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Jacques Rancière :
«Le paysage est une
métaphore de la
coexistence entre
les individus»
Par Catherine Calvet (https://www.liberation.fr/auteur/3273-
catherine-calvet) — 22 mai 2020 à 17:46
Dessin Beya Rebaï
II est bref pour ce qui concerne le rôle donné aux jardins : quelques
dizaines d’années entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe. Mais
il est décisif pour l’idée de l’art qu’il tire hors d’un modèle architectural.
Le jardin à la française, celui dont Versailles est l’exemple, était pensé
en termes architecturaux, comme le prolongement d’un palais. C’était
un prodige d’ingénierie, soumis à des lois géométriques. Mais, pour cela
même, il restait en marge du domaine des beaux-arts. Quand Kant l’y
fait entrer en 1790, c’est en l’éloignant de l’architecture, en le rangeant
dans l’art de la peinture qui est un art de l’apparence. Contrairement à
l’architecture, le jardin a seulement l’apparence d’une finalité
déterminée. Il ne se présente pas comme une œuvre de volonté. Bien sûr
le jardin est construit, mais à l’imitation du paysage naturel qui, lui,
n’est pas l’œuvre d’une volonté. Avec le paysage, le non-voulu, le non-
fait entre dans l’art où il jouera désormais un rôle essentiel