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II.

LA RESTRICTION DE LA RESPONSABILITE

A. LES SANCTIONS

Le dirigeant d’entreprise, on n’a pas seulement droit à des avantages, mais on fait
aussi face à de nombreuses responsabilités. Que ce soit au niveau civil ou pénal, le dirigeant
d’entreprise doit répondre de ses actes s’il ses actions sont contraires à ce que dit la loi. En
effet, il est responsable à la limite de la loi et par les statuts de la société. Toute faute en
dehors des pouvoirs attribués engage sa responsabilité1.

Négligence dans le management, erreur de gestion, fausse déclaration, omission dans le


contrôle de la sécurité, concurrence déloyale, discrimination… Légère ou lourde, involontaire
ou non, la notion de faute est vaste et imprécise. Elle évolue en fonction de la jurisprudence,
ce qui accroît les risques pesant sur les dirigeants.

Si le dirigeant commet une faute séparable de ses fonctions, il engagera sa responsabilité


civile, c’est-à-dire qu’il devra réparer seul le dommage subi et sera condamné à réparer les
dommages causés à l’entreprise et à ses partenaires, via un mécanisme de réparation, différent
de celui prévu par le droit commun de responsabilité, et qui vise à mettre à la charge des
dirigeants fautifs tout ou partie du passif, ou le cas échéant, de les obliger à supporter
l’intégralité de la dette sociale.

Le dirigeant doit d’abord gérer la société avec compétence et de faire preuve de diligence
dans la gestion de la société, c’est-à-dire de diriger ou d’administrer la société « en bon père
de famille », et mettre en œuvre ses connaissances techniques ou professionnelles, son
expérience, dans la direction ou l’administration de la société, si non sa responsabilité se
trouve engager lorsqu’il peut être établi qu’il a commis des fautes dans l’exercice de leur
fonctions et que celles-ci ont eu des conséquences dommageables pour la société, les associés
ou les tiers.

Cette responsabilité est régie par le code de commerce ; elle intervient lorsque la société est
mise en redressement ou en liquidation judiciaire pour sanctionner le comportement des
dirigeants de droit ou de fait, rémunérés ou non (C.C, art 736), qui sont à l’origine des
difficultés de la société. C’est essentiellement dans ce cadre que la responsabilité des
administrateurs sera mise en cause dans la pratique.

Trois sanctions principales (comblement du passif, extension de la procédure aux dirigeants,


déchéance commerciale) sont prévues et qui peuvent être classées en deux catégories en
distinguant les sanctions patrimoniales et les sanctions personnelles.

1
https://expert-maroc.com/responsabilite-dirigeants-entreprise-maroc/consulté le 05/12/2021
1.  Sanctions patrimoniales :

Il s’agit de l’action en comblement du passif et de l’extension de la procédure aux dirigeants

 L’ACTION EN COMBLEMENT DU PASSIF :

L’article 738 du code de commerce prévoit l’action en comblement du passif en ces


termes : « Lorsque la procédure concernant une société commerciale fait apparaitre une
insuffisance d’actif, le tribunal peut, en cas de faute de gestion ayant contribué à cette
insuffisance d’actif, décider, que cette dernière sera supportée en tout ou en partie, avec ou
sans solidarité, par tous les dirigeants ou certains d’entre eux ».

Dans la majorité des hypothèses, il n’est pas possible, à la fin de la liquidation judiciaire, de
satisfaire toutes les créances car l’actif dégagé par la procédure se révèle insuffisant. On parle,
dans cette situation, de clôture pour insuffisance d’actif.

Cette sanction consiste à faire supporter totalement ou partiellement l’insuffisance d’actif par
le dirigeant. Ce dernier devra donc combler le passif avec ses deniers personnels pour
satisfaire les créanciers de l’entreprise.

Cette sanction concerne les dirigeants ayant commis des fautes qui ont contribué à
l’insuffisance d’actif dans le cadre de la liquidation judiciaire.

Les sommes que le dirigeant versera entreront dans le patrimoine de l’entreprise et seront
affectées en cas de continuation de l’entreprise selon les modalités prévues par son plan de
continuation.

En cas de cession ou de liquidation, les sommes sont réparties entre les créanciers.

En cas de redressement ou de liquidation judiciaire de la société, le Tribunal ouvre une


procédure à l’encontre du gérant-associé, si ce dernier a disposé des biens de la société
comme s’il s’agissait de ses biens personnels ; s’il a fait, sous le couvert de la société, des
actes de commerce dans un intérêt personnel ; s’il a fait des biens ou des crédits de la société
un usage contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre
entreprise dans laquelle il était intéressé directement ou indirectement; s’il a poursuivi
abusivement, dans un intérêt personnel, une exploitation déficitaire qui ne pouvait conduire
qu’à la cessation de paiement de la société ; s’il a tenu une comptabilité fictive ou fait
disparaître des documents comptables de la société ou s’être abstenu de tenir une comptabilité
conforme aux règles légales ; s’il a détourné ou dissimulé tout ou partie de l’actif ou
frauduleusement augmenté le passif de la société ; et enfin s’il a tenu une comptabilité
incomplète ou irrégulière.

Il faut signaler que l’action en comblement de passif comme toute autre action en
responsabilité, elle est tributaire de l’existence d’une faute, un préjudice et un lien de causalité
entre la faute et le préjudice.
 l’extension de la procédure aux dirigeants
La deuxième sanction patrimoniale prévue par la loi marocaine, consiste dans l’extension de
la procédure de redressement ou de liquidation judiciaire aux dirigeants de l’entreprise en
difficulté. À la différence de l’action en comblement du passif qui repose sur la commission
d’une faute ayant contribué à l’insuffisance de l’actif, cette sanction se concrétise par la
commission de l’un des faits énumérés limitativement par l’article 740 du Code de commerce.

Le redressement ou la liquidation judiciaire sont étendus d’office ou à la demande du syndic


aux dirigeants contre lesquels peut être relevé un des sept faits suivants :

1. Avoir disposé des biens de la société comme des siens propres ; c’est l’abus de biens
sociaux par acte de disposition ;
2. Sous le couvert de la société masquant ses agissements, avoir fait des actes de
commerce dans un intérêt personnel ; c’est l’abus de personnalité morale ;
3. Avoir fait des biens ou du crédit de la société un usage contraire à l’intérêt de celle-ci,
à des fins personnelles ou pour favoriser une autre entreprise dans laquelle il était
intéressé directement ou indirectement ; c’est l’usage abusif des biens et du crédit de
la société ;
4. Avoir poursuivi abusivement, dans un intérêt personnel, une exploitation déficitaire
qui ne pouvait conduire qu’à la cessation des paiements de la société ; c’est la
poursuite abusive d’une exploitation déficitaire ;
5. Avoir tenu une comptabilité fictive ou fait disparaitre des documents comptables de la
société ou s’être abstenu de tenir toute comptabilité conforme aux règles légales ;
6. Avoir détourné ou dissimulé tout ou partie de l’actif ou frauduleusement augmenté le
passif de la société ;
7. Avoir tenu une comptabilité manifestement incomplète ou irrégulière2 .

2 : sanctions personnelles.


 déchéance commerciale
Ces sanctions concernent les personnes physiques, dirigeants de droit ou de fait de
personnes morales ayant une activité économique et les personnes physiques, agissant en
qualité de représentants permanents des personnes morales ayant une telle activité.3

Lorsqu’un dirigeant se trouve dans l’un des sept cas mentionnés à l’article 740, le tribunal
doit, à tout moment de la procédure, se saisir en vue, s’il y a lieu, de prononcer sa
déchéance commerciale (C.C, art,746). Cette sanction emporte4 :

2
EL MERNISSI Mohamed-Traité marocain de droit des sociétés-LexisNexis(2020), http/www.lexisnexis.fr ;
page 545
3
CCI ALSACE ,Responsabilité du dirigeant en droit des societes,10/08/2018,p7
4
EL MERNISSI Mohamed-Traité marocain de droit des sociétés-LexisNexis(2020), http/www.lexisnexis.fr ;
page 546
L’interdiction de diriger, gérer, administrer ou contrôler, directement ou indirectement,
soit toute entreprise commerciale ou artisanale, toute exploitation agricole et toute
personne morale, soit une ou plusieurs de celles-ci.5

La déchéance commerciale est prononcée par la juridiction répressive à titre de peine


accessoire à une condamnation pour banqueroute (C.C, art 756). Lorsque le tribunal
prononce la déchéance commerciale, il fixe la durée de la mesure qui ne peut être
inférieure à 5 ans. Il peut assortir sa condamnation de l’exécution provisoire (art 752, al1).
Le jugement prononçant la déchéance commerciale est publié au bulletin officiel ( C.C,
art 751, al.3).

La déchéance commerciale et l’incapacité élective qui en résulte cessent de plein droit au


terme fixé, sans qu’il y ait lieu au prononcé d’un jugement (C.C, art 752, al.1)

L’incapacité d’exercer une fonction publique élective s’applique également à toute


personne physique à l’égard de laquelle la liquidation judiciaire a été prononcée. Sa durée
est de 5ans (C.C art.751, al.2).

5
CELY RODRIGEUZ ADRIANA MARIA ,la responsabilité civile des dirigeants des sociétés , thèse de doctorat
novembre 2018,p 259.

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