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Le caractère institutionnel de la

société
I. La notion de la personne morale :
 La société prend naissance dans un acte juridique : le contrat.
 Mais, elle est aussi une institution puisque le contrat de
société après son immatriculation au RNE donne naissance à
une personne distincte de celle des associés. La société jouit
d’un patrimoine qui lui est propre, un siège social, une
nationalité et un nom.
 Les sociétés ne jouissent de la personnalité morale
(c'est-à-dire d’une existence juridique propre,
distincte de celle des associés qui la composent) qu'à
compter du jour de leur immatriculation au RNE.
 La société n’accède ainsi au rang de personne morale
qu’à partir de ce moment. De ce fait, elle va acquérir
la qualité de commerçant dans le cas d’une société
commerciale, avoir une activité, contracter des dettes,
les rembourser, etc.
1. Les conséquences de la détermination du
point de départ de la naissance de la
personnalité morale:
 Avant l’immatriculation au RNE, il y a une période
antérieure, appelée la période de formation de la
société, c’est le moment où la société n’a pas la
personnalité morale, ce sont donc les associés fondateurs
qui agissent pour elle.
 La société en formation n’ayant aucune personnalité
juridique, elle n’a pas la capacité pour agir et prendre
des engagements. Les fondateurs sont, ainsi, en droit de
réaliser des actes et des engagements au nom et pour le
compte de la société en formation tel que : l’achat de
matériaux, le recrutement de salariés, louer un local
commercial, etc.
 Ces actes accomplis par les associés lorsque la société
est encore en formation sont soumis à ce que l’on
appelle le régime de la reprise. Ce régime implique
généralement que la société une fois créée va
reprendre en son nom les actes accomplis pour son
compte lorsqu’elle était encore en formation.
 En cas de reprise : Lorsque la société reprend les
engagements pris par les fondateurs, ils sont réputés avoir été
pris par elle, de manière rétroactive.
II. Les attributs de la personnalité
morale de la société :
 Du fait de l’immatriculation la société acquiert la
personnalité morale.
 Cette personnalité offre à la société certains attributs qui lui
permettent d’agir au même titre qu’une personne physique.
Ces attributs sont de l’ordre de quatre à savoir : un
patrimoine qui lui est propre, un nom, un domicile ainsi
qu’une nationalité.
1. Le patrimoine social
 Le patrimoine d’une société comprend l’ensemble des biens,
droits et obligations de la société.
 Autrement dit la société a un actif et un passif qui lui sont
propres de telle sorte qu’il ne peut y avoir confusion entre le
patrimoine de la société et celui des associés.
 Ceci fait que par exemple la faillite de la société n’entraîne
pas celle des associés.
2. Le nom de la société
 Le nom de la société peut revêtir deux formes : soit la forme
d’une dénomination sociale soit celle d’une raison sociale.
 La raison sociale renvoie aux sociétés de personnes (société à
responsabilité illimitée) la dénomination sociale concerne
quant à elle les sociétés commerciales à responsabilité
limitée.
 La raison sociale : est généralement désignée par le nom
d'un ou de certains associés indéfiniment responsables des
dettes sociales. La société en nom collectif est désignée par
une raison sociale qui se compose du nom de tous les associés
ou du nom de l’un ou de quelques-uns d’entre eux suivis des
mots "et compagnie". (Article 54 du CSC).
 La société en commandite simple est désignée par une raison
sociale qui comprend les noms des commandités suivis ou
précédés des mots "société en commandite simple".
 La dénomination sociale : elle est librement choisie
par les associés, elle peut être tirée de l’activité de la
société, du nom patronymique d’un ou plusieurs associés,
de pure fantaisie ou autre.
 En vertu de l’article 91 du CSC : « La société est désignée
par une dénomination sociale qui peut comprendre les
noms de certains associés ou de l’un d’eux. Cette
dénomination sociale doit être précédée ou suivie
immédiatement par la mention "S.A.R.L" et de
l’énonciation du capital social.
 Dans la société unipersonnelle, la mention sera "S.U.A.R.
L" suivie de l’énonciation du capital social ».
 La société anonyme (SA) est désignée par une dénomination
sociale précédée ou suivie de la forme de la société et du
montant du capital social.
3. Le siège social:
 La société choisit librement son siège social, lequel doit
correspondre à un lieu d’activité (pas simplement une boîte
postale). Il doit être indiqué dans les statuts de la société.
 D’après l’article 10 du CSC : « Les sociétés dont le siège
social est situé sur le territoire tunisien sont soumises à la loi
tunisienne. Le siège social est le lieu du principal
établissement dans lequel se trouve l'administration effective
de la société ».
 Le siège social est très important puisqu’il détermine
notamment: les tribunaux compétents, les lois applicables
(tunisienne, française, ou autre…).
4. La nationalité:
 La nationalité tunisienne de la société est déterminée en
fonction du lieu du siège social mais pas uniquement, dans la
mesure où d’autres conditions doivent être réunies.
 En effet, 50% du capital doit être détenu par des tunisiens, la
direction générale ou la gérance doit également être assurée
par des tunisiens … .
III. La durée de la personnalité
morale
 La durée de vie d’une société, est indiquée dans le
contrat. Elle ne peut excéder 99 ans. La décision de
prorogation de la durée de la société fait l'objet d'une
inscription modificative des statuts qui doit être enregistrée
auprès du RNE. Suivant l’article 8 du CSC : « la durée d'une
société ne peut excéder quatre-vingt-dix-neuf ans. Cette
durée pourra, le cas échéant, être prorogée ».
 La durée de la société doit être obligatoirement mentionnée
dans les statuts de la société. Mais, l’absence d’une telle
mention n’entraîne pas la nullité de la société.
IV. La fin de la personnalité morale
:la dissolution de la société
 Les causes de dissolution de la société:
 On s’arrêtera à ce stade de l’étude sur les causes de dissolution
communes à toutes les sociétés.
 Certaines causes sont prévues par l’article 21 du CSC qui dispose
que « La société est dissoute dans les cas suivants : 1) par
l'expiration de sa durée, 2) par la fin de son activité sociale, 3) par
la volonté des associés, 4) par le décès de l'un de ses associés, 5)
par sa dissolution judiciaire ».
 Ces causes énumérées par l’article 21 génèrent ainsi trois
catégories de dissolution : une dissolution de plein droit (1) et
une dissolution volontaire (2) et enfin une dissolution judiciaire
(3).
1. La dissolution de plein droit
 Certains événements aboutissent automatiquement à la
dissolution de la société à savoir l’expiration de la durée (1)
ainsi que la fin de l’activité sociale ou l’extinction de l’objet
social (2).
1) L’arrivée du terme de la société :
 En règle générale l’arrivée du terme prévue dans le
contrat de société entraîne automatiquement sa
dissolution (99 ans au maximum). Néanmoins, en
application de l’article 22 du CSC « la société peut
être prorogée par une décision prise par l'assemblée
générale délibérant selon les conditions prévues par
les statuts ».
2) La fin de l’activité sociale ou l’extinction
de son objet :
 La fin de l’activité sociale constitue une cause de
dissolution de la société et ce en vertu de l’article 21
du CSC. Lorsque l’opération pour laquelle la société
avait été constituée est terminée, la société est
dissoute et ce en dépit du fait que la durée prévue
statutairement n’est pas épuisée.
 Pour faire face à ce genre de situation, les statuts de la
société définissent généralement l'objet social de façon
suffisamment large pour que la société ait toujours une
possibilité d'activité.
 Pour ce qui est de l’extinction de l’objet de la société,
celle-ci est prévue par l’article 25 du CSC selon lequel
: « La société est dissoute de plein droit par l'extinction de
l’objet social ». Cette extinction de l’objet intervient par
exemple en cas de retrait d’une autorisation nécessaire à
l’activité sociale.
 Force cependant est de préciser que la cessation de
l’activité de la société n’entraîne pas forcément sa
dissolution. En effet, du moment qu’il n’y a pas extinction
de l’objet social, l’activité de la société peut reprendre à
tout moment. (Des difficultés économiques passagères,
évènements politiques…).
2. La dissolution volontaire :

 La volonté des associés peut à tout moment intervenir pour


mettre fin à la société. Les associés peuvent décider d’un
commun accord de dissoudre la société. L’article 21 du CSC
prévoit en effet que : « La société est dissoute dans les cas
suivants : 3. par la volonté des associés ».
3. La dissolution judiciaire :
 En plus de la dissolution volontaire, celle-ci peut également
être judicaire. En effet, en application de l’article 21 du
CSC : « La société est dissoute … : 5. par sa dissolution
judiciaire ». C’est ainsi que lorsque les associés souhaitent
dissoudre la société ils saisissent le juge. Pour ce faire, ils
doivent cependant prouver que la société ne peut
fonctionner ainsi.
 la dissolution judicaire peut intervenir dans trois cas
précis :
 La réunion de toutes les parts entre les mains d’un seul
associé
 La dissolution pour justes motifs
 Pertes importantes sur les fonds propres
1) La réunion de toutes les parts entre les mains
d’un seul associé
 La réunion des actions entre une seule main, constitue une
cause quasi automatique de dissolution, et ce
particulièrement pour les sociétés qui exige plusieurs
associés comme par exemple la SA.
 En revanche, la réunion des actions entre les mains d’un
seul associé peut ne pas générer automatiquement la
dissolution de la société. Toutefois, cette possibilité ne vaut
que pour un certain type de sociétés notamment les
sociétés de personnes ainsi que les SARL qu’il est possible
de transformer en une SUARL et ce en application de
l’article 23 du CSC.
2) La dissolution pour justes motifs
 L’article 26 alinéa 3 du CSC dispose que : « Dans tous
les cas, tout associé peut conformément aux
dispositions spécifiques à chaque société, saisir la
juridiction compétente en vue de faire prononcer la
dissolution de la société pour justes motifs ».
 Que doit-on entendre par l’expression ‘’justes
motifs’’ ?
 On remarque à ce stade que le CSC ne définit pas
l’expression ‘’justes motifs’’.
 Cette définition est toutefois à rechercher au sein du
COC.
 En effet, selon son article 1323 ce sont des motifs qui
perturbent gravement la vie de la société au point de
rendre l’activité très difficile, voire impossible. L’article
dispose en effet que « Tout associé peut poursuivre la
dissolution de la société, même avant le terme établi, s'il y
a de justes motifs, tels que des mésintelligences graves
survenues entre les associés, le manquement d'un ou de
plusieurs d'entre eux aux obligations résultant du contrat,
l'impossibilité où ils se trouvent de les accomplir ».
 Par mésintelligence il faut entendre une mauvaise entente
entre deux ou plusieurs personnes.
 Ce manquement se traduit généralement par une inexécution
qui va compromette le bon fonctionnement de la société. Par
exemple le défaut de faire l'apport promis.

 .
3) Pertes importantes sur les fonds propres
 Une perte importante sur les fonds propres est une cause
de dissolution de la société et ce lorsque les fonds propres
de la société sont inférieurs à la moitié du capital social. A
cet égard, l’article 27 du CSC dispose que : « la société
peut être dissoute lorsque ses fonds propres se trouvent
être inférieurs à la moitié de son capital social suite aux
pertes constatées dans ses documents comptables. Dans ce
cas le représentant légal de la société est tenu de convoquer
l’assemblée générale délibérant aux conditions prévues par
les statuts pour décider de la dissolution de la société ou de
sa continuation avec régularisation de sa situation ».
Les effets de la dissolution sur la personnalité
morale
 La dissolution entraîne ipso facto la disparition totale de la
personne morale. Toutefois, sa personnalité juridique subsiste
pour les besoins de sa liquidation. D’ailleurs, à partir de la
date de sa dissolution la société est considérée en liquidation.
 En effet, aux termes de l’article 29 du CSC « La société est
en liquidation dès l'instant de sa dissolution quelle qu'en soit
la cause ».
 Durant cette période, la personnalité morale
survit pour permettre la liquidation de la société et ce
en vertu de l’article de 29 du CSC « … la personnalité
morale de la société survit jusqu’à la clôture de la
liquidation ».
 Elle ne disparaîtra totalement qu’après la liquidation.
a) Le maintien de la personnalité morale pour les
besoins de la liquidation
 Durant la période de liquidation, la personnalité morale de
la société n’est maintenue que pour les besoins de la
liquidation.
 La subsistance de la personnalité morale pour les besoins de
la liquidation signifie que la société conserve tous les
attributs de la personnalité morale, c’est à dire son siège, sa
dénomination … .
 Pendant cette période la société ne peut effectuer
aucune opération c'est-à-dire que la société ne peut pas
conclure de nouveaux contrats (la dissolution ayant
entraîné la cessation de l’activité de la société).
 C’est ainsi que la société est artificiellement maintenue
en vie pour régler ses dernières affaires. C’est
d’ailleurs la raison pour laquelle la dénomination
sociale doit impérativement être suivie de la mention
"société en liquidation".
▪ Le liquidateur
 Pour les besoins de la liquidation, un liquidateur est nommé.
Il aura pour vocation de représenter légalement la société
dissoute.
 A cet égard, l’article 42 du CSC dispose que « Le liquidateur
est le représentant légal de la société dissoute. En cette
qualité, il dispose des pouvoirs les plus étendus pour réaliser
l'actif, payer les créanciers, représenter la société auprès des
tribunaux et répartir le solde disponible entre les associés ».
 Le liquidateur agira ainsi au nom de la société puisque
pendant cette période, les organes sociaux perdent tous leurs
pouvoirs, tant pour gérer la société que pour la représenter.
 Toutefois, la question se pose de savoir comment nomme-t-on
un liquidateur ?
 Pour répondre à cette question il faut se référer à l’article 30
du CSC.
 C’est ainsi que le liquidateur peut être nommé
conformément :
1. aux statuts,
2. en cas d’absence de dispositions statutaires la nomination
sera prise par une décision de l’Assemblée générale des
associés prise selon la forme juridique de la société et les
conditions prévues par les statuts
3. si les associés n’arrivent pas à désigner un liquidateur, ce
dernier sera désigné par une ordonnance sur requête.
lorsque la dissolution est judiciaire, c’est au tribunal de procéder
à la nomination du liquidateur.
 A ce stade de l’analyse une autre question se pose : qui peut
être nommé liquidateur ?
 Le liquidateur est soit un dirigeant de la société, soit un
associé de la société, soit un tiers.
 La durée de sa mission :
En vertu de l’article 40 du CSC la durée du mandat du
liquidateur est fixée à un an. Toutefois, si la liquidation n'est
pas clôturée dans ce délai, le liquidateur devra présenter un
rapport expliquant les raisons pour lesquelles la liquidation
n'a pu être clôturée. Il doit également préciser les délais
dans lesquels il se propose de le faire.
Ce qui signifie que le renouvellement du mandat du
liquidateur est possible.
Ce renouvellement est toutefois limité à deux fois pour la
même durée grâce à une décision de l’assemblée générale ou
à défaut par une ordonnance du juge des référés.
 La rémunération du liquidateur :
La rémunération du liquidateur est librement fixée par
l’assemblée générale des associés. A défaut d’accord, les
honoraires du liquidateur seront fixés par le Président
du tribunal de première instance du lieu de siège social
de la société.
Le rôle du liquidateur :
 Comme son nom l’indique le liquidateur a pour mission
d’effectuer les opérations de liquidation.
 Le liquidateur est d’ailleurs le représentant légal de la société
dissoute tant vis-à-vis des tiers que devant les juridictions.
 A ce titre, il dispose de pouvoirs étendus qui lui permettent
de réaliser plusieurs opérations notamment :
➢ L’inventaire de l’actif et du passif de la société (article 32 du
CSC).
➢ Le recouvrement des créances (recouvrer le paiement de
toutes les créances envers les tiers.)
➢ la réalisation de l’actif de la société (cession des immeubles,
cession des stocks, bref vendre tous les biens de la société …),
➢ répartir le solde disponible entre les associés (Article 42
CSC).
➢ Le liquidateur peut dans le cadre de ses fonctions déléguer à
un tiers le pouvoir de faire certains actes déterminés.
Néanmoins, la responsabilité de ces actes incombe au
liquidateur (Article 42 CSC).

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