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LE CONFLIT DE LOIS EN

MATIERE DE DISTRIBUTION
INTERNATIONALE

Master droit international des affaires

Travail réalisé par :


- Slimani Rabab
- Jaber Siham
- Semlali Youssef
- Masdour Marwa
- Azgrar Anouar
- Chahdi Ouazzani Wiam
INTRODUCTION

Certes toute opération économique, qu’il s’agisse de vente,


d’implantation, de cession de savoir-faire, de recrutement pose, au plan du droit,
des problèmes particuliers lorsqu’elle est réalisée avec l’étranger, cela suppose
qu’une opération internationale porte en germe un conflit de loi. La question de
la loi applicable s’impose immédiatement en cas de litige, et même parfois en
l’absence de litige(en ce qui concerne les règles de forme d’un contrat par
exemple)

Naturellement, la réponse tend à se référer à un droit national. Mais il y


en a deux ou plusieurs qui ont vocation à s’appliquer tout en pouvant être toutes
dissemblables. Evidemment, les différentes cultures ne partagent pas la même
conception de droit surtout lorsqu’il s’agit de certains accords de nature
particulière tels que les contrats de distribution internationale.

Dans les pays francophones, le 'Droit de la distribution internationale' 1


n'est qu'au stade embryonnaire. En anglais, la situation n'est que légèrement
différente. Plusieurs livres sont consacrés à l' 'International Distribution Law'.
Cependant, ces travaux anglo-saxons ne donnent pas de vision cohérente du
sujet parce qu'ils ne font que mettre bout à bout des règles provenant des divers
systèmes juridiques, et y ajoutent des clauses ou contrats types .

Toutefois L'on peut définir le 'Droit de la distribution internationale'


comme: « un ensemble cohérent de règles contraignantes régissant les structures
juridiques dont l'activité principale est la réitération des contrats de vente ou de
prestation de service, dans le cas où cette activité met en cause les systèmes
juridiques de plus d'un pays'. S'agissant d'un domaine international, le pouvoir
de cohésion des autorités législatives et judiciaires est réduit, car leurs
compétences, de ce point de vue, s'arrêtent aux frontières nationales. À
l'international, c'est plutôt à la doctrine d'organiser les règles en un 'Droit'.

Aujourd’hui, il y a encore peu de règles visant directement les opérations


de distribution internationale, et ce Droit est donc méconnu, voire inexistant

1
Droit du commerce international JEAN-micheal JAQUET professeur à l’institut universitaire de hautes études
internationales .

2
dans les pays, où la doctrine ne s’y est pas encore intéressée : le Maroc en fait un
bon exemple. Néanmoins, dans la plupart des économies modernes, il y a
beaucoup de règles, qui, bien que n'ayant pas été élaborées en vue de régir les
structures de distribution internationale, exigent une mise en œuvre particulière
en leur présence.

Il y en a même assez pour parler d'un 'Droit'. Ces règles diverses décrivent
en principe les deux périmètres du Droit de la distribution internationale: Règles
affectant les structures de distribution internationale, et ceux affectant l'activité
de distribution internationale.
La carence en matière de règlementation se conjugue avec les rapports
internationaux de la distribution chose qui favorise le déclanchement des conflits
de loi définis comme suit:
“ Toutes les fois qu’une situation juridique pouvant se rattacher à
plusieurs pays, il faut choisir, entre les lois de ces différents Etas, celle qui sera
appelée à régir le rapport de droit considéré “.2

Dans ce sens la quête d’une résolution d’éventuels conflits interétatiques


en matière contractuelle et même extracontractuelle a aboutie à l’émergence
d’une plateforme conventionnelle pouvant mettre à bout les conflits de lois. En
effet l’unification du droit international privé a connu un grand succès avec
l’entrée en vigueur de la convention de Rome, Vienne et la Haye que nous
traiterons plus tard dans le cadre de la première partie.

L’historique du droit international privé démontre que cette discipline


évolue selon un mouvement cyclique ; celui-ci affecte également la part
respectivement occupée, parmi les fondements de la théorie du conflit de lois,
par des considérations tenant soit à la protection d’intérêts étatiques, soit à la
recherche d’une justice propre aux rapports privés. C’est ainsi que cette théorie a
pris un tournant résolument privatiste vers le milieu de ce siècle. Mais divers
signes annoncent déjà que l’incidence de considérations tenant au droit public
tend actuellement à s’accroître, pour modifier à nouveau la physionomie du droit
international privé.

L’intérêt de l’étude des conflits de loi en matière de la distribution


internationale revêt une double importance. D’une part si le souci ultime des

2
Droit international privé KHALID.ZAHER

3
législateurs nationaux et communautaires est de protéger la partie faible, en
matière de distribution internationale la question prend plus d’ampleur vue ses
différentes spécificités .D’autres part, la pratique fait preuve d’une grande
diversité et une multitude situationnelle incontournable méritant une plateforme
juridique internationale en mesure d’y faire face.

Le présent travail aurait pour souci de mettre le point sur l’assise


conventionnelle internationale en étant la principale plateforme régissant les
rapports privés interétatiques tout en prenant en considération les
caractéristiques de la distribution susceptible de favoriser l’émergence des
litiges(partie 1), avant d’aborder dans un deuxième lieu les différentes
résolutions proposées au conflits de loi ainsi que l’exception de l’application de
la loi internationale (partie2).

4
Partie 1 : la distribution internationale source de conflit de loi :
cadre juridique et spécificité

Chapitre 1 : Vue générale sur les conventions internationales


réglementant les contrats de distribution internationale :

Comme tous les domaines de droit international qui voient leurs règles dépendre
des conventions internationales, le contrat de distribution internationale se
trouve ; selon le cas d’espèce, régit à la fois par la convention de Rome (section
1), La convention de La Haye du 14 mars 1978 sur la loi applicable aux contrats
d’intermédiaires et à la représentation (section 2) et enfin la convention de
vienne du 11 avril 1980( section 3 )

section 1 : La convention de Rome du 19 juin 1980 et le règlement Rome


I:

1-La convention de Rome du 19 juin 1980 :


La convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations
contractuelles est une convention internationale signée dans le cadre de la
Communauté économique européenne , qui a pour but de déterminer la loi
applicable aux contrats dans le cadre communautaire.

En effet, La Convention de Rome procède de la volonté de supprimer les


inconvénients résultant à la fois de la diversité des règles de conflits de loi des
différents Etats membres et de la quasi-absence d'unification tant du droit
substantiel que des règles de conflit. La convention de Rome de 1980 sur la loi
applicable aux obligations contractuelles a opéré une codification internationale
du droit international privé. Ainsi le caractère international des contrats de
distribution leur permet de faire partie de la liste des contrats régis par la dite
convention.

5
Parmi les plus importants de ses principes c’est celui de la liberté contractuelle
(art 3 al 1 de la convention) . À défaut, le contrat sera régi par la loi du pays
avec lequel il présente les liens les plus étroits (article 4 al 1 de la convention)
c'est à dire le pays du contractant qui fournit la prestation qualifiée de
"caractéristique", à savoir : la loi du distributeur en cas de contrat de
distribution. Afin de mieux comprendre ci- dessous quelques exemples
illustratifs Dans le contrat d’agence «la prestation caractéristique » est définie
comme celle qui a pour contrepartie l’argent. Donc la partie qui fournit la
prestation caractéristique c’est l’agent. De même imaginons un contrat conclu
entre un commettant français et un agent allemand devant s’exécuter en France.

la jurisprudence allemande a su parvenir à une certaine stabilité, en


décidant dès 1992, à l’occasion de la première application de l’art. 28
EGBGB (entré en vigueur le 1er septembre 1986 et « transposant » l’article
4 de la Convention de Rome en droit interne) à un contrat de distribution,
que « l’interprétation du contrat conduit à constater que la prestation
contractuelle caractéristique incombe au distributeur allemand, et par
conséquent, le droit allemand est applicable au contrat »

l’article 4.2 de la Convention de Rome présente néanmoins l’avantage de


la sécurité juridique, par une solution générale qui n’exige pas d’examiner
les détails de chaque contrat afin de tenir compte de ses particularités (ce
qui évite l’insécurité à laquelle aurait donné lieu l’application systématique
du principe de proximité par le biais de la clause d’exception de l’article
4.5). Aussi, cette jurisprudence permet une unité législative entre la loi
applicable au contrat-cadre de distribution et celle qui le sera aux futurs
contrats d’application, ces derniers étant soumis à la loi du fournisseur en
vertu de la Convention de la Haye du 15 juin 1955 sur la loi applicable à la
vente à caractère international d’objets mobiliers corporels. Elle procure
également une certaine commodité au fournisseur, « initiateur et
organisateur du réseau », par une identité de loi applicable aux contrats -
cadre qu’il conclut avec ses différents distributeurs (RTD Com. 2002, p.
966, obs. B. Bouloc sous arrêt Optelec). 3

L’agent allemand fournit la prestation caractéristique ; par conséquent, la loi


applicable au contrat est, en l’absence de choix des parties et en application des

3
https://www.village-justice.com/articles/Conflit-contrat-distribution,5488.html

6
articles 4.1 et 4.2 de la convention de Rome, la loi allemande. Mais, cette
présomption établie par l’article 4.2 de la convention de Rome n’est qu’une
présomption simple.

En effet, d’après l’article 4.5 de la même convention, la présomption est écartée


« lorsqu’il résulte de l’ensemble des circonstances que le contrat présente des
liens plus étroits avec un autre pays ».
Dès lors si on reprend l’exemple évoqué ci-dessus, on peut penser que dans
pareils cas, les tribunaux compétents déclareront la loi française applicable
puisque le commettant est français et surtout le contrat doit être exécuté en
France.

Ce texte ratifié essentiellement par les Etats membres de l’UE a été remplacé en
2008 par un également européen ; appelé « Rome I Il faut donc noter que cette
convention s’applique encore à de nombreux contrats signés avant 2010.

2-Règlement ROME I :
Un règlement européen a été adopté sur la loi applicable aux obligations
contractuelles Rome I) afin de résoudre les conflits de loi entre les ressortissants
des différents pays.
Ce règlement s’applique UNIQUEMENT aux contrats conclus après le 17
décembre 2009.La règle est, une fois encore, la liberté de choix des parties.
À défaut de choix exprimé par les parties, la loi applicable au contrat suivant,
conformément à l’article 4 du règlement, est déterminée comme suit :
« Le contrat de distribution est régi par la loi du pays dans lequel le distributeur
a sa résidence habituelle»
À défaut de rentrer dans ces définitions, le contrat est régi par la loi du pays dans
lequel la partie qui doit fournir la prestation caractéristique a sa résidence
habituelle. 4

4
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7
Section 2 : La convention de La Haye du 14 mars 1978 sur la loi
applicable aux contrats d’intermédiaires et à la représentation :

Comme la Convention de Rome, la Convention de La Haye lui est identique en


ce qui concerne le principe de l’autonomie de la volonté comme évoque son
article 5 :« La loi interne choisie par les parties régit le rapport de représentation
entre le représenté et l’intermédiaire ».
L’article 6 énonce les rattachements subsidiaires du contrat en l’absence de
choix des parties sur la loi applicable au contrat : « La loi applicable est la loi
interne de l’Etat dans lequel, au moment de la formation du rapport de
représentation, l’intermédiaire a son établissement professionnel ou, à défaut ,sa
résidence habituelle.

La Convention de La Haye du 14 mars 19785 retient, à défaut de choix par les


parties6, la loi interne de l’État dans lequel l’intermédiaire a son établissement
professionnel ou, à défaut, sa résidence habituelle (art. 6(1)). Donc, le
fournisseur, dès lors qu’il s’adresse à un intermédiaire établi dans un pays
étranger, est soumis en principe, dans ses rapports avec cet intermédiaire, à la loi
du pays dans lequel celui-ci est établi et, si l’intermédiaire a plusieurs
établissements, à la loi du pays où est situé l’établissement auquel le rapport de
représentation se rattache le plus étroitement (art. 6(3)).

C’est seulement dans le cas de figure assez exceptionnel, où l’intermédiaire doit


exercer son activité dans l’État où le représenté a lui même son établissement
professionnel, que la loi de cet État est applicable. Dans un pareil cas, en effet,
le contrat entre le fournisseur et l’intermédiaire a des liens plus étroits avec cet
État qu’avec celui où l’intermédiaire a son établissement (art. 6(2)).

Cette convention, qui n’a pour l’instant été ratifiée que par la France et le
Portugal, a, par rapport au problème de la distribution commerciale, un champ
d’application relativement restreint. Elle s’applique certainement aux agents
commerciaux, dès lors que le contrat créant le rapport de représentation n’est
pas un contrat de travail16. Elle s’applique aussi aux contrats de courtage et de

5
Voir l’article de P. Lagarde, «La Convention de La Haye sur la loi applicable aux contrats d’intermédiaires et à
la représentation», (1978) 67 Revue. crit. dr. in. p. 31.
6
Lequel choix doit être exprès ou résulter avec une certitude raisonnable des dispositions du contrat et des
circonstances de la cause, art. 5.

8
commission, mais elle ne s’applique pas au concessionnaire ni au distributeur
exclusif qui n’ont pas pour mission de contribuer, même indirectement, à la
création d’un lien juridique entre leur client et leur concédant.

Reprenons l’exemple visé ci-dessus entre un commettant français et un agent


allemand s’exécutant en France. Si on applique la Convention de La Haye
(encore faut il que les tribunaux français soient saisis, l’Allemagne n’étant pas
partie à la Convention de La Haye), la loi applicable sera la loi française en
application de l’article 6.2 (loi du lieu d’exécution si le commettant a son
établissement dans ce pays). 7
En revanche, si le contrat devait être exécuté en Allemagne, on appliquerait
l’article 6.1 (loi du lieu où l’agent a sa résidence) ainsi la loi applicable serait la
loi allemande. Il serait opportun d’évoquer dans la même optique une autre
convention qui peut régir aussi les contrats de distribution internationale.

Section 3 :La Convention de Vienne du 11 avril 1980

La Convention de Vienne du 11 avril 1980, sur les contrats de vente


internationale de marchandises, ratifiée par la France, ayant vocation à
s'appliquer aux contrats de vente de marchandises passés en application d'un
contrat -cadre, dès lors que les parties n'en ont pas exclu l'application, la Cour
d'appel de Versailles a, à bon droit, examiné les fautes invoquées dans
l'exécution de ces ventes au regard des dispositions de la Convention de Vienne
du 11 avril 1980, sans qu'il importe que ces opérations soient intervenues en
application d'un contrat-cadre de distribution exclusive, lui-même non soumis à
ladite Convention.

Les contrats internationaux de distribution suscitent de nombreuses difficultés :


à la complexité inhérente aux relations de distribution s'ajoute l'internationalité
de celles-ci. C'est pourquoi les questions classiques de droit international privé -
détermination de la juridiction compétente et désignation de la loi applicable -
deviennent aisément de véritables casse-tête au contact du phénomène de la
distribution.

7
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9
L'arrêt de la Chambre commerciale de la Cour de cassation du 20 février 2007
apporte un peu d'apaisement en adoptant une solution simple (peut-être trop) :
dans le contrat international de distribution exclusive, le contrat-cadre n'est pas
soumis à la Convention de Vienne sur la vente internationale de marchandises
tandis que le contrats d’application ­ qui sont des ventes ­ le sont.
En l'espèce, une société de droit français (la société Yves Saint-Laurent
Parfums) avait confié la distribution de ses produits au Venezuela à une société
de droit vénézuélien (la société Mimusa CA). La société française reprochant à
son cocontractant divers manquements lui notifia le non-renouvellement du
contrat de distribution. De plus, pendant l'exécution du préavis, la société
française suspendit les livraisons en raison de risques de non-paiement. La
société vénézuélienne saisit alors les juridictions françaises pour obtenir des
indemnités au nom d'une prétendue rupture brutale et abusive des relations
commerciales. L'élément à nos yeux le plus intéressant du litige porte sur la mise
en œuvre de l'exception d'inexécution pendant la durée du préavis. Pour
admettre que le contractant français avait à bon droit mis en œuvre l'exception
d'inexécution, la Cour d'appel de Versailles avait fait application de l'article 71
de la Convention de Vienne de 1980 sur la vente internationale de marchandises.
Le pourvoi en cassation reprochait l'application de ce texte et considérait le droit
français comme compétent au fond du litige.

L'issue du litige était susceptible de varier suivant le texte applicable. La


Convention de Vienne, à son article 71, autorise une exception d'inexécution
préventive. Le droit français la refuse en principe, même si, à l'heure actuelle,
une tendance se fait jour en faveur de son admission (au moins sur autorisation
du juge des référés ). Dans tous les cas, les critères de l'exception d'exécution
préventive sont plus ouverts dans la Convention de Vienne que dans le droit
français encore empreint de classicisme à cet égard. Et il apparaissait en l'espèce
que la société française avait refusé d'exécuter ses obligations en l'état de
simples risques de non-exécution des siennes par son partenaire contractuel...

La Cour de cassation décide d'apprécier la question au regard de la Convention


de Vienne. Elle rejette sur ce chef le pourvoi en déclarant que : « après avoir
rappelé, d'un côté, que les parties sont convenues de se soumettre à la loi
française, de l'autre, que la Convention de Vienne du 11 avril 1980, sur les
contrats de vente internationale de marchandises, ratifiée par la France, a
vocation à s'appliquer aux contrats de vente de marchandises passés entre la

10
société YSLP, vendeur français, et la société Mimusa, acheteur vénézuélien, dès
lors que les parties n'en ont pas exclu l'application, la Cour d'appel a, à bon droit,
examiné les fautes invoquées dans l'exécution de ces ventes au regard des
dispositions de la Convention de Vienne du 11 avril 1980,sans qu'il importe que
ces opérations soient intervenues en application d'un contrat-cadre de
distribution exclusive, lui-même non soumis à ladite Convention ».

L'arrêt a le mérite de statuer sur l'articulation entre la Convention de Vienne de


1980 et les contrats de distribution internationale. C'est sous cet angle que nous
le commenterons. Signalons néanmoins que la Cour de cassation a prononcé en
l'espèce une cassation partielle de l'arrêt attaqué en décidant « qu'il appartient au
fournisseur de faire respecter l'exclusivité qu'il a concédée », solution intéressant
le droit interne de la distribution .8

A signaler que le Maroc n’a signé aucune de ces conventions, donc il est soumis
à la Convention de Rome qui revêt un caractère universel : les règles de conflit
qu'elle édicte peuvent conduire à l'application de la loi d'un Etat qui n’a pas
ratifié la Convention.
La Convention ne s'applique pas seulement dans des situations comportant des
éléments de rattachement avec l'un ou l'autre des Etats contractants. Le caractère
universel des règles uniformes figurant dans la Convention de Rome résulte de
son article 2, selon lequel la loi désignée par la Convention s'applique même si
cette loi est celle d'un Etat non contractant. Par conséquent, cette Convention
constitue dans son domaine d'application, une loi uniforme de droit international
privé, destinée à se substituer au droit international privé des Etats contractants.

Jeter un coup d’œil sur la réglementation des contrats de distribution


internationale ne nous épargne pas le traitement de ses différentes
caractéristiques qui sont en principe l’une des sources des conflits de lois .9

Chapitre 2 : Les conflits de lois en relation avec les spécificités de la


distribution internationale

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9
https://www.labase-lextenso.fr/revue-des-contrats/RDCO2007-4-
038#:~:text=La%20Convention%20de%20Vienne%20du,d'appel%20a%2C%20%C3%A0%20bon

11
Si l’on essaye de recenser l’ensemble des réglementations applicables, du droit
de la Concurrence à la protection des consommateurs en passant par le droit de
la vente, force est de Reconnaitre cette complexité se double d’une grande
hétérogénéité. En effet il n’est guerre Possible de prétendre unifier l’ensemble
des règles applicables au sein d’un « droit de la Distribution », pour certaines
raisons.10

Section 1 : la nature des produits distribués


11
On appelle communément « contrat de distribution » tout contrat conclu avec
un intermédiaire chargé de vendre les produits ou services d’une entreprise ou
d’en assurer la promotion.

D’un point de vue juridique, le contrat de distribution recouvre des formes très
diverses et il ne peut, selon la jurisprudence, recevoir une définition autonome
(Cour d’appel de Reims, 4 octobre 2010).

Le contrat de franchise, le contrat de concession, le contrat d’agent commercial,


le contrat de commissionnaire, constituent ainsi des formes de contrat de
distribution.

Les droits et obligations des parties dans un contrat de distribution dépendront


donc de l’accord des parties sur leur relation d’affaires et de l’habileté de
rédaction et de négociation de leurs conseils.

Quel que soit le contenu du contrat de distribution, ses clauses doivent être
conformes à certaines dispositions d’ordre public de droit français,
communautaire et, s’agissant de contrats de distribution internationale, du pays
dans lequel les produits sont distribués.

Ces dispositions sont notamment relatives :

 au droit de la concurrence
 aux aspects réglementaires relatives à la mise sur le marché et à la
distribution du produit concerné

10
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11
https://www.le-droit-des-affaires.com/contrat-de-distribution-article73.html

12
 au statut particulier prévu par la loi pour les agents commerciaux, VRP,
etc., notamment en ce qui concerne les indemnités de fin de contrat dont
ils peuvent bénéficier
 aux règles relatives aux délais de paiement
 à la responsabilité des parties, notamment du fait des produits

La conception et la rédaction d’un contrat de distribution nécessite une


compréhension claire des objectifs des parties, ainsi qu’une parfaite
connaissance des règles juridiques applicables et notamment de leurs limites.

En premier lieu parce que le particularisme de certains secteurs a contraint le


législateur national ou communautaire à poser des règles spécifiques tenant
compte des produits distribués : ainsi en va-t-il des livres, films, véhicules
automobiles, de la bière, de l’essence, etc. ...
Ainsi à l’intérieur du (droit de la distribution), il existerait des sous régimes
particuliers propres à des types de produit. Mais, en second lieu, ce droit
spécifique subit les attaques du droit commun des obligations vue que les
contrats de distribution sont des CONTARTS et donc ils sont soumis au droit
des obligations et contrats. Au bout du compte, le régime juridique de la
distribution apparait très éclaté, et comme déjà cité, trop pour pouvoir parler
d’un droit de la distribution.12

Section 2 : la diversité des modes de distribution

La diversité est également de mise lorsque sont recensés les modes de


distribution. En effet , la pratique n’a pas cessé de créer et d’affiner les contrats
par lesquelles un opérateur (le concédant) confie la distribution de ses produits à
un commerçant ( le concessionnaire) : contrat de distribution simple ou
exclusive, assortie ou non de licences de marques, de clause
d’approvisionnement, elles-mêmes exclusives ou non , contrat de distribution
sélective, agence commerciale, franchise etc. A cet éventuel contractuel il
convient d’ajouter l’absence d’unités des situations économiques : il va de soi en
effet que lorsqu’une entreprise importante confie la distribution de ses produits
de manière sélective à certains petits distributeurs, les rapports de
Force ne sont pas les mêmes que lorsqu’une entreprise distribue ses produits par
l’intermédiaire de grands distributeurs, souvent regroupés dans de puissantes

12
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13
centrales d’achats. De même, il est exclu d’organiser sa distribution de la même
façon dans le cas où il s’agit de percer sur le marché ou dans celui où on désire
établir un réseau. L’ensemble de ces éléments militent en faveur de la
Plus grande circonspection lorsqu’il s’agit de fournir des tendances générales.13

Le choix en matière de distribution relève de décisions stratégiques d’une


importance capitale pour le producteur. Ils doivent être en cohérence avec les
autres variables du plan de marchéage. Ils vont dépendre de nombreux
paramètres tels que les ressources mobilisables par l’entreprise et ses objectifs.

1- Le canal de distribution :

Un canal de distribution permet d’acheminer un produit du producteur au


consommateur soit directement soit par le biais d’intermédiaires qui peuvent être
plus ou moins nombreux.

Un canal de distribution est le chemin parcouru par le produit du producteur au


consommateur.

Il existe trois canaux de distribution :


Canal direct : le producteur vend directement son produit au client final, sans
intermédiaire ;
canal court : un intermédiaire s’intercale entre le producteur et le consommateur;
canal long : le circuit comporte au moins deux intermédiaires.

A/Le canal direct

Le canal direct désigne un mode de vente direct entre le producteur et le


consommateur.

Il permet une meilleure connaissance des besoins des clients, des services
personnalisés pour les clients et une marge plus importante car pas
d’intermédiaires. MAIS il implique la nécessité de stocker la marchandise, la
gestion financière et organisationnelle d’un point de vente qui peut freiner le
développement des points de vente.

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B/ Le canal court

Un canal court est un canal de distribution ne comportant qu’un intermédiaire


(distributeur / détaillant) entre le producteur et le consommateur.

L’utilisation d’un canal court permet généralement de réduire le coût global de


distribution, notamment lorsque la distribution s’opère dans un périmètre local
par rapport au lieu de production.

Il offre des marges importantes car un seul intermédiaire est présent entre
l’offreur et le client, et permet ainsi une meilleure connaissance du marché.
Cependant les contraintes de stockage sont importantes, et le producteur perd
son autonomie car le producteur dépend du distributeur.

C/ Le canal long

Un canal long est un canal de distribution comprenant au moins deux


intermédiaires (grossiste + détaillant) entre le producteur et le consommateur.

Il facilite le développement commercial, grâce à une réduction de l’équipe de


vente, une couverture géographique plus importante, tout en transférant le
stockage aux intermédiaires.

Mais le producteur a une connaissance moins précise du marché car peu de


contacts avec les clients, est dépendant des grossistes, subit éventuellement une
pression sur les prix et les marges si vente en grande distribution, et doit
promouvoir les produits auprès des grossistes et des détaillants.

Direct ou indirect ?

Le choix du canal va se faire en fonction notamment des caractéristiques du


produit.

15
Les produits périssables nécessitent d’être acheminés rapidement du producteur
au consommateur, il est donc important d’opter pour une distribution directe tel
que le circuit court.
Des fabricants vont opter pour la distribution directe afin de créer un lien
privilégié avec leurs clients, afin de leur faire vivre une expérience unique
(exemple des tours opératoires avec des voyages sur mesure), de maîtriser leur
image et d’augmenter leur chiffre d’affaires. En outre, cette forme de
distribution est incontournable pour les produits techniques qui nécessitent des
conseils d’utilisation et /ou des adaptations.
Exemples : Nepresso avec l’ouverture de ses propres boutiques. Les objectifs
sont multiples.14

Section 3 : la spécificité du marché

à méconnaître les règles déontologiques ou légales s’imposant à leur profession.


En effet, la ville d’Aix-en Dans une ordonnance du 12 mars 2008, le tribunal
administratif de Marseille a annulé une procédure de passation d'un marché
public de services juridiques à la demande d'une société d’avocats.

En effet, lors d'une procédure adaptée, la ville d’Aix-en-Provence avait demandé


aux candidats de produire des références portant sur des « prestations
similaires » à celle des lots composant son opération, devant être présentées dans
le deuxième enveloppe. L’appréciation de la valeur technique des offres,
comptait pour 70%.

Le tribunal a jugé que ce critère ne permettait pas au pouvoir adjudicateur de


porter une appréciation « éclairée » sur la valeur des offres et qu'il ne permettait
pas aux candidats d’établir la valeur technique de leur offre par tout autre moyen.

Enfin, le tribunal a jugé que le pouvoir adjudicateur doit s' abstenir d’imposer
aux candidats des prescriptions qui les conduiraient -Provence en permettant aux
candidats d’assortir leurs références du nom des collectivités, avec l’accord de
ces dernières, a méconnu les dispositions de la loi du 31 décembre 1971
modifiée, qui impose le secret professionnel aux avocats.

14
Wwwpascalkermarrec.com

16
15

C’est d’ailleurs cette même diversité qui explique en partie l’attention de plus en
plus grande portée au monde de la distribution, tant par la jurisprudence que par
la doctrine. Sans doute faut il y voir également la contrepartie des difficultés du
législateur à poser un cadre juridique cohérent applicable à cette activité
économique. C’est que la distribution est assez topique de la tension qui peut
exister entre deux exigences contradictoires du marché, l’une macro-
économique , l’autre micro-économique.
D’un point de vue macro-économique , le droit de la concurrence exprime assez
bien la volonté du législateur (et des autorités de contrôle) de préserver la plus
grande fluidité possible du marché ; d’un autre point de vue, micro-économique
celui-là, les opérateurs, et fournisseurs comme distributeurs, sont à la recherche
de l’efficacité optimale pour leur activité. Or celle-ci passe presque
nécessairement par une limitation de la liberté d’action des intervenants sur le
marché.

Il n’est donc pas surprennent que la conciliation Entre ces deux exigences soit
une question de politique économique et industrielle de l’état en cause ; Ni
d’ailleurs qu’il appartienne à chaque état d’opter, selon ses choix, pour le niveau
et la nature de la conciliation qui lui convient le mieux. Il en découlera
nécessairement une diversité du contenu des régimes juridiques de la
distribution dans les divers droits nationaux.

Certes, il est incontestable que parmi les états Membres de la Communauté


européenne, La politique de concurrence communautaire entraine un certain
rapprochement des objectifs Macro économiques , Mais celui-ci ne doit pas être
exagéré.

En effet même s’il est incontestable que le droit communautaire prime sur les
droits nationaux contraires encore faut il que le premier soit applicable. Or
celui-ci ne trouve pas le titre juridique automatique dans le caractère
Transnational de la relation juridique.
De surcroit même si les lois nationales se sont incontestablement rapprochées,
subissant ainsi la « contagion communautaire », elles varient encore
sensiblement sinon dans la rédaction du moins dans l’application. En
conséquence, la distribution transnationale, fut intracommunautaire, doit

15
www.maechespublicspms.com

17
compter non seulement avec le droit de la communauté mais également avec le
contenu des droits nationaux.

Cette constations apparait encore plus vraie lorsque l’on s’attache à la dimension
micro­économique, c’est à dire aux rapports entre parties à un contrat.

Bien entendu, l’aspect communautaire sera l’un des paramètres permettant


d’esquiver ou d’aggraver certaines interdictions nationales d’intérêt général.
Certes également, le contenu des divers droits nationaux de la concurrence
pourra être tout aussi important pour les relations contractuelles que
l’application des réglementations nationales ou communautaires au titre de loi
police.

L’insertion des contrats de distributions dans les champs de conflits de lois n’a
pas suscité à l’inverse des autres problèmes, de grands débats. Sans doute
l’importance des risques que faisait planer l’application des réglementations de
la concurrence, tant nationales que communautaire, attelle détourné l’attention
des praticiens et des observateurs sur les clauses et contrats pathologique à cet
égard .

Par ailleurs, si matériellement les modalités de la distribution se sophistiquaient


de plus en plus, formellement l’on avait tendance à considérer qu’elles ne
faisaient qu’emprunter la voie de la vente et celle de la prestation de service :
dés lors le problème de la loi applicable au contrat semblait ne pas présenter de
particularité par rapport aux autres types de contrat.

Néanmoins, il ne semble pas inutile de rappeler cette évidence : un contrat de


distribution, dés lors qu’il présente un caractère international, est susceptible
d’engendrer un conflit de lois et la présence d’une clause de choix exprès d’une
loi n’enlève rien à cette affirmation. Le problème du régime juridique applicable
à cette activité, pour les parties aux accords, se situe dans la mise en place de
l’édifice contractuel : il peut paraitre aisément résolu par l’insertion d’une clause
de désignation expresse. Mais cette facilité pourrait aussi bien été 16
illusoire, si les parties ne réfléchissent pas aux conséquences de leur choix
comme de leur absence de choix du droit applicable.

16
www.ladissertation.com

18
Faut-il rappeler que la loi applicable ne se pose que s’il y a lieu de régler un
différend ce
qui laisse deviner l’association de loi applicable avec le juge compétent.
Le règlement des différends en matière de la distribution internationale exige
une étude des différentes résolutions proposées dans ce sens.

19
Partie 2 : le choix de la solution applicable aux conflits de lois
en matière de distribution internationale

Comme tout contrat international, les contrats de distribution internationale sont


soumis aux règles de droit international privé des contrats. C’est-à-dire qu’en
principe, ils seront soumis à une loi étatique (chapitre 1), mais qu’ils pourront
aussi faire l’objet d’une réglementation conventionnelle entre parties selon leurs
intérêts. Ici, on parle des modes de choix alternatifs (chapitre 2).

Chapitre1 : le contrat international de distribution soumis à une loi


étatique

Rappelons en premier lieu que, comme beaucoup de convention de droit


international privé, la Convention de Rome revêt un caractère universel, ce qui
signifie que les règles de conflit qu'elle édicte peuvent conduire à l'application
de la loi d'un Etat non partie à la Convention. Par conséquent, cette Convention
constitue dans son domaine d'application, une loi uniforme de droit international
privé, destinée à se substituer au droit national privé des Etats contractants.

Le Professeur Paul LAGARDE, dans son remarquable cours fait à l’Académie


de la Haye en 1986 1, a précisé quels étaient les principes qui permettent de
fonder les règles de rattachement à la loi étatique applicable à un contrat
international de droit privé selon les règles applicables dans la Convention de
Rome.

il peut s’agir du principe de souveraineté qui permet à un Etat souverain


d’exiger que certaines situations soient soumises à sa loi 2, du principe de
proximité qui permet de rattacher le rapport de droit à la loi avec laquelle il
entretient les liens les plus étroits 3, du principe d’autonomie de la volonté qui
permet à la volonté de choisir la loi qui sera applicable au rapport de droit 4 ou
enfin , d’un rattachement à finalité matérielle, dans lequel la règle de

20
rattachement poursuit un objectif, qui peut être par exemple un objectif de
protection d’une partie faible . Ce sont surtout les principes d’autonomie de la
volonté, de proximité et de souveraineté que l’on retrouve de diverses manières
dans le droit des contrats internationaux de distribution. En effet, la lecture des
règles uniformes de la Convention, du fait que ses dispositions sont applicables
aux situations comportant un conflit de lois aux obligations contractuelles,
montre que les parties ont toujours la possibilité de choisir le droit applicable à
leur contrat de distribution (section 1). Si elles ne le font pas, c’est le principe
de proximité qui va s’appliquer (section 2). Mais en tout état de cause, que les
parties aient choisi le droit applicable ou non, elles seront soumises à certaines
17
règles impératives (section 3).

Section 1 : Le contrat de distribution internationale et l’autonomie de la


volonté :

La réglementation de l'autonomie de la volonté dans la Convention se trouve à


l'article 3, dont le contenu est très clair : « le contrat est régi par la loi choisie
par les parties. » 6 Cette petite phrase recouvre beaucoup de choses.

Qu'est-ce que ce choix ? Ce choix est, d'abord, l'exercice d'une totale liberté et il
en découle un certain nombre de conséquences. Mais cela veut également dire
que le contrat, même si le choix est libre, est soumis à la loi qui est choisie et de
cela aussi découle de nombreuses conséquences.

Le choix est tout à fait libre, tout d'abord. Cela veut dire que les parties vont
pouvoir choisir la loi applicable à leur contrat et s'affranchir, de cette façon, des
dispositions, mêmes impératives, de la loi qui aurait été applicable à défaut de
choix. La précision est importante, elle permet de distinguer l'autonomie de la

1. le principe de proximité dans international contemporain, cours général de droit international privé,
Rec., cours de l’académie de Haye, 1986, Martinus Nijhoof Publishers
2 P .LAGARDE, Op. cit, p, 49s
3 Qui est l’objet du cours précité
4 P .LAGARDE, Op. cit, p .61s
5 P .LAGARDE, Op. cit, p. 56s

21
volonté en droit international privé de l'autonomie de la volonté en droit interne.
En droit interne, le contrat légalement formé fait la loi des parties, mais cela
suppose que le contrat est légalement formé, donc dans les limites des
dispositions impératives qui résultent de la loi interne considérée. En droit
international privé - et la Convention de Rome consacre cette solution -, il est
possible, par le choix de la loi, de s'affranchir des dispositions impératives de la
loi objective.

Par ailleurs, il est important d’insister sur les avantages d’un choix de la loi
applicable au contrat international de distribution. Ce choix est envisagé comme,
dans tous les contrats internationaux, un remède à l’imprévisibilité qui peut
résulter du principe de proximité qui s’appliquera à défaut de choix. C’est dire
autrement que l’utilité la moins contestable de l’autonomie de la volonté est
précisément de prémunir les parties contre l’incertitude dont ce pouvoir
correcteur du juge (reposant sur le principe de proximité) menace la
détermination de la loi applicable 7.

Un deuxième avantage consiste sur la possibilité pour les parties d’éviter le


dépeçage 8 de l’opération de distribution. C'est-à-dire que si les parties veulent
éviter un tel dépeçage, il leur appartient de choisir des lois étatiques, voire
d’exclure le jeu de règles conventionnelles matérielles, de manière à soumettre
l’ensemble de leur relation contractuelle à une même législation. On pourrait
déduire donc que c’est le principe de l’autonomie de la volonté qui permet
d’aboutir à un tel résultat.

Lorsqu’on parle du choix du droit applicable, celui-ci se fait habituellement par


les parties qui le désignent, c'est-à-dire par electio juris9. Mais il peut se faire par
exclusion. On parle alors d’exclusio juris 10 . .

En tout état de cause, lorsque les parties à un contrat choisissent la loi applicable
elles devront tenir compte de l'ensemble de leurs relations d'affaire afin que le
système qu'elles mettent en place soit cohérent (1). Elles pourront également
prévoir qu'une loi différente régisse les contrats d'application. Dans ce cas elles
procéderaient à un dépeçage de l'ensemble contractuel (2).18

6 .Le considérant 11 rappelle que «la liberté des parties de choisir le droit applicable devrait constituer l'une
des pierres angulaires du système de règles de conflit de lois en matière d'obligations contractuelles »
7. P .LAGARDE, OP.cit, p .64
8. sur le dépeçage, V.P.LAGARDE, Le « dépeçage » dans le droit international privé des contrats .Riv, DIR.Int,
proc, 1975, p .649

22
1­le choix d’une loi neutre pour l’ensemble contractuel

Supposons un contrat de distribution conclu entre un concédant établi en


Allemagne et un concessionnaire établi en France, celui-ci s’engageant à
distribuer en Espagne, les produits que le concédant allemand fait fabriquer en
Suisse. Les parties pourraient-elles décider de soumettre un tel contrat à la loi
Japonaise par exemple, qui n’a a priori aucun rapport avec la situation juridique?

Sur cette question, Un contrat franco-allemand peut, ainsi, être soumis à la loi
japonaise, même s'il n'y a aucun lien du contrat ou des parties avec le Japon.
Certains pays ayant participé à l'élaboration de la Convention de Rome 1 ne
souhaitaient pas cette solution, mais force est de reconnaître que dans la
pratique, il n'y a pas d'abus et que si les parties optent pour une loi qui n'a aucun
rapport avec le contrat, c'est, le plus souvent, parce que cette loi présente des
caractères techniques qui sont bons, qui sont adaptés au contrat, ce qui n'a rien
de scandaleux, bien au contraire. On cite très souvent en exemple les vieux
contrats de transport maritime, qui étaient couramment soumis à la loi anglaise,
tout simplement parce que cette loi était très développée sur ce point, même
dans des contrats qui n'avaient rien à voir avec l'Angleterre. Cela n'aurait eu
aucun sens d'interdire de choisir une loi neutre, particulièrement bien adaptée au
contrat.

2­ le choix de l’unité ou le choix du dépeçage

La question qui nous intéresse ici est celle de savoir si les parties peuvent choisir
des lois différentes pour régir au fond différentes parties de leurs contrats.
Autrement dit, pourrait –on concrètement, par exemple, soumettre les contrats

9. La Convention de Rome ainsi que le Règlement de Rome considèrent le choix des parties comme une un
contrat distinct du contrat principal. Par renvoi aux articles 8, 9 et 11, l'article 3.5 du Règlement de Rome (3.4 de
la Convention de Rome) désigne la loi choisie elle-même, pour régir la question concernant l'existence et la
validité de la clause d’electio juris. La licéité de cette clause découle du système du Règlement de Rome, évitant
la régression in infinitum qui résulterait de la recherche de la loi applicable au «contrat de choix». Voir
spécialement, Jacques Foyer, «Le contrat d'electio juris à la lumière de la Convention de Rome» dans
L'internationalisation du droit, Mélanges en l'honneur d’Yvon Loussouarn, Paris, Dalloz, 1994 à la p. 169 et s.
10. Cette expression est employée par V.HEUZE, Rev .Crit .Dr .int Pr, 1990, p 505.
11. un tel dépeçage est également admis dans la convention de la Haye du 22 décembre (art 7.1) sur la loi
applicable à la vente internationale de marchandise ; qui n’est pas encore en vigueur .

23
de distribution à une loi en ce qui concerne la détermination des obligations des
parties, et à une autre loi en ce qui concerne l’extinction du contrat ?

La convention de Rome a clairement admis le dépeçage, en précisant dans son


article 3-1 que « par ce choix, les parties peuvent désigner la loi applicable à la
totalité ou à une partie de leur contrat »11. À la lettre, le texte semble signifier
que les parties peuvent désigner la loi applicable à une partie de leur contrat et
que le juge désignera lui-même la loi applicable au reste. Mais des auteurs ont
interprété ce texte comme permettant aux parties de soumettre telle partie de leur
contrat à une loi par elles choisie, et telle autre partie de leur contrat à une autre
loi également choisie par elles.

D'après le professeur Paul Lagarde, la seule limite au dépeçage doit être le


respect du principe de cohérence du contrat 12. Par exemple, le contrat ne pourrait
pas soumettre la résolution pour inexécution à une loi pour le vendeur et à une
autre pour l'acheteur, alors qu'il y a interdépendance des obligations 13. Face à un
tel dépeçage incohérent, il appartiendrait au juge d'appliquer la loi objectivement
applicable.

Mais qu’il s’agisse d’un choix de l’unité ou de la loi neutre .il convient de ce
demander quelle doit en être la forme. L’electio juris doit –il être exprès ou
tacite ?

Dans la jurisprudence antérieure a la convention de Rome, l’arrêt FOURRURES


RENEL du 6 juillet 1959 avait exigé un choix exprès 14 .Ainsi, seule la volonté
était un élément de rattachement .A défaut, il fallait procéder à la localisation
objective du contrat. la volonté tacite n’est qu’un indice de localisation
objective.

Les conventions internationales susceptibles de s’appliquer en matière de


distribution, sont plus souples. L’article 2 alinéa 2 de la Convention de la Haye
du 15 juin 1955 susceptible de s’appliquer aux ventes d’application prévoit ainsi
que la désignation de la loi applicable « doit faire l’objet d’une clause expresse,
ou résulter indubitablement des dispositions du contrat ». La convention de la
Haye du 14 mars 1978 susceptible de s’appliquer au contrat d’agence, prévoit
dans son article 5 alinéa 2 que « le choix de cette loi doit être exprès ou résulter
avec une certitude raisonnable des dispositions du contrat et des circonstances

24
de la cause » .Enfin, la convention de Rome décide dans article 3 alinea1 que
« ce choix doit être exprès ou résulter de façon certaine des dispositions du
contrat ou des circonstances de la cause. »

Ces exemples montrent que ces diverses conventions considèrent que la césure
n’est pas entre volonté expresse et localisation objective, mais entre volonté
(exprès ou tacite) et rattachement objectif. 19

Section 2 :le contrat de distribution international et le principe de


proximité

Il convient à présent d'envisager l'hypothèse dans laquelle les parties n'ont pas
désigné de loi applicable à leur relation, ce qui n'est pas rare puisque plus de la
moitié des contrats internationaux de distribution ne comportent pas de choix de
la loi applicable.

Avant l'entrée en vigueur de la Convention de Rome, il y avait de très grandes


divergences entre les Etats membres de la Communauté européenne et la
Convention a essayé de les résoudre par des règles de conflits de lois souples.
Les rédacteurs n'ont pas voulu imposer au juge une règle fixe imposant
l'application de la loi du lieu d'exécution ou la loi du lieu de conclusion, parce
que cette solution n'était pas toujours très bien adaptée, ils n'ont pas voulu non
plus abandonner le juge à ses seules lumières, aussi ont-ils adopté un principe
général qui veut que le contrat est régi par la loi du pays qui a les liens les plus
étroits avec lui. Mais, en même temps, elle a posé des directives qui sont autant
de présomptions pour essayer de détecter quel est le pays avec lequel le contrat
a les liens les plus étroits.

Dans ce sens, la principale présomption a été posée à l'article 4, alinéa 2, de la


Convention : « il est présumé que le contrat présente les liens les plus étroits

12. ART. Précité, Riv.di dir.int, e, proc, 1975, p.649, qui parle d’une ‘’présomption de raison ‘’ qui devrait exclure tout
dépeçage incohérent.
13. QIULIANO et LAGARDE, Rapport. Précité, p .17
14. Cass .civ ; 1ere, 6juillet 1959, Fourrures Renel, Rev .Crit, 1959 ,p .708 , note II.BATIFFOL

25
avec le pays où la partie qui doit fournir la prestation caractéristique a, au
moment de la conclusion du contrat, sa résidence habituelle ou son principal
établissement ». C'est le fameux critère de la « prestation caractéristique »15, qui
peuvent paraître une formule abstraite, mais qui, en réalité, l'est beaucoup
moins.

La notion de prestation caractéristique n'est pas définie par la convention, alors


même qu'elle est l'élément principal de la règle de conflit qu'elle édicte. D’après
le professeur Paul LAGUARD, « la prestation caractéristique est celle qui au
fond, donne sa couleur au contrat ». De même, dans les rapports contractuels, la
prestation caractéristique assurerait une fonction de prévisibilité de la loi
applicable puisque son débiteur doit pouvoir s'attendre à ce que le contrat soit
régi par la même loi. La prestation caractéristique remplit un rôle fondamental
dans les relations contractuelles en ce qu'elle constitue le centre de gravité et la
fonction socio-économique du contrat. 20

Mais c’est en tous cas celle qui permet de distinguer le contrat d’un autre. Mais
cette distinction n’est pas facile dans les contrats de distribution, dont les
doctrines sont divergentes dans la détermination de la prestation caractéristique
selon chaque contrat.

Pour ce qui est de la concession et de la franchise, l’application la plus


favorable est celle qui relève que l’application de la Convention de Rome doit
entrainer l’application de la loi de concédant ou du franchiseur. Pour le contrat
de concession, la prestation caractéristique est la fourniture des biens objets de
la concession. Pour le contrat de franchise, c’est le transfert des éléments de
propriété intellectuelle qui constitue la prestation caractéristique 16.

De manière générale, la détermination de la prestation caractéristique est


caractérisée par l’incertitude dans la mise de la règle de conflit surtout pour les
contrats de distribution, contrairement aux autres contrats commerciaux. Mais
pour diminuer l’incertitude que porte en lui une telle présomption17, l’alinéa 5

15. Déjà retenue par le droit suisse ; cf. art .117 de la loi suisse du 18 décembre 1987 sur le droit international privé. L’alinéa
3 de l’article 117 dispose : « Par prestation caractéristique, on entend notamment :
a) La prestation de l’aliénateur dans les contrats d’aliénation
b) La prestation de la partie qui confère l(usage dans les contrats portant sur l’usage d’une chose , ou d’un droit
c) La prestation de service dans le mandat, le contrat d’entreprise, et d’autres contrats de prestation de service
d) La prestation du dépositaire dans le contrat de dépôt
e) La prestation du garant ou de la caution, dans les contrats de garantie ou de cautionnement. »

26
prévoit une clause d’exception18, qui permet d’écarter la loi ainsi désignée «
lorsqu’il résulte de l’ensemble des circonstances que le contrat présente les liens
les plus étroits avec un autre pays »19. Cette clause d’exception autorise le juge
à déterminer directement la loi avec laquelle le contrat présente les liens les plus
étroits en recherchant et en évaluant les points de contact que le contrat présente
avec différents pays.

Elle doit jouer dans les deux cas. Le premier correspond aux situations dans
lesquelles la prestation caractéristique ne peut être déterminée. On peut songer à
tous les contrats de distribution de quelques complexité dans lesquels aucune
des deux parties ne se borne à devoir un paiement mais assume aussi des
obligations spécifiques au type de contrat en cause.

Le second cas correspond à l’hypothèse dans la quelle « il résulte des


circonstances que le contrat présente des liens plus étroits avec un autre pays... »
(Que celui du débiteur de la prestation caractéristique). Ici la mise en œuvre de
la clause d’exception se confond avec ses propres conditions. Cette clause
pourrait jouer dans le cas où de nombreux éléments pertinents (ainsi : le lieu de
conclusion, nationalité des parties, lieu d’exécution, monnaie du contrat, clause
attributive de juridiction aux tribunaux d’un pays déterminé …) convergeraient
vers le pays du créancier de la prestation caractéristique ou vers un pays tiers 21.

Section 3 : le contrat international de distribution et le principe de


souveraineté

Le principe de souveraineté se traduit d’abord par la souveraineté de la lex


contractus. En principe, la loi choisie par les parties n’était pas véritablement
contractualisée, mais que les parties se soumettaient à cette loi, même si cela
conduisait à l’annulation de leur contrat, et qu’elles se soumettaient également
aux modifications de la loi choisie.

16. Pratique des contrats internationaux, Art. Précité, Livre XVI, n° 29 et s.


17. Incertitude qui est tout à fait supportable dans la mesure ou si les parties veulent l’éviter , il leur suffit de choisir la loi
applicable à leur contrat.
18.Cf.les clauses d’exception en matière de conflits de lois et de conflit de juridictions ou le principe de proximité ,rapport
pour le Congrès de l’Académie internationale de droit comparé, Athènes ,1994, sous la direction de KOKKINI-IATRIDOU
19.La Convention de la Haye du 22 décembre 1986 sur la loi applicable aux contrats de vente internationale de
marchandises , non encore en vigueur, prévoit également une clause d’exception (cf. Article8.3)

27
Mais ce qui nous intéresse ici d’avantage la souveraineté des autres lois qu’il
s’agisse de celle des lois de police (du for ou étrangère), ou de celle de la lex fori
qui par le jeu de l’ordre public international, viendrait évincer la lex contractus
.Or comme on va le relever, autant les lois de police jouent un rôle non
négligeable en matière de contrat de distribution (1), autant l’exception d’ordre
public international y joue un rôle insignifiant (2)

1.les lois de polices en matière de contrat de distribution

La loi de police ou d’application immédiate 20,est celle qui étend unilatéralement


le domaine d’application dans l’espace de certaines règles substantielles de droit
interne , en fonction de la teneur ou du but de ses règles .Or , il est aussi
important pour les parties à un contrat international de distribution de savoir à
quelles lois de police elles vont être soumises que de savoir quelle est la lex
contractus.

C’est pourquoi après examiné le fondement de l’application des lois de


police(A), nous nous attacherons à dégager les principales catégories de lois de
police rencontrées en matière de distribution (B)

A. Le fondement de l’application des lois de police

Les lois de police peuvent être appliquées impérativement ou facultativement


par le juge étatique

l’application impérative par le juge étatique des lois de police du for

L’article 7, alinéa 2 de la Convention de Rome « Les dispositions de la présente


convention ne pourront porter atteinte à l'application des règles de la loi du pays
du juge qui régissent impérativement la situation quelle que soit la loi applicable
au contrat ». Le juge n’a donc pas le choix .il doit appliquer les lois de police de
for .De plus, il est plus fréquent de rencontrer des lois de police qui interdisent
ce que la lex contractus permet, ou qui sont en général plus contraignantes.
Par exemple, supposons un contrat international de concession entre une partie
américaine et une partie française, et supposons que ce contrat qui s’exécute en
France, affecte le commerce intracommunautaire. Supposons ensuite que les
parties aient choisi comme lex contractus la loi américaine et que cette loi

28
annule ledit contrat, parce qu’il est restrictif de concurrence. Le juge français,
saisi d’une demande de nullité, devra appliquer le règlement l’exemption
communautaire à titre de loi de police et valider le contrat litigieux.

L’application facultative par le juge étatique des lois de police étrangères

L’article 7, alinéa 1 de la convention de Rome qui ne se contente pas d’imposer


au juge l’application de ses lois de police. Il lui permet par ailleurs d’appliquer
les lois de polices étrangères. Il précise ainsi que « Lors de l'application, en
vertu de la présente convention, de la loi d'un pays déterminé, il pourra être
donné effet aux dispositions impératives de la loi d'un autre pays avec lequel la
situation présente un lien étroit, si et dans la mesure où, selon le droit de ce
dernier pays, ces dispositions sont applicables quelle que soit la loi régissant le
contrat. Pour décider si effet doit être donné à ces dispositions impératives, il
sera tenu compte de leur nature et de leur 22 objet ainsi que des conséquences qui
découleraient de leur application ou de leur non-application. »23.

L’application des lois de police étrangère est donc une possibilité pour le juge et
non une obligation .Mais même aussi limitée, cette disposition a été jugée
dangereuse par certains état qui comme ils en avaient la possibilité dans la
convention de Rome, ont fait une réserve relative à l’article 7 .C’est du
Luxembourg et l’Allemagne

Par ailleurs, on remarque ainsi que c’est que le principe de souveraineté lié à
l’application d’une loi de police, est limité par le principe de proximité. Seules
les lois de police étrangère qui ont un lien étroit ou un lien effectif avec le
contrat pourrant être appliquées par le juge étatique.

B. les principales catégories de lois de police en matière de distribution

D’ailleurs, on rencontre en matière de distribution deux types de lois de police,


celles qui tendent à réguler le marché, et celles qui tendent à protéger le
contractant faible.

20. Cf. Toutefois .MAYER, Les lois de police étrangères, J.D.I, 1981, p.177 et s , qui distinguent parmi les lois d’application
immédiate , celles qui sont des lois de police et les autres.

29
Les lois de police de régulation du marché :

Les lois de police de régulation du marché sont bien expliquées par le


Professeur Laurence IDOT qui écrit à cet égard que « un accord existe sur le
fait que les droits de la concurrence, du moins les droits des pratiques
anticoncurrentielles, appartiennent à la catégories des lois de police. La doctrine
est unanime. Cette solution s’explique par la finalité macro-économique de ces
règles. Elles ont pour objectif la régulation du marché, et relève à ce titre de
l’ordre public de direction »21. La difficulté est que le juge peut même être
confronté à une pluralité de droits de la concurrence qui se veulent applicables à
une situation donnée .Laurence IDOT a proposé de s’inspirer de la doctrine
américaine qui distingue les faux conflits des vrais. Il y aurait faux conflit,
quand les lois de police parviennent à des solutions identiques, par exemple à la
nullité du contrat. Dans ce cas, il importerait peu de trancher véritablement le
conflit. En revanche, il y aurait vrai conflit quand les lois de police en présence
donnent des solutions contraires.

les lois de police de protection de la partie faible :

Les lois de police peuvent être utiles à la protection d’une partie faible 22. Mais
les lois de police de protection du distributeur revendeur sont finalement assez
rares. Le professeur MAYER relève que les distributeurs juridiquement
indépendants mais économiquement dépendants sont dans un état d’infériorité
résultant de la situation crée par le contrat, mais qui ne repose pas
nécessairement sur une présomption d’inégalité des parties sans la négociation,
ce qui expliquerait qu’il ne soit pas porté atteinte en principe à la loi
d’autonomie .Malgré tout, on rencontre quelques lois de police étrangères
protégeant le distributeur en état d’infériorité24.

Comme illustration étrangère, la loi belge du 27 juillet 1961 prévoit, nonobstant


tout clause contraire, que lorsque le contrat de concession est à durée

21. L.IDOT, Les conflits de lois en droit de la concurrence, J, D, I, 1995

22. Cf. .notamment, P.MAYER, la protection de la partie faible en droit international privé - la protection de la
partie faible dans les rapports contractuels, Comparaison franco-belges, ouvrage collectif sous la direction de
J.GHESTIN et de M.FONTAINE,L.G.D .J.1996

30
indéterminée ou assimilée, le concessionnaire a droit à une indemnité de rupture
si le concédant met fin à ce contrat en l’absence de faute grave du
concessionnaire23. Cette loi est qualifiée de loi d’application immédiate,
revendiquant son application à tous les distributeurs opérant sur le territoire
belge24 .

L’exception d’ordre public international en matière de contrat de


distribution :

L’impérativité d'un ordre juridique pourra prendre une dernière forme, plus
originale, celle de l'ordre public international ou exception d'ordre public.
Intervenant au terme du raisonnement conflictuel, cette impérativité peut
paralyser l'application de la loi étrangère normalement compétente si elle devait
heurter les conceptions fondamentales du for.

La convention de Rome admet dans son article 16 que l’application d’une


disposition de la lex contractus peut être écartée si cette application est
manifestement incompatible avec l’ordre public du for. Pour le juge, il faut
entendre par là l’ordre public international de son pays et celui du pays européen
membre adhérant, ou non, à la Convention de Rome.

Mais à l’échelle internationale, l’ordre public joue peu en matière de contrats 25,
étant donné au surplus que ce n’est pas la loi étrangère elle-même qui doit être
incompatible avec l’ordre public du for, mais son résultat concret26. De fait, il
est à peine de trouver des applications de l’exception d’ordre public
international en matière de contrats internationaux de distribution. La référence
à la jurisprudence française de l’époque on trouve qu’il est exigé fermement que
le contrat cadre de distribution détermine le prix des contrats d’application, la
jurisprudence ne considérait pas que cette exigence de détermination du prix,
spécifique au droit français, était d’ordre public international.

La règle de conflit de lois précise que, si le juge saisi est un juge d’un Etat
membre de l’Union Européenne, il devra faire prévaloir le droit communautaire,
puisqu’en vertu de la convention de Rome, il est obligé d’appliquer les lois de
police du for, et a seulement la possibilité d’appliquer les lois de police
étrangères.

31
Si on est devant deux droits de la concurrence en conflit et sont deux droits
étrangers, le juge ayant la faculté d’appliquer la loi de police étrangère, choisira
librement le droit de la concurrence qu’il applique, s’il décide d’en appliquer un.
Il pourra s’inspirer des indications que lui donne la convention de Rome à cet
égard.25

Une règle de droit de la concurrence pourrait malgré tout fonder l’exception


d’ordre public international, non en matière de conflits de lois, mais pour refuser
l’exequatur Par ailleurs, certains s’interrogent sur la question de savoir si une loi
étrangère contraire au droit communautaire de la concurrence serait écartée pour
contrariété avec l’ordre public international ou par le jeu des lois d’application
immédiate. La réponse c’est, conformément à la jurisprudence récente en
France, que le droit communautaire de la concurrence était une loi de police à un
jugement étranger. Comme illustration, un juge suisse saisi d’une demande de
26
nullité d’un contrat restrictif de concurrence relative avec une activité de
distribution sur le territoire communautaire, et qui, le droit communautaire de la
concurrence n’étant pour lui qu’une loi de police étrangère qu’il a le choix
d’appliquer ou de ne pas appliquer, aurait statué sans tenir compte de l’article 85
du traité de Rome. S’il était demandé l’exequatur de ce jugement suisse en
France par exemple, un juge français pourrait sur le fondement de la convention
de Lugano refuser cet exequatur, en considérant que le jugement suisse est
contraire à l’ordre public international français (intégrant le droit
communautaire).

Quoi qu’il en soit, il apparait donc que les applications de l’exception d’ordre
public en matière de contrats internationaux de distribution sont extrêmement
rares.
Chapitre2: Le choix du mode alternatif de résolution des litiges

23..V.P.CRAHAY ET JADOT.L ‘indemnité de clientèle du concessionnaire de vente, Journal des tribunaux


24. Rappr .des problèmes causés par l’arbitrabilité des litiges en ce cas, supra n°708
25. V. plus généralement, sur le jeu de l’exception d’odre public pour protéger les parties vraiment faibles,
F.LECLERC, Laprotection de la partie faible dans les contrats internationaux, Strasbourg,1991.
26. Cf. Notamment CA Paris, 22 déc 1983, Rev .Crit .dr .Int, 1984, p.484, note J. MESTRE, qui refuse de
considérer comme contraire à l’ordre public international une loi étrangère qui refuse de réviser la clause
pénale excessive, parce qu’en l’espèces, les parties avaient prévu contractuellement une révision , et que dés
lors, le résultat concret obtenu ne heurtait pas les conceptions fondamentales du for.
26

32
Toute une palette de solutions est aujourd’hui à la disposition des opérations de
distribution pour trancher leurs différends. La voie judiciaire –le recours aux
tribunaux étatiques- voie la plus classique, et de plus en plus souvent supplantée
par des solutions jugées plus souples ou plus rapides, la voie amiable et la voie
arbitrale.

section 1 :La voie amiable de règlement des différends

Le contrat peut prévoir le recours systématique à la conciliation pour prévenir ou


régler les différends de deux façons, comme il possible aux parties de faire appel
à un tiers.

1- La conciliation directe entre les parties :

Elle a l’avantage de l’absolue confidentialité. Elle consiste à élaborer une


transaction permettant d’éteindre par des concessions réciproques une dispute
née ou à naître, sans recours à des tiers (médiateurs, juge ou arbitres). Elle est de
pratique courante par exemple en matière de contrat de travail.
Parfois aussi les parties conviennent d’organiser avec leurs avocats respectifs,
un mini procès (mini-trial). Il s’agit d’un simulacre de procès durant lequel les
parties confrontent leurs opinions en se livrant à un examen approfondi et
exhaustif des pièces du dossier. L’objectif est de trouver un compromis évitant
que le différend ne se trouve sur la place publique.

2­ L’appel à un tiers : conciliation, médiation, ADR27 :

33
Le point commun de ces formules est que les parties vont s’engager à faire appel
à une personnalité qualifiée extérieure (ni juge ni arbitre) pour les aider à trouver
un compromis. L’avantage essentiel de ses procédures de résolution amiable des
conflits (dites ADR, alternative, dispute résolution) est leur souplesse. Elles
peuvent être prévues au contrat ou proposées par une partie après la survenance
d’un différend. Elles peuvent précéder un arbitrage auquel on recourra en cas
d’échec de la médiation ou être mises en œuvre durant une procédure d’arbitrage
(ou même durant un procès). Elles ne conduisent pas à une sentence, un
jugement, mais se terminent par une proposition de compromis acceptée par les
parties (et, si le litige a été porté devant un tribunal, entérinée par le juge).

La Chambre de commerce internationale a élaboré en juillet 2001 un règlement


ADR qui remplace son ancien règlement de conciliation, et elle propose ses
services de médiation à côte de sa réputée Cour d’arbitrage .Il en est de même de
plusieurs centres traditionnels d’arbitrage international (Londres, Stockholm,
etc).

section 2 :Le recours aux tribunaux étatiques

Il est possible de stipuler dans le contrat de distribution une clause attributive de


juridiction, comme elle peut être absente aussi, ça dépend de la convention des
parties28. Ce recours aux juridictions étatiques présente des limites comme
suivant :

1- Les limites du recours aux tribunaux :

En matière de distribution internationale, le recours à la justice étatique présente


un certain nombre d’inconvénients.

27
ADR est l’acronyme de :
« Accord for Dangerous goods by Road »
Soit : « Accord pour le transport des marchandises Dangereuses par la Route ».

Il s’agit d’un Règlement international qui concerne 50 pays signataires : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche,
Azerbaijan, Bélarus, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, ex-
République yougoslave de Macédoine, Fédération de Russie, Finlande, France, Géorgie, Grèce, Hongrie,
Irlande, Islande, Italie, Kazakstan, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Maroc, Montenegro,
Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, République de Moldova, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni,
Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Tadjikistan, Tunisie, Turquie et Ukraine.
28
Traité des contrats «les contrats de distribution » par Martine Behar-Touchais, Georges Virassamy. Edition
DELTA. P : 344, 355.

34
Tout d’abord, ce recours crée presque automatiquement un déséquilibre entre les
partenaires. Le juge est le plus souvent celui du pays de l’une des parties (et, de
ce fait, étranger pour l’autre). Imprégné d’une culture juridique qui peut être
exotique pour le cocontractant, il suit des règles de procédures locales, il exige
souvent que tous les documents soient traduits dans sa langue, etc. Certes, un
juge « tiers » peut parfois être choisi, mais avec le risque de compliquer encore
la situation. Ensuite, le fonctionnement des justices étatiques pose souvent des
problèmes de délai, surtout si la porte adverse multiple les recours, et de coûts .
Enfin, il n’est pas possible devant les tribunaux d’assurer une confidentialité aux
débats et au jugement, ce qui peut poser des problèmes en termes de réputation
commerciale.

La force de l’habitude et la méconnaissance des difficultés conduisent toutefois


souvent au choix d’une justice étatique dans les contrats, le tribunal choisi étant
alors en général le reflet du rapport de forces dans la négociation.

Si de fortes disparités de jurisprudence peuvent actuellement être constatées en


Europe et plus particulièrement entre les juges français et allemand, lors de
l’application de l’article 4 de la Convention de Rome (I)29, le Règlement « Rome
I » vient mettre un terme à celles-ci en imposant une solution uniforme
consistant en l’application de la loi du lieu de résidence du distributeur.

2­Les circonstances dans lesquelles ce choix s’impose :

On peut citer aussi le cas des contrats dans lesquels les obligations à faire
respecter sont très simples, et ne prêtent pas à débat (contrat de prêt par
exemple). Dans de tels domaines, la solution du litige est une injonction
exécutoire faite à l’autre partie. Le tribunal est le mieux placé pour cela.
On doit s’y référer enfin dans le cas, rare aujourd’hui, où le cocontractant est
établi dans un pays non signataire des conventions internationales de
reconnaissance des sentences arbitrales.

29
L’article 4 de la convention de Rome l « Un acte juridique unilatéral relatif à un contrat conclu ou à conclure
est valable quant à la forme s’il satisfait aux conditions de forme de la loi qui régit ou régirait au fond le contrat
en vertu de la présente convention ou de la loi du pays dans lequel cet acte est intervenu ».

35
3-Le choix du tribunal compétent :

On a vu que les signataires d’un contrat de distribution international peuvent


choisir leur loi. S’ils ne choisissent pas d’adopter une clause compromissoire
pour renvoyer à l’arbitrage, ils peuvent de la même façon choisir leur juge par
une clause dite « attributive de juridiction ». Notons tout de suite que les deux
dimensions ne sont pas nécessairement liées, un juge français pouvant par
exemple juger selon le droit allemand, ou l’inverse. Dans la majorité des cas
cependant, on évitera de telles complications.

Validation élargie des clauses compromissoires 30. L’arbitrage se trouve facilité


par la validité générale des clauses compromissoires en matière de contrats
internationaux, où la seule volonté des contractants fonde cette validité31. La
Cour de cassation a pu poser « le principe de la validité de la clause d’arbitrage
internationale, sans conditions de commercialité ».

Le principe de l’arbitrabilité des litiges internationaux de consommation a


même été admis par la Cour de cassation : « Mais attendu que la cour d’appel a
retenu que le contrat litigieux, par lequel M.X… avait commandé une
automobile au constructeur étranger, aux termes d’une convention, signée par
lui, comportant une clause d’arbitrage à Londres, clairement et lisiblement
stipulée, réalisait une distribution d’un produit entre la France et le Royaume-
Uni ; qu’ayant ainsi retenu que ce contrat mettait en cause des intérêts du
commerce international, peu important, dans les circonstances relevées par les
juges, que l’achat fût destiné à l’usage personnel de M.X…, la cour d’appel en a
exactement déduit que la clause compromissoire devait recevoir application en
vertu de l’indépendance d’une telle clause en droit international sous la seule
réserve des règles d’ordre public international, qu’il appartiendra à l’arbitre de
mettre en œuvre, sous le contrôle du juge de l’annulation, pour vérifier sa propre
compétence, spécialement en ce qui concerne l’arbitrabilité du litige ».

On voit que les termes de l’arrêt réservent l’ordre public international, il arrivera
en effet que la loi de police d’un Etat avec laquelle la situation litigieuse

30
La clause compromissoire est une clause contractuelle que les parties à un contrat conviennent d’insérer
dans le but d’exclure la compétence des tribunaux de l’État quant à un litige pouvant survenir dans le cadre de
l’exécution des obligations de ce contrat.

31
« L’arbitrage commercial international et l’ordre public », par Jean- Baptiste Racine, p.298, 384.

36
entretient des liens exclue l’arbitrabilité de certains litiges de consommation –
étant précisé que le juge français ne sera en principe sensible qu’à ses propres
lois de police : c’est généralement leur seule violation qui sera jugée contraire à
l’ordre public international français qui est en cause.
La chambre sociale de la Cour de cassation refuse quant à elle de valiser les
clauses compromissoires dans les contrats de travail internationaux.

Pour ce qui concerne la propriété intellectuelle, il faut distinguer d’un côté entre
le contentieux de validation des droits, pour laquelle l’arbitrabilité des litiges
paraît exclue, et les autres questions, pour lesquelles on admet les effets des
clauses compromissoires. Le recours à l’arbitrage est donc valable, par exemple,
au sujet des litiges liés à un contrat de licence, ou même en matière de
contrefaçon tant que la validité des droits de propriétés industrielle n’est pas
discutée.

Lorsque le droit de la concurrence est en cause, la sentence arbitrale ne peut pas


édicter de sanctions stricto sensu pour les entreprises, mais elle appliquera les
règles de concurrence pour statuer, notamment, sur la validité d’un contrat.
Cette liberté de choix du juge n’est pas totale, du fait des dispositions des
conventions internationales, et du risque de voir le juge étranger sollicité, rejeter
sa compétence et refuser de juger parce qu’il s’estimerait sans rapport avec le
litige.

4­ L’exécution des décisions judiciaires :

Ce problème ne doit pas être négligé. Obtenir une décision de justice favorable
est de peut d’intérêt si l’on ne parvient pas ensuite à en obtenir l’exécution dans
le pays de débiteur.

Hors Union européenne, il peut être très difficile d’obtenir l’exécution d’une
sentence rendue dans un autre pays, du fait des susceptibilités judiciaires locales,
mais aussi parfois de la nécessité de préserver l’ordre public et par exemple de
garantir les droits de la défense. Un certain nombre de conventions bilatérales
ont cependant été signées par la France. Elles ne prévoient jamais un exequatur
automatique, mais confient au juge sollicité au minimum la vérification de la
compétence (selon les règles de son droit interne) du tribunal ayant rendu le
jugement.

37
En l’absence de convention, l’exequatur est toujours source de délais, et parfois
l’occasion de manœuvres dilatoires de l’adversaire. En France par exemple, une
décision de justice prononcée dans un pays n’ayant pas signé de convention ne
reçoit de caractère exécutoire que si le juge français estime que les quatre
conditions suivantes sont réunies :

- La compétence –selon les règles françaises- du tribunal ayant rendu le


jugement ;
­ L’application de la loi compétente –selon les règles françaises de conflit de loi;
­ La conformité à l’ordre public international32 ;
­ L’absence de fraude à la loi.

La plupart des pays étrangers mettent aussi en œuvre des procédures complexes
avant d’ordonner l’exécution d’un jugement rendu dans un autre pays. C’est
pourquoi, si les deux systèmes juridiques sont comparables, il est souvent
préférable de choisir dans le contrat de soumettre les litiges éventuels aux
tribunaux du pays du partenaire si l’on a des raisons de penser que c’est contre
lui que risquent le plus probablement d’être intentées des actions en justice.

Section 3 : Le recours à l’arbitrage

L’arbitrage est un mode de règlement des différends qui consiste pour les
parties à recourir à une ou plusieurs personnes choisies par elles, les arbitres,
pour trancher leur litige par une sentence impérative et en principe non
susceptible d’appel.33

L’arbitrage peut avoir été prévu au contrat par une clause


compromissoire. Il peut, plus rarement, être organisé lorsqu’apparait le conflit,
par l’élaboration d’un compromis d’arbitrage.

32
L’ordre public international constitue un ensemble de règles obligatoires qui touchent à l’organisation de la
nation, à l’économie, à la morale, à la santé, à la sécurité, à la paix publique et aux droit et libertés essentielles
de chaque individu.
33
« l’arbitrage en droit marocain » ABDELLAH KHIAL

38
1-Les avantages de l’arbitrage :

Ils se déterminent surtout par comparaison avec la justice d’Etat. On peut citer :
- La confidentialité, tant des débats que de la sentence, qui ne sera communiquée
qu’aux parties ;
- Le libre choix de la langue, indépendant du lieu de l’arbitrage ;
- la neutralité, les arbitres ne dépendant d’aucun Etat, d’aucune hiérarchie, et
étant le plus souvent par exemple d’une nationalité différente de celles des
parties ;
- Une connaissance parfois plus fine de la part des arbitres que de magistrats
professionnels du secteur d’activité et de ses usages ;
- la souplesse dans la procédure (arbitrage ad hoc ou institutionnel, un ou
plusieurs arbitres, possibilité de jugement en amiable compositeur, etc) ;
- La rapidité relative, qui tient principalement au fait que la grande majorité des
sentences ne font pas l’objet de recours et sont exécutées spontanément.

La contrepartie de ces avantages est un coût relativement élevé, puisqu’en plus


des frais administratifs, ce sont les parties qui rémunèrent les « juges », à la
différence de la justice étatique.

2-La reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales :

Le principe de l’arbitrage est de soustraire aux tribunaux d’Etat des litiges en ma


matière de distribution internationale qu’ils devraient normalement trancher.
Cela n’est possible que sous deux conditions : La reconnaissance par le droit
national de la liberté de recours à l’arbitrage, et la possibilité d’obtenir le soutien
de la force publique pour faire exécuter une sentence que la partie condamnée
n’accepterait pas spontanément.

Sur ces deux points, la quasi-totalité des pays ont aujourd’hui intégré l’arbitrage,
et en particulier l’arbitrage international, dans leur législation, souvent en
s’inspirant d’une loi type élaborée dans le cadre de l’Onu . Mais il demeure
parfois quelques réserves à la reconnaissance de l’arbitrage. Ainsi certains pays
le rejettent-ils lorsque l’Etat lui-même est partie au conflit, ou en certaines
matières considérées comme relevant de l’ordre public, comme le droit de la
consommation ou le droit du travail.

39
La France, comme quelque 120 Etats, a ratifié la convention de New York de
1950 sur la reconnaissance des sentences arbitrales étrangères. Celle-ci limite
considérablement le pouvoir d’appréciation du juge national. De plus, le
nouveau Code de procédure civile (art. 1492 et suivants) 34 dispose que les
sentences arbitrales internationales acquièrent automatiquement l’autorité de la
chose jugée, quel que soit le pays dans lequel elles ont été rendues. Leur
exécution provisoire peut être obtenue dans les mêmes conditions qu’un
jugement interne. Si la partie condamnée ne s’exécute pas spontanément,
l’exequatur doit être demandé au tribunal. Ainsi est-il parfois plus facile de faire
reconnaître à l’étranger une sentence arbitrale rendue en France (et inversement)
qu’un jugement d’un tribunal français.

3- Les modalités de l’arbitrage :

Les parties peuvent choisir dans une clause compromissoire de leur


contrat, ou au moment du litige, de définir elles-mêmes les modalités de
l’arbitrage : lieu, langue, nombre et mode de désignation des arbitres, droit
applicable, effet de la sentence, etc. C’est ce qu’on appelle un arbitrage ad hoc.
Mais dans la grande majorité des cas, il est prévu au contrat de s’en remettre à
un arbitrage institutionnel, c'est-à-dire de faire trancher le litige par des arbitres
désignés par une cour d’arbitrage, et en suivant son règlement.

La cour la plus importante est celle de la Chambre de commerce


internationale dont le siège est à Paris, mais on peut citer aussi l’American
Arbitration Association à New York, La London Court of Arbitration, l’Institut
d’arbitrage de la chambre de commerce de Stockholm, etc. 35

Les règlements d’arbitrage de ces institutions prévoient tous en liberté de


rédaction

34
Code de procédure civile art.1492
35
Guide de l’arbitrage international LATHAM E WATKINS

40
Table des matières
INTRODUCTION ............................................................ 2
Partie 1 : la distribution internationale source de conflit
de loi : cadre juridique et spécificité ............................. 5
Chapitre 1 : Vue générale sur les conventions
internationales réglementant les contrats de
distribution internationale : ..................................... 5
section 1 : La convention de Rome du 19 juin 1980
et le règlement Rome I : ......................................... 5
Section 2 : La convention de La Haye du 14 mars
1978 sur la loi applicable aux contrats
d’intermédiaires et à la représentation : ................ 8
Section 3 :La Convention de Vienne du 11 avril 1980
............................................................................... 9
Chapitre 2 : Les conflits de lois en relation avec les
spécificités de la distribution internationale ........... 11
Section 1 : la nature des produits distribués ......... 12
Section 2 : la diversité des modes de distribution . 13
Section 3 : la spécificité du marché ....................... 16
Partie 2 : le choix de la solution applicable aux conflits
de lois en matière de distribution internationale ..... 20
Chapitre1 : le contrat international de distribution
soumis à une loi étatique ....................................... 20

41
Section 1 : Le contrat de distribution internationale
et l’autonomie de la volonté : ............................... 21
Section 2 :le contrat de distribution international et
le principe de proximité ........................................ 25
Section 3 : le contrat international de distribution et
le principe de souveraineté ................................... 27
Chapitre2: Le choix du mode alternatif de résolution
des litiges ............................................................... 32
section 1 :La voie amiable de règlement des
différends ............................................................. 33
section 2 :Le recours aux tribunaux étatiques ....... 34
Section 3 : Le recours à l’arbitrage ........................ 38

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