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Sonnet Italien
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; (A) Rimes embrassées
Enjambement :
Report sur le vers suivant Onomatopée :
un mot nécessaire au sens Mot inventé qui imite un son
du vers précédent.
HYPALLAGE : Figure de style
O on attribue à un mot ce qui appartient
à un autre mot de la même phrase.
INTRODUCTION
Enfant sage, bon élève, il brille dans les disciplines littéraires. C’est sa rencontre avec son
professeur de rhétorique, Georges Izambard, qui va le pousser à s’intéresser à la poésie et
rêve d'être publié.
Commence alors une quête de liberté pour le jeune Rimbaud. Quête qui s’exprime par
des fugues répétées.
Mais l'émancipation pour Rimbaud va plus loin, il s'agit en s'émancipant de créer une langue
poétique nouvelle.
« Ma bohème », sonnet en alexandrin, est une allusion à une de ses nombreuses fugues
d’adolescent. Malgré la faim et le froid, il avait la sensation de toucher à « la vraie vie », il
voyait sa création poétique favorisée par sa vie vagabonde sans règles ni soucis du
lendemain.
Pour cela, nous suivrons le mouvement naturel du texte en adoptant un découpage par
strophe.
La première strophe introduit l’errance physique du poète. Les strophes 2 et 3 insistent
sur le lien du poète avec la nature. Enfin, la dernière strophe montre le poète dans un
processus de création.
Premier mouvement (Strophe 1) : l’errance physique du poète
L'imparfait est présent tout au long du poème : allais / devenais / étais / avait /
égrenais /...etc.
Cela suggère une répétition de ces actions. Ce n'est certainement pas la première fois
qu'il part sur les routes.
Les lieux évoqués sont vagues : sous le ciel / Auberge / bord des routes.
Emploi du passé composé : « j'ai rêvées », montre que cette époque est révolue.
Il évoque le souvenir d’une marche infinie, une errance sans itinéraire précis.
Ses vêtements sont misérables, son manteau devient transparent tellement il est usé.
Mais il ne souffre pas de cet état.
On voit très bien que le poète se laisse emporter par sa fougue et le bonheur qu’il ressent
à errer librement dans la nature.
Ainsi dans cette strophe, le poète nous livre l’image d’un adolescent fugueur, pauvre,
mais heureux dans la simplicité et la liberté de son errance.
Deuxième mouvement (Strophe 2 et 3) : le lien du poète avec la nature
Cette nature bienveillante met ses sens en éveil : … … Correspondance des sens
Le Toucher « doux frou-frou » « sentais des gouttes»
L’Ouïe« je les écoutais »
Le gout « vin de vigueur » Classe grammaticale : onomatopée
La Vue « des ombres» Mot inventé qui imite un son
La nature est donc belle est bien un hôte agréable : elle fournit une « auberge » (v.7)
au poète et le revigore.
Ramène les « élastiques » à une réalité plus grossière grâce au complément du nom
« de mes souliers blessés ». Ainsi, on voit que tout part du réel, puisque le poète est en
fait en train de jouer avec ses vieilles chaussures quand lui vient l’inspiration.
La comparaison des « élastiques » des « souliers » avec les cordes de « lyres » révèle
cette capacité du poète à transformer la réalité banale pour lui donner plus de beauté et
d'intensité.
On retrouve bien ici l’idée de sacrifice de soi pour la poésie, sacrifiant sa vie pour
faire « voir » aux autres.
Comme nous venons de voir, c’est bien sa propre émancipation que Rimbaud met ici en
scène. En s’affranchissant des normes sociales il s’émancipe des normes créatrices.
Aventure magique, fantastique, la nature lui offre une liberté : physique, intellectuelle qui se
mue en liberté poétique.
Le poète doit se faire « voyant », c'est-à-dire chercher et décrire l'inconnu par delà les
perceptions humaines usuelles, quitte à y sacrifier sa propre intégrité mentale ou physique.
Ce sonnet n’est pas sans évoquer le poème « Sensation » où le jeune poète célèbre les
plaisirs du vagabondage et l'expérience voluptueuse de la communion avec la nature, le
même bonheur que celui que l’on a avec une femme qu’on aime.