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● 1re Remarque
Le contrat en droit administratif tient une place secondaire par rapport à l’AAU. Le
contrat a une place secondaire pour deux raisons :
- Le modèle français de l’administration repose sur une structure hiérarchisée
dont le fonctionnement est ‘‘autoritaire’’ via des procé dé s unilaté raux.
L’administration agit à travers des actes unilaté raux
- L’encadrement juridique de l’action publique est passée en France par le
recours pour excès de pouvoir (REP). Les progrè s du contrô le de
l’administration se sont fait au gré des progrè s du REP. Il a fallut donc que
toute action de l’administration soit dé cortiqué en AAU, mê me implicite, qui
permettent par la suite des REP. C’est par le prisme du REP que passe le
contrô le de l’administration et des actes qu’elle prend.
● 2e Remarque
L’administration a toujours eu recours aux contrats pour construire des bâ timents,
acqué rir des biens, confier la gestion d’une activité à autrui. Il a joué un rô le
important au cours du XIXè me siè cle pour assurer la modernisation du pays.
L’é lectrification du pays, la distribution de l’eau, les transports… se sont opé ré s par
voie du contrat. L’Etat ou les CT déléguant le soin à des opérateurs privés de
construire ou de faire fonctionner des services. On parle de concession, qui consiste
en la dé lé gation d’une activité à un opé rateur privé . Le contrat a donc toujours eu
une place de choix dans le fonctionnement de l’administration.
● 3e Remarque
On assiste par ailleurs à un phénomène de contractualisation de l’action publique.
Ce phé nomè ne ne concerne pas que le droit public. Cela ne concerne pas que le droit
public puisqu’on le retrouve aussi en droit civil. Le procé dé contractuel progresse à
partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Il est du à :
En matière d’action sociale : On intè gre la délivrance de prestation sociale dans les
contrats qui font peser sur les bénéficiaires des engagements. L’exemple type est le
RSA (Revenu de Solidarité Active). Il y a un contrat d’engagement dé sormais avec
France Travail. On impose aux bé né ficiaires de prestations sociales de s’engager
dans un contrat avec des engagements à leur charge. Ce ne sont pas non plus des
vrais contrat
CE, 4 déc. 2019 : le CE précise que le RSA n’est pas un contrat ayant valeur
juridique. Les bénéficiaires sont et restent dans une situation légale et réglementaire
et non contractuel. Le contrat reste une manière de l’informer de ces engagements
et de ses obligations (légales et réglementaires)
On peut voir des notions qui sont proches, notamment celle de contrat administratif,
de contrat public ou encore de contrat de la commande publique. Est-ce que ce sont des
synonymes ?
Le terme de contrat administratif est assez généraliste voire paresseux. Il n’a pas une
dé finition é quivoque. Le plus souvent, on utilise le terme de contrat public qui est le
contrat passé avec une personne publique. Mais tous les contrats publics ne sont pas
des contrats administratifs. Il arrive que l’administration passe des contrats de
droit privée. Tous les contrats publics ne sont pas des contrats administratifs.
Inversement, tous les contrat administratifs ne sont pas des contrats publics : il y a
des contrats administratifs entre personnes privé es.
L’intérêt de la notion de contrat public est que le simple fait qu’il y ait une personne
publique partie au contrat, quelque soit la nature du contrat entraîne un certain
nombre de consé quences juridiques :
- Les modalités d’expression du consentement sont celle de la personne
publique
- Il y a le principe d’insaisissabilité des biens publics (ce qui est possible dans
les contrats privé es)
- Il existe pour les dettes des personnes publiques des rè gles d’obligation
spé cifique via la prescription quadriennale (4 ans)
Les contrats de la commande publique existent depuis trè s longtemps. Ils ont é té
ré unis dans le Code de la commande publique entré en vigueur le 1er avril 2019. Il
n’y a pas de synonymes avec le contrat administratif. Tous les contrats de la
commande public ne sont pas des contrats administratifs.
Tous les contrats administratifs ne sont pas des contrats de la commande publique.
Ce sont des contrats qui ont une dimension é conomique importante. Des contrats
administratifs ne sont pas tous soumis aux rè gles de la commande publique
Exemple : certains agents sont des agents contractuels, lié s par un contrat
d’engagement personnel. Ce sont des contrats administratifs mais pas des contrats
de la commande publique.
Remarque préalable : Cass, 3e Civ, 26 oct. 2022 : A quel moment se situe-on pour qualifier
un contrat d’administratif ou pas ? Souvent, on recourt au juge au moment de
l’exé cution du contrat. Mais la difficulté qui se pose est que des éléments font que la
qualification du contrat évolue (par exemple une personne publique se privatise).
La Cour de cassation a dit que pour dé terminer la nature d’un contrat et tout ce qui
va avec, il faut se situer au jour de la conclusion de ce contrat.
Cela est trè s important au regard de la sociétalisation des établissements publics,
dynamique engagé e par l’Etat (ex : France Té lé com devenu Orange…)
Les contrats de partenariat sont des contrats désormais publics. Ils ont fait l’objet
d’une qualification par une ordonnance. Ils font partie dé sormais des contrats de
marché public.
Dans une loi du 12 juillet 2010, les contrats d’achat d’électricité passé s entre EDF et
des producteurs d’é lectricité renouvelables sont des contrats administratifs. On est
pourtant dans le cadre de personnes privées mais sont administratifs.
2. La qualification indirecte
Les contrats de vente d' immeubles de l’Etat sont des contrats par qualification de la
loi. Les contrats portant sur l’occupation du domaine public sont des contrats
administratifs. Les baux emphytéotiques passés par des personnes publiques sont
aussi des contrats administratifs.
Quand est ce qu’un contrat liant une personne privée et une personne publique est un
contrat de droit privé ?
On met de cô té les travaux publics qui relè vent du droit administratif des biens : dè s
lors que le contrat avait pour objet la ré alisation de travaux public, le juge
administratif est compé tent.
Si le contrat a pour objet le service public, alors le juge administratif est compé tent.
La qualification de contrat administratif suppose un degré de proximité entre
l’activité de service public et le contrat. Il y a 4 hypothè ses dans lesquelles un
contrat est un contrat administratif en raison de son lien avec une activité de service
public :
Le juge a ensuite donné une autre définition dans TC, 2014, Société Axa France
IARD : la clause exorbitante est la « clause qui notamment par des prérogatives
reconnues à la personne publique contractante dans l’exécution du contrat, implique dans
l’intérêt général qui relève du régime exorbitant des contrats administratifs ». Il en résulte
deux choses :
- On a plus besoin de comparer avec le droit commun.
- La clause exorbitante est la clause qui attribue une prérogative de puissance
publique à l’administration ou qui fait peser une sujétion de puissance
publique en vue de permettre la ré alisation de la finalité d’inté rê t gé né ral.
Le TC est venu pré ciser que la prérogative de puissance publique doit bénéficier à
la personne publique pour que le contrat soit administratif.
TC, 2 novembre 2020, Société Eveha : il ré sulte de cet arrê t que seules les
prérogatives reconnues à la personne publique sont susceptibles de qualifier le
contrat d’administratif. Il é tait question d’une socié té publique locale qui avait en
charge une acticité de service public. Le contrat contenait une clause qui permettait
de résilier le contrat de manière unilatérale. Le contrat est-il pour autant administratif ?
le TC a dit que non parce que la clause ne bé né ficiait pas à la personne publique. Il
faut que la clause bé né ficie à une personne publique pour que le contrat soit
administratif.
CE, 20 juillet 2022, ONF : le simple fait que des clauses attribuent des prérogatives
de puissance publique ne signifie pas que ce sont des clauses exorbitantes. Dans
cet arrê t, il est question d’un contrat qui comporte des clauses accordant des
pré rogatives de puissance publique mais ce ne sont pas des clauses exorbitantes, et
ce n’est pas un contrat administratif. C’est une convention qui lie l’ONF à une
personne autorisée à occuper et exploiter une parcelle sur un territoire d’une
commune pendant 10 ans. Cette convention est-elle un contrat administratif ? La CAA
avait considé ré que oui car pré sence de clauses exorbitantes (elles le paraissaient
en tout cas, car les pré rogatives confié es é taient considé rables : possibilité de
rompre contrat sans pré avis, pouvoir de contrô le de l’ONF sur le cocontractant,
besoin autorisation ONF pour abattre des arbres…). Mais Conseil d'É tat annule
l’arrê t d’appel, se fonde sur le fait qu’aucune de ces clauses qui semblent certes
exorbitantes ne justifient que dans l’intérêt général cette convention relè ve du
ré gime exorbitant des contrats administratifs. Nonobstant l’existence de clauses
exorbitantes, cela ne justifie pas que ce contrat soit administratif.
On est dans un contrat largement réglementé par la loi. Il se trouve que le ré gime de
ce contrat est exorbitant. Les contrats passé s en exorbitance sont des contrats
administratifs.
CE, Section 1973, Société d’exploitation électrique de la rivière du Sant : contrat
d’achat d’électricité entre EDF et des producteurs indépendants d’électricité. Ces
contrats faisaient l’objet d’un cadre légal assez important avec une loi qui dé finissait
les obligations imposé es aux parties comme pour EDF qui avait l’obligation d’achat
de l’é lectricité issue des barrages. Le régime était exorbitant donc on était dans le
cadre d’un contrat administratif.
TC, 11 mars 2011, Groupement forestier de Beaume Haie c. ONF : contrat passé
par l’ONF avec des proprié taires de bois et de forê ts et le proprié taire avait choisi de
se placer dans un régime particulier qui prévoyait des dispositions exorbitantes,
donc le TC a considé ré que le contrat était administratif.
Parfois, le jeu de ces critè res produisait des effets indésirables : le juge a pu avoir
recours aux blocs de compé tence : le but est de savoir quel juge est compé tent en
fonction du type de contrat.
C’est bien aprè s que le TC a cré er un bloc de compétence pour simplifier les choses.
TC, 25 mars 1996, Berkani : le TC dispose que les agents contractuels qui travaillent
pour les services publics administratifs gérés par des personnes de droit public
sont des agents de droit public donc leur contrat est de droit administratif.
Mais les contrats entre les SPIC gérés par les personnes publiques et leurs usagers
sont des contrats de droit privé, y compris s’ils contiennent des clauses exorbitantes
de droit commun.
CE, juin 2009, ADP : Aé roport de paris est une socié té privé e dans lequel la sé curité
est assuré e par des personnes privé es. Le CE a considé ré que les contrats par
lesquelles les socié té s d’aé roport confient la mission de filtrage des passagers sont
réalisés pour le compte de l’Etat et sous son autorité donc sont des contrats
administratifs. On est dans le cas d’une mission de police administrative.
TC, 2015, Entreprise Peyrot : la socié té d’autoroute agit au nom et pour le compte
de l’Etat : les contrats conclus pour la réalisation des routes nationales y compris entre
personnes privé es sont des contrats administratifs car la construction des routes est
une compétence de l’Etat.
Mais revirement de jurisprudence : TC, 9 mars 2015, Rispal contre autoroute du
Sud de la France : Se fonde uniquement sur l’objet du contrat. Une socié té
concessionnaire d’autoroutes qui conclu un contrat avec une socié té ayant pour
objet la construction et l’entretien d’une autoroute ne peut pas être regardé comme
agissant au nom et pour le compte de l’Etat.
Il faut faire la part des choses dans les contrats. Seulement deux caté gories de
contrat ont une dimension é conomique importante qui relè vent du Code de la
commande publique où la mise en concurrence est né cessaire : ce sont les marchés
publics et les concessions. La division entre ces deux contrats repose sur l’objet du
contrat et sur l’é conomie financiè re.
Ces contrats ne sont pas nécessairement administratifs : ils le sont que si une
personne publique est partie au contrat ou le contrat est fait pour le compte d’une
personne publique.
A. Les marchés publics
Des marchés publics peuvent ne pas ê tre administratifs. Les marchés publics
sont les plus classiques. Ils ressemblent le plus aux contrats classiques du droit civil.
Un marché public est un contrat par lequel un acheteur passe un contrat avec un
opérateur privé pour répondre à ses besoins de travaux, de fournitures ou de service
en contrepartie d’un prix (Art. L1111-1 CPP)
On est dans la logique de l’achat. On parle de 3 types de marché s : les marché s de
travaux, de fourniture ou de service.
Il faut spé cifier une caté gorie de marché complexe que sont les marchés de
partenariats, anciennement concessions de partenariats. Ce sont des contrats récents.
L’objectif est la construction de grands équipements publics tout en lissant leur coû t
sur la duré e. L’opé rateur privé va s’engager à concevoir l’équipement, assurer son
financement, sa construction, son entretien, son exploitation en échange d’un loyer
acquitté par la personne publique qui utilise l’équipement.
Exemple : des universités ont fait construire des bâ timents et ils ont été financés par
la société de construction en contrepartie du paiement d’un loyer. C’est un marché
public.
B. Les concessions
Exemples
- CE, 2021, Ville de Paris : contrat passé avec des socié té s dont la mission
en vertu du contrat é tait d’assurer l’enlèvement des véhicules abandonnés
dans
les fourrières de la ville de Paris. La ré muné ration de cette socié té ne
ré sultait pas d’un prix payé par la ville de Paris : l’opérateur se payait sur la
dette : il ré cupé rait les vé hicules et en faisait ce qu’il voulait. La question se
posait de savoir si c’était un marché ou une concession. Le juge a dit que
aucune des stipulations du contrat ne pré voyait une compensation pas la ville
de Paris, que par ailleurs, il y avait un alé a lié aux vé hicules ré cupé ré s (on ne
valorise pas de la mê me maniè re un vieux vé hicule qu’un nouveau). Le risque
porte sur la société donc on est dans une concession
Les contrats de recrutement d’agent public sont les contrats par lesquels les
contrats engagent des employé s. On parle des contrats d’engagement personnel. La
majorité des personnes dans une administration sont des fonctionnaires : elles ont
un statut. Mais il y a une part non né gligeable qui sont des contractuels et qui sont
liés par des contrats de travail administratif.
Il y a des éléments d’exorbitance. Cette idé e d’exorbitance s’exprime à la fois par des
prérogatives du droit de la puissance publique, mais cette exorbitance s’exprime
aussi par des charges exorbitantes de la puissance publique. Il pè se sur
l’administration des obligations qui ne pè sent pas sur des contractants dans des
contrats de base.
Cette idée d’exorbitance apparait assez facilement lorsque l’on confronte le régime
du contrat administratif avec celui du contrat de droit privé (1102 et 1103 du code
civil) qui posent la liberté contractuelle et le principe de la force obligatoire du
contrat. Quand on confronte le droit administratif avec ces articles, les exorbitances
se ré vè lent.
Sur le 1103, la force obligatoire du contrat tient force de lois à ceux qui les ont cré es.
Quand on fait un contrat on l’exé cute. Mais on verra en droit administratif que dans
certains hypothè ses, l’administration est en droit de modifier unilatéralement le
contrat ou d’y mettre fin unilatéralement.
Elles sont plus ou moins contraignantes en fonction du contrat :Les contrats qui
n’ont pas de dimension é conomique (engagement personnel) é chappent à ces rè gles
Pour les contrats de la commande publique, soumis aux exigences de ce code.
Pour les autres contrats, ces règles varient selon le choix du cocontractant avec le
prix qui est un critè re dé terminant. De plus en plus dans les critè res de sé lection on
tente d’inté grer d’autres critères plus qualitatifs (protection de l’environnement…)
L’article L2152-76 du code de la commande publique é nonce que le « marché
public est attribué au soumissionnaire (candidat) qui présente l’offre économiquement
la plus
avantageuse la sur base du critère du prix ou du coût. L’offre peut également être
déterminé sur une pluralité de critères liés à l’objet ou aux conditions d’exécution du
contrat (prix, qualité, environnement, social…) »
Dans les marchés publics, les règles sont les plus contraignantes. Elles reposent sur
l’idé e d’une publicité et d’une mise en concurrence des opé rateurs qui candidatent.
Ces rè gles sont minimums et limité s pour les marché s dont les enjeux financiers
sont faibles. Les marchés en dessous de 40.000€ ne font pas l’objet de contraintes
particulières.
La procédure classique est celle de l’appel d’offre : elle passe par la publication
d’un avis concernant la passation d’un contrat (dans un journal). Les candidats
présentent leur projet de marché et une commission des appels d’offre choisit le
projet le plus souvent sur le critè re du prix.
Pour ce qui est des concessions, les contraintes sont beaucoup plus limitées car
l’intuitu personae joue un rôle essentiel. Il s’agit de confier aux cocontractants une
mission de service public. La collectivité publique a plus de marges de manœuvres
qu’en matière de marché public. On retrouve l’exigence de publicité mais aussi des
règles qui encadrent la négociation avec les différents opérateurs candidats. Parce
que les enjeux sont lourds en terme de service public qu’il y a une négociation et
une liberté de choix du cocontractant.
Les contrats d’occupation du domaine public ont longtemps é chappé aux rè gles de
publicité et de mise en concurrence. Le CE avait rappelé en 2010 cet é chappement
aux rè gles.
Cela est fini depuis l’ordonnance du 19 avril 2017 qui a pré vu de maniè re limité e
des règles de passation. Elles sont ré gies dans le CG3P (Code général de propriété
des personnes publiques). la collectivité fait une procédure de sélection publique et
transparente des candidats mais c’est bien l’autorité en charge qui dé termine
librement la mise en œuvre des exigences.
B. La conclusion du contrat
On retrouve aussi les vices du consentement. Ils sont moins importants en droit
administratif mais le juge mobilise des dispositions du code civil : on retrouve le
dol, l’erreur et éventuellement la violence. En droit civil, modè le est celui d’une
personne physique qui passe un contrat. Mais en droit administratif, les
personnes
sont morales et de droit public. Elles sont moins susceptibles de subir de la
violence, de faire des erreurs ou ê tre soumis à des contraintes.
Exemple : dol au dé pens d’une personne publique : CE, 2020, société Lacroix
signalisation : affaire du cartel de la signalisation routière. Il y avait une entente
entre 8 sociétés pour se répartir les marchés publics pour ne pas se faire concurrence.
Cette entente s’est faite au dé pens des personnes publiques victimes de ces
ententes. Ces manœuvres sont du dol qui vicie le consentement des personnes
morales publiques.
a. La duré e
b. La forme
La aussi, les choses sont un peu diffé rentes. La forme écrite est imposée par les
textes.
c. Le contenu
On retrouve une série de règles qui pèsent sur les acteurs publics :
- Des clauses prohibées au sein des contrats administratifs. Des clauses sont
illicites par la loi ou par le juge.
Arrê t CE, 2012, CCI de Montpellier : interdiction faite aux personne
publiques de consentir des libéralités. Il en ré sulte qu’un contrat ne peut
pré voir une indemnité de ré siliation ou de non renouvellement du contrat
qui serait au dé triment de la personne publique manifestement
disproportionné au montant du pré judice subi par le cocontractant de
l’administration du fait de cette ré siliation.
Dans une dé cision ré cente CE, 2023, question autour des marchés publics
d’assurance : les personnes publiques font assurer leurs biens par des marché s
d’assurance. La difficulté qui existait é tait que dans le code des assurances, il est
pré vu que l’assureur a la possibilité de résilier le contrat unilatéralement à
l’expiration d’un délai d’un an. La question s’est posé de l’application de ces
dispositions pour les marché s publics d’assurance. Quelle application en droit
administratif ? Le CE a essayé d’adapter ces textes au contrat administratif : il a jugé
que la personne publique peut pour un motif d’intérêt général tiré des exigences
du service public s’opposer à la mise en œuvre de cette clause et imposer la
poursuite du contrat à l’assureur pendant la duré e strictement né cessaire au
dé roulement d’une nouvelle procé dure de passation d’un marché public d’assurance
sans que cette duré e ne puisse excé der 12 mois.
Ce qui est inté ressant de ce pouvoir de contrô le est qu’il peut conduire
l’administration à prendre des sanctions à l’é gard de ses cocontractants. Il y a 3
types de sanctions possibles :
- Pécuniaire : on inflige des pénalités en cas de retard ou manquement dans
l’exécution du contrat. Cette possibilité doit ê tre prévue dans le contrat. Cela
renvoie aux clauses pé nales des contrats publics. Le juge administratif a un
pouvoir de modulation à l’é gard de ces clauses et peut ré duire le montant des
pé nalité s (existe aussi en droit civil)
- Coercitive : ce sont les situations dans les cas de mauvaise exécution que
l’administration va pouvoir décider de se substituer à ce cocontractant pour
assurer l’exé cution du contrat au fait et risque de se cocontractant dé faillant.
Elle peut aussi avoir recours à un autre opé rateur. On peut parler de mise
sous séquestre d’une concession et de la mise en régie d’un marché de
travaux. Cette possibilité pour l’administration existe sans clauses contractuelles
(Arrêt CE, 2017 : société de manutention portuaire d’Aquitaine)
Le contrat initial n’est pas rompu.
Les choses ont é té clarifié es par CE, 1983, société des transports régionaux :
administration peut modifier le contrat même si cela n’est pas prévu par le contrat.
L’article L6 du CPP a fini par reprendre à son compte cette possibilité .
Cet encadrement s’opère à 3 égards :
Le motif d’intérêt général a fait l’objet d’interrogation : Peut-il être financier ? Souvent,
on considè re que non. Il arrive que la prise en compte de la dimension financiè re du
contrat justifie qu’il y soit mis fin.
Ce peut cependant l’être pour une meilleure gestion du domaine public
Dans une affaire, le motif d’inté rê t peut ê tre lié à la situation financiè re d’une
commune. Ce sont des considé rations financiè res.
Autre affaire : Commune de Palavas les Flots. É tait en cause une convention
d’occupation du domaine public qui avait é té stoppé par la commune afin de mettre
en place un parking. La cour s’é tait permise de regarder les besoins en matiè re de
stationnement. Mais le CE a annulé l’arrêt d’appel car on refuse que le juge puisse
s’ingérer dans les choix de l’administration.
L’administration devra indemniser son cocontractant ce qui couvrira ses pertes
mais aussi le gain manqué. L’é tendue de cette indemnisation est susceptible d’ê tre
dé terminé par des clauses du contrat. Mais principe d’interdiction de libéralité des
personnes publiques ce qui fait obstacle à des stipulations contractuelles qui
prévoiraient des indemnités de compensations qui seraient disproportionnées.
1. L’impré vision
a. Les conditions
Lorsque l’on est dans ces situations, le cocontractant va pouvoir revendiquer une
indemnité d’imprévision qui va compenser la part de son dé ficit imputable à ses
circonstances impré visibles lors de l’exé cution du contrat. Toute la question est
celle du montant de l’indemnité : cela ne joue que sur la part de l’aléa qui est
imprévisible. L’administration prend en charge l’alé a é conomique autour de 90% de
la charge nouvelle subi par le cocontractant : on laisse 10% d’incertitude d’aléa
normal. L’administration en prend en compte que ce qui est anormal. Cette
indemnité a vocation à ê tre dé terminé d’un commun accord. Le juge devra
dé terminer le montant de cette indemnité s’il est saisi de cette affaire.
Hypothè se dans lesquelles on a admis l’imprévision est souvent celle des coûts de
l’énergie: Arrêt CE, 1982 Sect. Scté Propétrol. Il est question du second choc
pé trolier.
Pour activer cette thé orie, celui qui est en charge de l’exécution du contrat doit
continuer à exécuter sa part du contrat. Certes il a une aide mais il continue à
exé cuter le contrat puisque la raison d’ê tre de l’impré vision est de permettre la
continuité du service public.
CE, AG, Avis de 2022 : le CE a pré cisé que les parties au contrat ont le choix :
- Modifier consensuellement le contrat dans le respect du code de la
commande publique
- Avoir recours à un système d’indemnisation des charges dans le respect de
l’impré vision
Ce sont les compensations dans le cas des travaux publics lors d’aléas techniques
qui vont interrompre ou rendre difficile un chantier : tempê te, la dé couverte de la
structure d’un sol…
Il y a un caractère exceptionnel et imprévisible lors de la conclusion du contrat,
extérieur aux parties du contrat. Il aura droit à une indemnisation intégrale des
charges impré vues qu’il a supporté , mê me sans clauses en ce sens.
3. Le fait du prince
Cette théorie est une invention de la doctrine. Il y a une incertitude sur son champ
d’application. L’administration est ici en cause : son action va donner lieu à une
difficulté dans l’exécution du contrat.
- 1 : Hypothè se où cet alé a est imputable à une autre personne publique que
celle qui a contracté.
- 2 : Hypothèse où cet aléa est imputable à la personne publique contractante,
mais en tant qu’elle agit au titre d’une autre mission que partie au contrat
(ex: contrat entre commune et société de transports pour assurer les transports
publics sur le territoire commune. Mais commune décide de fermer la
circulations ou mettre des sens interdits au titre de son pouvoir de police car il
y a un risque de trouble à l’ordre public. Lorsqu’elle fait cela, elle n’agit pas en
tant que cocontractante de la société de transports mais en tant qu’autorité de
police. Mais cette décision aura une conséquence sur l’exécution du contrat
(détours imposés, qui entraînent un surcoû t pour la société.
- 3 : Hypothè se où la personne publique interfère dans l’exécution du contrat
en tant que cocontractante.
La situation de fait du prince renvoie principalement à la 2 ème hypothèse. Dans ce
cas, le cocontractant privé aura droit à une indemnité pour réparer l’intégralité du
préjudice subi. Ici on n’est plus dans une responsabilité contractuelle sans faute,
mais dans une responsabilité dé lictuelle sans faute.
Exemple : la dé cision de conclure un contrat est AAU. Il pouvait faire l’objet d’un
REP. Le juge de l’excè s de pouvoir ne pouvait dé cider que de cela. Il ne pouvait pas
dé cider de mettre fin au contrat. Il fallait saisir d’un RPC aprè s pour demander au
juge de statuer sur le contrat.
Le solution a été de renforcer le champ des compétences du juge du contrat dans la
cadre d’un RPC au dépens du juge du REP.
A. Le référé précontractuel
B. Le référé contractuel
Art. L551.13 du CJA dé finit le régime de ce référé. Il peut ê tre engagé après la
conclusion du contrat. Il s’agit de permettre une remise en cause rapide de ce
contrat dans l’hypothè se que les rè gles de mises en concurrence te de publicité ont
é té violé es.
Le référé contractuel sur référé précontractuel ne vaut : on ne peut pas cumuler les
deux. Le ré fé ré ne peut ê tre engage s’il y a dé jà eu un ré fé ré pré contractuel. Ce ne
peut pas ê tre les mê mes personnes. Le dé lai est celui de 31 jours après la réalisation
des mesures de publicité du contrat. Le dé lai est de 6 mois si pas de publicité à
compter de la conclusion du contrat.
REP a un rôle plus limité depuis 2007 mais il joue toujours un rô le. Il faudra voir les
actes détachables du contrat qui sont des AAU pris sur le fondement ou à la suite du
contrat puis le cas particulier rare des REP directement contre le contenu du contrat.
Arrê t CE, 1905, Martin : le juge de l’excès de pouvoir s’est saisi du contentieux
contre les décisions prises par l’administration dans le cadre de l’exécution et
l’annulation du contrat. Ces AAU doivent être détachables du contrat donc peuvent
faire l’objet d’un REP. Permet à des tiers au contrat (usagers, concurrents) de
contester des actes valables au contrat (conclusion, refus de conclure…) ou des actes
relatifs à l’exé cution du contrat (ré siliation…). Il a é té considé ré que cette
construction a produit des effets indésirables. En 2007, pour contrecarrer les effets
des actes dé tachables, le CE a dé cidé de ré duire la porté e cette jurisprudence.
CE, Ass, 2007, Scté Tropique Travaux Signalisation et CE, Ass, 2014, Département
du Tarn-et-Garonne : nouveau recours devant le juge : recours en contestation de la
validité du contrat. Il se rapporte devant le juge de la pleine juridiction. En
contrepartie, le CE décide que des REP ne seront plus possibles contre des actes
préalables mettant en cause la validité du contrat. Il s’agit selon ces arrê ts des
dé cision relatives à la conclusion du contrat qui ne peut plus faire l’objet d’un REP,
de signer le contrat et enfin du choix du cocontractant. Les tiers pourront faire un
recours en contestation de validité du contrat devant le juge du RPC et pas du juge
du REP.
Le REP persiste dans le champ qui est à l’é gard des actes dé tachables du contrat.
B. Le contrat
CE, 1998, Ville de Lisieux : Les contrats d’engagements personnels peuvent faire
l’objet d’un REP.
Les clauses réglementaire des contrats administratifs : cela renvoie aux contrat
concernant la gestion de service public. Mais la clause concerne aussi les usagers du
service public qui sont des tiers au contrat.
Exemple : commune qui a passé un contrat de transport : fré quence des bus, tarif
payé par les usagers… l’effet va au-delà des parties au contrat. Il a autorisé la
possibilité d’invoquer ces clauses à l’appui de recours pour excès de pouvoir formé
par les usagers du service public considéré.
CE, 1906, Syndicat des propriétaires et contribuables du quartier Croix de Seguey
Tivoli : il fallait contraindre la mairie à respecter le contrat de concession.
CE, 1996, Cayzeele : possibilité d’engager un REP contre les clauses d’un contrat
A. Le contentieux de la validité
1. La validité du contrat
Le juge du contrat ne peut être saisi que par les parties au contrat. Elles ont toujours
disposé es d’un recours en nullité contre le contrat, peu utilisé pendant de
nombreuses anné es parce que les parties n’avaient pas intérêt à demander la nullité
du contrat. Le CE a refondu ce recours à l’occasion d’un arrêt CE, 2009, Commune
de Béziers (1): Soit le recours est engagé par voie d’action devant le juge du plein
contentieux et cette possibilité est possible tout au long de la duré e de vie du
contrat. Soit elle peut avoir lieu par voie d’exception : à l’occasion d’un litige relatif
à l’exécution du contrat, un des partie va mettre en avant l’irré gularité du contrat
pour se libérer de ses obligations. Lorsque dans les deux cas, le juge du plein
contentieux dispose de pouvoirs plus diversifié qu’avant. Il a un panel de pouvoir
qui vont é ventuellement jusqu’à l’annulation du contrat mais passe aussi par des
hypothè ses intermé diaire. Ce pouvoir qu’a le juge s’opè re en tenant compte de deux
exigences :
- Loyauté des relations contractuelles : ce principe interdit à une partie de se
prévaloir d’une erreur dont elle est responsable. La commune de Bé ziers
avait demandé à tenté de se dé tacher du contrat car le contrat avait é té signé
avant la transmission au pré fet. Mais c’est de sa faute. Elle ne pouvait pas se
pré valoir de sa propre turpitude.
- L’objectif de stabilité des relations contractuelles qui dans la mesure du
possible impose la poursuite de l’exé cution du contrat. Dans les hypothè ses
où le juge peut annuler ou ré silier le contrat, ces hypothè ses sont ré duites.
Distinguons deux hypothèses :
Avant Tropic Signalisations 2007, la contestation du contrat par les tiers n’était pas
possible, seuls les actes dé tachables é taient contestables par voie du REP.
2 arrêts initient le changement :
- CE, société Tropic Signalisations 2007
- CE Ass., 4 avril 2014, Département de Tarn-et-Garonne.
- Les autres tiers ont des conditions de recevabilité drastiques, ils doivent
dé montrer que ce contrat est susceptible de léser leurs intérêts de façon
suffisamment directe et certaine. Ici, inté rê t à agir est donc appré cié
strictement.
□ La simple qualité de concurrent potentiel ou é vincé ne suffit pas pour ê tre
recevable à engager une action en contestation de validité du contrat. Il faut
dé montrer que la conclusion du contrat lèse directement un intérêt
économique du concurrent é vincé ).
● Quels sont les pouvoirs du juge confronté à cette action des tiers ?
Exemples :
CE, 13 mars 2019, SAGEM : Annulation du contrat pour irrégularité grave : le juge
a constaté des manquements graves aux règles de publicité et de mise en
concurrence, et que ces manquements ré vé laient une volonté de la personne
publique de favoriser un candidat au dé triment des autres.
Comment le juge statue sur la validité de la résiliation unilatérale d’un contrat administratif
?
Le juge administratif doit avoir 2 considérations pour le guider sans sa réflexion sur
une telle demande :
- Gravité des vices qui entachent la décision de résiliation : seuls les vices
graves concernant la ré gularité de la dé cision sont susceptibles de justifier la
reprise des relations contractuelles. Si vice n’est pas grave, le litige se rè gle
sur le terrain indemnitaire.
- Prise en compte des intérêts en présence : la reprise des relations
contractuelles ne doit pas porter une atteinte excessive à l’intérêt général, ni
mettre en cause les intérêts des tiers
Mais pour les autres mesures d’exécution du contrat (autre que la ré siliation
unilaté rale) le contentieux ne peut se régler que sur le terrain indemnitaire :
dommages et inté rê ts.
Arrêt CE, 13 juillet 2022 (renouvellement du contrat) : illustre cette idée, Conseil
d'État rappelle la solution de Béziers 2, et on se demande si le refus de l’administration
de renouveler un contrat peut être contesté ? Est-ce que cette décision de refus peut être
annulée ? Le régime Béziers 2 est-il transposable à l’hypothèse de ne pas renouveler le contrat
? Conseil d'É tat dit non. Le régime applicable ici est celui des autres mesures
d’exécution du contrat = terrain indemnitaire.
B. Le contentieux de la réparation
● Remarques
- Les interrogations sur les hostilités de cette dualité entre service et police.
Des auteurs considè rent qu’il n’y a pas que deux fonctions de
l’administrations. Un auteur (Truchet) dé fendu une troisième fonction qui est
celle de la régulation qui consisterait pour l’Etat à assurer une activité
d’organisation du marché et de l’activité économique. Il la particularise parce
qu’elle s’opè re selon des modalité s spé cifiques via l’action des AAI et elle
mobilise des formes juridiques atypiques de soft law.
Il existe à cô té du service public le cas du pouvoir réglementaire. Celui-ci
repose essentielle sur le Premier Ministre et sur les décret pris pour l’exécution
des lois…
La gestion du domaine public n’est pas une expression courant. C’est cette
gestion par les personnes publiques qui sont affectées au service public ou
mis à la disposition du public. Cette question du domaine public relè ve du
droit administratif des biens.
Remarques introductives
On est dans un domaine entre juriste et non-juriste. La ré ponse n’est pas la mê me
entre ces deux types de personnes. Ces diffé rences sont lié s à la polysémie. Jacques
Chevalier a mis en valeur les 3 dimensions de ce service public :
- Institutionnel : pluralité d’institutions avec leurs biens et leurs personnels
- Idéologique : on légitime l’action de l’administration. Cette action est
lé gitime car on pourvoir au service public et au besoin de l’administration.
- Juridique : c’est une mission d’intérêt général assuré de manière directe ou
indirecte par une personne publique. Il y a un ré gime spé cifique et il en
ré sulte une ré partition ces compé tences juridictionnelles. La pré sence du
service public est le critè re pour dé terminer l’office du juge.
Ces hypothèses ne sont pas majoritaires. C’est sur la base d’un critè re
jurisprudentiel que se dé finit le service public et donc sur celle du CE. Cette
qualification s’opère en l’application de critères cumulatifs, un troisiè me pouvant
le conforté . Arrêt CE, Sect., 2007, APREI :
- 1. « Une personne privée qui assure une mission d’intérêt général sous le
contrôle de l’administration doté de prérogatives de puissance publique assure
l’activité de service public ».
- 2. Mais il envisage aussi le cas où la personne privée n’a pas de prérogatives
de puissance publique : elle peut aussi faire partie de l’action du service
public sans ces pré rogatives. Une personne peut ê tre regardé comme gé rant
du service public par un faisceaux d’indices : activité d’intérêt général,
condition de sa création, conditions de son fonctionnement et organisation,
au regard des mesures prises pour voir si l’objectif est atteint, alors mission
de service public.
Exemple :
Arrêt de CAA : mise en cause d’une é cole privé e d’osté opathie. Est-elle partie du
service publique ? Oui car pas de pré rogative de puissance publique mais existence
de faisceaux d’indices : contrô le de l’administration, contenu de la formation
dé terminé par la ré glementation…
On est face à une notion incertaine. Deux types d’approches possibles sur le terme
d’inté rê t gé né ral :
- Utilitariste : l’inté rê t gé né ral est l’addition des intérêts particuliers
- Volontariste : ce sont les instituions de l’Etat
Approches :
- Objective : des activités sont par nature des activités d’intérêt général.
D’autres ne le sont pas
- Subjective : dé pend d’abord d’un choix politique fait par le lé gislateur ou
par l’administration selon les cas.
□ C’est l’approche subjective qui domine
TC, 1988, Villes de Cannes / Ponce : le TC a considé ré que le palais des festivals de
Cannes est une activité d’intérêt général car elle participe du développement de la
culture et du tourisme.
CE, 2000, Plage ‘‘Chez Joseph’’ : l’exploitation d’une plage sous le contrô le de la
commune d’Antibes a la caractère d’un intérêt général car participe au le
développement de la station balnéaire.
La limite de cette qualification est lorsque l’intérêt de cette activité est essentiellement
patrimonial : CE, Sect., 1999, Rolin : La FDJ est elle une activité d’intérêt général ? Non
selon le CE car le simple fait qu’il en résulte pour l’Etat d’importantes recettes
fiscales ne permet pas d’en faire une activité d’intérêt général.
Le rattachement à une personne publique est assez floue: cela se fait directement
ou indirectement. On é carte le fait que c’est la personne publique qui fait elle mê me
l’activité de service public. La question est de savoir s’il existe un lien de rattachement ?
Remarques
● La question du rattachement ou non de l’activité d’une entreprise privée au
service public est éminemment politique pour la raison que la maniè re dont
on perçoit ce rattachement, on porte un regard plus ou moins libé rale sur la
maniè re de fonctionner de la socié té . Il y a un enjeu sur la liberté
d’association avec l’Etat qui s’incorpore des activités de service privé. Enjeux
sur le plan politique et juridique : place de la liberté d’association et in fine, le
ré gime est diffé rent : on passe dans le droit public (continuité , laïcité ,
application du CRPA...)
2 points importants :
CE, 2007, Commune d’Aix en Provence : permet de constater qu’il peut y avoir
service public et rattachement à une personne publique sans que la personne
public soit en cause. Le festival d’Art lyrique d’Aix en Provence poursuit une
mission de service public sans avoir é té cré é par la commune d’Aix en
Provence. C’est une initiative privée. Le festival est-il considéré comme un service public ?
le CE fait é voluer sa jurisprudence dans cet arrê t : il rappelle l’hypothèse classique
mais ouvre une brèche pour la qualification de service public : une activité peut
né anmoins se voir reconnaitre le caractère de service public si « une personne
publique en raison de
l’intérêt général qui s’y attache et de l’importance qu’elle revêt à ses yeux, exerce un
droit de regard sur son organisation, et le cas échéant lui accorde des financement »
Le festival gé ré par une association dont les organes sont composée de représentants
des collectivités publiques (dé partement, ré gion, commune) et le financement de
cette manifestation est assurée par des personnes publiques. Le CE constate aussi
qu’il y a des aides en nature fourni par la commune comme des locaux mis à
dispositions.
Une activité publique se retrouve ainsi lié e au service public. Ces critères ne sont pas
cumulatifs.
A. La compétence
Qui peut organiser les services publics ? Quelles sont les autorités compétences pour créer des
délégations de service public ?
1. Echelon national
Le cadre général a été rappelé dans un arrêt CE, 1997, Ordre des avocats à la cour
d’appel de Paris : Le CE s’est fondé sur les articles 34 et 37 de la C° qu’il appartient
au pouvoir réglementaire de fixer l’organisation d’un service public de l’Etat sous
réserve qu’il ne soit pas porté atteinte aux matières réservées en principe au
législateur.
Quels sont les titres de compétence du législateur pour créer des activités de service public
? C’est l’art. 34 de la C° : il renvoie à la loi d’organiser les différentes activités de
service public en rapport avec les matières énumérées.
Exemple de l’arrê t pré cé dent : création de Légifrance avec la cré ation d’un service
public de base de donné es juridiques. Cette cré ation dé cidé e par dé cret a fait l’objet
d’un REP. L’Ordre des avocats a pointé l’incompé tence du pouvoir ré glementaire.
Mais le CE é carte ce moyen car aucun alinéa ne prévoit ce service public dans
l’article 34 de la C°.
2. Echelon local
Assez simple : l’organe délibératif de la collectivité en cause est compé tent : conseil
ré gional, dé partemental ou municipal
a. Au niveau national
Le plus inté ressant est lorsque la création semble être imposé par les textes
constitutionnels. Cette idé e a é té é voqué e par le CC dans une DC, 25 -26 juin 1986,
Loi de Privatisation : la nécessité de certains services publics nationaux découlent
de principes ou de règles de valeur constitutionnels. On en a dé duit l’existence des
services publics constitutionnels, dont la cré ation s’impose en application de la
Constitution.
Difficulté est que CE n’a pas pré cisé les activité s de service public dont la cré ation a
é té imposé par le service public constitutionnel. On est venu mettre dedans le
service public régalien (justice, police, dé fense…) L’autre caté gorie est celle des
services qui répondent aux besoins du Préambule de la Constitution de 1946
(protection de la santé , droit à l’é ducation…)
b. Au niveau local
Il y a aussi des activités qui sont obligatoirement pris en charge par les CT. Il faut
se référer au CGCT qui dé finit les activité s dont les CT sont tenus de prendre en
charge.
Exemple : la commune doit prendre en charge l’assainissement de l’eau, les pompes
funè bres…
Sa dé marche de cré ation peut se heurter avec la liberté de cré ation, de liberté de
l’industrie. On est sur un terrain délicat qui a suscité dé bats entre les tenants du
libé ralisme face à ceux de l’interventionnisme de l’Etat. Ce point permet de concilier
les motifs d’intérêt général et de l’autre les libertés économiques. La ré ponse de
savoir si la personne publique peut cré er une activité se retrouve dans la
jurisprudence du CE.
Il y a en droit constitutionnel une jurisprudence CC, 2001, Archéologie préventive :
cas de construction de bâ timent et né cessité de fouilles pré alables si la construction
en met pas en cause la construction des travaux. Le problè me est que l’Etat crée un
EP alors qu’il existait des sociétés privées qui assuraient ces mission d’archéologie
préventives. Les socié té s par l’intermé diaire de parlementaire se sont pré valus une
violation de la liberté d’entreprendre. Le CC a reconnu un problè me au regard de la
liberté d’entreprendre mais que des atteintes sont justifiées par l’intérêt général. En
l’occurrence, le CC a é carté le grief formulé par les parlementaires car la
conservation du patrimoine arché ologiques répond à un besoin d’intérêt général et
la cré ation d’un monopole public se justifiait par la pé ré quation de redevance des
travaux et parce que cet EP avait la possibilité de recourir à des socié té privé s.
Dans quelle mesure une administration peut créer une activité de service public ?
Avec une premiè re approche d’abord sensible à la liberté d’entreprendre, elle s’est
par la suite socialisé e.
public
Pour celles né cessaires à la mission de service public dont les personnes publique
sont investies et pour lesquelles elle bé né ficient de puissance publique, on ne peut
pas contester la prise en charge de ces activités en se fondant sur la liberté de
commerce et de l’industrie. Ce sont des activité s non é conomiques des personnes
publiques.
Arrêt CE, Ass., 2006 Ordre des avocats du barreau de Paris : mission d’appui à la
réalisation des contrats de partenariats. Cette cré ation a posé des problè mes car
cette activité est plus ou moins ré alisé e par des acteurs privé s comme les cabinets
d’avocat. Mais le CE dit que cette activité se rattache à la mission de l’Etat de veiller
à la bonne application de la règle de droit qui est une mission administrative donc
ce n’est pas une activité é conomique. On est sur un terrain assez instable.
Arrêt CE, 2017, Perez et Ordre des Avocats de Paris : configuration proche. Il é tait
en question la cré ation par le ministè re de l’é conomie d’un mé diateur des
entreprises dont le but é tait de favoriser la résolution amiable des litiges en matière
de marché public. Là encore, ce n’a pas enthousiasmé l’ordre des avocats de Paris
qui exercent dé jà cette activité . Le CE é carte le recours car l’Etat s’é tait borné à
mettre en œuvre la mission gé né rale des MARL, corolaire de la bonne
administration de la justice. Cela n’empê châ t pas non plus de continuer à recourir à
un avocat. Il n’y a pas d’intervention sur un marché selon le CE.
Exemple :
- CE, Sect., 1959, Delansorme : parking municipal gé ré par la commune. Elle
dé cide de rajouter une station essence. Le CE a dit qu’elle pouvait car
permettait d’assurer l’attractivité du parking municipal et de permettre à ne
pas gêner la circulation en laissant les automobiles sur la voie publique
- CE, 1954, Dame Berthod : service public des pompes funèbres (activité
principale), à laquelle est associée une activité de vente de fournitures
funéraires, que la commune met en place en complément, et concurrence ainsi
le marché . Mais possible car l’activité est annexe à une activité de service
public déjà existante.
Soit la prise en charge directe par la personne publique, soit elle est confiée à un
opérateur privé.
La personne publique n’a toujours pas la liberté de choix dans la matière : elle doit
parfois faire des activités directes sans déléguer des activités. C’est le cas pour les
activités relevant de la police où le recours à des organisations privé s n’est pas
possible (CE, Ass., 1932, Ville de Castelnaudary)
A. La gestion directe
1. Les modalité s
CE Sect., 6 avril 2007, Commune d’Aix en Provence : lorsqu’il est question de confier
à un tiers le soin de prendre en charge l’activité de service public, le mode normal
sera un contrat (concession ou marché public), et règles de concurrence devront être
respectées.
Ce sont les personnes privées (socié té s commerciales dont celles publiques, des
associations…)
La question s’est posé pour savoir si une personne publique peut se voir confier par une
autre personne publique la gestion d’un service public ?.
Le problème est celui de la concurrence. Le CE a du répondre à cette question par un
avis puis des arrêts. CE, Ass. 2014, Soc. Armor SNC qui fixe le cadre juridique assez
fiable sur ces questions là . Pour comprendre l’arrêt, il faut comprendre deux points
: une personne publique peut-elle candidater à un marché public ? Si oui, selon quelles
modalités ?
Aucun principe ou texte ne fait obstacle à ce qu’une CT ou un EPCI se porte
candidat à l’attribution d’un contrat de la commande publique. Ils ne peuvent
présenter que leur candidature que si elle répond à un intérêt public. Il ajoute que
cette candidature doit constituer le « prolongement d’une mission de service public
dont la personne publique a la charge dans le but notamment d’amortir des
équipements, de valoriser les moyens dont dispose le service ou d’assurer son équilibre
financier et sous réserves qu’elle n’en compromettent pas l’exercice de cette mission ».
Dans cette affaire : le dé partement qui avait proposé un marché pour des opé rations
de draguage de riviè res et de fleuves. Un département voisin avait ce matériel. Un
département pouvait-il candidater à ce marché ? Le CE répond que oui mais il faut un
intérêt public. Cela ne doit pas non plus fausser la concurrence et le prix proposé
par la personne publique doit ê tre dé terminé en intégrant tout les coups direct ou
indirect concourant à sa formation sans que la personne publique bé né ficier d’un
avantage dont elle jouit pour assurer par ailleurs sa mission de service public.
Il n’y a pas un régime mais des régimes d’activité de service public. Pour rendre
compte de la diversité de ce ré gime juridique, il faudra distinguer les facteurs de
variation et ceux d’unité des ré gimes de service public.
Cette distinction est lié à l’extension des activités des personnes publiques au
début du XXème siècle qui é taient jusqu’alors prises en charges par des personnes
privé es. Il est apparu assez normal qu’elles soient soumises au même droit des
entreprises privés.
L’arrêt qui consacre cette distinction est TC, 1921, Société Commerciale de l’Ouest
Africain (dit Bac d’Eloka) Il s’agit d’un bac qui lors d’une traversée va couler. Action
en responsabilité mais quel juge va connaitre de l’action en responsabilité de ce drame ?
Le TC va dire la chose suivante : il se base sur l’idée que lorsque l’Etat gère ce bac, il
agit come une entreprise privée donc doit être soumis au droit privé : « en effectuant,
moyennant rémunération, les opérations de passage de piétons et de voitures d’une rive à
l’autre du lac, la colonie de Côte d’Ivoire exploite un service de transports dans les
mêmes conditions qu’un industriel ordinaire donc il n’apparient qu’à l’autorité
judiciaire de connaitre des conséquences dommageables de l’accident invoqué » C’est
l’acte de naissance de la notion de SPIC qui va venir se différencier des SPA.
1. La qualification
a. Par la loi
Exemples :
- Art L 342-13 Code du tourisme : « l’exploitation des remontées mécaniques et des
pistes de stations de ski est un SPIC » Cette question é tait peu é vidente à
l’origine: beaucoup de stations de ski é taient financé es par l’argent public
donc devraient plutô t ré pondre au modè le du SPA, mais ici législateur pose le
fait que ce sont tous des SPIC.
- Art L2224-11 CGCT : « Les services publics d’eau et d’assainissement sont
financièrement gérés comme des SPIC » Ils sont financés par les usagers via une
redevance et non par l’impôt.
b. Par la jurisprudence
CE Ass., 1956, Union syndicale des industries aéronautiques (USIA) : arrê t qui fixe
des critères jurisprudentiels pour la distinction SPA / SPIC : pour qu’une activité
soit considé ré e et é rigé comme une activité de SPIC, il faut 3 critères réunis et
cumulatifs :
Il existe des EP qui assurent deux types de missions : on parle d’ EP à double visage
car assurent des missions de SPIC et de SPA.
Arrêt TC, 1986, Commune de Kintzheim : l’ONF assure des missions de SPA en
protégeant et surveillant les forêts mais aussi de SPIC en vendant du bois. En
fonction du type d’activité , on ira soit devant le juge judiciaire soit devant le juge
administratif.
2. Le ré gime applicable
Dè s lors que l’on est en pré sence d’un SPA : le régime est celui du droit public donc
c’est le juge administratif qui sera compé tent pour connaître des litiges.
Si c’est un SPIC : régime de droit privé avec juge judiciaire compé tent.
Mais les choses ne sont pas aussi simple que ca : il faut intégrer dans l’équation la
nature de la personne qui prend en charge l’activité. Le ré gime ne sera pas le mê me
si le SPA est pris en compte par une personne publique ou privé e :
SPA : si le service est gé ré par une personne publique, les usagers sont dans une
situation lé gale et ré glementaire. Régime de droit public qui s’appliquera
Mais si le SPA est gé ré par une personne privée, le ré gime applicable à la relation
est un ré gime de droit privé sauf lorsque le litige met en cause la mise en œuvre
de prérogatives de puissances publiques par le gestionnaire
SPIC : quelque soit la nature, la relation est de droit privé. C’est une relations
contractuelles de droit privé, quand bien même il y aurait une clause exorbitante (CE
Sect., 1961, Etablissement Campanon Rey : on applique les règles du code de la
consommation)
SPA : les agents sont de droit public si le service est géré par une personne publique.
Ex : TC, 25 mars 1996, Berkani : Simplifie les choses en indiquant que dès lors
qu’est en cause un SPA, les personnes qui y travaillent sont des agents publics et les
contrats de travail sont des contrats administratifs. (Revirement de Mazerand)
Mais si le SPA est pris en charge par une personne privée, les agents sont des
salariés de droit privé. Le code du travail s’applique
SPIC : les agents qui y travaillent en principe sont des salarié s privé s soumis au
droit privé . Mais exceptions dé gagé s par le CE : Arrêt CE, 1957, Jalenques de
Labeau : le DGS et le comptable ont une qualité d’agent public.
SPA : si gé ré par une personne publique, les actes unilatéraux sont des AAU.
Mais si SPA est gé ré par une personne privée, il s’agit en principe de droit privé
sauf si pris dans l’exercice de prérogatives de puissances publiques (CE, Sect. 1961,
Magnier : il s’agissait d’une association dont la mission est l’é radication d’un
nuisible. Mise en place d’une association qui regroupe les agriculteurs concerné s. Il
font appel à des cotisations grâ ce à un texte qui l’impose. L’acte par lequel
l’association appelle les cotisations est un AAU pris dans le cadre de la puissance
publique car l’adhé sion à l’association est obligatoire.
SPIC : les actes unilatéraux sont des actes de droit privé sauf si ces actes sont
relatifs à l’organisation du service public. Arrêt TC, 1968, Barbier : hô tesse de l’air
chez AirFrance socié té commerciale mais qui gé rait un SPIC. Rè glement inté rieur de
l’entreprise spé cifiait que dè s lors qu’une hô tesse de l’air se mariait elle ne pouvait
plus voler. Mme Barbier engage un contentieux devant le juge judiciaire, conteste
les clauses qui l’empê chent de voler. Puis Cour de cassation soulève problème de
compétence. Le TC annonce que règlement est un AAU et met en cause
l’organisation du service public, donc juge compétent est celui administratif.
(Actuellement, systè me de la question pré judicielle au juge administratif)
Arrêts de 2008 : il ré sulte que les question des conditions de travail ne relèvent plus
des l’organisation du service public. La jurisprudence Magnier s’est contracté avec
moins d’hypothè ses dans lesquelles des litiges entre SPIC et leur agents sont connus
du juge administratif
Remarques :
- Cette distinction vient jouer selon les règles de concurrence imposées par le
droit de l’UE
- Elle joue essentiellement lorsque l’activité est pris en charge par une
personne publique
1. La distinction
2. Porté e de la distinction
Donc comment concilier les deux dimensions (activité de service public et activité
économique) sur le terrain des subventions ?
Exemple : SNCM entreprise publique en Corse : subventions de la part de la
collectivité pour ses activités de service public, même si elle reste une entreprise à
activité économique. Est-ce que l’aide est nécessaire ? Car sinon, problème au regard du
droit de la concurrence.
Le droit de la concurrence n’a pas mis fin à la possibilité de subventionner mais
à encadrer les possibilité des subventions. On le fait que dans la mesure où cela
est né cessaire dans la prise en charge du service public.
CJCE, 24 juillet 2003, Altmark : arrê t qui concerne les subventions versées par
l’Etat en contrepartie de l’exécution d’une mission de service public, à des
opé rateurs é conomiques telle qu’une entreprise qui gè re des services publics mais
qui intervient aussi sur un marché (ex : ancienne SNCF). La CJ dé finit les critè res
permettant d’appré cier si des subventions constituant ou non la contrepartie de
prestations effectué es par des entreprises pour exé cuter des missions de service
public ne constitue pas des aides d’Etat au sens du droit de la concurrence. Il définit
des critères et s’ils sont respectés, les subventions ne sont pas des aides d’Etat
soumises au règles de la concurrence. La CJCE a dit que la compensation
(subventions) ne doit pas dépasser ce qui est nécessaire pour couvrir les coûts
occasionnés par l’exécution de la mission de service public (si on ne veut pas
affecter le bon fonctionnement du marché ). La CJ pour s’assurer de cela, dé finit une
série d’exigences :
- les paramètres sur la base desquels est calculée cette compensation doivent
être établis de façon objective et transparente.
- La compensation ne dépasse pas ce qui est nécessaire pour permettre à
l’entreprise d’atteindre un niveau de rentabilité « raisonnable » pour les
entreprises du secteur concerné .
- Les obligations de service public à compenser doivent ê tre clairement
dé finies.
Ces exigences posé es par la CJ sont retrouvé es aujourd'hui en droit français : les
juridictions vérifient que les subventions pour mission de service public rentrent bien
dans ces exigences :
- CE, 25 octobre 2017, Société Corsica Ferries France : compensation de service
public versé e à la SNCM par la collectivité de Corse, et ici le Conseil d'É tat
applique les exigences Altmark pour appré cier la licé ité de la compensation
de service public versé e. É tait en cause la licé ité de la compensation entre la
SNCM et la CT de Corse. Le CE a dit que les critères posés par l’arrêt Altmark
n’étaient pas remplis : la SNCM recevait une subvention qui dépassait la
compensation des services publics qui pesaient sur elle.
- CAA Marseille, 19 janvier 2022, SNCF Mobilités : contrat entre ré gion PACA
et SNCF Mobilité s par lequel la ré gion a confié à la SNCF la prise en
charge des services ferroviaires ré gionaux. Il é tait pré vu dans le contrat que
la ré gion verserait des subventions à SNCF pour assurer la compensation des
charges de service public. Difficulté : ni le contrat ni aucun élément du dossier
ne permettait d’évaluer le coût exact des obligations de service public
assurées par la SNCF. Donc faute d’identifier de maniè re objective et
transparente les charges lié es à cette mission de service public, la cour a
constaté que la contribution de la région devait être considérée comme une
aide d’État illégale dans ses modalités.
Depuis la pré sidence Sarkozy (2007-2012), des lois sont venus encadrer l’exercice
du droit de grève dans les services publiques. Ces rè gles sont intervenus concernant
les écoles, le transport terrestre régulier de voyageur et celui aérien de passagers. On
n’interdit pas la grè ve mais on l’encadre. Elle passe par des négociations préalables
obligatoire et l’obligation d’informer de leur volonté de participer au mouvement
de grève : l’idé e est d’anticiper. Loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction
publique (sous Macron) a mis en place ces mê mes rè gles pour les services publics
locaux, de transport public, d’accueil des enfants… ou encore une Loi du 28
décembre 2023 qui est venu pré ciser les modalité s de la grè ve dans les services de la
navigation aé rienne avec toujours cette obligation déclarative.
B. Le principe de mutabilité
Jugement du TA de Montreuil qui a suscité des espoirs de la part des personnes qui
dé fendent le service public. Est en cause la cré ation d’un nouvel hô pital dans le Nord
de Paris qui conduit la fermeture de deux autres. Le TA de Montreuil a considé ré
que la déclaration d’intérêt public était illégale car la mise en œuvre de projet
risquait de réduire l’offre de soin contraire au droit fondamental constitutionnel à
la santé.
C. Le principe d’égalité
On ne parle que d’égalité entre les usagers du service public. Ce principe a en droit
administratif a la valeur de PGD depuis CE Sect. 1951, Soc. des concerts du
Conservatoire. Ce principe se dé cline de diffé rentes maniè res :
Le principe d’é galité suppose un traitement égal entre les usagers. Cela ne signifie
pas que les usagers doivent tous ê tre traité s de la mê me maniè re.
CE sect., 18 janvier 2013, Association SOS Racisme : question des tarifs d’accès au
musée « Le principe d’égalité ne s’oppose pas à ce que l’autorité investie du pouvoir
réglementaire règle de façon différente des situations différentes ni à ce qu’elle déroge
à l’égalité pour des raisons d’intérêt général, pourvu que dans l’un comme l’autre cas, la
différence de traitement qui en résulte soit en rapport direct avec l’objet de la norme
qui l’établit, et ne soit pas manifestement disproportionnée au regard des motifs
susceptibles de la justifier.» Donne un cadre pour traiter de manière différemment
des
usagers :
L’arrê t pré cé dant (Denoyez et Chorques) est un arrêt important. La situation entre
les personnes qui vivent sur le continent et les personnes qui vivent sur l’Ile de Ré
n’est pas la même ce qui justifie que le tarif du bac soit diffé rent.
Arrêt CE, 2018 sur la tarification des communications té lé phonique pour les
dé tenus. Les tarifs sont plus importants que ceux des usagers classiques. Ces
différences de traitement sont-elles licites ? Le CE a dit quoi car différence de
situation.
CE, 2021 : contentieux sur la tarification de fourniture d’eau. Différence de traitement
selon la date de raccord au ré seau d’eau. La différence de situation justifie
l’inégalité.
L’exemple le plus emblé matique est l’arrêt CE, Sect. 1997, Commune de
Gennevilliers : le CE clarifie la situation à cause des incertitudes sur les refus de
modulation tarifaire pour l’accès aux services publics facultatifs de loisirs. Le
service ne doit pas faire du profit sur les dos des usagers. Le tarif ne doit pas
excé der ce coû t par usager. Le CE justifie ce revirement par un motif d’intérêt
général : un conservatoire de musique et de danse doit pouvoir ê tre fré quenté par
tous les é lè ves qui le souhaitent sans distinction de leurs possibilité s financiè res.
CE, 1999, Soc. Air France : mettait en cause les redevances d’atterrissage pour les
avions cargos : « L’intérêt qui s’attache au développement des aéroports parisiens comme
plateforme de fret international ».
Le service public ne doit pas afficher son penchant pour certaines conceptions
politiques, philosophiques, religieuses… Cette question est é voqué e de maniè re
gé né rale : elle touche aussi les bien les agents que les locaux.
Exemples :
- CE, 15 oct. 2014, Confédération nationales des associations familiales
catholiques : é tait en cause la dé cision du ministè re de l’é ducation que soit
relayé dans les é coles une campagne de lutte contre l’homophobie qui
reposait sur une ligne d’é coute et un site internet. La dé cision du ministre
selon l’association portait atteinte au principe d’é galité . Conseil d'É tat a
considé ré que la dé cision du ministre portait atteinte au principe de
neutralité du service public, au regard de ce que pré sentait ce site internet
(drogue, pé dophilie..)
- Jugement du TA de Grenoble du 23 mars 2023 : position d’une banderole sur
le fronton de la mairie de Grenoble qui indiquait l’opposition de la mairie de
Grenoble à la réforme des retraites. Le TA a dit que c’é tait une atteinte à la
neutralité du service public.
● Problématique de la laïcité
Le lé gislateur est intervenu par l’article 1 de la loi du 24 aout 2021 confortant le
respect des principes de la République dite Loi Séparatisme : cela codifie en partie
la jurisprudence voire étend l’empire de la neutralité. Elle l’impose aux organismes
public et privé s chargé s d’une mission de service public, mais aussi aux titulaires
des contrats de la commande publique ayant objet pour tout ou partie l’exé cution
d’un service public.
Lorsque l’on s’inté resse à sa porté e, cela touche aussi les bien les agents que les
locaux : loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat qui interdit
pour l’avenir d’apposer un signe religieux sur les monuments publics et
emplacement publics, sous réserves d’exceptions (musé e…)
CE avis, 3 mai 2000, Marteaux : le principe de laïcité fait obstacle à ce que les agents
du service public disposent dans le cadre du service public du droit de manifester
leur croyance religieuse quand bien mê me :
- Ils ne sont pas en contact avec les usagers
- Ils seraient salariés d’une entité privée
Cela concerne tous les employés qui gèrent des services publics : Cass. Soc. 19 mars
2013, L. c/ Association Baby-Loup : crè che ouverte 24h/24. Contentieux car un
personnel est revenue de vacances en portant le voile. Règlement intérieur ne le
permettait pas. Dans cette procé dure, un enjeu essentiel é tait de dé terminer si la
crè che devait ê tre vue comme gé rant une mission de service public : si oui,
licenciement, si non, impossible de l’interdire. Cour de cassation a considé ré que
cette crèche ne prenait pas en charge une activité de service public, donc on ne
pouvait, pour ce motif, interdire le port du voile.
Cette exigence va plus loin : elle a donné lieu à un contentieux notamment sur le cas
d’é tudiants en é cole d’infirmiè re : le port de signes religieux est permis dans l’é cole,
mais quand ces é tudiants travaillaient en stage dans l’hô pital ils ne pouvaient plus
porter de signes religieux.
Sur la question des mè res qui apportent leur assistance à la mission de service
public lors de sorties scolaires : Peut-on leur imposer l’exigence de laïcité ? Non, ce ne
sont pas des agents publics.
A l’occasion d’un arrêt (2023, Assoc. Alliance Citoyenne) , le CE a estimé que les
personnes qui sont sélectionnés dans les équipes de France sont soumises au
pouvoir de direction d’un organisme en charge d’un service public pour le temps
des manifestations et compé titions donc soumises au principe de neutralité du
service public. On considè re que les personnes dans les é quipes de France se voient
imposé s le respect du principe d’égalité et de neutralité.
1. Le principe de gratuité
La gratuité s’impose pour certains services publics : ceux qui assurent les missions
de souveraineté qui incombent à l’État (sécurité d’incendies et de sauvetages). Et la
gratuité peut procéder de dispositions constitutionnelles : alinéa 13 préambule
1946 énonce que « La Nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction,
à la formation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public
gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’Etat. »
2. Le principe de participation
Rappel : La police est une activité de service public. Donc à ce titre, elle est soumise
aux lois du service public. On la traite à part historiquement de par son objet et les
outils qu’elle mobilise.
Pré cision : Distinction entre police comme fonction de l’administration, et la police
comme fonction de l’É tat de maniè re gé né rale. Cette fonction de police consiste à
garantir l’ordre public, mais cette mission ne pè se pas que sur l’administration, elle
pè se sur toutes les institutions de l’É tat, et notamment le lé gislateur.
Si on se situe au niveau de la fonction de l’É tat, cette politique visant à assurer ordre
public peut prendre plusieurs formes : police administrative, ré gimes ré pressifs
donc mise en place dispositions pé nales.
Le Conseil constitutionnel exprime l’idé e de fonction de l’É tat en disant qu’il existe
un objectif à valeur constitutionnelle : la sauvegarde de l’ordre public, qui peut
reposer à la fois sur des rè gles de police (police administrative) ou sur un ré gime de
sanctions pé nales, ou mê me sur la combinaison des deux. On peut donc considé rer
que le droit pé nal participe d’une fonction de l’É tat : la sauvegarde de l’ordre public.
□ Section 1 : Définition
Cette distinction est complexe car ce sont souvent les mê mes personnes qui
assurent ces deux types de missions, notamment en ce qui concerne l’institution
policiè re (police et gendarmerie nationale). Dans certaines situations, doutes
possibles sur la mission au titre de laquelle ils agissent (quand un policier utilise
son arme, agit-il en vertu de sa qualité de policier judiciaire ou administratif ?)
Ces critè res de distinction ont é té posé s par le Tribunal des conflits en application
du principe de sé paration des autorité s administratives et judiciaires, issu de la loi
des 16 et 24 août 1790.
Arrêt TC, 27 nov. 1952, Préfet de la Guyane : officier ministériel engage une action
en
responsabilité contre É tat du fait de l’interruption du fonctionnement des tribunaux
judiciaires. Quel est le juge compétent pour connaitre de cette action en responsabilité ?
Tribunal des conflits dé finit les bases du critè re permettant de distinguer les deux
polices : il dit qu’il faut tenir compte du lien entre les actes incriminé s et l’exercice
de la fonction juridictionnelle assuré e par la justice judiciaire. Si actes sont en lien
avec cette fonction juridictionnelle, le juge judiciaire sera compétent. S’in n’y a pas
de lien, l’acte a seulement avoir avec l’organisation du service public, donc le juge
administratif sera compé tent.
La difficulté est de transposer ce critè re quand est en cause l’action des forces de
l’ordre : pour dé terminer le type de mission, on s’attache au but poursuivi par
l’agent au moment où il a commis l’acte dommageable ou incriminé
Deux décisions affirment ce critère-là concernant action des forces de l’ordre :
□ CE sect. 1951, Baud, et TC, 7 juin 1951, Noualek. Transposition des principes
é voqué s par Pré fet de la Guyane, appliqué s à l’action des forces de l’ordre.
Donc il y a opé ration de police judiciaire lorsque l’opé ration est en relation
avec la ré pression d’une infraction pé nale dé terminé e, commise ou à
commettre. L’action des forces de l’ordre a donc ici un lien avec la fonction
juridictionnelle assuré e par les juridictions judiciaires.
Mais la mise en œuvre de ce critère peut être délicate comme le montre ces 2
illustrations
- TC, 1978, Société Le Profil : employé d’une socié té assure transport d’une
mallette avec des sommes importantes, opé ration de transport sé curisé e par
les forces de l’ordre. Un malfaiteur se saisit de la mallette et s’é chappe.
Socié té Le Profil engage action en responsabilité et se demande la
compé tence de juridiction. Ici, police administrative. Le pré judice invoqué
par la socié té trouvait essentiellement son origine dans les conditions dans
lesquelles a é té organisé e l’opé ration de sé curisation du transport de
fonds, il s’agit donc d’une opé ration de police administrative donc le juge
administratif est compé tent.
C. Police administrative et pouvoir de sanction administrative
De plus en plus, les autorité s administratives sont doté es d’un pouvoir de sanction.
Plusieurs types de sanctions administratives existent. Elles sont prises souvent à
l’é gard de professionnels pour non respect de la ré glementation professionnelle.
- AAI (autorité s administratives indé pendantes) : ARCOM...
- Institutions administratives classiques : préfet…
Comment distinguer entre deux décisions prises, la décision qui relève de la police
administrative et celle qui s’analyse comme une sanction administrative ?
Cela est compliqué , car certains actes peuvent s’analyser à la fois comme l’un ou
comme l’autre (ex : dé cision de retrait d’autorisation)
L’enjeux de la distinction en terme de ré gime juridique : ré gime des sanctions
administratives est plus exigeant pour l’administration que le ré gime des mesures
de police, car le ré gime des sanctions s’inspire en partie des procé dures de
sanctions pé nales (ex: on applique un ersatz du principe de lé galité des dé lits et des
peines).
Critè re de distinction principale est celui du critè re finaliste : si la finalité de la
mesure est ré pressive (= procè de de l’intention de punir) alors c’est une sanction
administrative, si la finalité est de pré server l’ordre public, alors c’est une mission
de police administrative.
CE, 22 juin 2001, Soc. Athis : dé cision prise par la Commission des autorisations de
bourses (COB, aujourd'hui autorité des marché s financiers) de retirer l’agré ment
d’une socié té de gestion de portefeuilles. Est-ce une mesure de police ou de sanction ?
Conseil d'É tat dit que la COB n’avait pas entendu sanctionner le manquement aux
obligations, mais elle avait entendu dans l’intérêt du bon fonctionnement du
marché d’assurer la sécurité des investisseurs, donc cela relevait de la police
administrative.
Dans la police administrative, il y a les polices gé né rales et les polices spé ciales. En
fonction du type de police, la notion d’ordre public ne recouvre pas la mê me
consistance. Cette notion n’est pas spé cifique au droit administratif.
Il existe finalement différentes ordres publics :
- La police générale : l’ordre public de base posant les règles en société. Il est
essentiellement matériel. Il a une consistance physique puisqu’il s’agit de
préserver la sécurité des personnes et des biens, la tranquillité publique…
- Le législateur a parfois senti le besoin de renforcer les restrictions dans un
domaine et a définit des règles de police spéciale qui chacun assurent la
préservation d’un ordre public spécial. Cet ordre public propre à une police
spéciale dépasse l’ordre public de base. Il existe une police du cinéma : l’ordre
public de cette activité de police intègre des éléments relatifs à la protection de
l’enfance.
Mais ces composantes de base dans certains domaines sont spé cialisé s selon les
besoins du lé gislateur pour assurer la protection de ces diffé rents é lé ments en
choisissant des domaines spé ciaux de police.
Exemple : Crise Covid, Etat d’urgence sanitaire avec un plan de protection contre un
risque lé tal qui relè ve de la sé curité publique. Le lé gislateur a renforcé les
prérogatives dans ce régime de certaines autorités. Comment s’articulent ces régimes de
police ? (Cf. Suite du CM)
Affaire illustrant bien ce pouvoir : CE, 1985, Ville d’Aix en Provence : affaire
d’enfant enlevé s pas Rannucci et tué . Un auteur conteste les ré sultats du procè s et
remet en cause la culpabilité de Rannucci. Cela reposait sur un certain pull over
rouge. Il é crit un livre « Le pull over rouge » adapté au ciné ma. Le maire interdit la
diffusion de ce film. Cet arrêté est-il licite ? pas de trouble à l’ordre public, à la
tranquillité publique ou la salubrité . Mais porte atteinte à la moralité publique car
é mois dans la ré gion de ce meurtre. La diffusion potentielle de ce film pouvait
remettre en cause la moralité publique particuliè re à la ré gion.
La ré alité depuis une trentaine d’anné es est que cette composante de l’ordre public
justifie rarement une interdiction devant le juge administratif.
Exemples :
un maire avait essayé d’interdire l’affichage publicitaire des messageries roses
(minitel). Le CE a annulé cet arrê té de police.
Arrêt CCA de Bordeaux 2021 : maire prend un arrêté : interdiction d’une installation
sur sa commune d'un cirque avec animaux sauvages. CAA de Bordeaux dit que cette
interdiction n’est pas justifiée, en disant que les traitements infligés aux animaux
sauvages, invoqués en se fondant sur la moralité publique, ne peuvent justifier une
telle mesure de police en dehors de circonstances locales particulières. Pas de
circonstances particulières locales.
Arrêt CAA Bordeaux : Commune d’Albi avait interdit la prostitution dans les
artè res de la ville. Cet arrê t avait é té jugé valide
□ Cette forme de police a peu d’avenirs
Bilan 30 ans après : descendance modeste. Il semble que cette exigence a pu fonder des
mesures de police dans deux grandeurs :
- Elle a servit de support pour interdire ou empê cher des pratiques ou des
discours discriminatoires ou de nature à stigmatiser un groupe sur la base
d’un critè re physique, religieux, ou é thique.
Physique :renvoie à l’arrê t de Morsang sur Orge avec la dignité du nain en
question come tous les autres nains)
Religieux : CE, ord. 2007, Association Solidarité des Français dite Affaire de
la soupe de cochon : association prétendument humanitaire mais portée en réalité
par l’extrê me droit mettant en place une soupe populaire en pré cisant que les
produits proposé s sont des produits à base de porc. Le préfet l’interdit au
nom du respect de la personne humaine car la pratique visait à discriminer
les SDF en fonction de leurs convictions religieuses.
Ethique : CE, ord. 2014, Min. de l'Intérieur / Soc. Les Prod. de la Plume et
Dieudonné M'Bala M’Bala : humoriste pé nalement condamné pour
antisé mitisme. Ministre de l’inté rieur demande au pré fet d’interdire la tenue
de ses spectacles à Nantes. Préfet se réfère au risque de trouble à l’ordre
public (manifs contre Dieudonné ), et se fonde aussi sur le respect de la
dignité de la personne humaine et interdit la tenue de ce spectacle. Donc avec
le critè re de protection de la dignité de la personne humaine, possibilité
d’interdire des pratiques de nature à stigmatiser tel ou tel groupe social.
Problè me : craintes car ré gime ré pressif envers certaines liberté s. Cela s’oppose à
un ré gime de police dans lequel la parole est libre mais en revanche, la loi dé finit
des interdits (Loi de 1881) et des infractions pour les abus. La personne est
poursuivie au pé nal si elle commet une de ces infractions.
Dans ce cadre, l’autorité de police interdit la représentation en restreignant à priori le
respect de la dignité .
Le CE en a fait une application mesurée : le recours à cette jurisprudence
(Dieudonné) ne se justifie que quand il y a une forte possibilité que seront tenus des
propos passibles de poursuites pénale (injure raciale…)
CE, Ord. 2023, Commune de Rennes : met en cause un rappeur français faisant é tat
de propos antisé mites. Le maire interdit le concert. Le CE annule l’interdiction car si
le rappeur avait eu ce type de propos, il s’é tait engagé e à ne pas reprendre les sons
avec les paroles antisé mites. Le CE a pu considé rer que l’arrê té é tait illé gale parce
qu’il n’y avait pas de certitudes de propos pouvant relever de poursuites pé nales.
CE, Ord, 2023 : Iman salafiste devant tenir une conférence dans une commune de la
banlieue parisienne avec des propos sur la femme pénalement répréhensible. Le
maire interdit et le CE valide l’interdiction.
Ce sont les finalités poursuivis par les différents types de police spécial. Elles sont
nombreuses et multiples.
Cas du cinéma : art. L212-1 du code du cinéma : elle s’exprime à travers la
compétence du ministre de la culture concernant le visa d’exploitation des films en
France. Quelles sont les finalités poursuivies ? Ce visa peut être refusé pour des
considérations énumérées dans Code du cinéma. Les finalités de cette police spéciale
sont donc largement de nature immatérielle.
La police de la chasse est une police spé ciale
L police de l’affichage : on retrouve la pré servation de l’esthé tique et de
l’environnement. L’esthé tique n’est pas une composante gé né rale mais une
composante spé ciale.
Il faut distinguer police gé né rale et spé ciale, et au sein de chacun l’é chelon local et
national
A. La police générale
1. Au niveau national
C’est le Premier Ministre qui a ce pouvoir. Son fondement est jurisprudentiel avec
l’arrêt CE, 1919, Labonne : « il appartient au chef de l'État en dehors de toute délégation
législative et en vertu de ses pouvoirs propres de déterminer les mesures de police applicables
sur l’ensemble du territoire national ». A l’époque, c’est le PR qui a le pouvoir
réglementaire. Mais ce pouvoir passe au PM à partir de la IVème République. Il est
toujours au PM avec l’art. 21 de la C°.
2. Au niveau local
L’autorité la plus importante est celle du maire. Ils sont titulaires du pouvoir de
police au niveau local dans les limites du territoire de leur commune. On parle de
police municipale. C’est un type de compé tence anté rieure à la Ré volution française
et a un fondement lé gislatif au 2212-1 du CGCT.
C’est une compétence propre du maire : le conseil municipal n’est pas compétent
pour prendre des mesures qui interfèrent avec le pouvoir de police du maire. Des
conseils municipaux ont pu annulé des décisions mais le CE a retoqué ces arrêtés.
L’autre autorité est celui du pré fet de dé partement. L’autorité pré fectorale
intervient à 4 reprises selon l’art. L2215-1 du CGCT.
- Police de la circulation sur les routes nationales hors-agglomé ration.
- Police dont le champ d’application excède le territoire d’une commune.
(exemple : restreindre l’utilisation de l’eau). Question autour de cette
compétence : Arrêt CE, 2022, Soc. Périgord Shooting Club : acticité de Ball-
trap. La question qui s’était posé est la question de compétence pour prendre
une interdiction portant restriction à cette activité. Les nuisances de cette
activité étaient ressenties sur le territoire de plusieurs communes. Est-ce le
préfet qui est compétent car territoire de plusieurs communes ou est-ce le maire où
l’établissement se situait ? C’est le maire qui est compétent : on regarde le
lieu d’où provient la nuisance et pas les lieux où elles sont ressenties.
- Police de substitution d’action : en cas de carence du maire, le pré fet peut
prendre des mesures à sa place aprè s mise en demeure. Si ces mesures
provoquent un dommage, le patrimoine responsable est celui de la commune
et pas de l’Etat.
- Dans certaines communes, la police a é té é tatisé : on parle de police d’Etat.
Lorsqu’une commune est sous un ré gime de police d’Etat, les pouvoirs
du
pré fet sont renforcé s puisqu’exerce une partie de ses compé tences en
matiè re de tranquillité publique. C’est lui qui est compé tent pour assurer la
police des manifestations et des tumultes dans les lieux publics et le tapage
nocturne. En pré sence d’une police d’Etat, la ré partition des compé tences est
assez subtile
B. La police spéciale
Arrêt CE, 1902, Commune de Néris-les-Bains : dé cret du chef de l’Etat qui interdit
les jeux d’argent dans toutes les viles sauf dans les communes exploitants une
station thermale. Le maire de la commune l’avait interdit dans sa commune en
aggravant sa ré glementation en interdisant une chose permise selon des
circonstances locales. Articulation entre pouvoir de police exercé par le pré fet
(plusieurs communes) et pouvoir de police municipal. Conseil d'É tat dit qu’aucune
disposition n’interdit au maire d’une commune de prendre sur le même objet et
pour sa commune des mesures plus rigoureuses que celles décidées par le préfet.
A peu près même cas dans l’arrêt Labonne pour la police de la circulation : se posait
la question de la possibilité pour un maire d’aggraver les conditions de la circulation
selon des circonstances locales particulières. Il en résulte aussi que les maires
peuvent prendre des réglementations plus rigoureuses au regard des circonstances
locale (aujourd’hui, seulement régi par le code de la route)
Le droit positif reste plus nuancé. Il reste possible de dé lé guer des activité s
maté rielles relevant de la police administrative. Cela doit s’opé rer sous le contrô le
d’une personne publique ou de ses adjoints. L’exercice d’un pouvoir de dé cision en
matiè re de police est impossible mais la participation à l’exé cution de dé cision de
police est possible. Cette action est contrô lé e par la personne publique et ses agents
Exemples :
- Loi qui associe des agents de sé curité privé à des missions de surveillance de
la voie publique. Cette loi est-elle conforme à la C° ? Oui parce que pas de
violation de l’art. 12 de la DDHC dè s lors que les agents en question sont
placé s sous l’autorité d’un OPJ et sous ré serve que soit continument garantie
l’effectivité du contrô le exercé e sur ces personnes par les OPJ (qui sont des
agents de l’Etat)
- Arrêt CE, 2019, Assoc. 40 millions d’automobilistes : possibilité pour des
vé hicules privé s d’identifier par des radars les excè s de vitesse, tout cela
assuré par des opé rateurs privé s. C’est une mission de police de la
circulation. Le CE a considé ré que ces dé cisions é taient lé gales parce que les
seules tâ ches maté rielles sont un simple accessoire de mission de police qui
restent dé volus aux FDO. C’est l’administration qui dé termine le trajet de
ces vé hicules et les
conducteurs n’ont pas accè s aux donné es de contrô les et aux
instruments permettant de relever les infractions.
La personne publique est dans l’obligation de prendre des mesures de police. Ces
mesures sont souvent ré glementaires mais aussi individuelles qui relè vent de la
police.
- Le référé-liberté : procé dure d’urgence mise en place par loi de juin 2000, L
521-2 CJA : il peut ê tre utile pour contrecarrer la passivité d’une autorité
administrative dans l’exercice de son pouvoir de police afin de mettre un
terme à une atteinte manifestement grave et illé gale à une liberté
fondamentale. Plusieurs dé cisions emblé matiques, principalement dans un
contentieux où est en cause le droit à la vie, ou ce qui renvoie à l’art 3
Conv.EDH (prohibition des traitements inhumains ou dégradants). Arrêt Sect.
2011, Ville de Paris : engin de chantier perce une dalle et des gravats tombent
sur les clients du H&M en dessous de Chatelet les Halles. Action d’enjoindre
la mairie de suspendre les travaux le temps de remettre cette dalle. On
demande une injonction du juge au maire. Le CE dans cette affaire fait droit à
la demande en mobilisant le raisonnement suivant : lorsque la carence de
l’autorité de police crée un danger caractérisée et imminent pour la vie des personnes
portant ainsi une atteinte grave et manifestement illégale à cette liberté fondamentale,
le juge de référé liberté peut prescrire tout les mesures de nature à faire cesser le
danger résultant de cette carence. Cette jurisprudence ne joue pas à l’é gard de
toutes les menaces : elle ne joue que dans plusieurs hypothè ses : droit à la vie
(art. 3 Conv.EDH) ou risque d’atteinte à l’environnement.
Jurisprudence qui a connu des dé veloppements particuliers pendant la crise
sanitaire: CE, Ord, 22 mars 2020, Synd. Jeunes médecins : mê me raisonnement,
syndicat qui considè re qu’il fallait renforcer les interdits sur la population pendant
le confinement, notamment réduire les dérogations accordées aux personnes
confinées. Y-a-t-il une carence des autorités publiques ? Conseil d'É tat considère que les
mesures prises é taient suffisantes, tout en enjoignant au Premier ministre de mieux
définir les contours des dérogations et donc de restreindre leur étendue
finalement. Jurisprudence spé ciale car sur la base du mê me raisonnement que dans
Ville de Paris, le juge administratif se met en situation d’imposer aux autorité s
administratives de renforcer les restrictions pesant sur la population. le CE s’est
retrouvé dans une position délicate d’aller enjoindre au PM d’aggraver le
confinement. Il ne l’a pas fait mais à demander au PM de préciser encore plus les
possibilité de dérogations.
Contrô le des mesures se fait lorsqu’elles ont été prises et sont illicites. Pour
l’essentiel, ces mesures emportent des restrictions de libertés. Donc le contrô le de ces
mesures a des enjeux importants en matière de libertés publiques.
A. L’auteur du contrôle
Le contrô le se fait en grande partie par le juge administratif. Mais il n’est pas seule :
le juge judiciaire peut contrô ler des mesures de police dans le cas de la voie de fait.
Il peut aussi le faire par voie d’exception :
- textes qui figurent dans le Code pénal art R 610-5 : la violation des mesures de
police est sanctionnée d’une contravention de deuxième classe. Rien
n’empêche le pouvoir réglementaire de poser des sanctions pénales pour la
méconnaissance des mesures de police
- Art 111-5 Code pénal : « Les juridictions pénales sont compétentes pour
interpréter et apprécier la validité des actes administratifs lorsque de cet
examen dépend la solution du procès pénal qui leur est soumis ». Les
juridictions pé nales ont la plé nitude de juridiction. Lorsque l’on ne respecte
pas une mesure, on est passible d’une contravention. Si on conteste, on peut
exciper de l’illé galité de la mesure de police supposé ment violé e. Si l’on
invoque de l’illé galité , le juge pé nal pourra appré cier s’il est lé gal ou non.
B. L’intensité du contrôle
Question est de savoir l’intensité du contrô le du fait que la mesure de police porte
atteinte à des droits fondamentaux. Existait avant la Haute-police sur laquelle le
juge devait avoir un contrô le assez restreint (police des é trangers, des publications
é trangè res) et le juge é tait limité en cas d’erreur manifeste de l’appré ciation. Tout
cela a disparu. Harmonisation du contrôle des mesures de police. Implique la
légalité externe (procédure, forme) la légalité interne (qualification juridique des
faits et violation de la loi) Le juge veille un triple test :
- Adapté
- Nécessaire
- Proportionnée
Expressions utilisée par le Conseil d'É tat depuis CE Ass., 2011, API. Elles font donc
l’objet de 3 contrô les :
- Contrôle de l’adéquation : savoir si l’atteinte / la restriction à la liberté est
de nature à permettre la ré alisation de l’objectif poursuivi.
- Contrôle de la nécessité : savoir si la mesure de police est né cessaire
pour parvenir à l’objectif poursuivi. Contrô le plus exigeant, on peut
imaginer que
d’autres mesures peuvent être prises sans porter atteinte à l’exercice des
libertés.
- Contrôle de proportionnalité : savoir si la mesure ne porte pas une
atteinte excessive à l’exercice de telle ou telle liberté au regard de l’objectif
poursuivi.
Il faut un juste équilibre entre les libertés atteintes et l’intérêt général.
Triple test qui reprends d’autres é lé ments, notamment celui de proportionnalité :
Arrêt CE, 1933, Benjamin qui inaugure le contrôle de proportionnalité des mesures
de police.
Introduction :
Considérations historiques sur de le droit de la responsabilité administrative.
Idé e que la responsabilité de l’administration pourrait ê tre engagé e a mis du temps
à s’installer, du moins pour les fonctions ré galiennes de
l’administration.
L’administration a pendant é té longtemps irresponsable. Mais il y avait un certain
nombre d’exceptions où la responsabilité de l’administration pouvait ê tre engagé e :
dans le domaine contractuel, lorsque des textes législatifs le prévoyait (responsabilité
pour les dommages de travaux publics pré vue par la loi 28 pluviôse an VIII), et
hypothè ses où c’é tait le juge judiciaire qui é tait compé tent pour connaître de
l’activité administrative dans hypothè se de la gestion privé e lorsque
l’administration agit comme une personne privé e (domaine privé des collectivité s).
Exemples : Cass. Civ., 1956, Trésor public c. docteur Giry : médecin requis par un
procureur pour intervenir sur un lieu d’une explosion dans le cadre d’une enquête
menée par les forces de l’ordre. À l’occasion de cette mission, il est blessé, il engage
une action en responsabilité devant le juge judiciaire pour obtenir ré paration
devant le juge judiciaire car il a é té blessé à l’occasion d’une opé ration mené e par la
police judiciaire. La cour d’appel fait application de 1384 Code civil (commettant
pré posé ). Cet arrê t est cassé par la Cour de cassation qui estime qu’il convenait pour
le juge judiciaire dans un tel contexte de s’inspirer des règles du droit administratif,
en l'occurrence du régime de responsabilité applicable aux collaborateurs
occasionnels du service public. Il aurait fallut s’inspirer de la jurisprudence
administrative.
TC, 8 février 2021 (perquisition) : opération de police judiciaire : perquisition au
domicile d’une personne dans le cadre d’une enquê te pré liminaire, entraine des
dommages, pour le colocataire de la personne perquisitionnée. Action en
responsabilité , le juge judicaire est compétent en principe. Tribunal des conflits
souligne que le ré gime applicable é tait un ré gime qui s’inspire des rè gles fixé es par
le juge administratif en la matiè re : tiers (colocataire) par rapport à l’opération de
police qui n’est pas visée doit bénéficier d'un régime de responsabilité sans faute.
□ On s’inspire de la responsabilité de l’administration
I. L’imputabilité
En principe, la personne publique responsable est celle dont les services, les
ouvrages, les agents ou actes juridiques sont à l’origine du dommage.
Mais par exception, cette imputabilité est plus délicate à déterminer, notamment en
pré sence de plusieurs personnes publiques. 5 situations :
Le pré fet prend une mesure à la place du maire, cette mesure entraîne un dommage,
l’action devra ê tre portée contre la commune : c’était au maire de prendre la
mesure, donc la collectivité endosse la responsabilité consécutive à l’acte en
cause.
Que se passe-t-il quand le service est délégué à une personne privée et que le fonctionnement
de l’ouvrage provoque un dommage ? Qui sera responsable de la réparation du dommage ?
En principe, c’est au dé lé gataire qu’il incombe d’assumer la ré paration. Mais le
Conseil d'É tat a jugé dans CE, 2000, Agofroy, que la responsabilité du déléguant
peut être engagée à titres subsidiaire « dans l’hypothèse où le délégataire serait
insolvable »
Conseil d'É tat a jugé dans CE Sect., 2004, Gillot, que « dès lors que l’acte
dommageable est la conséquence directe et inéluctable d’un acte de droit dérivé de
l’UE, de telle sorte que l’autorité administrative ne disposait d’aucun pouvoir d’appréciation
dans sa mise en œuvre, cet acte ne peut engager la responsabilité de l’État. » —> sous-
entendu : action devra être engagée devant UE. Une décision du ministre de l’agriculture
qui demande à ses services de prendre une mesure d’exécution d’une directive
européenne.
Ici, notamment dans l’hypothèse où sont en cause des fautes commises par
plusieurs
personnes publiques, la victime pourra engager une action en responsabilité
contre l’ensemble des personnes publiques, ou contre une seule d’entre elles
pour l’ensemble de son pré judice, à charge de cette personne publique de se
retourner contre une autre personne publique
Arrêt de l’affaire du sang contaminé : le CE a dit que la victime peut engager contre une
seule personne publique et ce sera la personne publique qui devra se dé brouiller
aprè s.
a. Origine de la distinction
Elle paraît simple intuitivement. Mais il faut affiner cette distinction. On considè re
qu’il y a 2 types de faute personnelle :
- Faute commise en dehors du service (ex: accident de la route provoqué par
un agent, pas de lien avec le service)
- Faute commise à l’occasion du service, mais détachable de ce service en
raison de sa particulière gravité ou l’intention de nuire qui les a motivé, pour
deux raisons :
o Soit parce qu’elle est d’une particulière gravité (TC, 1908, Girodet c.
Morizot : propos obscènes tenus par un instituteur dans sa classe (faits
commis à l’occasion du service) mais faute personnelle car
particulièrement grave.
o Soit parce qu’elle manifeste une intention de nuire de l’agent : Civ 1,
18 janvier 2023 : Cour donne sa propre définition de la faute
personnelle de l’agent public : « un manquement volontaire et
inexcusable à des obligations d’ordre professionnel et déontologique »
2 précisions :
TC, 1935, Thepaz : le simple fait que le comportement de l’agent soit constitutif
d’une infraction pénale n’entraine pas pour cette simple raison la qualification de
faute personnelle.
Exemple : type : lorsqu’un fonctionnaire au volant d’un véhicule de service commet
une faute de conduite, qui peut ê tre une infraction pénale, mais pas forcément une
faute personnelle si elle a é té commise à l’occasion du service.
TC, 1935, Action française : Tribunal des conflits pré cise que le simple fait que le
comportement d’un agent est constitutif d’une voie de fait (voire infra) n’entraîne
pas de manière automatique la qualification de faute personnelle. É tait en cause la
dé cision du pré fet de saisine de journaux de l’action française : é tait considé ré
comme une voie de fait. Mais cette faute n’a pas é té considé ré e comme personnelle.
Il arrive qu’à l’origine d’un dommage, on trouve à la fois une faute personnelle et
une faute de service : on parle de cumul des fautes.
L’inté rê t du cumul des fautes est pour la victime : elle pourra engager son action
devant le juge administratif et demander indemnisation de l’ensemble de son
préjudice, et l’administration pourra se retourner ensuite contre ses agents.
a. Obligation à la dette
Contre qui la victime d’un dommage dû à l’administration et/ou ses agents doit porter son
action ? Ce sont les actions ouvertes à la victime.
- Dommage imputable aux services : juge administratif avec une action contre
l’administration
- Dommage imputable aux agents : juge judiciaire action pour faute
personnelle
CE, 1949, Mimeur : ouvre une nouvelle piste, dé gage une nouvelle notion : « la faute
personnelle non dépourvue de tout lien avec le service » Lorsqu’à l’origine du
dommage il y a une faute personnelle de l’agent, mais que cette faute personnelle
n’est pas dé pourvue de tout lien avec le service, la victime pourra engager son
action devant le juge administratif contre l’administration pour obtenir réparation,
plutôt que contre l’agent auteur du dommage. Cette affaire fait donc tomber en
désuétude la jurisprudence Lemonnier. Pour se trouver dans cette situation, il faut
que la faute personnelle ait un lien soit matériel, soit spatial, soit temporel avec le
service :
- Lien matériel : faute personnelle, mais dommage provoqué à cause des
moyens du service
- Lien spatial : faits ont é té commis sur le lieu du service
- Lien temporel : faits ont é té commis pendant les heures de service
□ Dans ces 3 cas, la faute personnelle n’est pas dépourvue de tout lien avec le
service. Donc la victime pourra engager son action en responsabilité
contre la personne publique pour obtenir réparation de l’intégralité de
son préjudice.
b. Contribution à la dette
CE Ass.,1951, Laruelle et CE, Delville (2 arrêts) : jurisprudence qui fait le point sur
les différentes actions possibles dans les différents contextes avec 3 possibilités :
Lien de causalité peut exister entre illé galité , faute et condamnation à ré parer : en
principe, toute illégalité est constitutive d’une faute.
Mais en revanche, toute illégalité fautive n’entraîne pas forcément l’engagement
de la responsabilité de l’administration. Pour que l’administration soit condamné e,
il faut un lien entre l’illégalité et le dommage. Pour dé terminer si une dé cision
illé gale peut entraîner une condamnation de l’administration à ré parer un
dommage, il faut dé terminer si en l’absence de cette illé galité l’administration aurait
pu ou n’aurait pas pu prendre la mê me dé cision.
2. L’auteur de la faute
Cette idé e est ré cente, car le législateur est censé émaner des représentants du
peuple, et il y a des difficultés à l’idée que les représentants du peuple pourrait
mal faire.
Il existe depuis trè s longtemps en droit français une responsabilité de l’État sans
faute du fait des lois, depuis 1930.
Cas mis de cô té : le juge compé tent pour connaître les actions en responsabilité du
fait de dysfonctionnements de la juridiction judiciaire est le juge judiciaire (art L781-1
Code de l’organisation judiciaire). Elle ne peut ê tre engagé e que pour faute
lourde
et l’autorité de la chose jugée s’oppose à la responsabilité de l’Etat dans le cas où cela
résulte d’une décision devenue définitive.
Ici encore, responsabilité de l’É tat peut ê tre engagé e du fait des juridictions
administratives. Arrêt CE Ass.,1978, Darmont : pose le cadre gé né ral concernant
cette responsabilité : le principe est qu’une faute lourde commise dans l’exercice de
la fonction juridictionnelle par les juridictions administratives est susceptible
d’ouvrir un droit à indemnité (responsabilité peut ê tre engagé e que si on dé montrer
existence d’une faute lourde). Mais en revanche, responsabilité de l’État ne peut être
engagée dès lors que la faute lourde alléguée résulterait du contenu même d’une
décision juridictionnelle devenue définitive (responsabilité ne peut pas ê tre
engagé e quand est en cause une supposé e faute lourde ré sultant du contenu d’une
dé cision du juge administratif) Principe d’irresponsabilité , en raison de l’autorité de
la chose jugé e.
CE, 2022, Société Kermadec (reprend CE, 2020, Lactalis) : apporte 2 précisions sur
cette question :
- La seule violation de l’obligation de renvoi d’une question préjudicielle à
la CJUE ne suffit pas pour caractériser la violation manifeste du droit UE.
- Cette jurisprudence a une consé quence : c’est devant le Conseil d’É tat va ê tre
porté e l’action. Est-ce que le fait que ce soit lui la juridiction compé tente pour
se prononcer sur une é ventuelle faute commise par le Conseil d'É tat lui-
mê me ne pose t-il pas problè me au regard de l’exigence d’impartialité de
cette institution ? Kermadec dit que le Conseil d'État peut lui même
apprécier la faute, il n’y a pas de manquement à l’obligation d’impartialité.
Mais il faut en revanche que les membres de la formation de jugement ayant
adopté la décision litigieuse s’abstiennent de siéger à l’instance.
3. La preuve de la faute
Cette jurisprudence sur la faute lourde se retrouve dans deux grands domaines :
- Activités régaliennes
- Activités présentant des difficultés particulières (pendant longtemps, c’é tait
le cas pour les activité s mé dicales). On ne permet pas engagement de la
responsabilité de l’administration pour toute faute, il faut une faute lourde.
Constat du reflux et de la disparition de la faute lourde Dans certains domaines, la
faute lourde a longtemps été exigé, puis a disparu
- Actes médicaux qui sont ré alisé s par les chirurgiens et mé decins.
CE Ass., 1992, Epoux V. : Conseil d'É tat abandonne le ré gime de l’exigence
de la faute lourde. On passe à un régime de faute simple (Solution codifié e
dans le CSP art L4142-1)
- Activités de secours : Conseil d'É tat bascule sur un régime de faute simple,
notamment pour la responsabilité du fait de l’activité du Samu
CE Sect., 1997, Theux : assistance en mer, lutte contre incendies.
- Activités pénitentiaires :
CE, 2003, Chabba : Conseil d'É tat bascule sur un ré gime de faute simple.
- Action du fisc
CE Sect., 2011, Krupa : Conseil d'É tat bascule sur un ré gime de faute simple.
C’est le plus ancien des ré gimes de responsabilité pour risque. Il est contemporain
de la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail. Cette loi ne concerne pas
l’administration mais permettait l’indemnisation des accidents du travail pour les
risques de l’activité . Cela va ensuite s’appliquer aux fonctionnaires agents de
l’administration. Il a é té mis en place par l’arrê t CE, 1895, Cames : il met en place
l’é quivalent de la loi du 1898 avec un systè me de garantie pour les fonctionnaires.
Ce ré gime concernait tous les collaborateurs. Mais pour ce qui est des agents publics
a é té mis en place une lé gislation (sur les pensions et accidents du travail) qui fait
que dè s qu’un agent subi des dommages, il est garanti sur le fondement de la loi.
Cette jurisprudence a conservé un intérêt pour les collaborateurs occasionnels. Ce
sont les personnes qui prêtent à un concours à l’exécution d’une mission de service
public de manière ponctuelle.
Exemple : les personnes qui accompagnent en sortie scolaire qui se blessent sont
indemnisés de leur dommage car collaboratrice occasionnel du service public. C’est
aussi la personne qui va se jeter à l’eau pour sauver une personne qui se noie
également : cette personne a joué occasionnellement une activité de service public.
5 remarques complémentaires :
- Il est indifférent que l’aide ait été sollicité ou non : dès que la personne
intervient, le régime peut s’appliquer
- Cette collaboration doit être justifiée et nécessaire : il ne peut pas ê tre
superflu
- C’est un concours apportée à une mission de service public
- Il est indifférent qu’il existe un lien de solidarité spécifique entre la
personne qui a bénéficiée du concours et la personne qui a portée le
secours.
CE Sect., 1977, Commune de Coggia : En Corse, une famille se baigne sur une
plage municipale ; un membre de cette famille est en voie de se noyer ; un
autre membre tente de lui porter secours ; les 2 finissent noyé s. Il y a un lien
spécifique de solidarité entre les 2 personnes : ils sont de la mê me famille.
Le Conseil d’É tat considè re que peu importe : la personne qui a agi pour
tenter de sauver le membre de sa famille a collaboré à une mission de
service public (le sauvetage et la sé curité sur les plages) qui incombe à la
commune normalement.
- Le lien entre la mission de service public et l’intervention du collaborateur
peut être un lien indirect. Cela renvoie à une affaire au large du Gabon :
navire français en difficulté , pas de moyens de sauvetage à cet endroit. Le
sauvetage en mer français va solliciter une socié té française au Gabon et c’est
la socié té Elf qui va solliciter une autre socié té pour qu’un hé licoptè re porte
secours à ce navire : l’hé licoptè re s’é crase en mer. Le régime de responsabilité
pour risque des collaborateurs occasionnel peut ici fonctionner. (CE, 2009,
Chevillard)
Ce sont les choses utilisées par l’administration dans le cadre de ces missions de
service public. Il prend naissance avec un arrê t CE, 1919, Regnault-Desrosiers : est
en cause l’explosion d’un stock de grenade dans un fort militaire en Seine Saint
Denis. Ré action en chaîne qui entraîne une vingtaine de mort. Les personnes
victimes bé né ficient d’un régime de responsabilité sans faute fondé sur le risque lié
aux choses dangereuses stockées par l’administration.
Ce ré gime va s’é tendre à d’autres situations et aux hypothèses d’utilisation par les
FDO d’armes et d’engins dangereux. Ce ré gime va s’appliquer dans l’hypothè se où
une personne est blessé e par balle alors que tiers à l’opé ration de police. CE,
1949, Lecompte et Daramy : Les forces de l’ordre utilisent des armes de type
pistolet.
Si, à l’occasion d’une opération de police administrative, une personne est blessée
par un tir des forces de l’ordre, elle bénéficie d’une indemnisation sans avoir à
démontrer la faute de l’administration, mais uniquement si elle est tiers à
l’opé ration de police. (hypothè se de la balle perdue)
CE Sect., 27 juillet 1951, Aubergé et Dumont : les personnes visées par l’opération
de police bénéficient d’un régime de responsabilité pour faute simple en cas
d’utilisation d’armes à feu
Toujours sur les choses dangereuses pour les ouvrages publics ayant un risque
exceptionnel. CE, 1973, Dalleau : É tait en cause un ouvrage public pré sentant un
danger exceptionnel : la route n°1 de l’île de la Réunion, historiquement très
dangereuse. Le Conseil d’É tat a dé cidé qu’un usager de cette route qui subirait
un dommage bénéficiera d’un régime de responsabilité sans faute fondé sur le
risque à raison du caractè re particulier de cet ouvrage.
Cette jurisprudence sur les mé thodes dangereuses a aussi reçu une autre
illustration dans le domaine de la responsabilité hospitalière : arrê t CE, 1993,
Bianchi : Lorsqu’un acte médical nécessaire au traitement d’un malade présente
un risque dont la réalisation est exceptionnelle, la responsabilité du service
public hospitalier est engagée dès lors que l’exécution de cet acte serait la cause
directe d’un dommage sans rapport avec l’é tat initial du patient.
Cette jurisprudence a entraîné beaucoup de dé bats : est-ce normal de faire peser sur
l’hôpital le coût de l’indemnisation d’un acte médical qui en général se passe bien mais qui
présente des risques exceptionnels ? Cela a conduit la loi Kouchner du 4 mars 2002 à
redé finir les conditions d’indemnisation de la victime dans ce genre d’hypothèses,
en prévoyant la mise en place d’un régime d’indemnisation fondé sur la solidarité
nationale (fonds de solidarité : l’ONIAM Office nationale de l’indemnisation des
actes médicaux).
Cela renvoie à des choses localisées d’une personne exposée par sa situation à un
risque exceptionnel. Si ce risque se ré alise, la victime bé né ficie d’une indemnisation
sans faute.
CE, 2008, Ginoux : Un médecin militaire (= un agent de l’administration) est affecté
en Centrafrique. Aprè s une mutinerie de la part de militaires centrafricains, les
biens de ce médecin sont pillés. Ce régime de responsabilité sans faute fondé sur
le risque est applicable : de par sa situation et ses obligations professionnelles, ce
mé decin a é té exposé à un risque professionnel qui s’est ré alisé .
Il peut obtenir ré paration sans avoir à dé montrer une faute de l’administration.
4eme fois que l’on é voque les travaux publics : pour les usagers (dommages) , pour
les tiers et pour les ouvrages dangereux (risques). On va parler ici des dommages
permanents non accidentels.
CE, 1931, Commune de Vic-Fezensac : é tait en cause le dommage consécutif à
l’amoncellement de feuilles mortes dans la gouttière obstruée d’une maison
venant de platanes situés sur la place d’une commune. Le dommage est permanent
avec des fuites d’eau qui en dé coulent. La proximité avec un ouvrage public
n’est pas censé entraîner des fuites d’eau récurrentes, le dommage du voisin a donc
été réparé.
CE, 1991 : un stade de football où joue des équipes et des jeunes. Un riverain
subit les nuisances du à l’utilisation diurne et nocturne de l’activité . C’é tait un
dommage permanent inhérent au fonctionnement normal de l’usage.
i. Lorsqu’une décision administrative individuelle fait peser sur une personne une
charge anormale et spéciale
On est dans le cas où une AAU fait peser sur une personne une charge anormale et
spé ciale. Ces sont les hypothè ses de refus licite de l’administration à porter
concours à l’exé cution d’une dé cision de justice.
CE, 1923, Couitéas : Dans le sud tunisien sous la pé riode coloniale, M. Couité as est
proprié taire d’un terrain de 40 000 hectares. Il dé plore la pré sence sur ce territoire
d’une tribu locale de 8 000 personnes qui occupe une partie de ce terrain. Il engage
une action en justice et obtient un jugement d’expulsion de cette tribu, mais celle-ci
ne quitte pas les lieux. M. Couité as demande à l’É tat le concours des forces de l’ordre
pour exé cuter le jugement d’expulsion, mais l’É tat refuse. Le Conseil d’É tat affirme
que ce refus de l’État est licite, parce qu’il y avait un risque de trouble à l’ordre
public. L’administration peut lé galement refuser de porter son concours. Mais
il condamne aussi l’État à indemniser M. Couitéas sur le fondement de la rupture
d’égalité, au motif que le refus de concours ne pouvait ê tre regardé , s’il excé dait une
certaine duré e, comme une charge lui incombant normalement. Préjudice anormal
sur le propriétaire qui était tenu d’être réparé.
Cela a changé : le CE est revenu sur cette rigueur d’application dans un arrêt CE,
2005, Société coopération agricole Ax’ion : Le Conseil d’É tat ré duit la porté e de cette
seconde condition en pré cisant que, désormais, l’objet de la loi n’est plus un critère
opérant pour déterminer la volonté implicite du législateur sur l’éventualité d’un
droit à réparation. Dé sormais, pour exclure l’indemnisation, il faut qu’il figure dans
la loi ou dans les travaux pré paratoires de la loi une affirmation explicite que le
législateur entend ne pas permettre l’indemnisation des personnes qui subiraient
un dommage consé cutivement à l’entré e en vigueur de la loi. Permet la mise en
œuvre effective de la jurisprudence La Fleurette.
Cette jurisprudence a reçu peu d’application depuis 1966. Seulement 3 hypothè ses.
Ce sont souvent les mê mes à savoir les immunité s de juridictions et d’exé cution
dont bé né ficient les personnels diplomatiques en application de la Convention de
Vienne de 1961 qui organise l’immunité des diplomates é trangers dans un pays.
Difficulté en cas de litige entre un diplomate et son personnel de maison : litige
entre les deux sur un paiement de salaire. Le diplomate ne peut pas ê tre poursuivi
devant les tribunaux (de prud’hommes) Cas de l’arrê t CE, 2011, Susilawati.
Ces personnes ont pou obtenir des dommages et inté rê ts sur le fondement de la
jurisprudence radioé lectrique.
Cette jurisprudence a fait des petits : elle a eu des conséquences dans deux domaines.
- Sur la coutume internationale CE Sect. 2011, Saleh
- Aux actes de gouvernement (Conseil d’État, 2016, Bernabé : la responsabilité
de l’État pour rupture d’égalité devant les charges publiques peut être
engagée du fait d’un acte de gouvernement)
Le cas des régimes de responsabilité sans faute : il existe des régimes dans lesquelles
la loi prévoit expressément la responsabilité de l’Etat sans faute.
Exemple : le régime de responsabilité de l’Etat du fait des attroupement armées.
Article 2216-3 du CGCT : fait que l’Etat est responsable civilement (plan
indemnitaire) des dégâ ts et dommages résultants des crimes et délits commis par les
attroupements ou rassemblement armées ou non armées soit contre les personnes
soit contre les biens. Cas des dégâ ts lors des émeutes ou de la réforme des retraites en
2023 : Etat prend en charge les dégâ ts commis. On retombe sur les carences de la
police.
Champ d’application de ce régime : il faut un attroupement spontané qui entrainerait
des atteintes aux biens ou qu’un groupe de manifestant survient au cours d’une
manifestation qui va provoquer des dégâ ts.