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Mémorandum au sujet de la budgétisation climato-sensible

MÉMORANDUM
AU SUJET DE LA
BUDGÉTISATION
CLIMATO-SENSIBLE

Ve r s u n b u d g et
cl i m ato- s e nsi b l e al i gn é
av e c le s e ng ag em e nts
du M a r o c d a n s l e c a dr e
d e l ’ A cc o rd d e Pari s
p our l e C l i m at et b asé
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2019
Mémorandum au sujet de la budgétisation climato-sensible

Mémorandum au sujet de la
budgétisation climato-sensible
« Vers un budget climato-sensible aligné avec les engagements
du Maroc dans le cadre de l’Accord de Paris pour le Climat et
basé sur l’acceptabilité et la justice sociale et territoriale »

L a lutte contre le changement climatique (CC), la mise en valeur rationnelle


de l’environnement et la mise en place du concept du Développement
Durable (DD) sont devenus des impératifs incontournables dans notre pays,
comme d’ailleurs dans les autres régions du monde. Les orientations royales
et les discours du Gouvernement et du parlement à ce sujet sont nombreux.

M alheureusement, le projet de Loi de Finance (LF) pour 2020, comme


d’ailleurs les précédentes lois, ne met pas en valeur ces thématiques, ni
en termes de présentation, ni en termes de consistance. L’Alliance Marocaine
pour le Climat et le DD (AMCDD), le plus large réseau associatif au Maroc,
souhaite plaider auprès des décideurs pour combler cette lacune et pallier
cette insuffisance.

A ujourd’hui, le Changement climatique prend une dimension écologique,


socio--économique et politique forte et durable tant au niveau National
que Global de cette problématique. Le Maroc par sa position géographique
qui est particulièrement vulnérable au Changement Climatique, mène depuis
des décennies des actions fortes et soutenues pour y faire face.

L e Maroc s’est, en effet, engagé de manière volontariste dans la lutte contre


le réchauffement climatique et à mettre en œuvre des actions d’adaptation
et d’atténuation dans le cadre d’une approche intégrée, participative et
responsable. L’engagement du Maroc dans ce domaine a été couronné par
le dépôt en 2016 auprès de la CCNUCC de sa Contribution Déterminée au
niveau National(ou Nationally Determined Contributions -- NDC) qui vise à
réduire ses émissions de GES de 42 % à l’horizon 2030 et qui nécessitera un
investissement estimé à environ 50 milliards de dollars à l’horizon 2030.

2019
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1. Pourquoi un budget climato-sensible


Dans ce contexte, il y a lieu de préciser que le changement climatique est
une question transversale et affecte tous les secteurs et tous les territoires.
Toute mesure d’adaptation et d’atténuation programmée dans le budget
national pourrait avoir des effets bénéfiques au niveau économique
et social, contrairement à l’inaction occasionnant un coût élevé pour
l’économie nationale pendant des dizaines d’années

Ces mesures éviteront, par ailleurs, les coûts associés aux impacts négatifs
du dérèglement climatique et d’optimiser l’allocation du budget national
pour d’autres priorités de développement comme l’éducation, la santé,
infrastructures …etc.

• L’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques nécessitent des


investissements substantiels de nature transversale à différents niveaux du
gouvernement, mais de nombreux pays en cours de développement n’ont pas
délimité les dépenses liées au climat de façon claire.

• Le manque de visibilité, de rentabilité et la gestion financière classique


empêche l’identification des risques budgétaires liés au climat.

• La rareté des ressources financières publiques, et l’absence de stratégie


nationale claire de mobilisation des financements de la mise en œuvre de la
NDC du Maroc, qui s’appuie sur les différents instruments financiers de type :
budget de l’Etat, prêts du secteur bancaire national, dons, assistance technique,
subventions, garanties (CCG), marché national équitable du prix carbone et
système d’échange de droits d’émissions au niveau régional et international,
green bonds, taxes et impôts, mobilisation de fonds extérieurs (bilatéraux et
multilatéraux) et le GCF, ainsi que les différents canaux et procédures pour y
accéder.

• Prise de conscience du rôle central du ministère des Finances de garant de la


cohérence du budget national avec les objectifs du cadre national de politique
climatique et des engagements internationaux du Maroc en matière de lutte
contre les changements climatiques (NDC).

2019
Mémorandum au sujet de la budgétisation climato-sensible

Afin de garantir que les projets d’investissement public reflètent suffisamment


lAfin de garantir que les projets d’investissement public reflètent suffisamment
les objectifs de la politique climatique, de la contribution déterminée au niveau
National (NDC) et du plan national d’adaptation, des instruments économiques
et fiscaux sont nécessaires. Dans ce sens, il est urgent d’élaborer des
méthodologies claires pour évaluer les vulnérabilités climatiques de chaque
politique publique et budget sectoriel avant de procéder à l’estimation des
coûts associés au changement climatique des investissements publics et des
budgets sectoriels.

Cette approche méthodologique devrait être également appliquée au


processus d’élaboration des budgets des régions et des communes. Ceci
entrainera une cohérence optimale entre l’action des pouvoirs publics et des
collectivités territoriale en matière d’adaptation et d’atténuation des effets
extrêmes du dérèglement climatique et les objectifs économiques et sociaux
de la politique budgétaire de l’Etat et des élus territoriaux.

Ces outils devraient prendre en compte la nature intersectorielle du


changement climatique et les incertitudes correspondantes, ainsi que les
lacunes, omissions et défaillances du marché.

Dans le même sillage, on note la mise en place en 2019 d’une nouvelle « Coalition
mondiale des ministres des finances pour l’action climatique », composée des
ministres de finance de 50 pays et qui a approuvé six principes de base, dits
« Principes d’Helsinki », destinés à promouvoir les interventions climatiques
nationales, au moyen notamment des outils de politique budgétaire et de
gestion des finances publiques. Cette coalition s’est réunie le 19 octobre 2019
pour finaliser des lignes directrices pour l’intégration du risque climat dans les
politiques budgétaires et fiscales des Gouvernements

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2. Les objectifs du budget


climato-sensible
En effet, Intégrer le changement climatique dans le processus budgétaire
permet de :

• S’assurer que les ressources adéquates ont été allouées à des mesures
prioritaires d’atténuation et d’adaptation afférentes aux investissements et
aux politiques sectorielles et des programmes de développement régional;

• Lever des recettes supplémentaires à partir des taxes, des tarifs et des
charges de pollution en réponse à des mesures pour faire face aux effets du
CC ;

• S’assurer que des effets fortuits des activités budgétisées dans des secteurs
productifs et sociaux n’exacerbent les vulnérabilités liées au réchauffement
climatique ;

• Equilibrer les sources internes et externes de financement des mesures de


lutte contre les changements climatiques ;

• Augmenter ou introduire des taxes liées au climat (ex. Taxe carbone ou taxe
de pollution) ;

• Augmenter les subventions liées au climat (ex. pour investissement énergie


renouvelable) et allocations de budget pour ces subventions ;

• Éliminer les subventions perverses qui contribuent à l’augmentation des


GES et notamment les équipements et les technologies énergivores ;

• Augmenter les allocations de budget et les remises de taxes sur les activités
ayant des effets favorables à réduire l’impact sur le climat ;

• Imposer des limites et des objectifs liés au climat comme règles budgétaires
et conditions pour des allocations de ressources.( Fonds pour les risques/
catastrophe)

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Les budgets et les plans de développement constituent l’outil stratégique de


l’action de l’Etat pour la mise en œuvre des 17 objectifs de développement
durable de l’Agenda 2030, et la vision africaine 2063 dans le NMD et concourir
ainsi à:

• Assurer des services de base comme l’éducation universelle et les soins de


santé pour tous ;

• Assurer la sécurité alimentaire grâce à l’agriculture, la sylviculture et la


pêche durables ;

• Promouvoir les emplois verts et le plein emploi ;

• Appuyer le passage à des systèmes d’énergie renouvelables / durables ;

• Assurer une production et une consommation propres ;

• Assurer une gestion écologique des déchets ;

• Stabiliser les niveaux de croissance démographique de la de population ;

• Assurer l’engagement de la communauté dans les efforts visant à trouver


des solutions locales aux problèmes environnementaux ;

• Assurer la bonne gouvernance et la participation du public à tous les niveaux


de prise de décision ;

• Assurer que les ressources et les infrastructures soient adéquates pour


réaliser ces priorités.

L’objectif stratégique est que le Maroc puisse disposer, à l’horizon 2025,


d’un budget climato-- sensible capable de répondre à la question de la justice
sociale et spatiale ainsi que des engagements du pays au niveau international
afin de garder le leadership du Maroc dans ce domaine.

Cette démarche permettra au Maroc de répondre aux critères d’évaluation


pour un budget climato-- sensible établis par les instances internationales.
Ces dernières exigent de plus en plus des conditions de respect du climat
dans leurs appuis aux pays.

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3. Contribution de l’AMCDD dans


l’élaboration d’un PLF 2020
climato-sensible aligné aux objectifs de l’Accord de Paris
pour le climat et respectueux des principes de l’acceptabilité
sociale et d’équité territoriale

Le PLF2020 présenté le jeudi 17 octobre 2019 au Conseil de Gouvernement,


est élaboré sur la base des orientations de Sa Majesté le Roi contenues dans
les Discours Royaux, et vise un taux de croissance du PIB de 3,7%. Cet objectif
est fondé sur l’hypothèse d’une récolte céréalière de 70 millions de quintaux,
un cours moyen de pétrole à 67 dollars le baril et un prix moyen du gaz butane
à 350 dollars la tonne.

L’analyse des priorités fixées pour le PLF 2020 et de ses mesures


d’accompagnement fait ressortir l’absence totale de vision claire et de
dispositif gouvernemental global de prise en compte du risque climatique et
des engagements climat du Maroc dans le processus de préparation du projet
de budget 2020. A cet effet, la société civile représentée par les associations
et les réseaux d’associations membres de l’AMCDD souhaitent contribuer
à l’élaboration d’un PLF 2020 avec un budget climato--sensible aligné aux
objectifs de l’Accord de Paris pour le climat et respectueux des principes
de l’acceptabilité sociale et d’équité territoriale en préconisant les mesures
concrètes suivantes :

1- Recommandations d’ordre stratégique

Elaborer une stratégie nationale globale de mobilisation des financements des


investissements programmés dans la NDC et le plan national d’adaptation du
Maroc.

Urgence d’adhésion du Ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme


de l’Administration du Gouvernement du Maroc à la Coalition mondiale des
ministres des Finances pour l’action climatique pilotée par la Banque mondiale.
Ceci permettras au Maroc de bénéficier de l’expertise et de l’assistance
technique et financière à l’échelle internationale, nécessaires pour budgétiser
les engagements climatiques du Maroc et développer de nouveaux instruments

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fiscaux favorables au climat et garantissant l’équité sociale et territoriale.

Mettre en place un système de suivi des dépenses publiques en matière de


changements climatiques permettant au Maroc de disposer d’un rapport
annuel en la matière accompagnant la loi de finances.

Ce rapport doit mettre en relief les engagements internationaux du Maroc, les


annonces du programme gouvernemental, les actions réalisées et les budgets
alloués dans les différents secteurs et par les divers départements ministériels
en relation aux aspects liés aux mesures d’atténuation et d’adaptation.

Présenter un document de politique transversale « changements climatiques


». Ce document, recommandé parla Banque mondiale pour le Maroc dans
le rapport Revue des Dépenses Publiques et Analyse Institutionnelle de la
Politique Climat en 2013) doit comporter les actions en faveur de la lutte contre
les changements climatiques.

Insister sur la nécessité d’introduire au niveau des projets de performance


(PdP) et des rapports de performance (RdP) des départements ministériels
concernés par les changements climatiques des indicateurs de mesure de
l’atténuation et de l’adaptation ainsi que des indicateurs d’impacts des projet
publics en matière de changements climatiques.

La mise en place d’un « fonds national environnement et climat (FNEC) » à


l’instar de plusieurs pays y compris les pays africains.

La mise en place d’une politique fiscale sensible au climat dans le cadre de la


réforme en cours qui vise la justice fiscale en mettant l’accent sur la création
d’une nouvelle taxation carbone équitable, tenant compte du pouvoir d’achat
et des ménages vulnérables et d’un système d’échange de droits d’émissions
des GES.

Associer la société civile structurée et spécialisée dans le domaine des


changements climatiques dans la préparation et l’élaboration de la loi de
finances.

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2- Amendement de la loi de finances 2020

• Limiter la durée de subvention destinée au renouvellement des véhicules


de transport public et le droit de circulation des taxis dans les grandes villes
polluées à l’année 2020 et prévoir une mesure incitative pour la transformation
du parc du transport public urbain dans les grandes villes en voiture hybrides
ou électriques pour préserver la qualité de l’air, la santé des citoyennes et
citoyens et du secteur du tourisme.

Pour répondre à l’urgence climatique et au stress hydrique que connait le


Maroc actuellement, il est proposé de revoir la tarification des eaux utilisées
dans le secteur agricole, ainsi que dans les secteurs de l’industrie et du
tourisme, notamment pour les grandes exploitations agricoles, tout en veillant
au renforcement du contrôle et de l’obligation de paiement des redevances
par tous.

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