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F I SCA L

N E W S
LE COMPTE COURANT
DEBITEUR D’UN ASSOCIE
Dans le précédent numéro de la Fiscal News a été évoquée la pratique courante
de l’ouverture, au nom des associés, d’un compte courant. Ce dernier est destiné à
enregistrer des opérations réalisées entre la société et l’associé ( mise à disposition de
fonds, apports, retraits).
Le formalisme juridique qui préside à l’ouverture d’un compte courant d’associé doit
respecter un certain nombre de règles relativement simples à appliquer. C’est à ce titre
qu’il avait été insisté sur la nécessité de justifier la réalité de ce compte courant.

Cette Fiscal News exposera la problématique juridique et surtout fiscale liée à la


situation d’un compte courant débiteur ouvert au nom d’un associé.
• D’un point de vue juridique: il s’agit d’une situation qui, la plupart du temps, est
considérée comme irrégulière et donc dangereuse pour la société et son associé.
• D’un point de vue fiscal: il s’agit d’une situation pouvant entraîner des conséquences
financières particulièrement lourdes assorties de pénalités.

SOMMAIRE

01 02
L’ASPECT L’ASPECT
JURIDIQUE FISCAL
01 L’ASPECT JURIDIQUE

Un compte courant d’associé débiteur doit être analysé juridiquement


comme un prêt consenti par la société à son ou ses associés.
Dans ce type de situation les conséquences juridiques en matière de droit
des sociétés sont strictement encadrées et sont susceptible d’entraîner des
conséquences fâcheuses.

1.1. Compte courant d’associé débiteur dans une SARL


Dans une SARL, il est interdit de détenir un compte courant d’associé
débiteur.
Cette interdiction s’étend aux dirigeants et associés personnes physiques,
ainsi qu’à leurs conjoints ascendants-descendants et à toute personne
interposée.
Il s’agit dans tous les cas d’une nullité d’ordre public qui peut être invoquée
par les tiers et les créanciers sociaux lésés dès lors qu’ils sont en mesure de
justifier un intérêt personnel, légitime et juridiquement établi.

1.2. Compte courant d’associé débiteur dans une SAS ou une SA


Dans les sociétés par actions (SA et SAS), il est interdit à peine de nullité,
aux administrateurs, directeurs généraux ou représentants permanents des
personnes morales, aux conjoints ascendants et descendants des dirigeants
visés ci-dessus, de se faire consentir par ces sociétés un découvert en
compte courant.
Par contre les associés non dirigeants et les associés personnes morales
peuvent disposer d’un compte courant d’associé débiteur.
01 L’ASPECT JURIDIQUE

1.3. Compte courant d’associé débiteur d’autres sociétés


Dans les sociétés civiles et notamment dans les SCI les comptes courants
peuvent être débiteurs.

1.4. Les sanctions applicables en cas de dysfonctionnement


En cas d’action intentée par un tiers, la position débitrice d’un compte
courant d’associé peut être analysée comme un abus de biens sociaux.
L’article L 241-3 du Code de commerce condamne « le fait, pour les gérants,
de faire, de mauvaise foi, des biens ou du crédit de la société un usage
qu’ils savent contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour
favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils sont intéressés
directement ou indirectement ».
Cette infraction est passible d’un emprisonnement de cinq ans et d’une
amende de 375 000 euros. La même sanction peut être appliquée dans le
cadre de sociétés par actions (Article L242-6 du code de commerce).
02 L’ASPECT FISCAL

L’article 111 a du code général des impôts (CGI) prévoit que, sauf preuve
contraire, les sommes mises à la disposition des associés directement ou par
personnes ou sociétés interposées à titre d’avances, de prêts ou d’acomptes
sont considérées comme revenus distribués taxable à l’impôt sur le revenu
s’il s’agit de personnes physiques ou à l’impôt sur les sociétés s’il s’agit de
personnes morales soumises à cet impôt.
Lorsque la présomption s’applique, les sommes perçues sont soumises
à l’impôt sur le revenu selon les modalités applicables aux revenus des
capitaux mobiliers avec un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %.
Il est par ailleurs prévu que le montant brut des revenus distribués soit
majoré d’un coefficient de 1.25.
C’est ainsi qu’un compte courant débiteur d’un montant de 100 000 € pourra
supporter une taxation de : 100 000 x 1.25 x 30 % = 37 500 €
NB: à l’occasion d’un contrôle par l’Urssaf, le solde débiteur du compte
pourra être soumis aux cotisations sociales dans le cas notamment d’une
SARL.

1.1. Une présomption de distribution


L’article 111 a du CGI instaure une présomption de distribution et c’est
aux redevables qu’il appartient, le cas échéant, d’apporter la preuve
contraire. Cette présomption est applicable que les avances ou les prêts
aient été consentis aux associés directement ou par personnes ou sociétés
interposées.
02 L’ASPECT FISCAL

C’est ainsi qu’il a été jugé : « Est imposable dans la catégorie des revenus
de capitaux mobiliers, en application de l’article 111, a du CGI, une somme
correspondant à des travaux qu’une société anonyme a réalisés pour le
compte d’une société civile immobilière constituée par ses associés, et qui
n’avaient pas encore été payés quatre ans après leur exécution. »

Par ailleurs cette présomption s’applique à tous les associés des sociétés
soumises au régime fiscal des sociétés de capitaux, sans qu’il y ait lieu de
distinguer suivant qu’ils participent ou non à l’administration de la société.
Aussi il a été jugé : « Les avances consenties par une société à l’épouse, même
séparée de biens, de l’un des associés sont considérées comme des sommes
mises à la disposition de ce dernier par personne interposée, dès lors que la
bénéficiaire vit avec son mari et ne se trouve pas, en conséquence, dans le
cas d’être assujettie personnellement à l’impôt sur le revenu. »

1.2. La preuve contraire


La présomption légale de distribution de l’article 111 a du CGI n’est applicable
que sous réserve de la preuve contraire qu’il appartient au contribuable
d’apporter.
La preuve contraire est appréciée dans chaque cas particulier, compte tenu
des circonstances de fait.
02 L’ASPECT FISCAL

Selon la doctrine administrative elle est considérée comme apportée dans


les cas suivants :
• production d’un acte écrit, préalable ou concomitant à la remise des fonds,
correspondant à un prêt régulièrement inscrit dans les écritures sociales,
prévoyant le versement d’intérêts normaux et fixant les modalités de
remboursement de la dette;
• à défaut d’acte écrit, par la preuve du remboursement effectif des prêts,
avances ou acomptes, à la condition que ce remboursement soit antérieur
à la mise en œuvre d’un contrôle fiscal;
• l’existence de relations commerciales démontrant que le versement des
sommes a pour origine ces relations.

1.3. Avances consenties entre la société mère et sa fille


Une société mère contrôlant un groupe de filiales peut être appelée à prélever
les disponibilités des unes pour aider la trésorerie des autres, jouant ainsi le
rôle d’un établissement financier en vue d’assurer au mieux l’utilisation des
disponibilités du groupe.
Dans ce contexte l’administration fiscale est fondée, en l’absence d’un acte
de prêt régulier, à réclamer l’impôt sur le montant des avances consenties à
la société mère.
Mais, selon la doctrine administrative, il est admis de ne pas appliquer
strictement l’article 111, a du CGI sauf à exiger l’établissement d’une
convention écrite donnant à la société mère le mandat général d’employer
les fonds qu’elle est ainsi appelée à recevoir de ses filiales à l’octroi d’avances
à celles dont la trésorerie a besoin d’être soutenue.
02 L’ASPECT FISCAL

Toutefois il convient de noter que le régime mère-fille limitant la taxation à


une quote part de frais et charges de 5 % est applicable aux avances, prêts ou
acomptes consentis à la société mère, lorsque les sommes correspondantes
sont considérées comme des revenus distribués en vertu des dispositions de
l’article 111, a du CGI.

1.4. Remboursement des sommes avancées et restitution de l’impôt payé


En cas de remboursement ultérieur des avances, prêts ou acomptes ayant
été taxés en tant que revenus distribués, l’impôt précédemment établi
pourra être révisé.
Bien entendu la preuve du remboursement et la date à laquelle il a été
effectué ne peuvent résulter que des écritures de clôture d’un exercice
ultérieur ou de la décision, en cours d’exercice, d’arrêter définitivement
et de solder les comptes courants ouverts dans plusieurs sociétés par un
contribuable et débiteurs à la fin de l’exercice.
La restitution de la fraction d’impôt correspondant aux sommes remboursées
est effectuée sur demande présentée au directeur départemental des
finances publiques, au plus tard le 31 décembre de l’année suivant celle au
cours de laquelle le remboursement a été opéré.
La demande doit mentionner tous les renseignements nécessaires au
calcul de la restitution et être accompagnée d’une attestation régulière du
comptable des finances publiques justifiant le paiement des impôts dont la
restitution est demandée.
La restitution porte sur le montant des droits en principal, à l’exclusion de
tous intérêts de retard, majorations, droits en sus, et autres pénalités.

En définitive cette solution retenue en application de la doctrine


administrative est de nature à limiter les conséquences très lourdes que
peut entraîner l’existence et la persistance d’un compte courant débiteur.
Mieux vous informer,
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et encore mieux vous conseiller.
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