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Les contrats administratifs

I) La notion de contrat administratif.

A) Les caractéristiques du contrat administratif.

CE 1912 : société des granits porphyroïdes des Vosges : si l’administration passe un contrat
avec une personne privée en dehors de l’exécution d’une mission de service public, et sans
clause exorbitante du droit commun, ce contrat n’a pas de caractère administratif.

1) Les contrats administratifs par détermination de la loi.

- les contrats de travaux publics (loi du 28 pluviôse an VIII)


- les contrats qui touchent au domaine public (code du domaine public)
- les contrats passé en application du code des marchés publics. Art 2 de la loi
MURCEF (mesure d’urgence à caractère économique et financier) de 2001

2) Les critères jurisprudentiels.

Critère organique : présence au moins d’une personne publique.


TC 1983 UAP : un contrat conclu entre deux personnes publiques est en principe un contrat
administratif, à moins que les deux personnes publiques se soient spécifiquement placées dans
un régime de droit commun ou que le contrat ne concerne que des rapports de droit privé.
La présence, même indirecte, d’une personne publique peut suffire à la qualification du
contrat en contrat administratif même s’il est passé entre deux entreprises privées :
- théorie du mandat, la personne privée agit au nom d’une personne publique
- dans le domaine de compétence de l’Etat (autoroute TC 1963 Société entreprise
Peyrot)
- une des parties agit pour le compte d’une personne publique

(Les contrats passés entre les EPIC et leurs usagers sont toujours des contrats de droit privé)

Critère matériel : contenu du contrat et objet du contrat.

Contenu : les clauses exorbitantes de droit commun (CE 1912 Société des granits
porphyroïdes des Vosges), en droits ou en obligations (possibilité de résiliation du contrat
pour motif d’intérêt général, possibilité de sanction, obligations créant une inégalité des
parties).
Objet : si le contrat concerne un service public (CE 1956 Epoux Bertin,
jurisprudence du renouveau du service public).
Ceci est valable pour les contrats de travail passés entre l’administration et ses agents chargés
d’un service public administratif (que la participation au service public soit directe ou
indirecte) : TC 1996 Berkani.
3) Des conventions plutôt que des contrats.

Certaines clauses peuvent être réglementaires, attaquables en REP.


Certains « contrats » n’en sont pas vraiment. Le contrat de plan Etat région (créé en
1982) n’emporte pas de conséquence directe.

B) Les catégories de contrat administratif.

Rappel : la plupart des contrats sont « hors catégorie » et sont sui generis.

1) Les délégations de service public. Loi « Sapin » de 1993 relative à la corruption et à la


transparence de la vie économique et des procédures publiques.

Définition de DSP dans la loi 2001 MURCEF : « une DSP est un contrat par lequel
une personne morale de droit public confie la gestion d’un service public dont elle a la
responsabilité à un délégataire public ou privé, dont la rémunération est substantiellement
liée aux résultats de l’exploitation du service. »
4 types : concession (le délégataire doit construire les infrastructures), affermage, régie
intéressée, gérance.
Principe de liberté contractuelle de l’administration, qui a le choix de déléguer ou
non, et qui a le choix du délégataire (intuitu personae)
Encadrement par la loi de 1993 relative à la corruption et à la transparence de la vie
économique et des procédures publiques :
Nécessité d’appel public à la concurrence.
Confirmation du choix par les assemblées délibérantes
Durée des DSP réduites à 20 ans maximum.

2) Les marchés publics et leur code (révision en 2004)

Définition : « les marchés publics sont des contrats conclus à titre onéreux avec des
personnes publiques ou privées par des personnes de droit public (Etat, collectivités, EPA,
mais non EPIC), pour répondre à leurs besoins en matière de travaux, de fournitures ou de
services »

La procédure de marché public est plus contraignante pour la personne publique. Au-delà des
seuils (50 000 € pour les travaux sur mémoire), elle doit respecter les obligations de
publication d’appel d’offres, et se doter d’une commission indépendante. Voir fiche en
Finances publiques.

3) Le développement de nouveaux contrats, les partenariats public privé.

Art 6 de la loi d’habilitation de 2003 : le gouvernement est autorisé à mettre au point par
ordonnance « de nouvelles formes de contrats pour la conception, réalisation, transformation,
exploitation, financement d’équipements publics »

L’ordonnance n’est pas parue. Elle prévoit de confier à la même personne la maîtrise
d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre. Ce projet semble abandonné.
II) Le régime général des contrats administratifs.

A) Le cadre de la relation contractuelle

1) La formation du contrat.

a) La décision de contracter.

Les personnes publiques conservent une large liberté contractuelle.


CE, 1998, Société Borg Warner : affirmation du principe de liberté contractuelle : seules les
dispositions législatives peuvent imposer des dérogations au principe de liberté
contractuelle.

Il est toutefois encadré, dans les collectivités territoriales, par le contrôle des assemblées
délibérantes (sur les DSP notamment).

Le recours au contrat n’est interdit que dans certains domaines :


Police : CE 1932 Ville de Castelnaudary
Recrutement dans la fonction publique.

b) Règles de passation de contrat. (pour le renforcement des contrôles lié au droit


communautaire, voir la fiche communautaire)

Différentes procédures : adjudication (sorte de mise aux enchères, peu usitée), appel d’offres,
marché négocié (de gré à gré, pour les petites sommes).

Le contrat doit respecter les impératifs de mise en concurrence et de publicité.

CJCE 2000 Teleaustria : un contrat qui n’est pourtant pas dans le champ des directives
« marché public » doit tout de même se soumettre à une obligation minimale de
transparence, prévue par le traité de Rome qui interdit toute discrimination sur le fondement
de la nationalité.

c) La signature du contrat.

L’autorité signataire doit avoir la compétence.

Le contrat doit respecter les règles de tutelle.


CE 1996, avis, Préfet de Côte d’Or : un contrat non transmis au préfet est nul.

Les erreurs de l’administration (compétence…) engage sa responsabilité vis-à-vis du


cocontractant.

2) L’exécution du contrat, les prérogatives de l’administration.

a) Obligations du cocontractant.
Obligation d’exécution, même si l’administration ne remplit pas ses engagements : CE 1976
Ville d’Amiens.
L’obligation doit être personnelle (pas de sous-traitance).

b) Les obligations de l’administration.

- Payer la somme due si le service est fait


- CE 1910 Compagnie générale française des tramways : l’administration doit
préserver l’équation financière du contrat ».
- obligation d’indemniser en cas de force majeure
- théorie de l’imprévision CE 1916 « Gaz de Bordeaux » (4 conditions : circonstances
anormales, étrangères, bouleversant l’équilibre du contrat et ayant un caractère
temporel et non définitif) nécessite indemnisation du cocontractant (souvent large).
- fait du prince nécessite indemnisation du cocontractant

B) Le contrôle de la relation contractuelle.

1) Les prérogatives de l’administration en matière contractuelle (donnent souvent lieux à


indemnisation)

a) Pouvoir de direction et de contrôle.

b) Pouvoir de modification unilatérale pour des motifs d’intérêt général

CE 1902 Compagnie nouvelle du gaz de Déville lès Rouen : l’administration peut modifier
unilatéralement le contrat pour des motifs d’intérêt général, sans toutefois modifier
l’équilibre financier du contrat. Jurisprudence identique à CE 1910 compagnie générale des
tramways.

c) Pouvoir de résiliation unilatérale (nécessite motif d’intérêt général)

d) Pouvoir de sanction, même sans texte

CE 1907 Deplanque : l’administration peut mettre en œuvre des sanctions non prévues au
contrat.

Les sanctions peuvent être pécuniaires ou coercitives

2) Le contrôle juridictionnel.

Il peut être exécuté par le juge du contrat ou par le juge de l’excès de pouvoir (pour les parties
détachables).

En excès de pouvoir, les parties ne peuvent se fonder sur la violation d’un contrat (même un
contrat de plan). Le contrat ne fait pas partie des sources de la légalité.

a) La contestation de la formation du contrat.


Art L551-2 du CJA : procédure du référé précontractuel, engagée par le préfet ou un tiers
qui conteste la formation du contrat (règles de transparence et de mise en concurrence).

Le juge de l’excès de pouvoir peut connaître directement d’un contrat si celui-ci contient des
clauses réglementaires : CE 1996 Cayzeele.
Théorie de l’ « acte détachable », qui permet d’annuler la décision par laquelle
l’administration décide de passer contrat : CE 1905 Martin.

b) Contestation de l’exécution du contrat.

L’administration se charge en principe de mettre en œuvre les sanctions. Le juge peut


toutefois ordonner des sanctions lorsque l’administration n’a plus de possibilité de sanctionner
(quant le contrat a pris fin par exemple).

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