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Le processus décisionnel permet de faire une distinction entre organisations de coopération et organisations
d’intégration. Pour les premières, le mode privilégié de prise de décision est l’unanimité (modalité classique en
droit international) tandis que pour les secondes, une majorité d’Etats peut imposer ses points de vue à une
minorité (modalité supranationale). Il faut entendre par modalités classiques, les règles qui président à la prise
de décision en droit international public. Etant donné que les acteurs sont les Etats, les sacro-saints principes
d’égalité et de souveraineté entraînent la recherche de l’unanimité et du consensus. Dans ces cas, les Etats
entendent seulement coopérer et ne font pas d’abandon de souveraineté. Quant aux modalités supranationales,
ce sont celles qui président à la prise des actes dans les organisations d’intégration. Les Etats ayant consenti à
un abandon de souveraineté, une majorité peut imposer ses points de vue à une minorité dans l’intérêt de la
Communauté. Ces modalités s’opposent à celles qui prévalent dans les organisations de coopération où une
petite minorité peut constituer un obstacle dans la prise de décisions. Tant dans l’UEMOA (Section 1), que dans
la CEDEAO (Section 2), un équilibre s’opère entre les modalités classiques et les modalités supranationales de
décision.
1
Voir article 114 du traité de l’UEMOA reprenant et complétant l’article 5 du traité de l’UMOA qui dispose que “ (…) les
décisions de la Conférence (…) sont prises à l’unanimité ”.
2
Voir L.M. IBRIGA, “Problématique de l’intégration en Afrique de l’Ouest : essai de définition d’un cadre juridique
efficient ”, in RBD n° de décembre 1993.
3
Voir. Article 51 du traité de l’UEMOA.
1
dispose que « le Conseil des Ministres de l’Union monétaire prévu à l’article 6 de l’UMOA exerce les fonctions qui
lui sont dévolues par le présent traité ». En renvoyant à cette disposition du traité de l’Union monétaire, les
rédacteurs semblent faire de ce texte une référence. C’est dire que le Conseil, s’il venait à délibérer sur une
question non prévue – ou en tout cas dont la compétence ne lui a pas été explicitement reconnue – par le traité
de l’UEMOA., il devrait le faire en se fondant sur le texte de base qu’est le traité de l’UMOA. La règle de l’unanimité
édictée par l’article 2 de ce traité trouverait donc à s’appliquer, même si la règle semblait édictée pour des
domaines bien spécifiés.
Et justement, pour ce qui concerne les compétences dévolues au conseil par le traité de l’UMOA., et qui relèvent
presque exclusivement du domaine monétaire, le maintien de l’unanimité comme règle de délibération ne souffre
guère de débat : l’exercice de ces compétences par le Conseil est donc toujours soumis à la dure loi de
l’unanimité, puisque la règle de l’article 2 du traité de 1973 n’a pas été modifiée par le traité de Dakar, ce dernier
se contentant de renvoyer à ce qui était en vigueur avec l’ancien traité4. L’unanimité comme règle de délibération
n’est donc pas encore un souvenir, mais une réalité vivace dans l’UEMOA.5, du moins en ce qui concerne la
Conférence et le Conseil dont le caractère intergouvernemental.
4
Voir. Article 61 du traité de l’UEMOA.
5
Voir infra l’incidence de ce mode sur la nature du processus.
6
Ainsi par exemple, pour l’adoption des règlements ou directives nécessaires pour la réalisation des programmes
d’harmonisation des législations arrêtés par la CCEG, le Conseil y procède à la majorité des deux tiers (Voir article 61).
Ainsi également de la mise en œuvre de la politique économique de l’Union (Voir article 64, 65, 66) surtout pour la mise
sur pied du mécanisme de surveillance multilatérale des politiques macro- économiques (Voir article 67 à 75) ou de la
politique commerciale, (Voir article 82 à 87), ainsi également de l’établissement du marché commun (Voir article 78 à 81),
de l’adoption des règles de concurrence (Voir article 89).
7
Article 32 et 42 du Traité de l’UEMOA.
2
SECTION II : LA CEDEAO
Les modalités de prise de décision au sein de la CEDEAO étaient classiques. Mais, avec le Traité révisé de 1993
et le Protocole d’amendement de 2006, des modalités supranationales sont envisagées.