Vous êtes sur la page 1sur 7

OUTILS LES ETAPES DE LA PROGRESSION DU COURS PPO (Terminale) RENFORCEMENT

DIDACTIQUES
Préambule
Q : une colonie française d’Afrique arrache son indépendance au terme d’une longue guerre.
Laquelle ?
R : l’Algérie

CHAPITRE II :

LEÇON 3 : L’INDEPENDANCE DE L’ALGERIE

O. E. G : Au cours de cette leçon, nous vous amènerons à comprendre les facteurs d’éveil du nationalisme
algérien, sa radicalisation et la guerre qui aboutit à l’indépendance en 1962.

INTRODUCTION
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les empires coloniaux dont celui de la France se
désagrège. L’Algérie, située en Afrique du Nord, colonie française de peuplement depuis 1830, est la seule
qui arrache son indépendance au terme d’une longue guerre.
Quelles sont les grandes étapes de la décolonisation de l’Algérie ?

I- LES FACTEURS DE LA DECOLONISATION

1- Le statut politique et administratif

L’Algérie, département d’Outre-mer (DOM), est considérée comme partie intégrante de la France. Elle est
régie par les institutions et les lois françaises.
En Algérie cohabite :
- les français d’Algérie (les pieds noirs) estimé à 1 million et
- les arabes algériens estimés à 8,5 millions constituent la majorité de la population.
Ces deux communautés vivent dans le même pays sans avoir les mêmes droits :
- les pieds noirs détiennent l’essentiel des postes de l’administration alors que
- les arabes sont peu représentés

1
2- Les inégalités économiques et sociales

Au plan économique l’on note :


- Une inégalité des partages des terres car les terres fertiles appartiennent aux « pieds noirs » alors
que les terres incultes sont détenus par les 8,5 millions d’arabes
- Les Algériens sont seulement 4% dans le secteur industriel et 8% dans le secteur tertiaire
Au plan social l’on constate que :
- les Algériens, soumis au code de l’indigénat, sont confrontés au chômage, à la pauvreté à l’exode
rural, à peine 10% sont scolarisés en 1939
ils demeurent donc marginalisés et prolétarisés.
Ces injustices provoquent une prise de conscience nationale qui aboutit à la création des mouvements
nationalistes à partir de 1926. Loi Blum-Violette,
projet d’une loi (1937)
qui aurait accordé les
3- La montée du nationalisme algérien
droits politiques
aux »évolués
a- La naissance des mouvements algériens » il se
Ces mouvements vont naitre du faite des différentes inégalités mais aussi du refus des pieds noirs à heurta à l’opposition
toutes reformes pace que très attachés à leurs privilèges. des pieds noirs et des
Oulémas (les
Trois grandes tendances :
docteurs de la loi
- Le courant révolutionnaire, radical ou activiste avec Messali Hadj qui crée en 1926 l’étoile nord
africaine (ENA) en France qui devient en 1937 le parti populaire algérien (PPA).
Ce parti entant conduire l’Algérie à l’indépendance totale par une révolution socialiste et la lutte.
- Le courant moderniste ou modéré avec Ferhat Abbas et Ben Djelhoul qui crée la fédération des
élites indigènes (FEI) puis l’Union Populaire Algérien (1936). Ce parti prône assimilation. Aussi
Ferhat Abbas publie le 10 février 1943 le « manifeste du peuple algérien » qui pose le principe d’un
Etat algérien autonome et démocratique à caractère fédéral. En 1944 il crée également l’Association
des amis du manifeste et de la liberté (AML).
- Le courant traditionniste avec Ben Badis qui crée le mouvement religieux appelé les « Ouléma » en
1931. Ils s’opposent à toute intégration et ont pour slogan « l’islam est ma religion, l’arabe est ma
langue, l’Algérie est ma patrie ».

b- Le développement du nationalisme algérien


La France pour tempérer les ardeurs des nationalistes initie des reformes :
- Les reforme de 1943 : la France propose l’assimilation des musulmans (citoyenneté française,
abolition du code de l’indigénat, accès des musulmans à tous les emplois…)
2
- L’ordonnance du 07 mars 1944 : le générale de Gaulle alors président du Comité Français de
Libération Nationale (CFLN) accorde la citoyenneté française à 60 milles algériens. Mais les Ouléma
et Messali Hadj refusent cette offre.
La fin de la deuxième guerre mondiale va accélérer les évènements. en effet, le refus des Algériens de
s’associer à la fête célébrant la victoire des Alliés (08 mai 1945) occasionne des incidents violents à Sétif en
Kabylie. Le bilan est, lourd : 100 morts européens et 1500 musulmans tués. Les partis politiques sont
dissouts et des leaders comme Ferhat Abbas et Messali hadj sont emprisonnés. La propagande nationaliste
s’intensifie et la cohabitation entre les deux communautés (européennes et musulmanes) est rendue très
difficile malgré l’amnistie de mars 1946 qui remet en cause les mesures d’exception suite aux émeutes de
Sétif. Les nationalistes vont donc se réorganiser.

c- La réorganisation des mouvements nationalistes


Deux mouvements qui ont joué le rôle de mobilisation dans la lutte pour l’évolution vers
l’indépendance du pays sont crées en 1946 :
- L’UDMA (l’Union Démocratique du Manifeste Algérien) de Ferhat Abbas
- Le MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés démocratiques) de Messali Hadj.

Devant durcissement des nationalistes, le parlement français élabore pour l’Algérie un statut
promulgué en 1947 qui sera contesté.

II- L’EXACERBATION DES ANTAGONISMES

1- Le refus du nouveau statut de 1947


a- Les dispositions du statut de 1947
Ce statut prévoit :
 Au plan économique et social
- Projet d’industrialisation, de création d’écoles, d’enseignement de l’arabe
- Liberté de culte aux musulmans, égalité des droits
 Au plan politique
- Désignation par la France d’un pouvoir exécutif local
- Le pouvoir législatif est partagé entre le parlement français et l’assemblée algérienne élue
au suffrage universelle par les deux communautés (Européens, musulmans)
L’assemblée algérienne comprend 120 membres avec 60 députés représentant les Européens (moins
d’un millions) et 60 autres pour les 8.5 millions d’arabes.

3
b- Les insuffisances du statut de 1947
Ce sont :
 La majorité des 2/3 requise pour les grandes décisions est impossible d’obtenir par les Algériens
 L’Assemblée n’est ni représentatif, ni souveraine car elle peut être dissoute par le Conseil des
ministres de France
 Le gouverneur général Naegelen, nommé en Janvier 1948, de concert avec la minorité
européenne organise le trucage systématique des élections au profit des candidats de l’administration. la
plupart des candidats nationalistes sont donc écartés. Ce statut est ainsi privé de toute crédibilité.
Pour les nationalistes algériens, il n’y a pas d’autres recours que l’action violente et la clandestinité.

2- La radicalisation du nationalisme algérien


Ben Bella crée l’Organisation Secrète (OS) branche armée du MTLD chargé de préparer la résistance
armée. L’OS est démantelé par la police en 1950. Mais le leader du MTLD, Messali Hadj, accusé d’agir en
dictateur au sein de son parti, entraine la division du MTLD en 1954. Ainsi, nait un nouveau parti
dénommé le Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action (CRUA) fondé par les anciens membres de l’OS.
Ils fondent aussi l’Armée de Libération Nationale (ALN) qui apparait comme une branche armée du FLN
(Front de Libération Nationale) fondé au Caire en Égypte en Octobre 1954. Ces dirigeants affirment ne plus
rien attendre de la France. Les dirigeants historiques du FLN sont : Ben Bella, Aït Ahmed, Boudiaf,
Belkacem Krim, Bitah Ben Boulaïd, Ben Mhidi, Didouche.

III- LA GUERRE D’INDEPENDANCE DE L’ALGERIE (1954-1962)


.
1- La lutte armée (1954-1958)

a- L’action du FLN et la réaction violente de la France. Pierre Mendès


L’insurrection algérienne commence le premier novembre 1954 à minuit dans deux régions la Kabylie France : président du
et l’Aurès : c’est la "Toussaint rouge". Elle se propage ensuite dans plusieurs régions et se manifeste par une Conseil français de
série d’attentats, d’incendies et d’agressions. Le FLN réclame l’indépendance, l’ouverture de négociations Juin 1954-fév. 1955
François Mitterrand :
sur la base de reconnaissance de la souveraineté Algérienne. plusieurs fois
Le gouvernement français de Pierre Mendès France, par son ministre de l’intérieur, François Mitterrand, ministres sous la IVè
rejette toute idée de négociation partant du principe alors non contesté que « l’Algérie c’est la France ». République
mais il reconnait la nécessité de faire des reformes. Application réelle du
L’état d’urgence est proclamé en Avril 1955. statut de 1947,
reforme
En août 1955, le FLN par sa branche militaire l’ALN organise des massacres d’Européens (100 morts). Les économiques et
Européens répondent par des « ratonnades » (la chasse à l’arabe) qui font plus un millier de morts. Les sociales, scolarisation
4
deux communautés (Européennes et Arabes) s’opposent désormais, et la guerre s’étend à toute l’Algérie Guy Mollet :
sous l’emprise du FLN. président du Conseil
de 1956 à 1958
Le gouvernement de Guy Mollet se propose de faire des reformes. Il se rend à Alger et norme Robert
Lacoste comme ministre résident, un socialiste autoritaire ayant la confiance des Européens à la place du
Général Catroux jugé trop libéral.
La nouvelle politique du gouvernement : « cessez-le-feu, élections, négociations » ne peut convenir au
FLN qui n’accepte d’arrêter le combat que si l’indépendance de l’Algérie est garantie.
Dans ces conditions, Guy Mollet obtient du parlement français les pouvoirs spéciaux. Il porte les Les militaires
troupes à 400 milles hommes, rappelle les réservistes et allonge la durée du service militaire à 27 mois. Sur essayent de se rallier
place, l’armée transforme l’Algérie en province militaire et prend de plus en plus d’initiatives personnelles. les populations en
En novembre 1956, l’armée française arraisonne un avion marocain transportant à bord 4 personnalités employant les
du FLN dont Ahmed Ben Bella et Boudiaf. A Alger les parachutistes de l’armée française dirigée par le méthodes qui avaient
réussir au Vietminh
général Massu luttent contre le terrorisme urbain aveugle du FLN. en Indochine :
De janvier à juillet 1957, ils mènent la « bataille d’Alger » (fouilles, contrôles, arrestations, torture, alphabétisation,
exécutions sommaires) et démantèlent les réseaux du FLN. La guerre ne s’achève pas pour autant mais reforme agricole,
prend une dimension internationale : on l’évoque à l’ONU, les pays arabes réunis au sein de la ligue arabe administration, soins
aident le FLN, des chefs historiques s’installent au Caire. Le Maroc et la Tunisie (indépendants en 1956) lui médicaux.
fournissent vivres et base arrière. Ligue arabe :
En janvier 1958, le village tunisien de Sakiet-Sidi-Youssef est bombardé par l’armée française. Mais cela organisme constitué
ne freinera pas l’ardeur des combattants de l’ALN. La persistance de ce conflit crée une instabilité politique le 22 mars 1954 sur la
en France. base de la solidarité
des pays arabes, par
l’Egypte, la Syrie, le
b- l’arrivée au pouvoir de de Gaulle et la chute de la IVè République Liban, l’Irak, la
A Alger, les pieds noirs craignant l’abandon de l’Algérie par la France, organise une émeute. Un comité Jordanie, l’Arabie
de salut public présidé par le général Massu demande le maintien de la France en Algérie. Le Saoudite et le Yémen
gouvernement, dépassé par les évènements, délègue tous les pouvoirs civils et militaires au général Salan. auxquels se joint
Le 13 mai 1958 ils organisent une grande manifestation au cours de laquelle les manifestants réclament d’autres pays dont la
Libye, Djibouti…
le retour du général de Gaulle.
Le 1er juin 1958 ; de Gaulle est investi par l’Assemblée président du Conseil avec les pleins pouvoirs et la Comme
mission de préparer avec le gouvernement une nouvelle constitution soumise à référendum. La IVè conséquences : au
République disparait au profit de la Vè République. plan politique la
guerre créée une
instabilité politique,
au plan économique
la guerre fait renaitre
l’inflation
5
2- Le dénouement difficile de la crise (1958-1962) (dévaluation de 20%
en 1957) et vide les
caisses de l’Etat. Il y a
a- La politique algérienne de de Gaulle aussi la hantise d’un
Quand de Gaulle arrive au pouvoir, il ne semble pas avoir une position nette sur la question second Diem Bien
algérienne. En effet, investi le 1er juin, de Gaulle se rend à Alger le 4 juin où il prononce ses phrases Phu (guerre
historiques et ambigües : « je vous ai compris » et « vive l’Algérie française ». Il s’efforce d’abord de d’Indochine que les
conserver l’Algérie, pendant ce temps, les combats se poursuivent entre l’armée et le FLN. Français ont perdue).
En septembre 1958, il propose « la paix des braves » c'est-à-dire la fin des combats sans négociations.
Puis il initie des reformes visant à l’intégration effective des populations musulmanes par le
développement de l’économie et par des mesures sociales. Mais cette politique d’ouverture reste sans
réponse de la part du FLN qui forme en septembre 1958 à Tunis (Tunisie) un Gouvernement Provisoire de
la République Algérien (GPRA) présidé par Ferhat Abbas. L’opinion internationale et l’opinion française
sont de plus en plus lassées d’un conflit qui s’éternise. Le général évolue alors progressivement vers une
solution négociée.
En septembre 1959, de Gaulle reconnait le droit de l’Algérie à l’autodétermination. Cette politique
divise le parlement français et provoque l’hostilité des pieds noirs et de l’armée qui s’estiment trahis par de
Gaulle. Les pieds noirs se soulèvent en janvier 1960 : c’est la « semaine des barricades » à Alger.
Le 21 avril 1961 ; 4 généraux importants (Salan, Challe, Jouhad, Zeller) déclenchent un putsch à Alger
qui échoue et sont mis au arrêt. C’est alors que leurs proches dans l’armée française et d’autres activistes
créent l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS). Celle-ci organise une série d’attentats en France et en
Algérie pour empêcher les nationalistes de prendre le pouvoir.
Ainsi pour trouver une solution à cette situation de crise qui perdure, des négociations s’ouvrent entre
la France et le GPRA en mai 1961 à Évian (France).

b- Les difficiles négociations et l’indépendance algérienne

Les négociations piétinent d’abord et n’entrent ensuite dans la phase active que lorsque les dirigeants
nationalistes emprisonnés sont libérés et la question du Sahara réglée. Elles aboutissent aux accords
d’Évian signés le 18 mars 1962 qui stipulent :
- Le cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire
- La reconnaissance par la France d’un régime provisoire en attendant le référendum
d’autodétermination
- Le Sahara reste partie intégrante de l’Algérie
- Possibilité pour les pieds noirs de rester en Algérie avec des garanties
- Maintien de la coopération entre la France et l’Algérie
6
Le premier juillet, les Algériens votent à 99.7% pour leur indépendance. Le 3 juillet, l’indépendance est
proclamée par Ben Bella qui devient le premier président de l’Algérie libre.

3- Les conséquences de la guerre

a- Pour la France
- 30 milles morts
- Fin de la IVè république
- Exode d’un million de pieds noirs en métropole à la suite des massacres d’Oran du 5 juillet 1962.
Ceux –ci perdent leur terre natale et leurs biens

b- Pour l’Algérie
- Plus d’un million de morts selon les autorités algériennes
- Instabilité politique au lendemain de l’indépendance, cela entraine en 1965, un coup d’Etat qui
renverse Ben Bella.

CONCLUSION

L’indépendance de l’Algérie est survenue à partir d’un mouvement nationaliste très fort et d’une
longue guerre de huit ans. Toutefois la violence dans la vie politique algérienne après les indépendances a
persisté.

Vous aimerez peut-être aussi