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LECTURE CURSIVE

Les codes esthétiques ébranlés : qu'est-ce qu'une œuvre d'art ?

I COMPREHENSION DES DOCUMENTS

Vous lirez les documents suivants et répondrez aux questions suivantes :

- CORPUS 1 : Querelles esthétiques du XIXème siècle.

Pour la majorité du public et l'Académie des beaux-arts, qu'est-ce qui caractérise une œuvre d'art et la rend
belle ?

Quel est le grand genre pictural du XIXème siècle ?

Pourquoi de nombreux artistes ont-ils critiqué ta Tour Eiffel ?

- CORPUS 2 : Le scandale des œuvres de Manet au XIXème siècle

Après avoir lu le dossier sur Olympia de Manet, expliquez ce qui a été reproché à ce tableau et pourquoi
il a choqué alors que d'autres, comme celui de Cabanel, non.

- CORPUS 3 : Qu'est-ce qu'une œuvre d'art au XXème siècle ?

Lisez dans votre manuel les documents du débat p 439 (documents iconographiques + documents complémentaires
à lire ou visionner en ligne) : expliquez en quoi les œuvres d'art présentées dans ce dossier ont remis en question
les caractéristiques traditionnelles d'une œuvre d'art.
LECTURE CURSIVE
Les codes esthétiques ébranlés :
qu'est-ce qu'une œuvre d'art ?
CORPUS 1

Querelles esthétiques du XIXème siècle

Le siècle constitue une période d'évolution accélérée et bouillonnante dans tous les
domaines. Pour mieux saisir les enjeux de certaines querelles esthétiques qui portent sur
la conception que l'on se fait de l'art et de la beauté, il convient d'abord de brosser un
rapide aperçu du contexte global dans lequel elles naissent

Un siècle de changements et de progrès scientifique


La succession rapide de huit régimes politiques différents, parfois entrecoupés
d'épisodes révolutionnaires, en fait déjà une époque fertile en rebondissements
politiques.
Sur le plan social, l'alphabétisation et le développement considérable de presse
modifient les rapports entre les classes sociales, en donnant un accès plus en plus large
aux connaissances et aux idées.
C'est le siècle où s'élaborent, dans le sillage de la Révolution, de nouveaux idéaux
politiques et sociaux (voir chapitre 3), qui cependant se heurtent au désir concurrent de
maintenir les traditions, les hiérarchies et distinctions sociales.
Le rythme du développement des sciences
(mathématiques, physique, chimie, biologie,
médecine) est particulièrement soutenu et se concrétise dans des inventions techniques :
c'est le siècle de la machine et de la croissance industrielle, du savant, de l'inventeur et de
l'ingénieur. Cette avancée considérable des sciences et des techniques ancre dans les
esprits la foi dans le progrès.
Quant à l'histoire, la géographie, la sociologie, la psychologie..., c'est au cours de ce
siècle qu'elles élaborent leur méthode et s'efforcent de se constituer comme sciences,
qu'on commence à appeler « sociales » ou « humaines »
Ainsi, toutes les sciences se professionnalisent : elles deviennent l'affaire de spécialistes
qui se rencontrent au sein d'institutions (universités, académies, instituts ou encore
musées) désormais prépondérantes. Les échanges jadis fréquents entre savants et amateurs
se raréfient.

Plan de la locomotive à vapeur inventée par


Richard Trevithick et Andrew Vivian en
1805.

Qu'est-ce qui est beau ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ?

Les productions artistiques au XIXème siècle sont extrêmement variées et les « écoles se multiplient. Plusieurs
mouvements artistiques et littéraires traversent le siècle se prolongeant les uns les autres (ainsi du naturalisme poursuivant
le réalisme ou au contraire s'opposant (comme le réalisme au romantisme).

Les conceptions que l'on se fait de la beauté artistique sont donc diverses, Les goûts des artistes et des lettrés, ceux des
institutions académiques, ceux du public peuvent se rejoindre, mais au cours du siècle, ils divergent de plus en plus. On
dégagera cependant certaines lignes de fracture récurrentes.
OPPOSITION ENTRE L'ANCIEN ET LE MODERNE

Le poète Charles Baudelaire estime que l'art véritable


Pour la majorité du public et pour l'Académie des beaux-arts, c'est intègre la modernité : l'artiste doit saisir la spécificité de
l'inscription dans une tradition et la référence au passé qui son époque et en faire un objet esthétique, C'est dans cet
authentifient une œuvre comme « œuvre d’art ». esprit qu'il écrit les Tableaux parisiens ou Le Spleen de
Paris : la gageure est de créer de la beauté grâce à l'art
poétique, en prenant pour sujet la grande ville moderne,
Le grand genre pictural reste encore sous le second Empire, le populeuse, bigarrée et bruyante sans en masquer la
tableau d'histoire, civile ou religieuse. Le renvoi au passé, aussi bien laideur ni l’idéaliser.
pour le sujet d'une œuvre que pour la technique artistique qu'elle La modernité, c'est le fugitif, le transitoire, le contingent,
emploie, est tenu pour critère esthétique : est beau ce qui s'inspire du la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et
passé, laid ce qui s'inspire de la modernité. C'est pourquoi, entre l'immuable.
autres raisons, la peinture réaliste et impressionniste sera si vivement Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne (1863)
rejetée par le goût officiel et le grand public : comment des « scènes
de la vie moderne » pourraient-elles plaire ? L'épisode fameux du
Salon des refusés symbolise cette scission entre l'opinion générale et
certaines peintures innovantes.
Pourtant de nombreux artistes et écrivains, eux-mêmes représentants de la peinture « moderne »
ou romanciers dépeignant le monde contemporain, mobilisent l'association entre l'ancien et le beau,
pour protester contre la « monstrueuse tour » Eiffel qui va défigurer un Paris dont la beauté a été
forgée par des siècles d'histoire.

OPPOSITION ENTRE L'ART ET L'INDUSTRIE

La protestation contre la tour Eiffel, construite par un ingénieur et faite de « tôle boulonnée », s'explique peut-
être moins de la part de ces artistes par un goût exclusif pour l'architecture ancienne, que par le rejet de ce qui
symbolise à leurs yeux l'antithèse de l'art : l'industrie.

En effet, tout produit industriel est susceptible d'être reproduit à l'identique, qui plus est par des machines. L'art,
au contraire, crée des objets uniques, non reproductibles et entièrement originaux. La possibilité d'une production
et d'une reproduction à l'infini des objets les dévalue instantanément : ce n'est qu'une pacotille vouée à être
remplacée, tandis que les œuvres d'art demeurent éternelles.

Enfin, si l'art permet à l'homme d'exercer ses plus hautes facultés intellectuelles et morales, et de les accomplir
dans l'acte de création, l'industrie ne fait que répondre à des besoins matériels.

OPPOSITION ENTRE NOBLESSE ET BASSESSE

Le jugement esthétique recouvre très souvent un jugement moral : ce qui est beau est pur et noble, tandis que la laideur
est impureté et trivialité. Ces associations sont constamment mobilisées à l'égard du réalisme pictural ou littéraire.
C'est ce qui est évoqué ci-après dans le dossier consacré à la réception du tableau de Manet, Olympia. La critique académique
et une très large partie du grand public estiment qu'une œuvre ne saurait être belle si elle s'intéresse à un sujet trivial,
Comme dans le cas du procès intenté au roman de Flaubert, Madame Bovary, on
réprouve le fait de chercher à produire une œuvre belle qui ne soit pas en même temps
« morale ». Or, la moralité recherchée se réduit souvent à une idéalisation et
s'accompagne d'un refus de représenter dans l'art certaines réalités, notamment celles du
monde moderne, des classes populaires, et plus largement de tout ce qui se rapporte au
corps.
C'est dans la deuxième moitié du XIXème siècle que naît une scission entre le
goût du public et les productions artistiques. Jusqu'alors, les artistes gagnaient
l'adhésion de leurs contemporains. Depuis cette époque, la plupart n'ont été
reconnus d'un public large que plusieurs années plus tard. Constantin Meunier, Au
pays noir, 1890
CORPUS 2

1865 : UN SCANDALE AU SALON


Le Salon de peinture et de sculpture était un événement artistique annuel : il se tint à Paris, depuis la fin du XVIIème
siècle jusqu'en 1880, Nombre d'écrivains ont rédigé des articles sur les œuvres qui y étaient présentées : Diderot ou
Baudelaire notamment. Ce Salon exposait des œuvres sélectionnées par l'Académie des Beaux-Arts, C'était la seule
occasion pour un artiste d’obtenir une reconnaissance officielle, des commandes et une clientèle, En 1863, des
œuvres rejetées du Salon officiel avaient pu être montrées dans une exposition parallèle, le « Salon des refusés »,
qui marqua la première rupture entre le goût officiel et académique, et une avant-garde artistique. Le Bain, autre
tableau de Manet plus connu aujourd’hui comme Le Déjeuner sur l’herbe, y avait déjà fait scandale,

ÉDOUARD MANET, PEINTRE MÉPRISÉ PUIS CONSACRÉ

Manet présente, au Salon de 1865, un nu jugé à l'époque scandaleux : Olympia. Si on se presse pour le voir, c'est non
pour l'admirer, mais pour s’en moquer. Cependant, quelque vingt ans plus tard, en 1890, le tableau est offert à l'État
français grâce à une souscription publique organisée par Claude Monet. Il se trouve actuellement au musée d'Orsay.
Et tout le monde a crié : on a
trouvé ce corps nu indécent ; cela
devait être, puisque c’est là de la
chair, une fille1 que l'artiste a jetée
sur la toile dans sa nudité jeune et
déjà fanée. Lorsque nos artistes
nous donnent des Vénus, ils
corrigent la nature, ils mentent.
Édouard Manet […] nous a fait
connaitre Olympia, cette fille de
nos jours, que vous rencontrez sur
les trottoirs et qui serre ses maigres
épaules dans un mince châle de
laine déteinte.

Émile Zola, L’Evénement illustré,


10 mai 1868,

1. Une prostituée.

La construction baroque de « l'auguste jeune fille », sa LES TABLEAUX DU SALON EN FAMILLE


main, en forme de crapaud, causent l'hilarité et chez
quelques-uns le fou rire. En ce cas particulier, le comique « Le public est parti, et aussitôt toiles et statues
en profitent pour se dégourdir un peu,
résulte de la prétention hautement affichée de produire
une œuvre noble, (« l'auguste jeune fille », dit le livret) La belle Olympia (de M. Manet). — Ventre de
prétention déjouée par l'impuissance absolue de biche ! ai-je été assez honnie, moquée,
l'exécution ; ne sourit-on pas en voyant un enfant se vilipendée aujourd'hui !
donner l'air important d'un homme ? Dans cette Olympia
tout ce qui est dessin est donc irrémissiblement Le Proudhon (de M. Courbet). — Plains-toi
condamné. La coloration générale elle-même est donc, on te regarde, tandis que moi...
désagréable, En certaines parties seulement elle est juste: Olympia. — Mais c'est pour m'insulter ! Il
ainsi dans le ton des linges, dans les contrastes du drap, n'est pas jusqu'à mon pauvre chat qui ne soit
du cachemire et des fleurs. Mais si nous prenons au attaqué du matin au soir.
sérieux l'effort de M. Manet, nous devons lui dire que
dans la nature les ombres charbonneuses sont rares et qu'il Proudhon. — Soyons juste, ton chat n'est ni
n'en voit ou du moins qu'il n'en fait point d'autres. Il ne beau ni propre ; tu as tort de le laisser piétiner
sur ton lit avec ces pattes-là ; il a marché
tient aucun compte des reflets, des contre-reflets ; et ce dans quelque chose, bien sûr.
n'est qu'en les étudiant qu'il peut réussir à donner à sa
peinture l'harmonie que la nature possède toujours. Olympia. — Marcher ? Allons donc ! Est-ce
qu'il est construit pour ça.
A.-P. Martial, « Salon de 1865 : les excentriques »,
article du Constitutionnel, 16 mai 1885 Proudhon. — C'est vrai, vous êtes bien mal
bâtis tous les deux. »

LOUIS LEROY, « Les tableaux du Salon en


famille », Journal amusant, 20 mai 1865.
« Honoré Daumier, le grand artiste, a
admirablement résumé Manet en disant :
Manet me dégoûte de la peinture
compliquée de l'école, sans me faire aimer
sa peinture à lui. Par ces mots, le grand
dessinateur précisait le rôle du novateur à
merveille, en applaudissant au principe sans
accepter le résultat qui restait incomplets »
ALBERT WOLFF, nécrologie à la une du
figaro, mai 1883

« Enfin, si, comme le dit la Presse théâtrale, M.


Manet a voulu attirer l'attention par une
excentricité, il y a réussi au-delà probablement
de ses désirs, car jamais peinture n'a excité tant
de rires, de moqueries, de huées que son
Olympia. Le dimanche, surtout, la foule était si
grande, qu'on ne pouvait en approcher, ni même
circuler dans la salle. M. tout le monde s'étonnait
que le jury eût admis les deux toiles de M. Manet
(il s’agit d’Olympia et du Christ aux outrages).
Mon Dieu ! le jury s'est dit ceci : si nous les
refusons, l’auteur criera à l'injustice, comme il
l'a fait pour son tableau où une femme se
promenait toute nue dans la campagne, avec
deux messieurs en habit noir et gants blancs. En
admettant au Salon l'Olympia de M. Manet, il ne ÉDOUARD MANET, Le Christ aux soldats
pourra se plaindre de nous, ce sera le public qui ou Le Christ aux outrages, 1865, Art Institute,
se plaindra de lui ; il sera jugé, bien jugé, et nous Chicago
en serons débarrassé.
Et voilà pourquoi Olympia est si bien placée...
« Que c'est comme un bouquet de fleurs. »
LOUIS AUVRAY, Exposition des Beaux-Arts : Salon
de 1865,
1864-1865.
Les deux toiles : il s'agit d'Olynpia et du Christ aux oIttrages,
UNE CARICATURE DU TABLEAU DE
MANET .

La caricature se moque de la laideur QU'EST-CE QUE LA CARICATURE ?


supposée du modèle de Manet : son
visage et ses pieds notamment sont Le mot caricature vient de l'italien caricare : « charger »
enlaidis. Le bouquet prend toute la La caricature est donc le portrait-charge d'une personne. Elle
est composée en exagérant un des traits marquants de son physique
place et cache la nudité du modèle.
ou de sa personnalité. L'objectif est de ridiculiser la personne
caricaturée.

HISTOIRE DE LA CARICATURE
La caricature se développe avec l'essor de la presse à la fin du siècle.
Aux côtés du dessin de presse, elle illustre les propos écrits, mais elle a
aussi une fonction satirique. Le message qu'elle véhicule peut être
renforcé par une légende ironique jouant sur les mots ou sur la mise en
scène de la personne dans le dessin. Au XIXème siècle, des journaux se
spécialisent dans la satire (Le Charivari, Journal amusant...) et certains
caricaturistes se font un nom (Honoré Daumier, Cham, Bertall). Les
lecteurs sont alors à l'affût de leurs productions.

CARICATURE ET LIBERTÉ D'EXPRESSION


Jusqu'en 1881, un dessinateur doit présenter son dessin au bureau de la censure avant de le publier. Il doit, de
plus, informer la personne caricaturée et obtenir son autorisation de publication. Certains passent outre, mais
sont alors hors la loi et peuvent être emprisonnés pour diffamation. C'est ce qui arrive à Honoré Daumier
en 1831 pour avoir représenté le roi Louis-Philippe sous les traits de Gargantua dévorant les économies des
pauvres. En 1881, la loi autorise les journaux à publier dessins et caricatures sans visa préalable La liberté de
la presse en est renforcée, mais les publications restent sous le contrôle de l'État, qui peut faire retirer un
dessin jugé infamant, notamment lorsqu'il critique te pouvoir en place.
OLYMPIA, UNE ŒUVRE CHOQUANTE ?

Du XVIIème au XIXème siècles, la hiérarchie des genres picturaux, parfois contestée, n'a
pas varié. Les genres nobles, considérés comme plus difficiles techniquement, sont : la
peinture d'histoire, dont le sujet est tiré de la religion, de l'histoire ou de la mythologie le
portrait, autoportrait ou portrait de groupe. Les genres mineurs sont : la peinture de genre
(scènes de la vie quotidienne) ; le paysage ; la nature morte et la peinture animalière. A cette
hiérarchie des genres correspondait une hiérarchie des formats : du grand format (histoire)
au petit format (nature morte).

UNE ŒUVRE ÉNIGMATIQUE ?

Ce qui peut troubler le public, c'est également la présence d'éléments dont l’interprétation
est difficilement déchiffrable, car ils ne correspondent pas aux symboles habituels : le
chien (Titien), symbole de fidélité, est devenu un chat ; Olympia est nue mais porte des
bijoux, la servante lui apporte des fleurs mais pas de vêtements, etc.
Surtout, le personnage d'une part est mis en valeur, d'autre part s'impose au spectateur.
Olympia paraît être une femme réelle.
L'HOMMAGE DE ZOLA À MANET

Émile Zola, alors jeune feuilletoniste, visite le Salon et s'enthousiasme pour Manet et Courbet, Il trouve dans leurs
œuvres des analogies avec son propre projet littéraire de rendre compte de la réalité avec vérité.

« Le tempérament de M. Manet est un tempérament sec, La place de M. Manet est marquée


emportant le morceau. Il arrête vivement ses figures, il ne au Louvre, comme celle de Courbet,
recule pas devant les brusqueries de la nature, il rend dans comme celle de tout artiste d'un
leur vigueur les différents objets se détachant les uns sur tempérament original et fort.
les autres. Tout son être le porte à voir par taches, par D'ailleurs, il n'y a pas la moindre
morceaux simples et énergiques. On peut dire de lui qu'il ressemblance entre Courbet et M,
se contente de chercher des tons justes et de les juxtaposer Manet, et ces artistes, s'ils sont
ensuite sur une toile. Il arrive que la toile se couvre ainsi logiques, doivent se nier l'un l'autre.
d'une peinture solide et forte. Je retrouve dans le tableau C'est justement parce qu'ils n'ont rien
un homme qui a la curiosité du vrai et qui tire de lui un de semblable qu'ils peuvent vivre
monde vivant d'une vie particulière et puissante. Vous chacun d'une vie particulière
savez quel effet produisent les toiles de M. Manet au J'ai tâché de rendre à M. Manet la
Salon. Elles crèvent le mur, tout simplement. Tout autour place qui lui appartient, une des
d'elles s'étalent les douceurs des confiseurs artistiques à la premières. On rira peut-être du
mode, les arbres en sucre candi et les maisons en croûte
panégyriste l comme on a ri du
de pâté, les bons hommes en pain d'épices et les bonnes
femmes faites de crème à la vanille. La boutique de peintre. Un jour, nous serons vengés
bonbons devient plus rose et plus douce, et les toiles tous deux. Il y a une vérité éternelle
vivantes de l'artiste semblent prendre une certaine qui me soutient en critique : c'est que
amertume au milieu de ce fleuve de lait I les tempéraments seuls vivent et
Ne regardez plus les tableaux voisins. Regardez les dominent les âges. Il est impossible,
personnes vivantes qui sont dans la salle. Étudiez les - impossible, entendez-vous, — que
oppositions de leurs corps sur le parquet et sur les murs. M. Manet n'ait pas son jour de
Puis, regardez les toiles de M. Manet : vous verrez que là triomphe, et qu'il n'écrase pas les
est la vérité et la puissance. Regardez maintenant les autres médiocrités timides qui l'entourent, »
toiles, celles qui sourient bêtement autour de vous : vous
éclatez de rire, n'est-ce pas ? ÉMILE ZOLA, L'Événement, 7 mai 1866.
Panégyriste : qui prononce un éloge sans restriction.

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