Vous êtes sur la page 1sur 10

L’objectif de cet article est de faire un tour d’horizon des lois en matière

de responsabilité des dirigeants des sociétés commerciales au Maroc.


L’accent est mis sur la responsabilité pénale.

Les lois sur les différentes sociétés commerciales au Maroc ont connu des
réformes législatives. En effet, l’objectif de ces réformes est de mettre à
jour le droit des sociétés au Maroc. Ainsi, ces réformes ont permis de
placer le droit des sociétés dans un nouveau système économique
mondial.

En matière de responsabilité des dirigeants, les règles légales au


Maroc sont édictées notamment par les lois :

 17-95 relatives aux sociétés anonymes


 5-96 sur la SARL (et autres formes de sociétés)

Le code pénal, prévoit également un certain nombre de sanctions.

On va traiter dans un premier lieu les personnes susceptibles d’être


pénalement responsables dans chaque type de société (I) et ensuite,
exposer les infractions les plus courantes dans le dans la vie des affaires
(II).

Responsabilité des dirigeants – Qui


est concerné ?
La loi a prévu des sanctions pénales pour les dirigeants des sociétés
lorsqu’ils commettent une infraction.

Par dirigeant de société, il faut entendre :

 D’abord, dans la SARL: le gérant


 Ensuite, dans la S.A: les membres du conseil
d’administration et son président
 En outre, les membres des directoires et des conseils de
surveillance sont concernés
 Enfin, de manière générale: toute personne ayant le pouvoir
d’engager ou de représenter la société

Les dirigeants, du fait qu’ils disposent des pouvoirs pour agir au nom
de la société, engagent par leurs actes leurs responsabilités tant
civiles que pénales.
Dans cette partie, nous allons exposer les différents dirigeants selon
les différentes sociétés commerciales existantes.

Responsabilité des dirigeants de sociétés anonymes

Tout d’abord, il est important de préciser qu’il existe une distinction


entre la société anonyme à conseil d’administration et la société
anonyme à directoire. La responsabilité des dirigeants est engagée,
comme explicité ci-dessus, dans les deux cas.

Responsabilité des dirigeants de la société anonyme à


conseil d’administration

En principe, dans ce genre de société, le président du conseil


d’administration se charge de la direction de l’entreprise. De ce fait,
il est pénalement responsable.

Mais selon la loi 17-95, il y a des infractions (telles que l’abus de


bien sociaux ou l’absence de comptes annuels ou encore la
distribution de dividendes fictifs…) qui tiennent pour responsables
non seulement le président du conseil d’administration, mais aussi
ses autres membres, le président et les directeurs généraux
extérieurs au conseil.

Cependant, l’on se demande, pour chaque infraction, si la


responsabilité engagée serait celle du directoire ou du conseil de
surveillance, ou bien les deux. Le conseil de surveillance ne
participe pas à la gestion et n’assume aucune fonction de direction,
donc il ne peut répondre d’aucune responsabilité quelconque et
ainsi, seuls les membres du directoire devraient être concernés.

Néanmoins, en France, il existe une limite qui laisse penser que les
membres du conseil de surveillance seraient eux aussi responsables
dans le cas où ils s’immiscent dans la gestion de la société ou se
seraient comportés comme des dirigeants de faits ou co-auteurs,
voir complices d’une infraction. Par exemple si, avec leur rôle de
contrôle, ils ont laissé passer un délit réalisé par les membres du
directoire.
Responsabilité des dirigeants dans les autres formes
de sociétés

Dans les autres types de sociétés, c’est-à-dire les sociétés en noms


collectifs, les sociétés en commandites simples ou par actions, les
sociétés à responsabilité limitée et les sociétés en participation, ce
sont les gérants qui sont responsables de la gestion de la société.
Par conséquent, selon la loi 5-96, les sanctions pénales sont à leurs
charges.

Société à responsabilité limitée : S.A.R.L

La notion de responsabilité limitée ne s’applique pas à la


responsabilité des dirigeants. Elle se limite à la responsabilité
financière des apporteurs (associés).

En effet, la même règle est applicable dans les SARL à associé


unique : les sanctions pénales envisagées par la loi pour le gérant
de la SARL s’appliquent de la même manière au gérant de la SARL à
associé unique.

En cas de pluralité de gérants dans la SARL, il y a une pluralité de


gérants pénalement responsables.

Société en nom collectif : S.N.C

Dans la SNC, le ou les gérants qui peuvent être pénalement


responsables sont le gérant associé ou le gérant non associé. En
cas de pluralité de gérants, ils sont indépendamment responsables.
Les mêmes règles sont applicables aussi dans les sociétés en
commandite simple.

Société en commandite par action : S.C.A

Pour ce qui est de la société en commandite par actions, la loi (art


32 de la loi 5-96) distingue deux types de gérants :

– Le ou les premiers gérants qui sont désignés par les statuts pour
accomplir les formalités de constitution (les fondateurs dans les
sociétés anonymes)
– Les autres gérants au cours de l’existence de la société sont
désignés par l’assemblée générale ordinaire des actionnaires avec
l’accord de tous les associés commandités

Cette distinction est utile dans la mesure où elle permet de fixer la


responsabilité pénale du dirigeant de la société selon qu’il est
gérant fondateur ou gérant postérieurement à la date de création de
la société.

Le premier gérant engage sa responsabilité en ce qui concerne les


infractions relatives à la constitution de la société. Et pour le gérant
postérieur à la constitution, sa responsabilité est engagée dans le
cas contraire.

Aussi, dans ce type de sociétés commerciales, il arrive que les


pouvoirs du dirigeant soient délégués à d’autres personnes. Qu’en
est-il alors ?

Responsabilité des dirigeants en cas de délégation des


pouvoirs

Il arrive que le ou les dirigeants d’une entreprise n’aient pas le


temps d’assurer leurs pouvoirs de direction. Il est alors possible de
déléguer à une autre personne le pouvoir d’accomplir certains actes
bien précis au nom de la société. Dans ce cas, qui est pénalement
responsable en cas d’infraction ?

Déléguer ses pouvoirs à une tierce personne n’exonère nullement le


dirigeant de la totalité de sa responsabilité. Il peut être aussi
pénalement responsable des actes accomplis par la personne
déléguée. Bien qu’il n’y ait pas de formalisme précis pour déléguer
une personne, le faire par écrit reste conseillé. Le contenu de cet
écrit doit être clair et précis pour qu’il puisse constituer, en cas de
litige, une preuve valable. En outre, pour ce qui est du délégataire, il
doit forcément appartenir à l’entreprise et il ne doit pas avoir une
fonction trop éloignée de celle du dirigeant pour être valable.
Cas particulier : les dirigeants de fait

Les dirigeants de fait sont définis dans la loi comme étant les
personnes qui exerce la direction, l’administration ou la gestion de
la société. Cette direction peut s’exercer soit directement soit par
personne interposée. Directeur de fait, une personne différente de
celle que laissent entrevoir les documents juridiques.

Ces personnes, au même titre que les dirigeants de droit ayant


commis des infractions, sont pénalement responsables selon
l’article 374 de la loi 17-95 et selon l’article 100 de la loi 5-96.

En définitive, les dirigeants de droit ainsi que les dirigeants de fait


sont pénalement responsables des infractions commises. Mais de
quel type d’infractions sont-t ’ils responsables ?

Les infractions courantes dans la vie


des affaires
Le dirigeant d’une société commerciale a des obligations qu’il doit
honorer. Les pouvoirs qui lui sont conférés revêtent une telle
importance que les conséquences d’une infraction sont parfois
extrêmes.

Il existe une liste exhaustive des infractions relatives aux sociétés


commerciales. Il y a des infractions relatives à la constitution de la
société, celles relatives à la gestion et au contrôle de la société, et
celles liées à la liquidation et à la dissolution de la société.

Certaines de ces infractions sont directement commises par les


dirigeants et engagent par conséquent leurs responsabilités
pénales. Les infractions les plus fréquentes sont : les infractions
relatives aux formalités de constitution de la société commerciale,
l’abus de biens sociaux, la distribution des dividendes fictifs et aussi
la banqueroute.
Elément légal de l’infraction

En vertu de l’article 420 de la loi n° 17-95 relative aux sociétés


anonymes et de l’article 108 de la loi n° 5-96 relative aux autres
sociétés commerciales, tout fondateur, administrateur, directeur
général, directeur général délégué, membre du directoire qui n’a pas
entrepris, dans les délais légaux, les mesures suivantes :

Le dépôt au greffe du tribunal de pièces ou d’actes requis (pas de


délai pour les SA et 30 jours pour les autres SC à compter de la
constitution (signature des statuts))

La publicité prévue par la loi relative aux sociétés commerciales (30


jours à compter de l’immatriculation de la société)

Elément matériel de l’infraction

Ces délits peuvent être constitués aussi bien au moment de la


constitution de la société qu’au moment de modification des statuts
et même à tout moment lorsqu’il est requis d’entreprendre d’autres
opérations exigeant les formalités de dépôt de pièces au greffe du
tribunal.

Leurs éléments matériels consistent en l’abstention d’exécuter les


obligations prévues par la loi.

Elément moral de l’infraction

Pour ce qui est de l’élément moral, ces infractions n’en requièrent


aucun. L’omission de ces deux obligations prévues par la loi
constituent des délits sans avoir à prouver l’intention délictuelle.

Les peines encourues : La peine correspondant au délit d’omission


de dépôts de pièces ou d’actes au RC et au délit de défaut de
publicité relative à la constitution de la société anonyme et à celle
des autres sociétés commerciales, est, actuellement, une amende
allant de 10.000 à 50.000 dirhams.
Elément légal de l’infraction

Cette infraction est prévue dans l’article 384-3 de la loi 17-95


relative aux sociétés anonymes et dans l’article 107-3 de la loi 5-96
relative à la SARL.

Elément matériel de l’infraction

L’élément matériel de cette infraction se compose de trois parties :

 Un usage de biens ou de crédits de la société à des fins


personnelles en recourant à des actes d’administration ou de
disposition
 Un usage de biens contraire aux « intérêts économiques » de la
société
 Des actes de dirigeants contraires à l’intérêt social ne sont
punissables que si ces dirigeants ont agi à des fins personnelles
ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils
sont directement ou indirectement intéressés
Elément moral de l’infraction

S’agissant de l’élément moral, l’intention frauduleuse est un élément


obligatoire pour constituer ce délit. ( mauvaise foi )

Les peines encourues : Les responsables d’infractions d’abus de


biens sociaux dans la société anonyme encourent une peine
d’emprisonnement de 1 mois à 6 mois et une amende de 100.000 à 1
MDH DH ou l’une de ces deux peines seulement. Pour les gérants
des autres sociétés commerciales la loi prévoit :

 un emprisonnement d’un à six mois


 et une amende pouvant aller de 10 000 à 100.000 DH.

5- Responsabilité pénale des dirigeant au maroc : le


délit de banqueroute

La banqueroute se caractérise par des faits de gestion frauduleuse.


La loi conditionne les poursuites pénales par l’ouverture préalable
d’une procédure de traitement.

C’est le fait pour tout commerçant en état de cessation de paiement


qui, soit par négligence ou de manière intentionnelle, a accompli des
actes coupables de nature à nuire ses créanciers.
Donc, le délit de banqueroute doit réunir deux conditions à savoir :
avoir la qualité de commerçant et être en état de cessation de
paiement (situation dans laquelle une entreprise n’arrive pas à faire
face à son passif exigible avec son actif disponible).

Eléments constitutifs de la banqueroute :

Elément légal de l’infraction

Le code pénal ainsi que le code de commerce ont prévu dans leur
texte la banqueroute comme infraction. En effet, la loi prévoit des
sanctions dans les articles 556 à 569 du code pénal et dans les
articles 754 à 756 du code de commerce.

Elément matériel de l’infraction

La banqueroute suppose la réunion de deux éléments à savoir :

 L’existence d’une procédure de redressement ou de liquidation


judiciaire
 Et l’existence d’un comportement répréhensible par la loi.

Le code de commerce reconnaît comme coupable les dirigeants


d’une entreprise qui ont commis certains faits frauduleux tels que:

 Détourner ou dissimuler tout ou partie de l’actif du débiteur


 Frauduleusement augmenter le passif du débiteur
 Tenir une comptabilité fictive
 Faire disparaître des documents comptables de l’entreprise ou de
la société
 S’être abstenu de tenir toute comptabilité lorsque la loi en fait
l’obligation. Etc…

Le code pénal marocain prévoit que certains faits engagent la


responsabilité pénale des dirigeants si ces derniers les ont commis
frauduleusement. C’est le cas notamment si le dirigeant a :

 Soustrait sa comptabilité
 Détourné ou dissipé tout ou partie de l’actif
 Reconnu débiteur de sommes qu’il ne devait pas
Elément moral de l’infraction

La banqueroute peut être une infraction intentionnelle ou non. Dans


tous les cas, le code pénal punit cet acte de nature à nuire les
créanciers.
Même en cas d’absence d’intention coupable, le juge avec son
pouvoir discrétionnaire, peut qualifier certains faits de banqueroute.

Les peines encourues : Un emprisonnement de 1 an à 5 ans et/ou


d’une amende de 10.000 à 100.000 dirhams selon le code de
commerce. Et selon le code pénal, un emprisonnement de 3 mois à 3
ans pour la banqueroute simple. Pour la banqueroute frauduleuse, un
emprisonnement de 3 ans à 5 ans)

Conclusion
En définitive, la loi au Maroc confère aux dirigeants des entreprises
une place importante dans la mise en œuvre du dispositif pénal qui
accompagne la naissance, le fonctionnement de l’entreprise qu’elle
soit in bonis ou en difficulté. Ces dirigeants sont concernés, qu’ils
soient de fait ou de droit, du fait de leur rôle important au sein de
l’entreprise. Ainsi, ils doivent faire attention aux actes qu’ils
accomplissent car en cas d’infraction, ils engagent leur
responsabilité pénale.

PLAN

1- les personnes susceptibles d’être pénalement


responsables dans chaque type de société

1- Responsabilité des dirigeants de sociétés


anonymes

2- Responsabilité des dirigeants dans les autres


formes de sociétés

2- Les infractions courantes dans la vie des affaires


1- Les infractions relatives aux formalités de
constitution de la société

2- celles relatives à la gestion et au contrô le et à la


liquidation de la société

Vous aimerez peut-être aussi