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Chapitre 2 : LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ETATS DE L’AFRIQUE DE

L’OUEST : CEDEAO

L’étude de la CEDEAO, dans le cadre de cet enseignement, s’articulera autour de l’analyse de


sa genèse, d’une part (Section 1) et de l’étude de ses institutions, d’autre part (Section 2).

Section 1 : LA GENESE DE LA CEDEAO

La CEDEAO a été instituée par son Traité (Paragraphe 2). Mais avant d’étudier la teneur de
ce Traité, nous analyserons au préalable le contexte historique et les raisons ayant précédé la
création de la CEDEAO (Paragraphe 1).

Paragraphe 1 : Le contexte historique et les raisons de la création de la CEDEAO

Avant l’avènement de la CEDEAO, le territoire de l’Afrique de l’Ouest était constitué, sur le


plan régional, d’un ensemble d’Etats issus de différents systèmes administratifs et coloniaux
qui ont défini les frontières des quinze Etats situés dans cette zone.

Même si aujourd’hui les Etats membres de cette communauté utilisent trois différentes
langues officielles (l’Anglais, le Français et le Portugais) il compte en leur sein plus d’un
millier de langues locales dont des langues transfrontalières comme l’éwé, le fulfulde, le
hausa, le mandingue, le wolof, le yoruba, l’ibo, le ga, etc. qui sont parlées par une population
de plus de 300 millions d’habitants répartis sur une superficie d’environ 5,1 millions de km2.

Avant l’arrivée des colons, cette région était le berceau de plusieurs empires et royaumes dont
le rayonnement a traversé les siècles et dont les plus illustres ont été l’empire du Ghana,
l’empire du Mali, l’empire du Songhaï, les empires du Jolof, d’Oyo, du Bénin et du Kanem-
Bornou.

La diversité culturelle, linguistique et écologique de la région est porteuse aussi bien


d’opportunités que de défis pour le processus d’intégration. Le souci de combiner les forces
sur les plans politique et économique a toujours été reconnu comme un pas vers la création
d’une prospérité commune dans la région.

A cet égard, le premier effort d’intégration remonte à 1945 avec la création du franc CFA qui
a regroupé les pays francophones de la région au sein d’une union monétaire unique. Puis en
1964, le président du Libéria, William Tubman, a proposé une union économique de l’Afrique
de l’Ouest qui a abouti à un accord signé en 1965 par la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Libéria et
la Sierra Léone.

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Cependant, ces initiatives n’ont produit aucun résultat et ce, jusqu’en 1972, lorsque le Chef de l’Etat du
Nigéria, le Général Yakubu Gowon, et son homologue togolais, Gnasimbé Eyadéma, ont entrepris une
tournée dans la région pour promouvoir l’idée d’intégration. Ainsi, grâce à leurs efforts, des projets ont été
mis en avant et servi de base à l’élaboration en 1975, du Traité de Lagos qui allait donner naissance à la
CEDEAO. A l’origine, le Traité de Lagos se cantonnait à l’économie, mais du fait des problèmes politiques
qu’a connu la région, il fait l’objet d’une révision qui a permis, en 1993, l’élargissement de son champ
d’application et de ses prérogatives.

La dimension socioculturelle diversifiée du développement devrait être une composante


essentielle pour la restauration de la paix et de la sécurité dans cette région. Tirant parti du
passé, les dirigeants de la Communauté ont consenti nombre de sacrifices pour maintenir la
structure politique de la région. En 1976, le Cap-Vert (Cabo Verde), un des pays lusophones
de la région, a adhéré à la CEDEAO et en décembre 2000, la Mauritanie s’en est retirée.

Plusieurs raisons ont également conduit à la création de la CEDEAO. En effet, les Etats
membres étaient conscients de la nécessité impérieuse d'encourager, de stimuler et d'accélérer
leur progrès économique et social dans le but d'améliorer le niveau de vie de leurs peuples.
Aussi, ils étaient convaincus que la promotion de leur développement économique
harmonieux requiert une coopération et une intégration économiques efficaces qui passent
essentiellement par une politique résolue et concertée d'autosuffisance.

Les Etats membres de la CEDEAO ont reconnu la nécessité de relever ensemble les défis
politiques, économiques et socioculturels actuels et futurs et de mettre en commun les
ressources de leurs peuples dans le respect de leur diversité en vue d'une expansion rapide et
optimale de la capacité de production de la région;

Paragraphe 2 : Le Traité portant création de la CEDEAO

Le Traité portant création de la CEDEAO a été adopté en 28 mai 1975 à Lagos au Nigéria.
Afin de permettre l’accélération du processus d’intégration, son traité fondateur a été révisé le
24 juillet 1993 à Cotonou au Bénin. C’est cette révision qui a introduit la Cour de Justice de
la Communauté.

Dans sa teneur, le Traité de la CEDEAO définit entre autres les missions et les objectifs de la
Communauté (A). Il sera question également d’étudier ses Etats membres (B), avant
d’analyser les principes fondamentaux de la CEDEAO (C).

A. Les missions et objectifs de la CEDEAO

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C’est l’article 3 du Traité révision de la Communauté qui définit les buts et objectifs de la
CEDEAO.

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest vise à promouvoir la


coopération et l'intégration dans la perspective d'une Union économique de l'Afrique de
l'Ouest en vue d'élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d'accroître la stabilité
économique, de renforcer les relations entre les États membres et de contribuer au progrès et
au développement du continent africain.

Dès lors, il ressort des dispositions de l’article 3 que l'action de la Communauté portera par
étapes sur:

a) l'harmonisation et la coordination des politiques nationales et la promotion de


programmes, de projets et d'activités, notamment dans les domaines de l'agriculture et des
ressources naturelles, de l'industrie, des transports et communications, de l'énergie, du
commerce, de la monnaie et des finances, de la fiscalité, des réformes économiques, des
ressources humaines, de l'éducation, de l'information, de la culture, de la science, de la
technologie, des services, de la santé, du tourisme, de la justice;

b) l'harmonisation et la coordination des politiques en vue de la protection de


l'environnement;

c) la promotion de la création d'entreprises conjointes de production;

d) la création d'un marché commun à travers:

i) la libéralisation des échanges par l'élimination entre les États membres, des droits de
douane à l'importation et à l'exportation des marchandises et l'abolition entre les États
membres, des barrières non tarifaires en vue de la création d'une zone de libre-échange au
niveau de la Communauté; ii) l'établissement d'un tarif extérieur commun et d'une
politique commerciale commune à l'égard des pays tiers;

iii) la suppression entre les États membres des obstacles à la libre circulation des
personnes, des biens, des services et des capitaux ainsi qu'aux droits de résidence et
d'établissement;

e) la création d'une union économique par l'adoption de politiques communes dans les
domaines de l'économie, des finances, des affaires sociales et culturelles et la création d'une
union monétaire;

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f) la promotion d'entreprises communes par les organisations du secteur privé et les
autres opérateurs économiques notamment avec la conclusion d'un accord régional sur les
investissements transfrontaliers;

g) l'adoption de mesures visant à promouvoir l'intégration du secteur privé, notamment


la création d'un environnement propre à promouvoir les petites et moyennes entreprises;

h) l'instauration d'un environnement juridique propice;

i) l'harmonisation des codes nationaux des investissements aboutissant à l'adoption d'un


code communautaire unique des investissements;

j) l'harmonisation des normes et mesures;

k) la promotion d'un développement équilibré de la région en accordant une attention


aux problèmes spécifiques de chaque État membre, notamment à ceux des États membres
sans littoral et des États membres insulaires;

l) la promotion et le renforcement des relations et de la circulation de l'information en


particulier entre les populations rurales, les organisations de femmes et de jeunes, les
organisations socioprofessionnelles telles que les associations des médias, d'hommes et
femmes d'affaires, de travailleurs, de jeunes et de syndicats;

m) l'adoption d'une politique communautaire en matière de population qui prenne en


compte la nécessité d'établir un équilibre entre les facteurs démographiques et le
développement socioéconomique;

n) la création d'un fonds de coopération, de compensation et de développement;

o) toutes autres activités que les États membres peuvent décider d'entreprendre
conjointement à tout moment en vue d'atteindre les objectifs de la Communauté.

B. Les Etats membres de la CEDEAO

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest est composé de 15 membres.

Ces Etats membres sont : Bénin, Burkina-Faso, Cap-Vert, Côte-d’Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sierra Leone, Togo.

Les langues officielles de la CEDEAO sont : l’Anglais, le Français et le Portugais. Cela se


justifie par le fait que cette Communauté est composée d’Etats qui utilises l’Anglais, ou le
Français, ou encore le Portugais comme langue officielle.

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Il faut cependant préciser que ce n’est qu’en 1976 que le Cap-Vert, un des pays lusophones de
la région, a adhéré à la Communauté. Quant à la Mauritanie, elle s’en est retirée en décembre
2000.

C. Principes fondamentaux et engagement général de la CEDEAO

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest est guidée par ses principes
fondamentaux dans toutes relations avec les Etats membres, les citoyens et les autres
organismes externes. Ainsi, aux termes de l’alinéa 1 de l’article 4 du Traité révisé, « Les
Hautes Parties Contractantes, dans la poursuite des objectifs énoncés à l'article 3 du présent
traité affirment et déclarent solennellement leur adhésion aux principes fondamentaux
suivants… »

Ces principes fondamentaux, tels qu’inscrits dans le contenu de l’article 4 du Traité révisé,
sont :
-égalité et interdépendance des Etats membres;
-solidarité et autosuffisance collective ;
-coopération inter-Etats, harmonisation des politiques et intégration des programmes;
-non-agression entre les Etats membres;
-maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionales par la promotion et le
renforcement des relations de bon voisinage ;
-règlement pacifique des différends entre les Etats membres, coopération active entre pays
voisins et promotion d’un environnement pacifique comme préalable au développement
économique ;
-respect, promotion et protection des droits de l’Homme et des peuples conformément aux
dispositions de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
-transparence, justice économique et sociale et participation populaire au développement;
-reconnaissance et respect des règles et principes juridiques de la Communauté;
-promotion et consolidation d’un système démocratique de gouvernement dans chaque Etat
membre tel que prévu par la Déclaration de Principes Politiques adoptée le 6 juillet 1991 à
Abuja;
-répartition juste et équitable des coûts et des avantages de la coopération et de l’intégration
économiques.

Par ailleurs, aux termes de l’article 5 intitulé Engagement général, il est disposé que :

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« l. Les États membres s'engagent à créer les conditions favorables à la réalisation des
objectifs de la Communauté; en particulier à prendre toutes mesures requises pour harmoniser
leurs stratégies et politiques et à s'abstenir d'entreprendre toute action susceptible d'en
compromettre la réalisation.

2. Chaque État membre s'engage à prendre toutes mesures appropriées, conformément à ses
procédures constitutionnelles, pour assurer la promulgation et la diffusion des textes
législatifs et réglementaires nécessaires à l'application des dispositions du présent traité.

3. Chaque État membre s'engage à honorer ses obligations aux termes du présent traité et à
respecter les décisions et les règlements de la Communauté ».

Section 2 : LES INSTITUTIONS DE LA CEDEAO

L’article 6 du Traité révisé de la CEDEAO donne la liste des institutions de cette dernière. Il
s’agit : la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement (Para.1), le Conseil des Ministres
(Para.2), le Parlement de la CEDEAO (Para.3) , la Cour de Justice de la CEDEAO (Para.4), le
Secrétariat exécutif (Para.5), les Commissions techniques spécialisées (Para.6). Aux termes de
l’article 6 in fine, « les Institutions de la Communauté exercent leurs fonctions et agissent
dans les limites des pouvoirs qui leur sont conférés par le présent Traité et par les Protocoles y
afférents ».

Paragraphe 1 : La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement

La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement est régie par les articles 7 à 9 du Traité
révisé de la CEDEAO.

La Conférence est l’Institution suprême de la Communauté. Elle est composée des Chefs
d’Etat et des Chefs de Gouvernement des Etats membres. La Conférence est chargée d'assurer
la direction et le contrôle général de la Communauté et de prendre toutes mesures nécessaires
en vue du développement progressif de celle-ci et de la réalisation de ses objectifs. Dans le
cadre de ses missions, La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement est chargée de :

-déterminer la politique générale et les principales orientations de la Communauté, donner


des directives, harmoniser et coordonner les politiques économiques, scientifiques,
techniques, culturelles et sociales des États membres;

-assurer le contrôle du fonctionnement des Institutions de la Communauté, ainsi que le suivi


de la réalisation des objectifs de celles-ci;

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-nommer le Secrétaire exécutif conformément aux dispositions de l'article 17 du présent traité;

-nommer, sur recommandation du Conseil, les Commissaires aux comptes;

-déléguer, le cas échéant, au Conseil le pouvoir de prendre des décisions visées à l'article 9 du
présent traité;

-saisir, en cas de besoin, la Cour de justice de la Communauté lorsqu'elle constate qu'un État
membre n'a pas honoré l'une de ses obligations ou qu'une Institution de la Communauté a agi
en dehors des limites de sa compétence ou a excédé les pouvoirs qui lui sont conférés par les
dispositions du présent traité, par une décision de la Conférence ou par un règlement du
Conseil;

-demander au besoin à la Cour de justice de la Communauté des avis consultatifs sur toute
question juridique;

-exercer tout autre pouvoir que lui confère le présent traité.

La Conférence se réunit en session ordinaire au moins une (1) fois par an. Elle peut être
convoquée en session extraordinaire à l'initiative de son Président ou à la demande d'un État
membre, sous réserve de l'approbation de cette demande par la majorité simple des États
membres.

La présidence de la Conférence est assurée chaque année par un État membre élu par la
Conférence.

Les actes de la Conférence sont dénommés décisions. Sauf dispositions contraires du traité de
la CEDEAO ou d'un protocole, les décisions de la Conférence sont prises selon les matières à
l'unanimité, par consensus, à la majorité des deux tiers des États membres. Ces matières
visées sont définies dans un protocole.

Les décisions de la Conférence ont force obligatoire à l'égard des États membres et des
Institutions de la Communauté, sous réserve du respect de l’indépendance de la Cour de
Justice de la Communauté. Le Secrétariat exécutif est tenu de procéder à la publication des
décisions trente (30) jours après la date de leur signature par le Président de la Conférence.
Ces décisions sont exécutoires de plein droit soixante (60) jours après la date de leur
publication dans le Journal officiel de la Communauté. Chaque État membre publie les
mêmes décisions dans son Journal officiel dans le délai de 30 jours après leur signature par le
Président de la Conférence.

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Paragraphe 2 : Le Conseil des Ministres

Le Conseil est formé par le Ministre chargé des affaires de la CEDEAO et de tout autre
ministre de chacun des États membres. Il est régi par les dispositions des articles 10 à 12 du
Traité de la CEDEAO révisé.

Le Conseil est chargé d'assurer le bon fonctionnement et le développement de la


Communauté. À cet effet, le Conseil, sauf dispositions contraires du Traité ou d'un protocole:

-formule des recommandations à l'intention de la Conférence sur toute action visant la


réalisation des objectifs de la Communauté;

-nomme tous les fonctionnaires statutaires autres que le Secrétaire exécutif;

-donne, sur délégation de pouvoir de la Conférence, des directives dans les domaines de
l'harmonisation et de la coordination des politiques d'intégration économique;

-fait des recommandations à la Conférence concernant la nomination des Commissaires aux


comptes;

-établit et adopte son règlement intérieur;

-approuve l'organigramme et adopte le Statut et le Règlement du personnel de toutes les


Institutions de la Communauté;

-approuve les programmes de travail et le budget de la Communauté et de ses institutions;

-demande, en cas de besoin, à la Cour de justice de la Communauté des avis consultatifs sur
toute question juridique;

-remplit toute autre fonction qui lui est confiée aux termes du présent traité et exerce tout
pouvoir que lui délègue la Conférence.

Le Conseil se réunit au moins deux fois par an en session ordinaire. L'une de ses sessions
précède immédiatement la session ordinaire de la Conférence. Il peut être convoqué en
session extraordinaire à l'initiative de son Président ou à la demande d'un État membre, sous
réserve de l'approbation de cette demande par la majorité simple des États membres.

La présidence du Conseil est assurée par le Ministre chargé des affaires de la CEDEAO de
l'État membre élu président de la Conférence.

Les actes du Conseil sont dénommés règlements.

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Sauf dispositions contraires du présent traité, les règlements du Conseil sont adoptés selon les
matières, à l'unanimité, par consensus ou à la majorité des deux tiers des États membres
conformément au Protocole visé à l'article 9, paragraphe 3 du présent traité. Les règlements
du

Conseil sont adoptés par consensus jusqu'à l'entrée en vigueur dudit protocole.

Les règlements du Conseil ont, de plein droit, force obligatoire à l'égard des institutions
relevant de son autorité. Ils sont obligatoires à l'égard des États membres après leur
approbation par la Conférence. Toutefois, les règlements ont d'office force obligatoire en cas
de délégation de pouvoirs, conformément aux dispositions du paragraphe 3 f) de l'article 7 du
présent traité.

Ces règlements entrent en vigueur et sont publiés dans les mêmes conditions et délais stipulés
aux paragraphes 5, 6 et 7 de l'article 9 du présent traité.

Paragraphe 3 : Le Parlement de la CEDEAO

Le parlement de la CEDEAO a été créé par le protocole A/P.2/8/94 du 6 Août 1994. Il a tenu
sa session inaugurale en novembre 2001 à Bamako et a poursuivi cette session à Abuja en
mettant en place ses organes dirigeants et procédant à l’élection de son premier président.

Mission du parlement de la CEDEAO : Le parlement de la CEDEAO a quatre principales


missions :

- assurer un droit de regard des populations ouest-africaines sur le processus d’intégration de


la sous-région ;

- doter la communauté d’une architecture institutionnelle comportant un volet législatif qui


s’ajoute à un volet judiciaire et promouvoir ainsi une communauté fonctionnant suivant la
logique de la séparation des pouvoirs propre à toute construction démocratique ;

- informer, sensibiliser les populations de la sous-région ouest africaine sur les enjeux de
l’intégration ;

- conforter la légitimité des actes posés par l’exécutif communautaire sur le terrain de
l’intégration sous régionale.

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Cependant, nous pouvons noter quelques difficultés susceptibles d’endiguer l’exécution de
ces missions. Ces difficultés sont liées à l’essence institutionnelle du parlement. A cet égard,
elles sont de deux ordres :

- le statut consultatif, un statut d’attente avant d’accéder à celui de parlement doté de


prérogatives législatives effectives. La principale conséquence de ce statut est de restreindre la
portée de son action sur le processus d’intégration. Toutefois, il n’est point concevable que
l’évolution du statut du Parlement communautaire par le biais du renforcement de ses
pouvoirs, ne puisse aller de pair avec le renforcement des compétences de l’exécutif sous
régional, en l’occurrence la Commission de la CEDEAO. La mission première de toute
institution à vocation législative étant de contrôler et censurer l’exécutif. La Conférence des
Chefs d’Etat a ainsi pris en compte cette nécessité, en adoptant un protocole additionnel qui
renforce la marche commune et harmonieuse des institutions communautaires ;

- la composition fluctuante du parlement due au rythme des élections dans les pays de la sous-
région. Ceci empêche le minimum de permanence et de constance nécessaires au suivi des
initiatives parlementaires, en raison du renouvellement fréquent des groupes nationaux.

Composition du Parlement de la CEDEAO : Le parlement de la CEDEAO compte 115


sièges qui sont repartis en fonction de la population des État membres. Le Nigeria de loin le
pays le plus peuplé dispose de 35 députés, alors que des pays nettement moins peuplés ont 5
députés chacun. Le nombre et la répartition des sièges peuvent être révisés chaque fois que de
besoin par la Conférence soit sur sa propre initiative, soit sur recommandation du Parlement.

Les députés communautaires sont élus par les parlements nationaux pour constituer des
groupes nationaux au sein du parlement de la CEDEAO.

La répartition par Etat membre se présente comme suit : BENIN : 5 sièges ; BURKINA
FASO : 6 sièges ; CAP VERT : 5 sièges ; COTE-D’IVOIRE: 7 sièges ; GAMBIE: 5 sièges ;
GHANA: 8 sièges ; GUINEE : 6 sièges ; GUINEE BISSAU : 5 sièges ; LIBERIA : 5 sièges ;
MALI: 6 sièges ; NIGER: 6 sièges ; NIGERIA: 35 sièges ; SENEGAL: 6 sièges ; SIERRA
LEONE: 5 sièges ; TOGO: 5 sièges.

Les députés communautaires ne sont pas directement élus pour être membres du parlement de
la CEDEAO. Ils désignés par les parlements nationaux et font parties d’un groupe national qui
prête serment pour un mandat de quatre ans. La Conférence des Chefs d’Etat a donné à la

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Commission de la CEDEAO de définir les modalités pratiques de l’élection des députés
communautaires au suffrage universel à l’issue de la période transitoire qui s’achève avec la
présente législature.

Il faut retenir enfin, que la Côte-d’Ivoire attributaire de 7 sièges n’a pas encore rejoint le
parlement de la CEDEAO. Le gouvernement ivoirien semble avoir de fortes réserves sur le
mode de répartition des sièges au sein de l’institution.

Compétences du Parlement de la CEDEAO : En attendant l’élection des députés au suffrage


universel direct, le parlement a une compétence consultative lui donnant la possibilité de se
saisir des questions telles le respect des droits de l’homme et faire des recommandations
adressées aux institutions et organes de la Communauté. L’avis du parlement doit être
nécessairement recueilli dans les domaines d’intégration suivants : interconnexion des voies
de communication et de télécommunications, des réseaux d’énergie, la communication
médiatique, de santé publique, d’éducation, de jeunesse et sports, politique d’environnement,
de révision du traitée créant la CEDEAO…

Les modalités de la saisine du parlement par la Commission sont définies dans la Décision
A/DEC.6/01/06 portant modalités de mise en œuvre effective de l’article 6 du protocole
A/P.2/8/94 relatif au Parlement de la Communauté en date du 12 janvier 2006.

Les prérogatives du parlement de la Communauté évolueront progressivement du rôle


consultatif à celui de codécideur puis législatif dans les matières définies par la Conférence

Structure et fonctionnement du Parlement de la CEDEAO :

La plénière

La plénière est l’organe suprême du parlement, ses décisions ont un caractère contraignant
pour les autres structures. En tant que parlement consultatif, la Plénière adopte toutes les
résolutions du parlement qui sont soumises aux organes de décisions de la Communauté.
Toutefois, la plénière se conforme aux dispositions du Traité et de tout autre texte juridique
d’application générale aux institutions de la communauté

Le bureau

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Le Bureau est l’organe dirigeant du parlement. Ses décisions sont conformes aux dispositions
du Traité et de tout autre texte juridique d’application générale aux institutions de la
Communauté.

Le Bureau est composé du Président, du Premier Vice-président, du Deuxième vice-président,


du troisième vice-président et du quatrième vice-président.

Le mandat de tous les Vice-présidents est le même que celui du Président du parlement et ils
seront élus conformément au règlement intérieur.

En l’absence du président, les vice-présidents président selon l’ordre de préséance.

La conférence des bureaux

Elle représente collectivement toutes les commissions et est composée du président, des
présidents ou vice-présidents et des rapporteurs de chaque commission permanente. Elle
travaille avec le Bureau du parlement pour préparer le programme de travail annuel du
parlement, et des programmes de travail des commissions. La Conférence des Bureau travaille
en étroite collaboration avec les parlements nationaux. Elle est présidée par le Président du
parlement qui convoque toutes les réunions de la Conférence.

Le président

Le président dirige les délibérations de la plénière, du Bureau et de la Conférence des


Bureaux. Il est l’ordonnateur du budget du parlement. Il perd ce privilège à l’expiration de son
mandat.

Le président est élu pour la durée de la législature. Tout député provenant de l’Etat auquel le
poste de président a été attribué peut se porter candidat à l’élection du président. Pendant la
durée de la transition, le président ne réside pas au siège du parlement.

Le secrétariat général

Le Secrétaire général est le chef de l’administration du parlement sous l’autorité du Président.


A la fin de chaque législature et avant l’inauguration d’une nouvelle législature et l’élection
d’un président, le Secrétaire général continue à assurer l’administration quotidienne du
parlement.

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Le Secrétaire général et les directeurs sont nommés selon la procédure définie par le
règlement du personnel de la Communauté.

Paragraphe 4 : La Cour de Justice de la CEDEAO

Aux termes de l’article 15 du Traité de la CEDEAO, « Il est créé une Cour de justice de la
Communauté. Le statut, la composition, les compétences, la procédure et les autres questions
concernant la Cour de justice sont définis dans le Protocole y afférent. Dans l'exercice de ses
fonctions, la Cour de justice est indépendante des États membres et des Institutions de la
Communauté. Les arrêts de la Cour de justice ont force obligatoire à l'égard des États
membres, des Institutions de la Communauté, et des personnels physiques et morales ».

Ainsi, la Cour de Justice a été créée en 1993 par le Traité révisé en cette même année. Elle a
son siège social à Lagos au Nigéria.

La composition de la Cour de Justice de la CEDEAO :

La Cour est composée de 7 juges devant être des ressortissants de la communauté. Ils sont
désignés par la conférence des Chefs d’État et de Gouvernement à partir d’une liste comptant
deux juges proposés par État-membre.

Les premiers juges de la Cour ont été nommés le 30 janvier 2001.

Les membres de la Cour sont nommés pour une période cinq (5) ans. Leur mandat ne peut
être renouvelé qu’une seule fois pour une autre période de cinq (5) ans seulement.

Toutefois, pour les membres de la Cour nommes pour la première fois, le mandat de trois (3)
membres expire au bout de trois (3) ans et celui des quatre (4) autres membres au bout de cinq
(5) ans.

Les attributions de la Cour de Justice de la CEDEAO :

La Cour de Justice de la CEDEAO est l’organe de contrôle et de sanction de la législation


communautaire.

Dans ce sens, la Cour a compétence sur tous les différends qui lui sont soumis et qui ont pour
objet : l’interprétation et l’application du Traite, des Conventions et Protocoles de la
Communauté; l’interprétation et l’application des règlements, des directives décisions et de
tous autres instruments juridiques subsidiaires adoptes dans le cadre de la CEDEAO ;
l’appréciation de légalité des règlements, des directives, des décisions et de tous autres

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instruments juridiques subsidiaires adoptes dans le cadre de la CEDEAO ; l’examen des
manquements des Etats membres aux obligations qui leur incombent en vertu du Traite, des
Conventions et Protocoles des Règlements des décisions et des directives ; l’application des
dispositions du Traite, Conventions et l’application des dispositions du Traite, Conventions et
Protocoles, des règlements, des directives ou des décisions de la CEDEAO.

En outre, la Cour de Justice de la Communauté se charge d’arbitrer des conflits entre les Etats
membres ou entre la communauté et ses agents. C’est pourquoi la Cour se charge de :
l’examen des litiges entre la Communauté et ses agents ; des actions en réparation des
dommages causés par une institution de la Communauté ou un agent de celle-ci pour tout acte
commis ou toute omission dans l’exercice de ses fonctions.

Enfin, la Cour de Justice juge de la responsabilité des institutions de la Communauté et de ses


agents. C’est ce qui lui donne la compétence pour déclarer engagée la responsabilité non
contractuelle et condamner la Communauté à la réparation du préjudice causé, soit par des
agissements matériels, soit par des actes normatifs des Institutions de la Communauté ou de
ses agents dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs agents dans l’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.

Il faut préciser que l’action en responsabilité contre la Communauté ou celle de la


Communauté contre des tiers ou ses agents se prescrivent par trois (3) ans à compter de la
réalisation des dommages.

La procédure devant la Cour de Justice de la CEDEAO :

La Cour de Justice de la CEDEAO peut être saisie par :

-Tout Etat membre et, à moins que le Protocole n’en dispose autrement, le Secrétaire
Exécutif, pour les recours en manquement aux obligations des Etats membres ;

-Tout Etat membre, le Conseil des Ministres et le Secrétaire Exécutif pour les recours en
appréciation de la légalité d’une Exécutif pour les recours en appréciation de la légalité d’une
action par rapport aux textes de la Communauté ;

-Toute personne physique ou morale pour les recours en appréciation de la légalité centre tout
acte de la Communauté lui faisant grief ;

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-Toute personne victime de violations des droits de l’homme ; la demande soumise à cet effet
: ne sera pas anonyme ; ne sera pas portée devant la Cour de Justice de la Communauté
lorsqu’elle a déjà été portée devant une autre Cour internationale compétente ;

-Tout membre du personnel des institutions de la Communauté après épuisement sans des
recours prévus par le Statut et le Règlement du personnel de la Communauté ;

Paragraphe 5 : Le Secrétariat exécutif

Il a été créé au sein de la CEDEAO un Secrétariat exécutif de la Communauté. Il est régi par
les articles 18 à 20 du Traité de la CEDEAO.

Le Secrétariat est dirigé par un Secrétaire exécutif assisté de secrétaires exécutifs adjoints
ainsi que du personnel nécessaire au bon fonctionnement de la Communauté.

Le Secrétaire exécutif est nommé par la Conférence pour une période de quatre (4) ans
renouvelable une seule fois pour une autre période de quatre (4) ans. Il ne peut être relevé de
ses fonctions que par la Conférence, sur sa propre initiative ou sur recommandation du
Conseil des ministres.

Un Comité de sélection et d'évaluation du rendement des fonctionnaires statutaires procède à


une évaluation parmi les ressortissants des États membres auxquels sont attribués les postes
statutaires et propose, dans un ordre de préférence, trois (3) candidats à la Conférence pour
une sélection définitive.

Le Secrétaire exécutif doit être une personne intègre de compétence avérée ayant une vision
globale des problèmes politiques et économiques et d'intégration régionale.

Les Secrétaires exécutifs adjoints et les autres fonctionnaires statutaires sont nommés par le
Conseil des ministres sur proposition du Comité ministériel de sélection et d'évaluation au
terme d'une évaluation parmi les trois (3) candidats présentés par les

États membres respectifs auxquels les postes sont attribués. Ils sont nommés pour une période
de quatre (4) ans renouvelable une seule fois pour une autre période de quatre (4) ans.

Les vacances de postes sont publiées dans tous les États membres auxquels sont attribués les
postes statutaires.

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Lors de la nomination du personnel professionnel de la Communauté, il sera dûment tenu
compte en plus des conditions d'efficacité et de compétence technique, d'une répartition
géographique équitable des postes entre les ressortissants de tous les États membres.

Le Secrétaire exécutif est le principal fonctionnaire exécutif de la Communauté et de toutes


ses Institutions sauf dispositions contraires du traité et des protocoles annexes.

Le Secrétaire exécutif dirige les activités du Secrétariat exécutif et est, sauf dispositions
contraires d'un protocole, le représentant légal de l'ensemble des Institutions de la
Communauté.

Sans préjudice de l'étendue générale de ses responsabilités, le Secrétaire exécutif est chargé
de:

-l'exécution des décisions de la Conférence et l'application des règlements du Conseil;

-la promotion des programmes et projets de développement communautaires ainsi que des
entreprises multinationales de la région;

-la convocation, en cas de besoin, de réunions de ministres sectoriels pour examiner les
questions sectorielles qui contribuent à la réalisation des objectifs de la Communauté;

-l'élaboration des projets de programmes d'activités et de budget de la Communauté et de la


supervision de leur exécution après leur approbation par le Conseil;

-la présentation d'un rapport sur les activités de la Communauté à toutes les réunions de la
Conférence et du Conseil;

-la préparation des réunions de la Conférence et du Conseil et la fourniture des services


techniques nécessaires ainsi que des réunions des experts et des Commissions techniques;

-le recrutement du personnel de la Communauté et la nomination aux postes autres que ceux
des fonctionnaires statutaires conformément au Statut et Règlement du personnel;

-la soumission de propositions et l'élaboration d'études qui peuvent aider au bon


fonctionnement et au développement harmonieux et efficace de la Communauté;

-l'élaboration de projets de textes à soumettre à la Conférence ou au Conseil pour approbation.

Dans l'accomplissement de leurs fonctions, le Secrétaire exécutif, les Secrétaires exécutifs


adjoints et les autres membres du personnel de la Communauté doivent entière loyauté à la
Communauté et ne rendent compte qu'à elle. À cet égard, ils ne sollicitent ni n'acceptent

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d'instructions d'aucun gouvernement ni d'aucune autorité nationale ou internationale
extérieure à la Communauté. Ils s'abstiennent de toute conduite ou activité incompatibles avec
leur statut de fonctionnaire international.

Chaque État membre s'engage à respecter le caractère international du statut du Secrétaire


exécutif, des secrétaires exécutifs adjoints et des autres fonctionnaires de la Communauté et
s'engage à ne pas chercher à les influencer dans l'accomplissement de leurs fonctions.

Les États membres s'engagent à coopérer avec le Secrétariat exécutif et les autres Institutions
de la Communauté et à les aider dans l'accomplissement des fonctions qui leur sont dévolues
en vertu du traité portant création de la CEDEAO.

Paragraphe 6 : Les Commissions techniques spécialisées

Au sein de la CEDEAO, il a été créé plusieurs Commissions techniques. Il s’agit des


Commissions suivantes : alimentation et agriculture; industrie, science et technologie, et
énergie; environnement et ressources naturelles; transports, communications et tourisme;
commerce, douanes, fiscalité, statistique, monnaie et paiements; affaires politiques, judiciaire
et juridique, sécurité régionale et immigration; ressources humaines, information, affaires
sociales et culturelles; administration et finances.

La Conférence peut, si elle le juge nécessaire, restructurer les Commissions existantes ou en


créer de nouvelles.

Chaque Commission comprend des représentants de chacun des États membres. Chaque
Commission peut, si elle le juge nécessaire, créer, pour l'aider dans l'accomplissement de ses
fonctions, des sous-commissions dont elle détermine la composition.

Dans son domaine de compétence, chaque Commission a pour mandat:

-de préparer des projets et programmes communautaires, et de les soumettre à l'approbation


du Conseil par l'intermédiaire du Secrétariat exécutif, soit sur sa propre initiative, soit à la
demande du Conseil ou du Secrétaire exécutif;

-d'assurer l'harmonisation et la coordination des projets et programmes communautaires;

-de suivre et faciliter l'application des dispositions du présent traité et des protocoles relevant
de son domaine de compétence;

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-d'accomplir toute autre tâche qui pourrait lui être confiée en application des dispositions du
présent traité.

Sous réserve des directives qui peuvent être données par le Conseil, chaque Commission se
réunit aussi souvent que nécessaire. Elle établit son règlement intérieur qu'elle soumet au
Conseil pour approbation.

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