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EXPOSE DE DROIT ET PRATIQUES SOCIETAIRES :

La responsabilité pénale des dirigeants sociaux


des sociétés commerciales

Membres du groupe :
• Ardélia Rose Ndiémy CISS
• Hadjiratou Coumba DIA
• Codou GAYE
• Ndèye Mayé GAYE
• Ondina ISIDORO

Professeur : Monsieur Bodian


Classe : LDA3-A
Année académique : 2022-2023
INTRODUCTION

Au sein de chaque société, qu’elle soit commerciale ou non, il existe des dirigeants sociaux.
Ceux-là jouent un rôle crucial au niveau de la société dans laquelle ils évoluent. Ils ont pour
mission de la gérer de manière efficace, efficiente et responsable afin de maximiser les profits.
Ils ont donc le pouvoir de poser des actes importants mais tout en respectant les lois et
réglementations en vigueur. A défaut, ils peuvent être poursuivis en cas de faute commise dans
l’exercice de leurs fonctions. C’est dans cette optique que nous traiterons le sujet portant sur la
responsabilité pénale des dirigeants sociaux dans les sociétés commerciales.

D’une part, la responsabilité pénale peut se définir comme l’obligation de répondre des
obligations commises et de subir la peine prévue par le texte qui les réprime. D’autre part, les
dirigeants sociaux sont les personnes physiques, morales, ou organes régulièrement désignés
pour gérer la société et qui y assument des fonctions de direction ou d’administration et
l’engagent à l’extérieur. La qualité de dirigeants sociaux varie donc en fonction de la forme de
la société commerciale. D’une manière plus concise, la responsabilité pénale des dirigeants
sociaux est une notion juridique qui implique que les dirigeants d’une société commerciale
peuvent être tenus pénalement responsables des actes commis au nom de la société. Toutefois,
notre étude portera exclusivement sur les règles édictées par le droit OHADA.

Dès lors, nous nous posons la question à savoir : Quel est le régime juridique de la
responsabilité pénale des dirigeants sociaux dans les sociétés commerciales en droit
OHADA ?

Ce sujet revêt un intérêt pratique dans la mesure où il nous permettra d’avoir un aperçu sur
les enjeux que peuvent encourir la fonction de dirigeant social au sein d’une société
commerciale.

Ainsi, notre étude tournera autour de deux grands axes : d’abord nous évoquerons les fautes
pouvant entrainer la responsabilité pénale des dirigeants sociaux dans les sociétés commerciales
ainsi que leurs sanctions (I), puis nous aborderons les garanties procédurales qui sont accordées
aux dirigeants sociaux (II). Cette approche nous sera d’une très grande utilité en ce sens où il
nous permettra de distinguer les fautes liées à la constitution de la société de celles liées à son
fonctionnement mais également d’appréhender les prérogatives attribuées aux dirigeants lors
du procès ainsi que les voies de recours.
I- Les infractions pouvant entrainer la responsabilité pénale des dirigeants et
leurs sanctions

Le droit OHADA, à travers l’Acte Uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
du GIE, a consacré plusieurs dispositions à la responsabilité pénale des dirigeants sociaux et
érige plusieurs faits en infractions. Toutefois, il est nécessaire de distinguer les infractions liées
à la constitution de la société commerciale (A) de celles qui se rapportent à son fonctionnement
(B).

A- Les infractions et sanctions liées à la constitution de la société commerciale

La constitution est une phase essentielle de la société commerciale en ce sens qu’elle


correspond à son acte de naissance. Elle tourne autour de plusieurs règles en rapport avec les
conditions de fond comme de forme. Dès lors, plusieurs types d’infractions commises par un
ou plusieurs dirigeants sociaux peuvent entrainer la responsabilité pénale de ces derniers. En
effet, ils sont généralement condamnés et poursuivis pour des actions avant l’immatriculation
ou lorsque l’immatriculation est obtenue par fraude ou une irrégularité de la constitution de la
société. Ces infractions entrainent une peine d’amende de 250.000 à 1.000.000 FCFA.

Également, d’autres infractions commises sont punissables soit d’un emprisonnement d’un
an à cinq ans soit d’une amende de 500.000 à 2.000.000 ou des deux peines. Il s’agit des
dirigeants sociaux qui, sciemment, par l’établissement de la déclaration notariée de souscription
et de versement ou du certificat du dépositaire, auront affirmé sincères et véritables des
souscriptions qu’ils savaient fictives ou auront déclaré que les fonds qui n’ont pas été mis
définitivement à la disposition de la société ont été effectivement versés. Sont aussi concernés
ceux qui auront remis au notaire ou au dépositaire une liste des actionnaires ou des bulletins de
souscription et de versement mentionnant des souscriptions fictives ou des versements de fonds
qui n’ont pas été mis définitivement à la disposition de la société mais aussi ceux qui
sciemment, par simulation de souscription ou de versement ou par publication de souscription
ou de versement qui n’existent pas ou de tous autres faits faux, auront obtenu ou tenté d’obtenir
des souscriptions ou des versements. De même les dirigeants sociaux qui ,ayant sciemment,
provoqué des souscriptions ou des versements auront publié les noms de personnes désignées
contrairement à la vérité comme étant ou devant être attachées à la société à un titre quelconque
et ceux qui, frauduleusement, auront fait attribuer à un apport en nature, une évaluation
supérieure à sa valeur réelle seront condamnés à cette même peine.

B- Les infractions et sanctions liées au fonctionnement de la société commerciale


Il faut savoir que chaque société doit entretenir une activité, et ce, dès sa création dans le but
d’accomplir son objet social. Pour cela, elle doit fonctionner normalement et des règles pénales
ont donc été mises en œuvre pour faire face aux soucis de gestion frauduleuse ou trop
imprudente. C’est à cet effet que le droit pénal prévoit des infractions relatives à la gestion des
affaires sociales, pour empêcher les abus venant des dirigeants sociaux qui sont chargés
d’assurer la gérance, l’administration, la direction de la société... Or, ceux-ci peuvent abuser
des biens et du crédit de la société, de même qu’ils peuvent porter atteinte au droit des associés
de participer à la vie sociale. Cela peut les mener à se livrer à des détournements de biens de la
société dont ils ont la charge de diriger.

Au vu de cela, les sanctions pénales prévues pour ces différentes infractions sont les suivantes
: pour ceux qui auront sciemment négocié des actions non entièrement libérées, des actions en
numéraire pour lesquelles le versement du quart du nominal n’a pas été effectué, ils risquent un
emprisonnement d’un mois à trois mois et une amende de 250.000 à 1.000.000 FCFA ou une
de ces peines.

De même, les dirigeants sociaux qui, en l’absence d’inventaire ou au moyen d’inventaire


frauduleux auront sciemment opéré entre les actionnaires ou les associés la répartition de
dividendes fictifs se soumettent à un emprisonnement d’un an à cinq ans et une amende de
500.000 à 5.000.000 FCFA.

Les dirigeants sociaux qui auront publié ou présenté aux actionnaires ou associés, même en
l’absence de toute distribution de dividendes, en vue de dissimuler la véritable situation de la
société, des états financiers de synthèse ne donnant pas, pour chaque exercice, une image fidèle
des opérations de l’exercice, de la situation financière et de celle du patrimoine de la société, à
l’expiration de cette période s’exposent à un emprisonnement d’un an à cinq ans et une amende
de 500.000 à 5.000.000 FCFA.

Les dirigeants sociaux qui n’ont pas déposé, dans le mois qui suit leur approbation, les états
financiers de synthèse risquent un emprisonnement d’un mois à trois mois et une amende de
250.000 à 1.000.000 FCFA ou une de ces peines.

Il faut ajouter à cela que le gérant de la société à responsabilité limitée, les administrateurs,
le président-directeur général, le directeur général, le directeur général adjoint, le président de
la société par actions simplifiée, l’administrateur général ou l’administrateur général adjoint
qui, de mauvaise foi, font des biens ou du crédit de la société, un usage qu’ils savent contraire
à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles, matérielles ou morales, ou pour favoriser une
autre personne morale dans laquelle ils sont intéressés, directement ou indirectement pourraient
être condamné à un emprisonnement d’un an à cinq ans et une amende de 500.000 à 5.000.000
FCFA.

Quant aux dirigeants sociaux qui ne font pas figurer la dénomination sociale sur tous les actes
et documents émanant de la société et destinés aux tiers ou ne font pas précéder ou suivre
immédiatement la dénomination de l’indication, en caractères lisibles, de la forme de la société,
du montant de son capital social, de l’adresse de son siège social et de la mention de son
immatriculation au Registre du commerce et du crédit mobilier ; et tout ceci d’une manière
intentionnelle, s’exposent à une amende de 250.000 à 1.000.000 FCFA.

D’une manière générale, nous pouvons dire que les causes de cette responsabilité pénale
relèvent soit de la violation de la loi (infraction prévue à l’article 891 AUSCGIE c’est-à-dire le
fait pour le dirigeant d’une SARL de faire, de mauvaise foi, des biens ou du crédit de la société
un usage contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles, matérielles ou morales) soit de
la violation des statuts, soit des fautes commises dans leur gestion (répartition de dividendes
fictifs, publication ou présentation aux associés d’une fausse image des opérations de
l’exercice). Ainsi, le juge compétent en matière commerciale doit déterminer la part de
contribution de chaque dirigeant s’ils ont été plusieurs à coopérer aux mêmes faits. Les associés
représentant le 1/4 des associés et le 1/4 des parts sociales peuvent, au-delà de l’action en
réparation du préjudice subi personnellement, intenter l’action sociale soit individuellement,
soit en se regroupant. Si l’action sociale réussit, on doit allouer à la société des dommages et
intérêts.

Toutefois, les dirigeants sociaux ne sont pas laissés à leur propre sort. En d’autres termes, ces
derniers bénéficient de prérogatives dont ils peuvent disposer dès lors que les procédures sont
entamées.

II- Les garanties procédurales accordées aux dirigeants sociaux

Il est important de notifier que, lors du procès, il est accordé au dirigeant social fautif quelques
prérogatives (A). Également, il peut opter pour des voies de recours, selon le cas, s’il n’est pas
satisfait de la décision prise à son égard (B).

A- Les prérogatives lors du procès

Par prérogatives accordées aux dirigeants sociaux, nous faisons référence à divers pouvoirs
tels que le droit à la défense, le droit à l’information, la présomption d’innocence, entre autres.
En effet, les dirigeants sociaux ont le droit de se défendre et de faire valoir leur point de vue,
avec l'assistance d'un avocat si nécessaire. De surcroit, ils ont droit à un délai raisonnable pour
préparer leur défense et pour présenter leur point de vue au cours du procès. De plus, il y a le
droit d'être informé. Les dirigeants sociaux ont le droit d'être informés des charges retenues
contre eux, des éléments de preuve qui seront présentés au cours du procès, et de toutes les
étapes du procès. Les dirigeants sociaux ont droit à une procédure régulière et équitable, qui
respecte les principes fondamentaux de la justice, tels que l'égalité des parties et le droit à un
recours effectif.

Ils ont des prérogatives supplémentaires, qui peuvent être résumées comme suit : les
dirigeants sociaux sont présumés innocents jusqu'à preuve du contraire. Cela signifie que la
charge de la preuve incombe à l'accusation, qui doit démontrer la culpabilité des dirigeants
sociaux au-delà de tout doute raisonnable. Garder le silence est aussi un de leur droit et de ne
pas se rendre eux-mêmes coupables. Ils ne sont pas tenus de fournir des éléments de preuve ou
des renseignements qui pourraient être utilisés contre eux. Le droit d'être présents à toutes les
étapes du procès, y compris lors des interrogatoires et de la présentation des témoins. Si les
dirigeants sociaux sont reconnus coupables, ils ont droit à une peine proportionnelle à la gravité
de l'infraction commise. Ils ne doivent pas être soumis à des peines excessives ou arbitraires. Il
est important de noter que le droit OHADA est applicable dans les pays d'Afrique de l'Ouest et
du Centre qui ont ratifié le Traité OHADA, et que les règles de procédure peuvent varier selon
les juridictions.

B- Les voies de recours

On désigne par "voies de recours" l'ensemble des procédures destinées à permettre un nouvel
examen de la cause, soit que la procédure ait été irrégulièrement suivie, soit que le juge n'ait
pas tenu compte d'un élément de fait présenté par la partie, soit que le jugement n'ait pas été
motivé ou ait été insuffisamment motivé, soit qu'il contienne une erreur de droit. Le recours est
porté devant une juridiction hiérarchiquement supérieure à celle qui a rendu la décision
critiquée. En cas de responsabilité pénale, les dirigeants sociaux disposent de plusieurs voies
de recours en droit OHADA. Les dirigeants peuvent en effet demander la nullité de la
procédure. On parle de nullité de la procédure lorsque celle-ci a été entachée d'irrégularités ou
de vices de formes, Dans ce cas, les dirigeants sociaux peuvent demander l'annulation de la
procédure. Cette voie de recours peut être utilisée dès le début de la procédure pénale. De même,
il peut former un pourvoi en cassation, qui constitue une voie de recours permettant de contester
une décision de justice que l’on estime contraire à la loi ou lorsque la procédure n'a pas été
respectée. Ce recours est ouvert aux parties condamnées comme aux non condamnés.
Également, ils ont la possibilité de demander la révision de la décision. Celle-ci permet de
demander, dans des cas très limités, à réexaminer une décision définitive, en raison de nouveaux
éléments. Dès lors, une nouvelle décision remplace la décision attaquée, on parle de rétractation
du jugement. Ainsi, si les dirigeants sociaux découvrent des éléments nouveaux qui n'ont pas
été pris en compte lors du procès, ils peuvent demander la révision de la décision. Cette
demande doit être adressée à la juridiction qui a rendu la décision. En dernier lieu, ils peuvent
recours à la grâce présidentielle qui est une suppression ou une réduction de sanction pénale
accordée par le président de la République. Si le président de la République n'a pas le pouvoir
d'effacer une condamnation, il peut toutefois réduire ou remplacer la peine.

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