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Université J.Lo.G.

de Daloa Année universitaire : 2013-2014


UFR-Sciences juridiques Licence 2 -2è Semestre

TD Droit des obligations : le fait juridique

Chargé de cours : Dr Brahima GUIRE

Thème n°1 : Notion et fondement de la responsabilité délictuelle

I. Questions

1. En quoi la responsabilité délictuelle se distingue-t-elle de la responsabilité pénale ? La


responsabilité délictuelle se distingue de la responsabilité pénale en raison du fait que
la faute civile et la faute pénale qui les fondent respectivement partagent trois niveaux
de différences : champ d’application, résultat et objectif attaché à la sanction.

2. Le juge civil et le juge pénal peuvent-ils être saisis concurremment d’un même fait ?
Le juge civil et le juge criminel peuvent théoriquement être saisis des même faits :
plainte au pénal avec constitution de partie civile et action en dommages-intérêts. En
une telle occurrence, le juge civil doit normalement surseoir à statuer en vertu de
l’adage selon lequel « Le criminel tient le civil en état ».

3. Quel est l’impact de la jonction des actions publique et civile en matière de


prescription ? Lorsque l’action publique est engagée avec constitution de partie civile,
les règles de prescriptions applicables sont celles du droit pénal : 10 ans pour les
crimes, 3 ans pour les délits et 1 an pour les contraventions.

4. Quelle est la distinction entre responsabilité délictuelle et responsabilité contractuelle ?


La responsabilité civile est mise en mouvement lorsqu’aucun lien de droit n’existe
préalablement à la commission de la faute entre son auteur et la victime ou lorsque
l’obligation inexécutée tire sa source de la loi (Cas. Civ 3è, 16 mars 2005, JCP 2005,
II, 10118). En revanche, la mise en œuvre de la responsabilité contractuelle suppose
l’inexécution ou la mauvaise exécution d’un engagement contractuel sur le fondement
des articles 1146 et suivants du code civil.

5. La victime d’une faute contractuelle peut-elle agir en responsabilité civile délictuelle ?


En vertu du principe du non cumul des responsabilités, la victime d’un préjudice né de
l’inexécution ou de la mauvaise exécution d’un contrat ne peut fonder son action sur
les articles 1382 et suivants du code civil. Elle doit nécessairement agir en
responsabilité contractuelle.

6. L’auteur d’un dommage peut-il invoquer un accord préalable pour écarter sa


responsabilité ?
Les clauses limitatives ou exclusives de responsabilité sont inopérantes en matière de
responsabilité civile.

7. Quelles sont les principales théories doctrinales qui fondent la responsabilité


délictuelle ? Théorie de la faute ou théorie subjective : il n’y a de responsabilité que

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s’il y a une faute volontaire ou involontaire. Il appartient à la victime de prouver la
faute selon le droit commun de la preuve.
Théorie du risque ou théorie objective : Selon la première variante - théorie du
risqueprofit - il est normal et même conforme à la règle morale que celui qui a le
profit d’une activité supporte en contrepartie la charge des dommages qui en résultent.
Suivant la seconde variante - théorie du risque créé – le caractère lucratif de l’activité
importe peu, tout avantage pécuniaire ou simplement moral justifiant la charge de la
réparation.
Théorie de la garantie : Développée en 1947 par Boris Starck1, cette théorie reproche
aux autres de se placer du seul côté de l’auteur du dommage. Elle repose sur une
division des dommages : d’une part, les dommages corporels et matériels qui sont
garantis objectivement sans que l’on exige la preuve de la faute de l’auteur ; d’autre
part, les dommages de nature purement économique ou morale, indépendants de toute
atteinte corporelle ou matérielle, qui ne sont pas garantis en principe, parce qu’ils sont
la suite normale, nécessaire même, de l’exercice du droit d’agir et de nuire que
possède l’auteur du dommage.

II. Dissertation

La distinction responsabilité délictuelle et responsabilité contractuelle est-elle toujours


d’actualité ?

III. Fiche d’arrêt

LA COUR ; - Sur le moyen, pris de la violation de l’art. 7 de la loi du 20 avr. 1810,


pour contradiction de motifs, en ce que l’arrêt attaqué (Aix, 21 févr. 1823) a condamné
Rodriguez à payer à la Société L’Alimentation moderne du Midi la somme de 3 202 fr. 15
cent, à titre de dommagesintérêts, après avoir relevé dans ses motifs que le préjudice subi
pouvait être évalué à 1 500 fr. ; - Attendu que l’arrêt a évalué à 1 500 fr., non le montant du
préjudice subi par la Société susnommée, partie civile, mais le montant des détournements
commis par chacun des prévenus Méline et Rodriguez ; - Attendu que cette constatation n’a
pu avoir pour effet de fixer définitivement le quantum du préjudice causé à ladite Société ;
qu’en matière de dommage provenant d’une infraction à la loi pénale, le préjudice peut
résulter d’éléments complexes, matériels ou moraux, que les juges de répression apprécient
souverainement, dans les limites des conclusions de la partie civile, et sans être tenus de suivre
les dispositions restrictives des art. 1149 et 1153 c. civ.; Attendu , dès lors, qu’en déclarant
justifiée la demande de L’Alimentation moderne en payant 3 202 fr. 15 cent. A titre de
réparation civile, et en lui allouant cette somme, l’arrêt attaqué n’a commis aucune violation
de l’article visé au moyen ; - Et attendu que l’arrêt est régulier, et que les faits qui sont
souverainement constatés justifient la qualification qui a été retenue et les peines qui ont été
prononcées ; - Par ces motifs, rejette.
Du 15 juin 1923. –Ch. Crim. –MM Bard, pr.-Mercie, rap. –Mornet, av. gén.-Labbé, av.

Nature de la décision : Arrêt de rejet de la chambre criminelle de la Cour de cassation


française en date du 15 juin 1923

1 Essai d’une théorie générale de la responsabilité civile en sa double fonction de garantie et de peine privée, thèse Paris,
1947.

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Problème de droit : Le juge pénal, saisi d’une action en responsabilité, méconnait-il les
dispositions des articles 1147 et suivants du code civil en fondant sa décision sur les règles de
la responsabilité délictuelle nonobstant le fait que les parties soient liées par un contrat ?

Solution : Le juge pénal, dès lors qu’il a souverainement établi l’existence d’une infraction,
ne viole pas les articles 1147 et suivant lorsqu’il une responsabilité délictuelle alors même
qu’existe un lien contractuel entre les parties.

Portée : Cette décision apporte un tempérament à la règle de non-cumul en décidant que le


juge pénal, saisi d’une action civile en réparation, applique les seules règles de la
responsabilité délictuelle, même lorsqu’il existe un contrat entre l’auteur et la victime.

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TD Droit des obligations : le fait juridique

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Thème n°2 : Fait générateur de la responsabilité : le fait personnel

I. Contrôle de connaissances : Répondre par vrai ou par faux

1) Lorsqu’une elle invoque l’article 1382 du code civil, la victime doit prouver la faute
du responsable.
Vrai. La victime doit nécessairement prouver la faute de l’auteur.

2) Lorsqu’une victime invoque à son encontre l’article 1382, le responsable ne peut en


aucune façon s’exonérer.
Faux. L’auteur peut s’exonérer par la preuve de son absence de faute ou en invoquant
une cause étrangère.

3) La faute d’omission ne peut engager la responsabilité civile du responsable que si une


obligation d’action est imposée, peu importe que celui-ci n’ai pas eu une intention de
nuire. Vrai. Cas. Civ., 27 février 1951, Arrêt Branly.

4) La faute délictuelle est appréciée par le juge in concreto.


Faux. Le juge apprécie la faute délictuelle in abstracto, tout en tenant cependant
compte des circonstances de sa commission.

5) En matière de responsabilité civile délictuelle, un enfant est responsable


indépendamment de sa capacité de discernement.
Vrai. Ass. plén. 9 mai 1984, D. 1984, 525 ; JCP 1984. II. 20256 : arrêts Derguini et
Lemaire

6) Le consentement de la victime est exonératoire en responsabilité civile en matière de


dommage causé aux biens.
Vrai. Violenti non fit injuria. Celui qui a consenti à l’acte ne peut prétendre être
victime.

II- Dissertation

La place de la faute dans en droit contemporain de la responsabilité délictuelle.

I. Une place en apparence restreinte


A. Remise en cause de la notion de faute
B. Remise en cause du rôle de la faute II. Une place demeurant
réelle
A. Place de la faute au niveau de l’obligation de la dette
B. Place de la faute dans la contribution à la dette

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III- Commentaire d’arrêt

Faites l’introduction et le plan de l’arrêt ci-joint

La faute prévue par les articles 1382 et 1383 du Code Civil peut consister aussi bien dans une
abstention que dans un acte positif.
L’abstention, même non dictée par la malice et l’intention de nuire, engage la responsabilité
de son auteur lorsque le fait omis devrait être accompli soit en vertu d’une obligation légale,
réglementaire ou conventionnelle, soit aussi, dans l’ordre professionnel, s’il s’agit notamment
d’un historien, en vertu des exigences d’une information objective.

27 février 1951. Cassation

Sur le premier moyen ;


Vu les articles 1382 et 1383 du Code Civil ;
Attendu que la faute prévue par les articles 1382 et 1383 peut consister aussi bien dans une
abstention que dans un acte positif ; que l’abstention, même non dictée par la malice et
l’intention de nuire, engage la responsabilité de son auteur lorsque le fait omis devrait être
accompli soit en vertu d’une obligation légale, réglementaire ou conventionnelle, soit aussi,
dans l’ordre professionnel, s’il s’agit notamment un historien, en vertu des exigences d’une
information objective ;
Attendu qu’il résulte des qualités et des motifs de l’arrêt attaqué, que le professeur Turpain,
après avoir, en 1931, contesté la valeur et la portée des travaux scientifiques d’Edouard
Branly dans les articles publiés par le journal L’Antenne et qui provoquèrent les plus vives
controverses, écrit pour l’Almanach Populaire 1939 un nouvel article intitulé : « Historique de
la T.S.F. » où, exposant les travaux de Hertz et d’un certain nombre d’autres savants, dont
lui-même, ayant joué, selon lui, un rôle dans la T.S.F., il préféra, cette fois, s’abstenir de
prononcer le nom du professeur Branly, et de faire la moindre allusion à ses travaux ;
Que Branly, actuellement décédé et représenté par ses héritiers, reprocha à Turpain d’avoir,
dans l’article susvisé, manqué à son devoir de renseigner exactement les lecteurs et commis à
son égard une faute de nature à engager sa responsabilité ;
Attendu que l’arrêt infirmatif attaqué, tout en retenant des « éléments de la cause » que «
Edouard Branly est reconnu comme étant l’auteur d’expériences déterminantes en la matière
par les hautes autorités scientifique et par Marconi lui-même « , a estimé néanmoins que
Turpain n’a pas agi de mauvaise foi, en omettant volontairement de citer l’œuvre et le nom de
Branly en ce qui concerne les origines de la télégraphie sans fil et qu’il n’a pas d’avantage agi
par maître et avec l’intention de nuire à autrui ;
Mais attendu que, sans qu’il y ait eu lieu de prendre ne considération l’énonciation que
l’attitude de Turpain n’avait été dictée par la malice ou le désir de nuire, cette énonciation
étant inopérante à l’égard du quasi-délit dont se prévalent les demandeurs et qui ne requiert
par cet élément intentionnel, il n’en reste pas moins que l’arrêt attaqué ne pouvait pas
légalement dégager Turpain, en sa qualité d’historien, de l’obligation de réparer le préjudice
résultant de l’omission incriminée, au seul motif que telle était « son opinion, peut-être
erronée, mais paraissant sincère » ;
Attendu , en effet, que le Juge, pour sainement apprécier la responsabilité imputable de ce
chef à l’auteur du dommage, ne devrait pas se borner à faire état exclusivement de l’opinion
de Turpain, alors surtout que l’arrêt attaqué lui-même ajoutée qu’il est « possible qu’il ait cédé
à cette opinion par ambition dans le désir – que la Cour de Poitiers déclare à tort excusable –

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de surestimer ses propres expériences » ; que la Cour devrait rechercher si en écrivant un
histoire de T.S.F. dans laquelle les travaux et le nom d’Edouard Branly étaient volontairement
omis, Turpain s’était comporté comme un écrivain ou un historien prudent, avisé et conscient
des devoirs d’objectivité qui lui incombaient ; Que, pour ne l’avoir pas fait, les juges d’appel
ont rendu une décision qui manque de base légale ;
CASSE ET ANNULE l’arrêt rendu entre les parties par la Cour d’Appel de Poitiers le 2
février 1943 ; et les renvoie devant Cour d’Appel de Bordeaux.

N° 35.594 Consorts Branly c/


Turpain Premier Président : M. Picard – Rapporteur : M. Mihura. –Avocat général : M. Rey. –
Avocats : MM. Coutard et Beurdeley.

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TD Droit des obligations : le fait juridique

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Fiche n° 3 : Fait générateur de la responsabilité : le fait des choses

I. Contrôle de connaissances

1. Dans l’application de l’article 1384, alinéa 1 du Code civil, le terme « chose » désigne
a) toute chose non soumise à un régime spécial ;
Le terme « choses » visées à l’article 1384 al. 1 désigne toutes les choses inanimées,
exception faite des animaux, qu’elles soient mobilières ou immobilières, dangereuses ou
non, avec ou sans vice, actionnées ou non par la main de l’homme, en mouvement ou non
(arrêt Jand’heur du 13 février 1930, Dalloz 1930, 1, 57).
Par suite, l’article 1384 alinéa 1 n’a pas vocation à s’appliquer aux choses soumises à un
régime de responsabilité : les animaux (article 1385 du Code civil), les bâtiments en ruine
(article 1386 du Code civil), et les choses qui n’appartiennent à personne que l’on appelle
les res nullius.

2. Dans l’application de l’article 1384, alinéa 1 du Code civil, le fait de la chose est présumé
si la chose était, au moment du dommage :
c) en mouvement et entrée en contact avec la victime.
Lorsque la chose est en mouvement au moment de l’accident la jurisprudence admet une
présomption simple de causalité (Civ. 2ème, 28 novembre 1984, Civ. 2ème, 13 mars
2003).

3. Lorsqu’une chose en mouvement entre en contact avec la victime :


b) Le gardien peut s’exonérer de sa responsabilité s’il prouve le fait passif de la chose.
La présomption du lien causal pour les choses en mouvement entrées en contact avec la
victime est simple, de sorte que le gardien peut s’exonérer en prouvant une cause
extérieure, imprévisible et irrésistible (Civ. 2ème, 13 mars 2003).

4. Le transfert de garde peut être invoqué par le gardien :


b) s’il a transmis réellement à un tiers les pouvoirs d’usage, de contrôle et de direction sur
la chose ;
Le propriétaire de la chose peut se dégager de sa responsabilité en prouvant qu’il avait
cessé d’en être le gardien au moment de l’accident :
- soit que le transfert ait été volontaire par le biais d’un contrat (location, prêt, dépôt ou
transport de marchandises) Civ. 2ème, 12 décembre 2002 ou d’une mise à disposition
d’autrui Civ. 2ème, 14 janvier 1999;
- soit que le transfert de garde ait été involontaire, notamment lorsque la chose a été
volée. Ch. Réunies, 2 décembre 1941, Franck
En tout état de cause, le juge s’attachera à vérifier, notamment dans le cas d’un transfert
volontaire, que le tiers disposait des pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle sur la
chose au moment de l’accident.

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.
5. Quand les conditions de l’article 1384 alinéa 1du Code civil sont réunies, le gardien
encourt une responsabilité :
a) objective dont il ne peut s’exonérer que par la cause étrangère ;
Attendu que la présomption de responsabilité établie par l'article 1384, alinéa 1er du
Code civil, à l'encontre de celui qui a sous sa garde la chose inanimée qui a causé un
dommage à autrui ne peut être détruite que par la preuve d'un cas fortuit ou de force
majeure ou d'une cause étrangère qui ne lui soit pas imputable ; qu'il ne suffit pas de
prouver qu'il n'a commis aucune faute ou que la cause du fait dommageable est demeurée
inconnue. Arrêt Jand’heur

6. Dans de cadre de l’article 1385 du Code civil, le responsable du fait de l’animal est :
b) le propriétaire ou l’usager de l’animal ;
Le propriétaire d’un animal ou celui qui s’en sert, pendant qu’il est à son usage, est
responsable du dommage que l’animal a causé, soit que l’animal fut sous sa garde, soit
qu’il fut égaré ou échappé. Le propriétaire ou celui qui s’en sert est présumé responsable
et ne s’exonère que s’il démontre une cause étrangère qui ne lui est pas imputable (Cas.
fr., civil, 29 avril 1969, Dalloz, 1969, Sommaire 97).

7. Dans le cadre de l’article 1386 du Code civil, la responsabilité du propriétaire est engagée
:
b) Même si le bien est loué, et le défaut d’entretien imputable au locataire.
L’article 1386 pose une responsabilité de plein droit, la preuve de l’absence de faute ne
suffit pas pour s’exonérer, il suffit de constater que le bâtiment s’est dégradé et que cela a
causé le dommage. Le fait du tiers n’est donc pas exonératoire de responsabilité (même
s’il faut réserver l’hypothèse où le fait du tiers est imprévisible et irrésistible, cette
situation exonérant le propriétaire).

II. Résoudre le cas pratique suivant

Nipho est parti en vacances à Bassam pendant quelques jours et a été victime de
mésaventures. Alors qu’il visitait, un jour de grand vent, une bâtisse coloniale qui venait
d’être restaurée sur son lieu de villégiature, Nipho a reçu sur la tête un morceau de bâti qui
s’était détaché d’une bordure de fenêtre, ce qui lui a causé une blessure nécessitant plusieurs
points de suture et quelques jours d’arrêt de travail. Ayant dû écourter ses vacances, il s’est
heurté aux réclamations de son voisin, Abdoulaye, qui, alors qu’il se rendait chez lui en son
absence pour arroser ses plantes, ainsi que Nipho le lui avait demandé, a brutalement glissé
dans l’escalier menant chez Nipho. Ce dernier est ennuyé car il avait prêté sa maison à sa
sœur en son absence et celle-ci a révélé que la chute d’Abdoulaye s’expliquait par le fait
qu’elle venait de laver les marches avec un produit glissant qu’elle n’avait pas eu le temps de
rincer. Abdoulaye, à la suite de cette chute, a eu une sérieuse entorse de la chenille qui
l’empêche de reprendre son activité personnelle.

Faits :

1) Nipho a été blessé à la tête par un morceau de bâti provenant d’une bâtisse coloniale qui
venait d’être restaurée.
2) Abdoulaye a eu une entorse après avoir glissé dans l’escalier menant à la maison de
Nipho du fait d’un produit glissant appliqué par la sœur de celui-ci.

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Problèmes de droit :

Le propriétaire de la bâtisse coloniale et Nipho peuvent-ils voir leur responsabilité engagée


respectivement pour les dommages causés à Nipho et Abdoulaye ? Plus précisément, sur
quels fondements, le propriétaire de la bâtisse coloniale et Nipho peuvent-ils voir leur
responsabilité engagée pour les dommages causés respectivement à Nipho et Abdoulaye ?

Solutions :

1) De la responsabilité du propriétaire de la bâtisse coloniale


- Même, si la bâtisse coloniale avait été restaurée, il semble possible de faire reposer
la responsabilité du propriétaire sur les dispositions de l’article 1386, la restauration
n’ayant pas pu résorber la ruine.
- En tout état de cause, Nipho peut également invoquer l’article 1384 alinéa 1 pour
mettre en jeu la responsabilité du propriétaire en tant que gardien de la bâtisse.

2) De la responsabilité de Nipho

La responsabilité de Nipho peut être engagée sur le fondement de l’article 1384 al. 1,
le prêt de la maison n’ayant pas eu pour effet d’en transférer la garde.

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Fiche n°4 : Fait générateur de la responsabilité : le fait d’autrui

I. Contrôle de connaissances

1. Lorsqu’un parent exerce seul l’autorité parentale sur l’enfant, l’autre parent :
c) n’est pas responsable.

2. Lorsque les parents exercent l’autorité parentale, mais que l’enfant est temporairement
confié à un tiers :
c) Les parents sont responsables du fait qu’ils exercent l’autorité parentale.

3. La responsabilité des parents du fait de leurs enfants mineurs est une responsabilité : b)
pour faute présumée ;

4. Lorsque le préposé cause un dommage à un tiers dans l’exercice de sa mission, la victime


peut en principe agir contre :
a) Le préposé ou le commettant, qui dispose alors d’un recours contre l’autre ;
La Cour de cassation française semble exclure la poursuite du préposé, et donc la
responsabilité personnelle de ce dernier, ainsi que le recours du commettant contre le
préposé lorsque le préposé a agi sans excéder les limites de sa mission (Gérard Légier,
Droit civil, Les obligations, Mémentos Dalloz, 17e éd., 2001, p. 160). Le commettant ne
peut donc poursuivre le préposé que si ce dernier a commis une faute constitutive d’une
infraction intentionnelle (Civ. 1ère, 9 nov. 1984, Dalloz 2005, 253).

5. Lorsque le préposé commet une infraction volontaire sur l’ordre de son commettant, la
victime peut agir contre :
b) le commettant et le préposé ;
Dans ce cas, le commettant dispose d’une action récursoire contre le préposé.

6. Si la victime sait que le préposé a agi à des fins personnelles, la responsabilité du


commettant est :
c) exclue car la victime est de mauvaise foi.
La responsabilité est écartée lorsque la victime a fait preuve d’une imprudence
incontestable en se livrant à une opération sortant des attributions habituelles du préposé
et quelque peu suspecte : elle ne pouvait légitimement croire que le préposé avait agi pour
le compte de son employeur.

7. Dans le cadre de l’article 1386 du Code civil, la responsabilité du propriétaire est engagée
:
b) Même si le bien est loué, et le défaut d’entretien imputable au locataire.

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L’article 1386 pose une responsabilité de plein droit, la preuve de l’absence de faute ne
suffit pas pour s’exonérer, il suffit de constater que le bâtiment s’est dégradé et que cela
a causé le dommage. Le fait du tiers n’est donc pas exonératoire de responsabilité (même
s’il faut réserver l’hypothèse où le fait du tiers est imprévisible et irrésistible, cette
situation exonérant le propriétaire).
II. Dissertation

La responsabilité de la mère pour les dommages causés par son enfant en droit ivoirien.

Problématique :
Quelle est la portée de la responsabilité de la mère pour les dommages causés par son enfant ?

Proposition de plan :

I. Une responsabilité antérieurement accessoire


A. Le père, responsable à titre principal
B. La mère, responsable par défaut
II. Une responsabilité solidaire en l’état actuel du droit
A. La réforme des règles en matière d’autorité parentale
B. Les implications de la solidarité pour la mère

III. Cas pratique

Michel est responsable d’une banque dans la banque dans la banlieue de Nantes. Or, il y a
deux mois, un de ses salariés, M. Sanogo, a réalisé, pendant ses heures de travail, des
détournements de fonds au détriment d’un certain nombre de clients, pour une somme de 6
000 000 FCFA. Il a avoué avoir eu un besoin pressant d’argent, car il est surendetté, et ne peut
plus faire face aux dépenses nécessaires au train de vie de sa famille. Michel, qui vient de
s’apercevoir des malversations ainsi commises, est très inquiet et se demande quelles en
seront les conséquences sur le plan civil. Les ennuis de Michel ne s’arrêtent pas là. Son fils,
Benjamin, âgé de 14 ans a, depuis son enfance, montré des aptitudes particulière pour la
pratique du basquet, et à aujourd’hui un statut de sportif de haut niveau. Pour lui permettre de
pratique ce sport, tout en continuant ses études, ses parents lui font suivre une scolarité dans
un internant, situé à 200 km de chez eux. Comme il en avait été convenu avec l’établissement
scolaire, Benjamin peut ainsi tous les soirs se rendre auprès du club sportif qui l’a pris en
échange, et s’entrainer dans les meilleures conditions. Mais, la semaine dernière, à l’occasion
d’un entrainement, Benjamin a involontairement blessé un autre joueur, qui pourrait garder
des séquelles visuelles. Michel se demande qui sera tenu d’indemniser la victime si elle
demande réparation.

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Fiche n° 5 : Préjudice et lien de causalité

I. Contrôle de connaissance

1. Lorsqu’une personne décède, ses proches peuvent agir pour demander réparation c) de
leur préjudice par ricochet et du préjudice du défunt en leur qualité d’héritiers.
Les proches ne peuvent en effet représenter le défunt que si l’action en réparation leur a
été transmise et qu’ils ont donc la qualité d’héritiers.
2. Le préjudice est réparable s’il est a) personnel, certain, direct et légitime.

3. Lors du décès du concubin, le survivant peut demander réparation b) de son préjudice


d’affection et de la perte de soutien financier.
La réponse c) est celle qui prévalait en jurisprudence avant 1970.

4. Lorsqu’un étudiant se blesse, l’impossibilité d’exercer la profession qu’il envisageait b)


est indemnisée sur la base de la perte de chance professionnelle ou c) n’est pas
indemnisée car le préjudice est incertain.
Selon le degré d’avancement de l’étudiant dans ses études.

5. Lorsqu’une victime est atteinte d’un dommage corporel, elle peut demander réparation a)
de l’ensemble de ses préjudices matériels et moraux.

6. Le préjudice est évalué au jour c) du jugement.


Le jugement est en effet déclaratif.

7. La perte d’un bien usagé est indemnisée sur la base de b) la valeur vénale du bien si un
bien équivalent ne peut être trouvé sur le marché d’occasion.

8. Pour déterminer l’existence du lien de causalité, la jurisprudence c) exige que le lien


causal soit certain et direct.
La jurisprudence n’a en effet pas pris parti, en termes de principe, sur la théorie
permettant d’apprécier la notion de « lien causal ».

9. Le lien de causalité a) doit être prouvé par la victime par tous moyens.

10. Lorsque le fait de plusieurs personnes a concouru au dommage, et qu’un seul


responsable est assigné par la victime, celui-ci b) est tenu in sodium avec les autres
responsables.

II. Cas pratique

Joseph, étudiant à la faculté de lettres, a récemment été victime d’un grave accident. Alors
qu’il circulait à pied dans la rue, il a été percuté par un cycliste, M. Dago. Ce dernier roulait à
grande vitesse sur le trottoir et n’a pu éviter Joseph. Victime d’une fracture à la jambe, ainsi
que d’un traumatisme crânien, Pau, emmené inconscient dans l’hôpital le plus proche, a été
opéré par M. Kouassi, chirurgien de son état. Au cours e l’intervention, le médecin a commis
une erreur dans le geste chirurgical, ce qui a aggravé l’état de Paul. Du fait des circonstances
malheureuses, celui-ci est aujourd’hui privé, peut-être temporairement, de l’usage de sa

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jambe. L’accident a également entrainé la destruction d’un vieil ordinateur portable
appartenant à Joseph, et contenant un mémoire que celui-ci devait soutenir peu de temps
après, et dont il n’a malheureusement gardé aucune copie. Il craint de ne pouvoir se présenter
avec succès à ses examens.

I. Identification des dommages subis par Paul

A. Dommages corporels

Joseph a subi un traumatisme crânien, puis à la suite de l’opération chirurgicale, est privé de
l’usage de sa jambe.

Il a certainement dû engager des frais médicaux pour les soins. La perte de revenus est en
revanche plus incertaine en raison de la qualité de Joseph. Le juge pourra tenir compte du
retard d’entrée dans la vie professionnelle causé par l’accident.

B. Dommages purement matériels

La perte de l’ordinateur et de son contenu sont une source de préjudices. Il faut toutefois tenir
compte du fait que l’ordinateur est un modèle ancien.

L’évaluation du préjudice lié à la perte des fichiers apparaît difficile à évaluer. Joseph peut
néanmoins invoquer la perte de chance de réussite aux examens.

II. Lien de causalité

A lien de causalité entre les dommages et le fait du cycliste

Le cycliste peut voir sa responsabilité engagée sur le fondement de l’article 1384 alinéa 1er du
Code civil. Le vélo était en effet en mouvement, et a percuté la victime.

A priori, le fait du cycliste est seulement la cause du traumatisme crânien, et de la destruction


de l’ordinateur, mais non des atteintes qui ont suivi. Cependant, la Cour de cassation, en
application de la théorie de l’équivalence des conditions, a parfois accepté de condamner
l’auteur du fait dommageable initial à indemniser le dommage final subi par la victime, même
si ce dernier avait été aggravé par une autre cause (Civ. 2è,27 janvier 2000, JCP
2000.II.10363. Civ. 2è 2 juin 2005, Bull.civ. II, n° 46).

B. Lien de causalité entre les dommages et le fait du médecin

A faute du médecin est ici incertaine car les faits de l’espèce indiquent que le professionnel a
commis une erreur dans le geste chirurgical. En effet, cela ne semble pas constituer une faute,
la jurisprudence été constante à considérer que toute erreur du médecin n’est pas fautive. Les
faits étant toutefois peu précis, deux hypothèses peuvent être distinguées.

- Si le médecin est considéré comme fautif, il peut être condamné à réparation, car son
acte est bien en cause, au moins pour partie, des préjudices subis par Paul. Il peut toutefois

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appeler en cause le cycliste, qui est aussi à l’origine des dommages subis. Le juge appréciera
alors la part de responsabilité à chacun.

- Si le fait du médecin n’est pas considéré comme fautif, Paul ne pourra alors obtenir
réparation que du seul cycliste.

III. Commentaire groupé d’arrêt

Cassation civ. 2è, 19 juin 2003

LA COUR - Sur le moyen unique : - Vu les articles 1382 du code civil ; Attendu que l’auteur
d’un accident est tenu de réparer toutes les conséquences dommageables ; que la victime n’est
pas tenue de limiter son préjudice dans l’intérêt du responsable ;
Attendu, selon l’arrêt attaqué, que Mme X… a assigné M. Y… et son assureur, la MACIF, en
indemnisation de l’aggravation de son préjudice corporel consécutif à un accident de la
circulation survenu en 1988 ; Attendu que pour réduire le montant de l’indemnisation de
l’aggravation de l’incapacité permanente partielle, l’arrêt retient que pour es troubles
psychiques retenus par l’expert, Mme X… a été invitée par son neurologue en 1995, puis par
son neuropsychologue en 1998, à pratiquer une rééducation orthophonique et psychologique,
ce qu’elle n’a pas fait ; que ce refus de se soigner est fautif et que cette faute concourt pour
partie à la persistance de troubles psychiques ; qu’en statuant ainsi, alors que Mme X…n’avait
pas l’obligation de se soumettre aux actes médicaux préconisés par ses médecins, la cour
d’appel a violé le texte susvisé ; Par ces motifs casse (…) et renvoi devant la cour d’appel de
Lyon.

LA COUR – Sur les deux premières branches du premier moyen et la première branche du
second moyen – Vu l’article 1382 du Code civil ; Attendu que l’auteur d’un accident doit en
réparer toutes les conséquences dommageables ; que la victime n’est pas tenue de limiter son
préjudice dans l’intérêt du responsable ; Attendu, selon l’arrêt attaqué, que Mme X…, qui
exploitait un fonds de boulangerie, et sa fille ont été blessés le 12 septembre 1984 dans un
accident de la circulation dont M. Y… a été reconnu responsable ; que Mme et Mlle X… ont
assigné ce dernier en réparation d leurs préjudices ; Attendu que pour rejeter la demande de
Mme X… en indemnisation de son préjudice résultant de la perte de son fonds de commerce
et celle de Mlle X… relative à la perte de chance de n’avoir pu reprendre un fonds de
commerce, resté prospère, l’arrêt retient que si Mme X… affirme que son fonds de
commerce , resté prospère, l’arrêt retient que si Mme X… affirme que si son fonds de
commerce, resté inexploité jusqu’en mars 1990, ait perdu toute valeur puisque la clientèle
avait disparu et le matériel était devenu obsolète, elle avait la possibilité de faire exploiter le
fonds par un tiers et que si elle a choisi de le laisser péricliter, elle ne saurait en imputer la
responsabilité à l’auteur de l’accident ; que la perte de valeur du fonds n’étant pas une
conséquence de l’accident ; qu’en statuant ainsi, alors qu’il ressort des constatations de l’arrêt
que Mme X… avait subi, du fait de l’accident, pendant de nombreux mois une incapacité
temporaire totale et partielle du travail, puisqu’elle avait conservé une incapacité permanente
partielle l’empêchant de reprendre son activité de boulangerie, ce dont il résultait l’existence
d’un lien de causalité directe entre l’accident et le préjudice allégué, la cour d’appel a violé le
texte susvisé ; Que le rejet de la demande de Mlle X… relative à la réparation de la perte de
chance alléguée doit être annulé par voie de conséquence ; Par ces motifs, et sans qu’il y ait
lieu de statuer sur les autres griefs du pourvoi : casse et renvoie devant la cour d’appel de
Douai.

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Problème de droit : Est-il possible d’imposer à la victime, postérieurement à l’accident, un
comportement de nature à diminuer le préjudice subi ?

I. Refus de principe d’une obligation de minimiser le dommage


A. Une solution nouvelle du droit français
B. Une solution fondée sur le principe de la réparation intégrale II. Refus
général d’une obligation de minimiser le dommage ?
A. Une généralité affirmée
B. Un généralité contestée

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Université J.Lo.G. de Daloa Année universitaire : 2013-2014
UFR-Sciences juridiques Licence 2 -2è Semestre

TD Droit des obligations : le fait juridique

Chargé de cours : Dr Brahima GUIRE

Fiche n° 6: Les quasi-contrats

I. Contrôle de connaissances

M. Courage a assisté à un vol à main armé dans le magasin où il fait habituellement ses
courses. Il s’est lancé à la poursuite des voleurs, et a récupéré une partie du butin. Mais il s’est
blessé et a fait tomber une dame âgée à l’occasion de sa poursuite.

1. L’indemnisation de M. Courage peut être recherchée sur le fondement de la gestion


d’affaires. Sous réserve que la jurisprudence accepte de retenir l’intention de gérer les
affaires d’autrui, ce qui semble le cas en l’espèce.

2. M. Courage peut-il obtenir remboursement des frais liés à sa blessure ?Oui, car son acte
était animé par la volonté de représenter autrui, et était utile.

3. Peut-il demander au propriétaire du magasin de le garantir contre l’éventuelle action en


responsabilité de la dame âgée ?Oui, car le maître d’affaire doit indemniser le gérant de
tous les engagements personnels pris dans le cadre de l’acte de gestion.

4. Si l’indemnisation de M. Courage est admise, il sera indemnisé de tous ses frais. La


gestion d’affaires ne permet pas la rémunération du gérant.

Kouadio a payé 1 000 000 FCFA à Kouamé alors qu’il ne lui devait que 655 000 FCFA, car il
a commis une erreur dans le calcul des intérêts de sa dette. Kouamé s’est aperçu de l’erreur,
mais n’a rien dit.

1. Kouadio peut obtenir remboursement sur la base des règles de la répétition de l’indu.

2. Kouadio peut obtenir remboursement de 350 000 FCFA, s’il prouve le caractère indu du
paiement.
L’indu est objectif et seulement partiel. Pierre a donc seulement à établir l’indu sans avoir
besoin d’établir son erreur.

3. Si l’action en remboursement est admise, Kouamé doit restituer 350 000 FCFA assortis
des intérêts légaux.
Paul dot restituer le trop perçu. Etant de mauvaise foi, il doit cette somme assortie des
intérêts légaux.

Baba s’est occupé de ses parents durant les dix dernières années de leur vie. Pour cela, il a dû
travailler à mi-temps s’appauvrissant d’une somme estimée à 30 000 000 FCFA, et procurant

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à la succession 60 000 000 FCFA (montant qui aurait été payé sil les parents avaient été pris
en charge par une structure spécialisée).

1. Baba peut obtenir indemnisation sur la base l’enrichissement sans cause.


La gestion d’affaires doit être écartée du fait de l’absence de gestion du patrimoine d’un
tiers.

2. Sur cette base, peut-il demander à la succession une indemnisation ? Oui, car il a dépassé
les limites ses des devoirs filiaux.
Cette solution a été retenue par la Cour de cassation dans un arrêt du 12 juillet 1994.

3. Si l’action est retenue, Baba sera indemnisé à hauteur de 30 000 000 FCFA.
L’appauvri est en effet indemnisé de la plus faible des deux sommes représentant
l’appauvrissement et l’enrichissement.

II. Cas pratique

Yapo Olivier, votre oncle vient vous consulter pour que vous l’aidiez à résoudre un certain
nombre de difficultés qu’il rencontre dans sa vie privée. L’année passée, alors que son voisin
Monnet était parti en vacances pendant quelques semaines, un fort orage s’est produit, qui a
entrainé la chute de tôles du toit de la maison de celui-ci. Yapo Olivier a pris la décision de
remplacer les tôles manquantes. Il s’est donc rendu chez le vendeur de tôles, en lui indiquant
que la facture serait réglée à son retour par Monnet. Mais lorsque celui-ci est revenu de
vacances, il n’a exprimé aucune reconnaissance envers Olivier, bien au contraire. Il lui a ainsi
dit que ces réparations ne présentaient pas selon lui aucune urgence, et auraient très bien pu
attendre son retour. Il reproche surtout à Olivier d’avoir détérioré un magnifique rosier
grimpant qui ornait la façade de la maison lorsque celui-ci est monté sur le toit. Olivier est
vexé que son dévouement ne soit pas reconnu. Il se demande par ailleurs s’il devra payer lui-
même les tôles, puisque Monnet ne semble pas prêt à assumer cette dépense et si la
dégradation du rosier pourrait lui être imputable.

L’intervention d’Olivier sur le toit de son voisin paraît a priori devoir être régie par les règles
de la gestion d’affaires (absence de mandat) – art. 1372 du code civil.

I. Paiement des tuiles

Deux hypothèses à envisager.

Première hypothèse : contrat conclu par Olivier au nom de Monnet

L’article 1375 du code civil pourrait alors trouver à s’appliquer. Mais encore faut-il pour cela
que l’acte de gestion ait été utile car cela conditionne les effets conformément à l’article 1375
du Code civil. C’est justement cette utilité qui est contestée par Monnet.

Dans le cas où l’intervention d’Olivier se révélerait inutile, il garderait néanmoins la


possibilité d’alléguer contre Monnet l’existence d’un enrichissement sans cause ; encore faut-
il que la faute d’Olivier consistant à s’être inutilement immiscé dans les affaires d’autrui
puisse être considérée comme la cause de l’engagement.

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Si l’intervention d’olivier était au contraire utile, ce qui semble a priori le cas, Monnet devra
exécuter les obligations du contrat souscrit en son nom par le gérant ; et payer les tuiles.

Seconde hypothèse : Contrat conclu par Olivier en son nom propre

En une telle occurrence ; Olivier serait personnellement tenu au paiement du prix des
marchandises. Il pourra se retourner contre Monnet sur le fondement de l’article 1375 du
Code civil. Mais cette indemnisation sera là encore subordonnée à l’utilité de l’acte de
gestion.

II. Responsabilité de Monnet pour les dégradations causées au rosier

Conformément à l’article 1374 du code civil, le gérant doit apporter à la gestion d’affaires
tous les soins d’un bon père de famille, et est ainsi responsable de toute faute commise à cette
occasion. Mais, la faute est toutefois appréciée avec une sévérité atténuée compte tenu de la
gratuité du service rendu, et des circonstances ayant poussé le gérant à prendre en charge
l’affaire. En l’espèce, Olivier a sans doute été négligent, car il aurait dû prendre des
précautions pour ne pas dégrader les plantations de son voisin. Sa faute pourrait donc être
retenue. Il n’est pas, par ailleurs, certain que les circonstances de la gestion soient de nature à
diminuer sa responsabilité. Il est en effet apparemment intervenu en dehors de toute urgence
puisqu’il a attendu le lendemain de l’orage pour monter sur le toit. Compte tenu de la modicité
du dommage subi par Monnet, il est cependant peu probable qu’il recherche la responsabilité
d’Olivier.

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