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601-102-MQ : Littérature et imaginaire David Faust

Nom : _________________________________________ Collè ge Montmorency


Groupe : _______ Automne 2023

SUJET

Pourquoi peut-on dire que les poèmes « Spleen » 76, « J’ai plus de souvenirs que
si j’avais mille ans… », et « Spleen » 78, « Quand le ciel bas et lourd pèse comme
un couvercle… », tirés des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, diffèrent dans
l’évocation du mal-être ?

PLAN DETAILLE

Paragraphe 1

IP1. Bien qu’ils é voquent tous deux une tristesse sans objet, les poè mes de Baudelaire
comportent des nuances quant à l’intensité du mal-ê tre qu’ils expriment.

IS1. La tristesse, dans « Spleen » 76, est dominé e par l’ennui.

CIT. « L’ennui, fruit de la morne incuriosité , / Prend les proportions de l’immortalité . »


(v. 17-18)

EXP. L’hyperbole par laquelle le poè te exprime son é tat d’â me rend bien compte de ce
qui constitue l’essence de l’ennui : une impression de temps igé , long et lourd, ayant
cessé de s’é couler. L’« immortalité » personni ie l’ennui, « ce monstre dé licat »
annoncé dans « Au lecteur », le poè me liminaire du recueil où il apparaı̂t comme le
vice suprê me, en l’é ternisant. L’ « incuriosité », cette absence d’inté rê t pour quoi que
ce soit, paraı̂t irré versible.
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IS2. La douleur affective, dans « Spleen » 78, est plus aiguë dans la mesure où elle
con ine au dé sespoir.

CIT. : « Quand la terre est changé e en un cachot humide, / Où l’Espé rance, comme une
chauve-souris, / S’en va battant les murs de son aile timide / Et se cognant la tê te à
des plafonds pourris […]. » (v. 5-8)

EXP. Le second quatrain du poè me renché rit sur les images d’enfermement posé es dè s
la premiè re strophe. Ici, le monde entier est une prison macabre et sans issue.
Personni ié e et comparé e à « une chauve-souris », « l’Espé rance », intimidée par sa
claustration, tente en vain d’y é chapper, laissant voir et entendre les derniers
soubresauts paniqué s de sa volonté de vivre.

CLO. En somme, les poè mes proposent des variations d’intensité , des couleurs
diffé rentes dans l’illustration du spleen baudelairien.

Paragraphe 2

IP2. La mé lancolie repré senté e dans les deux poè mes donne lieu à des ré actions
diffé rentes.

IS1. Dans le premier, elle est pré texte au dé veloppement d’un thè me cher à
Baudelaire : la fé condité de sa mé moire, la richesse de son imagination et son agilité
poé tique lui permettent de s’arracher au spleen au pro it de l’é vasion.

CIT. « [P]yramide » (v. 6), « Saharah » (sic) (v. 21), « sphinx » (v. 22), « carte » (v. 23).

EXP. Le champ lexical de l’exotisme traduit la faculté qu’a l’esprit ennuyé de voyager
par le souvenir à la fois dans le temps — « pyramide » et « sphinx » ré fé rant à l’Egypte
ancienne — que dans l’espace — « Saharah » et « carte » renvoyant plus
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spé ci iquement à de possibles dé placements gé ographiques, quoique, dans tous les
cas, les substantifs cité s ci-haut permettent tous l’é vasion vers un ailleurs lointain.

IS2. Dans le second poè me, au contraire, l’af liction est marqué e par un mouvement
de repli sur soi, de capitulation, autrement dit, d’entiè re ré signation.

CIT. « […] l’Espoir, / Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique, / Sur mon crâ ne
incliné plante son drapeau noir. » (v. 18-20)

EXP. Cerné de toutes parts, aux abois, à travers la personni ication de « l’Espoir » en
pleurs, c’est le poè te lui-mê me qui s’avoue « [v]aincu ». Le verbe « vaincre », l’adjectif
« despotique » et le nom « drapeau » suggè rent qu’une guerre a eu lieu. L’Angoisse,
personni ié e sous les traits d’un tyran, prend possession du territoire poétique de
l’auteur, que symbolise son « crâ ne incliné » en une posture d’entiè re ré signation. Du
reste, l’image du « crâ ne » suggè re, en plus de la mort é vidente, la forme sphé rique de
la « terre » é voqué e au vers 5, « cachot humide » conquis, fondu dans le « noir »
dé sespoir sur lequel se conclut le poè me.

CLO. En ré sumé , si, dans « Spleen » 76, le poè te en proie à l’ennui parvient à s’é vader
grâ ce à son art, dans « Spleen » 78, au contraire, l’enfermement le contraint à se
ré signer.

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