, v. X § 8). Pourtant, il se présente des cas où elle doit
être considérée comme dactylique à cause de la structure dactylique
des cola qui l'entourent :
Kal xQiyduovç XC&TJOIV (Stésich., fr. 2,6 B. = 17 D., 4)
b) Tétrapodie (_u_ _uu _u _c)
Ce côlon est bien connu, comme quatrième vers de la strophe
alcaïque, sous le nom de decasyllabum alcaïcum (v. X § 30, 2).
Cependant, on le trouve déjà comme côlon final de la strophe du
Parthénée d'Alcman, fr. 23 B. = 1 D. ; par exemple :
T&v vnonBXQiSioev dretgt-r, vers 49 (84).
Dans quelques strophes de ce poème, Yalcmanicum (dimètre dac-
tylique catalectique in syllabam, comp. JV § 5) se substitue à la
tétrapodie logaédique ; ainsi le caractère dactylique de notre
côlon est mis hors de doute. D'autre côté, on s'explique mal la
présence d'un côlon dactylique dans la strophe éolienne d'Alcée.
c) Pentapodie (_ u ^_uu_uu _u
_-)
Elle est désignée également par un nom spécial ; elle s'appelle
praxilleum, d'après le nom de la poétesse Praxilla de Sicyon;
exemple :
*&2 Sià xcàv â'VQlôoev xaXbv ëuflXénoioa
(Praxilla fr. 5 B. = 3 D., 1)
138 VIII 3* 4
d) Hexapodie (_uu u u _-_ u _ __ _ o)
_ _
Les exemples de l'hexapodie sont peu fréquents ; en voici un :
Xoéatov opuov ëvcov ôaôivâv ziExàXoiai xaXx&v
(Alcm., fr. 39 B. = 105 D.)
è) Heptapodie (_ u u
_ u u- _ u u _ u u _ - . _ _ _
o)
C'est un côlon extrêmement rare ; exemple :
Kal nsôlcov ôanéôoiç opov âucpl ukv âsXlov xvecpatav
(Eur., Aie, 591)
4. Dactyles logaédiques comprenant une syzygie
trochaïque catalectique.
a) Tétrapodie (_-_ ^ u u _A)
_ _
Ce côlon se rencontre assez souvent ; Ibycus l'a répété plusieurs
fois de suite au commencement d'une strophe (fr. 1 B. = 6 D.) :
'HQI fibv aï te xvôcbviai
uaXiÔEÇ âoôofiEvai QÔai x' xxX.
Aussi le côlon est désigné par Schroeder comme ïbyeeum. Par excep-
tion, une syllabe longue est substituée à la syllabe brève du trochée:
KgifivafiEvâv vscpsXâv ÔQ'd'oZ: __u
(Ésch., Sept. 229)
Dans la strophe correspondante, la pénultième est brève (Saîoj).
Aristophane s'est permis une autre licence ; alors qu'en géné-
ral, la syllabe longue du trochée des logaèdes n'est pas résolue,
on trouve dans les Thesmophories une tétrapodie présentant le
tribraque, suivi du même côlon de forme normale :
HaXXdôa xrjv spiXôxooov èfiol
_uu __u _^_ _
SBVQO xaXeîv véfioç BÎÇ X°QOV :
_^_ _ u u _ u o
(vers 1136 suiv.)
b) Pentapodie (_uu _uu u _u _A)
Elle est plus rare que la tétrapodie_ ;_ exemple :
"Ynv' ôôùvaç àôaf)ç, "YnvE ô' âXyéoev (Soph., Philoct. 827)
c) Hexapodie (_
w ^ ___ _ _ u _ u _ __ _A)
C'est un côlon de toute rareté ; exemple :
"Oç fiExà Maivâoi Bâuxioç è'fifiaoi ôalsxai
(Aristoph., Lysistr. 1284)
d) Heptapodie (_
u _ _ u. _uu _ _ u _ w u _u _A)
Elle est aussi rare que l'hexapodie ; exemple :
Alel fi', â> q>(Xs 'iïvfiÉ, zavvnxsQOç oeç oxa nopmvpiç
(Ibyc, fr. 4 B. = 10 D.)
VIII 4, 5 139
On voit que le spondée est substitué une fois à un dactyle ; en
général, cette substitution se rencontre presque uniquement dans
les cola de dimension considérable ; ce fait s'explique par la diffi-
culté où se trouve le poète, quand il s'agit de composer une suite
de dactyles ininterrompue.
Les cola et les vers dactyliques qui se terminent par un seul
trochée, n'appartiennent pas aux logaèdes, le trochée équivalant
à un spondée, c.-à-d. à un dactyle contracté, ou à un dactyle cata-
lectique.
Plusieurs cola appartenant aux dactyles logaédiques présentent
l'anacrouse :
Tétrapodie acatalectique avec anacrouse
(_ J
UU UU U
û)
_ _ _ —
Svv^rjv S' ânéStXoç ô'xcp nxsQcoxcp (Ésch., Prom. 135)
Ibyceum avec anacrouse
(_ | u _' u u _u
_ _ _
A)

Taxvç S', ô'xav sic ânooov néarjç (Aristoph., Nuées 703)


Praxilleum avec (_[_-_ _ u _ u _ __ __)
anacrouse _
"Avavgov vneQ noXvfïôxQVOç ê£ 'ICÙXHOV
(Simon., fr. 53 B. = 32 D., 3)
Hexapodie catalectique avec anacrouse
(_|_UU _Ul^ u u _ u - _ u _A)—
~£i xal Xmaoal xal loaxécpavoi xal âoiôifioi
(Pindare, fr. 76 = Dith. 5 P.)
5. Les anapestes logaédiques se terminent par
une syzygie ïarnbique catalectique ou par un seul ïambe ; le plus
grand nombre appartient à la dernière catégorie.
a) Tripodie (u u
_ uu_ u _)
Simonide l'a combinée avec une syzygie anapestique :
°0 ô' awvxxoç âfiéôç ëntXQÉfiaxai &âvaxoç :
u_Juu_ U.D (fr. 39B. =9 D., 4 et 3)
uu_ uu_
Presque partout, la même série de syllabes doit être considérée
comme un glyconéen à base pyrrhique, comp. X § 13 ; si elle
commence par une syllabe longue au lieu de deux brèves, nous
avons affaire au glyconéen acéphale, ibid. § 19.
b) Tétrapodie (uu_ uu_ uu_ u_)
Elle est plus fréquente que le côlon précédent ; l'exemple sui-
vant est emprunté également à Simonide :
AQExàv XâBsv, ov nôXiç, ov Bpoxôç (fr. 61 B. = 10 D., 2)
i4o VIII 5

Plus tard, Mésomédès l'a employée xaxà axlxov dans son Hymne
à Nemesis. dont voici le commencement :
NéfiEOi, nxBQÔeaaa Biov gond,
xvav&ni &eà, &vyaxBQ Alxaç (n, i—2 Horna)
c) Pentapodie (-u
u- uu_ uu_ u_)
w _ sporadiquement
La pentapodie ne se rencontre que ; par exemple :
"O S' èç âXaoç t'Ba Sdcpvaiai xaxâaxiov
(Stésich., fr. 8 B. = 6 D., 5)
Ici, le troisième anapeste est remplacé par un spondée.
<fete) Hexapodie et heptapodie. Elles sont réunies
dans un fragment de Simonide (32 B. = 6 D., 1 suiv.) :
'Avd'Qwnoç èoev fit) noxe cpdarjç, S xi yivBxai aiioiov,
ai] S' àvSga lôà>v oXBiov, oaaov XQÔVOV è'ooBxai :
u u _ _ uu uu_ uu_ uû
u u _ _ uu uu_ u_
Dans l'heptapodie aussi bien que dans l'hexapodie, le premier et
le quatrième anapeste sont remplacés par des spondées et le troi-
sième anapeste par un dactyle x).
Après les cola se terminant par un ïambe, nous mentionnerons
les anapestes logaédiques combinés avec une syzy-
gie ïambique catalectique.
a) Tétrapodie (___ uu_ u_ _A)
BlpiAfioiô XE nalôaç àlXXovç (Ibyc, fr. 3, 13 D.)
Dans quelques strophes de ce poème, un spondée est substitué
à l'anapeste initial ; par exemple :
Zifvbç foeyàXoio fiovXaZç : uu_ u_ _A (vers 4)
__
Cette série de syllabes doit être considérée comme un côlon
éolo-choriambique (le paraglyconeus, v. X § 22), si le caractère
anapestique n'en est pas démontré par la composition des vers
correspondants, comme c'est bien le cas dans le poème d'Ibycus.
b) Pentapodie (^u_
^^_ uu_ u_ _A)
'Ooyàç BÔLÔàÇaxo xal SvaavXoev (Soph., Antig. 356)
Dans cet exemple, le premier pied est un spondée.

x) La présence du dactyle dans un côlon anapestique en dehors du drame


n'est pas conforme à la doctrine d'Héphestion (p. 24 Consbr.); mais il se
trouve aussi dans l'hyporchème de Pratinas, v. VII § 9. Le troisième vers
du fragment de Simonide est une pentapodie anapestique logaédique (lire,
avec le manuscrit M, ftvag au lieu de /tviag, si l'abréviation de la syllabe
fivi- à l'intérieur du mot semble trop problématique).
VIII 5, 6 I4I
c) Hexapodie (u u
_ uu_ uu_ uu_ u_ _A)
L'hexapodie est connue sous le nom d'archebuleum, nom dû au
poète Archebulus de Thèbes, qui a été probablement le premier
à l'employer «atà axlxov ; comme côlon isolé, elle se rencontre
déjà dans les fragments de Stésichore (fr. 51 B. = 23 D.)1);
Héphestion en fait'remonter l'emploi àAlcman (p. 28, 24 Consbr.).
Depuis quelques années, nous possédons une grande partie d'un
poème de Callimaque bâti sur ce mètre, dont Héphestion avait
cité quelques vers isolés (c. VIII, p. 28 Consbr.) ; les restes en
ont été publiés dans les Berlin. Sitzungsber. de 1912 (p. 180 suiv.
dans l'édition de Cahen). Comme exemple de la forme normale,
Héphestion en cite le premier vers :
Ayéxco d'EÔç, ov yàg ëyà> ôlxa xâ>ô' àslÔEiv.
Dans plusieurs vers, le premier pied est un spondée ; le vers
7 commence par un ïambe, licence frappante, bien qu'excusée
par l'introduction d'un nom propre (<&iXoexéoa).
Comme exemple emprunté à la poésie lyrique dès choeurs,
nous ajoutons au vers de Stésichore déjà nommé, ce fragment
d'Ibycus (21 B. = 1 D.) :
Aaçbv S' aqa ol XS0V0V VaT0 ^àqoet nsnayâç.
Abstraction faite du premier pied, les anapestes de Yarchebu-
leum n'étaient pas remplacés par des spondées, notamment dans
les vers employés xaxà axlxov ; dans les archebulea employés
comme vers ou cola isolés, Alcman admettait le spondée dans
d'autres pieds aussi ; voyez Héphestion, p. 28 Consbr.
Un seul anapeste suivi d'un ïambe doit être considéré comme
remplaçant un autre ïambe.

B. Dactylo-épitrites.
6. Quant à la définition des dactylo-épitrites, nous renvoyons
le lecteur au paragraphe 1 de ce chapitre et au chapitre II, § 13.
Les dactylo-épitrites eux-mêmes se divisent en majeure partie
en trois groupes : a) ceux appartenant à la poésie de Pindare,
b) ceux employés par Bacchylide, c) ceux qui se trouvent dans
les strophes lyriques de la poésie dramatique, La différence
entre ces trois groupes est mince et nullement de caractère
fondamental ; Bacchylide admet plus souvent que Pindare la

x) Il faut retrancher le mot xi-aCeiv du premier vers de ce fragment.


143 VIII 6
division entre les éléments constitutifs des cola ; les auteurs
dramatiques emploient souvent l'ithyphallique, côlon fort rare
dans les dactylo-épitrites de la poésie lyrique des choeurs ;
v. VI § 9.
Le nom de dactylo-épitrites ne remonte pas à l'antiquité ; il
a été mis en vogue par Rossbach et Westphal ; quelques métri-
ciens allemands de ce siècle et des dernières années du siècle
précédent ont choisi d'autres noms à cause de leur conception
toute différente de la composition de ces mètres ; Blass et Kôrte
les ont désignés par le nom de « strophes enhopliennes », Schroe-
der par celui de chalcidica.
Nous rappelons l'attention du lecteur sur la préférence accor-
dée aux ïambes et aux spondées avec la longue irrationnelle ;
aussi les syzygies ïambiques et trochaïques se présentent
régulièrement sous la forme de l'épitrite troisième et second
(_ ; _). Les syllabes longues ne sont résolues que
_ u_ _u _
rarement1).
Les éléments dactyliques sont le plus souvent les différentes
formes du prosodiaque (comp. IV § 4) ; le monomètre catalec-
tique in syllabam est assez rare (comp. IV § 3). La substitution
du spondée au dactyle ne se rencontre qu'exceptionnellement.
Les éléments anapestiques sont rares ; quand un côlon commence
par la suite de syllabes ^ u _, ce pied doit être considéré parfois
comme un ionique avec syncope ou protraction ; v. VII § 4 ;
aux exemples cités dans ce paragraphe, on peut ajouter Bacchylide
I, vers 1 et 2 de la strophe (par exemple 162—163).
Par contre, on trouvera des anapestes véritables en analysant
les strophes correspondantes, vers 544—552 et 553—560, du Pro-
méthée d'Eschyle ; ainsi le vers 553 est une tripodie anapestique :
EuaV'ov xâÔE aàç nçooiaova' :
___ uu_ u _ _
Le vers 556 est une tétrapodie anapestique logaédique (comp.
§ 5, deuxième groupe, a) :
T66' ëxeZvô ft' o x' âfiqjl Xovxod : uu_
uu_ __ o A
Il va sans dire que l'anapeste se rencontre aussi comme forme
secondaire de l'ïambe ; par exemple :

*) Chez Pindare, ce phénomène se présente le plus souvent dans l'épode


de la Première Pythique ; deux cola (appartenant aux vers 7 et 8) ont toujours
la forme u_ u ; un côlon (appartenant au vers 5) l'a une fois (dans le
__
nom propre KiXL-xiov, vers 17 (32)).
VIII 6 i43
'OXôaç xvxaç, JTço/t^^eO :
Quant aux
^ _ u_ __
éléments individuels des cola
]
_A (ïbid. 554)x)
et des vers dactylo-
épitritiques, nous en avons déjà parlé en traitant des différents
pieds dont ils se composent ; qu'il suffise de remarquer ici que le
nombre des cola hypercatalectiques saute aux yeux.
Comme exemple d'une strophe pindarique de structure simple,
nous citons, en y ajoutant l'analyse complète, la strophe de YOde
Isthmique I;
I I MÛXEQ êfiâ, xb XEÔV, ^gt/craffow Or)Ba,
II Uo&yfia xal âaxoXlaç vnéoxEçov
III Gojao/iai,. fit) fioi XQavaà VBfieaâoai
TV AâXoç, êv à xéxvfiai,.
5 V Tl tptXxegov XESV&V xoxéoev âya&oZç ;
VI Eïf-ov, cbnoXXoeviâç • âfupoxEoâv
xoi ^agirc-v aiiv V^EOIÇ ÇBVÇCÙ XBXOÇ :

I 1
___ _uu _ __
I u_|_
II _uu _ uu
_|u_ u G
Xi.1. I
— u _ uu _uu
IV
— u u _uu _
5 V ^ _ w _ ] _ 1 _ u u -. u u _
VI _u l|_uu _ u u _
_uu _I_u
I
_ u O" A
La strophe se compose de cinq vers ne dépassant pas l'ampleur
d'un côlon ; elle se termine par une période se composant de deux
cola. Dans les strophes et dans les antistrophes du poème (au nom-
bre de quatre), les vers sont caractérisés comme tels par l'hiatus et
la syllaba anceps, excepté le premier côlon. Cependant, celui-ci
paraît être un vers lui aussi ; toute trace de synaphie en est absente,
et à quatre reprises il y a une pause du sens à sa fin, dans la strophe
citée après un vocatif, ailleurs (vers 18, 35, 42) au commencement
d'une nouvelle partie de la phrase. Par contre, l'avant-dernier
côlon (6) prend le caractère de partie d'une période par l'élision
(dans une strophe) ou par la division d'un mot à sa fin (dans cinq
strophes ou antistrophes).
La division entre les éléments constitutifs des cola 1 et 2 est
*) La combinaison d'une syzygie anapestique et d'une syzygie ïatnbique
(u u u u |
u u _) est appelée metrum cyrenaîcum chez un métricien
_ _ _
anonyme (Ox. Pap. II 220; p. 406, 20 dans i'Hépfaestion de Consbruch).
Le cyrenaîcum se rencontre parfois chez Pindare et chez Euripide, par
exemple: Harglcov âzzà Scofidrcov rMag (Eur., El. 588).
144 VIII 6, 7
marquée nettement par suite de la fréquence des fins de mot à
cet endroit (douze fois sur seize).
Les éléments dactyliques (A) sont : i) le prosodiaque acéphale
et catalectique (ou penthemimeres), 2) le prosodiaque acéphale et
acatalectique, 3) le monomètre catalectique in syllabam.
Les éléments ïambiques et trochaïques (B) sont : 1) le monomè-
tre ïambique hypercatalectique, 2) le monomètre ïambique aca-
talectique, 3) le monomètre trochaïque acatalectique, 4) le dimè-
tre trochaïque catalectique.
Le côlon 1 se compose de Ai + Bi (é 1 é g i a m b e, v. § 14),
le côlon 2 de Ai + B2, le côlon 3 de B3 + A2, le côlon 4 de Ai,
le côlon 5 de Bi + Ai (ï a m b é 1 é g i a q u e, v. § 14), le côlon
6 de B3 + Ai, le côlon 7 de A3 + B4,
Les syzygies du yévoç ôinXdaiov ne présentent pas toujours la
forme épitritique ; aux endroits où elle est absente dans notre
strophe (2 et 5), elle se trouve en d'autres strophes (antistrophes).
7. L'ampleur de la strophe de la Première Pyihique est bien
plus grande ; sa structure est plus compliquée.
1 I Xçvoéa qjôofiiy^, An6XX<o-
voç xal lonXoxàficov
II 2-ôvôi.xov Moiaâv xxêavov • xâç ânovei
fièv fiàaiç âyXaïaç âQx^->
5 III Usi&ovxai ô' àoiôol aâfiaaiv
JV Aynaixàpcpv ônôxav noooiuloev
âfiBoXàç xe'ûxïlÇ êXeXiÇouéva.
V Kal xbv alxfirjxàv XBQavvbv ofiBvvÛBiç
VI Asvâov nvpoç. BUSBL Ô' âvà axd~
10 nxcp Aibç alexôç, oexeï-
av nxéovy' âfupoxépoy&Ev x&Xdt-aiç :
I I |
- __ _ U _ _
U


UU __ v-i U _
11
_u
j_ u I u
- _ __

— UU __
UU J

_
5 111
-• _ .
j
_ U -__[__ U C'A
IV UU UU I
v_/_
— — _ „ v_»
_
U |_UU U
— v_/
_
v -^ — !-u __

i-w -A
IO ~ V \J __
uu
[
_ KJ U WU _ _u
VIII 7 145
On peut distinguer quatre périodes et deux vers ; à une période
près, tous sont limités par la syllaba anceps (aâ/iaaïv à la fin du
troisième vers dans la strophe citée ; âuBpov à la fin du cinquième
vers, vers 72) ou par l'hiatus (âyvôxaxai H EX à la fin de la première
période, vers 21 ; xanvov H aVâav' à la fin de la seconde période,
vers 22), La quatrième période se termine plusieurs fois par un
signe de ponctuation.
Les éléments dactyliques (A) sont : 1) le prosodiaque acéphale
et catalectique, 2) le prosodiaque acéphale et acatalectique, 3) le
monomètre dactylique catalectique in syllabam, 4) le prosodiaque
acéphale et hypercatalectique, 5) le prosodiaque catalectique.
Les éléments ïambiques et trochaïques (B) sont : 2) le mono-
mètre ïambique acatalectique, 3) le monomètre trochaïque aca-
talectique, 5) le dimètre trochaïque acatalectique, 6) le trimètre
trochaïque catalectique, 7) le monomètre trochaïque catalectique x).
La période I comprend deux cola ; le premier côlon est formé
par B5, le second côlon par Ai.
La période II comprend deux cola, elle aussi ; le premier côlon
se compose de B3 + A3 + B3, le second côlon est formé par A4.
Le vers III est formé par B6 ; la première syzygie a subi
deux fois la syncope, et il n'en reste que deux syllabes longues ;
probablement, elles étaient prolongées, ayant la durée de trois
morae (_J _J).
La période IV comprend deux cola ; le premier côlon se com-
pose de A5 + B2 (noooifilwv), le second côlon de B3 + Ai.
Ailleurs, la première syllabe de la syzygie ïambique est longue.
Le vers V est formé par B6.
La période VI comprend trois cola ; le premier côlon se com-
pose de Ai + B3, le second côlon est formé par A2, le troisième
côlon est identique au premier côlon de la période.
Les éléments ïambiques et trochaïques présentent la forme
épitritique, à l'exception du dernier élément du côlon 6.
Comme troisième exemple des dactylo-épitrites appartenant à
la poésie lyrique des choeurs, j'ai choisi la strophe de Bacchylide,
Ode LX (VIII).

x) Pour faciliter la comparaison des analyses des strophes de Pindare et de


celle de Bacchylide et d'Euripide, je me suis abstenu de changer les numéros
des éléments.
Traité de métrique grecqce 10
i46 VIII 7

i I Aô%av, a> xQvaaXdxaxoi Xâçixeç,


nBvalfiBpoxov SOITJX', ènel
II Movaâv ys loBXBcpâocùv &BZOÇ nooqyàxaç
III Eflxvxoç OEXEiovvxd XE xal Nefisaiov
5 Zrjvbç BV'd'aXàç néôov
TV 'Yfiveïv, o&i firjXoôaïxxav
&QByjEV d XBVXWXEVOÇ
V "H.Qa negixXEix&v àé&Xoev
np&xov 'HoaxXeZ Baovtpfi'oyyov Xéovxa :
I 1 I
_UU _UU _
_ U
^—1 ^—
__
W
_ _uu _ u u _J w_|_
III _u j_uu ^uu
5 |
_u _U _ A
IV _UU _UU

_u I
-u ^A
u_|__ u_|_
V
__
_u _u
]
_u _ ] O"

La strophe se divise en cinq périodes et vers ; les périodes III


et IV sont limitées par la syllaba anceps à la fin ; la période I se
.

termine par un hiatus dans l'antistrophe (xotxol H â-d'Xrfaav) ;


la séparation du vers II est exigée par la symétrie.
Les éléments dactyliques (A) sont : i) le prosodiaque acéphale
et catalectique, 2) le prosodiaque acéphale et acatalectique, 5)
le prosodiaque catalectique, 6) le prosodiaque complet.
Les éléments ïambiques et trochaïques (B) sont : 1) le mono-
mètre ïambique hypercatalectique, 3) le monomètre trochaïque
acatalectique, 4) le dimètre trochaïque catalectique, 8) le dimè-
tre ïambique acatalectique, 9) le dimètre ïambique hypercatalec-
tique, 10) le trimètre trochaïque acatalectique (le metrum stesicho-
rium, v. VI § 11).
La période I comprend deux cola ; le premier côlon se com-
pose de B3 + Ai, le second côlon est formé par B8.
Le vers II se compose de A5 + Bi.
La période III comprend deux cola ; le premier côlon se com-
pose de B3 + A2, le second côlon est formé par B4.
La période IV comprend deux cola ; le premier côlon est formé
par A6, le second par B4.
La période V comprend deux cola ; le premier côlon est formé
par B9, le second par Bio.
VIII 7 147
Les syzygies appartenant au groupe B sont toujours des épi-
trites.
Comme exemple de dactylo-épitrites appartenant au drame, nous
analyserons la strophe de la Mêdée d'Euripide, vers 410—430.
1 I __r» noxaumv &g<3r j^togoûm nayai,
II Kal Sixa xal ndvxa ndXiv aroéojBxai.
III Avôpâai uèv SoXiai flovXaL, ftecôv ô'
ovtcéxi niaxiç HoapE •
5 IV Tàv S'tuàv E&xXEiav E'XEIV Bioxàv oxpétpovoi ipâuai '
V "EgxBtaL xiuà yvvaiXElqj yévEi •
VI Ovxéxt SvaxéXaSoç cpâfia yvvaZxaç ë'Çei :
I I U _UU -_UU _ I u_ 1

_
II _u |_uu_uu_
III _uu _uu _
1
u_
_uu _uu _u
5 IV

u l_uu _uu _| u_|_
V _u |-w \
—u -A
VI _uu _uu __|_u _u|_. _A
A l'exception du côlon 4, tous les cola sont des vers indé-
pendants ; les cola 2, 5 et 6 sont limités par l'hiatus à la fin ; la
structure de la strophe entière rend la séparation du côlon 1 très
probable. Dans la strophe, la fin des vers et de la période coïn-
cide avec la ponctuation des phrases ; ce n'est plus le cas dans
l'antistrophe.
Les éléments dactyliques (A) sont : 1) le prosodiaque acéphale
et catalectique, 3) le prosodiaque acéphale et acatalectique, 5) le
prosodiaque catalectique.
Les éléments ïambiques et trochaïques (B) sont : 1) le mono-
mètre ïambique hypercatalectique, 2) le monomètre ïambique
acatalectique, 3) le monomètre trochaïque acatalectique, 6) le
trimètre trochaïque catalectique ; enfin, l'ithyphallique s'y ajoute
comme élément propre aux dactylo-épitrites du drame.
Le vers I se compose de A5 + Bi.
Le vers II se compose de B3 + Ai.
La période III comprend deux cola ; le premier côlon se com-
pose de Ai + B2, le second est formé par A2.
Le vers IV se compose de B3 + Ai + Bi.
Le vers V est formé par B6.
Le vers VI se compose de A2 et de l'ithyphallique.
i48 VIII 7, 8
On voit que la structure de cette strophe composée d'un petit
nombre d'éléments différents, est très claire ; la scansion en est
facile.
L'anacrouse du premier côlon est longue dans l'antistrophe
(Mov\aai).
8. La correspondance des strophes identiques n'est pas tou-
jours exacte; dans les manuscrits, il se trouve de loin en loin une
divergence légère dans les séries de syllabes longues et brèves
qui se présentent aux mêmes endroits des strophes correspondan-
tes. Tantôt l'anomalie s'explique si l'on tient compte de la con-
formation du pied ou du côlon (par exemple, si un tribraque cor-
respond à un ïambe, ces deux pieds étant interchangeables), tantôt
elle est éliminée par conjecture. Quant aux strophes dactylo-
épitritiques, l'abondance des cas où la correspondance était négli-
gée, étonnait les premiers éditeurs de Bacchylide ; on se souve-
nait que les manuscrits de Pindare en présentent aussi un certain
nombre ; on hésitait à les éliminer tous au moyen de conjectures
plus ou moins violentes. L'helléniste célèbre Blass voyait dans
ce phénomène une confirmation de l'hypothèse concernant la
composition des dactylo-épitrites qu'il avait émise auparavant :
se basant sur les scolies métriques de Pindare, il avait divisé les
éléments de ces mètres en ioniques et en choriambes ; par exem-
ple, le prosodiaque acéphale n'était point, selon lui, un côlon
dactylique, mais il se composait d'un choriambe et d'un ionique
a minore (_ u u _ | u u _ _) ; v. la Préface de l'édition première de
Bacchylide, p. XXIX,
Le papyrus de Bacchylide présente le texte suivant pour l'ode
I, 180 suiv, : Soaov &v Çd>y xS.°'vov XÔVÔE Ad^ev. xi\fiav. âgsxà
S' ênifiox&oç. Soit qu'on lise xifiâv en éliminant la ponctuation
précédente, soit qu'on préfère lire xi fiâv, la correspondance
avec les cola de la strophe précédente n'est pas exacte (V^ÏJXEV
âvx' Bvepyeaiâv, Xinaowv x' &X\Xmv xxX., vers 157 suiv.) :
-u |-u uu_u et -u Luu.uu
L'anomalie ne saurait être expliquée si on considère le second
élément comme une série dactylique ; mais elle ne choque point
quand on recourt au choriambe et à l'ionique, ce dernier pied
admettant, selon la théorie de Blass, une longue irrationnelle au
commencement et une brève irrationnelle à la fin (_ u et u u u).
Dans ce cas, le premier côlon se compose de trois_ _ioniques, _
le
VIII 8, 9 149
second d'un ionique, d'un choriambe et d'un ionique ; or, l'io-
nique et le choriambe étant interchangeables comme éléments
constitutifs des «strophes enhopliennes», l'anomalie ne serait
qu'apparente, et toute conjecture serait superflue.
Dans ses éditions de Pindare, Schroeder se basait sur le même
point de vue ; par contre, Maas a ouvert une offensive vigou-
reuse contre le conservatisme des principaux éditeurs allemands
de son temps dans ses Responsionsfreiheiten, citées I § 8. Il pro-
pose de lire, à l'endroit cité supra, XQÔVOV, âv XéXaxsv xt\fiâv,
mieux vaut, à notre avis, la transposition proposée par Housman
et Headlam Ad^e xôvôe %gévov. De nos jours, Bowra a étudié
de nouveau la question des licences apparentes dans la corres-
pondance strophique (Class. Quart. XXIV, 1930, p. 174 suivv.) ;
lui aussi en vient à la conclusion qu'elles doivent être éliminées.
Même dans les deux vers de Pindare réfractaires à toute conjec-
ture évidente (Pyth. III 6 (12) et Pyth. TV 184 (329)), l'anomalie
disparaît quand on tient compte d'une particularité prosodique
propre à la poésie épique (la prolongation d'une syllabe brève
dans le frappé, v. III § 4) ; il faut scander yviaoxêoç et nô{h~ôv
dans les vers indiqués.
Aussi les arguments d'ordre négatif présentés par Blass et par
ses adhérents ne comptent plus ; quant à la valeur intrinsèque de
la scansion par choriambes et par ioniques, on ne peut pas faire
grand cas des analyses du scoliaste de Pindare ; il admet la scan-
sion dactylique à côté de l'autre. Même dans les scolies métri-
ques d'Aristophane, qui se parent du grand nom d'Héliodore,
les ioniques sont introduits à tort; comp. White, Verse p. 257
suiv., et Sehol. Eq. 1111—1150.
En général, l'ionique et le choriambe ne sont jamais, ou peu
s'en faut, combinés en un seul côlon ; Schroeder lui-même déclare,
dans son dernier traité, que les ioniques purs se sont toujours
montrés réfractaires au choriambe1). Enfin, l'adaptation de
l'ionique aux mètres dont il s'agit, suppose une malléabilité de
structure qui fait perdre tout caractère à ce pied 2).
9. Malgré la rareté et la petite étendue des fragments qui nous
restent des poètes appartenant à l'époque archaïque de la poésie
*) „Reine Ioniker haben sich dem Choriambus immer wesensfremd
gefûhlt", Grundriss p. 94.
2) J'ai traité la question des dactylo-épitrites dans Class. Quart., XXVII,
1934/ P- 145 suiw.
150 VIII 9, io
lyrique des choeurs, ils nous permettent de constater qu'à côté
des dactyles et des anapestes purs et des logaèdes, les strophes
dactylo-épitritiques s'y étaient déjà développées à un certain
degré. On s'en rendra compte en analysant le fragment de
Stésichore, fr. 26 B. = 17 D. :
Oiivexa TvvSâPBOÇ
çéÇcùv noxè nâai &BOZÇ fiovvaç Xà&Bx' rjnioScbpov
Kvnpiôoç ' XEiva ôè Tvvôapéov «dgaiç
XoXojaa/iéva ôiyâfiovç XB xal xpiydfiovç xiv\r\aiv
xal XmeoâvoQaç :
_uu _uu —
_ _ U U _UU _ _ _UU _UU
_ u ]
_ u _u]_u _A
u _ u u _uu _uI-UU _ u __
_ uu _ uu
On y trouve
...
les différentes formes du prosodiaque, du côlon
complet jusqu'au côlon acéphale et catalectique, et, au quatrième
vers, la tripodie logaédique mentionnée dans le paragraphe 3.
Le troisième vers appartient au yévoç SmXâatov ; c'est un tri-
mètre trochaïque catalectique. Cependant, nous n'y constatons
pas la combinaison de plusieurs dactyles et épitrites dans un seul
côlon, combinaison caractéristique pour les strophes pindariques.
Encore dans la chanson satirique composée par Timocréon
contre Thémistocle (fr, 1 B. et D.), la structure des dactylo-
épitrites est assez primitive. Le scolium se compose de trois stro-
phes ; malheureusement, la constitution du texte est fort incer-
taine. Pourtant, on distingue aisément comme éléments constitu-
tifs le prosodiaque catalectique, aussi bien la forme acéphale que
la série catalectique elle-même, et le dimètre ïambique acata-
lectique et hypercatalectique. Ces derniers cola se trouvent, sépa-
rés par l'hiatus, dans le dernier vers de la chanson, que j'ai cité
V § n !).
10. Bien que le genre de composition à laquelle les dactylo-
épitrites appartiennent, ne fût plus cultivé à l'époque alexandrine,
le philosophe cynique Cercidas de Megalopolis a choisi, encore
au deuxième siècle avant J.-C, des mètres similaires pour la com-
position de ses Méliambes. La composition strophique en est

Tout récemment, le texte du scolium de Timocréon a été discuté par


1)
Bowra et par Maas dans Hermès LXIX, 1934, p. 350 et 460.
VIII IO, II, 12 15I
exclue ; leur ressemblance aux odes pindariques est tout à fait
extérieure et superficielle. Le poète a tenu à distinguer rigou-
reusement les éléments constitutifs de ses vers par la diérèse ;
par exemple :
'PsZa ydp èaxi #_q> nâv èxxsXéoaai
XQiJr1', ènl vovv ô x' ïy, r) xbv QvnoxiBôoxôxcùva
xal XB'&vaxoxaXxiôav r) xbv naXivExxvfievixav
xoev xxsàvav OXS&QOV xovxov XBV&aai :
_ u u u
_ _
_J u I
_ _
_ w u- _ u _ —
1—
_u u _uu _O
I
_ u _ u _ u _ _ _ u u _uu
I

_UU _ U W _ 1 U_'_ (fr. 1 D., vers 5—8)


On y trouve la forme la plus brève et aussi la forme la plus
longue du prosodiaque ; elles sont réunies dans le deuxième vers
cité, tandis que le penthemimeres est combiné avec le monomè-
tre ïambique hypercatalectique de forme épitritique dans le
premier et le dernier vers (é 1 é g i a m b e s, v, § 14). Dans le
troisième vers, le prosodiaque complet est précédé par un lecy-
thium trochaïque.

C. Asynartètes.
11. Notre définition des asynartètes sera celle d'Héphestion ;
ce sont des vers composés de deux cola qui n'ont pas l'aptitude
à être fondus ensemble en un tout x). D'ordinaire, les éléments
des asynartètes sont de mètre différent ; il y en a aussi dont la
composition métrique est la même, comme les éléments du pen-
tamètre dactylique (IV § 19). La nature du vers comporte une
diérèse constante entre les deux cola dont il se compose ; mais cette
diérèse n'a pas été observée par tous les poètes,
Archiloque a été le créateur de ce genre de vers ; les éléments
de ses asynartètes sont des cola daetyliques, trochaïques et
ïambiques.
12. L'asynartète archiloquien le plus connu se compose d'un
prosodiaque complet (u _u_ _uu _o) et d'un ithyphallique
(_
u _u| _ ; nous avons
A) traité de ce côlon trochaïque dans
. _
le chapitre VI § 9. Cet asynartète a été discuté souvent à cause

x) riverai Se xal âavvâgrr}ra, ànôrav Svo xâôka fiij Svvâfisva OXXTJXOIS


avvaç>Ti)-d-rjva.i, /jiijôè ëvcoaiv e'xECV àvri ivoç [t6vov nagaXajxpâvrjrai axlxov,
XV, p. 47 Consbr.
I53 VIII 13

du chapitre important d'Héphestion (XV) qui lui est consacré en


grande partie, et à cause des théories de ceux d'entre les métri-
ciens modernes qui le prennent comme point de départ pour leurs
recherches des mètres primordiaux. En voici l'exemple célèbre :
'Eoaafioviôri XaqlXaE, XQVF1'* Tot Y^Xolov
ëpécù, noXv cpikxavv ëxaLpav, xégipeat ô' âxoéoev:
c II | o (fr. 79 B. = 107 D.)
u _uu _uu _ _u _u _ .
L'anacrouse étant toujours monosyllabique, le mot BQBCO du second
vers doit être prononcé avec synizèse. Chez Archiloque,
le spon-
dée pouvait être substitué à un dactyle ; Héphestion cite un exem-
ple où c'est le cas pour le premier dactyle :
Aaxoev ô' ol fièv xax' à'ma'd'BV f)aav' ol ôè noXXoi:
_u||_u _u|_. (fr. 81 B. = 109 D.)
_ __ _uu _
Archiloque observait toujours la diérèse ; plus tard, quelques
poètes, dont Héphestion ne nomme que Cratinus, la négligeaient,
de sorte que le vers ne conservait plus son caractère d'asynar-
tète. Par contre, ils n'admettaient plus la substitution du spondée
au dactyle :
Xaïç;', 3> fiéy' âxQBiôyBXoeç, SfiiXB xaïç èniBôaZç :
_|u|_w (Cratin., fr. 333 K.) x)
_ _uu ^^u _u _ . _
I

Puis, Cratinus a changé la constitution métrique du premier


côlon dans une imitation du vers célèbre d'Archiloque, se trou-
vant dans une comédie homonyme, les AQXIXOXOI, en substituant
un trochée au second dactyle :
'EoaafiovlÔT] Bâ&mnB x&v ârnoo^elcov :
u _U^J _u _u||_u _u|_. _
(fr. 10 K.)
Selon Héphestion, l'ignorance du mètre où se trouvait Cratinus,
en était la cause (p. 49, 20—23 Consbr.) ; nous croyons que le
poète a changé [le mètre de propos délibéré, afin de pouvoir y
introduire un nom propre de forme rebelle.
En général, l'asynartète d'Archiloque a trouvé beaucoup de
faveur chez les poètes de la comédie.

l) Pour Héphestion, le côlon d'Archiloque était anapestique et celui de


Cratinus ionique et choriambique; la première scansion est improbable à
cause de la syllaba anceps au commencement du côlon (v. IV § 4) ; l'autre
présente un nouvel exemple de la faveur extraordinaire accordée à tort aux
ioniques, notamment à l'ionique a maiore', comp. § 8 de ce chapitre et
IX § 1.
VIII 13, 14 153
13. Archiloque a composé d'autres asynartètes formés d'un
côlon dactylique et d'un côlon trochaïque.
Dimètre dactylique et ithyphallique:
Otxéih' ô'ftmç •d'àXXEiç ânaXbv £gda xdoqjExai yàç 1\ôr\ :
~^^ -_|_uu _uu||_u _u|_. _ (fr, iooB, = 113 D.)
Dans cet exemple, un dactyle a été remplacé par un spondée ;
dans le fragment 114B. (117 D.), les deux premiers pieds sont
des spondées. Une licence frappante se présente dans le fragment
115 B. (116 D.) :
Kal firjoaaç ôçéajv SvanamdXovç, oïoç i\v en fjBijç:
_uu _uu _u _u _
I I
. _
A en croire Héphestion, la dernière syllabe du côlon dactylique
devrait être abrégée comme anceps ; mais cette explication va à
l'encontre de la conception rationnelle de la syllaba anceps ; nulle
part ailleurs, une syllabe qui devrait être brève d'après le schéma
métrique, n'est abrégée à la fin d'un côlon, quand il n'y a pas hiatus.
D'autre part, si nous sommes enclins à corriger l'anomalie, il
est difficile de croire que, du temps d'Héphestion, le texte de ce
vers ait présenté une corruption aussi grave. Je ne vois aucune
solution satisfaisante de ce problème.
Chez les comiques, le dernier dactyle du premier côlon était
remplacé régulièrement par un spondée ; ils employaient l'asyn-
artète xaxà axlxov ; exemple :
XaïQEXB ndvxeç, ôaoi noXtifioexov novxiav Séoupov :
_uu _uu|_uu __||_u _u|_. o (Cratin., fr, 211 K.)
Parmi les poètes plus récents, Callimaque a employé cet asyn-
artète.
Un troisième asynartète d'Archiloque se compose de dactyles
et d'ïambes :
Penthemimeres dactylique et dimètre ïambique
acatalectique:
AXXâ a ô XvaiueXnç, â>xaZpe, ôduvaxai nô&oç:
_uu _uu _||__ u_|u_ uo (fr. 85 B. = 118 D.)
14. Héphestion énumère d'autres asynartètes ; ceux qui pré-
sentent des cola choriambiques, seront traités dans le chapitre
réservé au choriambe (X). Nous avons déjà mentionné le penta-
mètre dactylique comme asynartète se composant de deux pen-
themimerê dactyliques. Or, un penthemimeres dactylique peut
i54 VIII 14, 15

être combiné avec un penthemimeres ïambique (c,-à-d. un mono-


mètre hypercatalectique, ce côlon comptant deux pieds entiers
et un demi-pied ; u_ u_ _) ; ainsi naissent l'élégiambe
(nommé aussi encomiologicum) et l'ïambélégiaque. Exem-
ple du premier asynartète :
TH p' EXI AivvouévTj xcp x' 'YpQaxtfcp:
_uu _uu H u_|_ (Alcée, fr. 94 B. = 40 D.)
_ __
La diérèse est parfois absente, comme c'est le cas dans le premier
vers du poème de Simonide adressé à Scopas :
'AVÔQ' âya&bv uèv àXa\&éa>ç yBvéa&ai (fr. 5 B. = 4 D., 1)
Dans l'ïambélégiaque, le côlon ïambique précède :
Kslvoev Xv&évxEç aaïç vnb xEQa^v> aval-:
__
u_|_||_uu _uu _
(Pind., fr. 35 Schr. = Inc. 7P.)
Puis, trois penthemimerê peuvent être combinés ; deux penthe-
mimerê dactyliques embrassant un penthemimeres ïambique for-
ment le platonicum (d'après le poète comique Platon) ; la combi-
naison inverse s'appelle pindaricum. Exemples :
XaZoB, naXaioyôvcov àvÔQ&v •iïeaxoev ÇtiXXoyB navxooàtpav:
_uu _ _ _ -||_- u _ I _ Il. u u _uu _ (Plat., fr. 90 K.)
Socpol ôè xal xb firjôèv âyav Unoç aïvrjaav nspiaaoeç:
u_ u_|u||_uu _uu _| u_|_
(Pind., fr. 216 Schr. = Inc. 6 P.)
Un asynartète remarquable à cause de l'absence de la diérèse
se trouve parmi les fragments d'Alcman (35 B. = 100 D.) :
Dimètre ïambique acatalectique et proso-
diaque acéphale:
'Eçnei yàQ Hvxa x& oiôàqcù xb xaX&ç xi&aQiôôtjv :
u_|u_ u_|_;uu _uu
Comme exemples d'asynartètes formés de cola identiques, nous
nommerons/ à part le pentamètre dactylique, les dicatalecta se
composant de deux ithyphalliques (v, VI § 9) et de deux dimè-
tres ïambiques catalectiques (v, V § 10), ainsi que le vers de
Phérécrate formé de deux tripodies anapestiques de composition
spéciale, dont nous avons d'ailleurs parlé (VII § 7).
15. Il y a encore d'autres asynartètes formés de cola ïambiques
et trochaïques ; nous en citerons deux :
Dimètre ïambique acatalectique et lecy-
t hi u m :
VIII i5, i6 155
Aqfirjxooç âyvfjç xal KÔQIJÇ xtyv navqyvQiv aéBwv:
__
u_|__ u_||_u _u|_u _
(Archil,,fr, 130B, = 119D.)
Dimètre ïambique acatalectique et ithy-
phallique:
Tbv nrjXâv, ndxsp, ndxBQ, xovxovl cp-ôXa^ai:
a>

__
u_|u_ u Il
_ _ u _u|_. _
(Aristoph., Guêpes 248)
Cet asynartète était employé par plusieurs poètes ; Héphestion
cite des exemples empruntés à Euripide et à Callimaque. Dans
les Guêpes, le vers cité supra est en tête d'une série de 25 asynar-
tètes identiques ; la diérèse y est négligée deux fois (vers 252 ; 265).
16. La structure des épodes repose sur le même principe
que celle des asynartètes ; ici, ce sont deux vers différents et
indépendants l'un de l'autre qui sont réunis dans un petit couplet
(di st i que, ôloxix°v) répété plusieurs fois. La création de
ce genre de composition remonte également à Archiloque.
A côté du distique le plus connu, le distique élégiaque (v. IV
§ 19), Archiloque s'est servi de plusieurs autres distiques, imités
en majorité par Horace dans ses Odes et dans ses Épodes. Parmi
les fragments du grand poète de Paros nous distinguons :
1) Hexamètredactylique et dimètre ïam-
bique acatalectique:
ôvaxrjvoç ëyxeiuai nâftcp
"Ay/vxoç, xa^ejlf}at &£&v àô-ôvgoiv ibtijxi
nsnaguévoç ôt àaxétov :
_uu _ u j]
w _uu _uu _u
(fr, 84 B. = 104 D.)
.

u_ u_I u_ u_
2) Trimètre ïambique acatalectique et pen-
themimeres dactylique:
'Epéco xiv' vuZv aïvov, a> Krjpvxlôt),
âxvvfiévT] cxvxdXi) :
__
-_|_||_ -_|__ u_
_uw _uu- _ (fr. 89B. =8iD.)
Trimètre ïambique acatalectique
3) et di-
mètre ïambique acatalectique:
MâxBQ AvxduBa, notov êqjQdaco X6ÔE;
xlç aàç naQ7JEios tpQêvaç:
u_ u_|u||_ __|u_ uu
u-|__ wo (fr. 94B. =88D.)
__
i56 VIII 16

Second asynartète archiloquien


4) et tri-
mètre ïambique catalectique:
ToZoç yàg cpiXôxrjxoç spcoç vnb xapôlrjv èXvo&Blç
noXXr/v xax' âxXvv ôuudxtov EXEVEV:
_uu]_uu _uu
||
_u
_u|_.
__u_|_||_u_|__o (fr. 103 B. = 112 D.)

Après Archiloque, d'autres poètes se sont ingéniés à inventer


des distiques nouveaux ; nous en avons déjà mentionné la com-
binaison de l'hexamètre dactylique et du trimètre ïambique aca-
talectique (IV § 19), imitée elle aussi par Horace (Epod. 16).
Sophocle a répété quatre fois, dans son OEdipe à Colone, un dis-
tique formé d'un asynartète de petite étendue (penthemimeres
dactylique et monomètre trochaïque catalectique dont la première
syllabe est résolue constamment) et du parémiaque :
"iifioi êyco, xi nâ&co, xéxvov èfiôv;
Aéy', ëneineQ en è'axaxa fialvEiç:
_uu _uu _ uu u u A
uu_ uu_|uu_ _Â (vers 216 suiv.)
C'est surtout dans les épigrammes que les distiques de forme
inusitée abondent. Par exemple, l'épigramme de Y Anthologie,
XIII 28, attribuée à Simonide ou à Bacchylide, montre un distique
composé du second asynartète archiloquien et d'un autre asyn-
artète, formé d'un monomètre ïambique hypercatalectique et
du decasyllabum alcaïcum (VIII § 36) :
UoAAdKi ôr) tpvXfjç "Axafiavxiôoç èv ^oçoîimr ~£2çai
àvcoXôXvÇav xiaao<pÔQOiç ènl ôiftyçâufioiç:
_uu j
_u_ _uu
||
_u
_u|_, _
u_ u_|_||_uu _uu _ w
Une autre épigramme attribuée à Simonide est bâtie sur un dis-
tique qui se compose d'un hexamètre dactylique et d'un trimè-
tre ïambique catalectique (Anth. Pal XIII 20).
Le distique de l'épigramme de Callimaque (39) dont nous avons
déjà mentionné le premier vers (composé de deux dimètres ïam-
biques catalectiques) dans le paragraphe 14, se compose de cet
asynartète et du second asynartète archiloquien :
Ar)firixQi xfj nvXaiy xfj xovxov ôvx IlEXaayoev
Axoioioç xbv vifbv èôsifiaxo, xav&' ô NavxoaxtxTjç :
_-u_|u__||__u_|u__A
_uu
_-|_UU _uu||_u u | _' _A
_ .
VIII i7 157
17. Enfin, des cola formés de mètres différents peuvent être
mélangés dans la même strophe ; il va sans dire que les poètes
choisissaient à leur gré les éléments qui leur convenaient, et
qu'il est inutile d'énumérer toutes les combinaisons possibles.
Cependant, nous analyserons ici, comme exemple de la combi-
naison de dactyles et d'ïambes, la strophe célèbre de YOEdipe-Roi
de Sophocle (vers 151—158), à laquelle on peut comparer la
strophe de YAgamemnon d'Eschyle analysée IV § 91).
I I '(2 Aibç âôvEnèç opàxi, xiç noxs xâç noXvxoéoov
nv&âvoç dyAadc sBaç
II Orjfîaç; êxxéxauai <pofiEPav çjgéva ÔEiuaxi nâXXoev,
ITJIBAâXiE ZTotdr,
5 III Afupl aol âÇôfiBvoç, xi uoi fj vêov
ff nEQixBXXofiévatç oeQatç ndXw ëÇavûOBiç XQÉ°Ç '
sïné fioi, m XQv°éaç xéxvov 'EXniôoç, ëfiBgoxE $âua :
I I _uu _u^ _uu _uu _uu
J |
|
U _ U _ U_
il _uwj_uu _ u u j _ u u _ —
U _UU _UU
5 i-i-L _uu _uu|_uu _uu
_u_ _uu| _vu_uu _uu
_UU _UU|_UU _UU_L/U
Dans cette strophe, qui peint admirablement l'anxiété toujours
croissante du choeur désireux d'entendre l'oracle d'Apollon, un
seul côlon ïambique est inséré au milieu des dactyles ; c'est un
dimètre acatalectique (2). Les dactyles se groupent en majeure
partie en trimètres ; on trouve en outre un prosodiaque complet
(4) et un dimètre acatalectique (5). Abstraction faite du dernier
pied des cola, le dactyle n'est remplacé par le spondée que deux
fois ; la première fois, le poète a voulu faire ressortir le nom de
la cité malheureuse des Thébains, en le faisant enjamber sur le
vers suivant (3). Le cinquième et le sixième côlon se terminent
par un dactyle ; aussi ils ne peuvent pas être considérés comme
des vers indépendants. En effet, les trois derniers cola ne for-
ment qu'une seule période ; c'est ici que l'angoisse du choeur
atteint à son apogée.
Malgré l'intensité des sentiments exprimés, l'art de Sophocle
reste toujours empreint d'une sage retenue dans le choix des
x) J'ai suivi la colométrie de Masqueray.
i58 VIII 17, IX 1

à les exprimer ; l'effet n'en est que plus saisis-


moyens propres
sant. Chez Euripide, les choses ne se passent plus ainsi ; dans
la strophe de sa Médêe que nous citerons (vers 131—137), les
Corinthiennes n'ont pas à formuler de craintes pour leur pro-
pre compte ; tout ce qu'elles sentent, c'est la compassion excitée
par la situation trouble où se trouve une femme passionnée et
malheureuse, mais d'un caractère peu rassurant et qui est, en somme,
une Barbare. Pourtant, les vers que le poète leur fait chanter,
feraient croire, par les mouvements désordonnés des rythmes,
à des effusions de sentiments débordants. La comparaison de la
dernière période de la strophe de Sophocle et de celle d'Euripide
est bien instructive ; chez celui-ci, l'harmonie impressionnante
des cola dactyliques est détruite à fond et de propos délibéré, par
l'insertion du côlon final, où l'anaclase ne fait qu'augmenter le
malaise éprouvé par suite de l'introduction imprévue^ des trochées.
1 I "ExXvov çpoivdv, BXXVOV ôè Boàv
xâç ôvaxdvov
II KoXxiôoç, ovôé nco ijnioç ' âXXà yspaia,
III AéÇov ' en' àftcpvnvXov yàç è'aoj fieXd&Qov yôov
5 èxXvov ' ovôè awr/ôofiai, & yvvai, âXysai ôoefiaxoç,
ènsi fioi <plXov xéxoavxai:
I I uu— |uu_ uu_

Î.L _uu _uu _uu _uu


xl-H _uu _wu _uu _uu _uu
5 |
_ u u _ u u _ u u _ u u _ u u ^ KJ u
u__u|_u__!)
La période I se compose de deux cola anapestiques (un dimètre
et un monomètre) ; les trois cola suivants sont dactyliques (deux
pentapodies et un trimètre) ; le dernier côlon, lié immédiatement
au côlon précédent, est un dimètre trochaïque avec anaclase
(comp. VI § 7). Le dactyle final des cola 4 et 5 en fait des membres
d'une période, comme dans la strophe de Sophocle.

IX. Les ioniques.


1. Dans les ioniques, deux syllabes longues et deux syllabes
brèves se font suite ; aussi ils appartiennent au yévoç ômXàoiov,
les syllabes brèves comptant ensemble la moitié de la durée des
^ A la.fin du côlon 4, j'écris, avec Elmsley, rôov
au lieu de fiodv.
XI i I59
syllabes'longues ; les pieds entiers comptent six morae. Le rythme
est ascendant ou descendant, selon que les syllabes brèves se
trouvent au commencement ou à la fin du pied; dans le pre-
mier cas, il s'appelle ionique a minore (. _), dans l'autre cas,
ionique a maiore (__-.). Bien que les_ _deux syllabes longues
forment ensemble le frappé des ioniques, il est probable que c'était
la première syllabe longue qui en était marquée spécialement
(u u u).
__ ; ,1
_ u
L'ionique a minore n'est pas souvent modifié par suite de contrac-
tion des syllabes brèves ou de résolution d'une syllabe longue ;
dans le premier cas il devient un molosse ( ) ; la résolu-
tion de syllabes longues aboutit aux schémas
uu___ et -____.
La combinaison de plusieurs résolutions ou de la contraction et
de la résolution est très rare. Quant à l'ionique a maiore, il subit
plus souvent la contraction et la résolution ; nous en donnerons
des exemples en traitant de ce pied.
L'anaclase (v. II § 9) est un phénomène caractéristique pour
les ioniques. Dans les ioniques a minore, la dernière syllabe du
pied précédent et la première syllabe du pied suivant changent
de place (_u__j-u__:uu_S|____) ; dans les ioniques a
maiore, le pied lui-même est changé en ditrochée (_ L : SI u).
_ u _
L'ionique a minore est parfois syncopé ; il devient ainsi un anapeste
apparent (u u _ .). Quand la durée de la syllabe omise est compensée
par protraction, la syllabe longue qui reste devient une xexçà-
atffioç (uuu), Les cola catalectiques sont peu fréquents dans ce
genre d'ioniques ; mais ils sont de règle dans les ioniques a maiore.
Le nom des ioniques est emprunté aux Ioniens de l'Asie Mineure;
il désigne le caractère efféminé qu'on attribuait à cette race. En
effet, les ioniques se trouvent aux temps les plus reculés chez
des poètes lyriques originaires de l'Asie ou habitant les îles voi-
sines (Alcman, Alcée, Sappho et surtout Anacréon de Téos) ;
le mètre était probablement associé aux cultes extatiques de pro-
venance asiatique en l'honneur de Bâcchus et de la Grande Mère
des Dieux. Le transport frénétique, comportant l'affaiblissement
de la volonté consciente, était le sentiment pour l'expression
duquel les ioniques étaient particulièrement indiquésv).
*)Pour l'explication du nom, on peut consulter, par exemple, YAnonymus
Ambrosianus de Studemund, Anecd. Var. p. 238 (ot Se latvixol — fiaX&axôv
ze Kal âvafiefiXrjftévov xal %avvov moiovcrt vàv (iv&ftàr) et les Scolies B
d'Héphestion, p. 302, 26 Consbr. {lavrixàs (i&v, Sri ol "Iwveg avr& lHÉxevvro)-
i6o IX 2, 3
Les ioniques a minore sont les plus anciens en date ; après les
poètes que je viens de nommer, les auteurs dramatiques s'en
sont servis pour leurs choeurs, surtout les tragiques archaïques.
Plus tard, Euripide a employé les ioniques a minore à une large
échelle dans ses Bacchantes, tragédie dont le sujet et Yy&oç s'y
prêtaient éminemment. Quant aux ioniques a maiore, tout porte
à croire qu'à l'époque classique, ils ne se rencontraient que sous
la forme de pieds isolés substitués incidemment à d'autres com-
binaisons de syllabes (dans le dimètre choriambique, comp. X § 7) ;
comme mètre véritable, l'ionique a maiore remonte au com-
mencement de l'époque hellénistique, où il était employé par un
groupe de poètes dont l'art était désigné par le terme xivaiôoXoysZv,
à cause de son caractère licencieux ; Sotadès en était l'auteur
le plus renommé1).
2. Monomètre ionique a minore (u u _)
_
L'ionique ne se rencontre comme élément isolé que dans les
dactylo-épitrites et les compositions apparentées ; v. VII § 4.
U suffit d'ajouter ici un exemple d'un moriomètre complet :
Nicpôsao' Aïxva, nâvEXEç : uu |_uu G
(Pind., Pyth. I 20 (38))
3. Dimètre ionique a minore (u u | u u _)
__ _
Le dimètre acatalectique de forme pure ou changée par ana-
clase (u u u | u _) est le côlon ionique le plus ordinaire. On
_ _ _
le trouve déjà dans un fragment d'Alcman (85A B. = 34 D.),
où deux dimètres sont réunis dans Un seul tétramètre :
'Exaxbv uév, Aibç vlov, xâôs M&aai xpoxdnBnXoi :
uu uu Il ^ u
I I
uu
Alcée a composé un poème dont les ioniques sont divisés en
groupes contenant chacun dix pieds ou cinq dimètres (Héphes-
tion, p. 65, 15 suiw. Consbr,)'; Horace l'a imité (Carm. III 13).
Nous n'en possédons que le commencement (fr. 65 B. = 67 D.) :
'EfiB ÔBlXav, ë'fie naiaav xaxoxdxmv nsôéxoiaav :
uu j u u
.
U
uu uu
I

Dans les parties lyriques du drame, les dimètres sont groupés


en majeure partie par systèmes et liés ensemble par la synaphie
x) Aussi bien dans l'Antiquité que de nos jours, les ioniques, notamment
l'ionique a maiore, ont été introduits à tort dans plusieurs genres de mètres.
Dans son chapitre XI, Héphestion analyse toute une série de mètres éolo-
choriambiques comme ioniques. Voyez, pour plus de détails, VIII § 8.
IX 3 i6r
(comp. II § 3). Le côlon a été mis en vogue surtout par les gra-
cieuses chansons d'Anacréon, imitées par un grand nombre de
poètes anonymes jusqu'à l'époque byzantine ; même des auteurs
chrétiens, comme Synésius, Grégoire de Nazianze et Sophronius,
se sont complus à composer des anacreontea. La forme changée
par anaclase y est devenue la forme régulière, quoique les ioniques
purs se rencontrent sporadiquement. Anacréon lui-même semble
avoir réuni les dimètres en tétramètres x) :
HOXLOI uèv rjulv ijôri \ xoôxatpoi, xâgrj XB XEVXOV,
Xaoisaaa ô' ovxéx' 7j§ij | nâga, yijoaXéoi ô' èôàvxEÇ.
yXvxeoov ô' OVXBXL Biôxov XQ0V0C XéXEuixai
noXXbç \

(fr. 43 B. = 44 D., 1—3)


Parmi les six dimètres de ce fragment, il y en a un (le cinquième)
qui se compose d'ioniques purs.
Dans les anacreontea le dimètre est considéré comme un vers
individuel; à la longue, la forme typique était traitée comme
un vers ïambique (w. u _ u _ _) et elle en admettait les pieds
secondaires, par exemple le tribraque au second pied ÇIÔB n&ç
yégavoç âôsvBt : 44, 6 B.), le dactyle au premier
__ _ u _ u _ _,
pied (Kagnbç èXd(i)aç ngoxvnxEi: _w u_ u_ de la
_, vers 11
même chanson).
Les poètes anacréontiques de basse époque composaient des
strophes comptant un certain nombre de dimètres avec anaclase ;
la strophe se terminait par deux trimètres de forme pure, qui
pouvaient commencer par un choriambe au lieu d'un ionique.
Voici la première strophe d'une chanson du poète byzantin Léo
Magister (chez Bergk, P. L. G.4 III p. 356) :
Anb naaadXov xav^sZXov
Xvgav evaxôxcoç XaXovaav,
ÔQOOEQàv xôor\v voifaaç
vnb naaxdôa yXvxeZav.
"Au" ag' oiv xovç
axBcpdvovç nXéÇaxe ndvxBç,
ôgyavôqxùvov è'noç fiéXipaxE, HOVQOI.
Les dimètres, appelés olxot,, sont répètes quatre fois ; la partie
finale, désignée par le nom de xovxovXXiov, comprend un
trimètre' pur et un trimètre commençant par un choriambe
\_uu_juu juu )
+

x)Cependant, Héphestion cite le fragment 61 B. = 26 D. comme exemple


d'un dimètre acatalectique.
Traité de métrique grecque 11
i62 IX 3, 4
A cette époque, les oïxoi n'étaient plus considérés comme des
vers ioniques ; on les divisait en un anapeste, deux ïambes et
une syllabe superflue; v. mon Tractatus, p. 86 suiv.
Enfin, la quatrième syllabe du côlon changé par anaclase peut
admettre la longa irrationalis ; ce phénomène ne se présente pas
encore chez Anacréon ; plus tard, il se produit de loin en loin,
mais toujours à titre d'exception frappante ; par exemple, dans
les Grenouilles d'Aristophane un dimètre avec anaclase de forme
normale (Tôw nàXXexai ysgôvxcùv, vers 345) correspond à un
dimètre avec longue irrationnelle (HoXvxagnov fihv xivâaacov:
uu__|_u__, vers 328).
Le dimètre catalectique (u u
__
|
u u _
Â) était employé
xaxà axlxov par Timocréon :
SixsXbç xoay/bç âvr/g
noxl xàv uaxég' è'cpa (fr. 6 B. = 4 D.)
4. Trimètre ionique a minore (_u__|w___|uu__)
Dans les parties lyriques du drame, le trimètre se trouve à
côté du dimètre, quoique moins souvent. Les poètes lyriques
s'en étaient déjà servis ; dans le fragment suivant d'Anacréon, il
est employé xaxà axixov:
Ayav&ç oïd vsftgbv vBO&7)Xéa
XB
yaXa&rjvôv, oç x' êv vXr) XEgoêaarjç
ânoXsicp'd'Blç ànb fiijxgbç ènxotfv1-?] :
uu__|uu uu
uu_u|_u__|uu
uu__ I uu_u I (fr. 51 B. = 39 D.)
_. u _ _
On voit que le deuxième et le troisième vers ont subi l'anaclase.
Synésius a construit son Sixième Hymne sur ce vers ; il admet
souvent l'anaclase, lui aussi; en outre, il substitue parfois des
molosses aux ioniques :
Mexà nayâç âyiâç avxoXoxBvxov
àgprfxa>v svoxrfxcov ènéxsiva
i?eôr âfiBgôxov &eov xvôifiov vïa:
uu juu juu
|uu uu_G
j

UU_U|_U__|UU_D (vers 1—3)


Le trimètre catalectique était employé également
par Anacréon :
LX 4, 5 163
Aiovvaov aavXai Baoaaplôsç ;
uu__ I ___ IuuG (fr. 55 B. = 48 D.) i)
Le trimètre brachycatalectique avec anaclase
est le côlon final de la strophe de six vers sur laquelle Corinne a
bâti son poème célébrant le concours entre le Cithéron et l'Héli-
con ; les autres côlons sont des dimètres ioniques acatalectiques.
Comme exemple, je cite les trois derniers vers d'une strophe :
'Evéô(oxev ô' à'goç ' vxxgéôç
ôè flo&v ovipô&sv EIQL-
oé VLV eu fiovQiâÔBaai Xavç :
uu juu
uu juu
UW__|UU_U|__AÂ (fr. 4, 31—33 D.)
5. Comme nous l'avons vu, le tétramètre ionique
a minore naît de la combinaison de deux dimètres ; la diérèse
médiane en est parfois absente ; par exemple :
Kw&agfj ô' ëv KBXéf3rj névxe XB xal xgZç dva^etcn?© :
-u__|u__|_|____|uu__ (Anacr., fr. 42B. = 22D.)
Le tétramètre catalectique était employé comme
vers stichique dans les chansons se rapportant au culte de la Grande
Mère des Dieux; aussi il s'appelle yaXXiauBixôv (galliambe;
les Galli sont les prêtres de la déesse) et uijxgcaaxov. Les poètes
de l'époque alexandrine, comme Callimaque (Choeroboscus, p.
246, 5 Consbr.), ont été les premiers à cultiver ce vers, dont
Héphestion cite l'exemple suivant :
FaXXal fiTjxgbç âgEi-nç cpiXàiïvgooi ôgofidôeç,
aïç èvxsa naxayeîxat xal x&Xxsa xgôxaXa :
| uu lluu Juuu
|uu__|j |uuo (adesp. lyr. 121 B. = alex. 9 D.)
On voit que le molosse apparaît à trois reprises, les syllabes ea
subissant la synizèse. Dans l'épigramme de Diogène Laërte
écrite dans ce mètre (VIII 91), l'anaclase se fait remarquer; par
exemple :
Ë-ôaiç ovx k'ôoiXE uôax<p XâXov "Aniôi axôua :
uu_u|_u__||uu_u|_uc (vers 4)

x) D'après le précepte d'Héphestion (XII, p. 37, 19 Consbr.), le molosse


ne se substitue à l'ionique que dans les pieds de nombre impair; aussi on
écrit fréquemment, avec diérèse, aavXai.
164 LX 5, 6

Dans le Précis de métrique latine, nous traiterons du grand


poème de Catulle composé dans ce mètre ionique (§ 19 D).
Il nous reste à mentionner le tétramètre brachy-
catalectique employé par Anacréon dans le fragment
47 B. = 45 D. ; l'anaclase y est fréquente :
MsydXcp ôrjiixé fi' "Egcoç kxoyjEv Saxe X<*XXBVÇ
nEXèxEi,, x^iuEglr) ô' E'XOVOBV ëv xaQ^0oïl '•

uv |uu_u|_u_-j
Dans les périodes ioniques, on peut distinguer des cola d'une
ampleur plus considérable ; mais on les divise souvent en dimè-
tres et en trimètres ; voyez la strophe de Sophocle analysée
X §38.
6. Exemple d'une strophe ionique (Eurip., Bacch. 370—385) :
1 I 'Oaia, nôxva &eâv, uu__ |uu_ .
âaia, ô' â xaxà yâv uu |
uu_ .
Xgvaéav nxëgvya <pégBiç, U-__U|UU_Â
II TdÔB Msv&écoç àîeiç; uu__|uu_.
5 àïeiç ovx ôaiav uu__|uu_x
III "YBgiv sic xbv Bgôfiiov, xbv uu__|uu__
SBuéXaç xbv nagà xaXXi- uu__|uu__
axEtpâvoiç Bxxpgoa-ùvaiç
ôaiuova ng&xov uu |uu |uu_o
IV Maxdgoev ; 3ç xdô' ë'#et, uu_ _| uu_ .
10 'd'iaosésiv XB X°Q°ïÇ uu |uu_ .
foexd x' avXov yEXdaai uu |
uu_Â
V Anonavaai XB UBgiuvaç, uu__|uu__
ônôxav Bérgvoç ëX-d-rj uu__|uu__
VI rdvoç èv ôaixl &EÔ>V, xva- uu__|uu__
15 aocpôgoiç ô' ëv fraXiaiç âv- uu__|uu__
ôgdai xgaxijQ Hnvov
âfKptBdXXrf :
uu |uu_u| AÂ
On voit aisément que la strophe entière se divise en deux grou-
pes comptant chacun 3+2 + 3 cola ; du reste, seule la première
période se détache nettement des cola suivants par suite de l'hiatus
dans l'antistrophe (vers 388 : ôvoxvxla • H d).
Chaque groupe se termine par un trimètre ; les autres cola sont
des dimètres, dont le dernier ionique est souvent incomplet ;
à la fin d'une période, ces cola sont catalectiques ; à la fin d'un
côlon, l'ionique est syncopé, et probablement la dernière syllabe
IX 6, 7 165

en était allongée par protraction (uUu). Il faut remarquer en


outre la résolution de la deuxième syllabe longue dans le côlon 3,
ainsi que la brachycatalexie et l'anaclase du dernier côlon.
Bien que la symétrie de la strophe soit évidente, le poète a su
éviter la monotonie en y introduisant des variations subtiles ;
dans le premier groupe de périodes, les dimètres complets suc-
cèdent aux dimètres syncopés ou catalectiques au commencement
de la période III, tandis que dans l'autre groupe ce fait se produit
déjà au commencement de la période V. Le côlon final du premier
groupe présente la structure régulière du trimètre ; mais le côlon
final de la strophe entière est caractérisé nettement par l'anaclase
et la brachycatalexie.
Par exception, on trouve des ioniques dont la structure est plus
libre ; Aristophane s'est complu à en donner un spécimen éton-
nant, voulant ridiculiser l'art décadent du poète tragique Agathon
(Thesmoph. 101—129). Il a introduit dans ses dimètres, d'une
façon tout à fait arbitraire, l'épitrite second, qui, comme nous
l'avons vu, ne se présente, dans les ioniques réguliers, que dans
la seconde moitié du dimètre changé par anaclase (§ 3) ; puis, il
en a résolu une ou deux syllabes longues ; ainsi naissent des cola
comme Xaïgs xaXXiaxaiç âoiôaîç (_u__j_u__, vers 111) et Tâv
x' ëv ogsoi ôgvoyôvousiv (_ uuu j uu _G, vers 114).
__
7. Il n'y a que deux vers construits sur l'ionique a maiore.
Le tétramètre brachycatalectique a maiore
(_ I II | A) est bien connu sous le nom de
_uu __uu __uu __A
s o t a d é e, d'après le poète alexandrin Sotadès (troisième siècle
avant J.-C. ; comp. § 1). Par suite de l'anaclase, l'ionique se
change en ditrochée (_ u : u _) ; dans plusieurs sotadées,
__ _ _
tous les ioniques l'ont subie. Ensuite, les syllabes longues peuvent
être résolues (uu u u ou uu u u), et les syllabes longues se prêtent
_ _
à la contraction ; ainsi naît le molosse ( ), confiné au deuxième
pied du vers. En outre, le premier pied présente parfois l'ionique
a minore, substitué à l'ionique a maiore par suite de la résolution
de la première syllabe longue et de la contraction des syllabes
brèves (_ u u : uu _).
_ _
Enfin, l'application de la longa irrationalis produit deux autres
variations ; le ditrochée devient un épitrite troisième (_ u _ u :
_), l'ionique un épitrite quatrième (--^J^: u).
__u
La diérèse entre les dimètres dont le tétramètre se compose,
est souvent négligée.
i66 rx 7

Nous citerons d'abord quelques vers de Sotadès lui-même,


en commençant par la forme pure :
"HQTJV noxé tpaaiv Aia xbv XEgnixégavyov :
__uu|__uu||__uu|_G (7D-)
Dans le vers suivant, tous les ioniques sont changés en ditrochées ;
la diérèse en est absente :
'Huégaç uiâç âXvnia fiéy' èaxl xégôoç:
_u_u|_u_u|_|u_u|^G (l2, IO D.)
Nous ferons suivre des vers où les ioniques ont subi la résolu-
tion ou la contraction :
Sxôxaaai xaxà asavxbv xb Bicoxixbv vor\aaç,
ëx xivoç êyévov xal xlç EÎ xal xiç nâXi ylvy :
\J^J
_uu| u;u | _u_u |
_uuuu|__u_||__uu|__ (13, 13 13 D.)
En dehors des ioniques, dont la première ou la deuxième syllabe
longue est résolue au commencement des vers, on rencontre le
ditrochée pur et avec longa irrationalis ; le premier vers n'a pas
de diérèse.
'YyiaivEiv BV"XOV XOZÇ VX,BOZÇ, ècp' oaov E'XEIÇ t,rjv:
uu__| ||_uuuu|__ ([l7]> IO D.)
Ici, le premier pied est changé en ionique a minore, le deuxième
pied est un molosse, le troisième pied un ionique a maiore dont la
deuxième syllabe est résolue v).
Nous ne pouvons pas mentionner toutes les variations pré-
sentées par les fragments de Sotadès. La structure des sotadées
que Lucien a employés dans sa Tragodopodagra est plus régulière ;
la longa irrationalis en est absente. A deux reprises, les deux syl-
labes longues de l'ionique sont résolues ; par ce moyen, Lucien
a voulu rendre sensible la douleur perçante causée par le mal
qu'il décrit ; la résolution de la première syllabe longue d'un
ditrochée vise au même effet :
TÔXB ôià fiEXémv ô%v fléXoç nénijys fivaxaiç,
àtpavéç, xgvcpiov, ôsôvxbç vnb uvxoZai yvlmv,
nôôa, yovv, xoxvXrjv, âaxgaydXovç, laxia, urigovç:
\J^J WVU | L/ ;U I
_ O"
_ U
1

w^ _.uu|_u_.u| i_/^/ VJ
_ u 'I

wu^uw|_;„uu|_„^u|__ (vers 119—121)

x) Il faut lire avec syni_;èse les mots ceavrév (12, 12) et &eoïç (i7, ï0)*
IX 7, 8, X i i67
En témoignage de la faveur extraordinaire dont le sotadée
jouit dans le monde hellénistique, je cite les vers gravés sur un
mur du temple de Kélabcheh par un certain poète éthiopien
nommé Maximos x). Parmi ces 34 vers, on compte 33 sotadées ;
les syllabes longues en sont résolues fréquemment. Voici le com-
mencement de ce curieux morceau :
Maxâgtov ô'x' ëflrjv ijgBuiaç xônov êoa&giioai,
dégi xb no&Bivbv yfvx'fjç nvBvu' ènavsZvai,
%éva flot, ficoxfj nsgl <pgéva nàvxo-d'BV EÔOVEZTO :

uu uu uu]_;_uu_ \^w u u I

_ ^AJ
uu! ;_J UU I

UU _ UU ]
_ UU U U il _ UU uu _G
1

Les poètes latins ont emprunté de bonne heure le sotadée


à la métrique grecque ; v. Précis de métrique latine § 18.
Les sotadées étaient récités sans accompagnement musical,
mais le rythme en était exprimé par des gestes mimiques (usxà
nsnXaauévnç vnoxgtaEcoç, Aristide Quintilien p. 33 Meib.) ;
de cette manière, la scansion des pieds multiformes et compli-
qués dont ils se composent, pouvait s'effectuer sans aucun incon-
vénient.
8. Le dimètre acatalectique
(_ u u j
_ __ u u) est
appelé xXBouàxBiov, d'après le poète Cléomaque, appartenant au
même groupe de poètes que Sotadès (v. § 1). Il est beaucoup
plus rare que l'autre vers se composant d'ioniques a maiore.
Héphestion en cite un exemple (XI, p. 35, 13 Consbr.) :
Tiç XTJV VÔQLTJV rjfi&v u u |
__
êyj6<pi]o' ; ëyà> nivoev : u u |
_ _
Dans le second pied, le molosse se substitue à l'ionique, comme
nous l'avons vu par rapport au sotadée, bien que dans ce vers
cette substitution ne se trouve qu'incidemment. Dans le second
vers, l'ionique est changé en ditrochée par suite de l'anaclase.

X. Le choriambe
1. Comme les ioniques, le choriambe compte six morae (_ u u _) ;
comme eux, il égale en durée le ditrochée et le diïambe. Consi-
déré en son entier, le choriambe, se divisant en deux parties

') V. Weil, Études de littérature et de rythmique grecques, p. 112 suiw.


168 X 2
égales (_ u et u _), appartient au yévoç ïaov ; mais les rythmi-
ciens le traitaient comme un pied composé, formé de deux pieds
du yévoç ômXdaiov (trochée et ïambe)L) ; ils désignaient le
choriambe et l'antispaste par le nom de BaxxsZoï2).
Dans YEpitaphium Sicili (v. I § i, avec la note), la deuxième par-
tie du choriambe, lequel y est substitué une fois aux syzygies
ïambiques, est désignée comme étant le frappé du pied entier :
Mr]ôèv oXcoç ai) Xvnov : u o.: |
u _
__J
_
Cependant, cet exemple isolé ne nous autorise pas à constater
que le rythme de tous les choriambes soit ascendant ; il est pro-
bable que les choriambes qui alternent avec des ditrochées, en
ont le rythme descendant, rythme indiqué nettement dans la
définition d'Aristide Quintilien citée dans la note i.
Le nom employé par les métriciens se rapporte, lui aussi, à
un pied composé (xogiafiBoç, composé de x°Qéï°Ç> équivalent
de xgoxaZoç, et de ïafiBoç) ; néanmoins, ils traitent le choriambe
comme un pied simple.
Du temps de Westphal et de Christ, le choriambe était consi-
déré comme un pied composé ; on y distinguait un dactyle « cycli-
que » (v. IV § 21) et une syllabe superflue 3). Les métriciens moder-
nes sont revenus, à quelques exceptions près (v. VIII § i), au
choriambe d'Héphestion ; ils l'ont introduit dans une mesure
beaucoup plus large que ce métricien lui-même, en le consi-
dérant comme élément constitutif d'une catégorie importante
de vers lyriques (le glyconéen et les vers apparentés), analysés
par Héphestion comme vers antispastiques (chap. X).
Le choriambe garde presque toujours la forme primitive ;
parfois, une syllabe longue en est résolue. Anacréon a composé
un poème entier bâti sur un vers qui présente un choriambe dont
la première syllabe longue est remplacée par deux brèves ; Héphes-
tion en cite ce vers (p. 30, 7 Consbr.) :
*) Aristide Quintilien décrit le choriambe comme SâxzvXoç xarà Paxxsïov
ràv âno rgoxaîov, oç yiverai êx Tgojjaiov d-éaecoç xal Idfiflov agoecoç, p. 40
Meib. — Chez lui, le yévoç SaxxvXixov désigne le yévoç ïaov.
2) 2vv&eroi Se ol xarà ovÇvyiav flaxxeîoi, ôvo, <_r ô jjièv jrgtSregov %et
ràv ïa/ifiov, Sevregov Se ràv roo%aïov • ô Si èvavziwç, Ar. Quint, p. 37.
Dans le fragment aristoxénien mentionné dans le chapitre V, § 3, le choriambe
est désigné également par le nom de Paxxeïoç.
3) ,,— kommt den drei ersten Sylben des Choriamb der rhythmische Wert
eines kyklischen Daktylus zu, und ist die zweite Lange eine Ûberlânge",
Christ, Metrik2, p. 460.
X 2 l69
Avanéxouai ôij ngbç "OXvunov nxsg-ùyEaai xo-ôyaiç:
uuuu_|_uu_|_uu_ju__ (fr. 24 B. = 52 D.)
Par contre, les poètes grecs n'ont jamais substitué une syllabe
longue aux syllabes brèves 1).
Nous avons déjà parlé du choriambe apparent qui se rencon-
tre dans les dactylo-épitrites (IV § 3).
D'après le fragment aristoxénien cité dans la note 2 au para-
graphe 1, le choriambe peut subir la protraction ; alors, il revêt
la forme du crétique et la première syllabe devient une xgiarjfioç
(_ u u : —1 u _).
2. Vers éolo-choriambiques.
_
Tout comme les
dactyles éoliens, les choriambes employés par les poètes lesbiens
se distinguent par l'isosyllabie et par la base libre. Dans les
vers choriambiques, la base comprend jusqu'à quatre syllabes.
Le côlon ou vers éolo-choriambique réduit à sa forme la plus
primitive consiste en huit syllabes, dont quatre sont groupées
en un choriambe ; selon que ce pied se trouve au commencement,
à la fin ou au milieu du dimètre, celui-ci devient un dimètre
choriambique premier et second, et un glyconéen :
1) _uu_|oooo, dimètre choriambique I
2) oooo|_uu_, dimètre choriambique II
3) oo|_uu_joo, glyconéen.
Dans la pratique, la liberté de structure est loin d'être aussi
grande qu'elle semble l'être du point de vue théorique. Par exem-
ple, les quatre syllabes indifférentes des dimètres choriambiques
ne sont jamais brèves toutes les quatre ; d'ordinaire, les deux
dernières syllabes du glyconéen forment un ïambe. Même dans
la base éolienne proprement dite, certaines combinaisons de syl-
labes sont préférées aux autres.
Tous ces dimètres peuvent subir les changements causés par
la catalexie, l'acéphalie et les phénomènes apparentés. Leur
étendue est augmentée par l'insertion d'un ou de plusieurs cho-
riambes. L'isosyllabie, de rigueur chez les poètes de Lesbos, n'a
pas été observée constamment par les autres poètes lyriques et
par les dramatiques.
x) Les poètes latins ont admis cette licence, v. Précis de métr. lat., § 19 C.
D'après Wilamowitz (Gr. Versk. p. 261) et Rupprecht (Gr. Metr. p. 61),
elle se rencontrerait déjà chez Euripide (Iph. en Aul. 1804; Ion 1:27); mais il
ne s'agit pas, dans les exemples cités, de vers choriambiques, comme l'a
bien vu Schroeder dans ses Cantica.
170 X 2, 3

Wilamowitz a été le premier à concevoir l'intérêt fondamental


du dimètre choriambique ; v. sa Verskunst, p. 210 suiw. (réim-
pression d'un article de 1902).
Une tradition rapportée par Plutarque, De mus. 29, 288—291
W. et R., fait remonter l'invention du choriambe au musicien à
demi mythique Olympus, mysien ou phrygien de naissance ; on
peut y voir un indice de la provenance asiatique de ce mètre.
Les dimètres choriambiques proprement dits ne se rencontrent
qu'exceptionnellement dans les fragments des poètes lesbiens.
Un poème de Sappho (fr. 98 D.) en présente un exemple très
instructif ; il est bâti sur une strophe de trois vers dont le deuxième
est d'ordinaire un glyconéen (o o | _ u u _ | o o) ; mais, dans la
deuxième strophe conservée, il est remplacé par un dimètre
choriambique II (yvvai-~\xEaaiv, oeç nox' àsXioe : _u_u|_uu_,
vers 7). Ce phénomène démontre l'équivalence de ce dimètre et
du glyconéen ; nous en reparlerons dans le paragraphe 16.
Plus tard, les dimètres choriambiques compteront parmi les
cola les plus ordinaires des parties lyriques du drame et de la
poésie lyrique des choeurs ; Simonide en présente déjà des exem-
ples isolés, comme fr. 48 B. = 31 D,, 2 :
NaZ', àXôxov ôè KoXxlôoç: _uu_|u_uc
3. Dimètre choriambique II (00 o o |
u
_ u
_) x)
La poétesse béotienne Corinne a composé des poèmes dans ce
mètre; elle n'observait déjà plus l'isosyllabie; le fragment 2B.
et D. présente quatre dimètres consécutifs comptant neuf sylla-
bes par suite de la résolution de la première syllabe longue, par
exemple :
KaXà ysgoZ' àioofiéva: uuu_u|_uu_ (vers 1)
Dans ses poèmes, le dimètre revêt beaucoup d'autres formes,
dont Héphestion cite quelques-unes dans son chapitre XVI, en
les désignant par le nom caractéristique de « multiformes »
(noXvoxijfiâxioxa). En voici la forme dont la première partie
ne comprend que des syllabes longues :
1) Kr) nsvxBlxovx' ovwifiiaç:
]-^u- (fr. 27 B. = 19 D.)
Puis, la première partie peut contenir une, deux ou trois brèves ;

*) Ce dimètre étant plus fréquent que l'autre,


nous en traitons en premier
lieu.
X 3 i?i
les combinaisons admises sont: 2) u 3) 4) __u_,
, _u__,
5) u; 6) _uu_, 7) _u_u, 8) u^^j-, 9) u__u, [io) __uu];
11) 12) u_uu, 13)
_uuu, uu_u. Nous ajouterons des exemples
empruntés à Corinne, à Pindare et à Euripide ; c'est surtout ce
dernier poète qui a employé le côlon sur une large échelle, en
admettant les formes les plus rares.
2) TaXavata XQVff<^f£VOt':
u |_uu_ (Eurip., Iph. en Aul 546)
3) 'Ev ôôucoç Bdvxaç xgovçpdôav:
_u__|_uu_ (Cor. 5, 59 D.)
4) QàXXoiaav Evôaïuoviav:
__u_|_uu_ (Pind., Pyth. VII 31 (22))
5) Tbv ô' ëç yâç jffctAcbr OvqiEtiç:
u]_uu_ (Cor. 5, 74 D.)
6) ~£i UÉXEOÇ, uaxgbç Ô'XB:
_UU_|_UUG (Eurip., Orest. 839)
7) ïïîjôa fbv iïéXcùoa <piXr)ç:
_u_u|_uu_ (Cor., fr. 11 B. = 8 D.)
8) 'Ensl S' ënava' siXanivaç :
u_u_|_uu_ (Eurip,, Hél 1338)
9) AyXavgov xôgai xgiyovoi:
u__u|_uu_ (Eurip,, Ion 496)
11) AXX' ë'xi xax' oïôfi âXiov:
_uuu|_uuo (Eurip,, Hél. 520)
12) QBOV xéva navxoôanov:
u_uuj_uuc (Pind., fr. 96,2 = Parth. TV 2)
13) 'EXécpavxi Kpaiôifiov m~lfiov:
uu_u|_uu_ (Pind,, Ol I 27 (42))
Les formes dont la première partie est un ditrochée, un diïambe
ou un épitrite correspondant, sont les plus ordinaires ; par con-
tre, on ne rencontre que rarement les dimètres présentant trois
syllabes brèves dans le pied non-choriambique.
Les exemples du côlon commençant par un ionique sont très
rares ; encore, ils doivent être analysés presque toujours autre-
ment ; comp. les paragraphes où nous avons traité des dactylo-
épitrites (VIII § 6 suiw..). Voici un exemple indubitable d'un
côlon éolo-choriambique de cette composition :
10) Qvaxâç S' ànb uaxgbç ë'qjv:
uu uuI (Pind., fr. 61,6 = Péan XIII 6)
._ _ _
173 A 4
4. Le nombre des syllabes peut se modifier par suite de la
résolution d'une ou de plusieurs syllabes longues de la première
partie, de l'acéphalie, de Yhypercatalexis et de la résolution d'une
des syllabes longues du choriambe, ce dernier cas ne se présen-
tant qu'exceptionnellement,
a) Nous avons déjà parlé de la première modification et donné
un exemple emprunté à Corinne (§ 3 et § 3) ; un dimètre dont
la première syllabe longue est résolue, forme le troisième vers
d'une strophe employée fréquemment dans les scolia attiques
(v. § 31, 4) :
"OXB xbv xvgavvov xxavéxnv :
uu_u_|_uu_ (Scol 9B. = 10 D., 3)
La résolution de deux syllabes longues aboutit à une agglomé-
ration considérable de brèves :
Hàxvia ndxvi èuà x&oviaç:
W^UWU<J\^UU_ (Eurip., Ion 1053)
Nous ne pouvons pas énumérer ici toutes les variations possibles ;
on en trouvera un certain nombre dans le passage de Y Oreste
d'Euripide analysé dans le paragraphe suivant.
b) Dans le dimètre choriambique II acéphale,
le choriambe est précédé par trois syllabes contenant au moins
une longue ; elles présentent les combinaisons suivantes :
i) 2) -u_, 3) u__, 4) __u, 5) uu_, 6) u_u. Nous
,
empruntons nos exemples à Euripide, exception faite pour la
combinaison 5, combinaison excessivement rare; les cola qui
semblent l'admettre, sont presque toujours des cola ioniques
u u À, v. IX § 3).
(u u |
__ _
1) ZBVÇ fiBiXiaacov axvyiovç :
|_uu_ (Eurip., Hél. 1339)
2) BâxE asfival XâgcxBç :
_u_|_uuo (ibid. 1341)
3) AXaxBia Bioxov :
u__ |_uu_ (ibid. 523)
4) Tovç fièv uéaovç Çvyiovç :
__ u |
_uu_
(Eurip., Iph. en Aul 231)
5) Tàôs XOL -fravud u° B'XEI :
I
uu_ _uu_ (Soph., Philoct. 687)
6) Tbv â Oéxiç xéxE xal :
u_u|._uu_ (Eurip., Iph. en Aul. 309)
• X 4, 5 173
Le côlon commençant par un dactyle est identique au penthemi-
meres dactylique (_ u u | _ u u _) ; je n'en connais pas d'exemple
qui doive être considéré comme un côlon choriambique.
La résolution d'une syllabe longue du premier pied le rend qua-
drisyllabique ; d'un autre côté, il pouvait être quadrisyllabiqued'ori-
gine (v. les exemples n—13 du paragraphe précédent). Parfois,
la correspondance strophique nous met à même de définir avec
certitude la nature véritable du côlon ; c'est le cas pour le cinquième
vers de la strophe de la Cinquième Pythique de Pindare, analysée
dans le paragraphe 23 ; d'ordinaire, le choriambe y est précédé
par la suite de syllabes _u_u; dans le vers 36 (48), ce groupe ne
compte que trois syllabes (_u_).
Enfin, le crétique peut représenter un choriambe syncopé ;
dans ce cas la première syllabe longue, par suite de la protraction,
devient une xgioquoç ; v. § 1 in fine.
5. L'analyse de l'épode d'un stasimon d'Euripide (Oreste 831—
843) montrera la variabilité du dimètre choriambique, les formes
acéphales et celles dont des syllabes sont résolues s'ajoutant aux
formes d'étendue normale :
I I Tiç vôaoç fj xiva ôdxgva xal ___|_uu_u|u_
xiç è'Xsoç fiEiÇcov xaxà yâv ^u |
_ uu_
II "S uaxgoxxôvov aïua #eigl
éhéo&at ; |
u u |
u |u
_ _ _ _ _A
IIIOïov ëgyov xsXéaaç u
_ _ _
| uu
_
5 fisBâxxevxai uaviaiç, u — | _ u u_
IV EùuEvCai d'ijgaua, tpôvov _^u_|_uu_
ôgofidai ôiveùcov BXetpdgoiç, uuu__]_uu_
AyauEfivôvioç naZç. UU|_UU_|_A
V *Q uéXBoç, uaxgbç OXB _UU_|_UU_
10 x8vaeon',)v^l'ta>v <pagéa>v __u — |_uu_
uaaxbv vnEgxéXXovx' èaiôoev _uu__|_uu_
VI Scpdytov ë'd'Bxo ifiaréga naxgi- _uuuuu|_uuuu
(ÙV na&éoev âuoifiàv : _UU_|U__A
La répartition des périodes est fort incertaine; cependant, il
est probable que les cola catalectiques 3 et 8 se trouvent à la fin
d'une période.
Tous les cola sont éolo-choriambiques ; quelques-uns appar-
tiennent au groupe du glyconéen (1, glyconéen à base dactylique,
avec un choriambe dont la deuxième syllabe longue est résolue ;
174 X 5, 6, 7

3, phalécien ; 8, phérécratéen à base pyrrhique). Tous les autres


cola sont des dimètres choriambiques ; un seul appartient à une
catégorie différente de celle dont nous traitons, ayant le choriambe
au commencement (13) ; c'est un dimètre catalectique, appelé
aristophaneum (§ 8).
Parmi les dimètres choriambiques II on rencontre la forme
6 du paragraphe 3 (col. 9) ; le plus souvent, une syllabe longue
du premier pied est résolue (côl. 10 et 11, provenant de la forme 1 ;
côl. 2 et 7, provenant de la forme 3 ; côl. 6, provenant de la forme 4).
Enfin, le côlon 12 présente deux syllabes longues résolues dans
la première partie et une dans le choriambe; il provient de la
forme 7.
Les autres dimètres sont acéphales ; on rencontre la forme 2
(côl. 4) et la forme 3 (côl. 5) du paragraphe précédent.
6. La discussion des autres modifications du dimètre choriam-
bique II sera plus succincte.
c) U hypercatalexis est très rare ; en voici un exemple :
Etfxapnov ' un uoi uéyaç ëgnoev :
J_uu_j_ (Pind., Péan II 26)
d) Quant à la résolution d'une syllabe longue du choriambe,
on en a déjà trouvé un exemple dans la strophe d'Euripide analy-
sée dans le paragraphe précédent (côl. 12), où la dernière syllabe
était remplacée par deux brèves. Dans l'exemple suivant, c'est
le cas pour la première syllabe :
ABVxoaxixxcp xgixl fiaXlovç :
\^wu^ (Eurip., Iph. en Aul 2,2,2)
7. Dimètre choriambique I
Ce côlon est moins fréquent que le dimètre II il présente
; en
grande partie les mêmes modifications ; aussi nous n'en parlerons
que succinctement.
La forme dont la partie non-choriambique contient quatre
syllabes longues, est très rare ; exemple
:
XaZgé uoi, & xaXXiaxa xaX-\Xiaxa
:
_uu_| (Eurip., Hippol 70)
Le plus souvent, cette partie se compose d'un diïambe
ou de
l'épitrite correspondant (_uu_|u_u_ et _uu_]__u_). Voici
quelques exemples des autres formes
:
Bt-]ôà>ç Bioxàv âyiaxBVBi :
_uu_|u (Eurip., Bacch. 74)
X 7, 8 i75
oq>i-\oi,v uâXa ngâÇov ôixaiayç :
_uu_|_u__ (Pind., Péan VIIIô 12 (26) Schr. = 42 P.)
"HXv&ov, 'HXéxxpa, noxi :
_uu_|__uu (Eurip,, Electr. 168)
Ce côlon présente un exemple indubitable de l'ionique a maiore
ajouté au choriambe ; l'ionique a minore est absent du dimètre I,
aussi bien que du dimètre II,
La résolution de syllabes longues est moins fréquente que dans
l'autre dimètre ; on en trouvera quelques exemples frappants
dans le Second Péan de Pindare ; à un dimètre dont le choriambe
présente une syllabe longue résolue (la première), succède un
côlon qui présente le même phénomène dans la partie non-cho-
riambique ; en outre, cette partie revêt la forme rare de l'antispaste
dans le premier côlon :
NsônoXlç BIUI ' uaxgbç ôè <^w _|u u
__
uaxég' ëfiâç ëniôov ëfinav : _uu_|wu__ (vers 28—29)
Enfin, nous ajoutons un exemple d'un dimètre I dont la seconde
partie présente trois brèves :
Asvàcov XE noxaucôv : _uu_|uuu_ (Eurip., Ion 1083)
8. 1) Dimètre choriambique I catalectique
(_ u u | A)
_ u
La forme catalectique régulière se déduit aisément de la forme
acatalectique _uu_ |u_u_; elle se rencontre, et comme
clausula après une série de dimètres acatalectiques, et comme
côlon indépendant répété plusieurs fois. Aristophane l'a employée
assez souvent ; aussi le dimètre catalectique formé ainsi s'appelle
aristophaneum. Héphestion cite les vers suivants :
Ovx êxôç, & yvvaZxEÇ ]
_uu_ u—
nâai xaxoZaiv rjuâç _ u u _
|u

tpX&aiv éxdaxax' Uvôgsç u u
|
*
_ _ u—
Ssivà yàg ëgya ôg&aai u u |
_ _ u__
XaufiavàuBod*' vn avx&v : u | (fr. 10 K.)
_ u _ u —
2) L'autre forme du dimètre I catalectique présente un cré-
tique au lieu d'un bacchée (_ u u | u A) ; elle est beaucoup
_ _ _
plus rare que l'autre. Héphestion cite un exemple emprunté
à un poète inconnu :
'Iaxanôvoi fislgaxEç : | (Adesp. 69 B. = 22 D.)
_uu_ _u G
J'ajoute un vers de Pindare:
_»_gregov avôâoouBV : _ u u _ | _ u G (Ol I 7 (12))
176 X 9, io
9. Comme exemple de la combinaison de dimètres acatalec-
tiques et catalectiques, je cite quelques systèmes des Cavaliers
d'Aristophane, dont la structure très régulière ne demande aucune
explication :
I "Inni ava%, JTdcrei-ov, d> _uu_|u_u_
XaXxoxgôxojv ïnnatv xx'ônoç _uu_| — u _
xal ^ge/teTtCjWÔç âvôâvBi _uu_|u_u_
xal xvavéuBoXot 'd'oal _uu_|u_u_
Uiovx-O(pàgot xgcqgBiç, _UU_|U__A
II M.Bigaxia>v &' âfiiXXa Xau- _uu_|u_u_
ngvvouévcov ëv âgfiaaiv _uu_|u_u_
xal fîagvôaïuovovvxcov : _UU_|U__A
(vers 551 suiw.)
10. Dodrans 1) (1 : oo|_uu_, 2: _uu_]oo).
En diminuant un dimètre choriambique II de forme acéphale
et un dimètre choriambique I catalectique d'une syllabe, on
obtient les cola de six syllabes dont nous traiterons dans ce
paragraphe. Le plus souvent, la syllabe avoisinant le choriambe est
brève ; dans ce cas, l'autre syllabe s'ajoutant au choriambe n'est
brève qu'exceptionnellement; les schémas uu_uu_ et u u u u
_ _
doivent être interprétés presque toujours comme des syzygies
anapestiques et dactyliques.
1) La forme régulière (_ |
u _ u u _) se rencontre
de loin en loin,
soit au milieu d'autres cola éolo-choriambiques, soit combinée
avec des cola hétérogènes ; par exemple, elle est précédée d'une
syzygie ïambique dans le poème de Simonide dédié à Scopas
(5 B. = 4 D.) :
Mcofvffaouai • xmv yàg ijXvd-itùv :
Il (5 OU 27)
-_u_ _ u I
_uu_
Chez Pindare, le dodrans II n'est pas rare ; il est doublé au
commencement de l'épode de la Septième Pythique ;
rii MByâxXBBÇ, vuai XB xal ngoyôvcov :
_u|_uu_|_u|_uu_ (vers 17 (15))
La base est quelquefois spondaïque :
'Yavcpôotiç XB xôgaç : | (Eurip., Herc. 394)
__ _ u u _
Elle peut être ïambique :
u |. u u
MEXâutpvXXd x' ôgt] : (Aristoph., Thesm. 997)
_ _
1)J'ai emprunté le nom de dodrans à Schroeder; il indique que ce côlon
embrasse les trois quarts du dimètre complet.
X il 177
Exemple de la base pyrrhique :
Tàv 'OXvuncovi-[xav : u u | u u (Pind,, 01 X i)
_ _
Puis, la base devient trissyllabique par suite de la résolution
d'une syllabe longue :
Uaxgbç Hôcog avvaoi-[ôol : _u u | u u (Eurip., Herc. 787)
_ _
Enfin, la base de la forme acéphale ne compte qu'une syllabe
longue ou brève :
HXayaZç XB oiôà-[gov : |
u u
(Pind., Ol X 37 (46))
_ _ _
AvanvéouEv S' : u | _ u u _ (Pind., Ném. VII 5 (7))
Tous ces cola de faible étendue font souvent partie de cola
ou de vers plus longs.
11. 2) Le dodrans dérivé du dimètre choriambique I est con-
forme à une des formes du dochmiaque (v. XII § 1). Comme
côlon individuel, la forme régulière (_ u u | u _) se trouve dans
_
la strophe bien connue des scolia (§ 31, 4), dont le quatrième
vers se compose de deux dodrantes :
'Iaovâfiovç x' A&rjvaç ènoinaâxnv :
_uu_|u_]_uu_|u_ (Scol 9B. = 10 D., 4)
On en trouve déjà un exemple chez Simonide :
OvXlÇ &.VEV &BÔ3V : _ u u |
_ u_
(61 B. = 10 D., 1)
La pénultième peut être longue :
AyysXiav néuyja> : (Pind.,
| OL LX 25 (37))
_uu_ __
La forme catalectique s'appelle a d o n i e n, d'après le nom
de l'adolescent mythique Adonis, dont on déplorait la mort
prématurée par le cri :
T£2 xbv "Aôaviv : u u |c
_ _
Ce côlon se rencontre assez souvent comme clausula, notam-
ment à la fin de la strophe saphique (§ 30, 1)
Dans les dodrantes, comme dans les dimètres complets, une
syllabe longue du choriambe peut être résolue ; ce phénomène
est rare. Il se produit dans un vers de Pindare correspondant
à un vers de forme normale (Pyth. XI 4 (6) et 9 (15)) :
Maxgl nàg MsXlav : "Otpga ©éuiv iegâv :
_uj_uu_ — u j
\^>J \J V ~
Exemple d'un dodrans I présentant le même phénomène :
Ëdguaxa nokvnâvoiç : u u uu | u (Eurip., Aie. 971)
_ _
Traité de métrique grecque 12
178 X 12, 13

12. Glyconéen (oo|_uu_|oo)


Parmi les vers éolo-choriambiques, le glyconéen jouit du plus
grand renom ; les poètes s'en sont servis de préférence, aussi
bien les lyriques que les dramatiques. Le nom est dérivé du
d'un poète Glycon, dont nous ne savons presque rien ;
nom
probablement, c'était un poète alexandrin qui a construit des
poèmes sur ce vers répété xaxà axixov1). Cependant, nous le
rencontrons soit comme côlon individuel soit comme élément
de strophes dès le commencement de la poésie lyrique ; Alcman
en présente un exemple ; il a aussi employé quelques cola ou
vers apparentés (hipponactéen,. paraglyconeus).
A Çav&à MByaXoaxgdxa :
| I (37 B. = 102 D., 3)
__ _uu_ u _
Chez les poètes lyriques de Lesbos, chez Anacréon, dans la poésie
lyrique des choeurs — moins souvent chez Alcman et chez Simo-
nide (par exemple fr, 14 B, et D. : JTtVe, nZv' ënl avuqtogaZç),
fréquemment chez Pindare et chez Bacchylide —, dans la tragédie
et dans la comédie, dans la poésie lyrique d'époque tardive,
y compris celle des Romains, partout le glyconéen se trouve
au premier plan.
Tout comme le dimètre choriambique, le glyconéen varie
beaucoup. Chez les poètes lesbiens et chez Anacréon, l'isosyllabie
est observée constamment ; chez eux, le côlon compte toujours
huit syllabes. Dans la poésie lyrique des choeurs et dans le drame,
la résolution de syllabes longues produit des formes d'une plus
grande étendue.
13. La base dissyllabique admet les combinaisons suivantes :
1) le spondée (_ _), 2) le trochée (_ u), 3) moins souvent l'ïambe
(u _), 4) assez rarement le pyrrhique (u u) ; par suite de la
résolution d'une syllabe longue, la base devient trissyllabique :
5) un tribraque (^ J), 6) rarement un dactyle (_ uu), 7) excep-
tionnellement un anapeste (uu_).
Exemples de la base dissyllabique :
1) Xaigoia' sgXBO XSUBÛBV :
__j_uu_juû (Sappho, fr. 96, 8D.)

*) Héphestion cite ces vers de Glycon (X, p. 32 Consbr.) :


KâziQoç fivix' ô fiaiv6Xrjs
oSàvxi axvXaxoxrôvm
KvmoiSoç iïâXoç SXeosv (Adesp. lyr. 79a B. = Ad. alex. 14 D.)
X 13, 14 179
2) Tàv ô' syco xdô' àueiBôuav :
_u|_uu_|u_ (Sappho, fr, 96, 7D.)
3) "Eycay' oflx' àv AuaX&énç :
u_|_uu_|u_ (Anacr,, fr, 8B. = 8 D., 1)
4) 2è d'éa IxéXav Agi-[yvcoxa :
uuj_uu_|u_ (Sappho, fr. 98, 4 D.)
Anacréon préfère nettement la base spondaïque ; chez Horace,
le spondée en est devenu la forme régulière. En conséquence,
plusieurs métriciens latins ont fini par considérer le glyconéen
comme un vers dactylique ; comp. Précis de métr. lat. § 20 E x),
14, Nous ferons suivre ici quelques exemples de glyconéens
dont la base compte trois syllabes :
5) Sivtv, êç laxvï <pégxaxoç :
uu u I
uu ua 1 (Bacchyl. XVIII (XVII) 20) 2)
_ _
6) XXcogoxôficp axE<pdvco àa<pvaç :
_uu]_uu_|u_ (Eurip., Iph. en Aul. 759)
Il ne faut pas confondre cette forme du glyconéen avec une
tétrapodie logaédique employée plus souvent (v. VIII, § 4a).
7) nsplBaXX', (o xéxvov, ùXévaç :
uu _ j _ u u _ u _
I (Aristoph., Gren. 1333)
Ce vers est emprunté à une longue série de dimètres choriam-
biques et de glyconéens récités par Eschyle pour railler l'art
décadent d'Euripide.
Puis, la résolution d'une syllabe longue du choriambe est
admise dans le glyconéen, comme dans le dimètre choriambique.
La première de ces syllabes n'est résolue qu'exceptionnellement ;
dans le vers suivant de Pindare un nom propre en est la cause,
tout comme dans la base du vers de Bacchylide cité au com-
mencement de ce paragraphe :

x) D'ailleurs, les métriciens latins reconnaissaient aussi le choriambe


comme élément constitutif du glyconéen, à partir de Caesius Bassus (p. 259,
2 suivv. K.). Pour Héphestion, le glyconéen est un dimètre antispastique
(p. 32 Consbr.) ; pour Aristide Quintilien, un vers composé d'ïambes et de
trochées (par exemple -u|-ulw-]w-> p. 37 Meib.). L'analyse d'Aristide
Quintilien a été acceptée par Weil et par Masqueray (Traité p. 259) ; les
autres métriciens de cette époque divisaient le glyconéen en pieds de durée
égale à l'aide du dactyle „cylique" (v. § 1 et IV § 21).
2) Dans les autres strophes, la base du côlon correspondant est dissyl-
labique.
i8o X 14, 15
nécpvB Kxéaxov âuvfiova :
u_|uuuu_|uO (01 X 27 (33))
Dans les autres strophes, le choriambe présente la forme normale,
La résolution de l'autre syllabe longue du choriambe est un
peu moins rare :
T_2 uEyiaxônoXi ftvyaxBg :
_u|_uuuu|uu (Pind., Pyth. VIII 2)
15, Enfin, les deux dernières syllabes du glyconéen ne sont
pas exemptes de modifications. La pénultième est parfois longue,
par exemple :
Tàv ngôa&BV, BsXécov âXxdv :
__|_uu_|__ (Soph., Philoct. 1151)
Dans la strophe correspondante, la pénultième est brève, comme
c'est le cas régulièrement (cpiXcov, vers 1128).
La dernière syllabe peut être résolue ; ce phénomène ne peut
se présenter que dans le cas où le côlon se trouve être en synaphie
avec le côlon suivant ; à la fin d'un vers ou d'une période, la
syllabe finale serait anceps. Exemple :
Uâgiç ô BovxôXoç âv ëXaBs
ôcôgov xâç Awgoôixaç :
uu u _ u u _ I U \^J
__|_UU_|_A (Eurip., Iph. en Aul 180 suiv.)
Le second côlon (un phérécratéen) se joint immédiatement au
glyconéen précédent.
En théorie, la syllabe longue remplaçant la pénultième brève
peut être résolue à son tour ; en effet, Aristophane a composé
un glyconéen construit ainsi ; mais il se trouve dans le passage
cité au paragraphe précédent, où l'art d'Euripide est parodié,
et sa seule raison d'être est l'intention du poète comique de
surpasser la difformité du glyconéen précédent (7), Voici ce
vers monstrueux :
A. 'OgSç xbv nôôa xovxov. B. âgm :
u_|_uu_|uu_ (Gren. 1323),
L'aspect bizarre en est augmenté, parce que chacune des syllabes
brèves nées de la résolution de la pénultième est prononcée
par un interlocuteur différent ; ainsi le tour de force est souligné
aussi nettement que possible.
X i6, 17 181

16. Nous avons déjà remarqué (vers la fin du paragraphe 2)


que le glyconéen peut être remplacé dans les strophes correspon-
dantes par un dimètre choriambique. Il n'y a pas d'autre exemple
de ce phénomène chez les poètes lesbiens ; dans la poésie dra-
matique, il y en a plusieurs ; dans la poésie lyrique des choeurs,
les exemples sont rares et souvent douteux ; en somme, c'est
encore chez Euripide que le cas se présente le plus souvent.
Parfois, un changement léger du texte permet de rétablir la
correspondance stricte des strophes ; ailleurs, la déviation, dont
l'anomalie n'est qu'apparente, ne peut pas être éliminée. Elle
repose, nous l'avons déjà constaté, sur l'identité génétique du
glyconéen et du dimètre choriambique 1).
Pour une énumération complète des cas où cette correspon-
dance se présente, on consultera la thèse de G, Behrens, Quaes-
tiones metricae, Goettingue 1909, ch. 19—21 ; je n'en cite qu'un
seul exemple, emprunté au Philoctète de Sophocle :
©egubv xal naysx&ÔBÇ, &ç a' :
__|_uu_|u_ (vers 1082)
Kal fiôx'frcp Xcùfiaxôç, oç TJ-[ÔT} :
|_uu_ (vers 1102J
17. La forme catalectique du glyconéen s'appelle phéré-
cratéen (oo|-uu_|o); nous avons déjà discuté le nom
de ce côlon et de cola anapestiques et dactyliques qui en épousent
la forme extérieure ; v. VII § 7 et JV § 4, Il va sans dire que
tout ce que nous avons remarqué à propos de la base du glyco-
néen, s'applique également à celle du côlon catalectique. La
syllabe finale est anceps, grâce à sa position à la fin d'un vers,
d'une période ou d'un système. Quant à la résolution d'une
syllabe longue du choriambe, je n'en connais pas d'exemple.
En général, la structure du phérécratéen est plus régulière que
celle du glyconéen.
Exemples de la base dissyllabique :
Ogrjooaiç ëv aaviaiv, xâç :
j
uu J (Eurip., Aie. 967)
__ _ _ _
KgsZaaov ovôèv Avdyxaç :
u |
u u | (ibid. 965)
_ _ _ _

J) Nous avons vu que les anomalies dans la correspondance strophique des


dactylo-épitrites doivent être considérées sous un tout autre point de vue;
comp. VIII § 8.
183 x J7, 18
'Eyàt xal ôià Movaaç:
u_|_uu_|_ iibid. 963)
RoXiàç ènl ^atfiraç;:
uu|_uu_|_ (ibid. 908)
Exemple d'une base trissyllabique (uu u) :
Uxégvyi ovyxaxaBaivca :
uuu|_uu_|_ (Eurip., Androm. 505)
La base dactylique et surtout la base anapestique sont rares,
comme chez le glyconéen ; exemples :
it;é-]ftev BLov ' âfupmoXoiç Se :
| | (Pind., Péan VI 117) x)
_ uu _ u u _ o
'Eue S' avxov ngoXmovea :
uu_|_uu_|o (Eurip., Iph. en Taur. 1133) 2)
Il va sans dire que le phérécratéen, étant un côlon catalectique,
est tout désigné pour faire fonction de clausula à la fin d'une
période ou d'un système ; néanmoins, on le rencontre de loin
en loin au milieu ou au commencement d'une unité plus con-
sidérable, ou bien comme un vers individuel répété plusieurs
fois ; on peut comparer l'emploi du parémiaque, VII § 12.
Eschyle a assez souvent employé le phérécratéen de cette dernière
manière, surtout dans les Perses (par exemple vers 1022—1024,
où trois phérécratéens sont suivis d'un autre côlon servant de
clausula). Dans ce cas aussi; la dernière syllabe est considérée
comme anceps, par exemple
'EuBaXôvxBÇ &goi.o&B
xvôoç xoZaSe noXixaiç :
—u | u u | u
_ _
__|_uu_j_ (Ésch., Sept 316—317)
Simonide a déjà réuni deux phérécratéens en un seul vers :
Hàvxa yàg uiav IxvBïxac ôaonXf\xa XàgvBSw :
-u|_uu_|-|__|_uu_|o (fr, 38B. =8D., 1)
18. Comme exemple de la combinaison libre de glyconéens,
de phérécratéens et de dimètres choriambiques, je citerai une
strophe de YAlceste d'Euripide (vers 962—972) :
x) Ce vers appartient à la deuxième épode; dans la première, la base est
dissyllabique (tiarSl, vêts 56). Le plus souvent, les cola formés ainsi sont
dactyliques; comp. IV § 4.
2) D'après le texte et la scansion de Schroeder; d'ordinaire, on lit Ximovaa
au lieu de nooXmovaa. — Les cola formés ainsi sont presque toujours des
dimètres ioniques.
X i8, 19 1%

1 I 'Eyàt xal ôià Movaaç u_|_uu_|_


xal UExdgaioç fjÇa xal _u|_uu_|u,_
âytâuBvoç Xôycov
nXBÙïxcùv __|_uu_|u_
xgEZaaov ovôèv j&vàyxaç _U|_UU_|_A
5 II Hîigov, ovSê xi (pàgjiaxov _u|_uu_|u_
Ogfjaoaiç èv oavloiv, xàç __]____.|_A
III 'OgqiBia xaxéygaupsv | .|
__ __ __ _
yfjgvç, ovô' Saa &oîfioç A- | j
_ u _ u u _ u_
oxXijnidôaiç BÔCÙXBV _UU_:|U_GA
10 IV $âgfiaxa noXvnôvoiç _ u u uu |u
_
àvxixeuàv figoxoZaiv : __._|___A
La division en périodes est incertaine ou même tout à fait
absente *) ; j'en distingue quatre, dont la première commence
et finit par un phérécratéen, tandis que la partie médiane _e
compose de deux glyconéens.
La deuxième période (côl. 5—6) embrasse un glyconéen,
suivi d'un phérécratéen.
La troisième période commence par un phérécratéen et finit
par un dimètre choriambique I catalectique (côl. 9) ; le côlon
médian est de nouveau un glyconéen.
La quatrième période embrasse deux cola, comme la deuxième ;
le premier en est un dodrans I de forme singulière ; nous l'avons
déjà cité, comme plusieurs autres cola de ce morceau (v. § 1-1
in fine). L'autre côlon est un dimètre choriambique I catalectique,
comme le côlon final de la période précédente.
19. Quand la base est monosyllabique, nous avons affaire au
glyconéen acéphale (o |._ _ _ _ | o o) et au phérécra-
téen acéphale (o | _ u u _ | o) ; le premier s'appelle telesilleum
(d'après la poétesse Téiésilla, qui vécut vers le commencement
ou le milieu du cinquième siècle avant J.-C), le second reizianum
(d'après le philologue allemand Reiz, de la fin du dix-huitième
siècle, qui l'a distingué chez Plaute) 2).
Héphestion cite, dans son chapitre XI, ce fragment de Téiésilla :
*) « La strophe entière est composée d'une seule phrase », Masqueray,
Traité p. 276.
2) Les métriciens allemands considèrent le reizianum comme un côlon
court (« Kurzvers ») primitif de structure polymorphe; ils admettent même
la substitution d'une syllabe brève aux deux syllabes brèves du choriambe
-(G_U_O, notre monomètre ïambique hypercatalectique); v. Schroeder,
Nomenclator metricus, p. 40 suiv.; Wilamowitz, Verskunst p. 399 suivv.;
Rupprecht, Gr. Metr. p. 82.
184 X 19
"Aô' 'AgxEuiç, xôgai, |
u u |
a> _ _ _ u_
tpBvyovaa xbv AXOJBÔV : | | (fr, 1 B. et D,)
_ _ u u _ uo
Depuis quelque temps, nous possédons un poème entier écrit
dans ce mètre ; c'est un hymne à la Grande Mère des Dieux,
trouvé dans une inscription d'Ëpidaure; il date probablement
du troisième siècle avant J.-C.1), La syllabe de la base est le
plus souvent longue ; mais elle est parfois brève, par exemple
Kax' aigsa [xal vdnaç : u| _uu_ u_
| (vers 6)
Puis, elle peut être résolue :
Tb uèv ffuiav xoegavcô : |
u u J (vers 31)
__ _ _ __
On trouve aussi dans cet hymne deux phérécratéens acéphales,
par exemple :
Tb ô' rjuiav yaiaç : u | _uu_ | u (vers 33)
Enfin, la pénultième du telesilleum peut être longue, comme
c'est le cas pour le glyconéen complet :
XaZg', SXBIE naZ Aaxovç :
|
u u | (Aristoph., Thesm. 139)
_ _ _ __
Le telesilleum et le reizianum sont assez fréquents chez Pindare
et chez les poètes dramatiques ; on en trouvera quelques exemples
dans les strophes d'Aristophane et de Sophocle citées dans le
paragraphe suivant.
Quand la base de ces cola se compose de deux syllabes brèves
au lieu d'une longue, leur aspect est identique à celui des cola
complets avec base pyrrhique (§ 13, 4 et § 17). Dans l'hymne
d'Épidaure, la nature véritable du côlon est hors de doute, parce
que le poème ne contient aucun fglyconéen complet ; ailleurs,
on ne peut pas la définir toujours avec certitude. C'est le cas
pour la chanson populaire de Rhodes chantée par des enfants
en frappant aux portes pour mendier des friandises :
1 'HX&', qX'd'B, x^Xiôdav, |
uu |
_ _ _ _
«aAàç; [mgaç &yovaa uu | _uu_ | G
xal xaXovç ëviavxoiç, u |
u u |
_ _ _ _
ënl yaaxèga Xsvxd uu | _uu_| _
5 x'qnl v&xa uéXaiva. u |
u u |
o
_ _ _
naXâ'd'av av ngoxéxXei uu | _ uu_ | _
êx niovoç oïxov |
u u |
_ _ _ _
oïvov XB ôénaaxgov |
u u | o
_ _ _
xvgoev XB xdvvaxgov : |
u u j
o
_ _ _
1) I. G. IV éd. min. n. 131 ; comp. Poweli, New chapters in the history of
Gr. literature, III, p. 204 suiw.
X ig, 30 185
Nous n'avons cité qu'une partie de cette naïve et charmante
chanson (Carm. pop. 41 B. = 33 D.) ; elle se compose de phéré-
cratéens complets et acéphales, employés comme vers indépen-
dants. Les cola 3, 4 et 6 sont probablement des phérécratéens
complets avec base pyrrhique x) ; mais on pourrait les analyser
également comme des cola acéphales dont la syllabe longue
appartenant à la base est résolue.
20. Anacréon a composé des strophes bâties sur des systèmes
de glyconéens et de phérécratéens ; dans chaque système, une
série de glyconéens est terminée par un phérécratéen. Dans les
fragments 1 et 3 (B. et D.), le premier système embrasse trois,
le second cinq cola :
I I rQ*va%, & ôauàXnç *Egcoç __|_uu_|u_
xal Nvfupai xvavcàniÔEÇ __|_uu_|u_
nog<pvgéi) x' Acpgoôixr) __]_UU_|_A
II HvunalÇovotv, èniozgécpeai ô' __|_uu_|u_
5 ôiprjXàç ôgêcùv xogvtpdç, u]_uu_
yovvovfiai as, av ô' BVfiBvrjç __J_uu_|u_
eAi?" •fjftiv, xExagtauévnç S' __|_uu_|u_
Bvx&Xfjç ênaxovBiv: __|_UU_|_A
(fr. 2, 1—8)
Il faut remarquer que la base est toujours spondaïque (comp.
§ 13). Le côlon 5 est un dimètre choriambique II ; cette licence,
bien que légitime (comp. § 16), est bien frappante dans l'art
d'ailleurs si correct d'Anacréon 2).
Les cola acéphales peuvent être groupés de la même manière.
Dans les Cavaliers d'Aristophane, une strophe de cette com-
position est répétée quatre fois (vers 1111—n 50) ; elle compte
dix cola, groupés par deux systèmes, dont le premier compte
trois glyconéens et un phérécratéen acéphales, et le second cinq
glyconéens et un phérécratéen, acéphales eux aussi. Dans les
deux premières strophes, la syllabe de la base est parfois brève.
Voici le premier système :
TH AfjuB, xakr\v y' è^etc |
uu |u _ _ _ _
dgX'ffv, Ô'XB nâvxBÇ av- j |
_ _uu_ u_
frgoenoi ôsôlaai a' Sa- | |
_ _uu_ u_
nsg ô/vôga xvgavvov : uj _uu_
|
aA
(vers 1111—1114)
x) Conformément au dialecte dorien, la désinence -os est brève.
z) Les syllabes -éy (3), -£<" (4) et -écov (5) se lisent avec synisèse.
i86 X 20
Enfin, les cola complets et acéphales peuvent être combinés
dans une strophe de la même composition ; j'en cite une,
empruntée à l'OEdipe-Roi de Sophocle (vers 1186—1195).*
1 I 'Ià> yevEal Bgox&v, _|_uu_|u_
â>ç vuâç ïaa xal xb ut]* __ _ uj
u _
ju
_
ôèv Çcboaç èvagiv^fiâ. __|_UU_|_A
Il Tiç ydg, xiç àvijg nXéov _|_uu_|u_
5 xâç BvSaifioviaç q>égsi __|_uu_|u_
jj xoooUxov, ôaov SOXEZV j
_u _uu_ u_
J

xal ôôÇavx' ânoxXZvai; —'| _-j A


.
_ _
__|_uu_|u_ _
III Tbv aôv xoi nagdSBiyu' s'xcov,
xbv abv Saiuova, xbv aôv, S> __*|_uu_|u_
10 xXâfiov OîSinôSa, "Bgox&v |
u |
_u _ u _ u_
ovôèv uaxaglÇoe : |
uu | A
_ _ _ _
La strophe se compose de trois systèmes, comptant 3, 4 et 4
cola. Le premier et le second système commencent par un
glyconéen acéphale ; un phérécratéen acéphale sert de clausula
dans le troisième système et dans la strophe entière.
Les inscriptions de Delphes nous Ont fourni un spécimen
curieux de strophes bâties sur des glyconéens, des phérécra-
téens et des dimètres choriambiques II, à savoir le péan d'un cer-
tain Aristonoûs, datant du troisième siècle avant J.-C. (ib D,).
Il compte six strophes ; chaque strophe se compose de deux
systèmes ; chaque système embrasse quatre cola. Les systèmes
se terminent par un phérécratéen ; les autres cola sont des glyco-
néens et des dimètres choriambiques qui se succèdent sans aucun
ordre. Tandis que la première strophe compte trois dimètres chori-
ambiques, la troisième strophe n'en compte qu'un. A côté de la
base spondaïque, on trouve la base trochaïque et ïambique. Une
fois, l'isosyllabie n'est pas observée : un dimètre choriambique
compte neuf syllabes par suite de la résolution d'une syllabe
longue :
TgtéxBOiv (pavaZç Bgôuioç: UUU_U|_UUG (vers 37)
On voit que nous sommes loin de la composition symétrique
et régulière des strophes d'Anacréon. Voici le premier système :
Uv&iav iBgàxxixov _u[_uu_|u_
valeov AsXqjlô' àucpl néxgav u|_uu_
âsl &Boniôuavxw ë- __j____|u_
ôgav, li] le JTatdv :
u| uu
_ _A
I
_ _
X 31 i87
21. La forme hypercatalectique du glyconéen s'appelle
h i p p o n a c t é e n (o o | u u j 0 o o) ; quand l'isosyllabie est
_ _
observée, il compte neuf syllabes. Le nom est dérivé de celui
du poète Hipponax (comp. V § 19) ; Héphestion en cite ce vers
(X p, 32 Consbr.) :
Kal xvioy xivà &vui"qaaç :
I
u u I
u I (fr, 92 B. = 80 D.)
__ _ _ _ _
Cependant, on rencontre déjà ce côlon chez Alcman ÇSiç âpèç
xb xaXbv fisXloxov, fr. 65 B, = 18 D,). Puis, il résulte de l'autre
nom indiqué par Héphestion (aanq>mbv êvvEaa-ôXXafiov) que
Sappho s'est servie de l'hipponactéen. Plus tard, il a été employé
assez souvent comme clausula dans la poésie lyrique des choeurs
et dans le drame. Par contre, Simonide l'a mis au commencement
de la glorification célèbre des défenseurs des Thermopylesx).
Dans un autre poème, il a employé au même endroit un hippo-
nactéen dont la syllabe faisant suite au choriambe, est longue ;
nous avons constaté la même licence par rapport au glyconéen.
Voici ce vers :
A.v&gcbnoiv âXiyov uiv xdgxoç :
__|_uu_) |o (fr. 39B. = 9D., 1)
La base peut être trochaïque ou ïambique :
2cûyévnç fisxà nevxaé&Xoiç :
_u|_uu_ju_|_ (Pind., Nêm. VII 8 (12))
IEVXEÇ. xà ôè vvv xiv T\XBW :
u_]_uu_|u_|_ (Soph., OEd. à Col. 132)
La base peut être trissyllabique :
HôXiv ô xQ.va0it°uaÇ AnôXXtùv :
uuu|_uu_|u_|_ (Bacchyl. IV 2)
Les autres formes de la base trissyllabique ne se rencontrent
qu'exceptionnellement ; Bacchylide a employé la base anapestique
dans ce vers :
BaaiXev xâv ÎEgâv A&avâv :
uu_|_uu_|u_|_ (XVIII (XVII) I)
Une épigramme attribuée à Simonide est bâtie sur un distique
se composant d'un hexamètre dactylique et d'un hipponactéen :
"Av&nxsv xôS' àyaXfia Koglvâ'ioç è'aneg èvlxa,
ëv AeXtpoZç noal NixoXâôaç (A. P. XIII 19, 1—2)
*) T&v lv QeofiotuvXaiç &av6vra>v, fr. 4 B. = 5 D. Il faut rejeter la leçon
OegfiojrvXaiai..
l88 X 21, 22
A l'hipponactéen correspondent les dimètres choriambiques
hypercatalectiques ; nous en avons déjà donné un exemple dans
le paragraphe 6c, où il s'agit du dimètre II. Ici, nous citons un
exemple de la forme hypercatalectique du dimètre I :
Kal nagauBiPôuEO'd'' âôégxxcoç :
_uu_|u_u_|_ (Soph., OEd. à Col. 129)
22. La forme acéphale et hypercatalectique du glyconéen se
rencontre assez souvent ; comme le glyconéen lui-même, il compte
huit syllabes, mais le choriambe est précédé d'une et suivi de
trois syllabes. Je l'ai désigné par le nom de paraglyconeusx) ;
le schéma en est o | u u | o o o. Il va sans dire que le nombre
_ _
des syllabes peut s'accroître par suite de la résolution [d'une
longue.
On rencontre déjà ce côlon chez Alcman, qui, après un lecythium,
l'a répété quatre fois dans la strophe du Parthénée que l'on sait ;
v. VI § 8. La première syllabe longue y est le plus souvent brève ;
mais elle peut être longue :
Ayrjoixôgaç ênav&sZ: _|_uu_|u_|_ (vers 53 (88))
Elle peut être remplacée par deux brèves :
cIavoyXE<pàga>v âyaXua : UU|_UU_|U_|G (vers 69 (104)) 2)
Il ne faut pas confondre cette forme du paraglyconeus avec une
tétrapodie logaédique mentionnée dans le paragraphe 5 du cha-
pitre VIII.
Après Alcman, Sappho s'est servie du paraglyconeus ; son fr.
52 B. = 94 D. en contient quatre de suite.
L'affinité de ce côlon et des autres cola éolo-choriambiques
apparaît nettement dans une strophe de la Médée d'Euripide (vers
148—159), où on lit, après une période anapestique :
I I Tiç aoi noxs xâç ânXâxov _|_uu_|u_|_
xolxaç ëgoç, & fiaxaia, _|_uu_|u_|_
ansvoai v^avdxov xsXBVxâv; _|_uu_|u_|_
unôèv XÔÔB Xiaaov. | |
_ _ u u _ _A
5 II El ôè abç nôoiç
_u _u
J) V. mon article, R.E.G. XXXIX, 1926, p. 211.
*) L'analyse du vers 51 (86) est assez problématique; j'y vois
un dimètre
choriambique I catalectique, substitué au paraglyconeus régulier :
'EVEXIX&Ç ' o Se xatxa : uu
uu_ u
I

A cause du nom propre formé de quatre syllabes brèves, la première longue


du choriambe est résolue.
X 22 189

xacvà Xéxi] aeBi^ei, _UU_]U__A


III uif xaQ°\aaov •
KEIVCO XÔÔB _|_uu_|u_|_
ZB{IÇ aoi xdôe ovvôixijOBi. _|____|__|_
IV Mi] Xiav xdxov
10 ôvgouéva aôv eùvdxav : _uu_|u
La division en périodes n'est qu'approximative ; la fin des pério-
des I et II est indiquée par la catalexie du côlon final.
La première période se compose de trois paraglyconei et d'un
reizianum ou phérécratéen acéphale; la deuxième embrasse un
hypodochmius et un dimètre choriambique I catalectique ; la
troisième deux paraglyconei, et la quatrième un dochmiaque avec
deux longae irrationales et un dimètre choriambique I complet.
Quant à l'insertion de cola dochmiaques parmi les cola éolo-
choriambiques, on se rendra compte du même phénomène en
analysant la strophe de la Cinquième Pythique de Pindare citée
dans le paragraphe suivant.
Le dimètre choriambique II peut être modifié de la même
manière que le glyconéen (o o o | u u j o) ; le côlon formé ainsi
_ _
est plus rare que le paraglyconeus ; on en trouvera un exemple
dans la strophe de YAntigone de Sophocle, vers 332—342 :
I I HoAAà xà ÔBivd, xovôèv àv-
&gd>nov ÔBivôxEgov néXei '
II Tovxo xal noXiov négav
nôvxov #_ijU_gia> vôxco
5 X000.** nBgiBgvxiotaw
III B-Eg&v vn oïôfiaaiv • d-B&v
XB xàv ùnBgxdxav,
Tâv,
TV "Aarfrixav, àxàfiaxov ànoxgvExai
IXXouévcùv âgôxgcùv èxoç EIÇ EXOÇ
10 înnBl<p yévEL noXB'ùcov :
I I _uu_]u_u_
|_uu_]u_
II _u|_uu_|u_
|_uu_|u_
5 U|_UU_|G
III u_ u_|u_ u_
u„ V \ u ~ _A

IV _uu _uul_uu _uu
u u u ]
^u^ _uu
10
_
...
_.|_u_u|_.
^ ^y

_A
190 X 22, 33
Il se peut que les cinq premiers cola doivent être réunis en un
seul système ; du reste, le changement des mètres indique claire-
ment les différentes périodes.
Les périodes I et II se composent de trois glyconéens, précé-
dés et suivis d'un dimètre choriambique ; le premier côlon est
un dimètre I de forme normale, le cinquième un dimètre II,
changé comme nous l'avons indiqué.
La période III est ïambique (un dimètre complet et un dimètre
catalectique).
La période IV commence par deux dimètres dactyliques ne
contenant aucun spondée ; la clausula est trochaïque ; elle se com-
pose d'un monomètre syncopée deux fois et d'un ithyphallique.
23. Par l'insertion d'un nouveau pied quadrisyllabique, les
dimètres se changent en trimètres ; la forme en est très variable,
mais ils contiennent toujours un ou plusieurs choriambes. Nous
n'en traiterons que les cola qui ont été employés souvent et se
rencontrent comme vers individuels. Pour se faire une idée du.
caractère polymorphe des strophes éolo-choriambiques com-
posées librement, le lecteur analysera la strophe de la Cinquième
Pythique de Pindare :
1 'O nXovxoç Bégvaûev^ç,
"Oxav xiç âgsxâ xexpauêvov xa&agâ
Bgoxtfoioç àvijg nôxfiov naQaôôvxoç avxbv àvâyn
HoXvipiXov ênéxav.
5 T£i-d-EÔuog' AgxBolXa,
S"ù xoi viv xXvxâç
Al&voç àxgâv Bafruiôoev &no
Svv BVÔoÇla fisxavCasai
"Exaxi xgvoaguâxov Kdaxogoç •
10 Evôiav ôç uBxà xElpégiov ôuBgov xsâv
Kaxai/d^ûaaEL uâxaigav êaxlav:
I U_ U_|_U_A
u _ u uu j_u_u]_uu_
u_ uuu|_u|_uu_|u_| uu u _ A
uu u uu u _
5 —
u uu _ u u _
I

u u_
u_|_uu_|uu *

u u| _uu_ |u_
u_ u_|._ u_|_uOA
X 23 igi
IO _u_]_uu_| . uu u _ | _ u _ A
U_ . _ j _ u _u|_u _A
A l'exception de 3 et de 10, les vers de cette strophe ne comptent
pas plus de trois mètres ; elle est répétée huit fois (quatre strophes
et quatre antistrophes), ce qui permet de séparer tous les vers
au moyen des signes caractéristiques de la syllaba anceps et de
l'hiatus.
Nous analyserons d'abord les vers éolo-choriambiques (2, 3,
5, 7, 8, 10).
Le vers 3 est un trimètre se composant d'un dimètre choriam-
bique II (forme 7), précédé d'un monomètre ïambique ; la der-
nière syllabe n'en est résolue que dans cette strophe.
Le vers 3 contient un glyconéen, précédé d'un monomètre ïam-
bique, identique à celui du vers précédent, et suivi d'un mono-
mètre ïambique catalectique de forme péonique (comp. V § 6).
Le vers 5 est un dimètre choriambique II dont la première par-
tie compte quatre syllabes par suite de la résolution d'une longue
(comp. § 4Ô) ; on trouve la forme sans résolution au vers 36
(XEXXÔVCOV ôaiôaX' àytav : | _).
u
_ _ _ u u
Le vers 7 se compose d'un dimètre choriambique II (forme 4)
suivi d'un ïambe.
Le vers 8 est identique au vers précédent ; seulement, le dimè-
tre choriambique présente la forme 9.
Le vers 10 contient un dimètre choriambique II acéphale,
comme le dimètre mentionné à propos du vers 5 ; ici, la première
syllabe longue n'est jamais résolue. Il est suivi d'un dimètre
ïambique syncopé et catalectique ; les syzygies en présentent la
forme péonique et crétique (comp. le vers 3).
Il nous reste à analyser les vers non-choriambiques.
Le vers 1 est un dimètre ïambique catalectique se terminant
par un crétique apparent ; comp. V § 6.
Le vers 4 est un hypodochmius, dont les trochées complets sont
remplacés par des tribraques.
Le vers 6 est un dochmiaque de forme pure.
Le vers 9 est un trimètre ïambique syncopé et catalectique ;
comp. les vers 10 et 1.
Le vers 11 se compose d'un lecythium, précédé d'un monomè-
tre ïambique syncopé ; ici, ce monomètre présente la forme
bacchiaque (v. V § 6).
192 X 33, 34
Il est peu probable que la protraction s'ajoute à la syncope dans
les syzygies ïambiques de forme crétique ; s'il y avait protraction,
la résolution de la première syllabe longue du crétique produirait
trois brèves au lieu de deux. Par contre, il est possible que la syzygie
de forme bacchiaque (vers n) contienne une Tgiarjfioç (u_ _i).
24. Parmi les trimètres d'un emploi fréquent, le phalécien
jouit du plus grand renom; il se compose d'un glyconéen et d'une
syzygie ïambique catalectique, présentant la forme d'un bachiaque ;
quand l'isosyllabie est observée, il compte onze syllabes ; de là
le nom d'h endéc a syllabe, par lequel ce vers a été désigné
de préférence chez les Romains. Il ne semble pas que le côlon
employé comme vers individuel ait été considéré comme catalec-
tique. Voici le schéma primitif :
Oo|_uu_|u_|u_ G
D'après Caesius Bassus (p. 258, 15 K.), le livre V de Sappho
contenait déjà plusieurs phaléciens, soit comme vers répétés
sans interruption, soit comme cola ou vers isolés x). Plus tard, il
est employé de la dernière manière par les auteurs de la poésie
lyrique des choeurs et par les dramatiques ; il fait partie de quel-
ques strophes de forme fixe, par exemple de la strophe bien connue
des scolia (comp. § 31,4). Le nom est dérivé de celui d'un poète
Alexandrin Phalaecus (troisième siècle avant J.-C), qui l'a employé
fréquemment xaxà axlxov 2).
La base présente les mêmes variations que celle du glyconéen.
La base spondaïque et la base trochaïque se trouvent réunies
dans les vers de Cratinus cités par Héphestion (X p. 33 Consbr.) :
XaZg', a> XQVûôxBgcoç, BaBàxxa xtfXaiv,
Uâv, HEXaayixbv 'Agyoç êuBaxBvoev :
_-|_uu_|u_ju_ _
_u|_uu_|u_|u__ (fr. 321 K.)
Les autres bases dissyllabiques se rencontrent moins souvent ;
exemples :
'EvixrjaauBV, â>ç èBovXôuEa'fra:
u_|_uu_|u_|u_ (Scolia 6 B. = 5 D., 1)
_

*) — et continuati et dispersi leguntur.


2) Il est possible que l'emploi du phalécien remonte à Alcman; le frag-
ment 66 B. = 20 D., 2 ÇEvrl, ror xi&aoïo-xàv aîvéovxi) peut être analysé
comme un phalécien dérivé d'un glyconéen dont la pénultième est longue
(- u | _ u u _ | I u G).
_
X 24, 35 193
Jlagà Mavôgôaov éjç tplXt\v A-d"rjvâv :
uu |_uu_|u_|u__ (ibid. 3)
La base trissyllabique est toujours rare ; voici des exemples
de la base tribrachique et anapestique :
X&ovbç vnb axoxitov uvx&v nog£v&& :
uuu|_uu_|u_|u_ (Eurip., Ion 1239)
_
'YyialvEiv uèv àgtoxov âvôgl dvdxa» :
uu_|_uu_|u_|u_ (Scolia 8B. = 7D., 1)
_
La forme acéphale du phalécien n'est pas du tout rare ; elle
se rencontre déjà dans un fragment de Sappho (53 B. = 88 D.),
où Héphestion l'explique à tort comme étant un côlon ionique (a
maiore). Plus tard, il est répété trois fois dans l'Hippolyte d'Euri-
pide, vers 525 suiw. :
"Egaiç, ëgcoç 8 xax' ôftuâxcov u_u|_uu_|u_
axd^Eiç nâftov, etaâyoev yXvxsZav _|_uu_|u_|u_
_
ipvxâ X'*SIV> °®S èniaxgaxEvarf, _|_uu_|u_|u_ _
fvff uoi noxB avv xaxoe cpavEirjç _|_uu_|u_|u_ _
UT)ô' iLggv&uoç ëX&oiç : | ]
_ _uu_ _A
Ce morceau se compose entièrement de cola acéphales ; il com-
mence par un dimètre choriambique II, suivi d'un ïambe ; nous
avons rencontré la forme complète de ce côlon dans la strophe
de Pindare analysée dans le paragraphe précédent (vers 7 et 8).
Après les trois phaléciens acéphales, un reizianum fait fonction
de clausula.
Enfin, la pénultième peut être longue, comme celle du glyco-
néen lui-même :
AE-ùaïuoi ôè xaxacpftogal ôsanoiva:
_u|_uu_|u_j__ _ (Eurip., Ion 1237)
A l'époque impériale, la base spondaïque était considérée par
plusieurs poètes (par exemple Martial parmi les Romains, Syné-
sius parmi les Grecs) comme la seule forme légitime ; nous avons
vu que c'était aussi le cas pour la base du glyconéen (§ 13). En
partant de la base spondaïque, Varron avait déjà analysé le pha-
lécien comme un vers ionique ( j
u u _ u | _ u _ _,
c.-à-d. un
ionique changé en molosse, suivi de deux pieds modifiés par
suite de l'anaclase) ; v. Caesius Bassus, p. 261, 18 K.
25, Comme exemple d'une strophe où le phalécien a été employé
à côté de glyconéens et de phérécratéens, nous analyserons la
strophe célèbre de l'OEdipe à Colone de Sophocle, vers 668—680 :
Traité de métrique grecque 13
194 ^ 25> 3^
i I Evlnnov, 1-éve, xâaôs x&~ --|-uu-lu-
gaç ïxov xà xgdxtaxa yâç ënavXa,
|_uu_|u_Ju_ GA
IITbv àgyrjxa KoXwvôv, ëv#' u_ | _ u u ~ | u _
d Xiysia uivvgBxai _u|_uu_|u_
5 {hafilÇovaa udXiax' àrj- u_|_uu_|u_
ôà>v xAcoçaïç vnb Bdaaaiç, __|_UU_|_A
III Tbv olvconbv s'xovoa xia- u_|_uu_|u_
aôv xal xàv ôifiaxov •d'Bov | |
— _ _ u_
u u
IV _>uAAdoa uvgiôxagnov dvqXiov _uu _uu|_uu _uu
10 âvrjvBfiôv XB ndvxcov u_ __|_'_ _A
V Xsificbvcov, ïv ô Paxx^ca- __|_uu_|u_
xaç âsl Aiôvvaoç ëfiBaxEVBi _u|_uu_|u_)u_ _
&saZç âu<pinoX&v xc&tfvaiç : |
u u |
u |
_ _ _ _ _
La répartition des périodes est certaine ; la fin des périodes
n'est pas seulement marquée par la catalexie des derniers cola (à
l'exception de la période III), mais aussi par le changement de
mètre après la période III ; en outre, celle-ci admet l'hiatus et la
syllaba anceps dans l'antistrophe (ijuaxi | mxvxôxoç).
A l'exception de la période IV, les cola appartiennent partout
au groupe du glyconéen : glyconéen et phalécien dans la période I,
trois glyconéens et un phérécratéen dans la période II, deux
glyconéens dans la période III, un glyconéen, un phalécien et un
paraglyconeus dans la période V. Ici, le phalécien n'est pas un
côlon catalectique ; si on admet la protraction, la dernière syllabe
devient une xgiarjuoç (_J). Le mot &saZç au commencement du
côlon 13 se lit avec synizèse, le même côlon n'admettant qu'une
syllabe devant le choriambe dans l'antistrophe.
La période IV se compose d'un dimètre dactylique (comp.
la strophe de YAntigone analysée dans le paragraphe 23) et d'un
dimètre ïambique catalectique.
26. Ensuite, nous traiterons de trois autres trimètres de onze
syllabes :
1) L'hendécasyllabe saphique (_ u _c|_uu_Ju_ G)
est bien connu comme premier vers de la strophe saphique
(§ 3°» Ï) il est dérivé du dimètre choriambique II, exactement
,*

comme le phalécien du glyconéen. Le ditrochée précédant le


choriambe, admet la longa irrationalis comme une syzygie tro-
chaïque ordinaire. L'isosyllabie est observée strictement dans la
strophe éolienne. Exemples :
X s6 195
HoixiXô&gov', âftavàx' Acpgôôixa :
_u _u|_uu_|u_ G (Sappho, fr. 1 B, et D., 1)
vaivBxai uoi xrjvoç taoç xtEoiaiv :
_u __|_uu_|u_ c (Sappho, fr. 2B. et D., 1)
Horace a régularisé l'hendécasyllabe saphique, comme le gly-
conéen ; comp. Précis de métr. lat. § 20 E 1.
En dehors de la strophe saphique, l'hendécasyllabe se rencon-
tre de loin en loin comme vers ou côlon isolé ; dans ce cas, le
premier pied admet les licences habituelles du dimètre choriam-
bique ; par exemple :
Kgaxrjgayv nÂîjgcofiax , ècp oloi nefinei :
|_uu_|u_ _ (Eurip., Ion 1052)
HdAiv dv7JfA#* è|? Bvxvxiaç Axgslôaiç :
uuu__|_uu_|u_ (Eurip., Oreste 810)
_
2) L'hendécasyllabe alcaïque (o_ u | G| _uu_ | u_)
_
se compose d'un monomètre ïambique hypercatalectique et d'un
dodrans I (§ 10) ; il est répété deux fois au commencement de la
strophe alcaïque (§ 30,2). La longa irrationalis est admise aux
mêmes endroits que dans un vers ïambique ordinaire, c.-à-d. dans
la première syllabe du monomètre et dans la syllabe ajoutée après
cette syzygie. Exemples :
Aavvéxtjui x&v àvêucov axdatv :
u_ U_|U|_UU_|UG (Alcée, fr. 18 B. = 30 D., 1)
Xeificovi fiôx'frBVXBÇ fieyâXq> fiâXa :
__
u_]_|_uu_|uc (ibid. 5)
Dans le drame, l'hendécasyllabe alcaïque se rencontre sporadique-
ment, par exemple :
ABVOOCOV ô' onov yvoirj axaxbv EIÇ iiôcog :

__
u_|_|_uu_|u_ (Soph., Philoct. 716)
3) Un hendécasyllabe se composant d'un crétique et d'un gly-
conéen fait partie d'une autre strophe de Sappho :
Nvv ôèj Avôaioiv èvngénExai yvvai-\xEaaiv :
_u_|_u|_uu_|u_ (fr. 98D., 6)
Enfin, nous ajoutons deux trimètres de douze syllabes, qui
ne diffèrent des hendécasyllabes 1 et 3 qu'en ce qu'ils comptent
une syllabe de plus au commencement :
4) 'IônXox', &yva, UEXXIXÔUBIÔE Sdntpoi :
u_ u_|_|_uu_|u_ _
(Alcée, fr. 55, 1 B. = 63 D.)
Comme on le voit, c'est une combinaison des hendécasyllabes
de Sappho et d'Alcée.
196 X 26, 37
5) Krjvoç ôè yaoe'd'Biç AxgsîÔav yàua> :
u_|__|_uu_|u_ (Alcée, fr. 43 D., 6)
27. Par l'insertion d'un ou de deux choriambes dans le gly-
conéen, on obtient les asclépiadéens mineur ou majeur:
Oo|_uu_|_uu_|oO
Oo|_uu_|_uu_)_uu_jOO
En général, les licences admises dans la base et dans les syllabes
finales du glyconéen, se retrouvent dans les asclépiadéens, quoi-
que dans une mesure plus restreinte.
Le nom est emprunté à celui du poète alexandrin Asclépiadès
(commencement du troisième siècle avant J.-C.) ; mais, comme
le glyconéen, le phérécratéen et le phalécien, les asclépiadéens
ont été employés longtemps avant l'époque du poète éponyme.
Ils se rencontrent xaxà axlxov et dans la poésie lyrique mono-
dique (Sappho, Alcée) et dans la poésie lyrique des choeurs
(Stésichore).
a) Exemple de l'asclépiadéen mineur :
'HX&sç èx nEpàxav yâç ëXsfpavxivav
XâBav x& 1-lipBoç xQvaoôéxav ëxcov :
_uj_U-_j_UU_|u_
u_[_uu_|_uu_|u_ (Alcée, fr. 33 B. = 50 D., 1—2)
Par exception, la pénultième est longue :
Ov fpogBàv lEgâç yâç anôgov, ovx àXXoev :
__|_uu_|_uu_|__ (Soph., Philoct. 706)
La forme catalectique se trouve aussi de loin en loin :
ABX<piva>v fiBÔécov SovviâgaxB :
__|_UU_|_UU_|CA (Aristoph., Cav. 560)
En outre, on rencontre chez Sappho la forme qui correspond
au paraglyconeus à côté du glyconéen ; je l'indique par le nom
de parasclepiadeus minor.
Kgrjaaai vv nox' nôôeaaiv :
d>ô' êuueXéoeç
|
_ _ u u j
_ _ u uI
_ u I
_ o (fr. 54 B. = 93 D., 1)
b) D'après Héphestion (p. 34, 12 Consbr.), le troisième livre
de Sappho était écrit entièrement en asclépiadéens majeurs ;
les vers étaient groupés par distiques (Héphestion, p. 59, 9 et
63, 15 Consbr.). Il en reste quelques fragments ; par exemple :
EXvovx _J ôgâvoi nogtpvgiav nag&éfiBvov xXâfivv
:
__|_UU_.|_UU_|_UU_|UG (fr. 64 B. = 56 D.)
X 27 197
Alcée a employé ce vers lui aussi :
Mrjôsv &XXo cpvxEvojiç ngôzsgov ôévôgwv àunéXco :
_u|_uu_|_uu_|_uu_ju_ (fr. 44 B. = 97 D.)
Il ne nous reste des asclépiadéens de Stésichore que deux
(fr. 44 B, = i6D.) ; la base en est pyrrhique :
Ays, Movaa Xiysi dgfov âoiôâç ègaxcùvûuov :
,
uu|_uu_ |_uu_|_uu_|u_ (vers i)
A l'époque alexandrine, Théocrite a composé deux poèmes
dans ce mètre (28 et 30) ; nous citons le second vers de la
Quenouille (28), qui présente la base ïambique :
rvvai^iv, vôoç oixaxpsXiaç aïaiv êndBoXoç :
u__uu_„uu_]_uu_uG
La pénultième de l'asclépiadéen majeur peut être longue :
"AXXov ô' o'Crriv' ëycoy' oïôa xX-ôatv ovô' ëaiôà>v fioiga :
__|_uu_j_uu_|_uu_|__ (Soph., Philoct. 681)
La forme catalectique se rencontre déjà chez Sappho ; elle
l'a employée plusieurs fois de suite, comme la forme acatalectique :
Kax&vâaxst, Kv&égrj*, aBgoç "Aôa>vtç ' xi XB S>BZUSV ;
__|_uu_|_uu_|_uu_|o (fr, 62B. = 107D., 1)
Anacréon a employé la forme hypercatalectique :
Méxgjjç ëç noXibv xvua xoXvuBéoe UE&'ÙCOV ëgçoxi :
__|_uu_|_uu_|_uu_|u_|o (fr, 19 B. = 17 D., 2)
Elle s'appelle sim(m)iacum, d'après le poète alexandrin Sim(m)ias,
qui s'en est servi lui aussi.
Enfin, le parasclepiadeus maior a été employé sur une large
échelle par Sappho ; le témoignage d'Héphestion (p. 36, 15
Consbr.) a été confirmé par les papyrus provenant d'Oxyrhynchus ;
malheureusement, les fragments considérables qu'ils nous ont
conservés, se trouvent dans un état fort délabré (Pap. Ox. 1787 ;
fr. 65—84 D.). Héphestion avait déjà cité cet exemple :
Eùfiogqjoxéga Mvaaiôixa xâç ânâXaç Fvgivvoeç :
_|_uu_|_uu_|_uu_|u_|_ (fr. 76B. = 63 D.)
Aux fragments nouveaux, nous empruntons un vers commençant
par une syllabe brève :
Tb Xâungov "Egoeç OEXICP xal xb xdXov XéXoyxs :
uj_uu_|_uu_|_uu_|u_|u (fr. 65, 35 D.)
Voyez pour les asclépiadéens régularisés d'Horace, le Précis
§ 30 E 5 et 6.
198 X 37, s8
Rien ne s'oppose à l'insertion de plus de deux choriambes
dans le glyconéen ; ces séries ne sont plus des vers, mais des
périodes ; elles ne se trouvent que sporadiquement.
28. De la combinaison de dimètres choriambiques et de
glyconéens (phérécratéens) naissent plusieurs asynartètes employés
comme vers stichiques,
1) Le p r i a p é e n (o_|_--_|oo||o_|_u-_|o) se compose
d'un glyconéen et d'un phérécratéen ; il est nommé ainsi d'après
Priape, dieu de la fertilité, célébré par le poète alexandrin Euphro-
nius dans ce mètre1). Il était employé auparavant à d'autres
fins, comme par Anacréon pour une sérénade :
'HgiaxTjaa uèv Ixgiov Xsnxov fiixgbv ànoxXdç :
| IIl
u I I (fr. 17 B. = 69 D„ 1)
__ _ u_
u u _ __ _ u _ _
Dans ce fragment de trois vers, les bases sont partout spondaïques,
conformément à la structure des glyconéens et des phérécratéens
de ce poète ; ailleurs, la base admet les licences habituelles (v.
§ 29, 5)-
2)L'eupolidéen (OOOO|_UU_||OOOO[_U_A) se compose
de deux dimètres choriambiques II, dont le dernier est catalectique.
Il emprunte son nom au poète comique Eupolis ; Aristophane
l'a employé xaxà axlxov dans la parabase de ses Nuées (vers 518—
562). Bien que la première partie quadrisyllabique des dimètres
revête de préférence la forme du ditrochée, les autres variations
admises dans les dimètres choriambiques ne font pas défaut.
On s'en rendra compte en analysant ce passage :
°EÇ ôxov yàg ëvd'dô' vn àvôg&v, oïç ffôv xal XéyBiv,
ô aâcpgcùv XB X<*> xaxan-ôyayv agusx' ^xovaâx'nv,
xàyà> — nag-d'évoç yàg ëx' rfv, xo'ùx è^fjv nd> uoi XBXBCV

ê^é'&Tjxa, naïç ô' éxéga xiç XaBova' âvsiXBxo,
VUEZÇ ô' êÇB&gé-ipaxs yBvvaicoç xânatÔBvaaxB,
ëx xoùxov UOL ntxfxà nag° vfi&v yv&fvnç ëafr' ô'gxia :
_u_u|_uu_J_; u_u_
u u|_uu_|_ju |_u_
u|_uu_ |_u_
Il

_u_uj_uu_ _u_u[_uG(J

u]_uu_| ;
|_uO
.
[_uu_|_; |_uu (Nuées 528—533)

x) Par erreur, Héphestion l'appelle Euphorion (p. 56, 15 Consbr.).


X 28, 29 199
Une fois, une syllabe longue est résolue :
'Egv&gbv êf àxgov, naxv, xoZç naiôioiç ïv § yéXaç :
uuu_u|_uu_||_u_u|_u_ (vers 539)
On voit que la diérèse est souvent négligée.
3) Dans le cratinéen (_ u u | o o o o || o o o o | u _), composé
_ _
lui aussi de deux dimètres choriambiques, le dimètre complet est
le contraire de celui de l'eupolidéen ; c'est un dimètre I, et la partie
non-choriambique présente de préférence la forme du diïambe.
Héphestion (p. 54, 15 Consbr.) cite un exemple de forme régu-
lière, emprunté au poète éponyme Cratinus, comique lui aussi :
EiiiB xtaaoxaZx' Hva£, xa^s'> ë'<paax' 'Ex<pavxiôtjç :
I Il
u I (fr. 324a K.)
- u u _ u u
_ _ _ __ _ _ u
Il ajoute que la parabase des Embusqués (AaxgàxEvxoi) d'Eupolis
était composée entièrement dans ce mètre ; il en cite deux vers
de forme moins régulière :
"AvôgEÇ èxaZgoi, ÔEvg' ijôr) XTJV yvcbfitjv ngoalaxBXB,
si Svvaxôv, xal uij xi UEZÇOV ngdxxovaa xvyxdvsi :
_uu_J [j u|_uu
I I ; u ] (fr. 37 K.)
_ u u u
_ __ _ _ __ _u_
29, 4) Le xcouixbv ènubvixov se compose de deux dimètres
choriambiques II, dont le premier commence par une partie
non-choriambique de trois syllabes 2) :
^Q xaXXiaxrj nôXi naa&v, oaaç KXéoev ëcpogâ :
|_uu_|_iu_u|_uu_ (Eupolis, fr. 290 K., 1)
5) Dans les priapéens de composition libre, les glyconéens
et les phérécratéens peuvent être remplacés par des dimètres
choriambiques I ; alors, le côlon catalectique se termine par
un bacchée. La substitution des dimètres choriambiques aux
glyconéens et phérécratéens est conforme au phénomène dont
nous avons traité dans le paragraphe 16. Exemple :
Î2 fiaXdxaç uèv è^Eg&v, âvanvémv ô' vdxiv&ov,
xal usXtXojxivov XaXoev xal gôôa ngoaaeaijgâç '
ë> tpiX&v uèv âfiâgaxov, mgoaxw&v ôè aëXiva:
_uu_lu_u_ uu u ] _ u u _ lu
j

_uu_ju_u_]|_uu_ju )
_U|_UU_|U_||__|_UU_|G (Phérécrate, fr. 131 K., 1—3)

*) Par le terme de ijtia>vix6vt Héphestion indique un côlon ou vers où


un ionique est précédé d'un autre pied.
2) Cette forme se rencontre déjà chez Anacréon, fr. 22 B. = 72 D.
200 X 29, 3°

Dans une autre combinaison, le phérécratéen fait suite à un


dimètre choriambique II :
Ov BéBrfXoç, oe xsXsxal xov véov Aiovvaov,
xâyà> ô' ë£ EVBgyBaiTjç oegyiaauévoç ijxm,
ÔÔBVCOV ILqXovavaxbv xvBtpaZoç nagà xêXua:
_u_u|_uu_||_u|_uu_|_
|_uu_ ||_u|_uu_|_
u
|_uu_|| u_|_uu_|o (Euphronius, VI p. 294 D.)
Enfin, nous ajoutons quelques asynartètes d'importance moindre:
a) Dimètre choriambique I + ithyphallique :
Tbv uvgonoibv 'qgôu-nv Sxgâxxiv si xourjOBi:
_uu_|u_u_||_u _u|_. _ (Anacr., fr. 30 B. = 71 D.)
b) Anacréon a fait alterner deux vers dont la deuxième partie
est un ithyphallique, tandis que l'autre partie est tour à tour
un monomètre ïambique et un dodrans II de forme acéphale :
'Eyà> ô' ëx<ov axvncpov 'EgÇlavi
x& XevxoXôtpcp uEOxbv èÇénivov :
U_ U_||_U _UJ_. U
|
_ _uu_
Il |
_u _u _ .
G
(fr. 82 B. = 75 D.)
c) Deux glyconéens-)-monomètre ïambique:
Maguaigst, ôè uéyaç ôôuoç x&Xxq? " naZaa ô' "Agy xexô-
afirfxai axéya:
|_uu_|u_|| |_uu_|u_| u_
(Alcée, fr. 15 B. = 54 D., 1)
Le fragment se compose de sept vers formés ainsi. Dans le
poème dédié à Scopas par Simonide (fr. 5 B. = 4 D.), le même
vers précédé d'un ionique a minore constitue la période qui
succède à l'élégiambe au commencement de la strophe.
d) Chez Sappho (99, 100, 105 B. = 128 D.), un dicatalectum
composé de deux dimètres choriambiques I catalectiques est
répété plusieurs fois :
"OXBis yâuBgE, aol uèv ôy yduoç, à>ç âgao:
_uu_|u__||_uu_|u_o (vers 1)
30. Dans la poésie lyrique de structure monostrophique (comp.
II § 4), surtout dans celle des poètes lesbiens, des strophes com-
posées de vers ou de cola traités dans ce chapitre, sont répétées
plusieurs fois. La strophe saphique et la strophe alcaïque, imitées
X 3©, 31 2oi
par les poètes latins, en sont les plus célèbres. Alcée a employé
la première strophe lui aussi ; à une époque plus tardive, la
poétesse lesbienne Mélinno s'en est servie pour célébrer la gran-
deur de Rome (chez Stobée, III 7 ; VI p. 315 D.).
1) Strophe saphique
HoixiXô'&gov', â&avdx' Atpgôôixa, _u _u|_uu_|u_ a
naZ Aloç, SoXônXoxE, Xtaaofial ce, _u _u|_uu_|u_ a
firffi' Uoaiat ui]ô' âvlausi Sauva, _u _ u | _ u u _ | u _ _
nôxvia, iïvfiov : u u | o
_ _
(Sappho, 1 B. et D., 1—4)
La strophe se compose de l'hendécasyllabe saphique répété
trois fois (§ 26, 1) et de l'adonien (§ 11). Les éléments n'en
sont pas tous liés ensemble de la même manière ; la dernière
syllabe est partout anceps et, à la fin des deux premiers hendé-
casyllabes, l'hiatus n'est pas évité après des voyelles longues et
des diphthongues (par exemple xoi | laôdvBi, Sappho, fr. 2 B.
et D., 2—3) ; d'un autre côté, il y a synaphie entre le dernier hen-
décasyllabe et l'adonien (par exemple <pcovBl- aaç, fr. 2, 3—4).
[

2) Strophe alcaïque
AavvéxTjui x&v âvéuatv axdaiv• u_ U_|U[_UU_|UG
xb uèv yàg ëv&sv xvua xvXivôsxai, u_ u_|_|_uu_|u_
xb ô' ëv&BV * &UUEÇ ô' 8v xb uéaaov u_ u_|__ u_|o
vâï (pogTJUB&a avv \usXalva : _uu_uu|_u__
(Alcée 18 B. = 30 D., 1—4)
La strophe se compose de l'hendécasyllabe, de l'ennéasyllabe
et du décasyllabe alcaïques (comp. § 26, 2 ; V §11; VIII § 3b) ;
le premier vers est répété deux fois. Les éléments sont considérés
comme des vers indépendants ; ils admettent l'hiatus même
après une syllabe brève (par exemple ênBXàftBxo oevng, fr, 45 D,,
J

6-7)
31. Voici quelques strophes moins ordinaires :
i) JTdAAa xal XÔÔE B%nè fioi •
«"i2i.fi', âç ÔEZva nsnôvd-auBV,
Wànqt' " Tj fiâv a' âéxoia' ànvXifindvco : »
_uj_uu_||u_
l_uu_l uG
._|_uu -.uu . I
u_
(Sappho 96 D„ 4—6)
202 X 31
Deux glyconéens sont suivis d'une pentapodie dactylique éolienne
(comp. IV § 13). Tous les éléments sont considérés comme des
vers indépendants.
3) A ô' èégaa xdXa xéxvxai, XE&&-
Xaioi ôè Bgôôa x&naX' àiv-
d'gvaxa xal fwXîXcoxoç âvfrB(id>ôriç:
_u_|_u[_uu_|u_
_u|_uu_|u_
_u|_uu_|u_|u_ _ (Sappho 98 D., 13—14)
La strophe commence par un glyconéen, précédé d'un crétique
(comp. § 36, 3) ; puis vient un glyconéen, suivi d'un phalécien
Nous avons déjà mentionné le second côlon de la strophe (§ 3
in fine). U y a synaphie entre tous les éléments.
3) Kijvoç ôè yadâ&Biç Axgsîôav ydfico
ôanxéxm nôXtv, â>ç xal nsôà MvgaiXat,
&âç x afifie fiôXXrjx' "AQEVÇ ënl XEéxBa
xgônvfv. ëx ôè x°Xa> X&ÔB Xav^oluBV^' àv:
u_I |_uu_|u_
_u_uu_|_uu_|u_
u_j_u|_uu_uG
u_|_uu_|_uu_|uo (Alcée 43 D., 6—9)
Dans cette strophe, un vers composé d'un monomètre ïambique
et d'un glyconéen (v, § 26, 5) et un asclépiadéen mineur se
font suite deux fois. La longa irrationalis au commencement
du premier vers peut être brève, par exemple ^dAd<r«TOjuev (vers
10). Il semble que les éléments de la strophe sont traités comme
des vers indépendants.
4) Plusieurs scolia anonymes sont bâtis sur la strophe suivante :
AlaZ, AEttpéSgiov ngoôcoaéxatgov,
oïovç &vôgaç âncùXeaaç, fiàxEO&ai
àyad'ovç XB xal EvnaxglSaç,
ol xôx' ëSsi^av OÏCÙV naxégoev ëaav:
|—uu_|u_lu_ G
j—uu_|u_lu_ _
UU ^U^i^UU —
_uu_|u_|_uu_|uO (14 B. =34D.)
La strophe commence par deux phaléciens ; la forme de la base
est variable, comp. § 24. Le troisième vers est un dimètre cho-
X 31, 32 203
riambique II ; par suite de la résolution d'une syllabe longue,
la première partie en compte cinq syllabes ; v, § 3. Le quatrième
vers est composé de deux dodrantes I ; v. § 11. Le troisième
vers de la strophe citée présente un hiatus remarquable entre
les deux parties du dimètre. Les éléments de la strophe sont
des vers individuels.
5) D'autres scolia sont bâtis sur des strophes contenant égale-
ment des vers éolo-choriambiques. La strophe suivante se compose
de deux glyconéens acéphales et d'un glyconéen doublé :
'0 xagxivoç Sô' ëtpa 1)
XO-Xâ xbv oq)iv XaBcov '
« Ev&vv xQ^l tbv èxaZgov ëuuev xal ui) axoXià cpgovsZv : »
u | _uu_ Ju_
_ j_uu_ u_
I

__|_uu_]u_|__|_uu_|u_ (l6 B. = 9 D.)


32. De même que les dactyles purs se distinguent des dactyles
êoliens par l'absence d'une base de forme incertaine, ainsi des
choriambes purs, ne contenant que des choriambes ou des pieds
(syzygies) de mètres équivalents, se distinguent nettement des
choriambes éoliens, caractérisés par la base éolienne. Cependant,
les dactyles éoliens ne constituent qu'un petit groupe à côté
de la masse des dactyles normaux ; mais les choriambes purs
sont en minorité auprès des mètres éolo-choriambiques.
Tout porte à croire que les choriambes purs sont sortis de
cola éoliens ; alors que le dernier groupe est représenté dans
les fragments d'Alcman (comp. § 13), les choriambes purs ne
s'y rencontrent pas du tout. Ils apparaissent dans la poésie
lyrique de Lesbos ; plusieurs fragments de Sappho sont écrits
dans ce mètre; par exemple :
UagÛBvia, nag&Evla, noZ fis Xlnoia" ânoixfl '
_uu_]_uu_l_uu_)u__ (fr. 109 B. = 131 D.)
On voit que le nom de l'autre groupe n'est pas bien significatif,
les poètes éoliens s'étant servis de l'un et de l'autre ; mais nous
l'avons retenu, parce qu'il est consacré par les travaux de
Schroeder et de beaucoup d'autres métriciens modernes. En
outre, la délimitation entre les deux groupes n'est pas absolue ;
par exemple, les vers d'Aristophane cités dans le paragraphe 8
. - p, " —
,
*) La leçon des manuscrits est 'O Se xagxivoç.
304 X 32, 33

peuvent être considérés comme des choriambes purs, parce


que la liberté de structure caractéristique pour les choriambes
éoliens ne s'y fait pas remarquer ; ils ont la désinence régulière
des cola choriambiques catalectiques (u _ ; comp. le fragment
_
de Sappho cité supra).
D'un autre côté, des dimètres choriambiques de forme pure
se rencontrent parmi les dimètres éolo-choriambiques (_ u u _ [

_; v. § 3, 6).
_ u u
Par suite de l'anaclase, une syzygie ïambique devient un
choriambe (v. V § 17) ; inversement, le choriambe peut se
changer en syzygie ïambique (iuu_:SIu_, ou, avec la longa
irrationalis, _) ; la forme du pied catalectique s'explique
__ u
par cette modification du pied complet (u _ _, de u _ u _). Ces
groupes de syllabes se rencontrant également comme éléments
de dimètres éolo-choriambiques (§ 3, 4 et 8), il se présente
encore à cet égard des cas où la nature véritable des cola est
douteuse, par exemple dans la strophe d'Aristophane citée dans
le paragraphe 9. Cependant, des cola de cette forme doivent
être considérés comme éoliens, dès que des dimètres de forme
moins régulière se trouvent entremêlés avec eux.
33. Les cola acatalectiques ne se rencontrent pas comme
vers indépendants ; dans cette fonction, ils sont toujours cata-
lectiques.
Le dimètre pur de forme acatalectique (_uu_|_uu_)
fait partie de périodes choriambiques ; nous avons déjà men-
tionné la forme catalectique (_ u u | u A). NOUS analyserons
_ __
une période d'Eschyle ; ce poète a employé de préférence des
choriambes purs, comme son devancier Anacréon et son admi-
rateur Aristophane.
Mdvxiç ëxXay^BV, ngoq>égcov _uu_|_uu_
'Agxeuiv, coaxB ##dva Bdx- _uu_|_uu_
xgoiç êmxgovoavxaç Axgsi- _uu_|_uu_
ôaç ôdxgv UTJ xaxaax^Zv : _UU_|U__A
(Agam., vers 301—304)
Trois dimètres acatalectiques sont suivis d'un dimètre cata-
lectique.
Non seulement à l'intérieur d'un côlon, mais aussi dans un
côlon correspondant à un autre, le choriambe peut être remplacé
par une syzygie ïambique :
X. 33» 34, 35 205
Nvv aé, xbv èx -d-fifiExégov x) Ovnwnovx' oiixa> xaftag&ç
yvuvaaiov Xéysiv xi SBZ ovôsvbç ijxo'ûaafiBv ov-
xaivôv, ôncoç opavr\aei : ôè %VVEX&Ç Xéyovxoç :
_uu_|_uu_ u_ I_uu_

uu_|u_u_ _uu_|_uu_
— uu_ | u A _uu_|u_GA
(Aristoph., Guêpes 536—538 ; 631—633)
34. Le trimètre choriambique acatalectique
(_uu_j_uu_|_uu_) fait partie lui aussi de périodes d'une
certaine étendue, mais il est rare ; exemple :
_4t de xvgsi XLÇ néÀaç otavonoXcov :
_uu_|_uu_|_uu_ (Esch., Suppl 57)
La forme catalectique se trouve déjà chez Anacréon :
Aaxgvosaaav x è<plXijoev alxc-^v :
_ u u _ _
I
u u _ u I
__
(fr. 31 B. = 57 D.)
Voici un exemple emprunté à la poésie dramatique :
Mov fiivv&Bi XOZVSB ÔVOZV âvdxxoiv :
_UU_|_UU_|U__A (Esch., Sept 931)
35. Le tétramètre choriambique acatalec-
tique (_uu_|_uu_]_uu_) est divisé souvent en deux dimè-
tres ; dans la période suivante, il doit être considéré comme
un côlon individuel :
rH g àiBi uov uaxagixaç laoôaiuav fiaciXEVç
Bàgfiaga aaqjtjvij :
— u u ^ _uu_j
I _uu_] _uu_
-uu u _ I _ A (Ésch., Pers. 633 suiv.) 2)
Anacréon a employé comme vers indépendant un tétramètre
où les choriambes sont remplacés fréquemment par des syzygies
ïambiques :
Hglv fièv E'XCOV BeoBégiov, xaXtiufiax êotprjxcouéva :
_uu_J_uu_|u_ u _ I _ uu (fr. 31 B. = 54 D., 1)
_
Le tétramètre catalectique (_uu_|_uu_|_uu_ |u_ A)
_
a été le vers choriambique le plus en vogue ; nous en avons
déjà cité un exemple emprunté aux fragments de Sappho (§ 33).

2) Avec Brunck, je lis oé au Heu de Se.


2) Quand on sépare les deux dimètres, il faut diviser un mot dans les deux
strophes {jn.axaoi-xaç ; SX-Xoi, vers 639) ; en outre, le tétramètre se détache
nettement des mètres hétérogènes qui l'environnent. Wilamowitz ne l'a pas
divisé, comme l'ont fait Mazon et Schroeder.
306 X 35, 36, 37
Chez Anacréon, on trouve, à côté de la forme normale, deux
formes de d'abord, il a résolu la première syllabe
autres ce vers ;
(v. §1) ; puis, il a inséré dans le tétramètre catalectique, comme
dans le vers complet, des syzygies ïambiques :
'Ex noxafiov ' navégxouai ndvxa cpègovaa Xafingâ :
-uu-\u- u_|_uu_|u_u (fr. 23 B. = 73 D.) L)
36. Le pentamètre choriambique catalec-
tique a été employé comme vers indépendant ; d'après Marius
Victorinus (p. 86, 30 K.), Cratinus s'en est servi fréquemment.
L'exemple suivant est d'Aristophane :
Avxifiaxov, xbv Waxâôoç, xbv ^vyygatpîj, xbv fieXéa>v
novqxrfv :
_uu_|_uu_|__ u4|_uu_|u__ (Ach. II50)
Ici, le troisième choriambe a été remplacé par une syzygie
ïambique avec longa irrationalis ; dans l'antistrophe (vers 1162),
tous les choriambes sont purs :
Tovxo fièv avx& xaxbv ëv, xS/d"' ëxBgov vvxxsgivbv yévoixo 1
_uu_|_uu_|_uu_|_uu_|u_G
37. Les poètes alexandrins ont composé des vers catalectiques
de plus grande étendue, qu'ils employaient xaxà axixov. Ainsi,
Philicus s'est servi de l'hexamètre choriambique
catalectique, invention nouvelle, dont il se glorifie lui-
même :
Kaivoygâ<pov ovv&éaBûoç xfjç <£iXixov, ygauuaxixoi, S&ga
ngbç "ô/iâç :
cpégco

— uu-
|_uu_|_uu_|_uu_|_uu_|u (fr. 2 D,) )
Philicus a été le premier à construire des poèmes entiers sur
ce vers démesuré ; Sim(m)ias en avait déjà fait usage incidem-
ment dans ses carmina figurata, la Hache (UéAexuç, 7 D.) et
les Ailes (Hxégvysç, 8 D.).
Ces poèmes, dont l'apparence extérieure devait frapper les
yeux, se composent de vers choriambiques purs, qui descendent
de l'hexamètre jusqu'au monomètre ; ce vers, où il ne reste

x) D'après Héphestion, p. 30, 11 suiw. Consbr.; mais le vers doit être


considéré peut-être comme un asynartète; comp. § 29, 5, avec la note.
2) Récemment, un Hymne pour Cérès de Philicus, bâti sur ce vers, a été
retrouvé; v. New chapters in the hist. of Gr. lit. III p. 195 suiw., et l'article
de Gallavotti dans Studi It. di Fil. Cl. N.S. IX, 1931, p. 37 suiw.
X 37, 38 207
des choriambes qu'un bacchée apparent, aura été inventé dans
le seul dessein de compléter la forme que le poème doit concrétiser.
Voici la Hache :
AvSgo'ô'Bq. S&gov ô $O>XEVÇ xgaxsgâç uijôoovvaç fjga xivoev A&âva
anaa' 'Enstbç néXexvv, x& noxe niigyoïv #eoT_t/xr<_v xaxégetivev aïnoç
xâfioç, ënEl xàv lEgàv xygl nvghtvcp nôXiv fj&âXcoaBv
AagôaviSâv, #gu_o/?a<peïç S' _o"tv<p_Ai£* ëx ^e/té^Acov âraxtaç
ovx ëvdgvd-uoç ysyaàç ëv ngofiâxoiç Axaioev,
âXX' ànb xgavâv l&agâv vâua xâfiiÇs ôvaxX^ç '
vvv ô' ëç 'OurjgEiov ëBa xéXBV&ov
aàv x^Qtv> àyvà noXvBovXB HaXXdç.
xglç fidxag, ôv ai) &vfi&
ïXaoç àncpiÔEgx&fjç '
oô' o'Xfioç
OBI nvBZ.
-uu__uu_]_uu_J_uu_J_uu_lu

uu_'_uu_l_uu_|_uu_j_uu_u_u
_UU_J_UU_ _UU_|_UU_ l U _ U

uu_l_uu_!_uu_l_uu_ju_u
_uu_]_uu_J_uu_|u

UU_I_UU_]_UU_]U
_UU_'j_UU_[u_U
_uu_j_uu_]u_u
_ u u _ u
J

_uu_ Ju
U—û
u
Marius Victorinus mentionne un vers du poète comique Phry-
nichus qui aurait compté sept choriambes (p. 87, 30 K.) ; mais
il n'est pas probable qu'une agglomération aussi considérable
ait jamais compté pour un seul vers; elle se divise en cola
(dimètres, trimètres). Eschyle a des systèmes encore plus amples :
un système de huit choriambes commence au vers 201 de
YAgamemnon (cité dans le paragraphe 33), de neuf choriambes
au vers 918 des Sept contre Thèbes.
38. Comme strophe d'un poème de structure monostrophique,
Anacréon a combiné deux tétramètres choriambiques acata-
lectiques admettant librement les syzygies ïambiques (comp.
§ 35), avec un dimètre ïambique acatalectique (fr. 21 B. = 54 D.) :
208 X 38

Hglv fièv ê'xcov BsgBégtov, xaXtiuuax' êacprfxcouéva,


xal ÇvXlvovç âaxgayâXovç ëv dtal xal vpiXbv nsgi
nXEvgfjai, ôéggiov Boôç:
_uu_|_uu_]|u_ u_ j uG
_uu_|_uu_||u_ u- [
u^
uu
u_ u_ I

La strophe est répétée quatre fois ; la substitution de syzygies


ïambiques aux choriambes n'est astreinte qu'à cette règle que
le second pied de chaque vers est toujours choriambique, et
que la fin en est toujours une syzygie ïambique. La diérèse
médiane est négligée dans les vers 5 et 11.
Nous terminons ce chapitre par l'analyse d'une strophe de
composition libre, où les choriambes se joignent aux ioniques
a minore (Sophocle, OEdipe-Roi, 484—497) :
1 I Aeivà uèv oëv, ôeivà xagâaaBi aotpàç olavo&éxaç
OVXE ôoxovvx" oiix' ànoqjàaxovd1' ' S xt Xè%a> S' dnogâ.
II Héxofiai ô' êXniaiv ovx' èv&âô' ôg&v oîSx' ànlaoj.
xi yàg fj AaBôaxiôaiç
5 III nH xà UoXvflov vsZxoç ëxsix' ; ov-
XB nâgoi&BV nox' ëyoyy' ovxe xavvv na>
TV 'Efiafrov ngbç ô'xov ôij fiaoàva»
_ _v_
ënl xàv ëniôafiov tpâxiv eï/i* OlSmôSa Aafiôaxlôaiç

ënixovgoç âô^Xatv •d'avâxcov:
I 1 _ U U |_ UU_ |_ U U |_ U U
— — —
_uu_|_uu_l_uu_!_uu_
II uu I
uu \u u |uu_ .
uu uu_A
5 III __.|uu__|uu__
UU UU WU
JLV UU„ . uu uu |uu__
.
uu__ .
[uu Juu
Juu u u_ ,
]uu_A
uu__ . Juu
A part quelques retouches légères, le texte est celui de Mas-
queray. La composition générale de la strophe est claire ; huit
choriambes purs sont suivis d'ioniques a minore, syncopés de
loin en loin ; une fois (côl. 5), les deux syllabes brèves sont
contractées en une longue. Il est probable que la durée de la
dernière syllabe des pieds syncopés était augmentée par la
protraction (uui_i et _L_I; comp. IX § 1). La répartition des
cola et des périodes est moins certaine ; Schroeder découpe,
X 38, XI, i 309
selon son habitude, le groupe des choriambes et celui des ioniques
en dimètres et en trimètres ; ces derniers cola embrassent les
ioniques de nos cola 8 et g, depuis le mot <pdxiv. Tout ce qu'on
peut dire avec certitude, c'est que des périodes nouvelles com-
mencent après le côl. 3, où les choriambiques finissent et les
ioniques commencent, et après le côl. 6, parce qu'il y a hiatus
entre ce côlon et le côlon suivant. La lacune à la fin du côl. 7
résulte de l'étendue du même côlon dans l'antistrophe.
Il n'y a jamais diérèse au milieu des tétramètres choriambiques,
ni dans la strophe, ni dans l'antistrophe ; c'est un indice qu'ils
ne doivent pas être divisés en dimètres (comp. § 35 avec la
note 1). Quant à la division des ioniques, il faut observer la
répartition des pieds syncopés ; dans la dernière période, chaque
côlon commence et finit par un ionique syncopé (ionique cata-
lectique à la fin de la période entière). Ainsi nous distinguons
quatre périodes ; la période I compte deux tétramètres choriam-
biques ; la période II, un tétramètre ionique et un dimètre
ionique catalectique ; la période III, deux trimètres ioniques ;
"

la période IV, un tétramètre, un pentamètre et un trimètre, tous


ioniques ; le dernier côlon est catalectique.
Le rythme mouvementé des choriambes exprime l'inquiétude
profonde causée par les paroles de Tirésias ; à travers les ioniques,
un état d'âme agité continue à se faire jour, mais la tension de
l'esprit s'est relâchée ; un soulagement prématuré s'est emparé
du choeur.

XI. Le crétique
1. Le crétique (_u_) et les péons, qui naissent du crétique
par la résolution d'une syllabe longue, comptent cinq morae ;
ils appartiennent au yévoç fjuiéXiov, le rapport entre le levé et
le frappé étant de 2 :3 (ou bien de 1 : 1 J). Les péons provenant
de la résolution de la première et de la dernière syllabe longue,
sont le péon quatrième (uu u _) et le péon premier (_ u uu). Enfin,
les deux syllabes longues peuvent être résolues (uu uJ) ; ce pied,
u
qui se compose de cinq syllabes brèves, s'appelle ogftioç ou àgtâ-
uioç.1). Il ne se rencontre que sporadiquement ; le péon quatrième

x) V. VAnonymus Ambrosianus, An. Var. Stud. p. 232, 10.


Traité de métrique grecque 14
3IO XI I
lui aussi. Héphestion cite un vers d'Aristophane
est assez rare,
présentant la combinaison des deux péons :
'Ev âyogâ ô' av nXdxavov ei ôiavpvxE'ùaouEv:
uuu_|_uuu| _UUU|_UG (p. 41 Consbr. ; fr. ni K.)
Nous avons déjà vu qu'il y a une affinité assez frappante entre
le crétique et le trochée (v. VI § 1 et 6) ; le nom de xgrjxixôç
désigne également le ditrochée *).
Le crétique s'emploie de préférence dans les poèmes qui accom-
pagnent la danse (hyporchèmes, vnogx^uaxa) ; le nom du pied
se rapporte aux airs usités par les Cretois ; c'est un Cretois, le
poète et musicien Thalétas, qui s'en serait servi le premier 2).
Le crétique est déjà désigné par le nom habituel chez le vieux
poète comique Cratinus ; il annonce une chanson composée
dans ce mètre, par le trimètre ïambique suivant :
'EysigB ôij vvv, Movaa, xgijxtxbv uéXoç
(Héph. p. 40 Consbr. ; fr. 222 K.)
Le nom du crétique résolu est dérivé du nom qui indique des
chants religieux en l'honneur d'Apollon (péans, naiâvBç, d'après
le refrain lij naiâv) ; Aristote appelle le pied métrique naidv, et
non naioev (Rhét. III 8,5). D'abord, les hyporchèmes et les péans
ne constituaient pas des genres nettement distincts; ainsi on
ne savait pas exactement si les chants de Xénodamos de Cythère
étaient des péans ou bien des hyporchèmes (Plutarque, De Mus.
ch. 9, § 92 suiv. W. et R.). Plus tard, on séparait les deux genres ;
on faisait rentrer les hyporchèmes et les péans de Pindare dans
des livres individuels. Bacchylide a composé des chants entiers
(é'Aa aïauaxa) en crétiques (Héphestion, p. 42, 23 Consbr.) ;
nous possédons encore un fragment d'un hyporchème écrit dans
ce mètre (15 Bl.-Sn.).
Les vers crétiques les plus anciens dont nous avons connais-
sance, appartiennent également à la poésie lyrique des choeurs ;
ils sont d'Alcman (fr. 38 B. = 36 D. ; 19 B. = 61 D.). Dans la
tragédie, ce mètre est peu fréquent ; par contre, les crétiques
abondent chez Aristophane, surtout dans ses premières comédies.
Dans le culte d'Apollon, le mètre crétique a été en vogue de tout
temps ; il était employé dans une partie du vôuoç nv&ixôç, l'air

x) V. les scolies B d'Héphestion, p. 302, 20 Consbr.


2) D'après Ëphorus (Strabon X p. 480 suiv.) et Glaucus (Plut, de Mus.
ch. 10, § 98 suiv. W. et R.). Thalétas vécut un peu plus tard qu'Archiloque.
XI i, 2, 3, 4 2ii
pour flûte, dans lequel le combat du dragon de l'ancienne Pytho
et d'Apollon était imité par les sons et les rythmes de la musique
(v. Olivieri, Nomos auletico, Naples 1918, passim) ; les fouilles
de Delphes nous ont rendu des hymnes à Apollon, de mètre cré-
tique eux aussi ; v. § 10.
2. Dans le rythme de la prose, les différentes formes du cré-
tique étaient employées de préférence, à partir de Thrasymaque ;
d'après Aristote, ce genre de mètre se recommandait à cause de
l'emploi peu fréquent qu'en faisaient les poètes ;. en l'employant,
l'écrivain évitait l'apparence d'écrire des vers, ce qui ne serait
pas le cas, s'il se servait des mètres ordinaires (dactyles, ïambes,
trochées) ; v. sa Rhétorique, III 8,4 suiv..
Le caractère du crétique est qualifié de vigoureux et éner-
gique ; Éphorus l'appelle avvxovoexaxoç (dans le passage cité
dans la note 2 au paragraphe précédent) ; Aristophane commence
un chant crétique par l'invocation de la Movaa ëvxovoç Axagvixrj,
Ach. 666.
Comme nous l'avons vu, les formes syncopées de la syzygie
ïambique et trochaïque et du choriambe, présentent l'aspect
d'un crétique ; v. V § 3, VI § 1 et X § 1.
Les cola et les vers catalectiques sont peu fréquents ; le dernier
pied y est un spondée, par exemple :
"EXBXB XBLu&vâ x' ègÔEvxa M.aga'd'&voç :
UUU_|_UUU|_UUU|_GA (Aristoph., Ois. 246)
Les vers crétiques employés xaxà axlxov peuvent compter
jusqu'à six pieds ; comp, Héphestion, p. 42, 15 Consbr,,
3. Comme monomètre individuel, le crétique se rencontre
au commencement de quelques cola ou vers éolo-choriambiques,
par exemple comme première partie d'un dimètre choriambique
(X § 4b 2) et devant un glyconéen (X § 26,3). Le péon se trouve
également au commencement d'un dimètre choriambique (X § 3,
n et § 4b) ; comme nous l'avons vu, nous ne pouvons démontrer
qu'exceptionnellement que ce sont là des péons véritables corres-
pondant à un crétique résolu.
4. Le dimètre crétique (_ u | u _) se rencontre
_ _
comme élément constitutif d'unités de plus grande étendue ;
par exemple, la première période d'une strophe d'Aristophane,
Cavaliers 322—332, se compose de quatre dimètres non résolus,
dont les trois premiers sont liés ensemble par suite de la synaphie :
312 XI 4, 5

Aga ôfjx' ovx an âg- ]


_ _ _ u _.
u
Xyç èôrjXovç aval- |
_ _ _u_
u
ÔEiav TJnsg uôvn |
_ _ _u_
u
ngoaxaxsZ grjxôgcov : |
- _ _u_
u
Le trimètre crétique (_u_|_u_|_u_) se rencontre
quelquefois comme côlon ou vers isolé ; par exemple :
Mi} xi xXfjç xàv Ixéxiv BIOIÔBZV :
_u_|_uuu|_u_ (Esch., Suppl 429)
Le côlon se trouve au commencement d'une strophe, dont les
autres cola se composent de dochmiaques.
Le plus souvent, le trimètre fait partie de périodes crétiques;
d'ailleurs, la répartition des crétiques par cola est parfois fort incer-
taine. Par exemple, la strophe des Suppliantes éschyléennes qui
précède la strophe dont nous venons de citer le premier vers, se
compose, selon Schroeder, d'un trimètre et de deux tétramètres :
<&gèvxioov xal yEvov navôixcoç
EvasBijç ngôf-Bvoç ' xàv <pvyâôa ui} ngoô&ç,
xàv ëxa&sv èxBoXaZç ôva&éoiç ôguévav :
_u_|_u_]_u_
_U_J_U_]_U uu J
_u_
_uuu|_u_|_u_|_u_ (vers 418—422)
Mais, dans les éditions de Wilamowitz et de Mazon, les deux
tétramètres sont divisés en quatre dimètres ; d'autre part, Mas-
queray (Traité p. 207, § 199) a réuni la dernière partie (depuis
xàv tpvyàôa) en un seul hexamètre.
Dans les Acharnêens d'Aristophane, les vers 672—675 (Ol ôè —
xbv ôrjuôxrjv) se divisent en trois trimètres selon Schroeder et
d'après l'édition de Coulon ; mais White (Verse p. 200) en fait
trois dimètres, suivis d'un trimètre.
5. Dans la tragédie, on rencontre quelquefois des dimètres
se composant de péons quatrièmes ; par exemple :
Iôeïr onov ngovéfiBxai :
I
uu u _ uu u _ (Soph., Électr. 1384)
Ici, le côlon est suivi d'un dimètre dochmiaque; ailleurs, il
se joint à des cola trochaïques, comme c'est le cas dans le ôéauioç
Buvoç des Euménides d'Eschyle ; dans ce cas, les péons apparents
doivent être considérés comme des syzygies trochaïques synco-
pées, comp. VI § 7. Même dans les cola péoniques isolés, cette
scansion est possible (uuu |
uuu .).
_ . _
XI 5, 6 213
Un trimètre formé ainsi se rencontre dans l'OEdipe à Colone de
Sophocle :
'Ev â<paveZ fin u6gq> tpsgôfiBvov :
uu u _ | uu u _ | uu u G (vers 1682)
Le dimètre catalectique
(_ u |
_ __
A) est répété
plusieurs fois dans une strophe de la Lysistrata d'Aristophane ;
le crétique complet y revêt toujours la forme du péon premier ;
par exemple :
Kax' êXayo&rjgBi : u uu |
A
(vers 789)
6. Le tétramètre crétique (___|___|_u_|___)
_ __

Les cola de cette étendue peuvent être employés comme vers


stichiques, admettant l'hiatus et la syllaba anceps à la fin. A l'ex-
ception du dernier pied, les péons peuvent être substitués aux cré-
tiques ; dans les tétramètres d'Aristophane, les trois premiers
crétiques sont souvent tous résolus. Par exemple, la strophe
des Guêpes, vers 1275 suiw., se compose de huit tétramètres
crétiques formés ainsi, suivis d'un tétramètre trochaïque. En voici
le commencement :
'il fiaxâgi AVXÔUEVEÇ, côç OE fiaxagiçofiBv '
naZôaç è<p,ûxBvaaç OXL x^tgoxExvixcaxdxovç:

uuu _ U UU
I I]
_ u uu _ u G
J ]j
_ U UU _ U UU _ U UU I _ U _
La diérèse entre les deux dimètres, dont le tétramètre se com-
pose, n'est pas toujours observée ; par exemple :
"Qvxivà nox' COUOCB fiad-ôvxa nagà firjÔBvôç:
u uu u u^u
J
u uu _ u u I (Vers I2ul^
— __ —
Le tétramètre se trouve déjà dans les fragments d'Alcman ;
la diérèse y est soulignée par l'admission de l'hiatus ; la fin de
chaque pied coïncide avec la fin d'un mot ; aucun crétique n'est
résolu :
Ovôè x& KvoixàXoj ovôè xoe NvgavXa:
j I) I (fr. 19 B. = 61 D.)
u
_ _ _u_ _ _ _ _
u u
A l'époque alexandrine, Si(m)mias a composé des tétramètres
de forme variée ; tantôt il évite les crétiques résolus, tantôt le
nombre des résolutions est porté au maximum. Exemple de la
première manière :
MâxEg, & novxia xXv&i vvutpâv âBgâv,
Aoegi, xvfioxxénmv ifgav' âXicov uvx&v:
_u_|_u_||_u_|_u_
j I] I (fr. I D.)
_u_ _u_ _ u uu _ u _
2i4 XI 6, 7, 8
Le seul crétique résolu se trouve au troisième pied du second vers.
Par contre, il n'y a aucun crétique non résolu dans le fragment
qui suit ; à l'exception de la dernière syllabe, toutes les syllabes
longues y sont résolues :
Se noxE, Aiôç, âvà ntiuaxa, vsagè xôgs vB§goxit<ov :
uu u uu uu u uu
I I
uu u uu J uu u — \tr. 3 V
D'autre part, Héphestion cite un tétramètre se composant
de péons quatrièmes, à l'exception du dernier pied :
QvuEXixàv ïwi, fidxag, <piXo<pgova>ç EIÇ Bgiv:
uuu_|uuu_j|uuu_|_uo (Adesp. 107 B. = Delph. 1 D.) *)
7. Les autres vers crétiques sont rares :
Le tétramètre catalectique (_U_|_U_|_U_|_OA)
KgrjaioLÇ ëv gv&uoîç naZôa ueXipcbfiBv
(Adesp. 118 B. = 25 D.)
Un tétramètre comptant trois péons, dont un péon quatrième,
a été cité dans le paragraphe 2 (Aristoph., Ois. 246).
Le pentamètre acatalectique est appelé theo-
pompeum, d'après le poète comique Théopompus (Héphestion,
p, 41, 12 Consbr.) ; dans l'exemple cité, les péons premiers sont
substitués aux crétiques, à l'exception du dernier pied :
Bîâvx' àya&à ôij yéyovsv âvSgdaiv èfiijç ânb avvovaiaç:
_uuu|_uuu||_uuu|_uuu|_u_ (Théopomp., fr. 38 K.)
L'hexamètre catalectique a été employé par Alcman :
A<pgoSlxa fièv ovx ëaxi, udgyoç S' "Egoeç oïa naZç nalaÔBi,
axg' en' avd"n xaBalvoev, â uij uoi d'iyyç, x& xvnaigiaxco :
_u_|_u_|_u_]_u_|_u_|
_u_|_u_|_u_||_u_|_u_|__ (fr. 38B. =36D.)
8. Comme exemple d'une strophe crétique de structure régu-
lière, nous citerons la strophe des Acharnéens d'Aristophane,
dont il a été question à la fin du paragraphe 4 (vers 665—675) :
1 I Aevgo Mova' êX-frè yXsyvgâ, nvgbç ë-
Xovaa uévoç ëvxovoç Axagvix-fj •
II Oïov êf âv&gdxmv ngivlvmv
(pétpaXoç àvrfXax' êgB&iÇôfievoç

x)Aristote cite un tétramètre du même type ne comptant que des péons


(Rhét. III 8, 6):
Merà Se yâv vSaxà x" mxeavàv ijcpâviae Nvl; :
uuu_|uuu_|uuu_|uuu_ (Simonid. 26 B. = Delph. 4 D.)
XI 8, 9 215
5 ovgla. gmiÔL,
III 'Hvix' ënavd'gaxiSsç &ai nagaxsifievai,
oiv
TV Ol ôè Oaaiav âvaxvxX&ai Xmagdunvxa,
V Ol ôè udxxcaaw, ovxa> aoBagbv
ëXûk uéXoç ëvxovov, âygoixâxegov
io â>ç èuè XaBovaa xbv ÔÏ]UÔXTJV:
I I u |
_ _ _ u uu _ u uu
J

u uu I
_ u uu _ u _
II —
_u_|_u_|_u_
„ U UU U UU _ U UU
-_
!

5 u I
_ _uu
III —
j j
_ u uu _ u uu _ u uu _ u _
I

IV j
— u uu _ u uu
I j
_ u uu _ u u
V _U_|_U_']_U uu

u uu [ __ u uu j _ u uu
IO _ U UU J 1
_U_ _U_
Nous avons déjà vu que la répartition des cola n'est pas certaine ;
par contre, la fin des périodes entières se dessine nettement par
l'hiatus et la syllaba anceps ; l'hiatus se trouve à la fin des péri-
odes I et III, tandis que les deux phénomènes se présentent
ensemble à la fin des périodes II et IV. Chaque période se
termine par un crétique; au commencement et au milieu, les
crétiques et les péons alternent avec une certaine symétrie, le
nombre des péons étant le plus élevé.
Suivant notre colométrie, la période I embrasse deux trimètres,
la période II, deux trimètres, suivis d'un dimètre, les vers III
et IV ne comptent qu'un seul tétramètre, la période V embrasse
trois trimètres.
Dans l'antistrophe (vers 693—703), la correspondance est tout
à fait exacte ; aucun crétique ne correspond à un péon, ou inverse-
ment. Ailleurs, la correspondance entre ces pieds se rencontre de
loin en loin, bien qu'elle ne soit pas très fréquente.
9. Au paragraphe 1, nous avons appelé une fois de plus l'atten-
tion du lecteur sur l'affinité existant entre le crétique et le trochée,
dont nous avions déjà parlé en traitant du trochée ; non seulement
ces deux mètres se trouvent parfois combinés dans le même
côlon ou vers, mais ils peuvent aussi se remplacer dans des
strophes correspondantes. L'analyse de la strophe suivante d'Aris-
tophane présentera un exemple de ces deux phénomènes :
2i6 XI 9

i I Mv&ov BotiXouai XéÇai xiv' vfiïv,


ov nox' fjxovo' avxbç ëxi naZç cov.
II Ovxoeç rjv vsavloxoç MsXavlcav xiç, oç <pBv-
yoev ydfiov àçpixsx' ëç êgrjulav, xàv
5 xoZç ogsaiv COXEI
III -KaV êXayo&ijgBi
nXB^duBVOÇ
agxvç
xal xvva xiv' BIXBV,
TV Koèxéxi xaxrjX&B nâXiv o'txaô' vnb fiiaovç.
10 V Ovxco xàç yvvaZxaç ëf3ÔBXvx'9"n
'xeZvoç, TJUBZÇ ô' ovôèv i\xxov
xov MsXavimvoç ol adixpgovBÇ :
I I
_. _. |-u __|_u __
| I
-u _ u uu A
II _. _.|_U |_UUu|_U
_ U UU — u uu _ u _ _
5 _ u uu ] A
III _ u uu j A

_ U uu A

_ u UU J _ u A
IV _ u uu I
_ u uu _ u uu A

10 V -. |
_u
_u|_u __
_ .
_u j
_u
_UUU|_U_|_UG (Lysistr. 781—796)
Dans cette strophe encore, la colométrie est loin d'être cer-
taine ; les périodes elles-mêmes ne peuvent pas être séparées
d'une manière indubitable. Nous distinguons cinq périodes,
toutes de mètre crétique-trochaïque mélangé. Nous avons déjà
mentionné le dimètre crétique catalectique répété quatre fois
(v. § 5). Parmi les syzygies trochaïques, il y en a trois dont les
deux pieds sont syncopés ; en apparence, ce sont des spondées.
Les autres syzygies trochaïques sont toutes de structure épitri-
tique, à l'exception de la seconde syzygie du côlon 10. Sans aucun
doute, la musique faisait ressortir davantage le contraste entre ces
rythmes lourds et traînants et les péons d'allure légère et rapide.
Probablement, la durée des syllabes longues était prolongée par
protraction dans les syzygies syncopées et à la fin des cola cata-
lectiques, quand la fin d'une période ne comportait pas une pause.
Dans l'antistrophe (vers 805^—830), les péons des cola 5 et 6
sont remplacés par des trochées ; ainsi ces cola deviennent des
XI 9, io 217
ithyphalliques ÇE-]givôcov ànoggéÇ. \ oîixoç ovv ô Tificov);
inversement, un péon se substitue à une syzygie trochaïque dans
les cola 3 et 4 (Tiucav rjv xiç âïôgvxoç âBdxouaiv ëv axa>- j

Xotat xà ngoaoïna nEgcsigyuévoç, 'E-\PWÔG>V),


La période I se compose de deux cola, dont le premier est un
trimètre trochaïque ; la première syzygie est syncopée (probable-
ment _j _J). Le second côlon est un trimètre crétique catalec-
tique, commençant par une syzygie trochaïque.
La période II se compose de trois cola ; le premier est un tétra-
mètre trochaïque, dont la structure est la même que celle du
côlon 1 ; mais il est augmenté d'un péon. Le second côlon est un
trimètre comptant deux péons et une syzygie trochaïque. Le
troisième côlon est un dimètre crétique catalectique.
La période III se compose de trois dimètres crétiques cata-
lectiques ; probablement, la dernière syllabe longue des deux
premiers de ces cola était une xgLatfuoç-, donc, ils se termine-
raient par ___!..
Le vers IV est formé par un seul côlon, un tétramètre crétique
catalectique.
La période V commence par le même côlon que la strophe entière
(1) ; seulement, la seconde syzygie n'a pas la longa irrationalis.
Le second côlon est un dimètre trochaïque, le troisième côlon
un trimètre crétique acatalectique,
10. Dans les hymnes delphiques, la composition des crétiques
est très libre. Ils n'admettent pas de pieds hétérogènes ; mais
ils présentent toutes les formes résolues, y compris l'Sg-frioç,
insérées arbitrairement parmi les crétiques purs ; les cola ne sont
pas groupés en unités plus grandes.
Il s'agit de deux hymnes à Apollon, datant de la dernière
moitié du second siècle avant J.-C. ; ils ont été gravés sur des
pierres à Delphes, retrouvées grâce aux fouilles de l'Ecole Fran-
çaise. L'annotation musicale est jointe au texte, mais il n'y a pas
d'annotation rythmique ; en effet, le rythme étant indiqué suffi-
samment par la durée normale des syllabes du texte, il n'était
pas nécessaire d'y adjoindre des symboles rythmiques x).
x) Les hymnes, publiés pour la première fois en 1893 et 1894 (B.C.H.
XVII et XVIII), ont été discutés et édités souvent, par exemple dans les
Musici scriptores de Von Jan (p. 432 suiw.; p. 8 suiw. du Supplementum)
et dans les Collectanea Alexandrina de Powell, p. 141 suiw.; l'Anthologia
lyrica de Diehl ne présente que le texte seul (VI p. 303 suiw.).
2i8 XI io, II
Nous analyserons le commencement du premier hymne, d'après
le texte de Diehl (VI p. 303 suiv.) :
Movoai, 'EXix&va Ba-d'vôsvôgov aï
1
XdxBXB, Aibç êgiBgôuovov
&vyaxgBÇ BVC&XBVOI, UÔXBXE, ovvôuaiuov ïva
OEoioZBov oeiôaBZai UBXIPT)XB xQvaBoxôfiav,
5 ôç âvà ôixôgvvfia Blagvaaaiôoç
xaâoÔB néxBgaç ëôgav' au' âyaxXvxaisZç
ABsXcpiauv KaaxaXiôoç sovvôgov
vduax' kniviaoExai AsXfpbv âvà
ngm&va uaavxBiEZov ëcpéncov ndyov :
I _ u uu I
_ U UU \

U—
uu u uu uu u _
1

uu u _ _ u _ uu u uu _ u uu
_u_|_u_|_u_| uu u _
5 uu u uu I _ u _ I — U —
j
— u J
_ _ u uu uu u _
| j
u
_ _ _ u uu _u_
I I
_ u uu _ u _ _ u uu
[ I
u
_ _ _ u uu _uG
Nous remarquons que les voyelles et les diphthongues de plu-
sieurs syllabes longues ont été doublées ; chacune de ces syllabes
porte deux notes musicales ; par exemple, le premier crétique du
côlon 6 (xâaÔE né-\xgaç) était chanté sur cinq notes, dont cha-
cune avait la durée d'une mora (J).
Le bacchée et le palimbacchée
11. Ces deux pieds, appartenant également au yévoç ^uiôXtov,
comptent cinq morae, comme le crétique ; ils en diffèrent parce
que les deux syllabes longues se font suite ; dans le bacchée, la
syllabe brève précède (u _), dans le palimbacchée, elle suit
_
les syllabes longues (__u). Ce pied, dont le nom indique qu'il
est à l'envers (nâXiv) du bacchée, s'appelle aussi antibacchius ou
dionysius (Choerob., p. 216, 16 Consbr.). Il est très rare ; Héphestion
le nomme, mais il n'en traite pas comme d'un pied individuel.
Tous les noms de ces pieds se rapportent au culte de Bacchus,
où ils étaient employés dans le chant religieux ; v. le passage de
Choeroboscus cité supra. Nous avons déjà vu que les rythmi-
ciens désignaient par le nom de fiaxxsZoç le choriambe et l'antis-
paste ; comp. X § 1.
XI II, 12 219
Les pieds bacchiaques peuvent représenter une syzygie ïambique
ou trochaïque syncopée (u _ . _ et _ . _ u), comme c'est le cas
pour le crétique ; le nombre des bacchées et des palimbacchées
véritables est plus petit, en ce qui concerne les pieds représentant
des syzygies syncopées, que celui des crétiques. Dans les séries où
plusieurs bacchées (palimbacchées) se font suite, la fin de chaque
pied coïncidant régulièrement avec celle d'un mot, ces pieds sont,
selon toute vraisemblance, des bacchées ou des palimbacchées
véritables, bien que l'autre analyse soit toujours possible.
Parfois, une syllabe longue est résolue ; par exception, la pre-
mière syllabe du bacchée admet la longa irrationalis (o _) ; à
_
la fin d'un vers, la dernière syllabe du palimbacchée est, cela
va sans dire, une anceps (_ _ G). Les cola ou vers bacchiaques
catalectiques sont rares ; le dernier pied en revêt la forme de
l'ïambe (UG).
En général, les bacchées sont peu fréquents x) ; on les rencontre
de loin en loin dans la poésie dramatique, surtout chez Eschyle,
et dans la poésie lyrique des choeurs.
12. Le côlon ou vers de la plus petite étendue est le dimè-
tre bacchiaque (u__|u__):
Taxx ', & "Iaxxe, _ | o
__ - _
"Iaxx\ 5> laxxE : u _ | u o (Aristoph,, Gren. 316 suiv.)
_ _
A cause de l'hiatus, les cola ressortent clairement comme des
vers isolés.
Chez Simonide, le dimètre bacchiaque se rencontre parfois
comme côlon indépendant au milieu d'autres mètres ; par exem-
ple : iïe&v [_'] ê| àvâxxcov, fr. 36 B. =7 D., 2.
Chez Pindare, le dimètre bacchiaque se trouve après un
dochmiaque et un dimètre crétique :
Xaxii,Et. aotpbç ô u — u __
noXXà slôà>ç <pvâ * u | u
_ _ _ _
ua&ôvxBÇ ôè XàBgot : |
u__ u__
(Pind., 01 II, 94 (154) suiv.)
Exemple d'un bacchée avec longa irrationalis :
TQ Haidv, <pavBit]ç : |
u__
(Eurip., Aie. 92)
Le trimètre bacchiaque (u__|u__|u__) est fort
rare ; exemple :
x)Ta Se Paxxsiaxov anâviàv ioziv, &are, si xal crccu atoxs ëfiaiéooi, cm
pgaxv Evgioxeo-8-ai, Héph. p. 43, 1 Consbr.
220 XI 13

OEovBtiovaa Xatu&v ôiaunàl-:


u__|u__|u__ (Eurip., Bacch. 994)
13. Le tétramètre bacchiaque (u__ | u_ _ | u__ | u_ _),
composé de deux dimètres, est le moins rare des séries d'une
certaine étendue. Héphestion cite un fragment d'Eschyle qui
en contient deux de suite :
'O xavgoç ô' B'OLXEV xvgi^Biv xiv' âg%dv,
(p'd'âaavxoç ô' en' ëgyoïç ngonrjôyaBxai viv
(p. 43, 3 ; fr. 23)
Un autre tétramètre se trouve dans le Prométhée du même
poète :
Tiç âxâ, xiç ôôfià ngoaénxa u' âqjEyyijç :
u__|u__|u__|u__ (vers 115)
Eschyle a employé les bacchées sur une échelle plus large dans
le célèbre chant alterné de Cassandre et du choeur dans l'Aga-
memnon :
' OxoxoxoZ, nônoi ôâ' u uu _ | u —
"AnoXXov, "AnoXXov : u_G |u_G
(vers 1072 suiv.) x)
La strophe est complétée par deux trimètres ïambiques du
choeur ; puis, la strophe entière est répétée (vers 1076—1079).
La deuxième strophe commence de nouveau par une invo-
cation d'Apollon par Cassandre (vers 1080—1082) :
"AnoXXov, 'AnoXXov, u_o|u_o
âyviâx', ânôXXcov èuôç' u |u | u c A
âncûXBOaç yàg ov fiôXiç xb ÔB'ûxEgov :
(trimètre ïambique)
Le choeur y ajoute cette fois aussi deux trimètres ïambiques ;
la strophe entière est suivie, elle aussi, d'une antistrophe (vers
1085—1089).
Dans les cinq strophes et antistrophes suivantes, les doch-
miaques prédominent ; cependant, la quatrième strophe (anti-
strophe) contient encore une période se composant de deux
dimètres bacchiaques et d'un dochmiaque :

x) Les éditeurs changent souvent le vocatif en nominatif ('AnSXXmvy, mais


on peut comparer ce vers de Sophocle: [i'co/tev, ïoofiev (u _ G | u _ G, Philoct.
1180). Dans les deux cas, la pause causée par la répétition du même mot, suf-
fît pour ajouter la durée qui manque à la syllabe brève précédente. Au même
endroit, l'hiatus est permis (comp. III § 8).
XI 13, i4 22i
"Afpeçxov qylXoiaiv,
u__ | u__
ôvalaxov, âXxà ô' |
u__ u__
éxàç ànoaxaxeZ: uuu_u_ (vers 1103—1104)
Les cola se distinguent aisément ; ce sont des dimètres, suivis,
dans la deuxième strophe, d'un trimètre catalectique. Dans la
première et la deuxième strophe, l'hiatus et la syllaba anceps
démontrent que les cola doivent être considérés comme des
vers indépendants ; quant à la quatrième strophe, il y a synaphie
entre le second dimètre et le dochmiaque, tandis que la relation
entre les dimètres bacchiaques eux-mêmes est douteuse, la
synaphie y étant également possible.
Dans le premier bacchiaque, une syllabe longue est résolue
(vers 1072). Dans le dernier dimètre, la fin d'un bacchiaque
ne coïncide pas avec la fin d'un mot (ôvaia \ xov ; comp. le
vers des Bacchantes et le second vers du fragment d'Eschyle
cités § 12 et 13) ; mais, dans l'antistrophe, cette anomalie est
évitée (ngoxBivBi ôè xelQ &*> vers 1110).
14. Le palimbacchée se rencontre, comme le bacchée, comme
élément constitutif de quelques formes du dimètre choriambique
(comp, X § 4b, 3 et 4) ; mais, comme pied individuel, il ne se
trouve que dans la poésie d'époque tardive. Denys d'Halicar-
nasse cite un trimètre palimbacchiaque anonyme :
Soi, $oïfie, Movaal XB avfiB&uev :
u] u \ u
(De comp. verb. ch. 17; Adesp. 110B. = 25 D.)
Mésomédès a employé des palimbacchées, mélangés aux
crétiques, dans son Hymne à Isis (2) ; nous en citerons les onze
premiers vers :
1 Elç vfivoç dvd XB yâv ]
_ _ u uu u _
dvd XB véaç àXmôgovç uu u uu | uu u _
U.ÔBxai, noXvxgônoiç |
_ _ uu u _
u
êv xéXoç ëv ôgyioiç ' J
_ u uu _ u _
5 d Ba&'ùxegcoç *Ioiç _ u uu
|
__u
&' x' ëagoç a [XB] 'd-êgeoç |
_ u uu _ u uu
& XB XElftaxo? &yEL |
- - Iuu u _
u
VEOyÔVOVÇ TfvlaJÇ, uu u _ _ u _
<f)y)B> xb xaXsvai nvg u |
_ uu _u_
10 <ovgavov> "Aiôôç XB |
_ _ UU _ U
U
xal x^ôvioç vuévaioç : _ u uu |
uu _ u
333 XI 14, 15
Dans cet hymne composé avec beaucoup d'art, les cola sont tous
liés ensemble par synaphie ; ce sont des dimètres, dont les pieds
sont traités avec la même liberté que les crétiques des hymnes
de Delphes (§ io). Le palimbacchée de forme pure se trouve
aux vers i et 5 ; aux vers 10 et 11, la première syllabe longue
du palimbacchée est résolue (uu-J).
15. La structure des crétiques et des bacchées que Timothée
a insérés parmi les mètres multiformes, dont se composent les
cola de son nomos intitulé Les Perses, est plus régulière ; les cola
eux-mêmes se succèdent dans l'ordre le plus varié, sans aucun
souci de symétrie. Afin que le lecteur puisse se faire une idée
de la métrique de cet innovateur hardi *), je citerai un passage
assez étendu du seul poème que nous possédons en grande partie :
I Oï ô' en' âxxaZa' ëvdXoiç u | uu
_ _ _ _
110 ijuBvoi yvuvonayéZç u_ |
_ _uu_
II Avxâ. XB xal ôaxgv- u_ . _ | u_ u_
oxaysZ y6m axEgvoxxvnco u_|__
u_ _ _
III Torfxal d-grjvâÔEi xaxEixovx' ôôvguâ,
.

u--\ |u__|u__
IV "Aua ôè yâv naxgiav ènavE- uuu)_uu_|uuu
115 xaXsvvx' «Tcb Mvaiai
u_ u_ | . _ u_
ôsvôgoé&Btgai nxvxai, _UU_|_U_A
V 'Pvaaa-d'é u' èvd-évô', Xv' àr/- |
__ _ _uu_
u
xaïç <pBgôfiBVx-' • ov yàg ëxi nox' à- -uu u. |uuu u_
fibv am fia ôé^sxai nôXiç * U_|U_UG
130 VI KEZ&EV yàg #egl naXEovvu- __|_uuuu|u_
cpayôvov &8axov avxgov _UUUU|U_GA
VII O ôiaaxaxanB
... ?
.. oovBLXBO Ba&vxEgov nôvxoio x^aua.
I UU U I
U û
VIII "Ansxé fi', àxi uoi xaxà
[
_
uuu _u|_u _

.
135 nXôiuov "EXXav. EW-E uij axéyrjv eirSei/te
uu u |—u _u|_u _u
xrjXexBXBÔnogov êuôç
_u uu u | uu u GA
IX ABanôxtfç• ov yàg âv Tu&Xov ovô' _u_|_u_|_u_
àaxv Avôbv Xmoev Sàgôscov _u_|_u_|_u_
rjXftov "EXXav' ânégÇcov "Agi\. _u_|_u_|_u_
x) Il préconisait lui-même son parti pris de modernisme:
Ovx âelSa) xà jtaXaià • xaivà yàg fiâXa KQELUCCO (fr.
\
21 B. = 7 D.)
XI 15 333
130 X Nvv ôè nâ xiç ôvaéxcpsvxxov sv- _u_|_u_|_u_
gyyXvxBîavuôgovxaxatpvyijv:»1) _u_|_u_|uuu_
Il va sans dire que la division des périodes n'est pas certaine,
quand nous ne sommes pas guidés par les marques infaillibles
de l'hiatus et de la syllaba anceps; ainsi, Wilamowitz joint les
cola 130 suiv. aux cola précédents (dans son édition, Leipzig 1903).
La période I se compose de deux dimètres choriambiques,
commençant par un crétique (X § 4b, 2).
La période II se compose de deux dimètres ïambiques, dont
le premier commence par une syzygie syncopée.
La période III est un tétramètre bacchiaque ; le deuxième
bacchée présente la longa irrationalis.
La période IV se compose de dimètres éolo-choriambiques
et ïambiques ; le premier côlon est un glyconéen, dont la base
est un tribraque et la dernière syllabe longue résolue (comp.
X § 15), le second côlon un dimètre ïambique, dont la dernière
syzygie est syncopée, et le troisième côlon un dimètre choriam-
bique catalectique (X § 8, 2).
La période V présente également des dimètres éolo-choriam-
biques et ïambiques : un dimètre choriambique (X § 3, 4), un
dimètre ïambique avec plusieurs, résolutions (un dactyle et un
tribraque au lieu d'un ïambe), et un dimètre ïambique sans
aucune résolution.
La période VI se compose de deux cola éolo-choriambiques ;
le premier est un glyconéen, le second un dimètre choriambique
catalectique (X § 8, 1). Dans chaque côlon, la deuxième syllabe
longue du choriambe est résolue ; comp., pour le glyconéen,
X § 14.
La période VII est mutilée ; le dernier côlon se termine par
deux syzygies trochaïques, dont le premier trochée est résolu.
La période VIII est trochaïque : un dimètre, dont la seconde
syzygie est syncopée, un trimètre, et un dimètre catalectique
(lecythium) ; la fréquence des résolutions saute aux yeux.
Les périodes LX et X sont crétiques ; elles se composent de
trimètres ; la première en compte trois, la seconde deux ; le
dernier crétique est devenu un péon quatrième par suite de la
résolution d'une syllabe longue.

x) En général, j'ai suivi le texte de Diehl ; mais j'y ai introduit quelques


suppléments et conjectures de Wilamowitz.
224 XII I, 3
XII. Le dochmiaque
1. Le dochmiaque est un pied composé ; mais il n'est pas
considéré comme tel, et ils sont groupés, chacun comme unité
indépendante, en cola et en vers ou périodes. Des formes nom-
breuses qu'il peut revêtir, le type suivant est la plus simple :
I) n.EXaay&v dVa£: u--u- (Esch,, Suppl 348)
D'un côté, les syllabes longues peuvent être résolues ; d'un
autre côté, la longa irrationalis se substitue parfois aux syllabes
brèves. De ces variations, il résulte, du moins théoriquement,
un nombre de 32 formes différentes ; mais la majeure partie en
est fort rare ou ne se trouve nulle partx).
Probablement, une autre forme doit être considérée, à côté
de la forme typique I, comme prototype du dochmiaque :
II) Arjyuaxt cpowlcp: _uu_u_ (Ésch., Agam. 1164)
Bien que cette forme puisse se déduire du type I en admettant
une longue irrationnelle au commencement et la résolution de
la seconde syllabe (G uu u _), la fréquence en est si grande qu'on
_
ne saurait la concevoir comme étant une forme secondaire ;
parfois, tous les dochmiaques d'une strophe la présentent, par
exemple ceux d'Eschyle, Sept 698—700.
Un troisième type, n'appartenant plus au dochmiaque propre-
ment dit, est désigné par le nom d'hypodochmius ; il correspond
à une tripodie trochaïque catalectique (- u u _). Nous en avons
_
déjà traité au chapitre VI, § 4, où nous avons mis en lumière
l'étroite parenté entre le dochmiaque et l'hypodochmius. Ici,
nous ajoutons un autre exemple dans lequel ils sont fondus
ensemble en un seul côlon :
BLOZ U' àyovav xrjXénXayxxoi nXâvai:

-u _u _|u__u_ (Ésch., Prom. 577)


Moins souvent, une tripodie ïambique se joint à un doch-
miaque (comp. V § 7) :
Ta xgvnxà yàg nétprjVB, ôià ô' ô'XXvaai:
^- u - u_|uuu_u_ (Eurip., Hippol 593)
2. Quant à la prosodie, la règle vocalis ante vocalem corripitur
s'applique à la première d'entre les syllabes qui naissent de la

x) Dans le livre toujours célèbre de Seidler, De versibus dochmiacis tragi-


corum graecorum, Leipz. 1811, le sujet a été traité à fond, du point de vue
théorique aussi bien que par rapport aux textes des poètes dramatiques.
XII 2, 3 235
résolution de la première longue du type I, et, moins souvent,
à la troisième syllabe du type II ; exemples :
__â, lôov lôoi: uuu_u_ (Ésch., Agam. 1125)
$aivBxai EVÛ' ëXr)-[ÇBv: _uu_u_ (Soph., OEd.-R. 686)
Aux autres endroits, l'abréviation d'une voyelle longue devant
une voyelle au commencement d'un mot est exceptionnelle ou
même douteuse x).
Le nom de dochmiaque désigne le caractère rythmique du
pied, dont la structure est pour ainsi dire « de travers » (ôoxfiôç).
Le dochmiaque se rencontre presque exclusivement dans la
tragédie ; dans la tragédie la plus ancienne dont nous avons
connaissance (les Suppliantes d'Eschyle), il est déjà employé
fréquemment. Il ne fait pas non plus défaut dans le drame
satyrique (les Limiers de Sophocle). Les poètes comiques se
sont également servis de ce pied, mais le plus souvent dans les
passages où ils imitent le style tragique.
Dans les dochmiaques, une émotion violente, surtout de
caractère douloureux, se fait jour; ils s'y prêtent éminemment,
à cause de la petite étendue des groupes de syllabes formant
une phrase rythmique, du mouvement saccadé du rythme lui-
même et de la variabilité extrême du pied, comportant d'un
côté une agglomération considérable de syllabes brèves, d'un
autre côté une suite ininterrompue de longues. Ils s'emploient
de préférence dans les monodies des acteurs (xà ànb oxijvijç)
et dans les chants répartis entre le choeur et les acteurs (xôufioi),
3. Nous ferons suivre dans ce paragraphe un tableau des
formes que présente le dochmiaque, en éliminant celles dont
l'existence est purement théorique ; pourtant, nous n'hésitons
pas à ajouter des formes dont les exemples sont sporadiques
ou même douteux ; le savant qui reprendra le travail de Seidler,
qu'aucune des dissertations nombreuses parues depuis sur ce
mètre n'a pu remplacer, pourra en faire son avantage.
Seidler s'est arrêté aux 32 formes qui naissent de la résolution
d'une syllabe longue et de la substitution d'une longa irrationalis

x) On cite les exemples suivants:


"AXiov ' EJt s l a-d-eoç : u u u uu (Soph., OEd.-R. 662)
- uu
"jEXajïé fi' ànb ZE Ç>6 V OV ] ëo(^)vro : u uu uu u uu
(Soph., OEd.-R. 1350).
Traité de métrique grecque 15
226 XII 3

à une brèvex) ; il n'admettait pas la résolution d'une longa


irrationalis. Ce dogme a prévalu longtemps (voir, par exemple,
Christ, Metrïlê p. 430) ; mais, de nos jours, Wilamowitz l'a
renié (Gr. Versk. p. 405). En effet, les séries commençant par
(uu _) ou présentant un choriambe dans la
un anapeste __u
seconde partie (u _), se trouvent de loin en loin associées
_ _ uu Suppliantes
aux dochmiaques ordinaires (par exemple dans les
d'Eschyle, vers 347—351, où une syzygie ïambique précède
des dochmiaques, dont un présentant une forme éliminée par
Seidler et par Christ : I'ÔB UB xàv ixéxiv, u uu _ uu _). Aussi le
nombre des formes théoriques est beaucoup plus élevé que celui
de trente-deux auquel était arrivé Seidler.
J'ai indiqué par un numéro en chiffres gras les formes cou-
rantes, par un astérisque les formes exceptionnelles et par un
point d'interrogation les formes douteuses, qui se prêtent aussi
à une autre analyse, se lisent dans un texte suspect, ou pro-
viennent d'une conjecture incertaine.
A. Formes du type I (toutes usitées).
a) Formes avec ou sans longa irrationalis, sans aucune résolution.
1) u nsXaay&v aval- (Ésch., Suppl. 348)
__u_ (Ésch., Eum. 781)
2) u_ ëv yâ xâÔB, q>Bv
3) u____ aé x' av xdvô', &uoi (Soph., Antig. 1341)
4) àvôg&v âXqjrjoxâv (Ésch., Sept 769) 2)
B) Formes sans longa irrationalis, avec une syllabe résolue.
5) uuu_u_ nôXsfioç aïgExat (Aristoph., Ois. ïi88)
6) xX-ôyç véa x' àxV (Ésch., Pers. 665)
u _ uu u _
7) u__uuu èycb, <pdu' ëxvfiov. lù> xxX. (Soph., Antig. 1320.
\

y) Formes sans longa irrationalis, avec deux syllabes résolues.


8) uuu uuu- ëôgauE xgoxoBafprjç (Ésch., Ag. 1121)
9) u uu _ u uu ânâyBx' èxxômov ôxi xxX. (Soph., OEd.-R. 1340) 3)
\

*io) u_uuuuu #eôç xôx' àiga XÔXB (Soph., Antig. 1273)

*) A côté de la forme typique, il y a trois formes sans aucune résolution


(avec une ou deux longae irrationales); en admettant la résolution d'une ou
de plusieurs syllabes longues, on obtient 4x7 formes nouvelles.
2) Cette forme se rencontre le plus souvent dans la dernière partie de l'oeuvre
d'Euripide.
3) Surtout chez Euripide.
XII 3 327
ô) Formes sans longa irrationalis, avec trois syllabes résolues.
11) uuuuuuuu ov "EgsBoç èxéxBxo (Aristoph., Ois, 1194) 1)
B. Formes du type II.
o) Formes avec ou sans longa irrationalis, sans aucune résolution.
12) _uu_u_ ôrjyuaxi qjoiviqp (Ésch., Ag. 1164)
13) -uu ôoxfiokoqjâv âvôg&v (Ésch., Sept 114) x)
B) Formes sans longa irrationalis, avec une syllabe résolue.
? 14) uuuu -u - ôiôBoXoç • ëç ô' èlxgav (Soph., OEd. à C. 1464)
15) -uuuuu- ngôanoXov èxsxôfiav (Eur., Troy. 365)
16) u u xbv xaxagaxôxaxov, \ ëxi xxX.
_ u _ uu
(Soph., OEd.-R. 1345)
y) Formes sans longa irrationalis, avec deux syllabes résolues.
*I7) uu u u uu u _
àôévax' àôûvaxà uoi (Eur., Herc. 1058)
*i8) -uuuu uuu oii noxB xaxaXvoiuov, | ovôè xxX. (Soph., El 1346)
Formes sans longa irrationalis, avec trois syllabes résolues.
*ig) uuu uuu uuu Unoxuoç Unoxuoç ô cpôvoç \ ëvsx' xxX.
(Eur,, Phên. 1306)
C. La forme A a 3 ( u _) avec
résolution(s).
a) Formes avec une syllabe résolue.
30) uu- ^u- og-]yia uaxgôç XB aâç (Eur., Bacch, 998)
31) --uuu - Xsnxov Sôvaxoç, m (Eur., Or. 146)
?22) uuu xbv Xsiu&va xaM-\oaç (Eur, fr. 754 N2.) 2)
B) Formes avec deux syllabes résolues.
*33) uu-uuu - è'vi fiovç, ëvi nôvoç *
| ui] xxX.
(Soph., Limiers 185) 3)
*24) uu u uu xovubv xiç ëg' s'XaxE, xéxoç xxX. (Eur., Troy. 347)
\
__
y)Formes avec trois syllabes résolues.
?35) uu_uuuuu MeréAa-]oç âvaaxduBvoç àvô-\yr\xov
(Eur., Or. 1501)

x) Surtout chez Euripide.


2) Ces mots peuvent appartenir au texte de Plutarque, qui cite ce fragment
(De am. mult. 2, 93 D).
3) Un autre exemple se lit dans l'Electre d'Euripide, vers 1152, où Seidler
changea oxerlîa en axéxXia, pour éviter la forme non admise par lui.
228 XII 3

D. La forme A a 3 (u ) avec résolution(s).


a) Formes avec une syllabe résolue.
26) uuu nagaXiav ipàuuov (Ésch., Prom. 573) _*)
*27) u uu xdXaiva, xdXaiva (Eur., Iph. en T. 894 : -a)
_ -
28) u--uu-
- xaxàv èXniô' ëxcov (Soph., Aj. 606)
*29) Xatyrn-Jgà nijSâ vvxxinô-[Xoiç (Eur., Ion 717)
uu
u
B) Formes avec deux syllabes résolues.
*3o) u uu uu tpôvoç ô'aoç ô'ô' — a à (Eur., Herc. 1051)
*3i) u uu uu
- - ÏÔB UB xàv Ixéxw | cpvydôa xxX. (Ésch., Suppl. 349)
_ - Ô'XB ë~[xXayÇav (Ésch., Sept 305)
*32) uuu--uu XB avgiyysç
*33) u -uuuu ô yàg fiovibç êgcoç
-
(Fragm. grenfell. ou Plainte d'une amante délaissée, vers 30)
y) Formes avec trois syllabes résolues,
34) uuuuu-uu ôi' èfik xaxBÔijaaxo (Eur., Hél 687)
*35) u uu uu uu xi>xaiç ' ô x°Qàç oaioç | dye xxX.
_
(Eur., Troy. 338)
E. La forme A04 ( ) avec résolution(s).
a) Formes avec une syllabe résolue.
*36) uu uavlaioiv Avaaaç (Eur., Herc. 878) 2)
?37)
:
noXXâç vyislaç (Ésch., Ag. 1001) 3)
__uu__ (Ésch., Sept 893)
*38) uu- alaZ ôaïuôvioi
?3g) uu xovga. xoiyâg aé nox' (Eur., El 481) 4)
B) Formes avec deux syllabes résolues.
*4o) uu uu ï&i ïfti, uoi naidav (Soph., Philoct. 832)
?4i) _uuuu__ naZç fi ènéXaOB NelXco (Eur., Hél. 670b) 5)

y) Forme avec quatre syllabes résolues.


?42) uuuuuu_uu d Aibç ô Aiôç, 63 nôai (Eur., Hél 670a) 5)

x) Surtout chez Euripide.


2) Hermann a proposé nàviâaiv, metri causa; Wilamowitz accepte notre
forme du dochmiaque, qui se lit aussi chez Parmentier.
3) Correspond à un dochmiaque de l'antistrophe (vers 1018); mais le texte
est incertain.
4) D'après Seidler; mais il semble que le passage ne contient pas de doch-
miaque.
6) Hermann a obtenu trois dochmiaques de forme moins extravagante en
insérant fie devant et 'Heftâç après le mot naïç et en omettant fi' devant
iatéXaaE(v).
XII 4 329
4. La dérivation du dochmiaque a été discutée de tout temps.
Parmi les théoriciens anciens, les rythmiciens le considéraient
comme étant la combinaison d'un ïambe et d'un crétique
(u | u _) ; v. Aristide Quintilien, p. 39 Meib. et Quintilien,
_ _
Inst. Or. IX 4, 97 x) ; les métriciens le désignaient comme un
monomètre antispastique hypercatalectique (u u | _) ; v„ par
__
exemple, Héphestion, ch. X, p. 32, 5 Consbr. et le commentaire
de Choeroboscus, p. 239, 11 Consbr.
Nous avons déjà vu que le nom était expliqué par le caractère
spécial du rythme (§ 2) ; la proportion entre le levé et le frappé
étant de 3 : 5, le rythme était considéré comme étant de travers
(ôoxuoç, ôôxftioç ou nXâyioç) ; dans les autres genres, il était
appelé « droit » (ôg'd'ôç), la différence entre les deux termes de
l'équation ne dépassant pas le chiffre 1 (yévoç ôinXdaiov, 1:2;
yévoç fjuiâXiov, 2 : 3 ; le yévoç des épitrites, 3 :4) ; comp. Choe-
roboscus, l c, et, en termes plus généraux, Aristide 2).
Parmi les métriciens modernes, Hermann voyait dans le
dochmiaque une tripodie ïambique syncopée (u | | a ; de-
_ _ _
scriptio, quae arsin thesi destitutam inter duos iamhos habet, Elem.
p. 242) ; selon lui, la deuxième partie du dochmiaque ne saurait
être un crétique, parce que ce pied n'admet pas la longa irra-
tionalis. Westphal caractérisait d'abord le dochmiaque comme
un dimètre bacchiaque catalectique (Metrik 2 p. 853); alors,
chaque dochmiaque devrait être suivi d'une pause de deux morae
(u | Â), ce qui est très invraisemblable, les dochmiaques
-terminant
_ u _
se souvent au milieu d'un mot. Dans la troisième
édition de son livre, nous lisons l'explication plus rationnelle
de Rossbach (p. 762) ; bien qu'il divise le dochmiaque comme
l'avait fait Westphal, il ne considère plus la dernière partie
comme un bacchiaque catalectique, mais comme un ïambe
(u.. | u _) ; cette analyse se trouve aussi chez Quintilien, v. la
_
note première à ce paragraphe. On a tâché de déduire le doch-

x) Aristide connaît aussi un dochmiaque se composant l| lâ/ifiov xal


SaxzvXov xal szaioivoç (u_|_uu|_u_J c.-à-d. une forme du glyconéen),
— Quintilien admet aussi la division en un bacchiaque et un ïambe
(u ) ; il attribue au dochmiaque, étudié par lui à cause des clausulae
— - I
u
de la prose rythmée, un caractère tout autre que celui que nous lui connais-
sons; il l'appelle stabilis et severus.
2) AOXIMOI Se ixaXovvzo Stà xo noixiXov xal âvéfiotov xal fiij xax'
tv&v â-eageTo-d-ai xrjç Qv&iJioszoUaç, p. 39 Meib.
230 XII 4, 5

miaque d'ïambes syncopés avec protraction (u —i u _ ; Pickel,


De versuum dochmiacorum origine, p. 167) ; alors, la résolution
de la deuxième syllabe longue produirait trois brèves, ce qui
n'est pas le cas. Christ ÇMetrik2, p. 435) considérait notre pied
rythme sui generis, bien qu'apparenté à l'ïambe et
comme un
péon (crétique) ; Masqueray retenait l'explication des ryth-
au
miciens antiques (u_|-u_), sans mentionner la difficulté relevée
par Hermann (Traité p. 345).
Parmi les auteurs récents, White donne l'analyse hermanienne,
apparemment sans le savoir lui-même (« an iambic tripody with
the arsis » — la thesis de Hermann — « absolutely suppressed »,
Verse p. 297). Wilamowitz a considéré le type II (_ u u _ u .)
comme la forme originelle ; il l'a mise en rapport avec les vers
éolo-choriambiques ; v. sa Verskunst, p. 405 suiw. Enfin,
Schroeder déduit le dochmiaque de Yhypodochmius (Grundriss,
P- 35).
5. La divergence d'idées dont témoigne cet exposé d'ailleurs
fort incomplet, est frappante, surtout quand on se rend compte
de la circonstance qu'il s'agit ici d'un mètre qui apparaît à une
époque classique de la poésie grecque et qui est presque entière-
ment confiné à un seul genre, que nous connaissons à fond. Il
y a là un avertissement pour tous ceux qui se jugent capables
de démontrer avec une certitude quasi-mathématique l'origine
d'autres mètres, dont l'emploi remonte au commencement de
la littérature grecque elle-même et se répand sur un terrain beau-
coup plus étendu, qui ne nous est connu que superficiellement.
A notre avis, il faut considérer séparément les deux types prin-
cipaux, sans les déduire l'un de l'autre ; il faut y joindre, comme
troisième prototype, Yhypodochmius (comp. §1).
Quant au type II, la constitution métrique en démontre claire-
ment la provenance ; parmi les vers éolo-choriambiques, il existe
un côlon tout à fait identique, le dodrans I (X § 10), employé
par Simonide et dans la strophe la plus connue des scolia attiques.
Uhypodochmius se rencontre déjà chez Simonide, lui aussi
(fr. 58 B. = 37 D, : ëaxi xiç Xôyoç et ëvôo&sv fiôXy) ; dans
ce fragment, il s'associe à d'autres mètres, parmi lesquels se
trouvent des cola éolo-choriambiques (vers 2 : valsiv ôvaauBd-
xotç ënl néxgaiç, monomètre ïambique 4- reizianum; vers 5 :
<f> fiif ôaxé'd-vuoç tôgcàç, paraglyconeus).

Je suppose que plusieurs strophes de ce caractère appartenant


XII 5, 6 23i
à la plus ancienne poésie lyrique des choeurs, présentaient un
mélange de dodrantes éolo-choriambiques et de tripodies trochaï-
ques catalectiques (hypodochmii) insérés parmi d'autres cola, et
que les tragiques y ont emprunté ces cola courts, de structure
rythmique assez semblable ; ils en ont fait un usage systématique
et s'en sont servis comme d'un mètre spécial, quand ils vou-
laient exprimer des émotions particulièrement fortes.
Le dochmiaque classique (du type I) serait sorti après coup
de Yhypodochmius, comme l'a voulu Schroeder (v. § 4). Par
suite de l'anaclase, le rythme du côlon trochaïque était changé;
alors que le rythme de Yhypodochmius est descendant du commen-
cement jusqu'à la fin, le dochmiaque commence par un pied de
rythme ascendant, celui de l'autre partie du pied restant le même
(_ u
I
u et u |
u _). Grâce à l'entrechoquement des pieds
_ _ _ _
de rythme opposé, le nouveau dochmiaque se prêtait beaucoup
mieux que Yhypodochmius originel à l'expression des sentiments que
nous avons indiqués. Quant à l'anaclase de cola trochaïques, nous
en avons donné plusieurs exemples dans le chapitre VI, § 1 et 8.
Ainsi la forme la plus jeune aurait fini par prédominer, Yhypo-
dochmius étant relégué au second plan; le type choriambique,
encore fréquent chez Eschyle, se maintenait parmi les formes
employées de préférence.
6. L'épode de la Première Olympique de Pindare, bien qu'appar-
tenant à une époque trop jeune pour qu'elle puisse être consi-
dérée comme un modèle de la versification des tragiques, pré-
sente une image exacte des strophes dont le dochmiaque serait
originaire. Elle se compose de cola éolo-choriambiques et tro-
chaïques, parmi lesquels se rencontrent et les deux types du
dochmiaque et Yhypodochmius.
1 I Svgaxôaiov Innoxdg-
uav flaaiXrja ' XâunEi ôë ol xXéoç
II 'Ev Evàvogi Avôov HéXonoç ànoixiq'
III Tov usyao&svijç êgâaaaxo Taidoxoç
5 IV nooBiôâv, ënsi VLV xafragov XéBij-
xoç BÇEXBKXoj'd'd),
V 'EXécpavxb ipaiÔLfiov 3>uov xsxaôuévov.
VI TH •d'avfiaxà noXXâ, xal nov xi xal Bgox&v
VII $âxLÇ vnèg xbv àXaftij Xôyov
10 VIII ABÔatôaXuévoc tfiBéôeoi notxiXoiç
ël-anax&vxi uvd'Oi:
232 XII 6

I 1 u _ uu u | _ u _
_ uu _u_j_u _u G
II u_ _ u u _ I _ u uu u | _ u _
III _u - -u
u|_uu_|_uG
5 IV I
U U _UU_U_

u|_uu_ | _
V Uu_u|_uu_|_u _u G
VI _|_uu_|u_|_u _u _
VII uuu|_uu_|_uG
10 VIII u u_|_uu_u_
| (01 I 23 (35) — 29 (47))
- uu_ u__ A

Grâce au nombre relativement élevé des triades, la division


de cette strophe est facile, les vers ou les périodes se terminant
soit dans l'épode citée, soit dans les autres épodes par l'hiatus et
la syllaba anceps. Nous remarquons immédiatement la fréquence
des cola dochmiaques : le dochmiaque du type I (u _ u _) (a),
_
du type II (_ u u u _) (b) et Yhypodochmius (_ u _ u _) (c) ; le
_
côl. 2 de la période I se compose de b + c, le côl, i de la période
IV se compose de a + b ; la deuxième partie des vers V et VI
est un hypodochmius; le côl. i de la période VIII est identique
au côl. i de la période IV (a + b).
Les autres cola sont trochaïques, comme Yhypodochmius, ou
éolo-choriambiques, comme le type II du dochmiaque. Au premier
groupe appartiennent le lecythium (col. i de la période I; dernière
partie du vers II) et la tripodie acatalectique (première partie du
vers III). La deuxième syllabe longue des lecythia est résolue ;
en outre, le premier pied du premier lecythium est devenu ïam-
bique par suite de l'anaclase ; on voit que le dimètre catalectique
a subi le même changement que celui qui donne naissance au
dochmiaque du type I, quand il se manifeste dans la tripodie
catalectique.
Quant aux cola éolo-choriambiques, leur affinité avec le type II
du dochmiaque saute aux yeux ; par exemple, la première partie
du vers II (dodrans II) est la contre-partie de ce dochmiaque,
abstraction faite de la base ïambique ; nous avons même rencon-
tré cette série de syllabes parmi les formes secondaires du doch-
miaque lui-même (§ 3, 28). L'étendue des autres cola est un peu
plus grande ; la deuxième partie du vers III est un dimètre cho-
riambique I catalectique (X § 8, 2), le côl. 2 de la période IV
XII 6, 7 233
est un reizianum, dont la base consiste en une syllabe brève, la
première partie du vers V est un dimètre choriambique II acé-
phale, dont la première syllabe est résolue (X § 4b) x), la première
partie du vers VI est un glyconéen acéphale ; le vers VII est un
trimètre choriambique catalectique à base dissyllabique, dont
la première syllabe longue est résolue ; le dernier côlon de la
période VIII est un dimètre choriambique I catalectique (X § 8,1) ;
considéré comme un dochmiaque du type II de forme hyper-
catalectique, ce côlon se joint d'une façon toute naturelle au
côlon précédent2).
7. Depuis la fin du siècle précédent, nous connaissons la nota-
tion musicale de quelques dochmiaques de YOreste d'Euripide 3).
Elle consiste en symboles indiquant la mélodie, auxquelles se
superposent, de loin en loin, des symboles rythmiques ; en outre,
le frappé est indiqué par un point ; comp. l'annotation de l'Epi-
taphium Sicili, mentionnée dans le chapitre I, § 1. Abstraction
faite des notes musicales, le fragment se lit ainsi :
xaxoXoq>]vgofiac z fiàxBgoç [aîfia aâç
ô a' avafVyaxxEVEi z 6 fisyaç [ô'Xfioç ov
uôviuo]ç su Bgoxoiç z àva[ôè XaZtpoç &ç
XLÇ] âxaxov -froaç Z xiva\£aç ôaiuoev

5 xaxBxXvasv ô\eiv&v nôvwv\ atcôç novx\ov


Xâfigotç àXE&gioio^w [ëv xvuaaiv.
Ce texte n'est pas tout à fait celui des manuscrits des tragé-
dies d'Euripide (vers 338—344) ; dans ceux-ci, le dochmiaque
xaxoXoipvgouai se lit deux fois après le dochmiaque o a' àva-
fiaxxEVBi; d'ailleurs, le double dochmiaque s'impose à cause de
l'étendue du côlon correspondant de l'autre strophe.
Les symboles qui séparent les dochmiaques des premiers
quatre cola, nous sont inconnus ; peut-être ils désignent une
pause quelconque.
x) Vu la fréquence des résolutions dans la strophe entière et de l'acéphalie
dans les autres cola éolo-choriambiques, il ne faut pas considérer ce dimètre
comme un côlon complet à base quadrissyllabique.
s) J'ai renoncé à ajouter des soupirs à la fin des cola catalectiques dans le
schéma de la strophe, parce qu'il est impossible de discerner les endroits où
le poète en aurait mis.
s) Dans les Papyri Rainer, publiés par Wessely (1892); le fragment a été
édité et discuté à plusieurs reprises; voyez, par exemple, les Musici Scrip-
tores de Von Jan, p. 427 suiw. (p. 4 suiw. du Supplementum) ; Weil, Études
p. 160 suiw.; Mountford, New Chapters II p. 148 suiw.
234 XI 1 7
Entre les trois morceaux du côlon 5, trois signes (0 r 3) ont été
insérés à gauche et à droite des mots ôeivmv nôva>v ; on suppose
qu'ils se rapportent à la musique de la flûte, le choeur se taisant
pendant ce temps. D'ailleurs, nous sommes avertis par une anno-
tation du copiste que ces mots devaient être débités comme une
parenthèse x). Donc, il faut envisager le fait remarquable que deux
dochmiaques liés ensemble par synaphie, ont été séparés en vue
de la musique; en composant la mélodie, Euripide s'est laissé
guider par la division des mots, et non par le schéma métrique 2).
Ce fait est en contradiction avec tout ce que nous savons du carac-
tère de la musique grecque. Cependant, il ne faut pas perdre de
vue qu'Euripide n'était justement que trop célèbre pour les
innovations hardies de sa musique ; on se rappelle la critique
impitoyable d'Aristophane, raillant entre autres la protraction
excessive d'une syllabe [eleieiBi{ei)XLaaovaa, Gren. 1348). D'autre
part, l'Oreste était particulièrement fameux à cause de la musique ;
Denys d'Halicarnasse en cite quelques cola pour prouver
que le poète ne tenait pas compte des phonèmes présentés
par le texte, quand il composait la mélodie3). Probablement,
ces phénomènes doivent être considérés comme des hardiesses
exceptionnelles qu'Euripide lui-même ne s'est permises qu'ex-
ceptionnellement.
Dans notre fragment, nous distinguons le signe de la longue
ordinaire (_) ; il est superposé quatre fois à une syllabe longue
du texte. De l'absence de tout autre symbole rythmique, il faut
conclure que la durée rythmique des syllabes du dochmiaque
ne différait pas de la durée normale de chaque syllabe, et que la
protraction en était exclue. La syllabe cocoç est doublée parce
qu'elle était chantée sur deux notes musicales, ayant chacune
la durée d'une mora (uu = _) ; comp. XI § 10.
*) To Se Seivcâv mèvcav êv fxiaia ârajre<ptôr?7rat.
2) La division du côlon correspondant (327) est identique:
MaviâSog \\ (poiTcîXéov. ]] q>sv fjiôy&aiv (u w^/ :
_
|u-: )•
3) Il cite ce côlon: 2Zya, aïya, IEVKOV i'xvoç âePvXijg (De
comp. verb. 11;
Or. 140; c'est un hypodochmius, suivi d'un dochmiaque) en ajoutant que
les mots crïya — Xsvxov étaient chantés sur un seul ton (i<p' iras <p&ôyyov
ftsXa>SeTrai), sans que le compositeur eût tenu compte des accents (que
nous
savons être de caractère purement musical). Voyez, pour une discussion
détaillée de ce passage instructif, Giani et Del Grande dans Rivista di
Filologia IX (LIX), 1931, p. 187 suiw.; ces auteurs insistent sur le caractère
exceptionnel de ce morceau de musique grecque.
XII 7, 8, 9 235
Quant au point superposé à plusieurs syllabes (la oziyfitf),
nous l'avons déjà rencontré dans YEpitaphium Sicili comme signe
indiquant le frappé du pied. Ici, il se trouve tantôt sur la première
syllabe du dochmiaque entier, tantôt sur la première syllabe de
la seconde partie. L'état fragmentaire du morceau nous permet
de supposer que la aztyftrf était appliquée dans les deux endroits
du dochmiaque (o L U et u w L u _). Il est à remarquer que
_ _ -
la oziyfitf se trouve sur la syllabe brève de l'ïambe, pied de rythme
ascendant ; on est tenté d'expliquer cette anomalie en supposant
que le mouvement rythmique de Y hypodochmius n'a pas été altéré
par suite de l'anaclase qui en fait un dochmiaque (lu Lu _
deviendrait l>- lu au lieu de w i ^u _). Mais, à défaut de
_
plus ample information sur l'annotation rythmique des mètres
grecs, on ne saurait rien affirmer sans se perdre dans le domaine
des hypothèses hasardeuses x).
8. Le monomètre dochmiaque se trouve parfois
comme côlon isolé après des vers ou des périodes hétérogènes ;
ainsi il fait suite à des cola anapestiques dans YHécube d'Euripide,
vers 178 suiw. ; par exemple :
A. Ti fie ôvatprjfiéïç; tpQolfiiâ fioi «awd: wu_ __]_u^ _w
B. Alaï aâç ipvx&ç '•

(vers 181 suiv.)


Dans une strophe des Guêpes d'Aristophane, il se trouve après
un dimètre crétique et après deux dimètres ïambiques :
Sol ôè vvy ziç â'S&v u |
_ _ _u_
jzaçàv êfupavTJç u__u_
EvAJLaf&fiâvet zov aiQâyfiazoç u_|__ ^_
__
Kol &fjkôç êaziv ev noi&v * u_|u_ u_
ai) ôè itaçoiv ôé%ov: u>w-u. (vers 733—736)
Nous avons déjà rencontré le monomètre dochmiaque comme
clausula après deux dimètres bacchiaques dans le chant alterné
de YAgamemnon d'Eschyle, traité dans le chapitre XI § 13.
Ces exemples suffisent pour démontrer l'affinité très grande
qui existe entre le dochmiaque et les anapestes, les ïambes, les
crétiques et les bacchées.
9. Le plus souvent, les dochmiaques sont groupés en d i m è-
t r e s, quelquefois aussi en trimètres;
ces cola font partie

l) Je n'ai pas tenu compte de la aziyp-rj qui se lit sur le premier dochmiaque
du sixième côlon, le texte de ce dochmiaque étant complètement détruit.
236 XII g

de périodes ou de systèmes d'une étendue plus considérable. II


synaphie entre les dochmiaques appartenant à des cola indi-
ya
viduels, et entre les cola groupés en systèmes ; la dernière syllabe
d'un dochmiaque peut être résolue à la fin d'un côlon, sauf si
celui-ci est le dernier du système. Par exemple, la strophe sui-
d'Aristophane compose de quatre dimètres réunis en un
vante se
seul système :
HôJiEfioç aÏQEzai, nôkefioç oi qjazàç
«çôç èfis Ttal &SOVÇ. âXXà cpvhazze nâç
âéça JteQivéq>eXov, ov "Egefioç èzénezo,
[iij ae Xwfrrj {he&v ziç zwûzi] neçcôv :
W UU _ U „V__
\
U \^J .=_

u u^ _u__wu„u_

_^u_u_| (Ois. 1188—1195)


w_
Quand le nombre des dochmiaques est impair, il se peut qu'un
des cola atteigne l'étendue d'un trimètre ; en général, on pré-
fère ajouter un monomètre aux dimètres ; par exemple :
Anâysz' ènzômov ozi zàywxà fie,
"Anàyez"', a> qtlXoi, zbv fiéy' ÔXS'&'QLOV,
Tbv xazaQazôzazov, ëzi ôè tcal #eoïç
èx'd'Qâzazov j&gore&v:
U UU -_ U UU U VAJ _ U G

_ U U _ U UU U \J±J _u_
(Soph., OEd.-R. 1340—1345)
_ww_u_
A cause de l'hiatus, le premier côlon ne peut être qu'un vers
indépendant ; mais le dernier et l'avant-dernier côlon doivent
être considérés comme un groupe cohérent, qui pourrait être
écrit comme un seul trimètre ; pourtant, on préfère séparer le
dimètre du monomètre, ce dernier faisant fonction de clausula,
La synaphie entre les pieds du dimètre comporte la défense
de l'hiatus et de la syllaba anceps ; mais il y a à cette règle des
exceptions qu'on ne saurait éliminer toutes par des conjectures ;
souvent, la ponctuation, renforcée parfois par la répétition d'un
mot, rend l'anomalie moins sensible !).
1)
- Par exemple: "Ayexi p.' on rdxoç, aycré (i Ixjtoôcàv :
u^v_^uo|u^_w_ (Soph., Antig. 1321)
Du point de vue métrique, la conjecture d'Erfurdt (rdxog : râxusx') est
superflue.
XII g, 10 237
En comparant les dochmiaques se succédant dans les systèmes
•et les strophes, on se rendra compte qu'il y a une tendance à
faire suivre les pieds à syllabes résolues de pieds comptant peu
•ou point de résolutions ; par ce moyen, le mouvement accéléré
«t inquiet du commencement se change en un rythme plus lent
€t plus calme, l'émotion exprimée par le poète oscillant, pour
ainsi dire, en ondes se succédant l'une à l'autre. Par suite de
l'emploi de la longa irrationalis, le contraste est encore souligné.
Nous empruntons à YOreste d'Euripide un exemple signicatif
de ce procédé ingénieux, où ce grand peintre des émotions de
l'âme humaine excelle:
Tàv XmonâxoQa Xmôyafiôv &', S atXeiozovç
ëxavev 'EXXdvcov
âÔQEi tiagà nozafibv ôXofiévovç, o#t
ââxftva ôàMQvaw srteaev acôaçéoiç
BéXeaiv àfi(pï zàç Exafiâvôoov ôivaç:
_ U U {J*J V uu u
{

W \AJ
J
U _ \^J U W±> <_* 1AI — W
C1

uuu.u-l^ (vers 1305—1310) x)

A cause de la syllaba anceps, le troisième côlon doit être considéré


comme un vers indépendant ; je conclus par analogie que c'est
aussi le cas pour les dimètres suivants. La différence entre le
premier et le second dochmiaque de chaque dimètre saute aux
yeux ; le contraste est particulièrement frappant entre le doch-
miaque du quatrième côlon, dont toutes les syllabes longues
sont résolues, et Yhypodochmius suivant. Dans ce côlon, comme
dans le premier côlon, le premier pied finit au milieu d'un mot,
autre circonstance qui en fait ressortir le rythme saccadé.
10. Nous avons déjà mentionné les mètres qui se joignent
aisément aux dochmiaques (§ 8) ; même des pieds ou des syzy-
gies isolés appartenant à ces mètres sont réunis en un seul côlon
ou vers avec des dochmiaques. Dans le passage suivant, ils sont
combinés avec des crétiques et des ïambes :

*)D'après les leçons et la colométrie de Schroeder; en outre, j'ai inséré,


avec Hermann, &' après Xcnôyaftov dans le premier côlon.
238 XII io
Mâzav fiô%{hoç B'QQBI ZBKVCÙV, U__U_|_U_
Mâzav &ga yêvoç tptXiov BXBKEÇ, &> u_^u-|uw^"-
itvavEâv Xutovoa SvfinXrjydôcov u <^u u
_ _
|u
—u_
JIEZQ&V âj-evcozâzav èofioXdv. u__u-|u--u-
âecXata, zl 001 (pçsvcôv fiaçi/ç u_ | u_ u_
%6Xoç stQoanizvEL nai ôvafievrjç u__u_|__ u _
tpovoç àfielfÎBzai : - ^ - 1261—1267)
*-> «-^
(Eurip., Med.
Ni dans la strophe, ni dans l'antistrophe, il n'y a d'indices sûrs
nous permettant de diviser avec exactitude les périodes ou les
vers ; pourtant, l'insertion de mètres hétérogènes donne lieu à
la division approximative que l'on trouve dans cette analyse.
Le premier côlon se termine par un crétique ; dans l'avant-
dernier côlon et dans le côlon précédent, un dochmiaque est
suivi d'une syzygie ïambique. Les autres cola ne contiennent
que des dochmiaques.
Exemple d'un dochmiaque précédé d'un seul spondée :
Wv%â, zl <pa>; iïavfiâzoev :
| (Eurip., Iphig. en Taur. 839)
_- u u
__ _
Parfois, un côlon éolo-choriambique se trouve comme clausula
à la fin d'un groupe de dochmiaques ; nous avons déjà montré
l'affinité qui existe entre ces mètres (§ 5). Elle est évidente dans
ces vers d'Eschyle :
M17 zl nox' o5v yevolfiav {HJIOXBLQIOÇ xdQzeoiv àçaévcov,
"YnaazQov ôè zoi iifj%aQ ôçiÇofiai ydfiov ôvocpQOvoç
Ëvydv. ^v/ifiaxov ô° êXôfiBvoç ôlnav
KDÏVB oéfiaç zd JTÇÔÇ &Boev :
_UU_U_|_i_»U_-U_j_UU_U_
u u_|_uu_u_u uO
V U_ UJ _ u _
U
-UU.IU._A 1) (Esch., Suppl. 392—396)
Avec Christ (Metr.2 p. 439), je groupe les six premiers doch-
miaques en trimètres, la structure symétrique rendant cette
division très probable; le premier vers se termine et dans la
strophe et dans l'antistrophe par un signe de ponctuation et se
compose entièrement de dochmiaques du type IL La dernière
période embrasse un dimètre dochmiaque et un dimètre choriam-

x) Le mot d-eoev se lit avec synizèse.


XII IO, II, 12 239
bique I catalectique ; ce dernier côlon pourrait représenter la forme
hypercatalectique du dochmiaque du type II, dont le rythme
prédomine dans cette strophe.
11. Quant aux anapestes, c'est surtout Euripide qui aime à
les combiner avec les dochmiaques, soit sous la forme de cola indi-
viduels, soit comme syzygies isolées liées aux dochmiaques.
Exemple :
1 I TâXawcu HOÇCH, zdXaivai Ëfruycov,
II 'Si Kazdoazot, atoT xal fie <pvyâ
nx&oaovai tiv%a>v;
III JSffl'e fioi ôfifiâzcov aifiazôev fiXétpagov
5 àitéaai ânéaaio zwpXôv, "AXie,
IV OEéyyoç ânaXXdÇaç:
I 1 u u. I
u u_
11 I
\J u _
~ uu
wU _
111 _UU_U_|_U«_'_U uu
5 uu„ uu.ju uu _ u O
IV _uu (Eurip., Héc. 1064—1068)
Le vers I et la période II se distinguent l'un de l'autre en ce
qu'ils se composent de mètres différents, bien qu'apparentés (doch-
miaques et anapestes) ; mais, dans le côlon 5 la syzygie anapes-
tique et le dochmiaque sont liés ensemble, la fin de la première
partie du côlon ne coïncidant pas avec la fin d'un mot.
Le côlon 4 est lié par synaphie avec le côlon suivant, la dernière
syllabe ne pouvant pas être considérée comme anceps, parce
qu'elle est la seconde syllabe brève d'une longue résolue; par
contre, la dernière syllabe du côlon 5 est une anceps ; donc,
elle se trouve à la fin d'une période.
Le vers I est un dimètre dochmiaque ; la période II est ana-
pestique ; elle embrasse un dimètre et un monomètre. Dans la
période III, les dochmiaques prédominent de nouveau ; le
premier côlon est un dimètre dochmiaque, le second côlon un
dimètre composé d'une syzygie anapestique et d'un dochmiaque.
Le dernier vers est un monomètre dochmiaque.
12. Enfin, les dochmiaques peuvent être mélangés avec d'autres
mètres que ceux que nous avons indiqués. Les parties lyriques
des tragédies d'Euripide appartenant à la dernière époque offrent
des exemples frappants de cette composition libre. Loin d'être
240 XII 12

un indice de l'affaiblissement des facultés artistiques du poète,


ces ànoXeXvfiéva témoignent de son souci incessant d'inventer
des formes nouvelles adéquates à l'expression des sentiments
toujours changeants qu'il prête à ses personnages ; sans aucun
doute, la musique, perdue pour nous, contribuait puissamment
à atteindre les effets voulus par le poète-compositeur.
Comme exemple d'une telle composition, nous analyserons
la deuxième partie de la monodie célèbre du Phrygien dans
YOreste d'Euripide :
i I IXiov, 'IXlOV, tùflOl flOl
II Ëgùyiov &ozv nai TcaXXlficoXov 1-
ôaç &ç a' ôXôfiEvov ozévco
OQOÇ LEQÔV,
III AofidzBiov, aQfidzEiov fiéXoç
5 IV BaqfïàQCp f3oâ ôi ÔQVV&ôyovov
ô'fifia KVKVonzéoov xaXXoovvaç, Arfôaç
V Stïôfivov, ôvOBXévaç, ôvoEXévaç,
Çeazoev ztEoyâ/icov AatoXXoovlmv
èçivôv ' zozoï,
io VI 'IaXéfimv, iaXéfioev
VII ûaQÔavia zXâfiov ravvfitfÔBOç
Innoavva, âibç Evvèza:
I 1
_UU .UU j _
11 U UU — U _ | _ U _ u _

_ UU UU U — U UU _ u _
J

111 _u _ u — Ju UU
5 IV _u „ u — ju U UU
_uu_u_ _uu I

V uu U — |
UU u_
u_ju u_
u_
U
I0VIu_u_|u_u_
Vil — uu |_uu _ u u
_uu _uu|_u _A (Or. 1381—1392) *)
Dans les cola 3 et 9, la fin d'une période ou d'un vers est indiquée
par l'hiatus ; le changement de mètres rend vraisemblable la
séparation du côlon 1 du côlon suivant. Par contre, la synaphie
ou la résolution de la dernière syllabe longue d'un dochmiaque
x) D'après le texte de Murray; seulement, je lis avec Schroeder xoroï au
lieu de oxxoxoï - j'ai retenu le vers 1384 mis entre crochets par Murray.
XII 12, XIII I 241

prouvent que les cola 2 et 5 font partie d'une période ; le cas


est le même pour le côlon 11, dont la dernière syllabe ne peut
pas être une anceps. En outre, j'ai séparé les cola 6 et 7 à cause
du type différent que les dochmiaques y présentent, et l'emploi
de la longa irrationalis à la fin du premier côlon est un indice
qu'il y a là la fin d'une période. Enfin, j'ai séparé le côlon 4 du
côlon suivant, parce que les mots qu'il contient se détachent
nettement de l'entourage.
A côté des dochmiaques, d'un crétique résolu (péon quatrième),
et des ïambes, nous rencontrons des dactyles, soit des dactyles
purs, soit des dactyles logaédiqùes. La fréquence de Yhypodoch-
mius saute aux yeux ; il est combiné trois fois avec un dochmiaque.
Le vers I est un dimètre dactylique catalectique in syllabam
(alcmanicum). La substitution d'un spondée au dernier dactyle
complet est peu fréquent dans ce côlon.
La période II se compose de deux dimètres, dont le premier
embrasse un dochmiaque et un hypodochmius, tandis que l'autre
est dochmiaque en son entier.
Le vers III se compose d'un hypodochmius et d'un dochmiaque.
La période IV contient d'abord un côlon identique au vers
précédent, abstraction faite de la résolution d'une syllabe longue ;
le côlon suivant se compose de deux dochmiaques du type II,
dont le dernier présente la longa irrationalis.
La période V se compose de trois cola, dont le premier
embrasse un dochmiaque, suivi d'un crétique résolu ; puis vien-
nent un dimètre et un monomètre dochmiaque. Tous les doch-
miaques de cette période appartiennent au type I.
Le vers VI est un dimètre ïambique.
La période VII se compose de deux cola dactyliques, dont
le premier est un dimètre acatalectique et le second une tétra-
podie logaédique (ibyceum ; comp. VIII § 4a).

XIII. Les pieds de durée anormale


1. Les musiciens et les rythmiciens mentionnent quelques
pieds où la valeur rythmique des syllabes est plus grande que
celle de la longue ordinaire ; les métriciens, pour qui les syllabes
ne comptent pas plus de deux morae, n'en traitent pas. Ces
pieds ne comptent pas de syllabes brèves ; le mouvement (àyayq)
des chants qui en étaient composés, était très lent.
Traité de métrique grecque 16
242 XIII 2, 3
2. a) Le trochaeus semantus (zQoxaïoç arjfiavzôç), décrit par
Aristide Quintilien (p. 37 M.), se compose de trois syllabes
comptant chacune quatre morae ; deux syllabes forment le frappé,
qui précède le levé :
LJUJLJ
b) Le spondeus meizon (anovôsZoç [IECÇCOV), analysé lui aussi
par Aristide Quintilien (p. 36 M.), contient deux syllabes longues
comptant chacune quatre morae ; donc, ce spondée « plus grand »
avait la durée double de celle du spondée ordinaire. La première
syllabe en était le frappé :
LJL-J
c) Le troisième pied de cette catégorie mentionné par Aristide
Quintilien (p, 37 M.) était de rythme ascendant ; il s'appelle
(iambus) orthius (QQ&IOÇ). Il se compose de trois syllabes longues ;
c'est exactement la contre-partie du trochaeus semantus :
uùù
Si on laisse de côté la valeur rythmique des syllabes, ces pieds
se présentent comme des molosses ( ) et des spondées (_ _).
Il est possible que, dans le texte, le trochaeus semantus et Yorthius
aient parfois compté deux syllabes, leur frappé n'embrassant
qu'une seule syllabe ; mais, la durée la plus longue d'une syllabe
étant de cinq morae, le frappé ne pouvait pas être considéré
comme une unité indivisible et devait être divisé, dans l'anno-
tation rythmique, en deux parties égales.
3. Les pieds de durée anormale étaient employés dans les
chants religieux (nomoi, hymnes) ; Terpandre se serait servi le
premier du trochaeus semantus et de Yorthius (Plutarque, De
mus. 28, § 271 suiv. W. et R.). Probablement, son Hymne à Zens
iï.2ÀX composé dans l'un ou dans l'autre mètre ; le commen-
cement en a été conservé :
Zev, jiâvzcov «zç^d, nàvzatv âyrjzcoç,
ZEV, aol néfinco zoebzav ii^vcav &ç>%àv (fr. 1 B. et D.)
Peut-être, Christ a vu juste en analysant comme des orthii
les molosses d'un refrain de Ylon d'Euripide (Metr. 2 p. 83) :
T£i Haidv, a> Uaidv, LJ 1I1 LJ | I_J LLI L_J
BvaCmv, eàatcov LJ LJ LJ | I_J LJ LLI
EÏTJÇ, w Aazovç jtaZ: LJ LJ LJ j LJ LJ LJ (vers 125—127)
Depuis quelque temps, nous possédons un péan pourvu
d'annotation musicale et rythmique, qui semble bien appartenir
XIII 3, 4> XIV i 243
au même genre de poésie ; il ne compte que des syllabes longues.
Malheureusement, il nous est parvenu dans un état fort délabré ;
les symboles rythmiques sont peu fréquents et la signification
en est incertaine. Voici la première ligne du péan suppléée par
Schubart :
Haiâv, 3> Uavdv, \XOXQ d5va| âeXtp&v
Sur la dernière syllabe du deuxième mot Haidv, se lisent deux
notes musicales ; sur la dernière de ces notes se trouve le symbole
de la syllabe longue ordinaire (* c) ; donc, il semble que la
syllabe entière ait compté trois ou quatre morae, chantées sur
deux notes 1).
4. Enfin, nous avons à mentionner le paeon epibatus (nalcùv
èmfiazôç), décrit par Aristide Quintilien (p. 38 suiv. M.) ; il
se composait d'un frappé long, d'un levé long, de deux frappés
longs et d'un levé long :

Archiloque et le musicien Olympe se seraient déjà servis de


ce mètre 2). D'après Aristide, ce pied avait un caractère pathé-
tique, causé par le frappé double. Nous n'en connaissons pas
d'exemples.

Xrv. La composition des poèmes


1. Les Grecs ont toujours montré une prédilection particulière
pour l'ordre et la symétrie dans tout ce qu'ils ont composé en
philosophie et en art ; ils ont respecté les genres différents et
n'ont jamais laissé s'estomper les limites qui les séparaient l'un
de l'autre. Cette tendance se fait remarquer nettement dans la
composition de leurs poèmes ; la forme extérieure en était définie
d'avance par certaines conceptions traditionnelles. Même les
compositions dont la structure est libre quant à l'aspect général
du poème, sont bâties sur des unités métriques conformes aux

1) Le papyrus contenant ce péan a été publié par Schubart en 1918 (Sit-


zungsber. d. preuss. Akad., p. 763—768); on trouvera une analyse minutieuse
et la bibliographie complète chez Mounfford, New Chapters II p. 150 suiw.;
voyez aussi Del Grande, Chronique d'Egypte 12,1931, p. 441 suiw. — Mount-
ford pense que le symbole — a été employé constamment pour indiquer la
z£XQâori(iaç (LJ); selon lui, nous aurions affaire au spondeus rneizon.
2) D'après Plutarque, De mus. 28, § 281 et 33, § 374; les commentateurs
français pensent qu'il ne s'agit pas chez l'auteur de ce dialogue du paeon
epibatus véritable.
244 XIV 1» 2

schémas employés auparavant. Dans la poésie grecque, il y a


évolution, mais la tradition ne s'interrompt nulle part ;
partout
le «vers libre» y est inconnu. L'hexamètre épique présente
l'exemple le plus frappant de la tendance dont nous venons de
parler ; le même vers dont les poètes de l'époque homérique
sont servis comme d'un instrument satisfaisant en tous points
se
exigences de leur art, a été doué, quinze siècles plus tard,
aux
d'une vie nouvelle par Nonnus. Pour le lecteur non averti, cet
hexamètre modernisé ne diffère pas de son ancêtre homérique ;
mais les recherches des métriciens démontrent de plus en plus
clairement, à quel point le vers a été modifié par toute une série
de métamorphoses subtiles,
2. La théorie antique sur la composition des poèmes a été
condensée par Héphestion dans deux traités, intitulés IIBQI utotij-
fiazoç et Ileçi zioirmdzcov ; la valeur particulière en a été recon-
nue par un juge aussi compétent que Wilamowitî; (Versk. p. 441).
Des travaux de son prédécesseur Héliodore, il nous reste un grand
nombre de traces dans les scolies d'Aristophane (comp. I § 5).
Le livre d'Aristide Quintilien contient quelques brèves remarques
d'une valeur indiscutable concernant la composition des poèmes.
Dans les temps modernes, G. Hermann et Boeckh, l'éditeur
de Pindare, ont été les premiers à grouper les cola des strophes
lyriques en périodes formant un tout organique. Auparavant,
on se contentait de constater et de restaurer la correspondance
exacte des cola de la strophe et de l'antistrophe. En outre, Hermann
s'efforçait de démontrer une relation intime entre des périodes
et des groupes de vers d'une étendue plus considérable dont la
correspondance n'était pas visible dès l'abord; de cette manière,
il aboutit à la création de constructions symétriques de grande
envergure, se composant de longues séries d'unités différentes.
D'autres métriciens ont marché sur ses traces ; en partant de
certains principes de symétrie ou d'eurythmie, on tâchait d'éta-
blir une correspondance quelconque dans l'intérieur des strophes
individuelles, ou bien de réunir les strophes et les passages
stichiques qui les avoisinent, suivant des schémas que le poète
aurait désignés.
A part quelques normes générales constatées par Hermann,
il semble que toutes ces recherches ne sortent pas du domaine
de la spéculation subjective ; ni dans la correspondance inté-
rieure, ni dans la correspondance extérieure les poètes grecs
XIV 2, 3, 4, 5 245
ne sont allés aussi loin que l'ont pensé bien des métriciens. La
théorie antique ne nous autorise point à construire des hypo-
thèses hasardeuses dans cet ordre d'idées ; et, de nos jours, Wila-
mowitz a relevé la stérilité à laquelle sont vouées les recherches
de cette nature (Versk. p. 442, note 2 ; p. 450). Tout ce qu'on
peut dire, c'est que les poètes ont établi une correspondance inté-
rieure ou qu'ils ont construit de grandes compositions symé-
triques en certains cas isolés ; il ne s'agit pas de règles qu'ils
auraient partout suivies en composant leurs poèmes.
3. Au chapitre II, nous avons déjà énuméré les différentes
unités métriques, allant de la syllabe jusqu'à la strophe ; ici, nous
ajouterons qu'Héphestion distingue, à part du côlon, le KÔfifia,
c'est-à-dire le côlon catalectique (p. 63,1—3 Consbr.), et que l'agglo-
mération de cola identiques désignée par Hermann et presque
tous les autres métriciens modernes sous le nom de système, est
indiquée par Héphestion comme une composition l| ôfiolcov
(d'éléments conformes), p. 70,3 Consbr. Chez lui, le nom de
système (o-ùazrjfia) est un terme général indiquant toute unité
métrique comprenant deux ou plus de deux vers, p. 63,4 Consbr.,
4. La combinaison de vers de la plus petite étendue s'appelle
distique; v. IV § 19. Les poèmes composés de distiques
dont le premier vers est plus long que l'autre, s'appellent
é p o d e s (èntpôoS), v. VIII § 16 ; dans l'autre cas, ils sont
désignés par le nom de proôdes (ngornôol); par exemple :
AQ&BCÇ ôrfiiz' ànb Aevtcdôoç
nézQrjç &ç noXibv nvfia ttoXvfif3éa> fie^vcov è'çcùzi
(Anacréon, fr, 19 B. = 17 D.)
Ce distique se compose d'un glyconéen et d'un asclépiadéen
majeur hypercatalectique (X § 27).
Les poètes lyriques de Lesbos employaient des distiques com-
posés de vers identiques; les poèmes composés ainsi s'appellent
Kotvà avazrjfiaziHd ; comp. X § 27 1).
5. Les combinaisons de vers ou de périodes d'une plus grande
étendue s'appellent strophes ; un poème contenant des strophes
correspondant entre elles d'une façon quelconque, est composé
ttazà ayèaiv. On distingue les genres suivants :

*)Dans les papyrus, plusieurs poèmes de Sappho et d'Alcée sont divisés


en distiques au moyen du signe de la paragraphes (II § 5).
246 XIV 5

i) Dans les fiovoazQocpiKâ, une seule strophe est répétée sans


interruption (A A' A" etc.) ; la poésie monodique de Lesbos
appartient en grande partie à ce genre (strophe saphique, strophe
alcaïque, etc. ; v. X § 30). Dans la poésie lyrique des choeurs,
cette composition est plutôt rare ; l'étendue des strophes y est
plus grande, la composition en est plus compliquée. L'exemple
le plus ancien est présenté par le Parthénêe d'Alcman, fr. 23 B.
se peut qu'elle doive
= 1 D, ; cette strophe compte 14 cola ; il Pindare
être divisée en unités plus petites. Chez et chez Bac-
chylide, un petit nombre de poèmes estmonostrophique (01. XIV,
Pyth. VI, XII ; Ném. II, IV, IX ; Isthm. VIII ; Bacchyl, IV,
VI, XVII (XVIII), et les fragments des Encomia ou Scolia
découverts récemment (fr. 20 Bl.-Sn.)). Dans la poésie dramatique,
la composition monostrophique se rencontre de loin en loin chez
Aristophane, par exemple dans les Grenouilles, vers 416—439
(huit strophes).
Héphestion mentionne une variation curieuse inventée par Alc-
man (p. 74, 17 Consbr.) ; dans quelques poèmes il avait employé
deux strophes différentes, dont chacune était répétée sept fois
dans la première et dans la seconde partie du poème (A A A A
AAABBBBBBB).
2) La strophe est suivie d'une antistrophe identique, mais
la troisième strophe montre une composition différente (êncpÔMd).
Parmi les poèmes appartenant à ce genre, on distingue deux
groupes principaux :
a) La strophe et l'antistrophe forment avec l'épode 2) sui-
vante une unité distincte (ZQIÙÇ èncoôinri) ; cette triade est répé-
tée plusieurs fois en son entier (treize fois dans la Quatrième
Pythique de Pindare). Voici le schéma de cette composition :
AAB, A'A'B', etc. La plupart des poèmes de Pindare et de
Bacchylide appartiennent à ce genre de composition, qui s'était
déjà développée chez Stésiehore, Simonide et Ibycus ; elle est
typique pour la poésie lyrique des choeurs. Depuis quelque temps,
nous possédons un exemple très instructif d'un poème épodique
de la période archaïque : le poème d'Ibycus, dédié à Polycrate
(D. 3) ; la strophe et l'épode en sont brèves et de structure
simple, assez semblable dans l'une et dans l'autre.

*)Dans cette signification, le mot êncoôéç est féminin; dans la signification


mentionnée auparavant (§ 4), il est masculin.
XIV 5, 6 247
b) La strophe et l'antistrophe ne sont pas en relation avec la
strophe suivante ; souvent, plusieurs paires de strophes et d'anti-
strophes se font suite (A A, BB, etc.). Cette composition est
caractéristique pour les parties lyriques du drame ; la triade épo-
dique y est peu fréquente ; elle n'est pas répétée.
La parodos de YAgamemnon d'Eschyle compte treize strophes,
se faisant suite sans aucune interruption ; les trois premières
strophes forment une triade épodique (104—121 = 122—139 ;
140—159) ; les strophes suivantes se groupent en cinq paires
antistrophiques (160—167 = 168—175 ; 176—183 = 184—191 ;
192—204=205—217; 218—227 =228—236; 237—246=247—
257). Voici le schéma :
AA'B; CC; D D'; EE'; FF'; G G'.
La série de strophes et d'antistrophes précédant l'épode embrasse
parfois plus de deux strophes ; ainsi, on compte, dans la parodos
de YElectre de Sophocle, trois paires antistrophiques précédant
l'épode (vers 121—250) :
A A'; B B'; C C; D.
Nous parlerons plus tard de quelques autres variations de la
composition xazà oyêaiv.
6. Dans le drame, les strophes correspondantes peuvent être
séparées par des passages composés nazà ozl%ov ou par des
systèmes ëf ôfiolcov *) ; c'est le cas régulièrement dans la para-
base de la comédie (§ 12). Parfois,? ces couplets stichiques et ces
systèmes s'enchaînent dans la série d'unités correspondantes ;
il s'agit de passages répartis entre le choeur et les acteurs, où
le changement d'interlocuteurs et du genre de débit (chant,
3taqaMaza.Xoyf\, et déclamation sans aucun accompagnement
musical, appelée ipiXi) XéÇiç) faisait ressortir davantage la structure
symétrique. Souvent, la constatation et l'élaboration de cette
correspondance compliquée dépend plus ou moins du point de
vue personnel des éditeurs ou des métriciens. Cependant, Eschyle
a composé un kommos où le poète a visé sans aucun doute à la
composition d'un ensemble dont les parties correspondantes
s'entrelacent d'une façon tout à fait remarquable (Choéphores
315—422).

1) Héphestion désigne cette forme de correspondance par le terme «arà


Siixeiav âvxattoSiSôvai (p. 76, 6 Consbr.).
248 XIV 6, 7
Ces vers se répartissent sur douze strophes et trois couplets
anapestiques ; toutes ces parties de l'ensemble, dont la structure
imposante est unique dans la poésie grecque, se divisent en paires
correspondantes, exception faite pour le couplet anapestique
médian (vers 372—379) formant le centre du kommos. La strophe
et l'antistrophe sont séparées chaque fois par une strophe
hétérogène ; cette strophe correspond à son tour avec la strophe
médiane du groupe de strophes suivant. Chaque groupe embras-
sant trois strophes est séparé du groupe suivant par un couplet
anapestique composé de cinq dimètres (a et a' : vers 340—344
= 400—404). Les groupes formés ainsi, comptant chacun six
strophes et un couplet anapestique, entourent le couplet ana-
pestique que nous avons déjà indiqué ; celui-ci compte huit
dimètres anapestiques (b). Voici le schéma :
ABA' a CB'C b DED' a' FE'F'
La répartition des vers entre les. acteurs et le choeur va de pair
avec la division des parties correspondantes ; le choeur chante
chaque strophe médiane des triades (BB' et EE') et déclame
avec naQaKazaXoyq les systèmes anapestiques (a b a') ; Oreste
chante la première strophe de chaque triade (A C et D F), Elec-
tre chante les antistrophes (A'C et D'F').
7. A côté de la triade épodique (a), Héphestion distingue les
combinaisons suivantes :
b) La structure proôdique; une strophe hétérogène
précède la strophe et l'antistrophe (BAA').
c) La structure mésodique; la strophe hétérogène se
trouve entre la strophe et l'antistrophe (ABA').
d) La structure palinodique; dans un groupe de qua-
tre strophes, la première strophe est identique à la dernière, et
la seconde à la troisième (ABB'A').
e) La structure périodique; dans un groupe de quatre
strophes, il n'y a que deux strophes identiques ; elles sont pré-
cédées et suivies d'une strophe hétérogène (ABB'C).
Aucun de ces schémas n'a été appliqué par les poètes d'une
manière constante et suivie, comme c'est, au contraire, le cas
pour la structure épodique ; même dans le cas où l'on rencontre
trois ou quatre strophes qui se laissent grouper suivant un schéma
spécial, il reste permis de se demander si le poète a voulu les
XIV 7, 8 249
réunir en une triade ou en une tétrade formant une composition
symétrique.
Exemple de la structure proôdique, constatée expressément
par Héliodore : la strophe des Acharnéens d'Aristophane, vers
u50—1161 (A), suivie de l'antistrophe, vers 1162—1173 (A'),
est précédée d'une période anapestique, vers 1143—1149 (B),
faisant fonction de proôde. Dans les scolies, Héliodore désigne
le passage entier comme étant un siqocùômbv oteoiôôcov zoiâv.
Un exemple indubitable de la structure mésodique est pré-
senté par le kommos des Choéphores analysé dans le paragraphe
précédent.
La structure palinodique a été appliquée par Eschyle dans
la partie suivante du même kommos (vers 423—455) ; la première
strophe, vers 423—433 (A) correspond avec la quatrième
strophe, vers 445—455 (A'), la seconde strophe, vers 434—438
(B) avec la troisième, vers 439—444 (B')1).
La structure périodique se rencontre, sous une forme plus
compliquée que le schéma typique, dans quelques parodoi d'Euri-
pide ; par exemple, la parodos des Bacchantes commence par
une strophe non correspondante, vers 64—71 (A) ; elle est
suivie de deux paires de strophes antistrophiques, vers 72—87 =
88—104 (BB') et 105—119 = 120—134 (CC); elle se termine
par une strophe non correspondante, vers 135—169 (D) 2). Voici
le schéma :
ABB'CC'D.
8. 1) A côté de la structure monodique et de la structure
épodique (y compris les formes secondaires), Héphestion distingue
la structure ttazà sieQVKoitijv âvofioiofiegfj ; alors, les strophes
individuelles (désignées par Héphestion sous le nom de ovaz'rjpa.za)
ne correspondent pas l'une avec l'autre, mais elles forment un
groupe (péricope) qui correspond avec lafpéricope suivante, com-
posée de la même série de strophes :
ABC etc. A'B'C etc.
Dans les Acharnéens d'Aristophane, les vers 971—999 consti-

*) Wilamowitz et Schroeder ont accepté la transposition proposée par Schtitz


en insérant la quatrième strophe entre la première et la seconde; ainsi, ils
obtiennent la structure antistrophique ordinaire (A A' B B')- Mazon a eu
raison de ne pas changer l'ordre traditionnel.
1) Schroeder divise la première strophe en deux strophes correspondantes.
35o XIV 8
d'après Héliodore, une ovÇvyla nazà atBQWoat^v àvofioi-
tuent,
ofiEQfj ; chaque péricope se divise en deux strophes qui ne cor-
respondent pas entre elles : vers 971—975 (A) et vers 976—986
(B), et vers 987—989 (A') et 990—999 (B'). La première péricope
correspond en son entier avec l'autre :
AB =A'B'.
2) Le genre appelé par Héphestion àvzi&EziKov ne comprend
que quelques zEy>vonaiyvia. Dans ces poèmes, dont la forme
graphique devait frapper les yeux, les cola (vers) correspondent
l'un avec l'autre dans les deux parties du poème, et cela en
ordre inverse: abcd = d'c'b'a'. Comme exemple, Héphestion
cite l'OEuf (Siiôv) de Sim(m)ias; les Ailes (iTréguyeç) du même
poète montrent également cette structure.
Enfin, nous avons à mentionner le refrain ou versus inter-
calaris, c.-à-d. un côlon ou vers répété régulièrement à la fin
d'une strophe ou d'un groupe de vers. Héphestion (p. 70 suiw.
Consbr.) distingue Yephymnium (êq>vfiviov) et Yepiphthegmaticum
(ènupÛByfiaziHÔv) ; dans le premier cas, le sens du refrain se rat-
tache à celui des vers précédents, ce qui n'est pas le cas quand
il s'agit de Yepiphthegmaticum x). Comme exemple de la première
variété du refrain, Héphestion cite des invocations des dieux,
comme irjÏB naidv et a> ôi&vQafifiB; Bacchylide lui fournit l'exem-
ple d'un epiphthegmaticum :
Si) à" èv xiz&vi fiovvcp naçà ZTJV cplXr\v yvvaïxa qpevyBiç
(fr. 19(26))
Un côlon du même caractère que Yephymnium peut être inséré
régulièrement entre deux cola (vers) ; un poème bâti ainsi est
désigné par le nom de mesymnium (fiEavfivt,ov) ; le fragment
91 B. = 123 D. [de Sappho en présente un exemple ; le cri
ùfi^vaov y est répété.
Le versus intercalaris au sens général du mot se trouve déjà
dans Y Iliade ; le chant funèbre en l'honneur d'Hector (Si 723—
776) se compose de trois parties, chantées successivement par
Andromaque, par Hécube et par Hélène ; chaque partie est ter-
minée par un seul vers, dont la première partie est identique
toutes les trois fois ÇSiç ëcpazo nXaCova (HXalovaa) ), vers 746,
1) D'après le texte des manuscrits d'Héphestion; beaucoup d'éditeurs et
de métriciens invertissent les définitions de Yephymnium et de Yepiphthegma-
ticum en introduisant des conjectures plus ou moins violentes dans le texte.
XIV 8, 9 25i
760 et 776). Dans la poésie bucolique, le versus intercalaris est
employé plusieurs fois de la même manière, par exemple dans
la Deuxième Idylle de Théocrite :
jfuyj-, ë'Xxe zi) zîjvov êfibv jtozl ôcôfia zbv âvôoa
(vers 17 etc.)
Le refrain peut former une strophe individuelle ; c'est Eschyle
qui s'est servi avec une maitrîse particulière de ce genre de refrain,
par exemple dans le ôéafiioç Siivoç des Euménides (vers 329 suiw.
et 340 suiw.).
9. Après avoir discuté les différentes formes que la correspon-
dance des strophes peut revêtir, nous avons à parler de la nature
de la correspondance elle-même. En général, elle exige l'iden-
tité complète des cola dont les strophes se composent ; même la
substitution de pieds équivalents, par exemple celle du spondée
au dactyle, n'est pas très fréquente ; elle est évitée surtout dans
les strophes éolo-choriambiques et dactylo-épitritiques ; pour-
tant, la présence d'un nom propre la rend parfois nécessaire.
Ainsi, au vers 20 de Bacchylide, Ode XVIII (XVII), la base du
glyconéen est un tribraque commençant par un nom propre
(Slviv, oç loyfiï cpêQxaxoç) ; partout ailleurs, elle est dissyl-
labique (spondée ou trochée). Dans une épode dactylo-épi-
tritique de Pindare (Pythique Y), un côlon commence une seule
fois par un tribraque (KiXixiov frQÉyjEv JIOXVWVV\LOV avzçov,
vers 17 (32)) ; dans les épodes [correspondantes, on trouve au
même endroit le trochée qui forme régulièrement la première
partie de l'épitrite second. Ici encore, un nom propre a été la cause
de l'anomalie.
Pour étudier la correspondance dans une strophe dactylique,
le lecteur consultera l'analyse d'une strophe d'Eschyle dans le
chapitre IV, § 9.
La correspondance est encore moins exacte que dans les cas
que nous venons de mentionner, quand il s'agit de pieds qui ne
peuvent pas être substitués l'un à l'autre dans le côlon (vers)
lui-même. Ces cas se présentent de temps en temps dans les
strophes éolo-choriambiques ; nous avons vu que cette anomalie
s'explique par la composition de ce genre de vers (X § 2 et 16).
Quant aux dactylo-épitrites, ils n'admettent pas cette licence ;
v. VIII § 8.
Enfin, il y a des strophes où l'inégalité des cola correspondants
252 XIV 9, 10
n'est pas limitée à un seul pied ; apparemment, les poètes ont
appliqué de loin en loin une correspondance strophique plus
libre qu'elle ne l'était d'ordinaire. Cette particularité se fait déjà
remarquer dans la strophe la plus ancienne dont nous avons
connaissance : celle du Parthènée d'Alcman ; comp. VIII § 3b.
Dans les comédies d'Aristophane, la fréquence relative de cette
correspondance imparfaite saute aux yeux. L'antistrophe pré-
sente soit un autre genre de mètres, soit des cola appartenant au
même genre que les cola correspondants, mais d'étendue diffé-
rente. Par exemple, les dochmiaques des Oiseaux, vers 333—
335, sont remplacés par des péons premiers dans l'antistrophe,
vers 349—351 *) ; les péons premiers correspondent avec les
trochées dans la strophe analysée au chapitre XI, § 9. D'autre
part, le côlon correspondant au vers 897 des Grenouilles (trimè-
tre trochaïque) est trochaïque lui aussi, mais son étendue est celle
d'un dimètre (vers 994) 2).
Quant à la musique, on est réduit à des hypothèses plus ou
moins vraisemblables. En général, on présume que la musique
de l'antistrophe représentait exactement celle de la strophe ; le
compositeur ne se serait permis que des divergences minimes
dans le rythme, amenées par les anomalies dans la structure du
texte dont nous avons parlé. Del Grande part d'un autre point
de vue ; se basant sur la discussion de Denys d'Halicarnasse à
propos de la mélodie d'une strophe d'Euripide (comp. XII § 7),
il fait ressortir la relation existant entre la hauteur du ton de la
mélodie et l'accentuation des mots. Or, les mots ne portent pas
les mêmes accents aux mêmes endroits de la strophe et de l'anti-
strophe ; même le versificateur le plus habile ne serait pas parvenu
à accomplir ce tour de force. Il y aurait donc nécessairement
des écarts continuels entre la mélodie de la strophe et de l'anti-
strophe, mais les grandes lignes de la composition n'auraient
pas été modifiées.
10. Les poèmes non-stichiques qui ne sont pas construits xazà
o%èaiv (autrement dit, dont les éléments ne correspondent pas
entre eux), se divisent en ànoXBXvfiéva (1), fiez^inà àzaxza (2)
et ê|? ôfioicùv (3) 3),
J) Il faut omettre, avec Blaydes,
im* devant ifiol au vers 334.
2) V, White, Verse of Greek Comedy,
p. 18, § 51.
3) Héphestion ajoute les xoivà avaxTjftazixâ, dont nous avons déjà parlé;
v. § 4.
XIV io, II 253
1) Les ànoXeXvfiéva embrassent les groupes suivants :
a) Les &azQo<pa, c.-à-d. des côlons courts en nombre minime,
qui ne suffisentfpas à former une période individuelle. On les
trouve sous la forme de petits morceaux de mètre lyrique, insé-
rés entre les vers du dialogue du drame, par exemple dans le
Plutus d'Aristophane, vers 637 (deux dochmiaques) et 639 suiv.
(quatre dochmiaques)1).
b) Les dvofiowazQotpa ; le poème peut être divisé en groupes
de cola ou de vers, quoiqu'il n'y ait nulle trace de correspondance
strophique ; la division repose sur le changement d'acteurs ou
d'un acteur et du choeur, ou bien sur l'insertion d'ephymnia ou
de clausulae. Quand on distingue deux groupes, le morceau s'ap-
pelle un ézegôozQoqoov ; quand il y a plusieurs groupes, il est
désigné par le nom de âXXoioazQotpov. Beaucoup de chants alter-
nés du drame appartiennent à cette catégorie.
c) Les ëzfiijza ne se divisent pas en sections distinguées nette-
ment l'une de l'autre ; c'est le cas pour les monodies du drame.
2) Les fiezQixà iUzanza se composent de vers différents combi-
nés sans aucune règle ; le Margites, poème attribué à Homère,
en présente un exemple ; des trimètres ïambiques s'y trouvaient
insérés après un nombre quelconque d'hexamètres dactyliques,
3) Les ££ ôfioLcov se divisent en deux groupes :
a) Les àrisQiQQLcxza; ces poèmes n'admettent pas la division
en plusieurs systèmes ; ils se composent d'une seule série inin-
terrompue de cola appartenant au même mètre ; c'est le cas pour
le nvïyoç de la comédie (v. § 12).
b) Les poèmes xazà nEQioQixifiovç âvlaovç] (c,-à-d, disposés
en groupes d'étendue inégale) ; à cause de l'insertion de cola
catalectiques, ils peuvent être divisés en plusieurs systèmes, par
exemple les systèmes anapestiques de la parodos de la tragédie,
La division des poèmes était indiquée par des signes graphi-
ques, traités dans le chapitre II § 5.
11. Enfin, nous ferons suivre un résumé des éléments consti-
tutifs d'une tragédie et d'une comédie aristophanéenne.
La tragédie s'est développée la première comme un genre de
littérature ayant ses formes fixes et ses règles spéciales ; mais
la comédie, bien qu'ayant profité de bonne heure de l'exemple

*) Par le nom d'&oxçotpa, on désigne souvent tous les poèmes non-


stichiques qui ne se divisent pas en strophes correspondantes.
254 XIV il
présenté par l'autre poème dramatique, possède quelques élé-
ments qui sont bien à elle et en font un genre individuel. Le drame
satyrique, donné après une trilogie tragique, ne diffère pas essen-
tiellement de la tragédie du point de vue technique.
A l'époque classique de la tragédie attique, la pièce commen-
çait par un prologue (nQôXoyoç) ; un ou plusieurs acteurs
sont entrés en scène, mais le choeur en est encore absent. Celui-ci
entre quand la parodos (ndQoôoç) commence ; ensuite, une scène
se jouait entre le choeur et les acteurs, appelée épisode
(èrtEioôôiov) ; elle était suivie d'un chant du choeur, le stasimon
(azdaifiov)1). La combinaison d'un épisode et d'un stasimon
se répète quelques fois (ordinairement trois fois). La partie finale,
se terminant par le départ du choeur, s'appelle exode (ëÇoôoç).
Dans les pièces les plus anciennes d'Eschyle (les Suppliantes
et les Perses), le prologue fait défaut ; probablement, cet
élément n'est entré qu'après coup dans la tragédie. La parodos
typique était écrite en systèmes d'anapestes, mètre de marche bien
qualifié pour l'entrée en scène du choeur ; ces systèmes étaient
suivis par un chant du choeur. Cependant, on rencontre des
parodoi qui s'éloignent beaucoup du schéma traditionnel ; les
anapestes en sont parfois absents, et le choeur chante immédiate-
ment des strophes correspondantes en mètres lyriques (par exem-
ple dans YOEdipe-Roi) ; ou bien des anapestes sont insérés entre
les strophes du chant du choeur (par exemple dans YAiax) ; ou
bien des systèmes d'autres mètres que l'anapeste précèdent le
chant du choeur (par exemple des dochmiaques dans les Sept
contre Thèbes) ; enfin, la parodos peut se former de strophes cor-
respondantes réparties entre le choeur et un acteur (par exemple
dans les deux Électres).
Dans les é p i s o d e s, le choeur se mêle au dialogue dans la
personne de son conducteur, le coryphée (xoovcpaïoç) ;
inversement, un acteur ou même deux acteurs (c'est déjà le cas
dans les Choéphores d'Eschyle, vers 306 suiw.) peuvent débiter
une partie lyrique avec le choeur. Ce genre de chant alterné est
indiqué par le nom de kommos, qui se rapporte proprement aux
complaintes (de H,ônzEo-d>ai, se frapper la poitrine en signe de

a) Dans le livre de W. Kranz, Stasimon, Berl. 1933, le stasimon est traité


en connexion avec le chant choral de la tragédie en général, depuis Eschyle
jusqu'à Sénèque.
XIV il, 12 255
deuil). Les parties lyriques des acteurs sont indiquées par le terme
ànb axrjvfjç. Les monodies (fiovq>ôiai) sont étrangères à la tragé-
die primitive; Eschyle ne les a employées que dans une seule
pièce (Prométhée, vers 88 suiw. et 562 suiw.). Par contre, Euri-
pide montre une prédilection particulière pour lès monodies.
Dans l'e x o d e, tout comme dans la parodos, les systèmes
anapestiques sont à leur place ; mais elle peut aussi revêtir la forme
du kommos, comme c'est le cas dans les Perses d'Eschyle. D'au-
tres mètres que l'anapeste se rencontrent dans la parodos de plu-
sieurs tragédies ; ainsi YAgamemnon du même poète se termine
par des tétramètres trochaïques, et les Euménides pat deux paires
de strophes correspondantes de mètre dactylique. Chez Euripide,
l'exode se réduit le plus souvent à un petit nombre d'anapestes,
qui contiennent en cinq pièces (Alceste, Médée, Andromaque,
Hélène, Bacchantes) les mêmes paroles stéréotypes.
Nous avons déjà parlé de la forme spéciale du dialogue dite
stichomythie et de la division du vers en àvziXaflai ;
v. V § 15 C, 4.
A côté du chant et de la récitation sans aucun accompagne-
ment musical, la récitation mélodramatique (nagaxazaXoyq)
était admise dans le drame ; v. II § 14. La danse employée dans
la tragédie s'appelait emmeleia (èfifiéXEia) ; elle était d'un carac-
tère calme et majestueux. Dans le drame satyrique, la danse
s'accommodait au caractère pétulant des personnages qui en
formaient le choeur ; elle s'appelait sicinnis (oixivviç). Dans la
tragédie, le choeur comptait d'abord 12, puis 15 personnes; le
premier nombre semble avoir été de tout temps en usage dans
le drame satyrique.
12. Dans une pièce de la comédie attique ancienne, les cinq
éléments constitutifs de la tragédie se retrouvent tous : prologue,
parodos, épisodes et stasima, et exode. La parodos n'avait pas de
forme particulière ; le plus souvent, des parties lyriques y sont
combinées avec des parties non lyriques. Dans les Cavaliers et
dans la Paix, l'élément lyrique est absent de la parodos. L'e x o d e
coïncidant avec la fin de la comédie, se termine par un chant
du choeur ; les Cavaliers seuls finissent par des trimètres ïambiques.
Les éléments constitutifs propres à la comédie s'appellent
parabase (jtaqâfîaoïç) et débat (àydbv). La parabase
formait, avec la parodos, le noyau de la comédie primitive; le
256 XIV i2
débat s'est développé à côté de la parabase comme une partie
caractéristique de la comédie.
La parabase contient sept parties, qu'Héphestion a déjà distin-
guées (p. 72 suiw. Consbr.): 1) le xofifidziov, 2) la parabase
proprement dite, appelée aussi dvdnaïazoï, d'après le mètre
favori de cette partie, 3) le fiaxoév OU nvlyoç, 4) l'o d e (désigné
le de fiéXoç chez Héphestion), 5) l'épirrhème
par nom
(èmlgQqfia), 6) l'a n t o d e (ou zb z<p fiéXsi àvxiaxoofpov, suivant
la terminologie d'Héphestion), 7) l'a n t é p i r r h è m e (âvzs-
ntoQijfia).
Les trois premières parties étaient des dazoocpa — au' sens géné-
ral du mot — (le xo/ifidziov et le fiaxoév) ou des vers répétés
xazà ozC%ov (la parabase) ; les quatre parties restantes étaient
bâties xazà o%êoiv, l'ode correspondant avec l'antode et l'épir-
rhème avec l'antépirrhème. L'ode et l'antode se composent de
différents mètres lyriques ; l'épirrhème et l'antépirrhème sont
écrits en tétramètres trochaïques, le plus souvent au nombre de
seize. Ces quatre groupes forment une syzygie épirrhé-
m a t i q u e (êniQQijfiaxixij avÇvyla).
Le xofifidxiov était une monodie écrite soit partiellement soit
en son entier en anapestes (à l'exception des Oiseaux). Dans la
parabase proprement dite, le poète s'adresse aux spectateurs ;
il y emploie presque toujours des tétramètres anapestiques décla-
més sans accompagnement ; dans les Nuées, Aristophane s'est
servi de l'eupolidéen (comp. X § 28). Le fiaxoôv est lié immé-
diatement à la parabase proprement dite ; il se compose d'un seul
système anapestique, destiné à être récité en un seul trait et
empêchant, pour ainsi dire, la respiration du récitateur ; de là
le nom de nvlyoç (étouffement) 1).
La parabase n'est pas toujours complète ; par exemple, elle ne
se compose que de la parabase proprement dite, du fiaxoôv ou
nvlyoç et d'un épirrhème dans les Thesmophories. D'autre part,
on trouve dans quelques pièces une parabase secondaire, qui
n'est jamais complète.
Le nom de la parabase est en rapport avec l'action du choeur ;
pendant la parabase, celui-ci défilait à travers Yorchestra (oi
XOûBvxal naoéfiaivov, dit Héphestion, p. 72,15 Consbr.); ensuite,

x) Héphestion dit (p. 73, 4 Consbr.): Sià xo âjxvevoxl Xéyea&ai.


XIV 12 257
il se dirigeait vers les spectateurs pour débiter les vers que le
poète leur avait destinés.
Pour se faire une idée d'une parabase complète, le lecteur
pourra parcourir les vers 1009—1121 des Guêpes. Le xofifidziov
comprend les vers 1009—1014, formant une seule strophe non
correspondante de mètre anapestique et trochaïque ; il est suivi
de la parabase proprement dite (vers 1015—1050), écrite,
selon l'usage, en tétramètres anapestiques ; le nvlyoç termine
la première partie de la parabase entière (vers 1051—1059, un
seul système anapestique). Puis viennent l'o d e (vers 1060—
1070, en mètre trochaïque et crétique), l'épirrhème (vers
1071—1090, des tétramètres trochaïques), l'a n t o d e (vers
1091—1101) et l'antépirrhème (vers 1102—1121).
Quant au débat (àycbv), il n'a été reconnu comme élément
caractéristique de la comédie ancienne qu'au cours du dernier
siècle. Rossbach et Westphal l'ont étudié d'abord (dans Théorie
der musischen Kùnstes, III 2 p. 133 suiw.) ; il a été analysé à
fonds par Zielinski dans son livre célèbre Die Gliederung der altat-
tischen Komodie (Leipz., 1885). Le nom de débat, employé deux
fois par le choeur comique lui-même (Guêp. 534, Gren. 883),
caractérise très bien cette partie de la comédie ; c'est en effet
un débat entre deux acteurs, le choeur faisant fonction d'arbitre ;
la thèse en est d'ordinaire celle même qui est à la base de la comé-
die entière. Le débat est inséré régulièrement entre la parodos
et la parabase ; cependant, on trouve un débat dans la deuxième
partie des Nuées et des Grenouilles.
Le débat complet se compose de neuf éléments, dont les qua-
tre premiers correspondent avec les quatre suivants. D'après
Zielinski, on les désigne par les noms d'o d e (1), c.-à-d. un chant
du premier demi-choeur (-fyfiixÔQiov), de xaxaxeXevofioç (2),
exhortation adressée par le coryphée au premier orateur,
d' é p i r r h è m e (3) et de nvlyoç (4) ; ici, cet orateur expose
son point de vue, d'abord en tétramètres, puis en dimètres. Le
second demi-choeur et son coryphée, et le second orateur débi-
tent des parties analogues : a n t o d e (5), âvzixazaxeXevofiôç
(6),antépirrhème (7) et àvztnviyoç (8). Le débat se ter-
mine par le verdict prononcé probablement par le second cory-
phée ; cette partie s'appelle ocpoaylç (9).
Dans les Guêpes, le débat comprend les vers 526—759 ; les
526—545 contiennent Yopôrf, les vers 631—647 Yâvzcpôrj
vers
Traité de métrique grecque !7
258 XIV 12
(strophe et antistrophe de mètre éolo-choriambique) ; les vers
546—547 forment le xazaxsXevofiôç, les vers 648—649 Yàvzi-
xazaxelevo-fiôç, les vers 548—620 YênCoorjfia, les vers 650—
718 YâvzEniQoijfia (toutes ces parties se composent de tétramètres
anapestiques) ; les vers 621—630 contiennent le nvlyoç, les vers
719—724 YâvzLnviyoç (systèmes anapestiques) ; enfin, la oyoayCç
(vers 725—759) se divise en trois parties : (a) vers 725—728
(tétramètres anapestiques), (b) vers 729—735 et 743—749 (strophe
et antistrophe de mètre ïambique et dochmiaque), et (c) vers
736—742 et 749—759 (systèmes anapestiques correspondant
entre eux).
Les écarts du schéma idéal ne sont pas rares ; les éléments ne
sont pas toujours tous présents. En général, le débat est moins
rigoureusement astreint à une forme spéciale que la parabase.
Le nombre des tétramètres de l'épirrhème et de l'antépirrhème
du débat n'est égal que dans deux comédies (les Cavaliers et les
Oiseaux). Le mètre en est le plus souvent anapestique ; mais on
y trouve aussi le mètre ïambique. Tout porte à croire que la forme
extérieure du débat a été imitée librement de celle de la parabase.
Parmi les comédies aristophanéennes de la première époque,
les Acharnéens et la Paix n'ont point de débat ; par contre, les
Nuées et les Cavaliers en comptent deux 1).
La danse extravagante et obscène propre à la comédie, s'appe-
lait xÔQÔdÇ. Le nombre des choristes employés dans la comé-
die était de vingt-quatre.

Pour plus de détails, on consultera le livre de White, p. 313 suiw,, dont


*)
mon exposé est en grande partie un résumé.
PRÉCIS DE MÉTRIQUE LATINE
1. Le seul vers d'origine latine dont nous avons connaissance,
est le saturnien (versus saturnius) ; la composition et le
caractère de ce vers ont été l'objet d'innombrables discussions.
On a tâché de l'expliquer comme un vers caractérisé par la quan-
tité des syllabes, tout comme les vers grecs x), par l'accentuation 2),>
et par le nombre des syllabes (vers isosyllabique) s) ; enfin on"
a supposé des origines étrusques 4). J'ai analysé les principaux
travaux depuis l'antiquité jusqu'à nos jours dans Mnemosyne,
LVII, p. 267—346 5).
Les plus anciens saturniens conservés sont les fragments de
la traduction latine de l'Odyssée ; c'est un Grec, Livius Andro-
nicus (deuxième moitié du troisième siècle avant J. C), qui en
est l'auteur. Aussi il est peu probable que nous puissions jamais
connaître des saturniens absolument exempts d'influence hel-
lénique.
Comme exemple du saturnien normal, les Anciens citent le
vers des Metelli adressé au poète Naevius :
Malum dabunt Metelli Naevio po'étae
(Mnem. 1. c, p. 338).
Ce vers est un asynartète, composé de deux membres ; le pre-
mier membre compte sept, le deuxième, six syllabes; ils sont

1) C'est l'opinion de Caesius Bassus et des autres métriciens latins; parmi


les modernes, Luc. Mueiler, Léo et Zander sont partis de cette supposition;
v. Mnem. 1. c, p. 275 suiw. et 280 suiw.
2) Le Hollandais Santenius a émis cette hypothèse dans son édition de Teren-
tianus Maurus (publiée en 1825); des auteurs allemands ont repris cette hypo-
thèse, qui a trouvé aussi un défenseur en Lindsay; elle semble être délais-
sée maintenant, même par Lindsay; v. Mnem. Le, p. 269 suiw.
3) Sonnenschein et l'auteur de ce livre; v. Mnem, l.c, p. 298 suiw.
â) Déjà G. Hermann y avait pensé (EL Doctr. Metr. p. 606); parmi les au-
teurs de ce siècle Kretschmer et Skutsch; v. Mnem. l.c, p, 27a-
6) Il faut ajouter aux travaux énumérés dans mon article : A. W. de Groot,
Le vers saturnien littéraire, Revue des études latines 1934.
2Ô0 § I> 2
séparés par une diérèse distincte. Le plus souvent on scande le
premier membre comme des ïambes, le deuxième comme des
trochées.
On trouve aussi la forme acéphale :
Tumque remos iussit relligare struppis
(Liv. Andr., Od. 9 ; Mnem. 1. c, p. 328)
Le vers peut affecter la forme procéphale (avec levé de deux
brèves) :
Veteres Casmenas, cascam rem volo profari
(Carmen Priami ; Mnem. I. c, p. 338).
Ensuite l'avant-dernier levé peut être supprimé :
Vinumque quod libàbant anculabatur
(Liv. Andr., Od. 36,2 ; Mnem. I. c, p. 330).
A côté de ces formes plus simples, il en existe de plus com-
pliquées, qui seront passées ici sous silence.
Après l'Odyssée latine, le Bellum Punicum de Naevius a été le
principal poème écrit dans ce mètre ; il n'en reste que des frag-
ments. On connaît aussi quelques inscriptions qui présentent
des saturniens ; les Elogia Scipionum (Mnem. 1. c,, p. 342) en sont
les exemples les plus connus.
2. Les tentatives de Livius Andronicus et de Naevius n'ont
pas eu de lendemain ; le saturnien n'est pas devenu le vers épique
des Romains, Ennius, à la fois grammairien et poète, a intro-
duit l'hexamètre grec, qui est resté le vers éminemment
adapté aux exigences de la poésie épique et des genres apparen-
tés. Les poètes du dernier siècle avant J.-C. l'ont manié avec
un art raffiné et une technique subtile, qui ne réglait pas seule-
ment la répartition des césures et des mots, mais aussi, selon
beaucoup de savants, le rapport entre l'accent des mots et l'ictus
métrique.
Ainsi la versification latine a eu son propre caractère, même
en suivant des modèles grecs. Une différence fondamentale
sépare la métrique proprement dite et la prosodie des premiers
poètes dramatiques latins de celles des Grecs. Elles nous sont
presque exclusivement connues par les comédies de Plaute et
de Térence ; ici la langue parlée a exercé une influence prépon-
dérante.
§ 3, 4 26i
PROSODIE
3. On évite l'hiatus; il y a élision entre deux mots, lorsque
le premier finit et que le second commence par une voyelle.
Comme le m n'était prononcé que faiblement, quand il se trouvait
à la fin d'un mot et était précédé par une voyelle, il ne pouvait
pas empêcher un hiatus et donnait lieu à l'élision. En latin la
lettre élidée n'était pas supprimée dans l'écriture :
Quae postqu(am) evolvit caecoqu(e) exemit acervo
(Ovide, Met. I 24).
Quand le second mot est es ou est, l'élision usuelle est rempla-
cée par l'omission de la voyelle initiale de ces mots ; le mot pré-
cédent et le mot suivant se fondent ensemble : dictum(e)st. En
latin archaïque la désinence -us est traitée de la même manière.
Les interjections n'exigent point l'élision et permettent tou-
jours l'hiatus.
Il y a une tendance à diminuer le nombre des élisions. Elles
abondent encore chez Virgile, mais Ovide, Properce et Tibulle
en font un usage plus restreint. Il faut ajouter que le même poète
admet plus ou moins d'hiatus dans les genres différents x).
4. L'hiatus est toléré dans le vers, s'il y a une pause métrique ;
les détails seront étudiés quand il sera question de l'hexamètre
de Virgile (§ 12b).
Quelquefois une voyelle longue ou diphthongue suivie d'une
voyelle n'est pas élidée, mais abrégée, suivant la pratique des
poètes grecs (vocalis ante vocalem corripitur). Il s'agit presque
toujours de mots empruntés au grec ; voyez le même § 12b.
Le cas n'est pas le même quand il s'agit de mots monosylla-
biques ; ils peuvent être abrégés de la même manière en latin
archaïque en dehors de toute influence étrangère, et cette abré-
viation n'est pas du tout une particularité de la versification épi-
que. L'exemple suivant la montre dans un vers ïambique :
Nam qui amat quoi odio ipsus est, bis facere stulte duco
(Ter., Héc. 343).

x) J'emprunte les chiffres suivants à Vollmer, Rom. Metr. p. 20: dans 100
Virgile élisions dans les Géorgiques et l'Enéide, 27 dans
vers a en moyenne 50
les Bucoliques; Horace 9 dans les hexamètres lyriques, 40 dans les Satires,
17 dans les Êpîtres ; Ovide 15; Lucain 13; Claudien 5.
262 § 4> 5> 6

Par contre les exemples sont très rares dans les vers dactyliques :
Credimus ? an qui amant, ipsi sibi somnia fingunt ?
(Virg., Bue. 8, 109).
5. Une syllabe est longue par position,
quand une
voyelle brève est suivie de deux consonnes, d'une consonne dou-
ble ou de plusieurs consonnes ; si la première est une muette et
la seconde une liquide, il y a position faible (positio
debilis) ; la syllabe compte le plus souvent comme brève, mais
parfois aussi comme longue ;
Et primo similis volucri, mox vera volûcris
(Ovide, Met. XIII 607).
Quand les deux consonnes font partie de deux mots, soit dans
des mots séparés, soit dans un composé, il n'y a pas de position
faible ; ainsi la première syllabe de ab-rumpere est toujours lon-
gue.
Chez les poètes plus anciens (jusqu'au temps de Cicéron), le
s à la fin d'un mot, suivi d'une consonne, n'autorise pas l'allonge-
ment par position :
Hic occasu(s) datas (e)st ; at Oratius inclutu(s) saltu
(Ennius, Ann. 129 Vahl.) x).
Par contre le m, précédé et suivi d'une voyelle, est conservé
quelquefois à la fin d'un mot, notamment dans la poésie archaï-
que ; il n'y a pas d'élision. Les exemples sont rares ; j'en cite un :
Insignita fere tum milia militum octo
(Ennius, Ann. 332 Vahl.).
Dans quelques combinaisons (sp, sq, st, se), le s est le plus
souvent négligé quant à la position, quand ces combinaisons se
trouvent au commencement d'un mot :
Ponitë; spes sibi quisque, sed haec quam angusta videtis
(Virg., En. XI 309).
6. I) La s y n i z è s e employée dans la versification
grecque
se rencontre aussi en latin ; deux voyelles se fondent ensemble,
quoiqu'elles ne forment pas une voyelle ou une diphthongue.
On distingue les cas suivants :
a) Il s'agit de mots latins :

x) Voyez pour la prosodie de datus est § 3.


§ 6, 7 263

i) les mots se terminant par -eus (presque toujours des adjec-


tifs indiquant la matière) ;
2) quelques cas du mot idem ;
3) quelques composés (des mots composés avec de-, p. e. deinde ;
seorsum, proinde, prout, quoad).
b) Il s'agit de mots empruntés au grec, le plus souvent des
noms propres.
a 1) Atria; dépendent lychni laquearibus aureis
(Virg., En. I 726)
2) Una éademque via sanguis animusque sequuntur
(Virg., En. X 487)
3) Eurum ad se Zephyrumque vocat ; dehinc talia fatur
(Virg., En. I 131)
b) Unius ob noxam et furias Aiacis Oilei
(Virg., En. 141) ;
II) Il y a synizèse apparente, quand le i ou le u doivent être
prononcés devant une voyelle comme des consonnes (y ou v) :
Italiam fato profugus Laviniaque venit
(Virg., En. I 2 ; prononcez Lavinyaque)
Genua labant, vastos quatit aeger anhelitus artus
(Virg., En. V 432; prononcez genva).
Les poètes archaïques font un usage plus fréquent et plus
libre de la synizèse.
A la synizèse s'oppose la diérèse; une voyelle ou diph-
thongue se prononce comme deux voyelles, ou bien une con-
sonne se prononce comme une voyelle.
I) Laetus huic dono videas dare tara nepotes
(Stace, Silv. I 1, 107 ; huic dissyllabique) ;
II) Aurarum et siluae metu
(Hor., Carm. I 23, 4; silvae est la forme courante).
7. Les exemples de syncope ne sont pas fréquents ; dans
la plus grande partie des cas il s'agit de formes syncopées du par-
fait et du supin de plusieurs verbes ;
Improvisum aspris veluti qui sentibus anguem
(Virg., En. II 379 ; asperis est la forme régulière) ;
Exciderant animo ; manet alla mente repostum
(Virg., En. I 26 ; repositum est la forme courante).
264 § 7> 8> 9
Quand la voyelle élidée ne se trouve pas au milieu, mais à la
fin d'un mot, il y a apocope. En dehors des mots qui peuvent
subir l'apocope en prose aussi (par exemple nec a côté de neque),
elle se rencontre seulement dans la comédie; ainsi quippe pou-
vait être prononcé sans e final.
8. La quantité des voyelles n'est pas toujours la même ; dans
certains mots (presque toujours des noms propres), elle peut
varier selon les exigences de la métrique. Virgile a une fois
Sychaeus (En. I 343), mais ailleurs Sychaeus; une fois Diana
(En. I 499), mais ailleurs Diana. Le substantif Italïa n'est utili-
sable dans les vers dactyliques qu'avec syllabe initiale longue ;
l'adjectif Italus retient le plus souvent le i bref. De même on
scande Prïâmïdes à côté de Prïâmus.
Il y a une tendance générale dans la langue parlée à affaiblir
la quantité de beaucoup de voyelles, surtout à la fin des mots ;
la langue poétique n'y a pas échappé. Ennius emploie encore la
désinence verbale -at avec voyelle longue (ponebât Ann. 371
Vahl.), mais il a aussi -at (mandebât Ann. 138 Vahl.). Le 0 final,
long d'origine, est déjà bref dans le nominatif de la troisième
déclinaison chez Lucrèce (hbmb VI 652) ; plus tard Ovide scan-
dera nemb (Met. XV 600), Horace mentïô (Sat. I 4, 93). Des.
formes verbales comme vblb se rencontrent déjà chez Catulle (par
exemple 6, 16), puis chez les poètes du temps d'Auguste ; Horace
a eb (Sat. I 6, 119), Ovide tollb (Am. III 2, 26) 1). L'ablatif du
gérondif se trouve pour la première fois avec 0 bref chez Sénèque
(vincendb, Troyen. 264, lugendb, Herc, (Et. 1862).
9. Nous avons déjà remarqué que la prosodie de Plaute et de
Térence diffère essentiellement de la prosodie des vers épiques
et lyriques et du drame de l'époque impériale (Sénèque). On a
longuement discuté les questions que comporte ce problème,
sans parvenir à des résultats susceptibles d'une approbation
unanime. Je n'indiquerai que quelques questions principales et
les solutions vraisemblables.
On constate de prime abord que très souvent des syllabes qui
devraient être longues, sont employées comme brèves ; par
exemple :

x) Dans les mots dont la syllabe pénultième est brève, l'abréviation peut
être expliquée par la loi plus générale qui sera mentionnée dans le paragraphe
suivant.
§ 9 265
Senëctutem oblectet : respice aetatem tuam
(Ter,, Phorm. 434).
Les savants ont cherché à expliquer ce fait par des hypothèses
différentes, qui reposent le plus souvent sur l'axiome, que les
poètes comiques ont rapproché la langue artificielle de la poésie
de la langue parlée ; ils auraient donné ainsi une allure plus
naturelle et plus souple à leurs vers. On pense en premier lieu
à l'influence de l'accent des mots, qu'il faut considérer alors comme
dynamique ; par contre plusieurs linguistes et métriciens (l'école
française et ses adhérents) contestent la nature dynamique de
l'accent latin ; enfin quelques métriciens ont nié qu'il existât
une relation entre la prosodie des vers et l'accent de la langue
parlée, laissant de côté la nature de l'accent (Luc. Mueller, Wilh.
Meyer). Aujourd'hui les métriciens sont portés à concilier les ten-
dances extrêmes x).

1) Voici quelques jugements de métriciens modernes: « D'après la plupart


des métriciens, la raison de ces règles est d'éviter une discordance particulière-
ment choquante de l'ictus métrique et de l'accent du mot. — Plusieurs savants
rejettent cette explication, pensant qu'on ne doit accorder à l'accent aucun
rôle dans la versification latine. Les Latins auraient seulement recherché
certaines divisions de mots de préférence à d'autres » Laurand, Manuel des
Et. Gr. et Lat. VII, éd. IV, 1929, p. 783. « L'accent ne contribue donc en
rien à marquer le rythme de ces vers », Juret, Principes de Métr. Gr. et Lat.,
1929, p. 34. Vollmer, Rôm. Metr., 1923, p. 4 suiw. ne conteste pas l'influence
de l'accent, mais ce faisant, il ne va pas jusqu'à admettre que l'ictus du vers
soit toujours d'accord avec l'accent de la langue parlée. « Man hôrte natiir-
lich die Abweichung vom natûrlichen Akzent, sie beleidigte aber das Ohr
nicht, machte nur den hôheren Stil ftihlbar» (p. 7). « Im altlateinischen
Sprechverse ist der Iktus an den Wortakzent gebunden», E. Frânkel, Iktus
u. Akzent im Lat. Sprechv., 1928, p. 342. « Im ganzen aber folgt der Sprech-
vers der altlateinischen Komôdie der Prosabetonung », F. Crusius, Rôm.
Metr., 1929, p. 103. « It cannot be doubted that thèse phenomena in prosody
answer to the actual pronunciation of Latin in the living speech of the time »,
Hardie, Res Metrica, 1920, p. 91; il accepte l'accent, à côté de la présence
d'une syllabe brève précédente, comme « the other contributory cause »,
p. 90, note. » While recognizing the Accent as a new factor in Plautus' versi-
fication, we must not assign to it (as many do) a leading part — it would
be unreasonable to postulate anything more for Plautus than a strong
disposition to bring ictus and accent info harmony where he conveniently
could without sacrificing things more important», Lindsay, Early Lat.
Verse, 1922, p. 29. D'après Sturtevant, l'accent des mots et l'ictus métrique
sont d'importance égale; par conséquent les poètes devaient tâcher de conci-
lier l'un et l'autre dans leurs vers; «Plautus and Terence accomplished this
266 § 9, io
La tendance à l'abréviation des syllabes longues se manifeste
surtout après brève précédente ; c'est ainsi qu'on a formulé
une
la loi des « brèves breviantes » (Lindsay, Hardie) ou le « Jamben-
kûrzungsgesetz » des Allemands. Les métriciens qui acceptent
la théorie de l'accent dynamique, le considèrent comme la cause,
ou bien comme une des causes de ce phénomène. Celui-ci ne
repose pas sur un principe métrique, mais sur un principe phoné-
tique ; en général les poètes ne changeaient pas la quantité des
mots, quand ils voulaient les adapter à leurs vers. Lindsay est
porté à croire que les choses se passaient toujours ainsix) ;
Fraenkel suppose que le poète se servait à volonté des possibilités
que ce phénomène lui offrait ; il a observé que l'abréviation a
lieu ou non dans ' des cas analogues et que l'abréviation peut
aussi se manifester quand la brevians est séparée de la breviata
par un changement d'interlocuteur 2).
L'abréviation concerne surtout des pronoms (quis ille est est
scandé u u non u _).
_, _
10. D'autres questions concernant l'accent doivent être passées
ici sous silence ; nous mentionnons seulement cette particularité,
que la syllabe pénultième d'un mot composé de trois syllabes

fairly well for the most part», Transact. and Proc. of the Am. Phil. Assoc,
LIV, 1923, p. 52. Par contre, Môuntford appelle l'attention sur quelques
témoignages reposant sur des faits incontestables, qui ne sont pas favorables
aux partisans de l'ictus, v. les mêmes Transactions, LVI, 1925, p- 150 suiw.
Voici enfin le jugement d'un des plus fins connaisseurs parmi les Romains
eux-mêmes: Comicorum senarii propter similitudinem sermonis sic saepe sunt
abiecti, ut nonnumquam vix in eis numerus et versus intélligi possit, Cicéron,
Or. 55, 184.
Les ictus qu'on trouvera indiqués dans ce livre,
sont ajoutés dans un but pratique; je n'ai aucune-
ment voulu reconstituer la déclamation authen-
tique.
1) « When Plautus scans modo, cito, voluptas-mea etc., it has nothing to do
with the ictus of the verse. He heard the words, pronounced every day with
this quantity, and naturally and properly put them with this quantity in his
quantitative verse, assigning to the Word such a position as the quantitative
scheme of the line allowed the Word to occupy», E. L. V. p. 39.
- 2) V. Jkt. u. Akz. p. 344 suiv.; dans la Casina
on lit trois fois novdm nup-
tam ou novae nuptae sans abréviation, une fois novae nuptaé avec abréviation,
toujours au même endroit du vers. — La question des brèves breviantes est
étudiée à fond dans le livre récemment paru de Skutsch, Prosodische und
metrische Gesetze der Jambenkûrzung, Goettingue 1934.
§ to 267
brèves ne reçoit pas Victus (généra serait faux) ; quand la première
syllabe est longue (omnia), cet ictus est seulement permis dans
le premier pied du vers ïambique.
Quelques autres phénomènes de la prosodie des comiques
anciens n'ont pas de rapport avec l'accent.
La combinaison d'une muette avec une liquide fait toujours
position faible, si les consonnes n'appartiennent pas à des mots
différents (comp. § 5).
Chez Plaute la règle vocalis ante vocalem corripitur s'applique
quelquefois dans l'intérieur d'un mot (par exemple Pelldeus,
Asin. 333 ; Dicdeam, Mil. 808).
Il n'existe pas d'opinion unanime quant à l'application de la
synizèse; quelques métriciens lui accordent un rôle prépon-
dérant (par exemple Lindsay). Souvent on peut la remplacer
par une abréviation en vertu de la loi des brèves breviantes (pat
exemple méàs ou meàs).
L'unanimité n'existe pas non plus dans les questions concernant
l'h i a t u s. Au siècle dernier, Ritschl et son école ont entrepris
d'éliminer les hiatus qui se trouvaient en grand nombre dans
le texte classique. Ces savants substituaient des formes archaïques
aux formes transmises par les manuscrits sur lesquels reposait
la vulgate ; on évitait ainsi des hiatus en substituant le génitif en
-aï aux formes en -ae, en insérant le d final de l'ablatif archaïque,
etc. Ils sont allés trop loin dans cette direction ; on préfère
maintenant reconnaître l'existence d'un certain nombre d'hiatus
dans le texte de Plaute v).
L'hiatus qui ne dépend pas de la versification, s'appelle
hiatus prosodique. On y oppose l'h i a t u s métri-
que, qui se rencontre dans les pauses métriques (diérèse,
césure) ; la syllaba anceps y est également parfois tolérée, ces
pauses étant considérées comme des fins de vers. L'exemple
qui suit montre l'hiatus dans la diérèse d'un septénaire ïambique
(tétramètre catalectique) :
lussin, sceleste, ab ianua H hoc stercus hinc auferri
(Plaute, Asin. 424).

x) V. Lindsay, E. L. V. p. 221 suiw.; il croit que Térence permettait lui


aussi l'hiatus de la même manière que Plaute, mais à une échelle plus restreinte.
Vollmer (Rôm. Metr. p. 10) suit l'opinion de Léo, qui ne reconnaissait pas
d'hiatus véritable chez Térence.
268 § io, II
Hiatus et, syllaba anceps sont également permis quand il y a
changement d'interlocuteurs x).
Nous avons déjà parlé de l'apocope (§ 7) et appelé l'at-
tention du lecteur sur la quantité originelle de plusieurs dési-
nences devenues brèves (§ 8).
HEXAMÈTRE DACTYLIQUE
11. L'hexamètre dactylique a été introduit dans
la poésie latine par Ennius (239—169 av. J. C. ; v. § 2). Il avait
d'abord un caractère lourd et inégal, non seulement par suite
de l'inexpérience des premiers versificateurs, auxquels incombait
la lourde tâche d'adapter le mètre étranger à une langue rebelle,
mais aussi, parce que des singularités de la technique grecque
étaient imitées sans aucun discernement. Pourtant Ennius a su
composer des vers dont l'harmonie imitative atteint à des effets
surprenants, bien que le bon goût n'y ait pas toujours gagné.
Il en a su composer aussi de bien harmonieux, qui ne le cèdent
en rien aux plus beaux vers de Virgile :
O Romule, Romule die,
qualem te patriae custodem di genuerunt ;
0 pater, 0 genitor, 0 sanguen dis oriundum,
tu produxisti nos intra luminis oras.
(Ann. in suiw. Vahl.).
Il fait un large usage de l'a 11 i t é r a t i o n, que les Romains
ont chérie de tout temps, aussi bien en poésie qu'en prose,
surtout dans les formules à forme fixe, appelées également
carmina 2).

1) D'après Jacobsohn (Quaestiones Plautinae metricae et grammaticae,


Goettingue 1904), l'hiatus et la syllaba anceps seraient également permis
chez Plaute après le quatrième frappé du sénaire ïambique et après le second
et le sixième frappé du septénaire trochaïque; mais le nombre des exemples
qualifiés pour prouver cette théorie n'est pas très élevé. V. la discussion
détaillée dans l'édition du Mercator de Enk, Leyde 1932, II p. 202 suiw.
M. Enk n'accepte la théorie de Jacobsohn que par rapport au quatrième
frappé du sénaire et au sixième frappé du septénaire.
2) P. e. puro pioque duello quaerendas censeo itaque consentio consciscoque,
Tite Live I 32, 12. Un autre exemple tiré des fragments d'Ennius: Accipe
daque {idem ioedusque ieri bene firmum (Ann. 32); Virgile a repris le vers
avec un goût plus sûr: Accipe daque fidem, sunt nobis iortia bello (En. VIII
150). Enfin les orateurs en font grand usage: Urbem
— ex ilamma atque
îerro ac paene ex iaucibus iati ereptam (Cicéron, In Catil. III 1,1).
§ ïl 269
O Tite, tute, Tati, tïbi tanta, tyranne, tulisti.
(Ann. 109 ; comp. Sophocle, OEd.-R. 371).
L'onomatopée se joint à l'allitération :
At tuba terribili sonitu taratantara dixit (Ann. 140).
En imitant les fins de vers homériques ôm et xol il n'hésitait
pas à composer des hémistiches finals comme divum domus
altisonum cael (Ann. 575). Il alla jusqu'à la tmèse complète d'un
mot non composé, voulant rendre vivant l'action décrite : saxo
cere comminuit brum (Ann. 609).
Il a aussi imité les versas holospondei d'Homère :
Olli respondit rex Albal longaï (Ann. 33).
Ailleurs il a su atteindre un effet pittoresque en faisant coïncider
les mots et les pieds (spondaïques) :
Sparsis hastis longis campus splendet et horret (Var. 14).
Enfin nous trouvons des hexamètres dont la première syllabe
est résolue ; ainsi le premier dactyle devient un procéleusmatique
(^^u : ^,wJ), licence qui serait inouïe dans les hexamètres grecs ;
Ennius s'est peut-être inspiré du vers procéphale, que les métriciens
antiques distinguaient parmi les nâih) de l'hexamètre ; v. IV § 18.
L'exemple que je cite est d'un rythme descriptif remarquable :
Capitibu(s) nutantis pinos rectosque cupressos (Ann. 490) x).
Jusqu'aux derniers temps de la république, la technique ne
subit pas de changements sensibles. Les hexamètres de Lucrèce
ont encore un caractère archaïque, leur structure est inégale
et souvent rude et prosaïque ; tout de même son poème abonde
en hexamètres d'une harmonie sublime et inoubliable. Mais à la
même époque il se formait une école de poètes qui s'efforçaient de
polir l'hexamètre latin et d'en faire un vers d'allure plus souple
et plus régulière. Ils suivaient surtout des exemples de la poésie
alexandrine, dans laquelle l'hexamètre était assujetti à des règles
sévères ; sous leurs mains le vers revêtit un caractère plus
ou moins artificiel. Le plus connu de ces poètes, que Cicéron
appelle avec une certaine ironie « les Jeunes » (ol VBWZEOOC) 2),

*) V. pour la prosodie du premier mot § 5. — Comp. Var. 36 et 42.


2) Ad Attic. VII 2, 1; il les appelle aussi les cantores Eupkorionis (Tusc,
Disp. III 19, 45), d'après le poète alexandrin Euphorion de Chalcis.
270 § 11/ 12

est Catulle, dont Yepyllium sur les noces de Pelée et Thétis (64)
est le seul spécimen de cet art nouveau que le temps ait épargné.
L'usage systématique des vers spondaïques en est la marque
distinctive ; Cicéron l'a déjà remarqué. Catulle a même trois
onovÔBiàÇovxBÇ de suite :

Electos iuvenes simul et decus innuptarum


Cecropiam solitam esse dapem dare Minotauro.
Quis angusta malis cum moenia vexarentur (64, 78—80).
Virgile appliquait les nouveautés des neoterici, mais il ne
dédaignait pas entièrement les vers rudes du vieil Ennius. Grâce
à sa maîtrise souveraine comme virtuose du langage et du rythme,
il réussit à adapter complètement l'hexamètre à sa langue mater-
nelle ; le vers a perdu tout caractère artificiel (sauf en des endroits
où le poète y a tenu) ; il se prête à l'expression de tous les senti-
ments humains et à la peinture des situations les plus variées.
12. Voici, en résumé, les particularités qui se présentent dans
l'hexamètre de Virgile.
a) Les césures sont celles mêmes qui ont été appliquées par
Homère, mais elles sont appliquées dans une mesure tout à
fait différente.
La césure xazà zbv zoLzov ZQOXO:ÏOV ne se trouve que
rarement ; par exemple ;
Per conubia nostra, ]| per inceptos hymenaeos (En. TV 316),
La césure hephthémimère se trouve être assez souvent
la seule césure du vers ; par exemple :
Obruit Auster aqua involvens \\ navemque virosque
(En. VI 336).
La combinaison de la césure hephthémimère avec la t r i t h é-
m i m è r e est recherchée ; par exemple :
Quidve dolens || regina deum || tôt volvere casus (En. I 9).
La césure penthémimère est le plus souvent usitée.
La diérèse bucolique est toujours précédée d'une césure ;
le quatrième pied est régulièrement un dactyle. Dans l'exemple
suivant, elle est combinée avec une penthémimère :
Die mihi, Damoeta, || cuium pecus ? || an Meliboei ?
(Bue. 3, 1).
§ 12 271
Dans un petit nombre de vers, la césure se trouve entre deux
mots, dont le second est enclitique, ou après une syllabe élidée,
par exemple :
Dardaniae \\ cingi\\que urbem obsidione videret (En. III 52).
La penthémimère faible est renforcée par la trithémimère.
Cornua velatarum || obvertimus \\ antemnarum
(En. III 549).
C'est ici la diérèse bucolique, accentuée par le mot quadrisyl-
labique à la fin du vers, qui renforce la césure à peine perceptible.
On évite une succession de mots dont les deux syllabes (finales)
forment des trochées. Virgile a voulu peindre par un vers de
cette composition la violence confuse d'une tempête :
Una Eurusque Notusque ruunt creberque procellis
(En. I 85) !).
b) Les règles générales de la prosodie ont été mentionnées
dans les § § 3 suiw, ; les remarques suivantes concernent spécia-
lement, mais non exclusivement, l'hexamètre de Virgile,
Les pauses métriques, souvent renforcées par une pause du
sens, équivalent parfois à des fins de vers ; ainsi la dernière
syllabe peut se terminer par une voyelle, quand la syllabe suivante
commence par une voyelle, sans qu'il y ait hiatus ; elle peut
compter comme longue, même quand elle n'est pas allongée
par position (syllaba anceps). Exemples :
1) Devant la césure trithémimère :
Si pereo, || hominum manibus periisse iuvabit (En. III 606).
2) Devant la césure penthémimère :
Pergama cum peterei || inconcessosque hymenaeos
(En. I 651).
3) Devant la césure hephthémimère :
Dona dehinc auro graviâ \\ sectoque elephanto (En. III 464).
4) Devant la césure trochaïque :
Addam cerea pruna ; ]| honos erit huic quoque porno
(Bue. 2, 53)-
5) Devant la diérèse bucolique :
Et vera incessu patuit dea ; |( ille ubi matrem (En. I 405).

*)Horace s'est permis la plaisanterie de publier ce vers: Dignum mente


domoque legentis honesta Neronis (Épît. I 9, 4).
272 § 12
Quand il s'agit de mots empruntés au grec, l'hiatus se trouve
aussi en d'autres endroits du vers ; une voyelle longue peut
alors être abrégée :
a) Nereidum matri || et Neptuno H Aegaeo (En. III 74).
P) Insulde Ionio in magno, quas dira Celaeno (En. III 211).
Dans l'hexamètre grec, l'enclitique XB pouvait être allongée,
quand elle formait le frappé d'un pied ; les poètes latins ont
traité de même -que ; par exemple :
Liminaque laurusque dei, totusque moveri (En. III 91).
c) On rencontre des hexamètres qui semblent avoir une syllabe
de trop à la fin du vers ; cette syllabe est élidée devant la voyelle
au commencement du vers suivant. Ces versus hypermetri se
terminent presque toujours par -que ; pat exemple :
Iactemur, doceas ; ignari hominumque locorumque j Erramus
(En. I 332 suiv.).
Virgile a été moins prodigue de versus spondiaci que Catulle
(comp. § 11). Comme lui, il préfère un mot quadrisyllabique à
la fin d'un spondiacus ; ce sont presque toujours des mots em-
pruntés au grec (beaucoup de noms propres). Les mots trisyl-
labiques sont rares (par exemple le vers En. III 74 déjà cité) ;
ils sont précédés par des mots polysyllabiques. Les mots dissylla-
biques ne sont pas usités dans le cinquième et le sixième pied
des versus spondiaci ; l'hémistiche surprenant Penatibus et magnis
dis (En. III 12 ; VIII 679) est dû à Ennius (Ann. 201).
Virgile n'a pas imité les versus holospondei d'Ennius, mais il
a composé un grand nombre de vers qui ne comptent qu'un
dactyle ; il se trouve presque toujours dans le cinquième pied.
Le poète s'en sert pour exprimer un mouvement lent, un poids
lourd, un moment solennel, une décision grave, etc. ; par exemple :
Ibant obscuri sola sub nocte per umbram (En. VI 268).
Les versus holodactyli ne contenant aucun spondée (excepté
le dernier pied), visent à l'effet contraire ; par exemple :
Quadrupedante putrem sonitu quatit ungula campum
(En. VIII 596).
d) La répartition des mots de la dernière partie de l'hexamètre
n'est pas libre. Les mots monosyllabiques ainsi que les mots qua-
•drisyllabiques ou plus longs encore sont évités. Le dernier mot
§ 12
273
de l'hexamètre est de préférence dissyllabique ou trisyllabique.
Quand Virgile compose des vers ayant un mot monosyllabique
à la fin, il veut souvent peindre l'action par le rythme des mots ;
par exemple :
Dat latus ; insequitur cumulo praeruptus aquae mons
(En. I 105).
L'onde se lève, se dresse perpendiculairement, et se précipite
soudain sur le navire.
Ailleurs il imite des vers archaïques, qui n'étaient pas encore
assujettis à cette règle.
Les mots monosyllabiques sont aussi évités devant la césure
penthémimère et la césure hephthémimère; des vers comme
Et cum frigida mors || anima seduxerit artus (En. TV 385),
sont d'un caractère moins usuel.
Les mots monosyllabiques à la fin du vers ou du membre d'un
vers offensent l'oreille à un moindre degré, si un autre mot mono-
syllabique précède.
Quand un mot quadrisyllabique se trouve à la fin du vers,
c'est d'ordinaire un mot grec (souvent un nom propre) ; nous avons
vu que ces mots sont de règle dans les versus spondiaci (§ 12 c).
Un mot latin indique la recherche d'un effet quelconque ; dans
le vers suivant il est renforcé par l'hiatus :
Lamentis gemituque et femineo H ululatu (En. TV 667).
Les savants qui attribuent à l'accent (dynamique) un rôle
prépondérant dans la versification latine, en font la cause unique
ou principale de ces préceptes. Les poètes parviendraient ainsi
à faire coïncider l'ictus et l'accent dans les deux derniers pieds ;
par contre ils éviteraient cette coïncidence dans le quatrième
pied. Voilà pourquoi Virgile n'aurait pas écrit qui Trôiae primus
ab oris, mais Troiâe qui primus ab oris.
Leurs adversaires croient que la répartition usuelle des mots
était recherchée pour elle-même, sans qu'il existât d'autre cause
préalable ; la coïncidence de l'ictus et de l'accent en serait une
conséquence non voulue. En effet, cette même coïncidence peut
être constatée dans les vers non soumis aux préceptes dont il
s'agit ; comp. les vers d'Ennius cités dans le § 11 (Ann. 111 suiw.),
dont deux se terminent par un mot quadrisyllabique : di genuêrunt
et dis oriûndum. Quant à l'accent et à l'ictus, l'effet dont il s'agit
ne diffère en rien de celui qui est produit par primus ab ôris.
Traité de métrique grecque 18
274 § *3> *4
13. En traitant l'élision, nous avons déjà remarqué que
les
poètes postérieurs s'efforcent de débarrasser l'hexamètre de
inégalités de structure et de lui donner une allure plus sou-
toutes Épîtres
ple (§ 3). Cet effort est encore étranger aux Satires et aux
d'Horace, dont le sujet exige un traitement plus libre du vers ;
il ne devait pas trop s'éloigner de la langue parlée. Ainsi Horace
n'admet pas les licences et les particularités dues à l'influence
(versus spondiaci ; hiatus) x). C'est Ovide qui a perfec-
grecque
tionné la technique de l'hexamètre 2) ; ses vers sont d'une élé-
gance impeccable, leur souplesse est insurpassable ; mais la faculté
plastique n'y a pas gagné. Les poètes de l'Empire marcheront
en majeure partie sur ses traces ; ils n'éviteront pas une certaine
monotonie, qu'on peut relever déjà chez Lucain.
Enfin, le poète chrétien Commodien (Vme siècle après J.-C.)
a composé des vers dont l'aspect général est celui des hexamètres
de l'époque classique ; mais il ne s'est plus soucié de la quantité
des syllabes. L'accent des mots joue, tout au plus, un rôle secon-
daire dans l'hexamètre de « ce poète très ignorant » (Laurand) ;
v„ par exemple, la dissertation de De Groot, Le rythme de Com-
modien, dans Neophilologus VIII, p. 304 suiw..
14. a) Le distique élégiaquea été emprunté égale-
ment de bonne heure aux Grecs. Ennius en fait usage dans ses
épigrammes :
Nemo me lacrimis decoret nec funera fletu
faxit. cm ? volito vivos per ora virum (Épigr. 2).

Catulle a composé un assez grand nombre de poèmes élégiaques


d'une ampleur plus considérable. Il a traité le pentamètre avec
une grande liberté, notamment dans la suture des deux membres.
Tantôt il considère le premier membre comme un vers séparé,
permettant à sa fin hiatus et syllaba anceps :

J) Du moins l'hiatus dû à l'imitation de la poésie grecque; Horace permet


l'hiatus après un monosyllabe, dont la voyelle finale est abrégée en même
temps (v. § 4), par exemple si me amas, Sat. I 9, 38.
2) « Seine Verse, einzeln betrachtet, sind das schônste Muster sprachlichen
Wohllauts und metrischer Vollkommenheit », jugeait le plus fin connaisseur
de la métrique latine de l'époque classique et des temps postérieurs, Luc
Mueller (Metr. d. Gr. u. Rôm., Leipz. 1880, p. 75),
§ 14 275
Speret nec linguam H esse nec auriculam (67, 44)
Guttis abstersti H omnibus articulis (99, 8) *),
tantôt il fait disparaître la diérèse par l'élision entre les deux
membres :
Muneraque et Musarum hinc petis et Veneris (68, 10).
Properce s'est encore permis cette dernière licence à deux
reprises (I 5, 32 ; III 22, 10).
Les spondées sont bannis du second membre du pentamètre.
b) Comme l'hexamètre, le pentamètre a été normalisé par les
poètes du temps d'Auguste quant à la fréquence des élisions et
la répartition des mots ; les règles auxquelles il était assujetti,
étaient encore plus sévères.
A la fin du premier membre, auquel correspond la première
moitié de l'hexamètre divisé par la césure penthémimère, les
monosyllabes sont évités de la même manière ; v. § 12 d. A la
fin du pentamètre entier les monosyllabes ne sont pas tolérés
du tout ; il y a chez Ovide une exception apparente (Ex Ponto I
6, 26 : scelus est), qui s'explique par le caractère enclitique du mot
est ; les deux mots n'en font qu'un dans la prononciation.
Les plus méticuleux parmi les poètes de ce temps ne permet-
tent que des mots dissyllabiques à la fin du pentamètre ; dans les
poèmes écrits avant son exil, Ovide observe toujours cette règle.
Si le dernier mot se termine par une voyelle, elle est d'ordi-
naire longue ; Ovide observe presque toujours cette règle.
L'élision est moins fréquente que dans l'hexamètre. Ovide
évite régulièrement l'élision d'une voyelle longue ou d'une voyelle
suivie par m dans le deuxième membre 2).
c) La connexion grammaticale entre les mots dans les deux
membres est souvent observée. A la fin du premier membre se
trouve l'adjectif ou le pronom, à la fin de l'autre membre le sub-
stantif correspondant. On peut observer la même disposition
dans l'hexamètre divisé par la césure ; par exemple :
Cynthia prima suis miserum me cepit 0 ce l lis
intactum nullis ante cup idinibus
(Properce I, 1, 1—2).

3) Les éditeurs ne devraient pas corriger cette anomalie, comme l'a bien
compris M. Lafaye. Elle se rencontre aussi chez les poètes grecs, v. IV § 20.
2) Il faut excepter les mots suivis par es ou est, v. § 3.
276 § 14/ 15

Quand deux substantifs avec les adjectifs (pronoms) corres-


pondants doivent entrer dans un pentamètre, ils sont souvent
entrelacés par chiasme :
Hoc tibi de Getico litore mittit opus
a b B A
(Ovide, Ex Ponto I 1, 2).
Par suite de la première disposition, les deux membres riment
quand les mots appartiennent à des déclinaisons ayant les mêmes
désinences, mais il ne semble pas que les poètes de l'époque
classique aient jamais recherché la rime pour elle-même.
VERS ÏAMBIQUES
15. Dans la poésie latine, comme dans la poésie grecque, le
vers de six pieds est le plus usité. Le vers latin est divisé par
pieds et s'appelle sénaire (senarius) ; il correspond au tri-
mètre des Grecs. La majeure partie du dialogue scénique est
écrite en sénaires.
a) Bien qu'il existe un assez grand nombre de fragments, appar-
tenant à la tragédie (Ennius, Naevius, Pacuvius, Accius), le sénaire
nous est principalement connu par les comédies de Plaute et de
Térence. Nous avons déjà mentionné la prosodie particulière de
ces vers (v.' § 9) ; quant à la constitution métrique, ils diffèrent
essentiellement des trimètres grecs par la substitution plus libre du
spondée. Tandis que les vers grecs n'admettent le spondée qu'aux
pieds inégaux (ou plutôt au premier pied de chaque syzygie), le
sénaire l'exclut seulement du pied dernier :
Nunc hic occepit quaestum hune fili gratia :
~J.\-J.\-J.\-J.\-M\UJ. (Plaute, Capt. 98).
Le levé du cinquième pied ne consiste que rarement en une
syllabe brève. Les syllabes longues sont fréquemment résolues ;
les pieds deviennent ainsi des tribraques (^^J), des dactyles
(-AJ), des anapestes (^J.) et même des procéleusmatiques
(^ JJ). La syllabe dernière n'est jamais résolue ; le dernier pied
ne peut être qu'un ïambe pur.
Domo quem profugiens dominum abstulerat vendidit :
u^.i|uviul_vsu|_1i„|__i|„6 (Plaute, Capt. 18) *).

*) La dernière syllabe de domo est abrégée, v. § 9.


§ 15 277
Au commencement de l'empire, les fables de Phèdre ont été
écrites dans ces sénaires, mais la prosodie de Plaute et de Térence
n'y est plus appliquée ; c'est la prosodie usuelle de l'époque.
Athenae cum florerent aequis legibus :
ux|_x|_z|_^|_^|ué (Phèdre I 2, 1).
b) Chez les autres poètes, le vers ïambique de six pieds est
traité de la même manière que chez les Grecs : seuls les pieds
impairs admettent le spondée.
Les résolutions ne sont pas très fréquentes ; Horace n'a presque
jamais de trimètre dont trois pieds soient résolus (Ép. 17, 12).
Le tribraque se rencontre dans tous les pieds (excepté le dernier),
mais on trouve rarement deux tribraques dans un vers.
Dans les pieds impairs, le spondée peut être remplacé par un
anapeste ou un dactyle ; cette substitution est assez rare. L'ana-
peste ne se trouve que dans le premier et le cinquième pied, le
dactyle dans le premier et le troisième pied.
Voilà la constitution métrique des trimètres qu'Horace a em-
ployés dans ses Epodes, à une exception près en combinaison avec
d'autres vers. Les trimètres des drames de Sénèque n'en diffèrent
pas essentiellement. Il a une prédilection pour les spondées dans
les pieds impairs ; le cinquième pied est d'habitude un spondée :
Di coniugales tuque, genialis tori,
Lucina, custos quaeque domituram fréta
Tiphyn novam frenare docuisti ratem :
j V^U [
„ L \j J. L \J L \J J-
u J. \J \ùu J
\J\J
ui|.i
1
L L -L
__
UAJ)_X (Sénèque, Méd.
W6 1—3).
_^
Les résolutions sont plus fréquentes que dans les trimètres
d'Horace ; par exemple :
Patriamque fugias ? patria tibi vivo périt :
u^]_v!u U^J|_X uô (Phén. 210).
^j.
L'anapeste est admis à profusion, surtout dans le cinquième
pied. Le procéleusmatique se trouve quelquefois au premier pied :
Nisi capere vellet, régna ruine sperat mea :
wj, ui|.i wxj_^ UÛ
(Thyeste 289).
c) Catulle a employé deux fois (4 et 29) des sénaires ou des
trimètres ne contenant que des ïambes purs ; dans son Cata-
278 § 15» l6
lepton Virgile a imité ce tour de force (3, 4, 8). Horace s'en est
servi dans un de ses Épodes (16).
Phaselus Me, quemvidetis, hospites,
Ait fuisse navium celerrimus :
v j.\v j.\v J.\\J J.\V J.\\J ±
ux|u^|ui|^[Ui|u6 (Catulle, 4, 1—2).
L'aisance ailée de ce poème est encore augmentée par cette
particularité que quelques frappés consistent en syllabes allon-
gées par position devant des mots qui commencent par la combi-
naison d'une muette et d'une liquide, par exemple Propontidâ
trucemve (4, 9).
Enfin, quelques remarques concernant le sénaire ou trimètre
en général :
En latin, comme en grec, l'anapeste ne doit pas être divisé
de manière que les syllabes brèves ou une des syllabes brèves
se trouvent dans un autre mot que la syllabe longue (« anapeste
déchiré » ou « brisé ») x). Les combinaisons ire vidétur ou plûrima
vêrba (_ | u ; u | u ou | ^ u ; | ^) sont évitées.
_ _ _
La césure penthémimère est la plus usuelle ; la césure heph-
thémimère se rencontre aussi. Parmi les vers de Sénèque cités,
le premier et le deuxième ont la penthémimère (après coniugales
et custos), le troisième, la césure hephthémimère (après frenare).
16. Les poètes romains ont emprunté quelques autres vers ïam-
biques aux Grecs :
a) Le choliambe ou scazon (oxdÇcov), que les Romains
employaient dans les poèmes d'un caractère humoristique ou
satirique, à l'instar de leurs modèles grecs ; il est devenu un des
mètres favoris pour les nugae légères. Catulle s'en est servi dans
plusieurs poèmes ; plus tard Martial a écrit un grand nombre de
ses épigrammes dans ce mètre.
Le cinquième pied est toujours un ïambe pur. Les résolutions
sont peu fréquentes. Les césures sont les mêmes que dans le sénaire
ou trimètre : penthémimère, et moins souvent hephthémimère.
Exemple :
Miser Catulle, desinas ineptire :
wx|ux|ux|uj.|wz|^o (Catulle 8,1).

x) Les syllabes brèves peuvent être séparées de la syllabe longue, si elles


constituent un mot dissyllabique. Les mots reliés étroitement au mot suivant
(par exemple les prépositions) ne sont pas considérés comme des mots séparés.
§ i6 279
b)Le septénaire et l'octonaire, qui correspon-
dent au tétramètre catalectique et acatalectique des Grecs. Ces
vers s'emploient dans la comédie ; l'octonaire se rencontre aussi
parmi les fragments de la tragédie archaïque. Ils sont traités
de la même manière que le sénaire.
Les deux vers sont considérés tantôt comme des asynartètes,
tantôt comme des vers non composés. Les vers de la première
catégorie sont divisés par une diérèse après le quatrième pied;
l'hiatus et la syllaba anceps y sont permis. Dans la seconde caté-
gorie la diérèse fait défaut, ainsi que l'hiatus et la syllaba anceps ;
par contre il y a une césure après le premier demi-pied du deuxième
membre (le neuvième demi-pied du vers entier). Cette césure ne
se trouve pas dans tous les vers.
Le premier membre des vers de la première catégorie se ter-
mine par un ïambe pur ; le pied dernier de l'octonaire est tou-
jours un ïambe pur. Les vers sans diérèse ne connaissent pas cette
restriction du dernier pied du premier membre.
Exemples de septénaires des deux catégories :
1) Ut demonstratae sunt mihi, hasce aedis esse oportet:
_xl_^|_^lu^H_x|_^lwz]_ (Plaute, Asin. 381) ;
2) Ne indignum id habeas neve idcirco nobis vitio vertas :
_^|^^u|_z|_z|_||^|-^|_z|_ (Plaute, Rud. 700).
Exemples d'octonaires des deux catégories :
1) Ita mi videntur omnia, mare, terra, caelum, consequi:
XMX\VJ.\UJ.\UG\\WJ.\UJL\-£\VJ. (Plaute, Amphitr. 1055);
2) Verberibus caesum te in pistrinum, Dave, dedam usque ad necem :
_^|wij_^|_z|_||x|vJ^]_^|w6 (Térence, Andr. 199) x)
Plaute préfère les octonaires de la première catégorie, Térence
ceux de l'autre.
Catulle a employé le septénaire dans un de ses poèmes (25) ;
il a suivi le modèle grec (pas de spondées aux pieds pairs) et n'a
pas appliqué de résolutions.
Quelques autres vers ïambiques de plus petites dimensions
sont usités dans la poésie lyrique ; ils seront mentionnés plus
tard.

*) V. pour la dernière syllabe de verberibus § 5.


28o § 17

VERS TROCHAÏQUES
17. a) Le septénaire trochaïque correspond au tétra-
mètre catalectique des Grecs. Ce vers était le vers le plus fré-
quent de la comédie après le sénaire ïambique ; il était aussi
employé dans la tragédie. C'était en général un des vers les plus
populaires des Romains ; ils l'appelaient aussi versus quadratus,
d'après le nom grec.
Comme vers scénique le septénaire est traité avec la même
liberté que le sénaire. Les trochées peuvent être remplacés par-
tout par des spondées, excepté le septième pied (c'est-à-dire le
dernier pied complet), qui reste toujours un trochée pur. Par
résolution des syllabes longues, on obtient les mêmes pieds tri-
syllabiques qui se rencontrent dans le sénaire. Le procéleus-
matique (AJ^J) est rare et contesté par quelques savants. La
dernière syllabe n'est jamais résolue. L'anapeste dit « brisé »
(§ 15 in fine) est également évité ; néanmoins on l'admet dans
le premier et le cinquième pied.
La diérèse après le quatrième pied est de règle ; quand elle
fait défaut, on trouve souvent une césure après le demi-pied sui-
vant (le neuvième du vers entier). Hiatus et syllaba anceps sont
permis chez Plaute, tandis que Térence s'en abstient.
Philocrates, per tubm te genium obsecro, exi, te volo :
>iuu|z_|x_|^wHiw|x_|xu|x (Plaute, Capt. 977)*}
En dehors du drame, Ennius a usité le vers dans son Épichar-
mus :
Nam videbar somniare med ego esse mortuum :
^u|z_|xw|zu||xu|zw|zu|6 (Ennius, Var. 45 Vahl.).
En témoignage du caractère populaire du septénaire, on peut
citer les chansons satiriques que les soldats chantaient pour
célébrer à leur manière les exploits des triomphateurs et des
empereurs :
Gallos Caesar in triumphum ducit, idem in curiam :

(Suétone, lui. 8 ; Morel, Fragm. P. Lat. p. 92)*


Le chef d'oeuvre le plus séduisant de la poésie de l'époque tar-
dive, le Pervigilium Veneris, est également composé dans ce mètre.

2) V. pour la synizèse de tubm § 10.


§ 17/ i8 281
Dans tous ces vers on constate, outre la rareté des résolutions,
une coïncidence fréquente de l'accent du mot et de l'ictus du
vers. Vers la fin du troisième siècle, lorsque le sens de la quantité
des syllabes commençait à'disparaître, le peuple illettré ne sentait
plus la nécessité de choisir des syllabes longues, quand Yictus
devait tomber sur la première syllabe du trochée ; l'accent du mot
lui suffisait. Le premier symptôme de cette dégénération de la
versification classique est la chanson que les soldats adressèrent
à l'empereur Aurélien :
Unus homo mille, mille, mille decollavimus, et
Tantum vini nemo habet, quantum fudit sanguinis
(Vopisc, Aurel. 6, 4; p. 157 Mor.).
Augustin s'est servi de ce principe nouveau sur une grande échelle
dans son Psalmus contra partem Donati (éd. Petschenig, C. S. E. L.
51, p. 3 suiw.), qui était surtout destiné aux simples d'esprit a).
Les poètes qui se rangeaient aux côtés des littérateurs hellé-
nisants, traitaient le versus quadratus comme le tétramètre grec ;
ils substituaient le spondée au trochée seulement dans les pieds
pairs. Le vers est constitué ainsi dans les tragédies de Sénèque
et dans le Pervigilium Veneris.
b) L'o ctonaire trochaïque se rencontre dans la
comédie, mais il est beaucoup plus rare que le septénaire; sa
constitution n'en diffère pas sensiblement. Il correspond au tétra-
mètre acatalectique grec ; la diérèse après le quatrième pied est
de règle. Plaute permet parfois l'hiatus dans la diérèse :
Petulans, protervo, iracundo animo, indomito, incogitato :
^_|^_|x_|x_H^_|^_|xw|x_ (Plaute, Bacch. 612).
D'autres vers trochaïques se rencontrent dans la poésie lyrique ;
on en parlera plus tard.

VERS LYRIQUES
18. Le premier vers emprunté aux Grecs et n'appartenant
pas aux mètres usuels de l'épopée et du drame, a été le s o t a d é e,
un vers ionique (comp. IX § 7) ; il était assez répandu dans le
monde alexandrin. Ennius a écrit le Sota (dérivé de Sotadès,

*) Quelques savants considèrent le versus quadratus comme un vers d'ori-


gine latine; comp. E. Fraenkel, Die Vorgeschichte des Versus Quadratus,
Hermès 62, 1927, p. 357 suiw.
282 § i8, 19
inventeur ou du moins principal auteur des sotadées) dans ce
mètre, qu'il appliquait avec la liberté usuelle concernant les réso-
lutions et les contractions. Exemple :
Ibant malaci vierè Veneriam corollam :
Z_WU|XU_U||A,W_U|XO (Ennius, Var. 25 Vahl.),
Quoique peu fréquent, le sotadée se rencontre de tout temps;
Accius, Varron, puis Pétrone et Martial l'ont employé.
Depuis le commencement du premier siècle avant J.-C, appa-
raît l'ambition d'imiter d'autres mètres lyriques des Grecs ;
Laevius et Mattius donnèrent l'exemple. Même les carmina
figurata des Alexandrins furent imités ; Laevius composait, comme
l'avait fait Sim(m)ias (v. X § 37), des Ailes (fr. 22 Morel). Dans
les Saturae de Varron règne une polymétrie surprenante. De toute
cette poésie riche et multiforme il ne reste que des fragments
épars, si l'on excepte les poèmes de Catulle.
LES MÈTRES DE CATULLE
19. Catulle s'est servi des mètres suivants :
A. VERS DACTYLIQUES.
1) L'h examètre dactylique xazà azixov (62, 64) ;
v. § n. Dans les deux poèmes il a employé le versus intercalaris
(v. XIV § 8 in fine), par exemple dans 64 :
Currite ducentes subtegmina, currite. fusi (vs. 327 e.a.).
2) Le distique élégiaque dans la deuxième partie
du recueil (depuis 65) ; v. § 14a.
B. VERS ÏAMBIQUES,
1) Le sénaire (trimètre) ïambique:
a) le même que le trimètre grec, mais sans résolutions (52) ;
v. § 15b.
composé d'ïambes purs (4, 29) ; v. § 15c.
/?)
2) Le c h o 1 i a m b e (8, 22, 31, 37, 39, 44, 59, 60)
; v. § 16a.
Les résolutions sont peu fréquentes.
3) Le septénaire (t et r a mètre catalectique)
ïambique (25) ; v. § 16b in fine. Il n'y a pas de résolutions.
C. VERS ÉOLO-CHORIAMBIQUES
Catulle a composé les vers appartenant à ce groupe
avec base
libre (_
_, _ u, u _ ; comp. X § 2) ; seul le pyrrhique (^ J) n'est
pas appliqué.
§ 19 283
i) Le p h a lé c i e n, que les Romains désignent d'ordinaire
par le nom de hen décasyllabe, d'après le nombre des
syllabes ; v. X § 24. C'est le mètre dont Catulle s'est servi de pré-
férence ; il l'a choisi pour le poème dédicatoire (1) :
Quoi dono lepidum novum libellum
arida modo pumice expolitum ;

2u|iuu/|ul|uX ù (i, I 2).


La base est le plus souvent spondaïque; parfois elle est trochaïque ;
l'ïambe est assez rare. La césure se trouve le plus souvent après
le choriambe (lepidum jj), ou elle est placée une syllabe plus en
avant (modo jj).
Horace n'a jamais écrit de phalécien ; par contre on le trouve
fréquemment dans les épigrammes de Martial, qui a toujours
appliqué la base spondaïque. En général ce mètre était d'un usage
courant à l'époque impériale ; les auteurs, dilettantes ou autres,
des petits poèmes de caractère badin, dont cette époque raffole,
s'en sont souvent servis.
Les poètes grecs n'ont pas contracté les deux syllabes brèves
du choriambe, auxquelles il doit son caractère particulier ;
Catulle a inséré dans un poème (55), parmi les phaléciens ordi-
naires, des phaléciens avec choriambe contracté, qui devient ainsi
un molosse (_ w w _ : ) ; par exemple :
Femellas omnes, amice, prendi :
z_|z_x|.wzjw.> (55, 7).
_
Dans le même poème un vers (10) semble commencer par une
base trisyllabique (www) :
Camerium mihi, pessimae puellae ;
en réalité, le nom propre Camerium est prononcé comme un mot
dissyllabique (Cameryum, par synizèse apparente, v. § 6 II).
Dans un autre poème le nom propre Ravide se réduit également
à deux syllabes (40, 1) x).
2) La strophe saphique (11, 51), v. X § 30, 1. Chez
Catulle il y a synaphie non seulement entre le dernier hendé-
casyllabe et l'adonien, mais aussi entre le deuxième et le troisième
hendécasyllabe (n, vers 22). Exemple:

2)De la même manière les mots cave ne eas pouvaient être entendus comme
cauneas, le v n'étant prononcé que faiblement (Cic, De Div. II 40, 84).
284 § 19
Ille mi par esse deo videtur, J:_JZWWZ|WZ O
^w
ille, si fas est, superare divos, zw
J.-\J.WJ.\UJ. -
qui sedens adversus identidem te. ±u i_|iuui|ui _
spectat et audit : zww^|o (51, 1 4).
Les trois premières strophes de ce poème sont traduites libre-
ment de la deuxième ode de Sapho.
La première syzygie peut être un ditrochée pur :
Otium, Catulle, tibi, molestum est:
Su iu|iuui|ui _
(5*> *3J
3) Strophes formées de glyconéens (v. X § 12) suivis
d'un phérécratéen (v. X § 17), à la manière d'Anacréon
(34, 61) ; v. X § 20. La strophe du premier poème se compose
de quatre vers, celle de l'autre de cinq vers :
Cinge tempora floribus _tw|_£.uw_£.]wô
suave olentis amaraci, zu|_'wwz|wz
flammeum cape laetus, hue, iu|iuui|ui
hue veni niveo gerens xw|xwwz|wx
luteum pede soccum : iu|»UUi|ûA (61, 6—10)
Entre les vers de chaque strophe il peut y avoir synaphie; par
exemple :
Flere desine. non tibi, Au-
runculeia, periculum est (vs. 86 suiv.).
La base est le plus souvent un trochée ; la base spondaïque
est moins usuelle, la base ïambique est rare.
Catulle a contracté une fois le choriambe du phérécratéen,
comme il l'a fait plusieurs fois dans le phalécien (Ci):
Nutriunt humore : J.V\J.-J.\OA (61, 25)
4) Le p r i a p é e n, un asynartète, composé d'un glyconéen
et d'un phérécratéen (17 ; fragm. 1) ; v. X § 28.
Hune lucum tibi dedico consecroque, Priape :
z_|zwpwz|wx||jiu|zwwz|w (Fragm. 1, 1).
La diérèse s'observe toujours, mais il y a parfois élision :
Ne supinus eat cavaque in palude recumbat (17, 4).
5) L'asclépiadéen majeur (30), v. X § 27b ; la base
est toujours spondaïque. Les diérèses, par suite desquelles le
choriambe médian est isolé, sont parfois négligées.
Iam te nil miseret, dure, tui dulcis amiculi :
+ -\j.vv±\\j.vvj.\\j.vuj.\vj. (3O, 2).
§ 19/ 20 285
D. VERS IONIQUES
Un seul poème appartient à ce groupe (63) ; il est écrit en
galliambes;v. LX§5. Les ioniques purs constituent, dans
ce poème, une minorité infime ; il y a presque toujours ana-
clase, laquelle détermine la substitution de pieds d'allure ïambique
aux ioniques. Puis la syllabe longue pénultième est régulièrement
résolue.
Il y a toujours diérèse au milieu du vers ; une fois (vers 37)
elle est affaiblie par l'élision. Ainsi la forme typique du vers est
celle-ci :
Super alta vectus Attis celerei rate maria :
WWXwJ— WX J] ww-iw] ww w w (VS. i)

Parfois une syllabe longue du premier membre est résolue à
son tour :
Ubi capita Maenades vi iaciunt hederigerae :
j jj j (VS. 23)
w w ww w _ w J. _ wwXw ww w J-

Le nombre des résolutions peut être encore plus élevé :


Ego mulier, ego adulescens, ego ephebus, ego puer :
(
w w ww w ww
wZ_||wwZw| ww w w (VS. O3)
Au contraire toutes les syllabes brèves peuvent être contractées ;
c'est la structure du vers suivant :
Iam iam dolet quod egi, iam iamque paenitet
_xw|_wx_||_xw|_ww (VS. 73)

Les ioniques purs se rencontrent dans les vers 54 et 60; par


exemple :
Et earum omnia adirem furibunda latibula :
uul.|uui. jjwwxwjwwww (VS. 54)
D'autres combinaisons ont été appliquées par le poète, qui a su
soutenir ce mètre difficile pendant 93 vers avec une virtuosité
tout à fait remarquable. Les sentiments inspirés par l'extase mala-
dive des adeptes de la Grande Mère des dieux, sont exprimés
par le jeu varié des mètres ; ils vont de l'excitation douloureuse
(63) jusqu'à la dépression la plus morne (73).

LES MÈTRES LYRIQUES D'HORACE


20. Dans les Odes et les Épodes du poète se rencontrent les
mètres suivants :
286 § 20
A. VERS DACTYLIQUES
i) L'h e x a m è t r e (trimètre1)), d'une structure plus
souple et plus régulière dans les Satires et les Épîtres ; les
que
élisions sont beaucoup moins fréquentes, v. § 3. Par contre les
versus spondiaci se trouvent en nombre plus élevé (Carm. I 28,
Ép. 16, 17 et 29), tandis que dans les autres poésies,
21 ; 13, 9 ;
il n'y en a qu'un (Art Poèt. 467 : occidenti).
2) Le dimètre catalectique in duas sylla-
ba s ou archilocheum (v. IV § 5); par exemple:
Percurrisse polum morituro :
z_ J.WW|XWW (Carm. I 28, 6).
J. -
Le troisième pied est toujours un dactyle, excepté le second
vers de la même Ode (dans un nom propre),
3) Le penthemimeres (hemiepes), v. TV § 4. Les dactyles ne sont
jamais contractés. Exemple :
Flumina praetereunt : J.WW _t.ww ± (Carm. TV 7, 4).
B. VERS ÏAMBIQUES
i)Le sénaire (trimètre):
a) à là manière du trimètre grec, v. § 15b.
/S) formé d'ïambes purs, v. § 15c.
2) Le sénaire (trimètre) catalectique,
corres-
pondant au trimètre catalectique grec, v. V § 20. Exemple :
Mea renidet in domo lacunar :
wx wx|w||x uz|ui o (Carm. II 18, 2).
Horace n'a pas admis de résolutions; l'exception apparente
(pueris, Carm. II 18, 34) s'explique par la synizèse des syllabes
pue-. La césure penthémimère n'est jamais négligée.
Le dernier ïambe complet (le cinquième pied) est toujours
un ïambe pur. La première syllabe est constamment longue
(Carm. I 4; excepté le vers 2) ou brève (Carm. II 18; excepté
les vers 6 et 34).
3) Le dimètre acatalectique, v. V§8. Les réso-
lutions sont rares. Exemple :
Ut prisca gens mortalium : _x u/|_i w6 (Ép. 2, 2).

x) Les vers dactyliques de six pieds de caractère lyrique sont nommés


trimètres; mais il ne faut pas perdre de vue que les hexamètres (trimètres)
lyriques d'Horace ne diffèrent pas essentiellement de ses hexamètres propre-
ment dits, comme c'est le cas dans les vers dactyliques des Grecs; v. IV § 7.
§ 20 287

C. VERS TROCHAÏQUES
i)Le dimètre catalectique (lecythium, euripideum,
v. VI § 8). Les dimètres d'Horace se composent de trochées
purs." Exemple :
Non ebur neque aureum: xw xwjxw (Carm. II 18, 1).i
D. ASYNARTÈTES
1) L'é 1 é g i a m b e 1), composé d'un penthémimère dacty-
lique (A3) et d'un dimètre ïambique (B3). Exemple :
Scribere versiculos amore percussum gravi :
i ww i ||
z wz | _ Z wz
ww Z w
(Ép. 11, 2).
Hiatus et syllaba anceps sont admis dans la diérèse; par exemple:
Fervidiore mero H arcana promorat loco (ibid. vs. 14).
2) L'ïambélégiaque *), la contre-partie du vers précédent :
Nivesque deducunt Iovem ; nunc mare, nunc siluae :
wz u/|.i
wz||zww zww z (Ép. 13, 2) 2)
La diérèse admet la syllaba anceps.
3) Le vers archiloquien (versus archilochius), nommé
ainsi, parce que cet asynartète était un des vers favoris du poète
de Paros, v. VIII § 13, Il se compose d'un dimètre dactylique
acatalectique, dont le dernier pied est toujours un dactyle pur,
et d'un ithyphallique (dimètre trochaïque brachycatalectique).
U y a diérèse entre les deux membres, mais l'hiatus n'y est pas
toléré ; la syllaba anceps n'a rien à faire ici, la dernière syllabe
du premier membre étant toujours brève3). Dans le premier
membre les dactyles peuvent être remplacés par des spondées,
excepté le dernier déjà mentionné. Les pieds du dernier membre
sont toujours des trochées purs ; la dernière syllabe est toujours
longue, soit de nature, soit par position. Exemple ;
Solvitur acris hiems grata vice veris et Favoni:
zww zwwjz- zwu||zw 1 u j
z (Carm. I 4/ *)
_
L) Le nom n'est pas tout à fait adéquat à la constitution de ces vers; v.
pour les vers authentiques VIII § 14.
s) Le mot siluae est trisyllabique, v. § 6.
s) Horace n'a pas d'exemple de l'allongement de la dernière syllabe, qu'Hé-
phestion a constatée chez Archiloque, v. VIII § 13. Seul Sénèque a écrit des
vers dactyliques, dont le dernier dactyle se termine par une syllaba anceps.
Les vers OEdip. 449—465 constituent un système de 17 dimètres acatalecti-
ques ; six fois la dernière syllabe d'un côlon est allongée par position, par exem-
ple garrula per ramos avis obstrepït, J vivaces hederas remus tenet (454suiv.).
288 § 2o

E. VERS ÉOLO-CHORIAMBIQUES
Nous avons déjà mentionné une grande partie de ces vers en
traitant des vers de Catulle ; mais Horace et lui ont appliqué
mètres d'une manière différente. Horace a régularisé la struc-
ces
libre des de ses modèles. Les libertés que la base ou la
ture vers
première syzygie présentaient chez les lyriques grecs et chez
Catulle, sont éliminées ; par suite de l'application régulière de
la césure, les vers ont pris un caractère plus fixe.
Plusieurs savants, marchant sur les traces de Christ *), ont
attribué ces changements à l'influence de certaines doctrines
dont les vestiges sont conservés dans les traités des métriciens
latins. On tâchait de dériver les mètres plus rares des mètres
plus connus en combinant des parties de vers de cette dernière
catégorie 2). Ainsi Caesius Bassus (p. 260 K.) dérivait le priapéen
(v. § 19 C4) de l'hexamètre dactylique en faisant coïncider le
glyconéen du priapéen avec la première moitié de l'hexamètre :
Cui non dictus Hylas puer \\ et Latonia Delos
(Virg., Géorg. III 6) ;
Hune lucum tibi dedico || consecroque, Priape
(Catulle, Fr. 1, 1) 3)
Si l'on veut expliquer de cette façon les vers éolo-choriam-
biques, la base doit toujours être spondaïque (_ = w w) ;
_ _
autrement la dérivation d'un vers dactylique serait impossible.
Voilà pourquoi Horace aurait recherché cette base.
On peut objecter à cette hypothèse séduisante, que les métri-
ciens n'ont pas appliqué l'analyse dactylique à tous les vers éolo-
choriambiques d'une manière constante et suivie. Caesius Bassus
lui-même reconnaissait le choriambe comme un élément consti-
tutif du glyconéen et de l'asclépiadéen (p. 259 K.). Et puis,
Horace s'est permis une exception (Carm. I 15, 36 ; ignts Iliacas
domos, glyconéen avec base trochaïque), ce qu'il n'aurait pas fait,
s'il avait pris comme point de départ la scansion dactylique,

x) Die Verskunst des Horaz im Lichte der alten Ueberlieferung, Munich,


1868.
2) Les vers de six pieds dactyliques et ïambiques; on les faisait remonter
eux-mêmes à un prototype de six spondées, v. Térentianus Maurus, vers 1580
—1595- Cette théorie remonte au philosophe Héraclide du Pont (IVme s.
av. J.C.), v. Athénée, 701 E.
8) La dernière syllabe de puer était considérée
comme anceps.
§ 20 289

pas plus qu'il n'aurait commencé un de ses hexamètres dacty-


liques par un trochée. Il vaut mieux faire abstraction de pré-
occupations doctrinaires de la part du poète. Nous avons constaté
cette même tendance à la normalisation des mètres usités chez
les poètes dactyliques ; quant à la base spondaïque, Horace a pu
suivre l'exemple d'Anacréon, qui avait déjà manifesté une pré-
férence incontestable pour cette forme de la base (comp. X
§ 13)1).
Horace a appliqué les vers éolo-choriambiques suivants :
1) L'h endécasyllabe saphique et l'adonien
comme éléments constitutifs de la strophe saphique déjà employée
par Catulle, v. § 19, C2. Horace a fixé les règles suivantes :
a) La première syzygie est toujours de forme épitritique
(_w __).
b) Il y a une césure : a) après la première syllabe longue du
choriambe (la cinquième syllabe du vers entier), ou y?) après la
syllabe suivante (ce cas se présente souvent dans le livre IV des
Odes et dans le Carmen Saeculare). Catulle a appliqué ces césures,
mais il les néglige parfois. Exemples :
Quem virum aut heroa lyra vel acri
tibia sumis celebrare, Clio :
ZwZ_|Zwl[jwz|wZ
_-
zw z_]z Jj wwzjwz _ (Carm. I 12, 1—2)
Horace admet, aussi bien que Catulle, la synaphie entre le
deuxième et le troisième et entre le troisième et le quatrième
vers ; à ce dernier endroit il a quatre fois divisé un mot,
Synaphie entre le deuxième et le troisième vers :
Dissidens plebi numéro beatorum j eximit etc.
(Carm. II 2, 18) ;
Synaphie avec division d'un mot:
Labitur ripa love non probante u- j xorius amnis
(Carm. I 2, 19),
alcaïques (h endécasyllabe, ennéa-
2) Les vers
syllabe et décasyllabe) comme éléments constitutifs
2) Voyez la discussion plus détaillée chez Vollmer, Rôm. Metr. p. 15;
on peut consulter en outre Hardie, Res Metr. p. 208 suiw.; Heinze, Die
lyrischen Verse des Horaz, Leipzig, 1918 (contient une réfutation systéma-
tique de l'hypothèse de Christ).
Traité de métrique grecque 19
§ 20
290
de la strophe alcaïque (v. X § 30, 2), qu'Horace a introduite dans
la langue latine.
Vides ut alta stet nive candidum wz wz|_||zwwz|ww
Soracte nec iam sustineant omis _z wz|_||zwwz|ww
silvae laborantes geluque _z
uzj_z w z|o
flumina constiterint acuto : zwwzww|zwz_
(Carm. I 9, 1—4)
Horace a imité librement une ode célèbre d'Alcée (fr. 34 B =
90 D) en l'adaptant au milieu latin.
I) Pour les hendécasyllabes, il a fixé les règles suivantes:
a) La forme de la première syzygie est épitritique ( _ w.),
le plus souvent dans les livres antérieurs et toujours dans le
livre IV ; les poètes lesbiens commencent par une syllabe longue
ou brève sans aucune préférence.
Ensuite la dernière syllabe devant le choriambe (la cinquième
du vers entier) est toujours longue (excepté III 5, 17 : si non
périret immiserabilis) ; elle aussi est indifférente chez les poètes
lesbiens.
P) Il y a une diérèse devant le choriambe (après la cinquième
syllabe du vers) ; elle est absente de trois vers (I 16, 21 ; 37, 14 ;
IV 14, 17) 1). Les poètes lesbiens n'ont pas de diérèse ni de
césure fixe.
II) Les décasyllabes ne diffèrent pas des modèles grecs.
III) Dans les ennéasyllabes les premières syllabes des
syzygies ïambiques étaient d'origine indifféremment longues ou
brèves, comme dans tout mètre ïambique ; Horace a une syllabe
longue au commencement de la première syzygie (et du vers
entier), le plus souvent dans les livres antérieurs et toujours dans
le livre IV. La première syllabe de la seconde syzygie est toujours
longue.
La synaphie est possible entre le troisième et le quatrième vers,
mais elle ne se rencontre que deux fois (II 3, 27 ; III 29, 35);
par exemple :
Sors exitura et nos in aeternum j exsilium etc.
(Carm. II 3, 27)
3) Le glyconéen et le phérécratéen, dont Catulle
s'était déjà servi, v. § 19, C3, Nous avons déjà parlé de la base

x) On peut ajouter les vers Carm. I 37, 5 et II 17, 2i, dont la diérèse
se
trouve entre les éléments constitutifs d'un composé.
§ 20 291
spondaïque au commencement de cette section (E) et mentionné
le seul vers avec base trochaïque.
4)L'aristophanéen (dimètre choriambique
I c a t a 1 e c t i q u e), v. X § 8, i ; la structure est celle du modèle
grec ; par exemple :
Bracchia saepe disco :zwwz|wz_ (Carm. I 8, n)
L'a sclépiadéen mineur, v. X § 27a. Horace a
5)
toujours la base spondaïque. Il y a une diérèse entre les choriam-
bes (la sixième et la septième syllabe du vers) ; elle est absente
de deux vers (II 12, 25 IV 8, 17). La diérèse n'exclut pas tou-
,*

jours l'élision (par exemple III 30, 7). Exemple :


Maecenas atavis édite regibus :
z_|zwwz||zwwz|w6 (Carm. I 1, 1)
6) L'a sclépiadéen majeur, qui se trouve déjà chez
Catulle, v. § 19, C5, Comme lui, Horace a toujours appliqué la
base spondaïque ; en outre il a introduit des diérèses fixes entre
les choriambes (entre la sixième et la septième, et entre la dixième
et la onzième syllabe du vers) ; une fois la seconde diérèse se trouve
entre les éléments constitutifs d'un composé (I 18, 16 : per _ ||
lucidior). L'exemple qui suit est une imitation d'un vers d'Alcée
(fr. 44 B, = 97 D., v. X § 27b) :
Nullam, Vare, sacra vite prius severis arborem :
z_|zwwz||zwwz||zwwzjw6 (Carm. I 18, 1)
7) Le saphique majeur; ce vers est au saphique
ordinaire, ce que l'asclépiadéen majeur est à l'asclépiadéen
mineur : il est augmenté par l'insertion d'un choriambe. On le
rencontre pour la première fois chez Horace. Il y a toujours une
césure après la cinquième syllabe et une diérèse après la neuvième
syllabe ; celle-ci est l'incision principale, grâce à laquelle les deux
choriambes restent séparés. Exemple :
Saepe trans finem iaculo nobilis expedito :
zw z_|zj|wwz||zwwzjwz (Carm. I 8, 12)
_
F. VERS IONIQUES -

Comme Catulle, Horace n'a composé qu'une seule ode ionique


(Carm. III 12) ; il l'a surpassé quant à la technique de la versi-
fication en se servant d'ioniques a minore de forme pure, création
très remarquable, si l'on considère la forme habituelle des mots
§ 20, 21
292

latins. Alcée a été de nouveau son modèle (fr. 59 B. = 67 D.).


Héphestion nous apprend que le poème d'Alcée était composé
de périodes de dix ioniques, v. IX § 3. L'ode d'Horace doit être
divisée de la même manière ; on compte jusqu'à quatre de ces
périodes. La fin des pieds coïncide le plus souvent avec la fin
d'un mot ; on le constate deux fois dans les trois ioniques suivants
empruntés à la troisième période :
eques ipso melior Bellerophonte : wwz_jwwz_jwwz_
On trouvera une période complète dans le paragraphe suivant.
21. LES STROPHES ET LES DISTIQUES D'HORACE
I. LES ODES
A. STROPHES DACTYLIQUES, DACTYLO-ÏAMBIQUES
ET DACTYLO-TROCHAÏQUES
1) Premier archiloquien (Archilocheum primum).
Laudabunt alii claram Rhodon aut Mytilenen
aut Epheson bimarisve Corinthi
moenia, vel Baccho Thebas vel Apolline Delphos
insignis, aut Thessala Tempe (Carm. I 7, 1—4) :
-L w v Z u u Li wu J. \j \J \
J_ \j \j J. O

ZUW IL/U ZUu J.Û


J. w u J.UKJ\J.\\U\J iuu iuu -L O

v )
J. U J- w u J- \J \j -L \J
La strophe se compose de deux trimètres (hexamètres) dacty-
liques et de deux dimètres dactyliques, v. § 20 Ai et § 20 A2.
Deux odes (Carm. I 7; 28) sont construites sur cette strophe.
2) Second archiloquien (Archilocheum alterum).
Diffugere nives, redeunt iam gramina campis
arboribusque comae ;
mutât terra vices et decrescentia ripas
flumina praetereunt (Carm. TV 7, 1—4) :
Zww Z w w ] Z || w w Zwwjzwu Zw
Z W w Zww Z
zww Zww|z||ww Zwwjzww Zw
Zww Zww Z

!) Les pieds qui peuvent être substitués aux pieds purs, ne sont indiqués
que quand ils les remplacent régulièrement. Les césures et les diérèses indi-
quées sont les incisions régulières des vers.
§ 21 293
La strophe se compose de deux trimètres (hexamètres) dac-
tyliques et de deux penthémimère dactyliques, v. § 20 Ai et § 20
A3.
Cette strophe est appliquée dans une ode (Carm. TV 7).
3) Troisième archiloquien (Archilocheum tertium).
Solvitur acris hiems grata vice veris et Favoni
trahuntque siccas machinae carinas
ac neque iam stàbulis gaudet pecus aut arator igni
nec prata canis albicant pruinis (Carm. I 4, 1—4) :
zww Zwwjzjjww Zwwjjzw Z w ] Z _
-Z w ^ I ^ Il -^ wzjwZ _
Zww Zww | Z || w w Zwwjjzw Zw | Z _
' L
|
wZ w
)| Z WZJWZ _
La strophe se compose de deux asynartètes archiloquiens et
de deux trimètres ïambiques catalectiques, v. § 20 D3 et § 20 B2.
Cette strophe est appliquée une fois, Carm. I 4. Le distique
composé de ces deux vers se rencontre déjà chez Archiloque
(fr. 103 B. = 112 D.), v. VIII § 16, 4.
5) Hipponactique (Hipponacteum).
Non ebur neque aureum
mea renidet in domo lacunar
non trabes Hymettiae
premunt columnas ultima recisas (Carm. II 18, 1—4) :
Zw ZwJZw z
wz wz|w|Jz'wz|wz _
zw zwj zw z
WZ w Z J w j Z
!
wZ wZ _
La strophe se compose de deux ithyphalliques et de deux tri-
mètres ïambiques catalectiques, v. § 20 Ci et § 20 B2.
Une ode est construite sur cette strophe, Carm. II 18.

B. STROPHES ÉOLO-CHORIAMBIQUES
1) Saphique (Sapphicum).
Iam satis terris nivis atque dirae LU
Z_|Z||WWZ|WZ
_
grandinis misit pater et rubente LU
z_|z|jwwz|wz ^
dextera sacras iaculatus arcis zw
z_|z|'|vw^|wz __

terruit urbem zwwz| _


(Carm. I 2, 1—4) :
294 § 3I
La strophe de trois hendécasyllabes saphiques
se compose
et d'un adonien, v. § 20 El.
Cette strophe est appliquée dans un grand nombre d'odes (26).
2) Second saphique (Sapphicum alterum).
Lydia, die per omnis
hoc deos vere, Sybarin cur properes amando
perdere, cur apricum
oderit campum patiens pulveris atque solis
(Carm. I 8, 1—4) :
zwwzj W Z_
Zw
Z_|z||wwz[|zwwz|wZ _
j
Zwwz wZ _
zw z_|z||wwz||zwwz|wz _
La strophe se compose de deux aristophanéens et de deux
saphiques majeurs, v. § 20 E4 et § 20 E7.
Cette strophe n'a été appliquée qu'une fois, Carm. I 8.
3) Alcaïque (Alcaïcum).
Vides, ut alta stet nive candidum -z wz|_||zwwzjwz
Soracte, nec iam sustineant onus _z wz|_||zwwz|wz
silvae laborantes geluque z wz|_z w z | _
_
flumina constiterint acuto zww zww|zw z _
(Carm. I 9, 1—4) :
La strophe se compose de deux hendécasyllabes, d'un ennéa-
syllabe et d'un décasyllabe alcaïques, v. § 20 E2.
C'est la strophe préférée du poète ; elle se rencontre dans
37 odes.
4) Premier asclépiadéen (Asclepiadeum primum).
Maecenas atavis édite regibus,
0 et praesidium et dulce decus meum (Carm. I 1, 1—2) :
z_]zwwz)]zwwzjwz
z_|zwwz ||zwwz|wz
L'asclépiadéen mineur (v. § 20 E5) est répété sans interruption x).

*) Le philologue allemand Meineke ayant décrété que toutes les odes


d'Horace se composent de strophes de quatre vers, les éditeurs ont coutume
de diviser les odes stichiques en systèmes de quatre vers; quant à l'ode à
Censorinus (IV 8), qui se compose de 34 vers, on nie l'authenticité de quel-
ques vers ou même du poème entier. Les arguments sont assez sérieux, mais
ils ne devraient en aucun cas intervenir dans la question, toute différente, de
la violation de la prétendue « loi » de Meineke. Nous savons que les modèles
lesbiens qui présentent une structure pareille, n'étaient pas divisés en strophes
de quatre vers, mais se composaient de distiques de deux vers; v. XIV § 4.
§ 21 295
Trois odes (I i ; III 30 ; 8) présentent cette constitution.
TV
5) Second asclépiadéen (Asclepiadeum alterum).
Scriberis Vario fortis et hostium
victor Maeonii carminis alite,
quam rem cumque ferox navibus aut equis
miles te duce gesserit (Carm. I 6, 1—4) :
Z_] zwwZ jj Zwwzjwz
z _ Jzwwz [I
Z W wZ WZ
z_]zwwz]| zwwzjwz
Z_|Zwwz|wZ
La strophe se compose de trois asclépiadéens mineurs et d'un
glyconéen, v. § 20 E5 et § 20 E3.
Cette strophe a été appliquée dans les odes Carm. 16, 15, 24,
33 ; II 12 ; III 10, 16 ; IV 5, 12.
6) Troisième asclépiadéen (Asclepiadeum tertium).
Quis multa gracilis te puer in rosa z | z |j
z z j
_ w w L w w wz
perfusus liquidis urget odoribus z_|zwwz|| zwwzjwz
grato, Pyrrha, sub antro? z_j zwwz |_
cui flavam religas comam z_|zwwz|wz
(Carm. I 5, 1—4):
La strophe se compose de deux asclépiadéens mineurs, d'un
phérécratéen et d'un glyconéen, v. § 20 E5 et § 20 E3.
Cette strophe se rencontre dans les odes Carm. I 5, 14, 21,
23 ; III 7, 13 ; IV 13.
7) Quatrième asclépiadéen (Asclepiadeum quartum).
Sic te diva potens Cypri, z_ | zwwz j wz
sic fratres Helenae, lucida sidéra, z _ | z u w z || zwwzjwz
ventorumque regat pater z_(zwwzjwz
obstrictis aliis praeter Iapyga z _ | z w w z || zwwzjwz
(Carm. I 3, 1—4) :
La strophe se compose de deux asclépiadéens mineurs et de
deux glyconéens, v. § 20 E5 et § 20 E3 1).
Cette strophe se trouve dans les odes Carm. I 3, 13, 19, 36 ;
III 9, 15, 19, 24, 25, 28 ; IV 1, 3.
8) Cinquième asclépiadéen
(Asclepiadeum quintum).

x) Quoiqu'il n'existe pas de synaphie entre les vers de cette strophe, Horace
a permis une fois l'élision entre deux vers (le troisième et le quatrième vers
de la strophe: décor0 / inter, Carm. IV 1, 35).
296 § 21

Tu ne quaesieris, scire nefas, quem mihi, quem tibi


finem di dederint, Leucono'è, nec Babylonios
(Carm. I n, i—2) :
Z_|zwwZ lj ZwwZ jl.. ZwwZ jwZ.

z_ |
Zww z ||ZWWZ||ZWWJ:|WZ
L'asclépiadéen est répété xazà ozi%ov x).
majeur (v. § 20 E6)
C'est la structure des odes Carm. I 11, 18 ; IV 10.

C. MÈTRES IONIQUES
Miserarum est neque amori dare ludum neque dulci mala vino
lavere aut exanimari metuentis patruae verbera linguae
(Carm. III 12, 1—3) :
wwZ_JwwZ_|wwZ_|wwZ_]wwZ_jwwZ„|wwZ_|wwZ_j
wwZ-_wwZ_
La période se compose de dix ioniques, v. §20 F ; elle est
répétée quatre fois. L'ode citée est la seule écrite dans ce mètre.

II. LES ÉPODES


1) L'ï a m b i q u e (Iambicum).
Ibis Liburnis inter alta navium,
amice, propugnacula (Ep. 1, 1—2) :
wzwz|wj|z wzjwz WZ
wzwzjwz WZ
Le distique se compose d'un trimètre ïambique et d'un dimè-
tre ïambique, v. § 20 Bi a et § 20 B3.
Les Épodes 1—10 sont bâtis sur ce distique ; on peut comparer
le modèle grec, Archiloque fr. 94 B. = 88 D. (VIII § 16, 3).
2) Premier archiloquien (Archilocheum primum).
Quid tibi vis, mulier nigris dignissima barris ?
munera quid mihi quidve tabellas (Ép. 12, 1—2) :
Zww Z w w j z || w w zww|zww zw
Zww ZwWJZww Zw
Le distique se compose d'un hexamètre (trimètre) dactylique
et d'un dimètre dactylique, v. § 20 Ai et § 20 A2.
L'Épode 12 est bâti sur ce distique.
3) Second archiloquien (Archilocheum alterum).

*) V. la note du n° 4.
§ 21 297
Petti, nihil me sicut antea iuvat
scribere versiculos amore percussum gravi (Ép. n, i—2) :
WZ
wz|wj|z wzjwZ WZ
zww zww zjjwz wzjwz WZ
Le distique se compose d'un trimètre ïambique et d'un élé-
giambe, v. § 20 Bio et § 20 Di.
L'Épode 11 est bâti sur ce distique.
4) Troisième archiloquien (Archilocheum tertium).
Horrida tempestas caelum contraxit et imbres
nivesque deducunt Iovem ; nunc mare, nunc siluae

-iww in
Zuu ji. J]
uw Zuujiuu
1
(Pp. 13, 1—2) :
_£.0

w —
w_i]uj: u i i
U
u u .1 w u s
Le distique se compose d'un hexamètre (trimètre) dactylique
et d'un ïambélégiaque, v. § 20 Ai et § 20 D2,
L'Épode 13 est bâti sur ce distique.
5) Premier pythiambique (Pythiambicumx) primum).
Mollis inertia cur tantum diffuderit imis
oblivionem sensibus (Ép. 14, 1—2) :
Zww Z w w | Z |j w w Zwwjiww Zw
WZ wzjwZ WZ
Le distique se compose d'un hexamètre (trimètre) dactylique
et d'un dimètre ïambique, v. § 20 Ai et § 20 B3.
Les Épodes 14 et 15 sont construits sur ce distique ; on peut
comparer le modèle grec, Archiloque fr. 84 B. = 104 D. (VIII
§ 16, 1).
6) Second pythiambique (Pythiambicum alterum).
Altéra iam teritur bellis civilibus aetas
suis et ipsa Roma viribus mit (Ép. 16, 1—2) :
Zww Zww Z|jww Zwwjzww Zw
wZ w Z j w jj Z wzjwZ WZ
Le distique se compose d'un hexamètre (trimètre) dactylique
et d'un trimètre ïambique, v. § 20 Ai et § 20 Bi/?.
L'Épode 16 est construit sur ce distique.
7) Iam iam efficaci do manus scientiae
supplex et oro régna per Proserpinae (Ép. 17, 1—2) :
wz wzjwjjz wzjwz WZ

*) C.-à-d. une combinaison d'un hexamètre dactylique (appelé aussi


pythium, p. e. Marius Victorinus, p. 50, 19 K.) et d'un vers ïambique.
298 § 21, 22
Le trimètre ïambique est répété xazà azixov ; v. § 20 Bia.
Le seul épode qui montre cette structure (Ép. 17), se compose
d'un nombre de vers impair ; la composition épodique en est donc
absente.
VERS LYRIQUES DU DRAME
22. Dans la comédie, on trouve, à côté des dialogues, des
parties destinées au chant ; ces cantica étaient chantés par des
solistes avec accompagnement de flûte; la comédie n'avait pas
de choeur. Il semble que le rôle du choeur ait été insignifiant
dans la tragédie archaïque ; là aussi les parties lyriques sont
des monodies. La comédie de Plaute abonde en cantica, dans
lesquels des vers lyriques sont employés en grande variété;
Térence en a beaucoup moins.
Les parties écrites en septénaires et en octonaires ïambiques
et en septénaires trochaïques étaient vraisemblablement réci-
tées en mesure avec accompagnement de la flûte ; elles n'appar-
tiennent pas aux cantica.
Les mètres lyriques préférés sont les c r é t i q u e s et les
b a c c h é e s (v. XI § 1 et § 11), Comme exemple d'une chanson
crétique, nous citons la première partie du naoaxXavol'd'Voov
(sérénade d'un amant banni de la maison de sa maîtresse) du
Curculio de Plaute :
Pessuli, heus pessuli, vos saluto lïbens,
vos amo, vos volo, vos peto atque opsecro,
gerite amanti mihi morem, amoenissumi,
fite caussa mea ludii barbari :
zw_|zw_|zw_j z w
_
zw_|zw„|zw~]zw_
ww w_jZw_Jzw_Zw_
zw_|zw_|zu_|zw_ (Cure. 147 suiw.)
Ce sont des tétramètres, dont les pieds crétiques sont parfois
devenus des péons (quatrièmes) par résolution d'une syllabe
longue.
Exemple d'un canticum bacchiaque :
Adhuc, Archylis, quae adsolent quaeque oportent
signa esse ad salutem, omnia huic esse video,
nunc primum fac istaec lavet ; poste deinde,
quod iussi dari bibere et quantum imperavi
date ; mox ego hue revortor :
§ 22 299
wZ_jwZ_jwZ_|wZ_
_z_(wz_jwZ— (w WW
_
L-
|wZ_jwZ_|wZw

J WZww|_Z_|wZ_
_Z_
wwzwzjwz WA (Ter., Andr. 481 suiw.)
La sage-femme adonnée au vin, qui vient d'assister la pauvre
Glycérium, sort de la maison en chantant quatre tétramètres
bacchiaques suivis d'un dimètre ïambique catalectique, La pre-
mière syllabe des bacchiaques présente parfois la longa irrationa-
lis ; par contre une syllabe longue est quelquefois résolue.
Le reizianum, côlon de forme très variable, se rencontre sou-
vent dans les cantica de Plaute (v. X § 19) ; il se joint parfois
à un dimètre ïambique précédent ; c'est le versus reizianus, qui
s'applique xazà ozi%ov, par exemple Aulul. 415—446. Je citerai
le vers 441 de cette scène :
Adeo ut tu meam sententiam iam noscere possis
ww Z __
ww j L
wz]]_jzwwzj_
Les anapestes se rencontrent soit groupés en systèmes,
soit comme des tétramètres acatalectiques ou catalectiques ;
parmi les fragments de la tragédie archaïque, on trouve un assez
grand nombre de systèmes anapestiques ; par exemple .*

O pater, 0 patria, 0 Priami domus, |


_ ww _ ww _ ww _ ww
saeptum altisono cardine templum, _z ww z | _ ww z
vidi ego te astante ope barbarica
tectis caelatis lacuatis,
.^ _zjwwz wwz
|
_

_z _ z _ ww _ z
auro, ebore instructam, regif.ce. _AJ _ Z | _ Z WWZ
haec omnia videi inflammarei, |
_ z w w z _ z _z
Priamo vi vitam evitarei, wwz _ z | _ z _ z
Iovis aram sanguine turparei : wwz_z]wwz_z
(Ennius, 81 suiw. Ribb.).
Parmi les autres vers lyriques se trouvent des cola d a c ty -
1 i q u e s, des glyconéens et des vers éolo-choriambiques

apparentés, des cola ïambiques et trochaïque s,


des octonaires trochaïque s, et d'autres vers plus
rares ; quelques métriciens croient avoir reconnu des doch-
miaques chez Plaute 1).
Crusius, R. M. p. 134; Vollmer (R. M. p. 6) nie l'existence de
J) Ainsi
dochmiaques chez Plaute; Lindsay est assez sceptique à ce sujet, E. L. V.
p. 312.
300 § 22, 23

Malgré plusieurs travaux d'une importance fondamentale,


dont celui de F. Léo (Die Plautinischen Cantica und die hellenis-
tische Lyrik, Berlin 1897) doit être mentionné en première ligne,
les vers lyriques de la comédie ne sont pas encore tous déter-
minés d'une manière irréfutable. A cause des licences multiples
que l'on rencontre surtout dans les vers crétiques et bacchiaques
et dans les reiziana, la scansion de beaucoup de cola est peu
certaine. On a entrepris récemment de discerner une espèce de
correspondance strophique chez Plaute (Crusius, R.M. p. 141
suiw.) ; la chose paraît peu probable,
23. Les cantica de la tragédie de l'époque impériale (Sénèque ;
l'auteur de YOctavie) sont surtout des chants choraux ; il y a là
très peu de monodies (monodie de Médée dans la tragédie de
ce nom, d'Hippolyte et de Phèdre dans Phèdre). Les mètres repo-
sent en majeure partie sur la métrique d'Horace ; on trouve soit
les mêmes vers (h endécasyllabe saphique et a d o
-
nien, asclépiadéen mineur, glyconéen et phé-
récratéen), soit des membres isolés de vers d'Horace, que
Sénèque a découpés à son gré. On rencontre aussi des dimètres
et des monomètres anapestiques et des ioniques
mineurs. Comme exemple d'un canticum de structure plus régu-
lière, je cite :
Fugit insanae similis procellae ±u z_|zwwz|wz _
zw z.jzwwzjwz _
ocior nubes glomerante Coro,
ocior cursum rapiente flamma,
zw z_jzwwzjwz _
Stella cum ventis agitata longos
zw z_|zwwz|wz _
porrigit ignés : zwwz j _
(Phèdre 736 suiw.).
On reconnaît facilement le modèle ; c'est la strophe saphique
d'Horace. Le système de Sénèque se compose de quatre hendé-
casyllabes et d'un adonien.
Dans le canticum qui suit, les vers intacts sont combinés
avec
des vers tronqués :
Lucidum caeli decus, hue ades
votis, quae tibi nobiles
Thebae, Bacche, tuae
palmis supplicibus ferunt.
hue adverte favens virgineum caput,
vultu sidereo discute nubila
§ 23 301
et tristes Erebi minas
avidumque fatum :
Zw Z—JZWWZWW
Z_ ZwwZ WZ
z_ I Zw wz
i— jzwwzjwz
Z—jZwwZJzwwzjww
Z _ ] .^wwZZwwzJww
Z _ j Z w w Z jwz
|
w wz wzw
(OEdip, 405 suiw.).
Nous distinguons successivement un hendécasyllabe saphique
catalectique, un glyconéen, un glyconéen tronqué (les deux der-
nières syllabes étant supprimées), un glyconéen, deux asclépiadéens
mineurs, un glyconéen et la deuxième partie d'un hendécasyllabe
saphique, divisée par la césure (v. § 20 El).
APPENDICE.
Les listes I et II ne contiennent que les endroits les plus importants ; la liste III
est complète, abstraction faite des exemples des formes régulières du dimètre
anapestique et du parémiaque (VII § 8 et § 13). Les numéros de vers en carac-
tères gras désignent des passages d'une certaine étendue dont l'analyse complète
a été donnée. La lettre n indique une note afférente au paragraphe désigné par
le chiffre précédent.

I, INDEX DES NOMS D'AUTEURS,


Accius : Pr. 15, 18. Bentley : I 6.
Agathias : V 16, 18. Bergk : I 7.
Agathon : IX 6. Blass : I 8 ; VIII 6, 8.
Alcée : II 13 ; IX 1 ; X 27, 30. Boeckh : I 6 ; XIV 2.
Alcman : III 4 ; IV 7 ; VII 1 ; VIII Boïscus : V 23.
5 ; IX 1 ; X 12, 22, 24" ; XI 6. Bowra : VIII 8.
Anacréon : III 6 ; V 4, 10 ; IX 1, Caesius Bassus : I 5 ; X 1371, 24 ;
3 ; X 12, 13/ 20. Pr. ITJ, 20.
anacreonîea : V 4, 10 ; IX 3. Callimaque : III 2, 4, 6, 8 ; IV 13,
Ananius : V 19 ; VI 20.
14, 15 ; V 19 ; VI 21 ; VIII 13.
Apollonius de Rhodes : IV 13. Callinus : IV 20.
Archebulus : VIII 5. Castorio : V 1372.
Archiloque : II 14 ; IV 4, 5, 20 ; V Catulle : Pr. 11, 14, 15, 16, 19.
4, 5, 16, 18, 20 ; VI 2, 16, 19 ; VIII Cercidas : VIII 10.
n, 12, 13, 16 ; XIII4. Charisius : I 5.
Aristide Quintilien : I 5 ; II 15 ; IV Choeroboscus : I zn ; XII 4.
147! ; IX 7 ; X in, 1371 ; XII 4 ; Christ : I 6, 8 ; VIII 1 ; X 1 ; XII 3,
XIII 2, 4 ; XIV 2. 4, 10 ; XIII 3 ; Pr. 20.
Aristophane : 1572 ; 8 ; III 12 ; V 14, Cicéron : I 5 ; Pr. gn, 11.
18 ; VI 7,16, 17,18 ; VII21 ; XI1. Claudien : Pr. 371.
Aristophane de Byzance : II 5. Combarieu : I 8.
Aristote : I 3 ; VI 2, 15 ; XI 1, 2. Commodien : Pr. 13.
Aristoxène : I 2, 5 ; II 15 ; VI 6n. Corinne : III 4 ; X 3.
Asclépiadès : X 27. Coulon : VI 11.
Athénée : IV 20. Cratinus : VIII 12 ; X 36.
Augustin : Pr. 17. Crusius : I 8 ; Pr. gn, 22.
Babrius : V 19. Damon : I 5 ; II 15.
Bacchius : IV 1771. De Groot : I 7, 8 ; II 15; III 15;
Bacchylide : I 8 ; II 13 ; VIII 6, 8 ; IV 1471 ; V 15 ; Pr. in, 13.
X 12 ; XI 1. Del Grande : I 7, 8 ; II 15/1 ; XII yn ;
Behrens : X 16. XIII 371 ; XIV 9.
Bénédictins : I 8. Démétrius Triclinius : I 6 ; III 6.
304
Denys d'Halicarnasse : IV 16, 21, ; Homère : III 3/ 4/ 5 ; IV 13, 14, 1 5.
XII 7. Horace : Pr. 377, 13, 15, 20, ai.
Diassorinos : I 6. hymnes delphiques : XI 10.
Diomède : I 5.
Dracon : I 6. Isocrate : III 8.

Elogia Scipionum : Pr. 1. Jacobsohn : Pr. ion.


Elmsley : I 6. Jean de Gaza : IV 13.
Enk : Pr. ion. Juba : I 5.
Ennius : Pr. 2, n, 15, 17, 18. Juret : I 8 ; II 15 ; Pr. gn.
Éphorus : XI in.
Épicharme : VII 19. Kikauka : I 8 ; IV 12 ; VIII1.
koiâf I 8 ; VII 7n ; VIII 1.
Eschyle : I 8 ; V 15, 18 ; VI 7, 8, :
Kôrte : I 8 ; VIII 6.
15, 16 ; XI 11 ; XIV 6, 8, 11. Koster : I 8 ; II $n ; IV 16 ; V 24 ;
Euphorion : Pr. un.
Euphronius : X 28. VII 7n ; VIII 8n ; X 2272. ; Pr. 1.
Eupolis : X 28. Krâl : I 1, 8 ; V 15.
Euripide : I 8 ; V 15, 18 ; VI 8, 15, Kranz : XIV un.
16, 18 ; VIII 17 ; IX 1 ; X 3, 16 ; Kiihner : III 15.
XII 7, 12 ; XIV u. Laevius : Pr. 18.
Frankel, E. : IV 21 ; VIII 2 ; Pr. Laurand : I 7, 8 ; Pr. 972.
Leaf : IV 15.
Qn, 1772.
Frankel, H. : IV 15. Leichsenring : IV 7n.
Léo : Pr. in, ion, 32.
Glaucus : XI in. Léonide de Tarente : V 16, 18.
Gleditsch : I 8. Lindsay : I 8 ; Pr. in, gn, ion.
Glycon X 12. Livius Andronicus : Pr. 1.
Goodell : I 8 ; IV 21. Lobel : III 15.
Grégoire de Nazianze : IX 3. Lucain : Pr. 3n, 13.
Groeneboom : V 157;. Lucrèce : Pr. 11.
Lycophron : V 18.
Hardie : I 7, 8 ; Pr. gn, 2on.
Havet : III 15. Maas : I 7, 8 ; III15 ; IV 21 ; VIII 8.
Heinze : Pr. 2on. Margit&s, auteur du : V 5 ; XIV 10.
Héliodore : I 5 ; II 5 ; V 6 ; VIII 8 ; Marius Victorinus : I 5 ; II i5n ; X
XIV 2, 7, 8. 36, 37-
Héphestion : I 5, II 471, 5 ; IV 5, 1471 ; Martial : Pr. 16, 18, 19.
VI 9, 12, 21 ; VII 7, 11 ; VIII 577, Marx : III 15.
11—14 ; IX in, 371, 477 ; X 1, 3, Masqueray : I 6, 8 ; VI ion ; X i3n,
137;, 24, 27, 3577 ; XI 11 ; XII 4 ; i8n ; XI 4 ; XII 4.
XIV 2, 3, 5, 7, 8, 12. Mazon : VII 5 ; X 35n ; XI4 ; XIV 7n.
Héraclide du Pont : I 5 ; Pr. 2on. Meillet : I 7, 8.
Hermann : I 6, 8 : IV 21 ; XII 4 ; Meister : III 15.
XIV 2 ; Pr. 1. Mélinno : X 30.
Hérodiane : VI 27Î. Ménandre : V 14, 18 ; VI 16, 17,
Hérondas : V 19. 18, 19.
Hilberg : III 15. Mésomédès : VII 5 ; VIII 5 ; XI 14.
Hipponax : V 16, 18, 19 ; VI 20. Mimnerme : IV 20.
305
Mountford : I in ; II i$n ; XII ?n ; Schroeder, O. : I 7, 8 ; VI ion, 11 ;
XIII 3n ; Pr. gn. VII %n, 17 ; VIII 6, 8 ; X m, ion,
Miiller, C. F. : V 18. im, 32, 35n, 38 ; XI 4 ; XII 4 ;
Mueller, Lucian : I 8 ; Pr. in ; 13m XIV 7n.
Musaeus : IV 13. Schulze : III 15.
scolia : X 24.
Naevius : Pr. 1, 15.
Nicanor : IV 15.
scolies d'Aristophane : I 5, 6 ; VIII 8.
Nonnus : III 2, 4, 6, 8 ; IV 13,14,15.
scolies d' Héphestion : II i3n ; IX
Norden : I 7.
in ; XI in.
Ovide : Pr. scolies de Pindare : I 6 ; VII 772 ;
%n, 13, 14.
VIII 8.
Pacuvius : Pr. 15. Seidler : V 2472 ; XII in, 3.
Palladas : V 16, 18. Sémonide d'Amorgos : V 16, 18.
Paul le Silentiaire : IV 13. Sénèque : Pr. 15, 17, 23.
Pervigilium Veneris : Pr. 17. Sim(m)ias : IV 6 ; X 37 ; XI 6 ;
Pétrone : Pr. 18. XIV 8.
Phalaecus : X 24. Simonide de Céos : I 8 ; IV 20 ; X 12.
Phèdre : Pr. 15. Skimina : I 7.
Phérécrate : VII 7. Skutsch : Pr. gn.
Philicus : X 37. Solon : IV 20.
Philippe de Thessalonique : V 18. Sonnenscheïn : I 8 ; Pr, in,
Philoxène : I 5. Sophocle : I 8 ; III14 ; V 15, 18, 22 ;
Phoenix: V 19. VI 7, 15, 16 ; VIII 17.
Phrynichus : X 37. Sophronius : IX 3.
Pindare : I 8 ; II 13 ; III 2, 5, 14 ; Sotadès : IX 1, 7.
VIII 6, 8 ; X 12 ; XI 1. Stésichore : X 27.
Platon : I ^n. Stifler : IV isn.
Plaute : Pr. 9, 15, 16, 17. Sturtevant : IV i4n ; Pr. gn.
Plutarque (auteur présomptif du De Synésius : I 4 ; VII 5, 12 ; IX 3 ;
musica): II 14 ; V 16 ; X 2 ; XIII X 24.
3, 47Î.
Porson : I 6 ; V 15. Térence : Pr. 9, 15, 16, 17.
Pratinas : VII 2. Térentianus Maurus : I 5 ; Pr. 20m
Priscien : V 24. Terpandre : IV 7 ; XIII 3.
Thalétas : XI 1.
Quintilien : I 5 ; II 15 ; XII 4. Thomson : I 8.
Quintus de Smyrne : IV 13, 14. Thrasymaque : I 3 ; III 8 ; XI 2.
Ritschl : Pr. 10. traité aristoxénien provenant d'Oxy-
Romanos : I 4. rhynchus : V 3 ; X 1.
Rossbach (t. aussi Westphal) : I 8 ; traité de métrique d'Oxyrhynchus :
VIII 6 ; XII 4. VIII 672.

Rupprecht : I 7, 8 ; X in, ign. traités de métrique anonymes, édités


par Consbruch : IV i4n.
Santenius : Pr. in. traités de métrique anonymes, édités
Sappho : II 13 ; III 4 ; IV 7 ; IX 1 ; par Koster : I 6 ; III 7 ; VII 3 ;
X 21, 24, 27. IX 3.
Traité de métrique grecque 20
306

traités de métrique anonymes, édités Westphal : I 6, 8 ; II i5n ; IV 21 ;


par Studemund : I 6 ; II 3n ; IX VIII 1, 6 ; X 1 ; XII 4 ; XIV 12.
m ; XI in. White : I 7, 8 ; II 15 ; V 18 ; VI 6,
traités de musique anonymes, édités 11 ; XI 4 ; XII 4 ; XIV i2n.
par Bellermann : I an ; II 15m Wifstrand : I 8 ; II 15 ; IV 15, 21.
Tyrtée : IV 20 ; VII 1. Wilamowitz : I 7, 8 ; VI 6n ; VII
Usener : I 7, 3, 5 ; X in, 2, ign, 35n ; XI 4 ;
XII 3, 4 ; XIV 2, 7n.
Van Leeuwen : III 11, 15 ; IV 13.
Varron : X 24 ; Pr. 18. Xénophane : IV 20.
Virgile : Pr. 3n, 11, 12, 15. Xénophon : II 14.
Vollmer : I 8 ; Pr. gn, ion, 2on.
Zander : Pr. in.
Weil : I 6, 8 ; IX 7n ; X i3n ; XII 7n. Zielinski : I 7 ; XIV 12.
IL INDEX DES TERMES TECHNIQUES.
o long : IV 16. antistrophe : II 4 ; XIV 5.
accent dans l'hexamètre : IV 15 ; âvxc&exitcôv : XIV 8,
Pr. 12. antode : XIV 12.
accent dans le choliambe : V ig. àmeQiÔQiaza : XIV 10.
,, dans le septénaire trochaïque : apkaeresis : II g.
Pr. 17. aphérèse : III10, 12.
accent de la langue grecque : 14 ; II15 âno txxtjvijç (xà) : XII 2 ,' XIV II.
langue latine : Pr. g.
,, de laprépositions apocope : III 10, 12 ; Pr. 7.
,, des : III 12. âvzoXeXvfiéva : XIV 10.
apostrophe : III 10.
,, métrique : II 15,
âSiâcpoQoç : II 2. arckébuleum : VIII 5,
adonien : IV 3 ; X 11. archilochium metrum ou archilocheum :
âycoyq : XIII 1. IV 5 ; Pr. 20.
âymv : XIV 12. archiloquien, premier : Pr. 21.
âxéqxxXos : IV 18.
,, second : Pr. ai.
alcaïque : Pr. 21. „ troisième : Pr. 21.
strophe : V 11 ; X 30. (versus archilochius) :
,, , „
alcmani(c)um metrum : IV 5. Pr, 20.
âXXotéaxQOcpov : XIV 10. arisrophanéen (aristophaneum) : X 8 ;
aXoyos : II 2 ; IV 21- Pr. 20.
amphibraque : II 11. aristophanium metrum : VII 19.
anaclase : II 9 ; V 4, 17 ; VI 1, 7, 8, âgl&fuoç : XI I,
9, 10, 13,* K 1, 3, 4, 5, 7; X 32; â'e<rtff : II 15.
XII 7. ascendant, rythme : II 8.
anacrouse : II 7. asclépiadéen, premier : Pr. 21.
àvâstaïazoï : XIV 12. second : Pr. 21.
,,
anapeste : V 2 ; VI 1 ; VII 1, 4, troisième : Pr. 21.
.

déchiré ou brisé : V 14, ,,


,, quatrième : Pr. 21.
15 ; Pr. 15, 17.
,,
cinquième : Pr. 51,
anapestes de marche : VII 2. ,,
majeur : X 27 ; Pr. ig,
logaédiques : VIII 5. „
„ lyriques : VII 2, 16. 20.

anastrophe : III12.
asclépiadéen majeur catalectique : X 27.
asclépiadéen majeur hypercatalec-
anceps v. syllaba. tique : X 27.
ava>, TO : II 15. asclépiadéen mineur : X 27 ; Pr. 20.
âvofU-OLÔoxQotpa, : XIV 10.
catalectique :
antépirrhème : XIV 12. ,, ,,
antibacchim : XI 11. X27.
âvxLxaxaxEXsvoiiôs '. XIV 12. astérisque : II 5.
àvxilapai : V 14, 15 ; VI18 ;XIV 11. àaxgoqpa : II 4 ; XIV 10.
âvrÎTcvi.yoç : XIV 12. asynartète : II 12 ; VIII 11—15.
antispaste : II 11. axfirjxa : XIV 10.
308

bacchée : XI n ; Pr. 22. dactyles et anapestes mélangés : VIII2.


ftaKxeïoi : X I. logaédiques : VIII 3, 4.

dactylo-épitrites : II 13 ; IV 4 J
base : II 9 ; IV 10 ; X 2, 13.
brachycatalectique : II 7» VIII 6.
brèves breviantes t Pr, 9. débat : XIV 12.
décasyllabe alcaïque (decasyllabum al-
cantica : Pr. 22, 23> caïcum) : VIII 3 ; Pr. 20.
carmina figurata : X 37 ; Pr. 18. descendant, rythme : II 8.
catalectique : II 7. déafjLioç vtJivoç des Euménides : VI 7.
césure II 6 ; III 13. ôiaçpogai de l'hexamètre : IV 16, 17.
dicatalectum : II 7.
„ dans les strophes d'Horace : SiéxBLav, Haxà : XIV 6n.
Pr. 20.
césure hephthémimère (de l'hexamè- diérèse (de voyelles) : III 12 ; Pr. 6.
tre) : IV 14 ; Pr. 12. (du vers) : II 6.
„ bucolique IV
césure hephthémimère (du trimètre) : „ du sotadée: IX14 ; Pr. 12.
V 13 ; Pr. 15. „ du tétramèrre : 7.
césure xaxà xov xgixov iQo%aîov : IV „ anapestique :
14; Pr. 12. VII 20.
césure penthémimère (de l'hexamè- diérèse du tétramètre trochaïque : VI
tre) : IV 14 ; Pr. 12. 17.
césure penthémimère (du trimètre) : diérèse du trimètre ïambique : V 13,15.
V 13 ; Pr. 15. digamma : III 4, 8.
césure trithémimère : IV 14 ; Pr. 12. diïambe : II 11.
choeur : XIV 11, 12. SixQova : III m, 5.
choerileum metrum : IV 7. dimètre anapestique : VII 8.
choliambe : V 19 ; Pr. 16. anapestique catalectique :
choriambe : X 1, 2 ; Pr. 19.

VII 11.
choriambes éoliens : X 2, 32. dimètre anapestique hypercatalecti-
„ purs : X 32. que : VII 18.
clausula : I 3. dimètre bacchiaque : XI 12.
côlon : II 3. „ choriambique I : X 2, 7.
comédie, composition de la : XIV 12. „ choriambique I catalectique :
commuais, v. syllaba. X8.
corônis : II 5 ; III ion, 11. dimètre choriambique I hypercata-
correptio attica : III 1, 6. lectique : X 21.
correspondance des strophes : II 8 ; dimètre choriambique II : X 2, 3, 4, 6.
VIII 8 ; X 16, 33 ; XI g ; XIV g ; „ choriambique II acéphale .*

Pr. 22. X4.


coryphée : XIV 11. dimètre choriambique II hypercata-
lectique : X 6.
crase : III 10, 11, 12. dimètre choriambique pur : X 33.
cratinéen : X 28.
„ crétique : XI 4.
crétique : XI 1 ; Pr. 22. crétique catalectique : XI 5.
cyrenaïcum metrum : VIII 6n. „ dactylique : IV 5.

„ dactylique catalectique : IV
dactyle : IV 1, 2 ; V 2 ,' VI 1.
5 ; Pr. 20.
„ cyclique : IV 21 ,' X 1. dimètre dochmiaque : XII 9.
dactyles éoliens : IV 10. ïambique : V 8—11 ; Pr. 20.

dimètre ïambique brachycatalectique : éoliens, vers : II 13.
Vg. éolo-choriambiques, vers : X 2 ; Pr.
dimètre ïambique catalectique : V 8, 20, 22.
„V ïambique hypercatalectique ; ijieio&eoiç : II 5.
II. êatéx&'Eois : II 5.
dimètre ionique a maiore : IX 8. epenthèse : III 10, 12,
,, ionique a minore .* K 3. ephymnium ; IV 9 ; XIV 8.
ionique a minore avec ana- épigramme : IV 20.
,,
clase : IX 3. epiphthegmaticum : XIV 8.
dimètre ionique a minore catalectique : epiploce : IIg ; VI 12.
IX3. épirrhème : XIV 12.
dimètre trochaïque : VI 5. épisode : XIV 11, 12.
trochaïque brachycatalecti- épitrites : II 10 ; VIII 6 ; IX 7.
„ ESTCXQIXOV, yévoç : II II.
que : VI g.
dimètre trochaïque catalectique : VI épode : II 4 ; XIV 5.
8 ; Pr. 20. épodes : II 4 ; VIII 16 ; XIV 4.
dionysius : XI 11. ioecpSixà, épodique : II 4 ; XIV 5.
diphilium metrum : IV 7. Iraos : IV 13.
diphthongues at et ot : III g. rjQCoïxàv /J.ÉZQOV : IV 13.
SmXâaiov, yévoç : II 11. esprit rude : III 7.
hmXif k'aw et Sç~a> VEVEVKVÏO. : II 5. izeoôaxootpov : XIV 10.
dispondée : II n. eupolidéen : X 28.
distique : II 4 ; VIII 16 ; XIV 4, euripideum : VI 8 ; Pr. 20.
„ élégiaque : IV ig ; Pr. 14. cf ôfioltov : XIV 3, 10.
Si&vga/ji.fioç : V 5. exode : XIV 11, 12.
ditrochée : II 11.
dochmiaque ; XII 1 suiw. ; Pr. 22. frappé : II 15.
dodrans I : X 10, 11 ; XII 5.
dodrans II : X 10. galliambe : IX 5 ; Pr. 19.
SoXl%ÔOVQOÇ t IV 18. genre (yévoç) des pieds : II 11.
doriens, vers : V 24. yEcpVQio-fioi i V 5.
glyconéen : X 3, 12—16; Pr. 19, 20.
eïSrj de l'hexamètre : IV 16, 17. acéphale :X ig.
,, équivalantau dimètre cho-
EÏSoç oocpâxXeiov : II 3. „
eïa&EOiç : II 5. riambique : X 2, 16, 20, 29.
k'x&eois : II 5.
iXeysïov t TV ig. Havet, zeugma de : VI 19.
éiégiambe : VIII 14 ; Pr, 20. hemiambus : V 10.
élégie : IV 19, 20. hemiepes : IV 4 ; Pr. 20.
élision : III 8, g, 13, 14 ; Pr. 3, 13, 14. hendécasyllabe : X 24 J Pf» I9>
èfifla.xriQia : VII I, 12, 15, 19. alcaïque : X 26 ; Pr.

fifuxôQiov : XIV 12. 20.
q/uôXiov, yévoç : II II. hendécasyllabe saphique : X 26 ; Pr. 20.
emmeleia : XIV 11. heptapodie anapestique logaédique :
enclitiques : III 13. VIII 5.
encomiologicum : VIII 14. heptapodie dactylique logaédique :
ennéasyllabe alcaïque : V 11 ; Pr. 20, VIII 3, 4-
ivôjiXios êv&fiàç : IV i7rt. Hermann, zeugma de : IV 15.
310
hexamètre choriambique catalectique : l'aov, yévoç : II II.
X 37- isosyllabie : II 13 ; IV 10 ; X 2, 12,
hexamètre crétique catalectique : XI7. 26.
dactylique : III 15 ; IV ithyphallique : VI g ; VIII 6.

13—18; XIV 1 ; Pr. 2, 11—13/ 20.
hexapodie anapestique logaédique : ,Jambenkurzungsgesetz" : Pr. 9.
VIII 5. xaxà GXÉaw XIV 5.
hexapodie dactylique logaédique : VIII ".

xaxaxsXEvafiôç : XIV 12.


3/ 4. tcaxEVÔjiXiov : IV 4, 17.
hexapodie dactylique logaédique avec
feàrco, xb : II 15.
anacrouse : VIII 4. XOQEÏOÇ : VI 2.
hexapodie éolienne (dactylique) : IV
XQÔvoç i II 2.
11. K/leOjttôjje"»' : IX 8,
hiatus : III 8, 13 ; Pr. 3, 10.
tcXifiaxcorâç : IV 17.
hipponactéen : X 21.
hipponactique : Pr. ai. xoivà avoxrjfjLaxinâ : XIV 4, 1072.
hirmus : I 4. XOIVTJ i II 2.
x<»/«£>«ôr èttiâvixov : X 2g.
holodactylus, versus : IV 13, 16 ; Pr. 12.
holospondeus, versus : IV 13, 17 ; xôfifta :XIV 3.
Pr. 11. xop/iâxiov : XIV 12.
hymenaicum metrum: IV 3. kommos (XÔH/JLOÇ) : XII 2 ; XIV 11.
hypercatalectique : II 7. xôoSaÇ : XIV 12.
hypermètre : II 3 ; VII 14. xovxovXXiov : IX 3.
hypermetri, versus : Pr. 12. KVKXIOÇ : IV 21.
hypodochmius : VI 4 ; XII 1, 4, 5. A IV 16.
hyporchèmes : XI 1. :
laconicum metrum : VII ig.
Xayaoôç : IV 18.
ïambe : V 1—5. lecythium : VI 8 ; Pr. 20.
„ syncopé : V 1, 3, 9, 31. XEifi/ta : II 6.
ïambes et péons combinés: V 3.
lettres, son des : IV r6.
„ et trochées mélangés : VI 1. levé : II 15.
ïambélégiaque : VIII 14 ; Pr. 20.
liquides : III 4.
ïambique : Pr. 31.
(iambus) orthius : XIII 2.
logaédiques, mètres ou logaèdes : II
ibyceum : VIII 4. 13 ; VIII 1.
„ avec anacrouse : VIII 4, fiaxoà. xoia7)/JL.oç, XEZoâorjfi.oç, Jievxâ
ibycium, metrum : IV 7. oijfioç : II 2.
ictus : I 7 ; II 15 ; Pr. 10. fiaxoôv : XIV 12.
ionique a maiore : IX 1. fiaXQOOHEXlfjç : IV 18.
„ a minore : VII 4 ; IX 1. fiaXatcoeiSijç : IV 16.
„ syncopé : IX 1. média inter quinque : III 4.
irrationalis : II 2. Meineke, loi de : Pr. 2 in.
irrationnelle, longue (v. aussi irra- flEloVQOÇ : IV l8.
tionalis et aXoyoç) t II 12 ; V 1 ; membre : II 3.
VI 1 ; IX 3, 7 ; X 26 ; XI 11 ; mésodique, structure : XIV 7.
XII 1, 3. mesymnium : XIV 8.
ischiorrhogique : V ig. fiExafioXrf : V 4.
iaéxQovoç ; IV 17. métarythmie : II 9 ; IV 8 ; VII 7, 11.
métathèse : III ia. palinodique, structure : XIV 7.
metathesis quantitatis : III 12. parabase : XIV 12.
mètre : II 3. paraglyconeus : X 22.
mètres de Catulle : Pr. 19. paragraphos : II 5, XIV 4n.
mètres lyriques d'Horace : Pr, 20, ai. jtaoaxaxaXoyj : II 14 ; V 16 ; VI 15 ;
fiexQttcà avaxxa ; XIV 10. XIV 11.
métrique : II 1. parasclepiadeus maior : X 27.
métrique et rythmique : I 3. minor : X 37.
fiijxocpaxôv : IX 5.

ziaoaxéXsvzov : VII 5, 14.
Meyer, loi de Guillaume : I 4. parémiaque : IV 4 ; VII 11.
molosse : II 11 ; IX 1 ; Pr. ig. parodos : XIV n, 12.
monodie : XIV 11. jiâ&i] de l'hexamètre : IV 16, 18.
monomètre anapestique : VII 5.
,, xax* k'vêeiav : IV 18.
„ anapestique catalectique : ,. xaxà nXEOvaaniv ; IV 18.
VII 6. pause : II 6.
monomètre anapestique hypercatalec- péans : XI 1.
tique : VII 6. pentamètre choriambique catalectique:
monomètre crétique : XI 3. X 36.
„ dactylique : IV 3. pentamètre dactylique : IV ig, 20.
„ dactylique catalectique : „ trochaïque catalectique :
IV 3. VI ai.
monomètre dochmiaque : XII 8. pentapodie anapestique : VII 18.
„ ïambique : V 6. ,, anapestique logaédique :
„ ïambique catalectique : VIII 5.
V 6. pentopodie dactylique : IV 6.
monomètre ïambique hypercatalecti- „ dactylique logaédique :
que : V 6. VIII 3, 4.
monomètre ionique a minore : IX 3. pentapodie éolienne (dactylique) : IV
„ trochaïque : VI 3. 12.
trochaïque catalectique : pentapodie ïambique : V 11.
,,
VI 3. trochaïque : VI 10.

fjLovooxQoqunâ, monostrophique II 4 ; penthemimeres : IV 4 ; Pr. 20.
XIV 5. péons : II 10 ; XI 1.
mora : II 2. péons considérés comme des trochées :
muta cum liquida : III 1. VI 6
ateoixonriv àvofioiOfiEgi}, xaxà : XIV 8,
véfioç ttv&ixôç : XI I. période : II 3.
notae : II 5. JIEQIOSIXÔV : IV 17.
octomètre ïambique catalectique : V 23. périodique, structure : XIV 7.
octonaire ïambique : Pr. 16. atEOiooiaixovç àvtoovç, xaxà : XIV 10.
trochaïque : Pr. 17, 22.
phalécien : X 24 ; Pr. ig-
,, phérécratéen : IV 4 ; X 17 ; Pr. ig, 20.
ode : XIV 12.
oïxoi : IX 3. acéphale : X 19.
,,
og&ioç : XI 1. pied : II 3.
pieds, caractère attribué aux : II14.
paeon epibatus : XIII 4. modifications des : II 12.
,,
palimbacchée (jtaXtfifidxxEioç) : II11 ; „ noms des : II 10, 11.

XI 11, 14. pindaricum : VIII 14.
312
platonicum : VIII 14. oajiqpixôv : IV 17.
nvîyoç : XIV 12. IvveacvXXafiov : X 21.
,, xEooaoeoxaiSExaavXXafiov :
ponctuation : II 6; IV 15. ,,
Porson, zeugma de : V 14, 15, 16, IV II.
22 ; VI ig. saturnien : Pr. 1.
positio debilis (position faible) : III 1. sénaire ïambique : Pr. 15.
postpositifs, mots : III 13, 14. ïambique catalectique : Pr. 20.
,,
praxilleum : VIII 3. septénaire ïambique : Pr. 16.
anacrouse VIII 4. trochaïque : Pr. 17.
,, avec : „
sicinnis : XIV 11.
prépositifs, mots : III13,14.
priapéen : X 28, ag ; Pr. 19. signes colométriques : II 5.
2iooava<pcôv7)fia ; V 6. signes mélodiques : I 1.
procéleusmatique : II 11 ; V 14 ; VII signes pour indiquer la syllaba com-
1, 5/ 19- munis : Il z ; III 6.
procéphale : II 7. signes rythmiques : 11 ; II 2.
proclitiques : III 13. sim(m)iacum : X 27.
JtooxécpaXoç : IV 18. sim(m)ieum metrum : IV 6.
nooxoLXioç : IV 18. axàÇwv : V ig ; Pr. 16.
prologue : XIV 11, 12. oxv/J-al:a de l'hexamètre : IV 13.
proôdes : XIV 4, sotadée : IX 7 ; Pr. 18.
proôdique, structure : XIV 7. acprjxiaç : IV 18.
prose rythmée : I 3, 4, ocpoayiç : XIV 12.
prosodiaque : IV 4. spondée : II 11.
prosodie : II 1 ; III 1 suiw. spondeus meizon : XIII 2.
„ de Plaute et de Térence : spondiacus (versus), ojiovSEiâÇcov : IV
Pr. g, 10. 13 ;Pr. 11,12, ao.
prosthesis : II g. stasimon : XIV 11, 13.
prototypes (jtocoxôxvjta) : II u. stesichorium, metrum : VI 11.
protraction (v, aussi syncope) : II 7 ; stichomythie : V 15 ; XIV 11.
V3;Xi. stichique ou xaxà axixov : II 4.
ifiiXii XéÇiç : XIV 6. axiyiari ; II 15 ; XII 7.
pyrrhique : II 11. oxixoç : II 3.
pythiambique, premier : Pr. 21. strophe : II 3, 4 ; XIV 5.
„ second : Pr. 21. alcaïque : X 30 ; Pr. 20.
pythium : Pr. am.
,,
„ saphique : X 30 ; Pr. ig, 20.
strophique : II 1.
quantité des voyelles : III 1, 5 ; Pr. 8.
syllaba anceps : II 2 ; VIII 13 ; Pr.
é: III 4. 2on.
refrain : XIV 8. syllaba communis : II 2 ; III 1, 6.
reizianum : X ig ; Pr. 22. syllabe brève et longue : II 2.
reizianus, versus : Pr. 22. „ longue de nature : III 1 ; Pr. 5.
répartition des mots dans les vers : „ longue par position : III 1 ;
Pr. 12, 15. Pr. 5.
synalèphe : III 11, 12.
cr : III 4 ; IV 16. synaphie : II 3.
saphique : Pr. 21. syncope : II 7 ; III 10, 12 ; Pr. 7.
„ second : Pr. 21. synérèse : III 12.
„ majeur: Pr. 20. synizèse : III 11, 13 ; Pr. 6, 10, 19.
313
système : II 3 ; XIV 3. xgiàç èncpôixtf (triade épodique) : II4 ;
systèmes anapestiques : VII 14 ; XIV XIV 5.
n. tribraque : II 11 ; V2 ; VI1, 2n.
systèmes dochmiaques : XII9. trimètre anapestique : VII 18.
syzygie : II 3. anapestique catalectique :VII
épirrhématique : XIV 12.

„ 18.
trimètre bacchiaque ; XI 12.
rà âïto axrjrjjç : v. âaxo oxrjvrjç. choriambique : X 34.
xexvonaiyvia ; XIV 8.
„ choriambique catalectique :
xéXsiov : IV 17.
,,
X 34.
télesilleum : X 19. trimètre crétique : XI 4.
tenues : IV 16. dactylique : IV 7.
tétramètre anapestique catalectique : „ catalectique : IV
VII 19. ,, „
7-
tétramètre bacchiaque : XI 13. trimètre de la comédie : V 14.
„ choriambique (acatalecti- de la tragédie : V 15.
que) : X 35.
,,
,, des ïambographes : V 16.
tétramètre choriambique catalectique: dochmiaque : XII 8.
X 35- „ du drame satyrique : V 14.
tétramètre crétique : XI 6. „ ïambique III15 V 12—21.
,, : ;
crétique catalectique : XI7 ïambique catalectique : V 20.
,,
ïambique : V 22.
„ ïambique mètre lyri-
,, ,, comme
,, ïambique catalectique : V que : V 13.
8, 22. trimètre ïambique hypercatalectique :
tétramètre ionique a maiore brachyca- V 20, 21.
talectique : IX 7. trimètre ionique a minore : IX 4.
tétramètre ionique a minore : IX 5. ionique a minore brachycata-
ionique a minore brachy-
„lectique IX
,, : 4.
catalectique : IX 5. trimètre ionique a minore catalectique :
tétramètre ionique a minore catalec- IX 4.
tique : DC 5. trimètre palimbacchiaque : XI 14.
tétramètre trochaïque : VI 14. trochaïque : VI 11.
trochaïque catalectique : „ trochaïque catalectique : VI
,, ,,
VI 5, 14, 15. 12.
tétramètre trochaïque exàÇa>v : VI30. tripodie anapestique : VII 7.
tétrapodie anapestique logaédique : anapestique logaédique : VIII
VIII 5.

5.
tétrapodie dactylique logaédique : VIII tripodie dactylique : IV 4.
3, 4- dactylique logaédique : VIII
theopompeum : XI 7.

3-
d-éoiç : II 15. tripodie ïambique : V 7.
d-gia/A-Poç : V 5. trochaïque : VI 4.

tmèse : III 12. trochaeus semantus : XIII2.
xofirj : II 6. trochée : VI 1.
xovfj : II 7. syncopé : VI1, 6.

tragédie, composition de la : XIV 11. trochées et péons combinés : VI 1, 6,
xoaxvç : IV 16, 13 ; XI 9.
314

tropaire : I 4. vers politique : I 4.


unité phonétique : III 13. versus intercalaris : XIV 8 ; Pr. 19.
„ quadratus : Pr. 17.
vjiéoQvff'fi.ov : IV 16. vocalis ante vocalem corripitur : III 2,
F, v. digamma. 13 ; VII 3 ; XII 2 ; Pr. 4, 10.
vers : Il 3.
débit des : II 14. Wernicke, loi de : IV i5n.
„ éoliens,
,
éolo-choriambiques, v,
,,
éoliens, éolo-choriambiques. zeugma : II 6 ; III13 ; IV 15.
III. INDEX DES VERS CITES.
adespota lyrica 69 B. = 22 D. : X 8. Alcman, fr. 23 B. = 1 D., 53 (88) :
,, ,, 7ga B = alex. 14 D. : X 22.
X i2n. Alcman, fr. 23 B. = 1 D., 69 (104) :
adespota lyrica 107 B. (Delph. 1 D.) : X 22.
XI 6.. Alcman, fr. 35 B. = 100 D. : VIII 14.
adespota lyrica 110 B. = 25 D. : XI fr. 36 B. = 101 D, : V 20.
,,
14. „ fr. 37 B. = 102 D., 3 : X 12.
adespota lyrica 118 B. = 25 D. : XI7. fr. 38 B. = 36D. : XI 1, 7.
„ „ 121 B. = alex. g D. : fr. 39B. = 105 D.: VIII 3.
IX5. fr. 45 B. = 67D. : IV 5.
adespota lyrica chorica 36 D. : V 3. „ fr. 65 B, = 18 D.: X ai.
Alcée, fr. 15B. = 54D., 1 : X 2g. „ fr. 66 B = 30 D., 2 : X 3472.
Alcée, fr. 18 B. = 30 D., 1 suiw.: fr. 85AB. = 34 D.: IX 3.
X 30. Anacréon, fr. 2 B. et D., 1 suiw.:
Alcée, fr. i8B.= 3oD., 1 : X 26. X 20.
Anacréon, fr. 8 B. et D., 1 : X 13.
„ fr. 18 B. = 30 D., 3 : V 11. fr. 17 B. = 69 D., 1 :X28.
18 B. = 30 D., 5 : X 26.
„ fr. fr. B. D., suiv.
„ fr. 196. = 17 D. : XIV 4.
„X 33 = 50 1 :
27. „ fr. ig B. = 17 D., 2 : X 27.
Alcée, fr. 44 B. = 97 D. : X 27. fr. 21 B. = 54 D., îsuivv. :

„ fr. 55, 1 B, = 63 D. : X 26. X 38.
56 B. = 65 D. : V 32. Anacréon, fr. 21 B. = 54 D,, 1 : X 35.
„ fr. fr. 65B.= 67 D.: IX 3. fr. B. = 72 D. : X 29n.
„ fr. „ 22
g4B. = 40 D. : VIII 14. „ fr. 23 B. = 73 D. : X 35.
„ fr. D., 6 X 26. fr. B. D. : X 1.
„ fr. 43 D., 6 suiw. : ,, 24 = 53
43 : X 31. ,, fr. 30 B. = 71 D. : X 39.
,, fr. 3iB.= 57D.: X 34.
Alcman, fr. 1 B. = 7 D. : IV 4.
D. : V 24. fr. B. = 22D.: IX 5.
„ fr. 4 B. = 7, 3D. „ 42
B. = 44 D, 1 suiw. :
n
„ fr. 10 B. = D. : V 22. ,,
IX 3.
fr. 43
fr. 16 B. = 24 : VI 7.
fr. i7B.= 33D. : VII 8. Anacréon fr. 47 B. = 45 D. : IX 5.
fr. 19 B. = 61 D. : XI 1, 6. „ fr. 51B. = 39D.: IX 4.
fr. 23 B. = 1 D. : XIV 5, g. fr. 55B. = 48D. : IX 4.

fr. 23 B. = 1 D., 36 (72) fr. 75 B. = 88 D.: VI 14.
„ fr. 76 B. = giD.: VI 14.
suiv., et 56 (gi) : VI 8.
Alcman, fr. 23 B. = 1 D., 44 (79) fr. 82 B. = 75 D. : X 2g.
„ fr. 89 B. = 79 D.: V 10.
suiv. : VI 11. „
Alcman, fr. 23 B. = 1 D., 49 (84): fr. 92B. = 82 D.: V 10.
„ fr. g3B. = 84D.: V 7.
VIII 3.
Alcman, fr. 23 B. = 1 D., 51 (86) : anacreontea, 44, 6 et 11 B. : IX 3.
X 22n. Ananius, fr. 5, 8 B. et D. : VI 20.
316

Apollonius de Rhodes, Arg. I 66 : Aristophane, Ach. 704 : VI 19.


IV 13. 718 : VI 16.

Archiloque, fr. 1 B. et D., 2 : IV ig. „ „ 971 suiw. : XIV 8.
Archiloque, fr. ai B, = 18 D., 4 : 1008 suiw. : V 8.
,, „
V 16. „ „ 1023 : V 14.
Archiloque, fr. 35 B. = 32 D., 3 : „ „ 1150 et 1162 : X
V 16, 36.
Archiloque, fr. 66 B. = 67a D., 1 : Aristophane, Ach. 1150 suiw. : XIV 7.
VI 5. Aristophane, Ass. d. F. 571 : III772.
Archiloque, fr. 74, g B. et D. : III 8. „ „ „ 6go : VII gn.
fr. 7g B. = 107 D.: VIII
VII 7.
„ „ „ 1181 suiw. :
13.
Archiloque, fr. 7g B. = 107 D., 1 : Aristophane, Cav. 47 : V 14.
II 13 ; VI 9. „ „ 322 suiw. : XI 4.
Archiloque, fr. 81 B. = 109 D.: „ „ 551 suiw. : X g.
VIII 13. 560 : X 27.
„ „
Archiloque, fr. 84 B. = 104 D. : ''---,, ,, 911 suiw.: V 8.
VIII 16. „ ,, IIII suiw. :X3o.
Archiloque, fr. 85 B. = 118 D.: Gren. 316 suiv. XI
: 12.
,,
VIII 13. „ „ 328 et 345 : IX 3.
Archiloque, fr. 89 B. = 81 D. : „ t, 374 : VII 7.
VIII 16. /, // 375 ' VII 5.
Archiloque, fr. 94 B. = 88 D. : „
.
416 suiw. : XIV 5.
VIII 16. „ 8g7 : XIV g.
Archiloque, fr. 98 B. =

105 D. : „ ,, 937 = V 22.
IV 5. 1106 et 1116 :
Archiloque, fr. gg B. = 29 D.
„ „
: VI 12. VI 6.
,, fr. 100 B. = 113 D. : Aristophane, Gren. 1200 suiw. : VI 8.
VIII 13. „ ,, 1265 : IV 5.
Archiloque, fr. 103 B. = 112 D.:
,

VIII ,, „ 1273 suiv. : IV 8.


16.
Archiloque, fr. 103 B. = 112 D., 2;
„ „ 1333 : X 14.
» ,, 1323 X 15.
V 20.
Archiloque, fr. 114 B. = 117 D.:
„ „ 1348 : XII 7.
,/ „ 1490 : VI 9.
VIII 13. „ Guêp. 307 : V 14.
Archiloque, fr. 115 B. = 116D.: VIII 15.
VIII 13. „ 348 : VI
Archiloque, fr. 120 B. = 119 D.: // /, 317 : 9.
// ,» 397 : VII 19.
VI 8 ; VIII 15. VI 17.
Aristonous, Péan 1 suiw. et 37 : X 20. ,, „ 427 : VI
// „ 457 : 18.
Aristophane, Ach. 31 : V 13. 526 suiw. :
suiw. : VI 9. ,, „
„ „ 263
285 : VII 18.
XIV 12.
„ 318 VI Aristophane, Guêp. 526 suiw. et 631
,, : 16. suiw. : X 33.
», ,, 645 : VII 20. Aristophane, Guêp. 568 : VII 20.
», „ 665 suiw. : XI 8. // „ 733 suiw. :
., „ 666 : XI 2. XII 8.
,, ,, 672 suiw. : XI 4. Aristophane, Guêp. 752 : VII 10.
317
Aristophane, Guêp. 979 : V 14. Aristophane, Thesm. 101 suiw. : IX 6.
„ „ 1009 suiw. : »>
12g
„ 465 VI : X 19.
XIV 12. ,/ „ : 11.
Aristophane, Guêp. 1015 : VII 19. „ „ 520 suiw. : VI
„ „ 1064 : VI 13. suiw. :
5-
Aristophane, Thesm. 547 : V 22.
»> „ 1275
XI 6. »» „ 959 suiv. : VI3.
Aristophane, Guêp. 1326 : VI 3. »/ ,» 997 : X 10.
,, „ 1526 suiw. : ,, ,, 1136 suiv. :
VI 5. VIII 4.
Aristophane, Guêp. 1327 : VI 5. Aristophane, fr. 10 K. : X 8.
„ Lys. 545 : VII 9. fr. ni K. : XI 1.
781 suiw. : XI 9. Aristoxène de Sélinus, chez Héph.
„ „
// „ 789 : XI 5. p. 25, 17 : VII ig,
„ „ 1014 suiw. : VI 1. Babrius 18, 1 : V 19.
„ „ 1284 : VIII 4. Bacchylide I 157 suiv. et 180 suiv. :
„ Nu. 29 : V 15. VIII 8.
„ „ 280 : IV 3. Bacchylide I 162 suiv. : VIII 6.
„ 378 : VII 19.
528 suiw. et 539 :
III 1 : V 20.
X

28.
„ IV 2 : X 21.
V 76 : V 20.
Aristophane, Nu. 703 : VIII 4. VI suiv. : V 10.
„ 889 suiw.
„ 916 VII : VII 14, „ 1
IX (VIII) 1 suiw. : VIII7.
„ : 5. X (IX) 49 : VI 3.
„ 1144 : III 8. XI (X) 36 : V 6.
Ois. 246 : XI 2.
„ suiw. XIV
XIII (XII) 45 (12) : V 11.
„ „ 333 : 9. XVI (XV) 19 : VII 8.
„ : VII
„ 456 VII 9.
403 XVII (XVI) 3 et 48 : V 7.
: 18.
„ 536 VII XVII (XVI) 55 : VI 10.
„ „ 688 : VII 10. XVII (XVI) 62 : V 20.
„ : 19. XVIII (XVII) 1 : X 21.
„ „ 707 : VII 19. XVIII (XVII) 20 : X 14 ;
„ : VII
„ 967 IV 10.
732 XIV 9.
„ „ 1188: XII7. Bacchylide XIX (XVIII) 3 suiv. :
„ 1188 :suiw. 3. VI 9.
„ ,, : Bacchylide fr. 15 Bl —Sn. : XI 1.
XII 9. fr. 19 (26) BL—Sn.: XIV 8.
Aristophane, Ois. 1194 : XII 3.
1226 : V 14. Callimaque, A.P. XIII 9 (fr. 115
„ „ V Schn.) : VI 21.
,, // 1314 • 9.
1561 : VI 1. Callimaque, Épigr. 39, 1 : V 10.
„ „ 1706 suiw. V 39,1 suiv. : VIII
,, „ : 14. „ „
1751 : IV 4. 16.

Paix IV 5. Callimaque, Épigr. 41 : H 3'
„ 114 :
169 : VII 9. Hymne a Diane 170—182 :
„ 663 V „
IV 13.
„ 789 : IV17. Callimaque, Hymne a Diane 223 :
„ 831 : V 7. IV 13.
„ : 14.
3i 8
Callimaque, Méln p. 180 Cahen, i Cratinus, fr. 144 K. : VII 3.
et 7 • VIII 5- fr. 211 K. : VIII 13.
Callimaque, fr. 192 Schn. : IV 20. fr. 222 K. : XI 1.
„ fr. 321 : X 24.
carmen Priami : Pr. 1. „
carmina popularia 15 B. = 21 D. : fr. 333 K. : VIII 12.
VII 17. 334a K. : X 38.
„ fr.fr. B.
carmina popularia 41 B. = 33 D., Critias, 4 = 2 D. : IV 19.
1 suiw. : X 19.
carmina popularia 46 B. = Hermocl. Dionysius Chalcus (Athén. XIII
1 D., 1 suiv. : VI 9. 602 C ; XV 669 E) : IV ig.
Castorio, fr. 1, 5 : V 16. Diogène Laërte VIII 91, Épigr. 4 :
Catulle 1, 1 suiv. : Pr. 19. IX 5.
,, 4, 1 suiv. : Pr. 15. Ennius, Ann. 33 : Pr. un.
„ 6, 16 : Pr. 8.
„ 8, 1 : Pr. 16. „ 33 = Pr. "•
„ 17, 4 : Pr. 19. ,, Pr. 11.
„ 109 :suiw.
„ 30, 2 : Pr. 19. ,, ,, ni : Pr. 11.
„ 40, 1 : Pr. 19. „ 129 ' Pr- 5-
,, 51, 1 suiw. : Pr. 19. Pr. 8.
„ 1^3 : Pr.
„ 51, 13 : Pr. 19. ,, ,, 140 : 11.
»»
55» 7 ! Pr- 19. »» ,» 333 : Pr. 5.
„ 61,55/ 10 : Pr. 19. „ 371 = Pr- 8.
6 suiw. : Pr. 19.
,, ,, ,, 490 : Pr. 11.
„ 61, 25 : Pr. 19. ,, ,, 609 : Pr. 11.
Épigr. 3 : Pr. 14.
,, 61, 86 suiv. : Pr. ig. „
1 : Pr. ig. 81 suiw. Ribb. : Pr. 33.
„ 63, ,,
Var. 14 : Pr. 11.
„ 63, 23 : Pr. ig. ,,
„ 63, 54 : Pr, ig. „ Pr. 18.
„ 25 : Pr.
63, 63 : Pr. ig.
», „ „ 45 : 17.
„ 63, 73 : Pr. ig. épigramme anonyme citée par Aristote:
,, 64, 78 suiw. : Pr. 11. IV 19.
64, 327 : Pr. ig.
„ 67, Epitaphium Sicili I I:VI, JJXI;
„ 44 : Pr. 14. XII 7.
„ 68, 810 : Pr. 14. Eschyle, Ag. 52 : VII 10.
„ gg, : Pr. 14. „ 92 : VII 9.
„idas,fr. 1, 1 : Pr. 19, 20. ,, „ 104 suiw. : IV g-;
Cer fr. 1, 5 suiw. D. : VIII 10. XIV 5.
chanson anonyme chez Suétone: Pr. 17. Eschyle, Ag. 142 : IV 5.
,, ,, chez Vopiscus : Pr. 17
Cléomaque, chez Heph. p. 35, 12 : „ „ 201 suiw. : X 33, 37.
IX 8. ,, ,, 600 : V 15.
Corinne, fr. 2 B. et D., 1 : X 3, „ „ 7g4 : VII 14.
fr. 11 B. = 8D. : X 3. ,, ,, 1001 : XII 3.
fr. 27 B. = 19 D. : X 3. „ ,, 1072 suiv. : XI 13.
,,
fr. 4, 31 suiw. D. : IX 4. ,, ,, 1080 suiw. : XI 13.

fr. 5, 59 D. : X 3. „ „ 1103 suiw. : XI 13.
fr. 5, 74 D. : X 3. „ „ 1121 : XII 3.
Cratinus, fr. 10 K. : VIII 13. „ 1125 : XII 2.
,» ,, 1164 : XII 1, 3.
319
Eschyle, Choéph. 45 : VI 13. Eschyle, Sept 783 : V 7.
„ 315 suiw. : XIV 6.
,, „ 8g3 : XII 3.
,, ,» 334 V 21. •*
>, ,, 918 suiw. : X 37.
613 suiw. : VI 7.
,» ,, ,, ,, gai : X 34.
„ 857 : VII 5. », ,, 1000 : VI 8.
», ,» 104g : V 17. Suppl. 6 : VII g.
„ Eum. 322 : VI 7. 7 : VII 9.
„ „ 329 suiw. ; XIV 8. ,» ,, 12 suiw. : VII 14.
„ „ 333 suiv. : VI 8. „ 21 : VII 5.
368 : IV 6.

781 : XII 3.
// „ 34 : VII g.
„ »/ »>
57 : X 34.

Pers.
1042 : IV 5.
6 : VII 5.
„ m
„ 118 etV 114 : V 13,
„ „ : 21.
„ 60 : VII 5. », ,, 347 suiw. : XII 3.
VI
,» 155 : 17. „ „ 348 : XII 1, 3.
„ 501 : V 15. „ 34g : XII 3.
,. 552 : V 11. „ ,» 37° =
V 6.
,» 575 :
VI 7. „ 392 suiw.
,, 418 suiw. XI 10. : XII
,, ,, 587 suiw. : IV 4. „ „ : 4,
,» ,»
633 suiv. : X 35.
VI „ 429 : XI 4,
636
„ 665 XII3.
: ,» 543 : IV 5.
„ : 3. fr. 33 N2 : XI 13.
,, ,, 931 suiw. : VII 16. „ fr. 13g N2 : VI isn.
934 : VII 5.
„ 936 Euphronius, VI p. 2g4 D. : X 39.
„ : VII 9. Eupolis, fr. 37 K, : X 38.
„ 952 : VII 7. „ fr. 73 K. : II 3.
,, ,, 1000 : VII 9. „ fr. 390 K., i : X 29.
,, ,, 1022 suiw. : X 17. Euripide, Aie. 92 : XI 12.
V 6. 106 : VII 6.
„ „ 1055 : „
'„1057 : V 6. „ 908 X 3.
591 : VIII
,, Prom. 115 : XI 13. „ „ 962 :suiw.17. X 18.
VIII 4.
„ 135 : suiv. ,, ,, :
et 556 : 963 X 17.
,,
VIII 6. ,, 553 », »» *•

„ 965 : X 17.
Eschyle, Prom. 573 : XII 3. „ 967 X = 17.
XII
„ 695 VI 1.
577 : „ „ 97i : X 11.
: 10. Androm. 103 suiw. : IV 20.
,, 480 : VII 18.
,, Sept 114 : XII 3.
= X 17.
„ „ 142 : VI 9. „ „ 505
Bacch. 64 suiw. : XIV 7.
„ 205 : XII 3. ,,
X
,, ,, 229 : VIII 4. ,» 74 : 7.
suiw. IX 6,
„ 288 : III 11. „ „ 370 :
,, ,, 316 suiv. : X 17. 994 : XI 12.
488 : V 17. gg8 : XII 3.
„ Cycl. 74 : IV 20.
569 : V 15. „
„ 6g8 suiw. XII 210 V 14.
,, ,, : 1. „ ,, :
736 et 744 : V 4. 334 V 14.
„ 769 XII „ '•

„ : 3. „ 373 V 21. =
32o
Euripide, El. 168 : X 7. Euripide, Iph. en A. 222 : X 6.
481 : XII 3. „ 292 suiw. : VI
„ 588 „
„ : VIII 6n. 12.
: XII 3n. Euripide, Iph. en A. 546 : X 3.
„ „ 1152 759 X 14.
Héc. 181 suiv. : XII 8.
„ 1064 suiw. : XII 11.
=

1295 ' IV 3.
„ „ 1084 V „ „
„ 1089 :suiv.7. VI „ 1322 : VII 13.
„ »,
Iph. en T. 79: V 15.
,, „ : 4. „
Hél. 520 : X 3. „ ,, 123 suiw. : VII
„ X
„ „ 670 XII4.
523'• 17.
Euripide, Iph. en T. 136 VII 6.
„ „ 687 : XII 3. :
VII
„ 1338: X 3. „ »» 130 : 13.
„ „ : 3. ,» »»
133 : VII 13.
„ ,, 1339 = X 4. ,» »»
203 : VII 13.
1341 : X 4. „ 206 : VII 13.
„ „ 1628 „ 839 : XII
„ „ : VI 19. „ „ 10.
Herc. 114 : V 9. 8g4 : XII 3.
„ », „
III n-
„ „ 394 : X 10. ,, », 93i :
„ „ 456 : V 15. „ „ 1132 : X 17.
„ „ 787 •' X 10, Méd. 1 : V 13.
,,
„ 878 : XII 3. „ „ 99 : VII 10.
„ „ 899 : V 6. „ ,, 131 suiw. : VIII 17.
„ „ 904 = VXII 6.
„ „ 148 suiw. : X 22.
„ „ 1051 : 3. ,, ,, 160 : VII gn.
„ „ 1058 : XII 3. suiw. : VIII 7.
Hippol. 70 : X 7.
„ „ 410
„ „ „ 634 : VI 10.
„ ,, 125 suiw. : VI4. ,, „ 1261 suiw. : XII 10.
», „ 201 : IV 21. „ Or. 140 : XII 7n.
,» „ 525 suiw. : X 34. „ 146 : XII 3.
„ 358
„ „ 593 • XII 1. ,/ // suiw. : XII 7.
1386 suiw. : V 9. : X 26.
„ „
Ion
„ „ 810 suiw. : X 5.
„ 1 : V 15. „ „ 831
„ „ 54 : V 15. „ „ 839 : X 3.
„ „ 135 suiw. : XIII 3. // // i?o? suiw. : XII 9.
148 : VII 6.
„ 496 : X 3. /, 1363 VII 18.
=

,, ,» „ », 1379 :
VI 8.
„ „ 717 : XII 3. „ „ 1381 suiw. : XII 12.
„ 883 : VII 13. VI 4.
„ „ 1384 : XII
„ 889 : VII 13. „ „ 1501 : 3.
896 : VII 6. Phén. V
„ „ 553 : 15.
„ „ 1053 : X 26. „ ,, 588 suiw. : VI 18.
„ „ 1053 : X 4, „ „ 604 : III 8.
„ „ 1083 : X 7. „ „' »6og : VI 16.
»/ /, 1237 : X 24. /» „ 784 suiv. : IV 7.
„ „ 1239 : X 24. // 790 : IV 3.
Iph. en A. 180 suiv. : X 15. ,»
„ »/ », 1273 '• V 15.
», ,, 209 : X 4. »> „ 1306 : XII 3.
,, „ 221 : X 4. » /» 1497 : III 8 ; IV 5.
Euripide, SuppL i : V 13. Homère, II. A 377 : III 12.
/, „ 367 suiv. : VI 3. A 559 IV i8n.
„ ;
„ Troy. 247 : XII 3. „ A 723 : IV 15.
„ „ 265 : XII 3. JW208: III 7; IV 18.
», „ 328 : XII 3. H 857 : III 3.
„ „ 560 suiw. : VI 8. P 51 : IV 16.
„ „ iog6 suiw. : IV 19. T 287 : III 6.
fr. 754 N2 : XII 3. X 59 : IV 17.
V 2 : IV 18.
fragm. grenfell. 20 : XII 3. V 221 : IV 13.
„ V 493 : III 4.
Hermésianax, fr. 2, 36 D. : IV 20. 6 : IV 18.
Si
Hésiode, Trav. et J. 23 : VII 11, 425 : IV i8n.
Si
218 : VII 11.
„ Si suiw. XIV 8.
„ „ „ 723 :
„ „ 607 : III 11. „ 769
Si : III 11.
Hipponax, fr. 1 B. = 4 D., 1 : V ig. Homère, Od. o 1 : IV 14.
„ fr. 13 B. = 1 D., 1 : V 19. „ „ a 62 56 : III 4.
,, fr. 31 B. = 36 D. : V 19. „ „ fia :suiv. IV 15.
„ fr. 74 B. = 67 D., 2 : V16. ,/ „ 77 III: IV 15.
„ fr. 83 B. = 70 D., 2 : »» », e 337 : 3.
VI30.
Hipponax, fr. 90 B. = 79 D. : V 8.
„ „ t 6 : III 12.
„ „ t 39 : IVIV21.18.
fr. 92 B. = 80 D. : X 21. ,/ // '
347 :
Homère, II. A 1 : IV 14.
A 2 : III 8 ; IV 17.
„ „ x 60 : IV 18.
„ /» x 355 :
IV i8n.
„ A 203 : III 8. „ „ XX 84 ; IV 13.
A 214 : IV 16. 598 : IV 16.
,,
A 226 : IV 13.
„ 64 IV
„ „ „ fi. : 13.
A 266 : IV 15. 15 : IV 17.
A 357 : IV 17.
„ „ 9?
III 12.
»/ ,» », X 131 •
„ A 436 : III 12. Horace, Art poét. 467 : Pr. 20.
B 1 : IV 17.
B 149 : IV 15.
„ Carm. II 1, 1 :suiw. Pr. 20.
Pr.
„ „ ,, 1, 1 : 21.
„ B 173 : IV 14.
„ „ I I 2, 1 suiw. : Pr. 21.
B 528 : III 8. : Pr. 30.
rr
164 : III 3.
„ „ I 2, 19suiw.
„ „ ,, 3, 1 : Pr. 21.
182 : IV 17. I 4, 1 : Pr. 20.
„ r
363 : IV 16.
„ „ II 4, 1 suiw. : Pr. 21,
A 183 : IV 13.
„ „ I 6, 5, 1 suiw. : Pr. 21.
E 221 : III 8. „ „ I 1 suiw. suiw. : Pr. 21.
E 349 : IV 18. 7, : Pr. 21.
„ ,, „ I
1
8, 1 suiw. :Pr. 21.
„ E 455 : III 5. „ „
Z 133 : m 8. „ „ I 8, 11 : Pr. 20.
Z 439 = IV 15. „ ,, I 8, 12 : Pr. 20.
Z 511 : IV 16. „ „ I 9» 1 suiw.: Pr.
„ 0 257 =
m !2- 20, 21.
I 247 : III 8. Horace, Carm. I 11, 1 suiv. : Pr. 21.
I 394 : IV 15. I 12, suiv. : Pr. 20.
„ „ 1

Traité de métrique grecque 21


322
Horace, Carm I 15, 36 Pr. 20.
•*
I Léo Magister, chez Bgk. III p. 356 :
I 18, 1 : Pr. 20. IX 3.
„ „ I 18, 16 : Pr. 20. Livius Andronicus, fr. d'Ino : IV 18.
„ „ I 33, 4 • Pr- 6- Od. 9 ' Pr. 1.
„ „ I 38, 6 : Pr. 30. Od. 36, 2 : Pr. 1.
„ „ II 3, 18 : Pr. 20.
„ „
Lucien, Tragod. 11g suiw. : IX 7.
„ II 3, 27 : Pr. 20. suiw. : IV 18.
„ „ ,, 311
II 18, 1 : Pr. 20. Lucrèce, VI 652 : Pr. 8.
„ „ II 18, 1 suiw. : Pr.
„ „ Maximos, vers 1 suiw. : IX 7.
ai.
Horace, Carm. II 18, 2 : Pr. 20. Méléagre, A.P. IX 363 : IV 20.
„ „ II 18, 34 : Pr. 20. Ménandre, Circumt. 93 : VI ig.
„ III 5, 17 • Pr- 20. 135 : VI 18.
„ „ III 12, 1 suiw. : Pr. 150 : VI 16.
21. „ 338 suiw.: V14.
Horace, Carm. III12, 7 suiv. : Pr. 20. „ Sam. 184 suiw. : V 14.

„ ,, IV 1, 35 : Pr. 2in. „ 257 : VI 16.
„ ,, IVIV 6, 35 suiv. : II 15. Mésomédès, Hymn. 1,1 suiv. : VII12.
,, „ IV 7, 1 suiw. : Pr. 21. ,, „ 2, 1 suiw. : XI


„ 7, 4 : Pr. 20.
Ép. 1, 1 suiv. : Pr. 21.
14.
Mésomédès, Hymn. 7, ig : VII 5.
„ Pr. 20.
„ 2, 2 : suiv. 11, suiv. :
„ „ 1
„ ,, 11, 1 : Pr. 21. VIII 5.
„ „ 11, 2 : Pr. 20. Mimnerme, fr. 1 B. et D,, 1 suiv. ;
„ : Pr. 20.
„ 11, 14suiv. IV 19.
,, „ 12, 1 suiv. : Pr. 21. Mnésimachus, fr. 4 K. : VII 14.
„ „ 13, 1 Pr. : Pr. 21.
,» „ 13» a :suiv. 30. Nicénète, A.P. XIII 29 : IV 19.
,, ,, 14, 1 : Pr. 31.
,, „ 16, 1 suiv. : Pr. 21. Ovide, Am. III 2, 26 : Pr. 8.
,» ,, 17, 1 suiv, : Pr. 21. „ Ex Ponto II 6,1 36suiv. : Pr. 14.
„ „ 17, 12 : Pr. 15. : Pr. 14.
Éplt. I g, 4n : Px. 12. „ Met. „ „I Pr.
„ Sat. I 4, gs : Pr. 8. „ 24 : 3.
,, „ XIII 607 : Pr. 5.
„ XV
„ „ II 6, 119 : Pr. 8. „ 600 : Pr. 8.
„ // 9, 38 : Pr. 1377.
hymne à là Grande Mère des Dieux, péan avec annotation musicale : XIII 3.
vers 6, 21, 22 : X ig. Phalécus, A.P. XIII 5 : V 20.
hymne delphique à Apollon : XI 10. Phèdre I 3, 1 : Pr. 15.
Phérécrate, fr. 79 K. : VII 7.
Ibycus, fr. 1 B. = 6 D., suiv. : fr. 131 K., 1 suiw. : X 39.
VIII 4.
1 ,,
Philippus, A.P. XIII 1 : IV 19.
Ibycus, fr. 2 B. = 7 D. : VIII 2. Pindare, Dith. 3, 2 (fr. 79) : IV 16.
„ fr. 4 B. = 10 D. : VIII 4. „ 5 (fr. 76) : VIII 4.
„ fr. 16 B. = 2 D„ 2 : IV m.
„ Jsthm. I, 1 suiw. : VIII 6.
„ fr. 21 B. = 1 D. : VIII 5. IV 45 (77) : IV m.
fr. 3 D. : XIV 5. „
„ fr. 3, 4 et 13 D. : VIII 5. „ Ném. I 1 : V 9.
„ // /, I 15 (31) : VI 3.
323
Pindare, Ném. V 13 (23) : IV 4. Pindare, Pyth. I 3 (5) : VI 7.
„ VI 1 : V 6.
VI 4 (7) : VII 7. »/ „ I 9 (17) : III 14.
„ VI „ I 17 (32) : VIII 6n ;
»,
6b (12) et 28b XIV 9.
(49) •' VI 3. Pindare, Pyth. I 20 (38) : IX 2.
Pindare, Ném. VI 23 (39) : V 6.
„ II 6 (10) : IV 4.
„ VII 5 (7) : X 10.
VII 8 (12) : X 21. „ III 6 (12) : VIII 8.
„ VIII „ v
„ IV 20 (35) : IV 3.
„ VIII 13 (23): (22) : VII 4. IV 184 (339) : VIII 8.
V 6.
„ „ V 1 suiw. : X 23.
„ IX 13 », „
„ 5 (11) : V 20. V 4 (5) : VI 4.
01. I 7 da) : X 8. „ V 36 (48) : X 4.

„ „ II 11 (35)(17) : VI 10.
„ VII 7 (7) : VI 4.
„ „ I 23 (86) suiw. VI
: XII 6. „ VII 17 (15) : X 10.
„ I 54 : 4. „ „ VII 21 (22) : X 3.
„ II 115 (185) : VI 4. „ VIII 3 : X 14.
» 1 : V 4. „ IX 2 : VI 10.
»» »,
II 3 (5) et 11 (20) : V 3. », „ XI 4 (6) et 9 (15) :
», » H 39 (65) : V ao. X n.
„ „ II 94 (154) suiv. : XI12. Pindare, fr. 35 (7) : VIII 14.
„ IV 1 : X 3. fr. 216 (6) : VIII 14.
Platon, fr. 90 K. : VIII 14.
/, IV 25 (38) : IV 4.
„ VI VI 7 (11) : VI 11. fr. 188 K. : V 14.
„ VI 16 (25) : VI 7. Plaute, Amphitr. 1055 : Pr. 16.
(36) : VI 7.
„ VI 22 (153) V g.
„ Asin. 381 : Pr. 16.
„ „ VII9016 (30) : VI „ Aulul.„ 424 : Pr. 10.
„ VII 18 (33) : VII 7. „ Bacch. 441 : Pr. 32.
„ IX : 4. ,, 612 : Pr. 17.
25 (37) : X 11. Capt. 18 : Pr. 15.
„ „ K 58 (87) III „
„ X X : 11. „ „98 : Pr. 15.
„ „ X 1 :(5) 10. „ », g77 : Pr. J7.
„ X 3 (33): IVX5. „ Cure. 147 suiw. : Pr. 22.
„ „ X 27 (46) : X 14. „ Rud. 700 : Pr. 16.
„ XI 37 VI: 10. Pratinas, fr. 1 B. et D., 1 : VII g.
„ „ XI 17 :(ai) 12. fr. 1 B. et D., 2 : VII 18.
„ XIII20 suiv.: VIV 8. Praxilla, fr. 5 B. = 3 D., 1 : VIII 3.
,, ,, 3 : 11. Properce I 1 suiv. : Pr. 14.
„ Parth. IV 2 (fr. 96, 2) : X 3. „ I 5, 33 : Pr. 14.
„ Péan II 26 : X 6. „ III 22, 10 : Pr. 14.
„ „ II VI
28 suiv. : X 7.
X Sappho, B. et D., 1 suiw.: X 30.
,, VI 117 : 17. 1

„ VlIIb 136 : IV m. 1 B. et D., 1 : X 26.


„ 12 (26) = 42 : ,, 1 B. et D., 11 ; III 11.
X7. „ 2 B. et D., 1 : X 26.
Pindare, Péan XIII 6 (fr. 61, 6) : X 3. „ fr. 33 B. = 40 D. : IV 11.
Prosod. II (fr, 89a) : IV 4. „ fr. 3g B. = 121 D. : IV 11.
Pyth. I suiw. : VIII 7. „ fr. 52 B. = g4 D. : X 22.
„ 1
I 2 (4) : IV 4- fr. 53 B. = 88 D. : X 24.
„ „
324
Sappho, fr. 54 B. = 93 D., 1 : X 37. Simonide de Céos, fr. 5 B. = 4 D.,
fr. 62 B. = 107 D„ 1 : X 27- 1 : V 6 ; VIII 14.
„ fr. 64 B. 56 D. : X 27. Simonide de Céos, fr. 5 B. = 4 D.,
„ fr. 76 B. 63 D. X =
= : 27. 2 suiv. : X 39.
„ fr. 84 B. D. VI Simonide de Céos, fr. 5 B., 5 = 4 D.,
„ fr. B. = 154 : 9.
„ fr. go = 114 D.:XIV V 10. 27 : X 10.
8. Simonide de Céos, fr. 14 B. et D. :
91 B. = 123 D. :
„ fr. fr. 98 B. = 124 D. : IV 12. X 12.
„ fr. B. gg B. = 128 D., 1 : X 2g. Simonide de Céos, fr. 26 B. (Delph.
„ 101 = 4g D., 2 : IV 11. 4 D.) : XI 6n.
„ fr. 109 B. = 131 D. : X 32. Simonide deVIII Céos, fr. 32 B. = 6 D.,
„ fr. fr. 55a D., 5 et 15 : IV 11. 1 suiv. : 5,
„ 65 D., 25 X 27.
=
Simonide de Céos, fr. 36 B. = 7 D.,
„ fr. 96 D., 3 : IV 12. 2 : XI 12.
„ fr. 96 D., 4 suiw. : X 31. Simonide de Céos, fr. 38 B. = 8 D.,
„ fr. 96 D., 7 : X 13. 1 : X 17.
„ fr. 96 D., 8 : X 13. Simonide de Céos, fr. 39 B. = 9 D.,
„ fr. 98 D., 4 : X 13. 1 : X 31.
fr. 98 D., 6 : X 26. Simonide de Céos, fr. 3g B. = 9 D.,
fr. 98 D., 7 : X 2. 4 et 3 : VIII 5.
„ fr. 98 D., 12 suiw. : X 31. Simonide de Céos, fr. 48 B. = 31 D.,
scolia 6 B. = 5 D., 1 : X 34. 2 : X a.
„ 86 B. = 5 D., 3 : X 24. Simonide de Céos, fr. 53 B. = 32 D.,
„ B. = 7 D., 1 : X 24. 3 : VIII 4.
„ g B. = 10 D., 3 : X 4. Simonide de Céos, fr. 58 B. = 37 D. :
„ gB. = 10 D., 4: X 11. XII 5.
„ 14 B. = 24 D., 1 suiw. : X 31. Simonide de Céos, 61 B. = 10 D.,
„ 16 B. = g D., 1 suiw.: X 31. 1 : X 11.
Sémonide d'Amorgos, fr. 1 B. et Simonide de Céos, fr. 61 B. 10 D.,
D.» 4 : V 17.
=
2 : VIII 5.
Sénèque, Herc. (Et. 1862 : Pr. 8. Simonide de Céos (?) A.P. XIII ig,
,» Méd. 1 suiw. : Pr. 15. 1 suiv. : X ai.
OEd. 405 suiw. : Pr. Simonide de Céos( ?) A.P. XIII 20 :
»» 33.
suiw. Pr. VIII 16.
// „
Phèdre
449 : 2072.
Simonide de Céos(?) A.P. XIII 28 :
,» 736 suiw, : Pr. 23.
Phén. 210 : Pr. VIII 16.
»» 15. Sophocle, An igj : V 21.
»,
Thyeste 289 : Pr. 15.
Troyen. 264 ,, „ 224 suiv. : IV 6.
/, : Pr. 8. suiw. : VI 4.
Sim(m)ias, fr. 1 D. : XI 6. „ „ 401 V
fr. 3 D. : XI 6. „ „ 406 et 424 : 3.
fr. 5 D. : VII 18. „ „ 606 : XII 3.
,, ,, 1101 : V 15.
/» fr. 6 D. : IV 6. Ant. 1 : V 13.
/, fr. 7 D. : X 37. „
Simonide de Céos, fr. et B. D. »> „ 352 suiw. : X 22.
1 2 et : „ 356 : VIII 5.
V24.
Simonide de Céos, fr. „ „ 592 : V 20.
4 B. = 5 D., „ „ g32 suiv. : VII 14.
1 : X 21.
,» ,, 1240 : III 6.
325
Sophocle, Ant. 1273 = XII 3. Sophocle, Phil. 837 : VIII 4,
„ „ 1320 : XII 3. „ 832 : XII 3.
/, „ 1331 : XII 972. „ ,, 932 : V 15.
„ 1341 : XII 3. ,, 1082 et 1102 : X 16.
El.„ 121 suiw. : XIV 5.

„ „ „ 1132 suiv. : IV 7.
,, // 433 V 15.
•*
„ „ 1151 : X 15.
„ 504 suiw. : V 9.
„ „ ,, 1180 : XI i3n.
// // 1239 et 1260 : V 34, „ „ 1407 : VI 18.
„ „ 1246 : XII 3. „ Trach. 991 : VII 10.
1384 : XI 5. Sotadès, fr. 7 D. : IX 7.
„ „
Lim. 70 : VII 7, fr. 12, 10 et 12 suiv. D. ;
„ „
„ „ 185 : XII 3. K 7.
„ ,/ 199 : V 14. Sotadès, fr. (17), 10 D. : DC 7.
// // 293 : V 22. Stace, Silv. I 1 107 : Pr. 6.
OEd. à C. 139 : X 21. Stésichore, fr. 8 B. = 6 D., 5 : VIII 5.

„ „ 132 : X 21. fr. 36 B. = 17 D. : VIII9.
„ „ 170 suiv. : VII „ fr. 26 B. = 17 D., 4 ;
14 VIII 3.
Sophocle, OEd. à C. 216 suiv. : Stésichore, fr. 44 B. = 16 D., 1 :
VIII 16. X 27.
Sophocle, OEd. à C. 668 suiw. : Stésichore, fr. 51 B. = 23 D. : VIII 5,
X 25. Synésius, Hymn. 6, 1 suiw. : IX 4.
Sophocle, OEd. à C. 1464 : XII 3.
OEd. à C. 1562 : VII 5. Télésilla, fr. 1 B. et D. : X 19.
1682 : XI 5. Térence, Andr. 199 : Pr. 16.
„ „
OEd.-R. 151 suiw. : VIII17. 481 suiw. : Pr. 22.
„ „ ,,
„ „ 332 suiv. : II 3. „ Héc. 343 : Pr. 4.
Phorm. 434 : Pr. 9.
// /, 371 = Pr. 11. „
484 suiw. : X 38. Terpandre, fr, B. et D. : XIII 3.
„ „ 663 XII
1
Théocrite, Id. 2, 17 : XIV 8.
„ „ 686 XII 2n.
:
: 2. „ „ 28, 2IV: X 27.
„ „ 967 : V isn. „ 29 : 11.
,, „ 1186 suiw.: X 30. Théognide 2 : IV 20.
„ „ 1209 : XII V 7. „ 92 : IV 20.
„ „ 1340 suiw. : 3. ,, 241 suiw. : IV 20.
1340 : XII9. 478 : IV 20.
„ „ „
OEd.-R. 1345 : XII 3. „ 530 : IV 20.
„ „ 1350 : XII 272. „ 1099 : III yn.
Phil. 389 : V 15. Théopompus, fr. 38 K. : XI 7.
681 : X 27. Timocréon, fr. 1 B. et D. : VIII g.
„ „ 687 X 4. fr. B. et D., 12 : V 11.
„ :
„ 6g4 suiv, IV 6. „ 1
fr. 6 B. = 4 D- IX 3.
„ ,, : -*

: X 27. Timothée, fr. 21 B. = 7 D. : XI 15".


„ „ 706716 X 26. Pers. 109 suiw,: XI 15.
„ „ 758 III 8.
: ,,
Tyrtée, fr. 15 B. (carm. pop. 18 D.) :
„ 788 : V VII 15.
„ : 15.
Tyrtée, fr. 16 B (carm. pop. 19 D.) :
„ 794 = V 15.
VII 19.
„ 795 = V 15.
326
Tzetzes, ChiL I 473 : I 4. Virgile, En.
II 379 : Pr, 7.
„ „ III
III
12 et VIII679 : Pr. 13
'52 : Pr. 12.
vers anonymes dans O.P. XV : IV 18. „ „ III
vers des Metelli : Pr. 1. „ „ III 74 : Pr. 12.
Virgile, Bue. 2, 53 : Pr. 12. „ „ III gi : Pr. 12.
„ „ 3, 1 : Pr. 12. 211 : Pr. 12.
„ „ III 464
„ En. „ I 8, 109 : Pr. 4. „ „ III : Pr. 12.
„ 2 : Pr. 6. „ 549 : Pr. 12.
„ III 606 Pr.
„ „ II 26 9 : Pr. 12.
Pr. 7.
„ „ :
IV 316 : Pr.
12.
„ „ I : Pr. „ „ IV 12.
„ „ I 41 : 6, „ „ IV 385 : Pr. 12.
667 Pr.
„ „ I 85 : Pr. 12. „ „ V : 12.
„ „ I 105 : Pr. Pr. 12. „ „ VI432 : Pr. 6.
„ „ I 131 : Pr. 6. „ „ VI 268 : Pr. 12.
»» »» 332 : 12. 336 : Pr. 12.
>» »>
I
„ „ I 343 : Pr. 8. „ „ VIII 150 : Pr. un.
VIII 5g6 : Pr. 12.
„ „ I 405 : Pr. 8. 12. „ „ X
„ „ I 4gg : Pr. „ „ XI 487 : Pr. 6.
„ „ I 651 : Pr. 12. „ „ 309 : Pr. 5.
„ „ 726 : Pr. 6. Géorg. III 6 : Pr. 30.

CORRECTIONS ET RECTIFICATIONS.

P- 33/ ligne 21, au lieu de: S, ë, Usez: ô'(ô), s.


P. 36, ligne 16, au lieu de: methatesis, lisez: metathesis.
P. 44, ligne 24, au lieu de : 'Hfiaç, lisez : "Hfiaç.
P. 75, ligne 24, au lieu de: catalectique, lisez: acatalectique.
P. 102, en haut de la page, au lieu de: VI 8, lisez: VI 8, 9.
P. 125, ligne 17, au lieu de: èvinnov, lisez: etinnov.
P. 159, en haut de la page, au lieu de: XI 1, lisez IX 1.
P. 168 et 169, en haut des pages, au lieu de: X 2, lisez: X 1
et X 1, 2.
P. 171, ligne 27 et 28, au lieu du vers cité, lisez :
'EXazijQ vnéozaze fîoov-\z&ç
ww_w|_ww_ (Pind., Ol. IV 1).
P. 172, ligne 38, au lieu de: «ai, lisez: nal.
P. 177, ligne 34, au lieu de : w | ww w w _, lisez : _ w j ww w w _,
_
P. 210, ligne 27, au lieu de : aVofiaza, lisez : aafiaza.
P. 219, note 1, au lieu de : xal, lisez : %ai.
P. 246, ligne 12, au lieu de : XVII (XVIII); lisez : XVIII (XVII).
TABLE DES MATIERES,

I. Introduction .........
,.,...,....//
............••//
II. Notions générales
P* £

T3
III, Prosodie
IV. Le dactyle .............>//
..............//
27
39
V. L'ïambe
VI. Le trochée ..............//
........,.....,/
65
93
VII. L'anapeste
......'.....„
..............
VIII. Mètres mélangés .
112
136

.......,.....,,
IX. Les ioniques

.......,,..,.„
X. Le choriambe
158
167

.............
XL Le crétique.
XII. Le dochmiaque
.........
209
224

.....,..„
XIII. Les pieds de durée anormale

....,...,...„
XIV. La composition des poèmes
241
243

Appendice .................
Précis de métrique latine

........
259
303

.......
I. Index des noms d'auteurs
II. Index des termes techniques
303
307

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