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Royaume du Maroc

Université Abdelmalek ESSAÂDI


Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales
- Tanger -

Master Droit International des Affaires

Temps aménagé

MODULE : DROIT PENAL DES AFFAIRES

LES INFRACTIONS RELATIVES A LA CONSTITUTION


DES SOCIETES
Présenté par : Encadré par :

BOUKDIDI LAMIAA Pr. MAATOUK SALAH EDDINE

MBARKA SARA

BELHAJ Nawal

BOUGHALLAD SALMA

BOUIFDEN ABDELHAKIM

Année Universitaire : 2023 – 2024


PLAN

INTRODUCTION

PARTIE I : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX FORMALITES DE


DEPOT ET DE LA PUBLICITE

SECTION I : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX FORMALITES


DE DEPOT

SECTION II : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX FORMALITES


DE PUBLICITE
SECTION III : LE DEFAUT D'INDICATION DE CERTAINES
MENTIONS SUR LES DOCUMENTS DE LA SOCIETE

PARTIE II : LES INFRACTIONS LIEES AUX COMPTES SOCIAUX ET


AU CAPITAL SOCIAL

SECTION I : LES INFRACTIONS RELATIVES A LA


SOUSCRIPTION ET AU VERSEMENT DU CAPITAL

SECTION II : LES INFRACTIONS LIEES A LA SUREVALUATION


DES APPORTS EN NATURE

SECTION III : LES INFRACTIONS LIEES A L’EMISSION DES


ACTIONS

CONCLUSION

2
INTRODUCTION

La responsabilité pénale d’une personne est engagée lorsqu’elle commet


une infraction à la loi sanctionnée par une peine (amende, emprisonnement …)
laquelle infraction comprend trois éléments :

- Un élément légal : l’infraction doit être prévue par une


disposition légale.
- Un élément matériel : il s’agit du comportement humain, de
la manifestation extérieure de l’infraction (par une action ou une
omission).
- Un élément moral : il s’agit de l’intention ou de la volonté de
commettre l’infraction.

Ce sont évidemment ces mêmes principes qui président au régime


juridique de la responsabilité pénale en droit des affaires et plus précisément de
la responsabilité pénale des sociétés.

Les personnes morales, à l’exception de l’Etat sont responsable


pénalement (en tant qu’auteur ou complices) des infractions commises par leur
compte, par leur organe ou représentants 1.

Dans ce contexte on peut analyser l’infraction relative à la responsabilité


pénale de la personne morale « société » en respectant que l’infraction doit avoir
été commise par un organe ou représentant de la personne morale 2.

 L’organe : la signification de l’organe en droit des sociétés «


une personne ou une collectivité de personne dont l’existence découle
d’une prescription légale et qui est conçue comme une partie intégrale de
la personne morale » d’autres auteurs avancent que l’organe vise « la

1 Paul Blanc François code pénale annoté, ministère de la justice 1996-page 65


2 Droit Pénal des sociétés, Rachid LAZRAK, page 37

3
personne ou la collectivité chargé légalement ou contractuellement de
prendre des décisions au nom de la personne morale »

En ce qui concerne les sociétés anonymes le titre intitulé sanctions pénales


de la loi 17.95 sur les sociétés anonymes mentionne « les membres des organes
d’administration, de direction ou de gestion »et qui sont3 :

« Dans les sociétés anonymes à conseil d’administration, les membres du


conseil d’administration y compris, le président et les directeurs généraux
extérieurs au conseil ; ensuite, « dans les sociétés anonymes à directoire et à
conseil de surveillance, les membres de ces organes »

 Les représentants : en effet le président du conseil d’administration


est élu par ce dernier « en son sein » pour une durée qui ne peut excéder celle de
son mandat d’administration (article 63 de la loi 17.95) et dispose pour
l’exercice de la fonction de direction général et de représentation de la société
dans ses rapports avec les tiers, des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstances au nom de la société »
 La notion « pour son compte » : l’expression pour son compte est
complexe et se compose de plusieurs éléments dont la notion de profit fait partie
intégrante, c’est pourquoi le juge doit imputer les faits à la personne morale,
rechercher si les fait sont été commises « pour son compte » c'est-à-dire outre la
possibilité du profit, si les structures de la personne morale ou si son
organisation fonctionnelle ont permis la commission de l’infraction 4.

La 17.95 (l’article 373-424) intitulé « disposition pénale » a été largement


modifié complété par la loi 20-05 qui a supprimé certaine dispositions et
expressions, et allégé certaines sanctions, notamment substitution de peine
privatives de liberté par des peines pécuniaires (amendes).

3
L’article 373 de la loi 17.95

4
Donnedieu de Vabres, il s’agit en quelque sorte d’une responsabilité pénale reflet, supposant un substratum-humain,
président ou directeur général

4
Ce titre constitue un véritable code pénal des sociétés. Le nombre
d’infraction susceptible d’être commise à l’occasion de la constitution, du
fonctionnement et de la dissolution et liquidation des sociétés.

Cette nouvelle loi a pour objectif principal ; de faciliter et de simplifier les


procédures de constitution et de fonctionnement des sociétés anonymes. Par
ailleurs, cette modification législative vise l’amélioration du climat des affaires
pour faire du Maroc une destination favorable aux investissements.

Les infractions relatives aux sociétés commerciales peuvent être


commises tout au long des différentes étapes de la vie sociales. On doit traiter
dans cet exposé les infractions relatives à la constitution des sociétés.

La Problématique : quelles sont donc les différents aspects des


infractions relatives à la constitution des sociétés et quelles sont les
sanctions y afférentes ?

5
PARTIE I : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX FORMALITES DE
DEPOT ET DE LA PUBLICITE :
En droit marocain des affaires, au terme de l’article 420, sans préjudice de
l’application de législation particulière notamment celle relative aux
informations exigées des personnes morales faisant appel public à l’épargne,
sera sanctionné, tout fondateur, administrateur, directeur général, directeur
général délégué ou membre du directoire qui ne procède pas dans les délais
légaux :

Soit à un ou plusieurs dépôts de pièces ou actes au greffe du tribunal ;

Soit à une ou plusieurs mesures de publicité prévues par la loi aux SA.

Ces infractions peuvent être des infractions d’omission qui correspondent


au non-respect de certaines formalités devant à l’acquisition par la société de la
personne morale.

Il s’agit par exemple du refus de dépôt des pièces ou actes au registre de


commerce, le défaut de publicité prévu par la loi ou encore l’omission de
certaines mentions sur les documents de la société.

Le droit pénal des sociétés commerciales oblige les fondateurs de déposer


certains documents auprès du greffe du tribunal. Ensuite, de faire un avis de
publicité signé par un notaire ou le fondateur après avoir procédé à
l’immatriculation au registre du commerce.

SECTION 1 : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX FORMALITES DE


DÉPÔT

A. Dispositions Générales

La création de société est une étape primordiale, ce qui rends ses


formalités un pas d'amont qui accompagne tout le chemin d'une firme, c'est pour
ça que l'État met en œuvre un ensemble de procédures juridiques et
administratives qui vont gérer et suivre le processus de création de cette

6
dernière. Dans ce sens, la loi exige un ensemble des conditions de forme à
respecter et plus particulièrement celles relatives aux statuts.

Selon l’article 11 de la loi 17-95 le contrat de société appelé statuts, doit


être établi par un support écrit qui peut être soit un acte authentique soit un acte
sous seing privé. Si les statuts sont établis par acte sous seing privé, il en est
dressé autant d’originaux qu’il est nécessaire pour le dépôt d’un exemplaire au
siège social et l’exécution des diverses formalités de publicité. Entre
actionnaires les statuts sont la loi des parties et par conséquence aucun moyen de
preuve n’est admis contre leur contenu.

Tout dépôt d’actes ou de pièces est fait au greffe du tribunal auprès duquel
le registre du commerce est tenu (article 13 de ladite loi 17-95).

L’immatriculation de la S.A. au registre de commerce local est assurée par


le secrétariat greffe du tribunal de commerce dans le ressort duquel est situé le
siège social de la société. Les attestations justifiant que la société est
immatriculée au registre de commerce sont délivrées par l’administration
compétente (article 34 de la loi 78-12).

Aux termes de l’article 18 de la loi 17-95 les statuts doivent être signés
par tous les actionnaires soit en personne, soit par mandataire justifiant d’un
pouvoir spécial. Ces statuts signés par les fondateurs sont déposés au greffe du
tribunal dans le ressort duquel se trouve le siège de la société en formation ou à
l'étude d'un notaire Si la société fait publiquement appel à l'épargne (Article 19).
Aussi Le rapport du ou des commissaires aux apports est déposé au siège social
et au greffe et tenu à la disposition des futurs actionnaires cinq jours au moins
avant la signature des statuts par lesdits actionnaires. Si la société fait
publiquement appel à l'épargne, ce rapport est déposé avec les statuts dans les
conditions prévues à l'article 19. Un exemplaire dudit rapport est remis au
conseil déontologique des valeurs mobilières selon les modalités fixées par ce
dernier (Article 26).

7
L’article 31 du code des sociétés anonymes prévoit une liste des pièces
que les fondateurs et les premiers membres des organes d’administration, du
directoire et du conseil de surveillance sont tenus de déposer au greffe à savoir :

1) L’original ou une expédition des statuts ;


2) Une expédition du certificat de souscription et de versement
des fonds indiquant les souscriptions au capital social ainsi que la part
des actions libérée par chaque actionnaire ;
3) La liste légalisée des souscripteurs indiquant, outre leur
prénom, nom, nationalité, qualité et profession, le nombre des actions
souscrites et le montant des versements effectués par chacun d’eux ;
4) Le rapport du commissaire aux apports, le cas échéant ;
5) Une copie du document de désignation des premiers
membres des organes d’administration, de gestion ou de direction et
des premiers commissaires aux comptes, lorsque ladite désignation
intervient par acte séparé.

Aussi, l’article 37 ajoute que sont soumis aux mêmes conditions de dépôt
:

- tout acte, délibération ou décision ayant pour effet la modification


des statuts, à l'exception du changement des administrateurs, des membres du
conseil de surveillance et des commissaires aux comptes initialement désignés
dans ces statuts ;

- tout acte, délibération ou décision constatant la dissolution de la


société avec l'indication des prénoms, nom, domicile des liquidateurs ainsi que
du siège de la liquidation ;

- toute décision judiciaire prononçant la dissolution ou la nullité de


la société ;

- tout acte, délibération ou décision constatant la clôture de la


liquidation.

8
B. Les Infractions Relatives Aux Formalités De Dépôt
Multiples sont les articles qui traitent la non-conformité aux dispositions
générales relatives au dépôt des documents de la constitution des sociétés, et la
considèrent comme infractions.

Les dispositifs de l’article 420 5 du DAHIR N° 1-96-124 (14 RABII II


1417)6 considère comme infraction, le non dépôt dans les délais légaux soit à un
ou plusieurs pièces ou d'actes au greffe du tribunal, par tout fondateur,
administrateur, directeur général, directeur général délégué ou membre du
directoire.

Dans le même sens, l’article 108 de la Loi 5-967 considère que le non
dépôt dans les délais légaux à un ou plusieurs dépôts des pièces ou actes au
greffe du tribunal comme infraction sanctionnée.

De même, Loi n° 15-95 formant code de commerce considère comme


infraction :

- Tout commerçant, tout gérant ou membre des organes


d’administration, de direction ou de gestion d’une société commerciale, tout
directeur d’une succursale ou d’une agence d’un établissement ou d’une société
commerciale, qui n’ont pas procédé à se faire immatriculer au registre du
commerce, qui ne requiert pas dans les délais prescrits les inscriptions
obligatoires (Article 62). Dans le même sens, l’article 63 confirme que Le
tribunal ordonne que l’inscription omise sera faite dans un délai de deux mois.
Si, dans ce délai, elle n'a pas été opérée, une nouvelle amende peut être
prononcée. Dans ce dernier cas, s'il s'agit de l’ouverture d’une succursale ou
d’une agence d’un établissement situé en dehors du Maroc, le tribunal peut

5
(Modifié par l'article 1er de la loi n° 20-05 promulguée par le dahir n° 1-08-18 du 23 mai 2008 - 17 joumada I
1429 ; B.O. n° 5640 du 19 juin 2008). [modifié et complété par l’article premier de la loi 78-12]
6
portant promulgation de la LOI N° 17-95 RELATIVE AUX SOCIETES ANONYMES (Modifié et complété par les lois
81-99, 23-01, 20-05, 78-12)
7
(sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la
société à responsabilité limitée et la société en participation)
9
ordonner la fermeture de cette succursale ou agence jusqu'au jour où la formalité
omise aura été remplie.

- Toute indication inexacte donnée de mauvaise foi en vue de


l’immatriculation ou de l’inscription au registre du commerce (Article 64).

C. Les Sanctions Relatives Aux Infractions Des Formalités De Dépôt


Toute infraction génère une sanction, c’est pour cela il existe une
multitude des lois qui édictent des sanctions en fonction des infractions
commises.

L’article 373 de la loi 17-958, commence par la précision des


personne concernées par les articles en relation avec les sanctions aux
infractions relatives à la constitution de sociétés, et il ajoute que l'expression "
membres des organes d'administration, de direction ou de gestion désigne :

- dans les sociétés anonymes à conseil d'administration, les


membres du conseil d'administration y compris, le président et les directeurs
généraux extérieurs au conseil et les directeurs généraux délégués ;

- dans les sociétés anonymes à directoire et à conseil de


surveillance, les membres de ces organes selon leurs attributions respectives.

Dans le même contexte, l’article 374 ajoute que ces dispositions


sont aussi applicables à toute personne qui, directement ou par personne
interposée, aura, en fait, exercé la direction, l'administration ou la gestion de
sociétés anonymes sous le couvert ou aux lieu et place de leurs représentants
légaux.

Une autre précision qui porte la même loi, c’est que les sanctions
prévues au présent titre sont portées au double en cas de récidive (est en état de
récidive quiconque ayant fait précédemment l'objet d'une condamnation par
jugement ayant acquis la force de la chose jugée à une peine ou à une amende,
commet le même délit moins de 5 ans après l'expiration de cette peine ou de sa

8
tel que Modifié par l'article 1er de la loi n° 20-05promulguée par le dahir n° 1-08-18 du 23 mai 2008 - 17
joumada I 1429
10
prescription) dans son article 3759, et que les amendes prévues par la présente loi
ne peuvent être réduites au-dessous du minimum légal et le sursis ne peut être
ordonné que pour les peines d'emprisonnement, dans son Article 377 10.

L’article 42011 du DAHIR N° 1-96-124 (14 RABII II 1417)12


précise que, sans préjudice de l'application de législations particulières,
notamment celle relative aux informations exigées des personnes morales faisant
appel public à l'épargne, sera puni d'une amende de 10.000 à 50.000 dirhams,
tout fondateur, administrateur, directeur général, directeur général délégué ou
membre du directoire qui ne procède pas dans les délais légaux soit à un ou
plusieurs dépôts de pièces ou d'actes au greffe du tribunal. Toutefois, les
personnes susvisées précédemment peuvent déposer ces documents dans un
délai supplémentaire de 2 mois. Ce dépôt est assorti du paiement d'une pénalité
de retard de 5.000 dirhams auprès du trésor public conformément au code de
recouvrement des créances publiques sur titre exécutoire émis par le président
du tribunal compétent.

Par les même sanctions, et d’après la Loi n° 5-96 sur la société en nom
collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par actions,
la société à responsabilité limitée et la société en participation dans son article
108 : Seront punis d'une amende de 10.000 à 50.000 dirhams, les dirigeants qui
n'auront pas procédé dans les délais légaux à un ou plusieurs dépôts des pièces
ou actes au greffe du tribunal ou qui n'auront pas procédé à une ou plusieurs
formalités de publicité prévues dans la présente loi.

Aussi, loi n° 15-95 formant code de commerce dans ses articles 62, 63, 64
et 67 trait les sanctions relatives au infractions liées au dépôt des pièces ou tous
actes de la contrition des sociétés commerciales

9
:(Modifié par l'article 1er de la loi n° 20-05 promulguée par le dahir n° 1-08-18 du 23 mai 2008 - 17 joumada I
1429 ; B.O. n° 5640 du 19 juin 2008)
10
Par dérogation aux dispositions des articles 55, 149 et 150 du Code pénal
11
(Modifié par l'article 1er de la loi n° 20-05 promulguée par le dahir n° 1-08-18 du 23 mai 2008 - 17 joumada I
1429 ; B.O. n° 5640 du 19 juin 2008). [modifié et complété par l’article premier de la loi 78-12]
12
portant promulgation de la LOI N° 17-95 RELATIVE AUX SOCIETES ANONYMES (Modifié et complété par les
lois 81-99, 23-01, 20-05, 78-12)

11
Aux termes de l’article 62, à l' expiration d' un délai d' un mois à compter
de la mise en demeure adressée par l' administration, encourt une amende de 1
000 à 5 000 dirhams tout commerçant, tout gérant ou membre des organes d'
administration, de direction ou de gestion d' une société commerciale, tout
directeur d' une succursale ou d' une agence d' un établissement ou d' une société
commerciale, tenu par les dispositions de la présente loi à se faire immatriculer
au registre du commerce, qui ne requiert pas dans les délais prescrits les
inscriptions obligatoires.

Aux termes de l’article 63, l’amende est prononcée par le tribunal dans le
ressort duquel se trouve l’intéressé sur réquisition du magistrat chargé de la
surveillance du registre du commerce, l’intéressé entendu ou dûment convoqué.
Le tribunal ordonne que l’inscription omise sera faite dans un délai de deux
mois. Si, dans ce délai, elle n'a pas été opérée, une nouvelle amende peut être
prononcée. Dans ce dernier cas, s'il s'agit de l’ouverture d’une succursale ou
d’une agence d’un établissement situé en dehors du Maroc, le tribunal peut
ordonner la fermeture de cette succursale ou agence jusqu'au jour où la formalité
omise aura été remplie.

Aux termes de l’article 64, toute indication inexacte donnée de mauvaise


foi en vue de l’immatriculation ou de l’inscription au registre du commerce est
punie d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 1 000 à
50000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement. Le jugement
prononçant la condamnation ordonne que la mention inexacte sera rectifiée dans
les termes qu'il détermine.

Et finalement aux termes de l’article 67, et indépendamment des


règles posées par le code pénal, est en état de récidive, quiconque ayant fait
précédemment l’objet d’une condamnation à une amende, commet le même délit
dans les cinq années qui suivent le prononcé de la première condamnation
devenue irrévocable. Dans ce cas, les peines prévues à l’article 64 sont portées
au double.

12
SECTION 2 : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX FORMALITES
DEPUBLICITE

A. Dispositions Générales : L’accomplissement Des Formalités De


Publicité
Il s’agit là de la deuxième infraction qui consiste à ne pas procéder dans
les délais légaux, aux formalités de publicités prévues par la loi.

Il est impératif pour les entreprises nouvellement constituées de se


conformer strictement aux formalités de publicité prévues par la loi. Cela inclut
la publication des annonces légales dans le Journal Officiel et d'autres
publications spécifiques. Les sanctions pour non-conformité peuvent être
sévères

Après la signature des statuts, les formalités de publicité suivantes doivent


être accomplies : L’enregistrement ; L’insertion dans un journal d'annonces
légales ; Le dépôt au greffe du tribunal des actes constitutifs ; Immatriculation
au registre de commerce ; L’insertion au bulletin officiel et dans un journal
d'annonces légales 13.

- L’enregistrement : Les actes de constitution des Sociétés


anonymes (et des autres sociétés) sont soumis aux droits d'enregistrement. Ces
derniers diffèrent selon que les apports sont des apports "purs et simples" ou à
"titre onéreux".
- L'insertion dans un journal d'annonces légales : Un avis doit être
inséré dans un journal d'annonces légales (art 30 la loi 17-95)14. L'avis
d'insertion, signé par le notaire ou la partie qui a dressé l'acte de constitution de
la société, le cas échéant ou par l'un des fondateurs, par un administrateur ou par
un membre du conseil de surveillance ayant reçu un Pouvoir spécial à cette effet,

13
https://cours-de-droit.net/les-infractions-liees-a-la-constitution-des-societes-au-maroc/
14
DAHIR N° 1-96-124 DU 14 RABII II 1417 (30 AOÛT 1996) PORTANT PROMULGATION DE LA LOI N° 17-95 RELATIVE
AUX SOCIÉTÉS ANONYMES BULLETIN OFFICIEL N° 4422 DU 4 JOUMADA II 1417 (17 OCTOBRE 1996)

13
doit .contenir Iles onze mentions suivantes : la dénomination sociale suivie dans
le cas échéant du sigle de la société; la forme de la société ; l'objet social indiqué
sommairement ;la durée pour laquelle la société a été constituée ; l'adresse du
siège social ; le montant du capital Social avec l'indication du montant des
apports en numéraire ainsi que la description sommaire et l'évaluation des
apports en nature; les prénom, nom, qualité et domicile des administrateurs ou
des membres du conseil de surveillance et du ou des commissaires aux comptes;
les dispositions statutaires relatives à la constitution des réserves et à la
répartition des bénéfices; les avantages particuliers stipulés au profit de toute
personne ; le cas échéant, l'existence de clauses relatives à l'agrément des
concessionnaires d'actions et à la désignation de l'organe social habilité à statuer
sur les demandes d'agrément ; l'indication du greffe du tribunal ou la société sera
immatriculée au registre du commerce.

- Le dépôt au greffe des actes constitutifs : Les fondateurs et les


premiers membres des organes d'administration, du directoire et du conseil
de surveillance sont tenus de déposer au greffe du tribunal : la déclaration
dans laquelle ils relatent toutes les opérations effectuées en vue de constituer
régulièrement ladite société et par laquelle ils attestent que cette constitution
a été réalisée en conformité de la loi et des règlements ; l'original ou une
expédition des statuts ; l'expédition du certificat de souscriptions et de
versement des fonds indiquant 1es souscriptions au capital social ainsi que la
part des actions libérées par chaque actionnaire; la liste légalisée des
souscriptions indiquant, outre leur prénom, nom, adresse nationalité, qualité
et profession, le nombre des actions souscrites et 1e montant des versements
effectués par chacun d'eux; le rapport du commissaire aux apports, le cas
échéant; la copie du document de désignation des premiers membres des
organes d'administration, de gestion ou de direction et des premiers
commissaires aux comptes; lorsque la dite désignation intervient par acte
séparé (art 30).

14
- L'immatriculation au registre de commerce et l'insertion au
"bulletin officiel" et dans un journal d'annonce légale : Après
l'accomplissement des formalités de constitution précédentes, une demande
d'immatriculation au registre de commerce doit être déposée au greffe du
tribunal du lieu du futur siège social de la société. Cette formalité est capitale
car ce n'est qu'à compter de son immatriculation que la société acquiert la
personnalité morale (art 7)15. La constitution de la société fait ensuite l'objet
d’une publicité au "Bulletin officiel" et dans un journal d'annonces légales,
dans un délai ne dépassant pas les trente jours à compter de la date de
l'immatriculation. Cette insertion doit indiquer le numéro d'immatriculation
au registre de commerce (art 32 et 33) 16.

B. Infractions Relatives Aux Formalités De Publicité


Il s'agit des l’infractions qui consistent à ne pas procéder dans les délais
légaux, aux formalités de publicités prévues par la loi.

Au niveau de la constitution de la société, le législateur marocain a mis en


place un ensemble de formalités de publicité que le chef d'entreprise doit leur
prêter attention, car toute négligence peut constituer une infraction passible
d'une sanction.

C'est le chapitre 9 de la loi 17-95 tel que modifié et complété 20-05


(articles 419-420) qui réglemente ce type d'infractions.

Ainsi, l'article 42017, traite ces infractions : Il s'agit là de l’infraction qui


consiste à ne pas procéder dans les délais légaux, aux formalités de publicités
prévues par la loi et particulièrement par l'Article 33 de la loi 17-95 abrogé et

15
Article 7 : Les sociétés anonymes jouissent de la personnalité morale à dater de leur immatriculation au registre du
commerce. La transformation régulière d'une société anonyme en une société d'une autre forme ou le cas inverse, n'entraîne
pas la création d'une personne morale nouvelle. Il en est de même de la prorogation.

16
Article 32 : Les sociétés anonymes sont immatriculées au registre du commerce dans les conditions prévues par la
législation relative audit registre. Article 33 : Après immatriculation au registre du commerce, la constitution de la société fait
l'objet d'une publicité au Bulletin officiel et dans un journal d'annonces légales, dans un délai ne dépassant pas les trente jours.
Ladite publicité doit indiquer le numéro d'immatriculation au registre du commerce.
17
l'article 420: (Modifié par l'article 1er de la loi n° 20-05 promulguée par le dahir n° 1-08-18 du 23 mai 2008 - 17 joumada I
1429 ; B.O. n° 5640 du 19 juin 2008). [modifié et complété par l’article premier de la loi 78-12]
15
remplacé par l'article 2 de la loi 20-05 qui a supprimé la double publicité
notamment celle précédant l'immatriculation.

Signalons enfin que l'article 108 18 de la loi 5-96 relative aux autres
sociétés commerciales établit les mêmes délits pour les mêmes infractions.

C.Sanctions Relatives Aux Formalités De Publicité


Aux termes de l'article 420, Sans préjudice de l'application de législations
particulières notamment celle relative aux informations exigées des personnes
morales faisant appel public à l'épargne, sera puni d'une amende de 10.000 à
50.000 dirhams (au lieu d'un emprisonnement de un à trois mois et d'une
amende de 8.000 à 40.000 ou de l'une de ces deux peines seulement), tout
fondateur, administrateur, directeur général, directeur général délégué ou
membre du directoire qui ne procède pas dans les délais légaux19

- Soit un ou plusieurs dépôts de pièces ou actes à la guerre du tribunal.

- soit une ou plusieurs mesures de publicité prévues par la loi relatives aux
SA.

Remarque : suppression de la peine privative de liberté et des expressions


criminalisant le chef d'entreprise (mauvaise foi, refus etc).

SECTION 3 - LE DEFAUT D'INDICATION DE CERTAINES


MENTIONS SUR LES DOCUMENTS DE LA SOCIETE

Les entreprises doivent impérativement faire figurer, sur les documents


commerciaux qu’elles envoient aux tiers, certaines mentions à peine de
sanctions qui peuvent s’avérer lourdes. Les mentions obligatoires sont
fréquemment complétées par des mentions d’usage utiles en pratique pour les
tiers.

18
Article 108 : Seront punis d'une amende de 10.000 à 50.000 dirhams, les dirigeants qui n'auront pas procédé dans les délais
légaux à un ou plusieurs dépôts des pièces ou actes au greffe du tribunal ou qui n'auront pas procédé à une ou plusieurs
formalités de publicité prévues dans la présente loi.
19
https://www.maroclaw.com/la-responsabilite-penale-des-gerants-de-la-sarl-en-droit-marocain/

16
Les actes et documents émanant de la société et destinés aux tiers,
notamment, les lettres, factures, annonces et publications diverses doivent
indiquer la dénomination sociale, précédée ou suivie immédiatement et
lisiblement de la mention " société anonyme " ou des initiales SA de
l’énonciation du montant du capital social et du siège social, ainsi que le numéro
d'immatriculation au registre du commerce (art 4 de la loi 17-95).

C'est une infraction qui concerne toutes les sociétés commerciales, le


défaut d'indication de certaines mentions sur les documents de la société peut
entraîner des sanctions en vertu de ces lois. Pour les sociétés anonymes, c'est
l'article 419 qui punit d'une amende de 1.000 à 5.000 dirhams, les membres des
organes d'administration, de direction ou de gestion d'une société anonyme qui
auront omis d'indiquer sur ses actes ou documents émanant de la société et
destinés aux tiers la dénomination sociale précédée ou suivie immédiatement de
la mention « société anonyme » ou des initiales « SA » ou de la mention prévue
à l'article 77 (3e alinéa), ainsi que l'énonciation du montant du capital social et
du siège social.

En fait, l’article 419 renvoie à l'article 77 de la même loi qui prévoit la


constitution.

Au choix, de société anonyme à directoire et a conseil de surveillance

Le même délit est prévu pour la société anonyme simplifiée art 438 qui
dispose : « Sera puni d'une amende de 2.000 à 10.000 dirhams, le président
d'une société anonyme simplifiée qui aura omis d'indiquer sur les actes et
documents émanant de la société et destinés aux tiers la dénomination sociale.
Précédée ou suivie immédiatement de la mention " société anonyme simplifiée "
ou des initiales " SAS", ainsi que l'énonciation du montant du capital social et du
siège social ».

Et l'article 112 de la loi 5-96 dans son chapitre relatif aux infractions et
sanctions communes entre les autres sociétés commerciales prévoit le même
délit et la même sanction.
17
Cet article prévoit donc que, les gérants qui auront omis de mentionner sur
tous actes ou sur tous documents émanant de la société et destinés aux tiers,
l'indication de sa dénomination sociale, précédée ou suivie immédiatement de la
mention de sa forme ou de ses initiales et de l'énonciation du capital social,
Seront punis d'une amende de 1.000 à 5.000 dirhams.

Il est à noter que dans tous les cas qui précèdent, l'élément intentionnel est
absent, il s'agit donc d'un délit d’omission, ce qui explique que la sanction est
purement pécuniaire.

PARTIE II : LES INFRACTIONS LIEES AUX COMPTES SOCIAUX ET


AU CAPITAL SOCIAL

SECTION 1 : LES INFRACTIONS RELATIVES A LA SOUSCRIPTION


ET AU VERSEMENT DU CAPITAL

A. Dispositions générales :
La souscription figure parmi les droits pécuniaires de l'actionnaire et les
actes justement déposé au greffe par les fondateurs, il y’a une expédition du
certificat de souscription et de versement des fonds indiquant la souscription du
capital social ainsi que les parts des actions libérés par chaque actionnaire, cette
formalité fait l’objet d’une publicité, qui est suivi de l’immatriculation au
registre de commerce.

A noter Généralement que la constitution de la société comporte trois étapes :


la fondation, la souscription et la réunion de l'assemblée constitutive.

a) La fondation :

D’abord la fondation est la rédaction et signature d'un projet de statuts par


les fondateurs, personnes physiques ou morales, qui ont pris l'initiative de créer
la société ou qui ont concouru à sa création 20.

b) La souscription :

20
Loi 44-12, art 19, al 2
18
Doit être constatée par un bulletin de souscription signé des souscripteurs
ou de leurs mandataires, et contenant tous les mentions fixées par le décret
d'application du 21 décembre 2009 concernant les principales caractéristiques de
la société pour permettre un engagement éclairé. Ainsi qu'il doit mentionner
expressément que les statuts peuvent être consultés au greffe ou à l'étude du
notaire avec droit d'en prendre copie aux frais du demandeur 21r. Le dépôt des
fonds est soumis aux mêmes règles que celles prévues lorsqu’il n’y a pas appel
public à l’épargne. La déclaration de souscription et de versement est établie
dans les conditions de l’article 23 et qui sont communes à toutes les sociétés.

c) L’assemblée constitutive :

La convocation de l'assemblée générale n'obéit pas à un formalisme légale


particulier, il appartient aux statuts de fixer les délais et les modalités de
convocation ainsi que les conditions du quorum et de majorité ou de les
renvoyer aux conditions prévues pour l'assemblée générale extraordinaire.

Juridiquement Le capital social d'une société anonyme ne peut être inférieur


à 3 000 000 Dhs si la société fait publiquement appel à l'épargne et à 300 000
Dhs dans le cas contraire (art 6). Il doit être intégralement souscrit (art 2) 22 ;
c'est-à-dire que toutes les actions composant le capital doivent être réparties
entre les souscripteurs proportionnellement à leurs apports. Les actions
représentatives d'apports en numéraire doivent être libérées au moins du quart de
leur valeur nominale lors de la souscription. La libération du surplus doit
intervenir en une seule fois ou en fractions e plusieurs fois sur décision du
conseil d'administration ou du directoire dans un délai qui ne peut excéder trois
ans à compter de l'immatriculation de la société dans le registre du commerce
(art 21). Les versements des fonds des souscriptions en numéraire son déposées
au nom de la société en formation, dans un compte bancaire bloqué avec la liste
des souscripteurs et l'indication des sommes versées par chacun d'eux. Ce dépôt
doit être fait dans un délai de huit jours à compter de la réception des fonds (art

21
Loi 17-95, art. 19
22
La loi 17-95
19
22). Les actions représentatives d'apports en nature sont libérées intégralement
lors de leur émission. (Art 21) Les statuts doivent contenir la description et
l'évaluation des apports en nature. Pour éclairer la décision des associés, la loi
prévoit la désignation d'un ou plusieurs commissaires aux apports parmi les
personnes habilitées à exercer les fonctions de commissaires aux comptes,
chargé(s) de rédiger un rapport décrivant chacun des apports, indiquant le mode
d'évaluation adopté et pourquoi il a été retenu et affirmant que la valeur des
apports correspond au moins à la valeur nominale des actions à émettre (art 25).
Ce rapport est déposé au siégé social et au greffe et tenu à la disposition des
futurs actionnaires cinq Jours au moins avant la signature des statuts. Si la
société fait publiquement appel à l'épargne, ce rapport est déposé avec les statuts
au greffe du tribunal dans le ressort duquel se trouve le siège social de la société
ou à l’étude d’un notaire (art 19 et26).

B. Les infractions relatives à la souscription et au versement du capital


Les infractions liées au capital se sont les infractions qui peuvent être
commises à l’occasion de la recherche du capital ou qui sont liées à sa sanction
il s’agit de :

- Ceux qui, sciemment, pour l’établissement du certificat du dépositaire


constatant Les souscriptions et les versements auront affirmé sincères et
véritables des souscriptions. Qu’ils savaient fictives ou auront déclaré que les
fonds qui n’ont pas été mis définitivement à la disposition de la société ont été
effectivement versés, ou auront remis au dépositaire une liste des actionnaires
mentionnant des souscriptions fictives ou le versement de fonds qui n’ont pas
été mis définitivement à la disposition de la société.

- Ceux qui, sciemment23, par simulation de souscriptions ou de


versements ou par publication de souscriptions ou de versements, ou par
publication de souscriptions ou de versements qui n’existent pas ou de tous

23
L’élément moral est l’intention qui est exigée et illustre par le terme « sciemment » ce qui justifie la sévérité
des peines.
20
autres faits. Faux, auront obtenu ou tenté d’obtenir des souscriptions ou des
versements

- Ceux qui, sciemment, pour provoquer des souscriptions ou des


versements, auront publié les noms de personnes, désignées contrairement à la
vérité comme étant ou devant être attachées à la société à un titre quelconque.

- Ceux qui, sciemment, pour l’établissement du certificat du dépositaire


constatant les souscriptions et les versements auront affirmé sincères et
véritables des souscriptions qu’ils savaient fictives ou auront déclaré que les
fonds qui n’ont pas été mis définitivement à la disposition de la société ont été
effectivement versés, ou auront remis au dépositaire une liste des actionnaires
mentionnant des souscriptions fictives ou le versement de fonds qui n’ont pas
été mis définitivement à la disposition de la société.

- Ceux qui, sciemment, par simulation de souscriptions ou de versements,


ou par publication de souscriptions ou de versements qui n’existent pas ou de
tous autres faits faux, auront obtenu ou tenté d’obtenir des souscriptions ou des
versements.

- Ceux qui, sciemment, pour provoquer des souscriptions ou des


versements, auront publié les noms de personnes, désignées contrairement à la
vérité comme étant ou devant être attachées à la société à un titre quelconque.

Concernant l’article 113, l’élément matériel de l’infraction peut être


constitué par plusieurs faits, à savoir, une fausse déclaration concernant la
répartition des parts sociales entre tous les associés, la libération des parts ou le
dépôt des fonds, ou auront omis volontairement de faire cette déclaration. A
souligner, cette omission constitue une infraction pénale mais constitue
également une cause de nullité de la société.

C. Les sanctions relatives aux infractions de la souscription ou le


versement du capital :
Sous l’empire de l’article 379 de la loi 17-95 relative aux sociétés
anonymes qui édicte que : « punit d’un emprisonnement de un à six mois et
21
d’une amende de 8000 à 40000 dirhams ou de l’une de ces deux peines
seulement ». Force est de préciser , l’article 106 de la loi 5-96 relative à la
société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en
commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en
participation, qui énonce que : « Seront punis d'un emprisonnement de un à six
mois et d'une amende de 2 000 à 20.000 dirhams ou de l'une de ces peines
seulement, les gérants qui auront, frauduleusement, fait attribuer à un apport en
nature, une évaluation supérieure à sa valeur réelle ». Ajoutant à ce propos,
l’article 113 étend ces dispositions aux augmentations de capital des sociétés à
responsabilité limitée. L’article 50 de la loi 5-96 précise en effet, que les statuts
doivent à peine e nullité de la société ; être datés et comporter un certain nombre
démentions, dont la répartition des parts entre associés et leur libération
intégrale. Il convient de constater, l’article 54 de la même loi qui énonce que : «
il est interdit à une société à responsabilité limitée d'émettre des valeurs
mobilières ». Ainsi, « A peine de nullité de la garantie, il lui est également
interdit de garantir une émission de valeurs mobilières ».

D’abord, l’élément moral est l’intention qui est exigée et illustrée par le
terme « sciemment », ce qui justifie la sévérité des peines. Sous l’égide de
l’article 379 de la loi 17-95 qui énumère un magma d’infractions relatives à la
souscription et au versement du capital, il s’agit à ce titre : Une fausse
déclaration concernant des souscriptions qui n’existent pas Une fausse
déclaration concernant le versement effectif des fonds La remise au dépositaire
des fonds Une liste des actionnaires comportant des souscriptions qui n’existent
pas ou des versements de fonds qui n’ont pas été mise définitivement à la
disposition de la société. La simulation ou la publication de souscription ou de
versement qui n’existent pas ou encore de faits ayant pour but d’obtenir des
souscriptions et des versements. Après tout, l’article 379 de la loi 17-95 vise à
sanctionner l’emploi de tous moyens destinés à attirer frauduleusement des
capitaux.

22
SECTION 2 : LES INFRACTIONS LIEES A LA SUREVALUATION DES
APPORTS EN NATURE.

A. Dispositions générales :

-L’article 379 de la loi 17-95 dans son dernier alinéa dispose en substance
que sont seront punis d’emprisonnement d’un à 6 mois et/ou d’une amende de
8000 à 40 000DH ceux qui, frauduleusement, auront fait attribuer à un apport en
nature une évaluation supérieure à sa leur réelle.

-L’article 106 de la loi 5-96 relative aux sociétés commerciales dispose


que « Seront punis d'un emprisonnement de un à six mois et d'une amende de 2
000 à 20.000 dirhams ou de l'une de ces peines seulement, les gérants qui
auront, frauduleusement, fait attribuer à un apport en nature, une évaluation
supérieure à sa valeur réelle. »

Il résulte de ces deux articles que cette infraction est commune à toutes les
formes de société. Notons par ailleurs qu’il existe toute une procédure à
respecter dans l’accomplissement d’un apport en nature à savoir la nécessité de
faire appel à un ou plusieurs commissaires aux apports pour évaluer la valeur du
bien.

Soulignons aussi que, l’apport en numéraire ne pouvant faire l’objet d’une


surévaluation, seuls les apports en nature sont concernés par cette pratique.
Rappelons également qu’il peut s’agir de biens meubles ou immeubles,
corporels ou incorporels en contrepartie desquels l’apporteur reçoit des actions
ou des parts sociales correspondant à leurs valeurs.

B. Les infractions liées à la surévaluation des apports en nature

Pour étudier cette infraction, procédons par l’étude des éléments moral et
matériel :
a) -L’élément moral :

C’est l’intention frauduleuse marquée dans le texte par le terme «


23
frauduleusement », c’est- à-dire de commettre l’infraction et d’être au courant de
ses conséquences.
b) - L’élément matériel :

Il s’agit d’abord de la participation à l’attribution de la valeur de l’apport


surévalué, et de l’évaluation supérieure à la valeur réelle.

Cela suppose que n’importe quelle personne participant à cette opération


peut être inquiétée pourvu que sa complicité soit prouvée (commissaire aux
apports, associé apporteur, fondateur ou dirigeant) 24.

S’agissant du commissaire aux apports auquel est confiée la tâche


d’évaluer les apports en nature, il convient de préciser que les fondateurs ne sont
pas tenus par son rapport (en l’absence d’une règle contraignante), ce qui
implique qu’ils peuvent agir sans prendre en considération les recommandations
du commissaire aux apports.

Cela-étant, le commissaire aux apports peut voir sa responsabilité engagée


le cas où il agit volontairement pour surévaluer l’apport en nature. Ainsi était
l’avis de la cour de cassation française exprimé dans son arrêt du 12 avril 1976
qui a approuvé la condamnation du commissaire aux apports pour dissimulation
d’éléments d’appréciation.

Nous soulignons par ailleurs que l’appréciation du caractère excessif de


l’évaluation revient au juge de fond.

Nous soulignons également que le reste des associés disposent d’une


action en réparation du dommage subi contre les responsables puisque la
surévaluation de l’apport fausse l’égalité entre associés. (Cour de cassation
française, chambre commerciale, 28 juin 2005).

SECTION 3 : LES INFRACTIONS LIEES A L’EMISSION DES


ACTIONS.

24
M.VERON, Droit pénal des affaires, 2007, 146 page 137.

24
A. Dispositions générales :

La loi 17-95 relatives à la société anonyme et la loi 5-96 relatives aux


autres formes des sociétés prévoyant le régime de la nullité comme sanction des
irrégularités de constitution, il faut rappeler que le respect des formalités de
constitution par les fondateurs est aussi dans une mesure assurée par le droit
pénal en vue de sanctionner les constitutions irrégulières directement ou
indirectement.

La loi impose dans ce sens un préalable constitué par une irrégularité ou


une absence même de constitution pour que l’émission d’actions soit irrégulière.
On parle d’émission d’action illicite.

B. Les infractions liée à l‘émission des actions .

L’émission d’actions en présence d’une irrégularité préalable

L'article 378 de la loi 15-95 punit l'émission d'actions d'une société


constituée de façon irrégulière. Les actions peuvent être regardées comme des
parts d'associés dans les sociétés de capitaux, caractérisées par leur cessibilité de
principe et se présentant comme des fractions du capital social servant d'unité
aux droits et obligations des associés 25. Leur émission fait l'objet d'une
prohibition lorsque la société est irrégulièrement constituée. C’est ainsi que
l'article 378 prévoit que « seront punis d'une amende de 4.000 à 20.000 dirhams,
les fondateurs, les membres des organes d'administration, de direction ou de
gestion d'une société anonyme qui auront émis des actions, soit avant
l'immatriculation de ladite société au registre du commerce, soit à une époque
quelconque, si l'immatriculation a été obtenue par fraude, soit encore sans que
les formalités de constitution de ladite société aient été régulièrement
accomplies».

Cette incrimination prévue par la loi analyse comme une volonté

25
ANOUKAHA François, CISSE Abdoullah, DIOUFN diaw, NGUEBOU TOUKAM Josette, GERARD POUGOUE Paul, SA MB
Moussa, la collection Droit Uniforme Africain page 256
25
participative de la part du législateur d'assurer des constitutions complètes de
sociétés commerciales par les fondateurs avant de procéder à toute émission de
titre. « Elle fait partie de l'ensemble des mesures imaginées par le législateur
pour garantir la régularité de la constitution malgré l'absence de contrôle
préalable26».

Il y a cependant un préalable relatif à l'existence d'une irrégularité car


l'acte uniforme puni tune émission d'action lorsque la société est irrégulière ou
que son immatriculation est obtenue par fraude. C'est pourquoi la loi précise
l'émission d'actions qui fait suite soit à un défaut d'immatriculation, soit à une
constitution irrégulière de la société commerciale.

L’émission d’action devant une absence d’immatriculation ou une


immatriculation frauduleuse

L'émission d'actions en cas de défaut d'immatriculation ou


d'immatriculation obtenue par fraude est prohibée par la loi 17-9527.
L'immatriculation est 'acte par lequel la société accède à la vie juridique. On
comprend aisément alors que cette formalité fasse obstacle à la régularité d'une
action émise ou même négociée, en effet, « Les sociétés anonymes sont
immatriculées au registre du commerce dans les conditions prévues par la
législation relative audit registre28. Il en est de même pour les autres formes de
sociétés conformément aux dispositions de l’article premier de la loi 5-96.

La constitution des sociétés commerciales devant obéir aux règles de


fond et de forme prescrites et l'activité commerciale pouvant être exercée sans
que la personne soit immatriculée, tout comme les personnes assujetties ne
peuvent dans le cadre de leur activité commerciale, opposer aux tiers et aux
administrations publiques les faits et actes sujets à mention que lorsque ceux-ci
ont été publiés au registre, la question de la constitution de la société
26
DELMAS-MARTY(M), Droit pénal des affaires, tome ,partie spéciale :infraction, Paris, PUF,1990,p253
27
Article378delaloi17-95.
28
Article32delaloi17-95.

26
commerciale dès la signature des statuts permet d'envisager les situations ou une
société pourrait exister et exercer son activité fictivement. Mais, toujours est- t-il
que

L’immatriculation constitue un préalable à la régularité d'une émission


d'action. C'est même ce qui explique que lorsque l'immatriculation est obtenue
frauduleusement l'émission d'action reste incriminée. Cependant on ne peut
affirmer à priori l'existence d'infraction de publicité du fait de l'existence de
sociétés fictives. C'est ce qui fait que la
loiemprunteenquelquesortelasanctionparrapportàlaprohibitiondel'émissiond'actio
nsencas d'irrégularités de constitution, d'absence de formalités d'immatriculation
ou d'immatriculation obtenue par fraude.

Par ailleurs la doctrine assimile en général les irrégularités de constitution


non pas comme des infractions puisque le régime de la nullité intervient pour les
sanctionner en plus de la possibilité donnée pour une régularisation future, mais
comme un préalable à l'accomplissement d'une émission régulière d'action.

C'est à ce titre que l'immatriculation au registre de commerce obtenue


après le constat du respect des conditions de constitution des sociétés
commerciales permet de regarder comme valable l'émission d'action.

La commission de cette infraction ne pose pas en des termes simples, à en


croire certains auteurs29, il est tout de même certain selon M.DELMAS-MARTY
que« l'infraction est commise lorsque les titres, matériellement crées, sont
séparés de leur souche et remis effectivement aux ayants droit » quoi qu'il en
soit, que l'on fasse appel à la notion de titres, peu importe que le titre soit
négociable ou non, qu'il intervienne avant ou après la constitution des sociétés 30
ou que l'on considère seulement la constitution des sociétés commerciales,
l'émission d'actions reste une infraction se rattachant à la constitution des
sociétés commerciales ,incriminée au titre des infractions constatées dans les
activités des Sociétés irrégulières.
29
LARGUIER(J),droit pénal des affaires ,Paris ,Armand Colin,9eméd,1998,p.305.
30
Cass.Crim.,8 février 1861,S.,1861,1,p.668.
27
Ici, ce n’est pas l’irrégularité de la constitution qui est sanctionnée mais
l’incrimination de l’émission illicite s’appuie sur cette dernière.

Il convient de priser que les sanctions prévues à l’article378 sont portées


aux double lorsque la société fait publiquement appel à l’épargne.

Au même titre que l’émission illicite, la négociation illicite des actions


fait également l’objet d’incrimination.

28
CONCLUSION

Malgré la nouveauté introduite par le législateur , à travers les lois


régissant les sociétés en matière des sanctions, ayant pour but d’alléger le
caractère répressif et la protection des actionnaires aussi pour rendre aux patron
et aux gestionnaires imprudents, mais de bonne foi le gout d’entreprendre .ceci
soit par l’ajout de certaines dispositions pénales ou le remplacement d’autres par
des amendes .il parait que ces dispositions n’ont pas atteignent l’objectif visé
puisque les dirigeants et administrateurs n’ont pas renoncé au pratiques
frauduleuses. Au contraire certaines d’elles vont freiner les actes de toutes
personnes habilité a représenter la société avec l’exigence de l’élément moral
qualifiant un délit.

Le principe de responsabilité pénale des personnes morales était une


avance majeure dans notre système juridique, l’étude d’un tel principe pour effet
en matière de répartition des responsabilités au sein de la société, le législateur a
consacré à cette responsabilité un texte qui ne résout pas le problème de
périssabilité des êtres moraux.

Particulièrement les personnes pouvant engager la responsabilité pénale


de la société anonyme, a ce stade il faut retenir le vrai décideur qui détient un
véritable pouvoir de direction, en d’autres termes ceux qui expriment la volonté
de la personne morale.

Le législateur n’a pas précisé la détermination de l’intention en matière


d’infractions pénales, il faut donc établir une théorie précise qui permet la
répression tant lorsque l’infraction est le résultat d’une décision individuelle ou
collective d’un organe collégial.

A cet égard des éléments portant sur les types d’infractions ou bien la
participation à la réalisation de l’infraction.

Pour ce qui est des textes relatifs aux infractions de droit de sociétés
anonymes au Maroc, cette réforme doit opter pour la suppression ou au moins
29
l’atténuation du l’aspect pénaliste qui caractérise les règles juridiques
applicables à l’entreprise.

Pour illustrer la volonté du législateur marocain de réaliser l’exhaustivité


dans la pénalisation de la société commerciale, il suffit de constater que ces
infractions et leurs sanctions accompagnent la vie de l’entreprise jusqu'à sa mort
puis qu’elles couvrent aussi bien les phases de sa création que celles où elle est
en activité jusqu’à sa cessation. Il faut bien noter qu’en matière de droit des
affaires, la sanction pénale de manière générale et la peine privative de liberté en
particulier a toujours été au centre de préoccupations du monde économique 31
qui déplore un foisonnement des textes juridiques répressifs de telle sorte qu’on
a pu dire qu’il était difficile de dresser une liste des incriminations prévues par le
droit des affaires. Ainsi, depuis la loi 17-95, les professionnels du secteur
appellent à un allégement, voire une disparition des sanctions pénales, qui
seraient de nature à entraver le développement de la libre entreprise.

31
BOULOC.B, Le droit pénal dans la vie commerciale, In « Quel code de commerce pour demain ? », Bicentenaire du code de commerce
1807-2007, page : 285-296.

30
Bibliographie :

 Ouvrages et Publications :
- Paul Blanc François code pénale annoté, ministère de la justice 1996
- Droit Pénal des sociétés, Rachid LAZRAK
- M.VERON, Droit pénal des affaires, 2007
- ANOUKAHAFrançois,CISSEAbdoullah,DIOUFNdiaw,NGUEBOUTOU
KAMJosette,GERARDPOUGOUEPaul, SA MB Moussa ,la collection
Droit Uniforme Africain
- DELMAS-MARTY(M), Droit pénal des affaires, tome, partie spéciale
:infraction, Paris, PUF,1990
- LARGUIER(J),droit pénal des affaires, Paris ,Armand Colin,9eméd,1998
- Cass.Crim.,8 février 1861,S.,1861,1
- BOULOC.B, Le droit pénal dans la vie commerciale, In « Quel code de
commerce pour demain ? », Bicentenaire du code de commerce 1807-
2007

 Textes juridiques :
DAHIR N° 1-96-124 DU 14 RABII II 1417 (30 AOÛT 1996) portant
promulgation de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes bulletin officiel
n° 4422 du 4 joumada ii 1417 (17 octobre 1996)

Webographie :

- https://cours-de-droit.net/les-infractions-liees-a-la-constitution-des-
societes-au-maroc/
- https://www.maroclaw.com/la-responsabilite-penale-des-gerants-de-la-
sarl-en-droit-marocain/

31
Table des matières
INTRODUCTION ...........................................................................................................................3
PARTIE I : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX FORMALITES DE DEPOT ET DE LA
PUBLICITE : .....................................................................................................................................6
SECTION 1 : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX FORMALITES DE DEPOT ...........................................6
A. Dispositions Générales ............................................................................................................6
B. Les Infractions Relatives Aux Formalités De Dépôt ................................................................9
C. Les Sanctions Relatives Aux Infractions Des Formalités De Dépôt .................................... 10
SECTION 2 : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX FORMALITES DEPUBLICITE..................................... 13
A. Dispositions Générales : L’accomplissement Des Formalités De Publicité ......................... 13
B. Infractions Relatives Aux Formalités De Publicité ................................................................ 15
C.Sanctions Relatives Aux Formalités De Publicité ................................................................... 16
PARTIE II : LES INFRACTIONS LIEES AUX COMPTES SOCIAUX ET AU CAPITAL SOCIAL
......................................................................................................................................................... 18
SECTION 1 : LES INFRACTIONS RELATIVES A LA SOUSCRIPTION ET AU VERSEMENT DU CAPITAL .... 18
A. Dispositions générales ………………………………………………………………………………………………………..18
B. Les infractions relatives à la souscription et au versement du capital………………………………….20
C. Les sanctions relatives aux infractions de la souscription ou le versement du capital…………..21
SECTION 2 : LES INFRACTIONS LIEES A LA SUREVALUATION DES APPORTS EN NATURE. ................. 23
A. Dispositions générales : ......................................................................................................... 23
B. Les infractions liées à la surévaluation des apports en nature ................................................ 23
a) -L’élément moral : ............................................................................................................. 23
b) - L’élément matériel : ......................................................................................................... 24
SECTION 3 : LES INFRACTIONS LIEES A L’EMISSION DES ACTIONS................................................... 24
A. Dispositions générales : ......................................................................................................... 25
B. Les infractions liée à l‘émission des actions ........................................................................... 25
L’émission d’actions en présence d’une irrégularité préalable .................................................... 25
L’émission d’action devant une absence d’immatriculation ou une immatriculation frauduleuse 26
Conclusion : ................................................................................................................................ 299

32

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