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DU TRAVAIL
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GENERALITES SUR LE DROIT DU TRAVAIL
A.I : En France
1- Le régime corporatif
De manière générale, on fait remonter au XVIe siècle les origines du Droit du Travail
tel qu'il se présente aujourd'hui. En effet, les esclaves comme les serfs n'étaient pas
des citoyens libres alors que le Droit du Travail supposait des relations entre
citoyens libres.
Le Droit du Travail tire ses origines des corporations de métiers apparues entre le
Xlle et les XVIIIe siècles en Europe. Des corps de métiers structurés et hiérarchisés
comprenant des apprentis, des compagnons et des maîtres s'auto réglementaient,
décidaient des obligations et des droits et surtout organisaient les conditions d'accès
à la profession et d'évolution dans la hiérarchie. Vers le XVIIIe siècle, cette
réglementation à l'intérieur des corporations était devenue injuste parce que la
situation était figée au détriment des apprentis et des compagnons qui ne pouvaient
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plus accéder au grade de maître. Le régime corporatif sera balayé par la Révolution
Française de 1789.
2- La Révolution de 1789
3- La période libérale
- Elle se situe dans la première moitié du XIXe siècle. Au cours de cette période,
c'était le dogme de l'économie libérale qui régnait. Cette période n'était pas
favorable au travailleur. Ainsi, Napoléon se (tenait de la classe ouvrière et un régime
de police propre à cette classe ouvrière a été mis en place. En conséquence, le
contrat de travail était laissé sous l'emprise de la seule volonté des parties. On notait
une très forte concurrence entre les patrons et la conséquence logique, est que les
salaires étaient très bas, les enfants travaillaient dès l'âge de cinq (05) ans. Il y avait
également des journées de travail de 14 ou 15 heures. Laissés donc à eux-mêmes,
les Patrons se livraient à une auto satisfaction. Il fallait alors agir.
- - L'interventionnisme étatique
L'Etat fut obligé d'intervenir pour réglementer les conditions de travail, mettre fin à
certaines dérives notamment patronales. Pour ce faire, la première loi sociale date
du 22 mars 1841.
Cette loi interdit le travail des enfants de moins de huit (08) ans dans les
manufactures et interdit les travaux de nuit ou dangereux. Ce qui nous fait dire que
le travail des enfants est un phénomène qui existe depuis longtemps en France et
non seulement de nos jours dans les pays en voie de développement comme le
Burkina Faso.
Le mouvement lancé était que « Entre la loi et la liberté, c'est la loi qui affranchit et la
liberté qui opprime. » Les facteurs d'intervention de l'Etat sont multiples :
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- Facteur idéologique : à partir de 1840, la doctrine du libéralisme
individualiste décline sous l'influence des socialistes ;
- Facteur politique : en 1848, il y a eu la création du suffrage universel en lieu et
place du suffrage censitaire. La population obtient donc le droit de se prononcer et la
condition des travailleurs ne peuvent plus être ignorée
- Facteur économique : c'est le développement de la révolution industrielle. A ce
niveau, l'on constate un accroissement quantitatif de la classe ouvrière. Pendant
cette période, les actions de l'Etat iront dans trois (03) axes :
- Création des organes publics chargés de s'occuper des problèmes du travail ;
par exemple l'adoption de lois pour réglementer des questions qui relevaient jadis de
la liberté contractuelle. Ex : Loi de 1874 sur le travail des enfants et des filles
mineures qui institue un corps de l'Inspection du travail ; laquelle loi est renforcée
par celle de 1892 qui crée l'Office du travail.
- Autorisation de la formation de groupements professionnels : la Loi
WALDECK-ROUSSEAU du 21 mars 1884 qui consacre la liberté syndicale et
reconnaît que les travailleurs ont des intérêts collectifs, puisque la Loi Le Chapelier
des 14-17 juin 1791 avait frappé d'interdiction pendant la Révolution, tous les
groupements professionnels, les conventions collectives et les coalitions (grèves).
Cette loi a isolé face à face le travailleur et l'employeur.
- Développement de la détermination des rapports de travail par la voie
collective : la conséquence est la création des syndicats. A ce niveau, il faut dire
que les syndicats étaient interdits pendant la Révolution. La répression s'était donc
acharnée contre les syndicats qui étaient contraints à une vie secrète, à base de
confraternité et d'entraide. Ensuite, la politique de tolérance inaugurée par
NAPOLEON III allait être poursuivie par l’Ille République.
Enfin avec la loi WALDECK- ROUSSEAU ci-dessus citée, on est passé de la
tolérance à la reconnaissance légale du syndicalisme. Ainsi, les syndicats pouvaient
dorénavant se constituer librement et acquérir la personnalité juridique à la seule
condition de déposer leurs statuts et de révéler le nom de leurs dirigeants.
5- La Réforme de 1936
L'année 1936 a été une borne importante sur la voie du progrès social et d'une
organisation juridique des rapports collectifs du travail en France. Avec la conclusion
des conventions collectives, la négociation collective va s'enraciner dans la pratique
à partir de 1936.
Les grèves avec occupation des lieux de travail s'étant multipliées, pour appuyer les
revendications et la réalisation du programme du Front populaire (victoire électorale
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du FP et constitution du gouvernement BLUM], il y a eu un accord pour instituer des
procédures de règlement des conflits collectifs. Pour ce faire, conciliation et
arbitrage deviennent obligatoires. De nombreuses sentences sont rendues.
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La loi de décembre 1968 autorise la création de sections syndicales dans les
entreprises. Cette loi du 27 décembre 1968, fut le premier fruit législatif du
mouvement de 1968 (secousse sociale de mai 1968].
Le Droit du Travail sera essentiellement régi par des lois : lois de 1982 (lois
AUROUX, ministre du travail d'alors.] Ces lois réduisent le temps de travail à 39
heures, abaissent l'âge de la retraite, instituent le règlement intérieur, le pouvoir
disciplinaire de l'employeur, le droit à l'expression directe des salariés dans les
entreprises. Depuis cette date, ce sont les lois AUBRY (35 heures
hebdomadaires) et la modernisation sociale qui sont en vigueur.
Telle est la situation qui prévalait en France. Dans les colonies (Afrique
Francophone : AEF et AOF], toutes ces lois n'étaient pas directement applicables. Il
fallait des décrets d'extension : c'est la spécialité législative
A. II : En AFRIQUE
1- Avant 1952
L'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies françaises est intervenue avec
le décret du 27 avril 1848. La protection du travailleur était embryonnaire. Dès
1932, la réglementation prit mieux en compte les conditions de travail en ce que la
répercussion des mesures sociales édictées en France en 1936 se fait également,
mais timidement sentir. Dans les colonies françaises, une évolution notable
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interviendra à partir de la Conférence de Brazzaville de 1944. C'est cette
conférence qui fut à l'origine et de la création de l'Inspection du travail en 1944, et de
l'élaboration, qui ne devait aboutir qu'en 1952, d'un code du travail moderne. Des
dispositions du code du travail métropolitain furent transmises dans les colonies
moyennant parfois des adaptations.
2- La période de 1952-1960
Dans les années 1960, les Etats africains sont entrés dans le concert des
Nations en accédant à la souveraineté nationale et internationale. Pour ce faire,
chaque pays africain élaborera son propre code du travail en s'inspirant fortement
du code du travail d'Outre-Mer. Aussi, on note la signature de plus en plus fréquente
de conventions collectives nationales interprofessionnelles qui complètent les
dispositions législatives.
Depuis 1960 à nos jours, le Burkina Faso a expérimenté quatre (04) codes du
travail. Le premier code du travail burkinabé fut adopté par la loi 26-62/AN, du 07
juillet 1962 et modifiée par une autre loi du 07 juin 1973.Le deuxième code du
travail était celui régi par la loi n°ll-92/ADP du 22décembre 1992. Le troisième
code du travail est celui issu de la loi n°033-2004/AN du 14 septembre 2004
portant code du travail au Burkina Faso promulguée par le décret n°2004-
451/PRES du 15 octobre 2004. Le quatrième code du travail actuellement en
vigueur est celui issu de la loi°028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du travail
au Burkina Faso, promulgué par le décret 2008-33/PRES du 09 juin 2008.
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branches d'activités est la convention collective interprofessionnelle du 09 juillet
1974.
Il ne suffit guère de connaître une règle de droit par cœur, mais de savoir où elle se
trouve afin de la rechercher au moment opportun et de l'appliquer à une situation
bien déterminée.
On entend par source d'un droit, les divers procédés d'élaboration des règles qui
forment un droit, c'est- à- dire les actes créant, modifiant ou abrogeant des règles de
droit (sources formelles), ou de pratiques (jurisprudence, usages, etc.) auxquelles
est imputée la positivité d'autres règles.
Elles sont établies par l'autorité publique (sources écrites : Constitution, Loi,
Règlements) ou non (sources non écrites : Jurisprudence, usages, etc.).
a- La Constitution
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b- La loi et le règlement
Par ailleurs, la loi aussi prévoit et il revient au pouvoir exécutif (le gouvernement) de
prendre des textes d'application ; par exemple en ce qui concerne le contrat de
stage, le règlement intérieur, les congés payés, etc.
L'employeur invoquera telle disposition de telle loi ou de tel décret pour soutenir sa
prétention.
Mais le juge qui interprète ces textes est la Cour de Cassation, juge du droit.
Lorsqu'elle fait une interprétation, celle-ci va avoir une valeur obligatoire car les
juges vont avoir tendance à respecter ce qu'a dit la Cour de Cassation. Par exemple,
le code du travail ne détaille pas le régime juridique du droit de grève (grève ou lock-
out). Il reviendra à la jurisprudence de lui en donner un car, étant la seule institution
capable d'interpréter de manière authentique un texte de loi.
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Le code du travail prévoit ou envisage plusieurs variétés d'accords. Selon l'article
107 alinéa 1 et 2, « La convention collective de travail est un accord relatif aux
conditions de travail. Elle est conclue entre les représentants d'un ou de plusieurs
syndicats ou groupements professionnels de travailleurs d'une part et une ou
plusieurs organisations syndicales d'employeurs ou tous autres groupements
d'employeurs ou un ou plusieurs employeurs pris individuellement d'autre part».
Les conventions collectives ont pour vocation de déterminer les règles qui régissent
les conditions de travail dans le cadre duquel elles s'appliquent. Toutefois, une
remarque importante s'impose. En effet, la convention ne peut mentionner que
des dispositions plus favorables aux travailleurs que celles des lois et
règlements en vigueur. Elle ne peut déroger aux dispositions d'ordre public
définies par ces lois et règlements.
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b.1. Les usages professionnels
Ce sont les pratiques liées à une profession mais pas à une entreprise. Ces usages
seront applicables dans toutes les entreprises appartenant à , cette profession. A
titre d'illustration, en France, le jour de la St-Barbe est férié pour les travailleurs de
la mine. C'est l'exemple type d'usage professionnel qui est souvent donné en
France.
De manière générale, les deux types d'usages obligent l'employeur. Mais, ces
usages doivent remplir trois conditions, à savoir :
- La constance : l'usage doit être accordé de manière continue et depuis un certain
temps sans interruption ;
- La généralité : l'usage doit bénéficier soit à l'ensemble du personnel, soit à une
catégorie déterminée de salariés. Si par exemple un employeur décide de
récompenser tel salarié, ce n'est pas un usage ;
- La fixité : l'avantage accordé doit obéir à des règles prédéterminées qui
définissent ses conditions d'octroi. Exemple d'un usage d'entreprise : la prime du
13e mois calculée en fonction du salaire moyen de chaque salarié. Ainsi, lorsque
ces trois conditions sont réunies, l'on est en présence d'un usage. Si l'employeur
décide de le supprimer, cette dénonciation ne sera pas opposable aux salariés. Le
législateur n'a rien prévu en cas de dénonciation de l'usage, mais la jurisprudence a
pris en considération la situation du salarié, en décidant que l'employeur doit
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respecter une procédure de dénonciation de l'usage. Si la procédure n'est pas
respectée, les salariés peuvent aller devant le juge, qui décidera que l'usage est
maintenu tant que l'employeur n'aura pas mis en œuvre la procédure [arrêt du 11
juin 1981).
c- Le règlement intérieur
C'est une source professionnelle parfois contestée parce que le règlement intérieur
est élaboré de façon unilatérale par le chef d'entreprise. C'est donc un acte unilatéral
élaboré par l'employeur, dont la loi impose la rédaction dès lors que l'entreprise
comprend dix (10) travailleurs. Le règlement intérieur est un acte porteur de règle
de droit s'imposant à tous et opposable à tous (l'employeur compris).
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De même, le contenu du règlement intérieur est très limité. Il ne peut porter que sur
les règles relatives à l'organisation technique du travail, à la discipline, aux
prescriptions concernant l'hygiène et la sécurité nécessaires à la bonne marche de
l'entreprise.
Mais, toutes ces sources s'inspirent des règles internationales qui sont de véritables
sources du Droit du Travail, en l'occurrence le droit international du travail.
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a- Les principaux instruments des Nations Unies
Ils constituent une source importante du droit international du travail. Il s'agit d'abord
de la Déclaration universelle des droits de l'Homme (DUDH) adoptée le 10
décembre 1948 à PARIS (FRANCE) dont le contenu relatif au travail et à la
protection sociale est non négligeable :
- La prohibition de l'esclavage et de la servitude (art. 4) ;
- Droit à la sécurité sociale (art. 22) ;
- Droit au travail et liberté du travail (art. 23-1) ;
- Salaire égal pour un travail égal (art. 23-2) ;
- Rémunération suffisante pour accéder à une vie digne (art.23-3) ;
- Liberté de fonder et de s'affilier à un syndicat (art. 23-4) ;
- Droit au repos, aux loisirs, limitation raisonnable de la durée du travail, congés
payés (art. 27) ;
- Le droit à un recours effectif devant les juridictions nationales contre les actes
violant les droits fondamentaux (art. 8).
Il y a également le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques du 16
décembre l966. Relativement au Droit du Travail, certaines dispositions du pacte
s'avèrent utiles. L'on peut énumérer entre autres :
- la prohibition de l'esclavage, de la servitude et du travail forcé ou obligatoire (art.
8-3) ;
- la liberté de fonder et de s'affilier à un syndicat (art. 22) ;
- le développement des possibilités de recours juridictionnels (art 2 3b).
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- Le droit à la santé (art. 12)
Ces traités organisent le plus souvent l'accueil des salariés d'un Etat sur le
sol d'un autre Etat Ils sont généralement soumis à la condition de réciprocité.
Exemple :
- La Convention relative aux conditions d'engagement et d'emploi des travailleurs
Burkinabé [Voltaïques] en Côte d'Ivoire, signée le 09 mars 1960 à Bobo-Dioulasso ;
La Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples adoptée le 27 juin 1981
à Nairobi [KENYA] constitue une source du Droit du Travail. Ainsi, son article 15
dispose que : « Toute personne a le droit de travailler dans des conditions
équitables et satisfaisantes et de percevoir un salaire égal pour un travail égal».
D‘autres dispositions relatives au Droit du Travail existent. Ce sont :
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L'interdiction de toute forme d'exploitation, d'avilissement de l'homme (l'esclavage, la
traite des personnes (art. 5]] ;
- Le droit à la défense, y compris celui de se faire assister par un défenseur de son
choix (art. 7] ;
- La liberté de profession (art.8] ;
- La liberté d'association (art. 10] ;
- La liberté de circulation et de résidence (art. 12] ;
- Le droit de jouir d'un meilleur état de santé physique et mentale et le droit à une
assistance médicale en cas de maladie (art.16].
C'est dans cette optique que l'harmonisation du Droit du Travail à travers le projet
d'Acte Uniforme relatif au Droit du Travail est en train de voir le jour.
Le droit du travail est caractérisé par une multitude de sources d'inégale valeur. Le
principe de la hiérarchie des normes exige qu'une norme de degré donné respecte et
mette en œuvre la norme de degré supérieur. En ce qui concerne le droit du travail on
distingue les normes dites supra légales (Constitution, traités et accords internationaux
régulièrement approuvés et ratifiées], les normes dites légales (droit d'origine étatique]
et les normes considérées comme infra-légales. Si le droit d'origine étatique a la
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primauté sur le droit d'origine professionnel, à l'intérieur de chacun d'eux il y a
également une hiérarchie. Il peut cependant y avoir une dérogation à ce principe de la
hiérarchie des normes par application du principe de faveur pour le salarié, principe
fondamental du droit du travail selon lequel il est toujours possible de déroger à une
règle hiérarchiquement supérieure pourvu que ce soit dans un sens favorable au
travailleur. Ainsi les codes du travail prévoient que :
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économiques marquée par l'adoption de programmes d'ajustement structurel ait
entraîné, dans certains pays africains, l'adoption de nouveaux codes de travail.
Le premier signe du caractère expansif du droit du travail réside dans la définition de
ce droit. Régissant les rapports individuels autrefois, le droit du travail s'est
progressivement étendu aux rapports collectifs de travail. Il n'embrasse pas
seulement les rapports contractuels mais aussi les activités syndicales, les
conventions collectives, la grève etc.
Le second signe du caractère expansif du droit du travail concerne l'élargissement
de son champ d'application par rapport aux professions et aux personnes
originairement concernées. En effet, le droit du travail a d'abord concerné les
catégories les plus vulnérables (enfants, femmes], puis il s'est étendu aux hommes.
Par rapport à la profession, le droit du travail a d'abord concerné les industries pour
ensuite s'étendre au commerce, l'agriculture et les professions domestiques. Le
changement du champ d'application est aussi illustré par le changement de
terminologie ; de législation industrielle ou droit ouvrier, on est passé à droit du
travail.
L'expansion du droit du travail s'explique par son caractère très protecteur et
progressiste.
Le droit du travail est progressiste parce qu'il est orienté, en relation avec l'idée de
droits acquis, vers l'amélioration continue des conditions de vie du travailleur. Les
salariés apparaissent comme mieux protégés que d'autres personnes relevant
d'autres régimes comme les commerçants. Ils bénéficient de la sécurité sociale, du
régime protecteur de rupture de contrat de travail etc.
Pour assurer cette amélioration continue des conditions matérielle et juridique du
travailleur salarié, le droit du travail a un caractère impératif. Bien qu'il s'agisse d'un
droit qui régit les rapports entre les particuliers, sa protection est assortie de
sanctions pénales. On distingue ainsi l'ordre public social et l'ordre public absolu.
L'ordre public social est une règle à laquelle on ne peut déroger que dans un sens
plus favorable au salarié. Au contraire, l'ordre public absolu est une règle à laquelle
on ne peut déroger de toutes les manières.
L'ordre public social joue donc dans un sens unilatéral, déséquilibré ou partisan
parce que le droit du travail tente de rééquilibrer l'échange, de compenser l'infériorité
économique de fait des uns par des contre poids juridiques.
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C - Le caractère ambivalent
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Chapitre préliminaire: Examen de quelques situations
précontractuelles
I. LES VOIES D'ACQUISITION DE LA QUALIFICATION
PROFESSIONNELLE
A. LE CONTRAT D'APPRENTISSAGE
-Le maître ne doit employer l'apprenti que dans la mesure de ces forces
aux travaux et services qui se rattachent à l'exercice de sa profession.
-Le maître doit enseigner à l'apprenti progressivement et complètement
le métier ou la profession qui fait l'objet du contrat.
Il doit traiter l'apprenti en bon père de famille et prévenir sans tarder les parents de
l'apprenti ou leur représentant en cas de maladie, d'absence etc.
Quant à l'apprenti, il doit à son maitre dans le cadre de son travail, obéissance et
respect. Il doit l'aider par son travail dans la mesure de ses forces et aptitudes.
-L'apprenti doit terminer sa formation et ne doit pas conclure de nouveau contrat
avant la fin du précédent
B. LE CONTRAT DE STAGE
Le contrat de stage est une convention par laquelle un maitre de stage s'engage à
donner ou à faire donner à une personne appelée stagiaire, une formation
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professionnelle pratique. Il a pour objet de faire acquérir au stagiaire une expérience
et des aptitudes professionnelles pour faciliter son accès à un emploi et son
insertion dans la vie professionnelle. Il est conclu avant l'entrée du stagiaire dans
l'entreprise. Il est constaté par écrit. Il est exempt de tout droit de timbre et
d'enregistrement
Le stage probatoire concerne l'engagement définitif pour des emplois exigeant une
très-haute qualification ou comportant des responsabilités particulières. Le travailleur
qui n'a jamais occupé l'emploi en question pourra être soumis à un stage probatoire
d'un an. Le travailleur doit recevoir au moins le salaire minimum de la catégorie
professionnelle dont relève l'emploi à pourvoir.
L'engagement doit être constaté par écrit. A défaut d'écrit, il est réputé être un C.D.I
il n'y a donc pas de contrat à l’'essai verbal.
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B. PARTICULARITES DU CONTRAT A L'ESSAI
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CHAPITRE I : LE CONTRAT INDIVIDUEL DE TRAVAIL
A. DEFINITION
Le travailleur est toute personne qui s'engage à mettre son activité professionnelle
moyennant rémunération, sous la direction et l'autorité d'une autre personne
physique ou morale publique ou privée appelée employeur.
Des trois (03) critères, seul le lien de subordination juridique sert à distinguer
nettement le contrat de travail d'avec d'autres contrats voisins.
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Les deux (02) parties sont tenues à des obligations réciproques et indépendantes
selon la relation « travail égale salaire, pas de travail, pas de salaire »
- c'est un contrat personnel :
C'est le travailleur lui-même qui conclut le contrat, qui doit fournir personnellement
la prestation : on dit que le contrat de travail est conclu intuitu personae.
- c'est un contrat qui le plus souvent est à exécution successive : les relations entre les
deux (02) parties s'échelonnent dans le temps.
- Lorsqu'un contrat est qualifié de contrat de travail, cela permet de saisir la juridiction
convenante ;
- Dans le contrat de travail, le travailleur est mieux protégé que dans d'autres formes de
relations ;
- Le travailleur est un préposé de l'employeur, donc en cas de préjudice causé à un tiers,
la responsabilité civile de l'employeur sera engagée ;
- La rémunération du travailleur dans un contrat de travail est particulièrement
protégée par des privilèges ;
- dans le contrat de travail le travailleur bénéficie d'avantages tels que congés payés,
sécurité sociale, indemnité de rupture etc.
Il y a contrat d'entreprise lorsqu'une personne est engagée pour une tâche déterminée, qu'elle
exécute de sa propre initiative en toute indépendance, seule ou en se faisant aider, le cas
échéant, par des travailleurs choisis et appointés par elle et lorsque cette personne est
rémunérée au forfait.
C'est un contrat par lequel une personne appelée entrepreneur, s'engage envers une autre
personne appelée maître d'ouvrage pour une tâche déterminée qu'il exécutera de sa propre
initiative en ne recevant des instructions que pour l'orientation générale du travail, et
moyennant une somme forfaitaire.
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- L'entrepreneur est rémunéré au forfait ;
- Il peut se faire aider par d'autres travailleurs. Une variante de contrat d'entreprise est le
contrat de tâcheronnat.
Le mandat est un contrat par lequel une personne appelée mandant, charge une
autre personne appelée mandataire, de faire un acte en son nom et pour son
compte. La distinction parait difficile entre ces deux(2) contrats car un mandat peut
être assimilé à un contrat de travail. En cas de problème, le juge va se baser sur le
critère de subordination juridique dans les relations entre les deux (2) parties pour
qualifier de contrat.
Aux termes de l'article 1832 du code civil, le contrat de société est celui par lequel
deux (2) ou plusieurs personnes conviennent de mettre quelque chose en commun
en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter.
Dans ce contrat, les associés sont sur un même pied d'égalité. Il n'y a pas de
véritable subordination. Les associés supportent les pertes, ce qui n'est pas le cas
dans le contrat de travail.
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II _CONCLUSION DU CONTRAT DE TRAVAIL : REGLES DE
FORMATION
A- LES CONDITIONS DE FORME
1°) Le principe
- Le CDD doit être constaté par écrit sinon il est réputé être un CDI;
- L'article 56 et 63 du nouveau code du travail énonce deux (2) cas dans
lesquels le contrat de travail en plus d'un écrit, doit être visé et enregistré. Ce
sont :
Le CDD et le CDI des travailleurs nationaux nécessitant leur installation hors
du territoire national.
Le CDD ou CDI des travailleurs étrangers.
La demande de visa doit être faite par l'employeur. Elle doit être soumise au plus
tard trente (30) jours après le début. Le refus du visa du contrat de travail des non
nationaux le rend nul. L'autorité compétente a 15 jours pour délivrer le visa.
Le consentement doit être débarrassé de tout vice tel que l'erreur, le dol, la
violence, sinon le contrat est nul.
Pour la capacité, l'employeur doit être majeur et le travailleur doit avoir au moins 16
ans (article 152 du nouveau code du travail).
L'objet ne doit pas être contraire aux bonnes mœurs et à l'ordre public.
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II I . LES TYPES DE CONTRATS DE TRAVAIL FREQUENTS
A. LE CDD
LE CDD est le contrat dont le terme est précis à l'avance par la volonté des parties,
(art.49). On distingue; le CDD à terme fixe et connu à l'avance encore appelé CDD
de date à date.
Ex: un CDD conclu pour compter du 1er janvier 2007 au 31 décembre. Le CDD à
terme fixe mais inconnu à l'avance ou le CDD à terme maxi
Ex: le CDD conclu pour remplacer un travailleur malade. Peuvent être assimilés aux
CDD, le contrat saisonnier, le contrat journalier.
2. MODALITES DU CDD
*au travailleur engagé en complément d'effectif pour exécuter des travaux dus à un
surcroît d'activité dans l'entreprise;
*Au travailleur saisonnier
*Au travailleur engagé par les entreprises relevant des secteurs d'activité dans
lequel il est d'usage de recourir au CDD,
Il ne peut être conclu pour une durée supérieure à 2 ans pour les nationaux et 3 ans
pour les étrangers;
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-Qu'en cas de faute lourde
Le CDI est le contrat de travail conclu sans précision de terme .11 n'est pas soumis
au visa dans deux cas précis. Il peut cesser par la volonté de l'une des parties à
conditions de respecter les règles en matière de ruptures du CDI.
• payer les salaires, indemnités et cotisations sociales dus en vertu des textes
réglementaires, conventionnels et contractuels ;
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• Veiller au maintien des bonnes mœurs et à l'observation de la décence
publique (interdiction du harcèlement sexuel)
A cet effet une clause de non concurrence peut être insérée dans le contrat. L'article
39 du code de travail sans condamner le principe de la clause de non concurrence,
s'insurge contre son caractère abusif en ces termes : toute clause d'un contrat
interdisant au travailleur d'exercer une activité quelconque à l'expiration du contrat
est abusive et nulle de plein droit sauf dans les cas où la rupture est le fait du
travailleur ou résulte d'une faute lourde de son chef. L'alinéa 2 du même article
stipule que toute clause dont la durée ou la porte géographique n'est pas justifiée ou
indispensable pour la sauvegarde des intérêts de l'employeur, constitue une entrave
abusive au libre exercice de l'activité professionnelle du travailleur.
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A l'imprécision des termes de cet article, on peut se référer à la disposition de
l'article 23 de la convention collective interprofessionnelle du 9 juillet 1974 qui
prévoit que la clause de la non concurrence doit se limiter au cadre et assimilés et
que sa durée ne peut dépasser 1 an après la rupture du contrat et un rayon de 100
km. En cas de litige, le juge peut ne pas prononcer la nullité de la clause, mais la
ramener aux propositions utiles pour la protection de l'employeur.
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Par exemple l'article 22 de la CCI prévoit une échelle de sanctions allant de
l'avertissement écrit ou réprimande, la mise à pied de 04 à 08 jours, le licenciement
avec ou sans droit.
NB :
L'avertissement et la mise à pied ne sauraient être invoqués à l’encontre du
travailleur si, à l'expiration d'un délai de 6 mois suivant la date de sanction, aucune
autre sanction n'a été prononcée à rencontre de ce travailleur
Dans certaines situations les termes (dispositions) d'un contrat de travail peuvent
subir des modifications. Trois (o3) cas de figures peuvent se présenter :
- La modification dans la situation juridique de l'entreprise ;
-La modification de la situation économique et financière de l'entreprise ;
-La modification proposée par l'employeur ou le travailleur.
Aux termes de l'article 91 du nouveau code du travail : s'il survient une modification
dans la situation juridique de l'entreprise, notamment par succession, vente, fusion,
transformation de fonds, mise en société, tous les contrats de travail en cour au jour
de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de
l'entreprise.
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licenciements. Il est fondé à réorganiser son entreprise en se séparant du personnel
dont il estime ne plus avoir besoin. Les licenciements doivent être motivés par des
considérations économiques ou techniques. Il doit respecter les formes de rupture et
payer les droits des travailleurs ainsi licenciés.
Chacune des parties peut proposer une modification du contrat de travail. Il y a lieu
de distinguer la modification substantielle, de la modification non substantielle.
3- a LA MODIFICATION SUBSTANTIELLE
La modification substantielle est celle qui porte sur un élément essentiel du contrat
c'est-à-dire un élément sans lequel l'autre n'aurait pas contracté et pourrait
démissionner éventuellement en cas de remise en cause. Quant à sa forme, l'article
85 alinéa 2 :« toute proposition de modification substantielle doit être écrite et
approuvée par le travailleur. En cas de refus de celui-ci, le contrat est considéré
rompu du fait de l'employeur ».
Les cas de modification substantielle :
Les cas de modification substantielle proposés par l'employeur sont relatifs aux
conditions de travail, au salaire, et au lieu de travail.
* Les conditions de travail et les salaires,
32
audit emploi. La position d'intérimaire est notifiée aux travailleurs par écrit, avec
mention de la durée qui ne peut excéder :
® 3 mois pour les cadres, les agents de maîtrise, techniciens sauf dans le cas de
maladie, accident survenu au titulaire de l'emploi ou remplacement de ce dernier
pour la durée d'un congé ou d'un stage.
C'est celle qui touche à un élément non substantiel du contrat. En règle générale la
partie qui refuse ce type de modification endosse la responsabilité en cas de rupture
du contrat de travail.
Le contrat de travail étant un contrat bilatéral, il devrait normalement prendre fin dès
que l'une des partie n'est plus à même de remplir ses obligations principales.
Cependant, le législateur a décidé qu'à l'occasion de certains événements
empêchant l'exécution des obligations par la partie, le contrat de travail sera
considéré comme suspendu et non rompu, ceci dans le but d'assurer la stabilité de
l'emploi. La suspension du contrat consiste à l'arrêt momentané de celui-ci ; le
contrat reprend en principe entre les parties dès que la cause de la suspension
disparaît.
33
* L’absence du travailleur pour maladie ou accident non professionnel constaté par
un certificat médical, dans la limite d'un an ;
34
1 EXAMEN DE QUELQUES CAS DE SUSPENSION
Le travailleur malade doit faire constater son état par le service médical de
l'entreprise ou le poste de santé médicale le plus proche dans un délai de 48
heures. S'il est prouvé que le travailleur suit un traitement par médecine
traditionnelle, il n'aura pas d'autres formalités à remplir. Au cas ou le travailleur
n'aurait pas pu remplir cette formalité, il doit sauf cas de force majeure, avertir
l'employeur du motif de son absence dans un délai de 48 heures suivant la date de
l'accident ou de la maladie. Cette information doit être confirmée par un certificat
médical délivré par un médecin et produire dans un délai maximum de 6 jours à
compter du premier jour de l'indisponibilité. Si le travailleur gravement malade ne
peut se déplacer, l'employeur doit être avisé de cette indisponibilité. Il devra alors lui
envoyer l'infirmier et éventuellement le médecin de l'entreprise.
35
a.1.2 LES EFFETS DE LA SUSPENSION
36
Ainsi :
Est considéré comme accident de travail quel qu'en soit la cause, l'accident qui est
survenu au travailleur :
*Par le fait, à l'occasion ou en raison de son travail ;
*Pendant les voyages dont les frais sont à la charge de l'employeur : recrutement,
mission, congé dans les foyers.
*Les prestations en espèce dont le but est de compenser les pertes de revenus
résultant de l'incapacité temporaire ou permanente du travailleur. Ce sont les
37
substituts aux salaires perdus par le travailleur par la suite de l'inactivité ou de la
réduction de capacité de travail
*En cas d'incapacité permanente, il lui sera versé une rente d'incapacité permanente
ou allocation.
*En cas de décès, les ayants droits reçoivent une rente de survivant.
Selon l'article 144 du code du travail, toute femme enceinte dont l'état a été dûment
constaté, a le droit de suspendre le travail sur prescription médicale. A l'occasion de
son accouchement, la femme salariée, bénéficie d'un congé de maternité de 14
semaines, dont 8 semaines au plus tôt et 4 semaines au plus tard avant la
délivrance, que l'enfant soit né, viable ou non. Pendant les 14 semaines, la femme a
droit, à la charge de la C.N.S.S aux frais d'accouchement et aux soins médicaux
dans une formation sanitaire publique ou agréée par l'état.
38
Elle doit être notifiée aux travailleurs par écrit avec indication des motifs pour
lesquels elle est infligée.
Elle doit être d'une durée maximale de 8 jours et cette durée doit être déterminée au
moment où elle est prononcée.
En tant que sanction elle est applicable au délégué du personnel en cas de faute
lourde commise par ce dernier.
*cas de détention pour motif politique : dans ce cas, quel que soit la durée de la
détention, le contrat est simplement suspendu.
39
NB : les tribunaux souvent estiment que dans le cas de non-lieu, relaxe, classement
sans suite, il peut subsister une perte de confiance rendant le licenciement légitime.
Le contrat de travail peut être frappé de nullité. Les causes de nullité du contrat
peuvent être dues à des vices de fond : absence de consentement ou vice de
consentement, l'illicéité de l'objet, l'immoralité de la cause ou incapacité du
travailleur.
Les causes peuvent être également dues au non-respect des conditions de forme
notamment le refus de délivrance du visa ou Les causes peuvent également être
dues au non-respect des conditions de forme notamment le refus de la délivrance du
visa ou l'inaccomplissement de cette formalité, le défaut d'enregistrement du contrat
lorsque cette formalité est requise. Il faut distinguer la nullité du contrat lui-même, de
la nullité d'une clause du contrat. Dans ce dernier cas, seule la clause illégale (Ex :
une clause abusive de non concurrence) est nulle et peut ouvrir droit à indemnité.
40
Chapitre II : La rupture du contrat de travail
I- NOTION ET CAUSES COMMUNES DE RUPTURE DU CONTRAT DE TRAVAIL
La rupture du contrat de travail est sa cessation définitive [sa résiliation). Les
relations de travail prennent fin. Les modes de cessation des contrats de travail
reposent sur la distinction entre contrat à durée déterminée et contrat à durée
indéterminée. Il existe néanmoins des causes communes. L'article 97 du nouveau
code du travail énumère indistinctement les causes de cessation du contrat de
travail :
La cessation d'accord-parties ;
La cessation d'activités de l'entreprise ;
L'annulation légale et la résolution judiciaire du contrat ;
L'arrivée du terme du C.D.D ;
La démission ;
Le licenciement ;
La retraite ;
L'incapacité permanente totale de travail ;
Le décès ;
I I- LARUPTUREDUCDD
Le C.D.D, aux termes de l'article 60 du code du travail (2008) ne peut prendre fin
avant terme qu'en cas d'accord des parties constaté par écrit, de force majeur ou de
faute lourde. Cet article pose le principe de l'interdiction de la rupture unilatérale du
CDD. Ce principe comporte à la fois des avantages et des inconvénients.
Outre l'accord des parties, et la force majeure, la rupture avant terme du CDD peut
intervenir en cas de faute lourde et de résolution judiciaire.
41
- La faute lourde est une faute exceptionnelle grave et impliquant une intention
de nuire. Elle est en principe impardonnable. E x : le non- paiement du
salaire par l'employeur et refus d'obéissance par le travailleur aux ordres de
l'employeur.
La résolution est une sanction consistant dans l'effacement rétroactif des obligations
nées d'un contrat bilatéral lorsque l'une des parties n'exécute pas ses obligations.
La résolution doit être demandée en justice faute de quoi la rupture anticipée serait
abusive.
La sanction de la rupture anticipée non fondée sur une faute lourde, se traduit par
l'allocation de dommages et intérêts, le paiement éventuel de l'indemnité de fin de
contrat.
Selon l'article 64 du nouveau code du travail, le CDI peut toujours cesser par la
volonté de l'une des parties : c'est la résiliation du contrat. Cette résiliation doit se
faire dans le respect des dispositions relatives à certains licenciements tels que le
licenciement pour motif économique, le licenciement des catégories de travailleurs
protégés (délégués du personnel, délégués syndicaux etc....).
A. 1 ° ) La forme de la rupture
42
a) la nécessité de l'écrit.
La partie qui prend l'initiative de la rupture du CDI (licenciement ou démission} doit
en informer l'autre partie par écrit, il n'y a donc pas de rupture par voie verbale. La
notification de la décision de démission ou de licenciement doit être faite soit par
lettre recommandée, soit par remise directe de la lettre au destinataire contre reçu
ou devant témoin. L'écrit constitue une preuve et permet de donner date certaine à
la rupture. Il est le point de départ du délai de préavis et permet de fixer le motif du
licenciement.
b) Le respect du délai de préavis.
Le préavis est l'avertissement préalable que la partie qui veut mettre fin au CDI
donne à l'autre partie pour qu'elle puisse prendre des mesures palliatives aux
conséquences de la rupture. Le préavis peut se présenter sous deux (02) formes : le
délai ou une indemnité représentative du délai.
Aux termes de l'article 66 du code du travail, la durée du délai et préavis est fixé à :
43
_ En cas de faute lourde de ta part du travailleur.
L'existence d'un motif légitime est nécessaire pour que la rupture unilatérale du
contrat à durée indéterminée ne soit pas qualifiée d'abusive. On distingue d’une
part la rupture abusive et d’autre part la rupture légitime.
Un licenciement abusif est celui qui est effectué sans motif légitime. Il existe des cas
de licenciement abusif prévus par la loi et des cas déterminés par la jurisprudence.
_ Lorsque le motif invoque est inexact ;
44
a) Quelques cas de licenciements déterminés par la jurisprudence.
_ Lorsque le licenciement n'a pas été notifié par écrit ou lorsque le motif
ne figure pas dans la lettre de licenciement ;
Cela signifie que le licenciement peut être légitime quant au fond mais survient
sans observation de la formalité de la notification écrite ou sans indication de son
motif (licenciement irrégulier),
45
Le préavis ou l'indemnité compensatrice de préavis ;
L'indemnité de licenciement si le travailleur remplit les conditions ;
Le certificat de travail.
La rupture légitime est celle qui a un motif légitime ; c'est-à-dire que le motif invoqué
par l'employeur l'effectuer est valable. Pour être légitime, le licenciement doit être
motivé par l'intérêt de l'entreprise. Trois (03) situations traduisent l'intérêt de
l'entreprise :
46
2-1) - Les droits du travailleur en cas de licenciement légitime.
A-DEFINITION
47
B - LA PROCEDURE DU L.M.E (Licenciement pour Motif Economique).
Cette procédure comporte deux (02) phases : une phase de négociation interne et
une phase proprement dite.
Ceux-ci disposent de huit (08) jours francs maximum pour faire connaître leurs
observations. La liste dressée par l'employeur et la réponse des délégués sont
transmises sans délai à l'inspecteur du travail pour toute action qu'il juge utile de
prendre dans un délai de huit (08) jours à compter de la date de réception ; passé ce
délai et sauf accord contraire des parties, l'employeur n'est plus tenu de sursoir à la
mise en application de sa décision.
48
N B : La procédure du L.M.E est écartée en cas de protocole amiable de départ
volontaire librement et équitablement négocié entre les parties. L'employeur
transmet pour information à l'inspecteur du travail du ressort le protocole intervenu.
Tout L.M.F effectué en violation des dispositions légales ou pour faux motifs
est abusif et ouvre droit à des dommages et intérêts. Les délégués du personnel ne
peuvent être licenciés que si leur emploi est supprimé et après autorisation préalable
de l'inspecteur du travail. Si l'entreprise revient à meilleure fortune, les travailleurs
licenciés peuvent être réembauchés dès lors que leurs compétences leur permettent
de satisfaire aux exigences des postes à pourvoir.
A - L'INDFMNITE DE LICENCIEMENT.
C'est une somme qu’on remet à un travailleur en raison de son licenciement sous
certaines conditions. due par l'employeur au travailleur licencié ayant au moins
douze (12) mois d'ancienneté dans l'entreprise. Son montant est fonction de cette
ancienneté. Les conditions pour en bénéficier sont les suivantes :
=> La rupture du contrat de travail doit être imputable à l'employeur ou due à une
cause économique ;
49
Dans le décompte effectué pour l'ancienneté, il doit être tenu compte des fractions
d'années. La période de référence est celle qui s'étend de la date d'embauche du
travailleur à la date de son licenciement.
2°) Applications
Pour le calcul de l'indemnité de licenciement, il y a lieu d'abord de connaître
certaines données :
a) L'ancienneté
b) Le salaire global mensuel moyen (SGMM) qui est la moyenne des
salaires des six (06) derniers mois de travail ayant précédé la date du
licenciement. Dans le calcul du SGMM on ne tiendra pas compte des
parties du salaire représentant des remboursements de frais telles que
l'indemnité de transport, de logement, prime de salissure.
SOLUTION
Ancienneté = 12 ans
50
Calculer son indemnité de licenciement sachant que son salaire qui était de 120.000F par
mois a subi une augmentation de 10% en septembre 2008.
Ancienneté = 30 / 12 / 2008
01 /01 /1999
29 11 09ans
10 ans
- Ancienneté = 10 ans
- Structure du salaire des 06 derniers mois :
Dec. 2008: 132.000F
Nov.2008: 132.000F
Oct .2008: 132.000F
Spt. 2008: 132.000F
Août. 20008: 120.000F
Juillet. 2008: 120.000F
• SGMM = 120.000*2+132000*4/6 = 240.000 + 528000/6 = 128.000F
• Indemnité de licenciement première tranche de 5 ans
128.0 * 25 * 5 / 100= 1 6 0 0 0 0 f
- Indemnité de licenciement 2e tranche
128.000 * 30 * 5 / 100 =192.000F
- Indemnité de licenciement totale
160.000F + 192.000F = 352.000F
• EXEMPLE 3 : Mr Touré a été embauché le 1er janvier 1996 et
licencié le 20 octobre 2008.
Calculer son indemnité de licenciement sachant que son SGMM est
de 120.000F.
51
Chapitre 4 : Les conditions de travail
I La durée légale du travail
A. Le principe
Selon les lois sociales et le code du travail, tout travailleur quel que soit son âge, son
sexe, sa catégorie professionnelle, son ancienneté, doit effectuer en principe 40 h
de travail / semaine. La répartition de ces 40h est laissée à la discrétion de
l'employeur ainsi, il peut :
Il est admis pour son application que les 40h de travail par semaine correspondent à
173,33 h de travail / mois.
b- Les dérogations
1) Les heures supplémentaires
52
EXERCICE № 1
Mme KINDA a effectué au cours de la semaine 15 heures supplémentaires, son
salaire horaire est de 1.000 F. Calculez l'indemnité d'heures supplémentaires.
Resolution
SHR = 1.000 F
IH-S = [1.000 + (1.000 x 15)] 8 = 9200F
100
IHS = [1.000 F + (1.000 x 35)] 7 = 9.450F
100
I.T.HS= 18.650f
EXERCICE № 2
Mme KINDA a effectué au cours du. Mois de janvier les heures de travail
suivantes: '
lère semaine : 50h dont 5h la nuit du 01/01 et 3h dans la journée du
01/01.
2ène semaine : 40h
3ème semaine : 45h
4ème semaine: 49h dont 7h dans la matinée d'un lundi. Son salaire
mensuel est fixé à 207.996.
TAF.
1) Faites le décompte des heures supplémentaires
1) Calculez son salaire horaire réel
2) Calculez son salaire mensuel au taux normal
3) Calculez l'indemnité d'heure supplémentaire
4) Calculez le salaire total du mois de janvier
RESOLUTION
53
4) Calcul des indemnités d'heures supplémentaires
• A u taux de 15% : [1.200 + (1.200 x 15)] 15 = 20.700 F
100
Au taux de 35% : [1.200 + (1.200 x 35)] = 1.620 F
Ce sont des heures destinées à compenser dans certaines professions les temps
morts ou d'inactivité. Elles ont une durée > à la durée légale de travail mais
équivalente à 40h de travail effectif. Cette durée d'équivalence est fixée à :
52h dans les débits de boisson, restaurants et hôtels pour le personnel autres que
les cuisiniers pour les chauffeurs de taxi
54
Ce sont celles effectuées pour compenser c'est-à-dire rattrapé les heures de travail
perdues suite à une interruption collective de travail. Résultant d'une cause
accidentelle/de force majeure ou d'intempérie. Les heures de récupération sont
effectuées pendant les jours ouvrables et ne doivent pas dépasser 40h elles ne sont
pas des heures supplémentaires et sont donc rémunérées au taux normal Les
heures perdues suite à une grève ou à un lock out. Ne sont pas récupérables.
* EST appelé travail de nuit celui qui s'effectue entre 22h et 05h du
Matin
* Le travail en poste est celui qui est exécuté par des équipes successives
selon un cycle continu si bien que le travailleur exécute son travail journalier d'une
seule traite (du coup).
55
II- Le r e p o s hebdomadaire et les jours fériés
A. Le repos hebdomadaire
Selon la loi № 019 / 2000 / AN (Assemblée Nationale) les jours et dates ci-après
sont institués comme fêtes légales au B.F : 01/01, 03/01, 08 / 03, 01/ 05, 05/ 08, 11/
12, 31 nov, Noël, Pâques, Ascension, Assomption, Toussaint, Ramadan ou Ald el
Seghlr , Tabaski ou Aid el Kebir, Mouloud.
Ces fêtes sont chômées et payées sauf lorsqu'elles tombent sur un dimanche. Dans
ce cas le lendemain est chômé et férié.
Selon l’article 151 du nouveau code de travail ; le travailleur acquiert croit au congé
payé à Sa charge de l'employeur à raison de 2,5 jours calendaires par mois de
service sauf disposition plus favorable des conventions collectives ou contrat
individuel.
Le travailleur acquiert ces 30 jours calendaires après une période de 12 mois de
service appelé période de référence. La période donnant droit aux congés. Cette
période s'étend de la date d'embauché du travailleur ou de son retour d'un
précédent congé, au dernier jour qui précède celui de son départ pour le nouveau
congé.
Sont assimilés à un mois de travail effectif pour la détermination du congé annuel les
périodes équivalentes à 4 semaines ou à 24 jours. Le congé annuel peut être
fractionné avec l'accord du travailleur. Chaque fraction doit comporter au moins 15
jours continus.
Les jours ouvrables sont tous les jours de travail sauf le dimanche ou le jour
remplaçant le dimanche dans le cadre du repos hebdomadaire et les jours de fêtes
légales.
56
Le salarié reçoit avant son départ en congé une allocation de congé payé qui
correspond au moins au 12eme des sommes perçues annuellement.
M B ; Quel que soit donc la durée de leur service les travailleurs âgés de -18 ans
ont droit à un congé de 30 jours sans solde s'ils en font la demande. Ce congé vient
en sus du congé payé acquis en raison du travail accompli au moment de leur
départ.
N'ayant pas de congé payé les travailleurs payés à l'heure ou à la journée reçoivent
une indemnité compensatrice de congé payé au 12 eme de la rémunération journalière.
2- les congés Spéciaux
Ces absences ne sont pas déduites de la durée du congé payé à condition qu'elles
ne dépassent 10 jours ouvrables.
❖ Les autorisations d'absence sans soldes Elles sont accordées aux travailleurs
pour
57
* Représenter une association reconnue d'utilité publique Ces absences ne
sont pas déduites de la durée des congés à condition qu'elles ne dépassent pas 15
jours ouvrables dans l'année.
Ce sont des congés accordés aux travailleurs sur sa demande en dehors des jours
fériés et qui n'ont pas fait l'objet de compensation ou de récupération.
Les femmes salariées ou apprenties qui ont - 22 ans et qui ont ces enfants en
charge bénéficient de 2 jrs ouvrables de congé supplémentaire pour chaque enfant
en charge.
Commentcalculerl’alocationdecongépayé ?
Remarque
L'allocation de congé payé est une somme remise au travailleur qui prend son
congé annuel (il n’y a pas de rupture de contrat)
L'indemnité de congé payé est une somme remise au travailleur licencié qui n'avait
pas encore pris son congé
a) Déterminer le salaire mensuel moyen des 12 derniers mois qui ont précédé le
départ en congé
58
b) Enfin
EXERCICE
RESOLUTION
S j M = 200.000 = 6.666,666667
30
A.C.P = 200.000 F
Date de reprise = 31/01 / 2005
Même exercice
59
CHAPITRE IV: LES INSTITUTIONS PROFESSIONNELLES
réciprocité ;
1 _ Les statuts
Les fondateurs doivent rédiger les statuts (l'ensemble des dispositions qui régissent
l'organisation et le fonctionnement de I' institution.).
3 - Le contrôle administratif
.Affecter une partie de ses ressources à I' édification de logements, à I' acquisition de
terrains de culture et de sport à I' usage de ses membres ;
B Obligations du syndicat
Paragraphe 1 : L’élection
Â. L'électeur
Peuvent être électeurs les travailleurs des deux sexes remplissant les conditions
suivantes :
B. Les candidats
Peuvent être candidats, les travailleurs des deux sexes remplissant les conditions
suivantes
A- attributions
.Disposer d'un registre dans lequel seront consignées les requêtes des travailleurs et
les réponses apportées par l'employeur ;
A Le contenu de la protection.
La fonction de délégué du personnel ne doit pas être pour son titulaire une source de
tracasserie de la part de l'employeur. Aussi certaines mesures seront prises pour sa
protection.
_Pour muter (affecter) un délégué du personnel dans une localité, l'employeur doit
avoir son accord et en cas de problème, il doit attendre l'autorisation de l'inspecteur
du travail.
B_ L e s b é n é f i c i a i r e s d e s m e s u r e s de protections
• Les anciens délégués du personnel, entre la fin de leur mandat et les 3 mois
qui suivent le nouveau scrutin.
P a r a g r a p h e 4: L E S O P E R A T I O N S P R A T I Q U E S D E L ' E L E C T I O N D U
DELEGUE DU PERSONNEL
NB : lorsque l'une des deux parties ne comparait après 2 convocations, un procès-
verbal de non conciliation par défaut est dressé et signé par l'inspecteur du travail et
la partie présente.
L'inspecteur du travail peut même dresser un procès-verbal exécutoire lorsque les
éléments du litige ne sont pas constants et sont relatifs aux salaires légaux,
conventionnels, aux congés payés et aux primes d'ancienneté malgré les cas de
conciliation.
Remarque : les procès-verbaux de conciliation totale et de conciliation partielle, le
procès- verbal exécutoire dressé par l'inspecteur du travail valent des titres
exécutoires.
Dans tous les cas où un procès-verbal de non conciliation a été dressé et signé, la
partie demandeur introduit une action en justice devant le tribunal de travail par
déclaration écrite ou verbale faite au greffe du tribunal du travail territorialement
compétent en produisant une copie conforme du procès- verbal de non conciliation.
a) Composition et compétences du tribunal de travail
Il compose à l'audience :
La procédure en matière sociale est gratuite tant devant le tribunal de travail que
devant la cour d'appel.
Le président du tribunal cite les parties à comparaître dans le mois qui suit la
réception de la demande dans un délai qui ne peut dépasser deux mois. Les parties
peuvent se faire assister ou représenter par l'une des personnes suivantes :
Un travailleur ou un employeur appartenant à la même branche d'activité ;
Un avocat régulièrement inscrit à un barreau ;
Un représentant des organisations syndicales auxquelles elles sont affiliées.
Les employeurs peuvent également être représentés par un directeur ou un employé
de l'entreprise ou de l'établissement.
Tout mandataire des parties doit avoir reçu mandat du mandant et agrée par le
président du tribunal ou de la chambre sociale de la cour d'appel.
Le jugement est rendu par défaut si le défendeur ne comparait pas et ne justifie pas
d'un cas de force majeure. Le délai d'opposition est de 10 jours après signification du
jugement.
Les jugements contradictoires peuvent faire l'objet d'un appel lorsque le montant de
la demande excède 200.000FCFA
Aux termes de l'article 367 du NCT, le CCT est un différend qui naît en cours
d'exécution d'un contrat de travail et qui oppose un ou des employeurs à un groupe
organisé ou non de travailleurs pour la défense d'un intérêt collectif.
B/ La procédure de règlement ~^
1) La conciliation
A- la grève
Elle est considérée aujourd'hui comme une arme puissante entre les mains des
travailleurs pour faire aboutir leurs revendications professionnelles. L'évolution du
droit de grève a suivi l'évolution des philosophies économiques et politiques.
D'abord combattue pendant la période du libéralisme triomphant, (la loi le chapelier
interdisait par exemple les coalitions des gens de même métier) le droit de grève a
été timidement reconnu pendant la période de l'interventionnisme de l'Etat dans les
relations économiques et professionnelles. (La loi du 25mai 1864 autorise les
coalitions et dépénalise la grève).
Le vrai tournant du droit de grève est amorcé avec la constitution de 1946. Depuis
lors, les différents codes vont suivre la tendance de la consécration de ce droit. Ce
droit constitue de nos jours un droit garanti par la constitution. (Article 22 de la
constitution).
1) Définition de la grève
Aux termes de l'article 382 du code du travail, « la grève est une cessation concertée
et collective du travail en vue d'appuyer des revendications professionnelles et
d'assurer la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs... »
Il ressort de cette définition, trois éléments constitutifs de la grève : l'arrêt du travail,
l'arrêt concerté et collectif, le motif : les revendications professionnelles.
- L'arrêt de travail
La grève suppose un arrêt de travail effectif. On dit que l'arrêt doit être « franc ».
Cette question pose le problème de certaines formes d'actions qui ne correspondent
pas à un arrêt effectif de travail, telle que la grève du zèle et la grève perlée.
L'alinéa 2 de l'article 382 du code du travail n'autorise pas par exemple les
travailleurs en grève d'exécuter leur travail dans des conditions autre que celles
prévues à leurs contrats...
L'article 386 est plus précis en disposant que le droit de grève ne doit s'accompagner
en aucun cas d'occupation des lieux de travail ou de leurs abords immédiats sous
peine de sanctions pénales. Si la grève est « franche », peu importe sa durée, ou le
moment de son déclenchement.
L'article 388 du code du travail interdit toute grève déclenchée avant épuisement des
procédures de conciliation et arbitrage.
Le non gréviste bénéficie de son salaire, même s'il est empêché de travailler.
Cependant si la fermeture de l'entreprise résulte d'un cas de force majeur,
l'employeur sera disposé de cette obligation.
La grève tournante : c'est celle qui touche pendant un temps assez court tous les
services de l'entreprise les uns après les autres pour désorganiser la production. Elle
est illicite ;
La grève sur le tas : elle consiste pour les grévistes à occuper les lieux de travail en
constituant parfois des piquets de grève. Elle est illicite.
❖ Il peut être condamné à payer aux travailleurs les journées perdues par ce fait
;
❖ L'interdiction de faire partie du conseil économique et social, de la commission
consultative du travail et du conseil d'arbitrage (la décision d'interdiction doit
être prise par un tribunal) ;
❖ Non-participation à un marché pour le compte de l'Etat ou de ses
démembrements.
CHAPITRE VI : LA REGLEMENTATION PORTANT SUR
LE SALAIRE
La notion de salaire n'a pas reçu de définition légale précise. Le code du travail
Burkinabé utilise indifféremment les termes rémunération, traitement ou salaire. Par
rémunération, il faut entendre le salaire ou traitement ordinaire de base ou minimum
et tous les autres avantages et accessoires payés, directement ou indirectement, en
espèces ou en nature, par l'employeur au travailleur en raison de l'emploi de ce
dernier. Cette définition fait ressortir une nuance entre la rémunération, qui
désignerait le salaire entendu au sens large, comprenant le salaire de base
augmenté des compléments de salaire et le salaire au sens étroit qui serait la
rémunération ordinaire ou salaire de base.
Dans l'acception contractuelle, le salaire c'est la paye, c'est-à-dire la
contrepartie de la prestation fournie par le travailleur. C'est le prix dû par un
employeur à un ouvrier ou à un employé comme paiement d'un travail ou d'un
service. En raison de son caractère alimentaire, le salaire a acquis une acceptation
sociale. On tend à considérer alors comme salaire toute somme d'argent ou tout
avantage accordé au travailleur à l'occasion du travail. C'est l'exemple des
gratifications, des primes, des indemnités et autres avantages divers.
Le salaire peut être fixé suivant la tâche fournie ou les pièces produites. On
parle généralement de salaire aux pièces dans l'industrie où le salaire peut
être indexé sur le nombre de pièces produites dans un temps donné et
répondant à certaines normes de qualité. Dans certaines branches d'activités,
on parlera plutôt de rémunération à la tâche : par exemple, pour le creusement
des canalisations, les manœuvres peuvent être payés en fonction du nombre
de mètres et d'une profondeur déterminée de canalisations à creuser.
Le salaire au rendement peut être également déterminé suivant une
combinaison du temps et de la tâche. Pour ce faire, on détermine le salaire
d'après une norme de production de référence c'est-à-dire en fonction d'une
qualité de production dans un temps déterminé. Ce système présente des
avantages surtout pour l'employeur (l'accroissement de la production) mais
pour les travailleurs, il présente de graves dangers : il conduit au surmenage
et ou à la sous rémunération si le travailleur n'arrive pas à exécuter la tache ou
à fournir les pièces demandées dans le temps imparti. C'est pourquoi, le
législateur et les conventions collectives ont essayé de limiter ou de
réglementer ce système. Selon l'article 188 du CTB, La rémunération d'un
travail à la tâche ou à la pièce doit être calculée de telle sorte qu'elle procure
au travailleur, un salaire au moins égal à celui du travailleur rémunéré au
temps effectuant un travail analogue.
Selon l'article 39 de la CCIP, l'employeur doit toujours assurer aux
ouvriers toute forme de rémunération du travail au rendement aux pièces ou à
la tâche qu'il juge utile pour la bonne marche de l'entreprise, sous les réserves
suivantes : le travailleur doit toujours être assuré de recevoir un salaire au
moins égal au salaire minimum de la catégorie dont relève l'emploi considéré ;
les tarifs de travail au rendement établis de façon que l'ouvrier de capacité
moyenne ait la possibilité de dépasser le salaire minimum de sa catégorie ; Il
ne peut être imposé au travailleur une durée de travail supérieure à celle de
son atelier ou chantier sauf cas de dérogation prévue par la réglementation ;
des mesures doivent être prises pour éviter le surmenage du personnel
travaillant au rendement.
A- Les gratifications
Ce sont des sommes d'argent remises par l'employeur au travailleur
pour marquer sa satisfaction pour le travail accompli ou à l'occasion
d'événements familiaux intéressant le salarié (mariage, naissance, décès,
etc.]. Ces gratifications peuvent prendre des dénominations diverses : prime
de fin d'année ou bilan, 13ème mois, prime de vacance, prime de rendement,
etc.
Elles peuvent constituer une simple libéralité ou un complément de
salaire, donc devenir obligatoire. Elles deviennent un complément de salaire
soumis au régime juridique du salaire quand elles prennent leur source dans
le contrat de travail, la convention collective ou l'usage.
Pour l'usage, il en est ainsi lorsque la gratification a un caractère
général (elle est servie à tous les travailleurs], lorsqu'elle a un caractère
constant (répétée avec la même fréquence] et lorsqu'elle repose sur un mode
de calcul fixe. Ces éléments de généralité, de constance et de fixité sont
exclusifs de toute intension libérale.
B- Les primes
Elles peuvent avoir pour objet d'obtenir un résultat. Ce résultat peut être
l'accroissement de la production ou de la qualité. C'est le cas de la prime de
rendement, de la prime de régularité, de la prime de chantier. Elles peuvent
aussi récompenser la fidélité du salarié à l'entreprise : c'est le cas de la prime
d'ancienneté destinée à encourager la stabilité du personnel ; de la prime
d'assiduité destinée à combattre l'absentéisme surnommée la prime antigrève
ou anti-maladie par les syndicats. Elles peuvent également être liées aux
conditions difficiles de travail : prime pour travaux pénibles, prime de salissure,
prime de climat ou prime d'expatriation.
Il faut faire la différence entre les primes qui constituent des
compléments de salaire et celles qui ne le sont pas. Elles sont considérées
comme compléments de salaire lorsqu'elles sont régulières et périodiques.
C- Les indemnités
Le terme générique d'indemnité revêt en réalité plusieurs acceptions en
droit du travail.
Tantôt il s'agit d'éléments de salaire ou de substituts de celui-ci :
indemnité de congé payé, indemnité de préavis. Le régime du salaire
s'applique.
Tantôt il s'agit d'indemnité réparant un préjudice : indemnité de licenciement
ou de départ à la retraite etc.
Tantôt il s'agit d'indemnités destinées à rembourser, sur justification ou
forfaitairement, des dépenses liées à l'activité professionnelle [indemnité de
déplacement, indemnité de transport, indemnité vestimentaire]. Il est de règle
que ces frais professionnels engagés par les salariés doivent être supportés
par l'employeur.
D- Les pourboires
C'est une somme d'argent versée au travailleur non pas par l'employeur
mais par un tiers pour marquer sa satisfaction ou imposée par les usages. Il
s'agit d'une simple libéralité.
Mais dans certains cas, le pourboire peut changer de nature pour constituer
un véritable complément de salaire prévu par les parties ou par les usages.
SECTION II : LE TAUX ET LE PAIEMENT DE SALAIRE
La législation et les conventions collectives essaient au mieux de
protéger le travailleur à travers une limitation de la liberté de l'employeur dans
la fixation du salaire.
Le salaire est très souvent fixé par l'employeur en référence aux grilles des
salaires prévus par les conventions collectives, les accords d'établissement ou
la grille salariale propre à l'entreprise. Les salaires sont donc négociés
collectivement ; ce qui est avantageux pour les travailleurs, mais aussi pour
les employeurs. Ceux-ci évitent de se faire concurrence en harmonisant les
niveaux de rémunération. Si les conventions collectives limitent la liberté de
l'employeur, elles ne la suppriment pas.
Le juge hésite à exercer un contrôle sur la fixation du salaire par
l'employeur sauf si celui-ci n'a pas respecté les minima prévus par les
conventions collectives.
Le contrôle du payement du salaire est guidé par les pièces justificatives et les
règles de prescription. Les principales pièces exigées sont le bulletin de paie
et le registre des paiements.
I- Le bulletin de paie
Le paiement du salaire doit faire l'objet de la délivrance au travailleur,
sauf dérogation accordée à titre individuel par l'inspecteur du travail du ressort,
faire l'objet d'une pièce justificative dite bulletin de paye dressée et certifiée
par l'employeur et remise au travailleur. Ce document est un moyen de preuve
et un moyen d'information du salarié, qui peut ainsi vérifier si ses droits ont été
respectés.
Il n'est pas exigé de forme particulière pour la délivrance du bulletin de paie ;
celui-ci peut consister en un bordereau, une fiche ou un carnet de salaires. Sa
délivrance est obligatoire quels que soient la nature, la durée du travail, le
montant de la rémunération acquise. Le bulletin de paie doit contenir un
certain nombre de d'indications permettant au travailleur de vérifier que ses
droits sont respectés.
- le nom et l'adresse de l'employeur ou à défaut, porte le nom de l'entreprise
ou de l'établissement ;
- les noms et prénoms du travailleur et le numéro d'ordre de ce dernier ;
- la période de travail correspondante ;
- l'emploi et la classification professionnelle du travailleur ;
- le salaire en espèces et s'il y a lieu en nature ;
- les primes, les indemnités, les heures supplémentaires, les primes et
indemnités représentatives de frais,
- les retenues réglementaires, les retenues pour cessions ou saisies arrêts, le
montant des cotisations patronales ;
- la période donnant droit au congé annuel et le montant de l'indemnité
correspondante, lorsqu'une période de congé annuel est comprise dans la
période de paye considérée.
A- Le super privilège
Ce sont des garanties prévues par la loi et qui assurent aux travailleurs d'être
payés de préférence par rapport aux créanciers. Ainsi, aux termes de l'article
203, la créance de salaire et autres créances du travailleur résultant du contrat
de travail bénéficient d'un super privilège à tous les autres privilèges généraux
ou spéciaux y compris ceux du trésor public et de la sécurité sociale en ce qui
concerne la fraction insaisissable dudit salaire. La partie insaisissable du
salaire est la quotité incessible ou insaisissable considérée comme la partie
alimentaire du salaire. Le salaire s'entend du salaire de base, quelle que soit
sa dénomination et les accessoires du salaire, notamment, l'allocation de
congé payé, les primes, les indemnités et les prestations de toute nature.
Ce super privilège s'exerce sur les biens meubles et immeubles du débiteur.
En ce qui concerne le rang du super privilège, selon l'article 166 de l'Acte
Uniforme portant organisation des procédures collectives d'apurement du
passif, pour la distribution des deniers provenant de la réalisation des
immeubles, les créances des salaires viennent au deuxième rang après les
frais de justice engagés pour parvenir à la réalisation du bien vendu et à la
distribution elle-même du prix. En ce qui concerne les deniers provenant de la
réalisation des meubles, l'article 167 de l'Acte Uniforme portant organisation
des procédures collectives d'apurement du passif les classe au troisième rang
après les frais de justice et les frais exposés pour la conservation de la chose.
Outre le rang dans l'ordre de préférence, les créances de salaires bénéficient
d'une procédure accélérée de paiement qui augmente l'intérêt du super
privilège. Ainsi, en cas de liquidation judiciaire de l'entreprise, le syndic ou le
liquidateur paie les créances des travailleurs dans les dix jours qui suivent la
liquidation judiciaire et sur simple ordonnance du juge commissaire. Le juge
commissaire dispose d'un délai de huit jours pour compter de la production de
créances des travailleurs pour délivrer son ordonnance. Si des sommes
avaient été précomptées par le trésor public postérieurement à la date de
cessation des paiements, sur les mandats dus à l'employeur, celles-ci sont
rapportées à la masse.
Au cas où il n'aurait pas les fonds nécessaires, ces créances doivent être
acquittées sur les premières rentrées de fonds avant toute autre créance.
Aussi, au cas où les créances des travailleurs sont payées grâce à une
avance faite par le syndic, le liquidateur ou toute autre personne, le prêteur est
subrogé dans les droits du travailleur et est remboursé dès la rentrée des
fonds nécessaires, sans qu'aucune autre créance ne puisse y faire opposition.
B- Le privilège général
Le privilège général garantit la partie saisissable du salaire dans la
mesure où la partie insaisissable du salaire est couverte par le super privilège.
Le privilège général confère à son titulaire un droit de préférence exercé
conformément aux articles 148 et 149 de l'acte uniforme sur les sûretés. Selon
l'article 107 de cet acte uniforme, sont privilégiés les sommes dues aux
travailleurs et apprentis pour l'exécution ou la résiliation de leur contrat durant
la dernière année ayant précédée le décès de l'employeur, la saisie de ses
biens ou le jugement déclaratif de cessation des paiements.
II- Les garanties attachées au salaire
A- Le droit de rétention
Le travailleur détenteur d'un objet appartenant à l'entreprise peut le
retenir pour exiger le paiement des créances de salaire qui lui sont dus. Si le
paiement n'est pas fait, le travailleur peut s'il dispose d'un titre exécutoire,
vendre la chose retenue et se faire payer sur le prix de la vente.
En outre, les objets mobiliers confiés à un travailleur notamment pour
façonnage, réparation ou nettoyage et qui n'ont pas été retirés dans le délai de
six mois peuvent être vendus dans les conditions et formes déterminées par la
législation en vigueur.
Le travailleur bénéficie de l'assistance judiciaire pour toute procédure de
saisie-attribution devant les juridictions de droit commun.