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qu’en 1910 et 1912, lors des confé- sés à sacrifier les résultats atteints
rences à La Haye, que des résultats par cette dernière unification 11.
concrets voient le jour7. Cette der- Les divergences majeures existant
nière année donne naissance à la entre les deux systèmes consti-
Convention introduisant un règle- tuaient également un obstacle à
ment uniforme sur les lettres de l’adhésion des pays de common law
change et les billets à ordre8. Celle- à la convention de La Haye12.
ci est signée par 17 pays européens Le travail effectué à la Haye n’est
et 10 autres provenant de l’Améri- tout de même pas perdu; il sert
que centrale et de l’Amérique du d’assise aux travaux de la Société
sud. Toutefois, la convention n’est des Nations lors de la Conférence
pas ratifiée, en raison des tensions internationale pour l’unification des
occasionnées par la Première Guer- lois relatives aux lettres de change,
re mondiale qui commence à faire billets à ordre et chèques tenue à
rage à la même époque9. Genève en 1930 et qui a donné
Les États-Unis et l’Angleterre, les naissance à la CGLU. Plus de 40
deux nations les plus commer- pays ont adopté la CGLU ou l’ont
çantes de l’époque, avaient parti- utilisée comme modèle de législa-
cipé à l’ensemble des conférences tion relative aux effets de com-
de La Haye. Ces deux pays avaient merce13. Bien que cette dernière
clairement établi toutefois qu’ils ait achevé un degré considérable
n’entendaient pas apporter de mo- d’harmonisation, elle ne réussit
difications à leur législation relative toutefois pas à rallier les pays
aux effets de commerce quels que anglo-saxons. Cela n’était pas une
soient les résultats obtenus à la surprise : les États-Unis et l’Angle-
conférence10. Cette position se jus- terre avaient manifesté encore une
tifiait par le fait que les pays de fois, lors d’une enquête menée par
common law avaient déjà procédé la Société des Nations en 1923,
entre eux à une certaine uniformi- leurs réticences à modifier leur
sation, suite à l’adoption en An- législation 14.
gleterre du Bills of Exchange Act
(BEA) en 1882 qui a par la suite 11. C’est le cas particulièrement des États-
servi de base à la législation de la Unis qui, à cette époque, avaient tout
plupart des pays du Common- récemment convaincu les gouvernements
wealth. Ils étaient donc peu dispo- de tous les États d’adopter la Negotiable
Instruments Law de 1896 après trente
ans d’efforts; Pascale BLOCH, Les lettres
7. Willem C. VIS, « Unification of the Law of de change et billets à ordre dans les
Negotiable Instruments : The Legislative relations commerciales internationales;
Process », (1979) 27 Am. J. Comp. L. 507, étude comparative de droit cambiaire
508. français et américain, Paris, Economica,
8. La convention est reproduite dans les 1986, p. 11; D. FELDER, op. cit. , note 5,
Actes de la deuxième conférence de La p. 8; Manley O. HUDSON et A. H.
Haye pour l’unification du droit relatif à la FELLER, « The International Unification
lettre de change, de billet à ordre et de of Laws Concerning Bills of Exchange »,
chèque, La Haye, Imprimerie nationale, (1930-31) 44 Harv. L. Rev. 333.
1912, pp. 237-258. 12. D. FELDER, op. cit., note 5, p. 8.
9. Wolfgang Freiherr VON MARSCHALL, 13. W.C. VIS, loc. cit., note 7, 509. En plus de
« Uncitral’s Proposed International Bill of la CGLU, la Convention de Genève réglant
Exchange », (1987) 4 Ariz. J. Int’l Comp. L. certains conflits de lois voyait le jour lors
6, 7; W.C. VIS, loc. cit., note 7, 508. de ces conférences.
10. D. FELDER, op. cit., note 5, p. 17. 14. D. FELDER, op. cit., note 5, p. 18.
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