Actualités Internationales
Appréhender et Gérer le Risque
Environnemental en Audit
Sept réflexions pour une plus grande maîtrise
Nul doute que le Maroc est de plus en plus sensible
aux problèmes de l’Environnement.
Lors de l’ouverture de la dernière session du
Conseil National de l’environnement, le Premier
ministre a souligné que les coûts de la dégradation
de l’environnement sont estimés à près de 20
milliards de DH par an, soit 8% du PIB.
Hassan ALLOUCH
Directeur de Mission
Masnaoui Mazars Audit Un rapport sur l’état de l’environnement précise
que 25% des cours d’eau sont contaminés par des
déchets solides, que la déforestation est
grandissante et que le degré de pollution en ville est
largement supérieur à la moyenne tolérée par
l’Organisation Mondiale de la Santé.
Le Plan d’Action National pour l’Environnement
mentionne l’allocation d’une somme de 97 millions
de DH par an pour remédier aux conséquences de
sa dégradation.
Vu les récentes orientations politiques, la cause
environnementale, qui semble émaner d’un
consensus national et international, est entendue
par les plus hautes instances gouvernementales.
Les revendications des « environnementalistes »,
sont légitimes et reposent essentiellement sur
l’équilibre que doit créer toute personne (physique
ou morale) au sein de son environnement. Cet
équilibre préconise que toute personne ayant détruit
un élément de la nature doit opérer les actes
nécessaires au rétablissement de la situation initiale.
Au nom de quoi une destruction resterait impunie ?
Pour quels motifs devrait-on sensibiliser un
chef d’entreprise à l’Environnement ? Quelles
sont les attentes des partenaires des entreprises
? Quelles sont les obligations en la matière ?
Qu’est ce que le risque environnemental, en
audit ? Comment gérer ce dernier ? Quelles en
sont les conséquences sur les travaux des
Bulletin d'Information Périodique - n°112 – Avril 2002
commissaires aux comptes ? Comment évolue
la réglementation nationale ?
Sont autant d’interrogations légitimes
auxquelles il convient d’apporter des réponses
claires.
1- Pourquoi initier un chef d’entreprise au
concept de l’environnement ?
L’environnement est et doit être l’affaire de tous.
Les entreprises, conformément au statut social
qu’elles occupent, doivent donner l’exemple et
représenter, au sein du tissu industriel marocain,
un modèle à suivre. Certes, les contraintes
économiques rendent, en général, prioritaires les
aspects financiers à court terme, et les
conséquences écologiques sont souvent
irrémédiables.
Une prise de conscience est indispensable ; et le
chef d’entreprise doit mesurer avec exactitude le
rôle de sa structure et de son organisation ainsi que
les conséquences de ses actes. Car si l’ « Entreprise
» est le catalyseur du développement social, elle est
également le vecteur primordial de la prolifération
de matières polluantes ; préoccupation majeure, au
centre de tous les débats sur la détérioration des
conditions écologiques mondiales.
En effet, les éléments ci-après cités sont imputables
aux entreprises :
- La consommation d’eau et d’énergies non
renouvelables,
- La pollution de l’eau et de l’air,
- La détérioration des sols,
- L’émission des déchets (directement et/ou
après consommation primaire)…
Une prise de conscience collective s’opère,
progressivement, et nul doute que les entreprises
polluantes seront progressivement menacées de :
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- nouvelles contraintes légales inhérentes au
respect de l’environnement,
- alourdissement de la fiscalité,
- boycott social...
Le chef d’entreprise doit organiser ses activités de
telle sorte que la prévention des risques (en général),
et du risque environnemental (en particulier) soient
au centre des préoccupations stratégiques de
l’entreprise et quotidiennes de ses collaborateurs.
2- Quelles sont les attentes des partenaires des
entreprises ?
- Les attentes des partenaires de l’entreprise
correspondent à leurs statuts :
Pour les « stakeholders » (employés, clients,
pouvoirs publics, assureurs…) : La stratégie de
l’entreprise doit s’appuyer sur une performance
durable tant financière que morale et éthique.
- Pour les « shareholders » : (actionnaires,
investisseurs…) : une part importante des
capitaux financiers est désormais investie dans
des fonds et des portefeuilles axés sur des
valeurs sociales, éthiques et écologiques. Par
conséquent, la culture de l’investisseur tend à
intégrer désormais le critère du respect de
l’environnement, parmi ses indicateurs, pour le
choix de l’investissement à retenir.
Aux Etats-Unis, près de 2.300 millions de
dollars sont investis dans des fonds qui se
réclament comme socialement
responsables.
3- Quelles sont les obligations en matière
d’environnement?
L’obligation morale et éthique imputable aux
entreprises repose sur les principes essentiels
suivants :
• Le principe de prudence, selon lequel
l’absence de certitudes scientifiques ne doit pas
donner
« bonne conscience » aux dirigeants
d’entreprises et leur permettre ainsi de tolérer
des actes qui pourraient avoir des conséquences
néfastes sur l’environnement.
• Le principe d’action préventive, selon lequel
l’entreprise s’engage, dès la conception de son
outil de production et de ses produits, à utiliser
les meilleures techniques écologiques
disponibles à un coût économiquement
acceptable.
• Le principe du « pollueur-payeur », selon
lesquels les coûts de mise en conformité des
installations et plus généralement, le coût
appelé « coût environnement » est supporté par
celui qui réalise ou risque de réaliser des
opérations dommageables pour
l’environnement.
4- Qu’est ce que le risque environnemental ?
Le risque environnemental est défini comme étant
la conséquence, sur l’entreprise, de tout acte
commis par elle, ayant un impact sur
l’environnement.
Ainsi le risque environnemental n’est pas seulement
une conséquence financière d’une erreur de gestion.
La sensibilité grandissante de l’opinion publique à
cette cause impose d’élargir le champ du risque
environnemental à des concepts autrement plus
problématiques, pour l’entreprise.
En cas de catastrophe sur l’environnement, les
conséquences inéluctables sont résumées comme
suit:
Perte
de clientèle
Pertes financières
directes et dévaluation
boursière
Détérioration de l’image et
démotivation du
personnel
Interdiction de l’activité
et/ou fermeture du site
par les pouvoirs publics
5- Comment gérer le risque environnemental ?
A l’image des risques importants existant au sein
d’une entreprise, la gestion du risque
environnemental doit suivre une démarche
rationnelle d’évaluation, de suivi et une
stratification des diligences à mettre en œuvre.
Ainsi, quatre étapes majeures doivent être
envisagées :
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• Implication de la Direction Générale de
l’entreprise
La notion de développement durable doit être
au centre des préoccupations des dirigeants.
• Identification et hiérarchisation des risques
environnementaux
La mise en œuvre d’un audit environnemental
permettra notamment de se renseigner sur :
- La conformité aux textes en vigueur ;
- L’impact et l’incidence sur l’environnement ;
- Les dangers à court et moyen terme ;
- La production et la gestion des déchets (mode
de génération, possibilités de valorisation)…
• Mise en place d’un système de
management environnemental
La prise en compte de l’impact de l’activité sur
l’environnement et sa réduction est alors intégrée au
processus décisionnel (ISO 14001).
• Mise en œuvre d’une communication
institutionnelle intégrant la donne
environnementale
A titre d’exemple, dans le cas d’une acquisition
d’entreprise, les conclusions d’un audit
environnemental permettent :
- d’intégrer, dans le prix d’acquisition, les
éventuels coûts de remise en conformité du site
avec la réglementation de dépollution en
vigueur ;
- d’établir les responsabilités en cas de
catastrophe (responsabilité des anciens et des
nouveaux dirigeants).
6- Quelles conséquences sur les travaux des
commissaires aux comptes ?
Au même titre que pour tous les documents de
synthèse qu’il audite, le commissaire aux comptes
devra intégrer, dans ses travaux, certaines diligences
spécifiques relatives à la vérification des faits relatés
par l’entreprise au sujet de sa gestion du risque
environnemental.
La mise en application de cette disposition ne sera
pas effective de sitôt, au Maroc comme, c’est le cas
dans les pays d’Europe, car la normalisation des
rapports sur l’environnement ne concerne pas
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encore l’ensemble des entreprises du tissu
économique marocain.
En France, où les diligences se mettent en place
progressivement, seules les entreprises cotées ont
l’obligation, depuis le 1er janvier 2002, de
présenter un rapport consacré à
l’environnement, annexé aux comptes. Celui-ci
doit formellement être certifié par le commissaire
aux comptes de la société.
A cet effet, des groupes de travail ont été créés au
sein de la Compagnie Nationale française des
commissaires aux comptes et de l’Ordre français
des experts comptables. Ces derniers ont pour
mission de réfléchir sur le rôle et la responsabilité
du commissaire aux comptes dans la certification
des « rapports environnement ».
Ces mesures sont, pour la plupart d’entre elles, loin
d’être applicables au Maroc, mais la tendance nous
incite à la prudence et à préconiser aux chefs
d’entreprises la mise en œuvre d’actions préventives
visant à adapter, dès que possible, l’outil de
production aux évolutions en la matière.
7- Comment évolue la réglementation nationale
?
Certains textes de loi et décrets d’application sont
depuis longtemps en vigueur, cependant leur
impact est encore peu significatif (des
contradictions entre le texte de loi et son décret
d’application sont relevées).
En revanche, un projet de loi est sur le point
d’aboutir ; il vise notamment à subordonner la
réalisation de tout investissement à une autorisation
administrative basée sur le respect des règles
fondamentales de préservation de l’environnement.
Ce texte prévoit également des sanctions en cas de
non-respect des mesures précitées.
Il reste à espérer que les conditions de
réalisation de ces mesures seront optimales et
permettront une avancée efficace de la gestion
du risque environnemental, au Maroc.
Prière de contacter le cabinet pour tout complément
d’information souhaité, sur le sujet.
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