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THEME III 

: REGROUPEMENT ET COOPERATION ECONOMIQUE


LECON 2 : LES RELTIONS UE/ACP : UN EXEMPLE DE COOPERATION NORD/ SUD

INTRODUCTION
L’Union Européenne (U.E) regroupe 28 pays d’Europe. Depuis sa création, elle entretient des relations avec un
ensemble de pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (A.C.P) au nombre de 77.
Les relations U.E – A.C.P s’inscrivent dans le cadre des relations nord - sud encouragées par les Nations Unies
(O.N.U) dans le cadre de l’amélioration des conditions de l’humanité. Comment se sont constituées les relations U.E –
A.C.P ? Quels sont les différents accords de coopération entre l’U.E et les A.C.P ? Quelle est la contribution de ce
type de relations nord – sud dans le développement des parties contractantes ? Quelles sont les difficultés de cette
coopération ?

I- L’ETABLISSEMENT DES RELATIONS ENTRE L’U.E ET LES ETATS A.C.P.

1- La mise en place de l’Union Européenne : De la C.E.C.A en 1951 à l’U.E en 1993.


L’UE trouve ses origines dans la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) créée en Avril 1951 par
la France, la RFA, l’Italie, la Hollande, le Luxembourg et la Belgique. Vu les succès de la CECA, les 6 pays décident
d’élargir leur coopération et en 1957, ils signent le traité de Rome créant la CEE (Communauté Economique
Européenne). C’est en 1993 que la CEE prendra la dénomination d’Union Européenne (UE) après la signature du
traité de Maastricht en 1992 créant l’union économique et monétaire (marché unique). L’Euro la nouvelle monnaie de
l’union est entrée en vigueur en Janvier 2002 et depuis Janvier 2013, l’UE compte 28 pays européens.
Au total l’UE est une puissance économique dans le monde. C’est la deuxième puissance agricole et au niveau des
échanges, elle est la première puissance mondiale avec 40% des échanges mondiaux.

2-La constitution des A.C.P : Des P.T.O.M en 1957 au groupe A.C.P en 1975.
En 1957, les 4 puissances coloniales membres de la CEE (France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie) décident que
leurs colonies bénéficient de la coopération européenne. Ces colonies devenues indépendantes sont aujourd’hui les
principales clientes de l’Union Européenne. La dénomination A.C.P date de 1975. Auparavant, de 1957 à 1963 on
parlait des Pays et Territoires d’Outre-Mer (P.T.O.M). De 1963 à 1975, on parlait des Etats Africains et Malgaches
Associés (E.A.M.A) au nombre de 18. C’est à la convention de Lomé 1 en 1975 qu’on a parlé des A.C.P avec l’entrée
dans le groupe des colonies britanniques.
Aujourd’hui ce sont 77 Etats A.C.P qui échangent avec l’Europe des 27. Ces pays sont essentiellement pauvres et
ne représentent pas encore 5% des échanges mondiaux. Ils ont donc besoin de débouchés en Europe et de soutien
financier, humain et matériel dans le cadre de leur développement.

2- Les objectifs de la coopération U.E – A.C.P.


Il s’agit :
♦ Pour l’U.E de sauvegarder avant tout les relations commerciales existant depuis la colonisation entre les pays
européens et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
♦ Du développement d’un partenariat privilégié entre les A.C.P et l’Union Européenne.
♦ Du développement économique, social et culturel des parties en présence.
♦ De contribuer à réduire les disparités planétaires au niveau du développement par l’établissement d’un certain
équilibre entre pays du nord et du sud. Au total, l’U.E qui
est une puissance économique et les A.C.P un groupe de pays pauvres éprouvent un besoin mutuel. C’est une
coopération qui vise donc la prospérité des partenaires. Pour y parvenir, plusieurs accords de coopération seront signés
entre l’U.E et les A.C.P.

II- LES ACCORDS DE COOPERATION U.E – A.C.P.


En 1957, le traité de Rome créant la CEE avait prévu une aide aux anciennes colonies sous forme de convention qui
favoriserait les échanges dans les deux directions. Ainsi, après la signature de la 1 ère convention d’Association à Paris
en 1957, les premières véritables conventions furent signées à Yaoundé (Cameroun) avant de passer à Lomé (Togo) et
enfin à Cotonou (Bénin) aujourd’hui.

1- La première convention d’association (1958-1963)


Signée en 1957, cette convention est entrée en vigueur en 1958. Elle regroupe les 6 pays de la C.E.E et 18 Pays et
Territoires d’Outre-Mer (P.T.O.M).
Cette 1ère convention établit une préférence à l’avantage des P.T.O.M et elle crée le FED destiné à financer les
équipements de base dans ces pays.

2- Les conventions de Yaoundé (1963-1975)


Elles sont au nombre de deux. Ce sont :

a- La convention de Yaoundé 1 (1963-1970)


Ces accords ont été signés le 20 Juillet 1963 et devaient entrer en vigueur en 1964. Ce sont 18 pays E.A.M.A. et les 6
Etats de la C.E.E. qui étaient présents. En ce qui concerne le Commerce, la convention de Yaoundé 1 prévoit la
suppression des tarifs de douane et des quotas d’importation. Cette convention voulait donc faciliter les échanges. Le
FED (Fond Européen de Développement), qui a vu ses ressources financières augmenter devait se joindre à la BEI
(Banque Européenne d’Investissement) dans le financement des projets des Etats A.C.P.

b- La convention de Yaoundé 2 (1970-1975)


Pendant ces accords, l’éventail des aides a été augmenté en faveur des pays A.C.P, mais l’accent a été mis sur
l’industrialisation des A.C.P. La convention a aussi encouragé la coopération Sud – Sud et a demandé la mise en place
de marchés de tailles suffisantes pour rentabiliser les investissements industriels.
Au total, les accords de Yaoundé ont beaucoup mis l’accent sur le commerce. Ces accords prenaient fin en 1974.
Or entre temps, l’effectif des différents groupes avait augmenté. La révision des clauses était donc nécessaire.

3- Les accords de Lomé (1975-2000)


Les accords de Lomé sont au nombre de quatre. Ce sont :

a- Les accords de Lomé 1 (1975-1980)


Ces accords ont été signés le 28 Févier 1975 et devaient entrer en vigueur en 1976. Plusieurs décisions ont été
prises. Ce sont :
► Dans le domaine Commercial : il est supprimé les droits de douane et les quotas pour les produits industriels des
A.C.P entrant dans la C.E.E.
► Dans le domaine Agricole : La C.E.E met en place un mécanisme de stabilisation des recettes d’exportations des
produits agricoles des A.C.P : C’est le STABEX (Système de Stabilisation des Recettes d’Exportation). Ainsi, en cas
de baisse des coûts des produits agricoles sur le marché mondiale ou de mauvaise récolte liée à des conditions
naturelles déplorables, la C.E.E devait favoriser des compensations financières en faveur des pays A.C.P touchés.
► Dans le domaine financier et technique : Le FED et la BEI accordent aux A.C.P une aide de 5,7 milliards d’E.C.U
pour la période de 1976 à 1980. Cette aide était destinée à financer les infrastructures de transport et de
communication dans les pays A.C.P.
► Dans le domaine social : un fond d’intervention en cas de catastrophes naturelles est créé. Au total, la convention
de Lomé 1 marque un progrès remarquable dans la coopération U.E – A.C.P.

b- Les accords de Lomé 2 (1980-1985)


Cette convention est signée le 31 octobre 1979 et est entrée en vigueur à partir de 1980. Lomé 2 met en place le
SYSMIN qui est une sorte d’assurance pour les Etats A.C.P contre la chute brutale des prix des produits miniers.
c- Les accords de Lomé 3 (1985-1990)
Ces accords sont signés en Décembre 1984 et devaient entrer en vigueur en 1985. Mais le nombre grandissant des
partenaires a fait prolonger les négociations. Lomé 3 augmente les aides en faveur des A.C.P avec 58 milliards de
FCFA. Cette enveloppe devait servir à financer des projets dans le domaine Agricole. Dans le domaine Industriel, il
s’agit de la transformation des matières premières à l’intérieur des A.C.P avant leur exportation. Le SYSMIN est
étendu à de nouveaux produits. Enfin, Lomé 3 a accordé une grande importance à la pauvreté contre laquelle une
partie de l’aide était destinée.

d- Les accords de Lomé 4 (1990-2000)


Cette convention a été signée le 15 Décembre 1989 et est entrée en vigueur en 1990. Elle s’étend sur 10 ans repartis en
deux tranches, à savoir de 1990 à 1995 et de 1995 à 2000. Au cours de cette convention, 13 milliards de dollars sont
accordés aux A.C.P comme aide pour financer les projets de développement rural.
Lomé 4 a mis aussi l’accent sur les questions de protection de la nature et de ses ressources. A ce titre, il a été interdit
au pays développés de déverser des déchets toxiques dans les pays A.C.P. Enfin, cette convention a porté sur les
questions industrielles, sur la question de la dette à rééchelonner (reporter le paiement de la dette), et sur les problèmes
sociaux liés à la mise en application des plans d’ajustements structurels. A cet effet, une enveloppe de 1,15 milliards
d’ECU a été débloquée.

4- Les accords de Cotonou (2000-2020)


Ils ont été signés le 23 juin 2000 pour une durée de 20 ans. Mais ils ont une clause de révision tous les cinq ans et les
accords financiers ont une durée de 5 ans. Ce sont des accords de partenariat et de développement. Plusieurs décisions
y ont été prises. Ce sont :
► Au plan politique : Cotonou a mis l’accent sur la nécessité de préserver une stabilité politique dans les Etats A.C.P,
sur le respect des droits de l’homme, des principes démocratiques et de la bonne gestion.
► Au plan social : Cotonou s’est fixé pour objectif central la lutte contre la pauvreté en mettant l’accent sur le
développement économique, social et humain.
Il a enfin mis l’accent sur l’intégration et la coopération régionale, sur l’égalité des hommes et des femmes, la
gestion durable de l’environnement etc.
► Au plan économique : Un nouveau cadre commercial a été défini et devrait entrer en vigueur en 2008 et la
coopération a accordé un avantage aux A.C.P qui libéralisent leurs exportations sur l’espace U.E.
► Au niveau de l’aide : Une enveloppe totale de 15.349,3 milliards de FCFA a été accordée aux A.C.P pour la
période de 2000-2005.
Au total, les accords U.E – A.C.P sont de nature à faciliter les échanges entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Malheureusement, cette coopération entre l’U.E et les A.C.P rencontre des difficultés.

III- LES AVANTAGES ET LES DIFFICULTES DE LA COOPERATION U.E – A.C.P.

1- Les avantages de la coopération.

a- Pour l’Union Européenne.


Cette coopération permet à l’U.E d’obtenir des matières premières à bon marché et de disposer d’un vaste marché
pour ses produits manufacturés. Ce qui lui permet de faire des bénéfices importants.
b- Pour les Etats A.C.P.
♦ Dans le cadre du dialogue nord – sud, l’U.E pratique vis-à-vis des A.C.P une politique active d’aide au
développement grâce au FED et à la BEI.
♦ Avec certains pays A.C.P, l’Union Européenne a passé des accords spéciaux permettant à ces pays de vendre leurs
productions en Europe sans droits de douane.
♦ Grâce au STABEX et au SYSMIN, l’U.E aide les A.C.P lorsque le prix de leurs produits baisse sur le marché
mondial afin de leur garantir des revenus constants.
♦ L’aide de l’Europe au tiers-monde comporte également l’envoi de dons dans les pays victimes de catastrophes
naturelles ; l’attribution de prêts à des taux peu élevés ; l’envoi de coopérants civils (techniciens et surtout
enseignants) ; le financement d’équipements variés et une assistance technique.

2- Les difficultés de la coopération.


Ces difficultés sont beaucoup liées à des divergences de point de vue sur certains points de la coopération. Ce sont :
a- Au niveau des aides.
Les A.C.P trouvent les enveloppes financières faibles et reprochent au STABEX son mauvais fonctionnement en
raison des ressources faibles et tardives. Exemple : En 1999, la Cote d’Ivoire a connu des pertes de recettes à 600
milliards de FCFA, mais n’a reçu en compensation du STABEX que 49,528 milliards de FCFA (75,5 millions d’Euro)
au titre du 9ème FED.
Aussi, certains membres de l’U.E ne comprennent pas la nécessité des aides aux A.C.P qu’ils jugent trop élevées et
refusent donc de les payer ou les payent tardivement. D’ailleurs, en ce qui concerne l’aide au développement, l’U.E
parle désormais d’une prise en charge personnelle des A.C.P.
b- Au niveau des échanges.
Les A.C.P. reprochent à l’U.E. de favoriser par des subventions l’émergence des produits concurrentiels
synthétiques ou chimiques et des produits en provenance des Etats Latino-américains et Asiatiques.
c- Au plan Politique.
L’U.E. impose aux A.C.P des conditions de bonne gouvernance passant par la démocratisation des Etats avant
d’octroyer l’aide au développement. Elle impose en outre un système de contrôle de l’utilisation des aides en se basant
sur les faits passés. Toutes ces conditions de
l’U.E sont jugées par les Etats A.C.P comme une ingérence dans leurs affaires intérieures. Au total, la Coopération
U.E – A.C.P rencontre aujourd’hui des problèmes.

REMARQUES : L’augmentation de l’effectif de l’U.E a accentué les divergences de point de vue. En plus, avec la
levée du «Rideau de fer », l’Europe de l’ouest est plus orientée vers ses compères de l’Est. Cette nouvelle situation
réduit l’importance accordée aux Etats A.C.P qui se voit progressivement ignorés.

CONCLUSION
La coopération U.E – A.C.P s’étend à divers domaines de l’Economie et du social. Elle constitue un bel exemple de
Coopération nord-sud, malgré les imperfections que l’on peut lui reprocher. Il appartiendra donc aux différents
partenaires d’œuvrer pour un mieux-être de cette coopération afin de la rendre plus efficace.

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