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Art

L’art est une activité, le produit de cette activité ou l'idée que l'on
s'en fait, qui s'adresse délibérément aux sens, aux émotions, aux
intuitions et à l'intellect. On peut affirmer que l'art est le propre de
l'humain ou de toute autre conscience, en tant que découlant d'une
intention, et que cette activité n'a pas de fonction pratique définie.
On considère le terme « art » par opposition à la nature « conçue
1
comme puissance produisant sans réflexion » , et à la science
« conçue comme pure connaissance indépendante des
1
applications » . La création d'Adam. Michel-Ange, 1508-1512.
Plafond de la chapelle Sixtine, dans la cité du
Effectivement, les définitions de Vatican.
ce concept varient largement
selon les époques et les lieux, et
2
aucune d'entre elles n'est universellement acceptée. Ainsi, pour Marcel Mauss ,
« un objet d'art, par définition, est l'objet reconnu comme tel par un groupe ».
C'est pourquoi les collections de productions artistiques peuvent être classées
et appréciées diversement selon les cultures, les auteurs, les institutions et les
époques.
3
En Europe, depuis la fin du xviiie siècle , ce terme recouvre principalement les
Les Attributs de la peinture, de la
produits dits des « beaux arts » tels que la sculpture, l'architecture, les arts
sculpture et de l’architecture par
graphiques (dont la peinture ou le dessin), et aussi la musique, la danse, la
Anne Vallayer-Coster, musée du
Louvre.
poésie (à prendre au sens classique du terme, le mot poésie désignant à la fois
la poésie lyrique, qui correspond au sens moderne de la poésie, la poésie
tragique, c'est-à-dire le théâtre et la poésie épique) et la littérature. On y ajoute
depuis, parmi d'autres, l'image en mouvement (le cinéma, la télévision, l'art numérique), le spectacle vivant (le
théâtre, le mime), la photographie, la bande dessinée, et, plus largement encore, la mode, bien que celle-ci soit plus
couramment associée au domaine de l'artisanat de par son usage et sa fonctionnalité. La classification des arts
4
n'est toutefois pas universelle et rechercher une classification unanime semble impossible , voire un
5
anachronisme .

Cette conception de l'art comme activité autonome, comme production par des artistes d'objets que l'on s'accorde à
trouver beaux d'après une préférence de goût, date des xviiie et xixe siècles. Mais on considère souvent que l'art
moderne et contemporain ont délaissé le cantonnement aux seules notions de beau ou de style intemporel pour
plus généralement chercher à interpeller voire 'déranger' l'observateur, par exemple par la transgression ou la
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rupture .

Au xxie siècle, on assiste à la fois à la prolifération de la notion d'art (absorbant les civilisations anciennes,
intégrant différents supports et obligeant à parler d'« arts », le tout avec des productions en expansion planétaire
exponentielle [réf. nécessaire]) et en même temps à son dépassement par la civilisation du tout-écran, qui mêle tout.
Un tel phénomène incite à donner des repères et à ne pas appliquer la notion occidentale d'« art » à l'ensemble de
ce qui a une visée esthétique sur tous les continents. Pour ce faire, il importe d'établir la chronologie et la
note 1
géographie des productions dans une histoire générale de la production humaine .

Étymologie et évolution du sens


Le mot français « art » dérive du latin ars, artis qui signifie « habileté, métier, connaissance technique ». Selon le
Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 50, « Ars peut également signifier « métier, talent », mais aussi
« procédé, ruse, manière de se conduire » et seulement tardivement « création d'œuvres », terme traduisant le grec
tekhnè. La signification du terme art s'est historiquement déplacée du moyen vers le résultat obtenu ». Voir aussi
« Art » (http://archive.is/6ITK) dans Vocabulaire européen des philosophies :
dictionnaire des intraduisibles, dir. Barbara Cassin, Seuil, Dictionnaires le
Robert, 2004 (ISBN 2-02-030730-8) (extraits en ligne (http://robert.bvdep.com/p
ublic/vep/accueil0.html)).

Art et philosophie
Depuis au moins l'antiquité, la philosophie s'interroge sur la nature de l'art.

Platon dans l'Ion et l'Hippias majeur ou Aristote dans la poétique s'interrogent


sur l'art en tant que beau. Toutefois, l'esthétique antique diffère parfois
notablement des esthétiques postérieures et le mot grec τέχνη (technè), qui est
l'équivalent le plus proche du français « art », désigne dans la Grèce antique
l'ensemble des activités soumises à certaines règles. Il englobe donc à la fois
des savoirs, des arts et des métiers. Les muses grecques ne sont pas toutes
associées aux arts tels qu'ils seront définis par la suite et la poésie, par exemple,
n'est pas une « technè » [réf. nécessaire].
La Joconde, Léonard de Vinci,
La civilisation romaine ne distingue pas non plus clairement le domaine de l'art musée du Louvre.
de celui des savoirs et des métiers bien que Cicéron et Quintilien y aient
contribué par leurs réflexions. Ainsi, chez Galien, le terme d'« art » désigne un
ensemble de procédés servant à produire un certain résultat :

« Ars est systema præceptorum universalium, verorum, utilium,


7
consentientium, ad unum eumdemque finem tendentium . »

« L'art est le système des enseignements universels, vrais, utiles,


partagés par tous, tendant vers une seule et même fin. »

Dans cette acception du mot, qui a prévalu jusqu'à la fin du Moyen Âge, l'art
s'oppose à la fois à la science conçue comme pure connaissance, indépendante
7
des applications, et à la nature qui produit sans réfléchir . À l'idée de règle de
production s'ajoute la considération de l'effort requis dans cette activité.
Lorsque le mot est employé, il lui est généralement attaché une épithète qui le
précise pour former des expressions telles que « arts libéraux », « arts
7
mécaniques », « art militaire », etc. . Et s'il arrive parfois que les arts libéraux
soient visés par l'emploi du mot non qualifié « ars », on est encore bien loin du
sens contemporain ; l'astronomie était un « art libéral » tandis que le spectacle
8
de « theatrica » restait un « art mécanique » . Détail d'une peinture arabe du
xiiie siècle.
Jusqu'à la Renaissance, il n'y a pas de différence précise entre l'artiste et
l'artisan : on appelle « artiste » un artisan dont la production est d'une qualité
exceptionnelle. La différence ne commencera à devenir plus précise que
lorsque les artistes commenceront à s'émanciper des corporations pour faire
9
allégeance aux académies et à la commande nobiliaire . C'est alors que le sens
maintenant familier du mot « art » commence à se dégager : non seulement de
nombreuses techniques s'en séparent, mais de plus, après la découverte des
règles de la perspective, l'aspect visuel y prendra une importance croissante.

C'est du siècle des Lumières que date la notion d'art aujourd'hui


communément admise. Partant d'une réflexion sur les sens et le goût, une
conception basée sur l'idée de beauté finit par s'établir. Avec Emmanuel Kant
émerge une théorie de l'art définissant l'esthétique, dont les principes seront
repris par le mouvement romantique. L'importance de l'observation de règles
passe alors au second plan tandis que l'intention de l'artiste, qui vise nos sens
et nos émotions, devient primordiale. Pompéi, Maison VII, 2, 6 : Paquius
Proculus et son épouse. Musée
Mais le xxe siècle, par ses pratiques et ses idéologies, remet en question tout ce archéologique national de Naples,
qui avait pu être retenu au siècle précédent. Il conteste en particulier l'existence
fresque du ier siècle.
d'une essence de l'art qui se retrouverait à travers les âges et les civilisations, et
donc le rêve d'une définition universelle. Il souligne également le caractère
parfois ambigu du rapport entre « beauté » et « art », par exemple lorsque l'œuvre d'art représente la nature de
10
manière effrayante, voire repoussante .
C'est pourquoi le discours européen contemporain sur l'art comporte un risque
d'anachronisme dans la mesure où, selon ce discours, l'art impliquerait une
intention qui n'existe pas forcément en d'autres époques ou en d'autres lieux.
L'Art préhistorique par exemple, se réfère à des éléments artistiques comme
des peintures ou des sculptures, mais aucun texte ne précise si ces éléments
étaient destinés à la contemplation, à des célébrations rituelles ou à d'autres
usages. Dans certaines cultures (par exemple indienne ou chinoise), de tels
textes existent, mais il est difficile de déterminer dans quelle mesure les
concepts utilisés, notamment ceux traduits en français par les mots « juste » ou
10
« beau », sont identifiables à ceux utilisés en Occident . L'introduction d'une
hypothèse d'art inconscient ou involontaire pourrait permettre de contourner
ce type de difficultés.

On donne souvent des listes plus ou moins complètes de domaines constitutifs


de l'art, en notant ce qu'à la suite de Wittgenstein on appelle des
« ressemblances familiales » : l'art devient alors un ensemble de pratiques et de Jérôme Bosch, Kruisdraging (détail).
résultats qui partagent un certain nombre de traits, bien qu'aucun d'entre eux
11
ne soit universel .

La liste classique des arts, telle que proposée au xixe siècle par Hegel dans Esthétique ou philosophie de l'art,
4
continue pour certains de servir de référence . Elle indique, sans se vouloir pourtant exhaustive, que les principaux
arts sont au nombre de cinq : architecture, sculpture, peinture, musique, poésie. Par combinaison ou par
prolongement, on parvient à développer indéfiniment cette liste en y ajoutant, par exemple, la danse, le cinéma
(souvent nommé « septième art »), la bande dessinée, l'opéra, la photographie, etc.

Histoire de l'art
Les différentes conceptions de l'art et les difficultés de l'aborder dans sa
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globalité se répercutent sur les conceptions de son histoire.

Dans sa conception la plus classique, l'histoire de l'art s'est constituée au


xixe siècle en adoptant sans questionnement le progressisme et les
valorisations de son temps. Dans cette optique naturaliste, qui considère l'art
comme une constante de l'humain, elle décrit les instances qui dévoilent
l'« essence » de l'art à travers les différentes époques.

Mais cette hypothèse d'une autonomie des phénomènes artistiques et de leur


développement intelligible a été progressivement délaissée au profit d'une
vision beaucoup plus contextualisée et sociale. Comme le note Antoine
Hennion, « La méthode de la sociologie de l'art et celle de l'histoire de l'art
s'opposent l'une à l'autre », la première tend à éliminer ce que la seconde essaie
13
au contraire d'épaissir . Dans ce cadre, l'histoire de l'art ne peut évidemment
se construire qu'en tenant compte des évolutions de la notion d'art et elle est
David de Michel-Ange. par conséquent sans cesse à reconstruire.

Une autre difficulté est liée au fait que relater les évolutions de l'art nécessite de
procéder à des regroupements, le plus souvent par aires géographiques et par périodes historiques. Or la
pertinence de telles délimitations est toujours à relativiser : à quel moment, par exemple, séparer l'Antiquité
tardive du Moyen Âge ? Faut-il présenter l'art de l'Égypte ptolémaïque aux côtés de celui de l'antiquité grecque ?
Ou encore, si l'on convient de considérer la poésie comme un art, faut-il ou non présenter les poèmes de Léopold
Sédar Senghor du côté des arts africains ?
4
Conséquences de ces divergences de vues, les querelles sur la classification des arts sont nombreuses en histoire
de l'art et en esthétique. Claude Roy résume ainsi ce pluralisme de la notion d'art :

« La notion d’art, qu’il s’agisse de l’art nègre, de l’art crétois ou de l’art impressionniste, reste à la
fois imprécise, ineffable et irritante. L’art, c’est ce qui maintient vivante l’idole morte en tant
14
qu’idole. L’art c’est ce qui dans un objet continue à servir quand il ne sert plus à rien . »

Préhistoire
Si l'on considère que l'art consiste à bâtir, à sculpter, à réaliser des motifs
ornementaux, l'existence d'un art préhistorique semble indiscutable. En
revanche, si l'on voit dans l'art une sorte de luxe destiné aux musées et aux
15
expositions, il est probable que les premiers peuples n'y aient jamais songé .
Enfin, si l'on considère, plus généralement, que l'art consiste à s'adresser aux
sens et aux émotions de ceux qui en sont les spectateurs, il est difficile de ne
pas qualifier d'artistes les auteurs d'un certain nombre de productions
préhistoriques, comme les célèbres fresques de la grotte de Lascaux.
Grotte de Lascaux.
Quelle était la fonction exacte des sculptures et des peintures réalisées par ces
artistes ? Nous ne le savons pas avec certitude, même si les hypothèses de
fonctions rituelles, magiques, symboliques ou d'enseignement ont souvent été envisagées. Le travail de l'artiste
aurait alors probablement eu comme visée première une efficacité « pratique », sans exclure pour autant une
15
certaine recherche esthétique .

Afrique

L'Afrique recèle d'innombrables arts locaux qui reflètent une grande variété de
cultures qui ne cessent d'évoluer au fil du temps. Ces créations ont été
considérées comme de véritables objets d’art surtout à partir du début du
xxe siècle, notamment sous l’influence des peintres cubistes. La découverte de
16
cet art a alors notablement influencé l'art moderne occidental .

De nos jours, la plupart des œuvres africaines appartiennent à des


collectionneurs privés, car, dans le passé, les musées ont négligé cet art.
note 2
Depuis, les cotes pour des objets anciens authentiques se sont envolées , et
l’UNESCO en est venu à interdire depuis le début des années 1990 l'exportation
16
de masques et de statues en dehors du continent africain .

Le masque en bois, qui représente le plus souvent un esprit, a longtemps été


considéré comme l’objet typique qui symbolisait le mieux l’art africain.
Néanmoins, d'autres formes sont progressivement venues au jour et en 1966
eut lieu le premier festival mondial des Arts nègres de Dakar, présentant au
monde la richesse de l'art africain, avec des artistes comme Ousman Sow,
16
Assane N'Noye, Paul Ahyi ou Ashira Olatunde .
Illustration des arts africains dans
Depuis 1989, une biennale d'art africain contemporain se tient régulièrement à l'encyclopédie suédoise Nordisk
17
Dakar . familjebok.

En Afrique du Nord, avec l'arrivée de l'islam à partir du viie siècle, l'art


18
musulman succède à l'art qui prévalait dans l'Antiquité tardive . La Grande Mosquée de Kairouan (en Tunisie),
élevée vers 670 et dont l'état actuel date du ixe siècle, compte parmi les constructions majeures des premiers
19
siècles de l'islam .

Asie

L'exemple du continent asiatique montre bien la difficulté d'établir des classifications d'histoire de l'art basées sur
des continents et des périodes historiques.

Comment présenter avec une certaine cohérence un ensemble aussi large et aussi hétérogène que celui qui réunit :

des contextes religieux : l'art bouddhique, les arts d'Islam


des ensembles géographiques : l'art chinois, l'art japonais, l'art tibétain, l'art du monde indien, l'art persan,
l'art dravidien.
Angkor Vat.

Amérique
20
La culture olmèque, entre 1200 av. J.-C. et 400 av. J.-C. , première des
grandes civilisations de la Mésoamérique, est particulièrement connue pour la
richesse iconographique et la qualité technique de son art, qui fut une référence
et un héritage pour toutes les cultures postérieures. L’art olmèque se manifeste
par une grande maîtrise de la sculpture et de la ciselure. Les artistes olmèques
élaboraient leur art dans l’argile, la pierre et le bois ainsi que sur quelques
peintures rupestres.

L'art maya se développe durant la période préclassique (2000 av. J.-C. à 250
21, 22
apr. J.-C.) , lors de l'Époque I et II. Il reçut les influences de la civilisation
olmèque. D'autres civilisations mésoaméricaines, incluant Teotihuacan et les
Toltèques, l'affectèrent et il atteignit son apogée durant la période de la
civilisation classique ou Époque III (environ 200 à 900 apr. J.-C.). Les Mayas
sont célèbres pour leur utilisation du jade, de l'obsidienne et du stuc.

Les artisans aztèques (1300-1519) excellaient dans l'art du masque en pierre,


Tête colossale no 1 de San Lorenzo
hérité des Toltèques, dont on faisait un usage funéraire ou religieux. Ils
(Mexique).
revêtaient de peintures les parois de leurs temples et de leurs palais.

L'Art amérindien est la forme d'art originaire d'Amérique du Nord. Aucune des
langues autochtones d'Amérique du Nord n’a, semble-t-il, de mot correspondant au concept occidental d’art.
Pourtant, les objets conçus par ses artisans sont aujourd’hui considérés comme des œuvres d’art à part entière.

Europe

Antiquité

Bien que celle-ci soit géographiquement située en Afrique, l'Art de l'Égypte antique, né il y a environ cinq mille ans,
est l'une des principales sources de l'art en Europe. Il combine des règles strictes de régularité géométrique et une
observation aiguë de la nature. Ses œuvres n'étaient pas destinées à être admirées par les vivants. On les plaçait
dans les tombes des rois, puis progressivement dans celles de personnages de moindre importance sociale, afin
23
d'aider l'âme des défunts à rester vivante .

Mais l'art européen doit aussi beaucoup à l'Art de la Grèce antique. Dans ses premiers temps, aux alentours du
xe siècle av. J.-C., il est extrêmement sobre et géométrique. Par la suite, il s'inspire considérablement des règles
établies par l'art égyptien, notamment en peinture et en sculpture.

Aux alentours du vie siècle av. J.-C. se produisit une véritable révolution artistique : Les artistes commencent à
s'affranchir des règles de l'art égyptien, qui imposaient de représenter chaque partie d'un ensemble (d'un corps
humain par exemple) sous son angle le plus reconnaissable, au prix parfois de positions peu vraisemblables de
l'ensemble. S'affranchissant de ces règles, ils se
permettent de représenter un pied de face ou de cacher
un bras sur un personnage représenté de profil : leurs
peintures et leurs sculptures deviennent ainsi moins
24
stéréotypées, plus naturelles .

Vers la fin du vie siècle av. J.-C., les artistes grecs sont
toujours de simples artisans, mais un public de plus en
plus nombreux s'intéresse à leurs œuvres. On compare
les mérites des différentes écoles d'art, des maîtres des
différentes cités. Certains d'entre eux, comme Praxitèle
deviennent extrêmement célèbres. Un peu plus tard
survient une autre évolution : alors que jusqu'ici les
artistes s'efforçaient d'éviter de donner à leurs visages
une expression trop précise, on commence alors à leur
faire exprimer des sentiments et le règne d'Alexandre le
24
Grand voit l'apparition d'un art du portrait que l'Art Détail d'un cratère,
de la Rome antique reprendra et développera plus ve siècle av. J.-C.
Venus de Milo, vers
encore.
130-100 av. J.-C.
Moyen Âge

L’art médiéval couvre un ensemble large de


temps et de lieux, sur plus de mille ans
d'histoire de l'art en Europe, au Moyen-
Orient et en Afrique du Nord. Cela inclut de
nombreux mouvements de l'art et périodes,
art régional ou national, genres,
renaissances, métiers d'artistes, et les
artistes eux-mêmes.

Les historiens de l'Art classifient l'art


médiéval en périodes et mouvements
principaux, les relations entre ces périodes
sont parfois plus subtiles. Ceux-ci sont l'Art
celtique, l'Art paléochrétien, l'Art des
migrations, l'Art préroman et l'Art roman,
l'Art gothique et l'Art byzantin. En plus de
cela, chaque « nation » ou culture au
La Cathédrale de Reims est l'un des
Moyen Âge avait son propre style artistique
joyaux de l'art gothique en Europe
et ceux-ci ont une existence individuelle,
comme l'Art anglo-saxon, l'Art viking ou Les Très Riches Heures du duc de
Occidentale.
Berry.
l'Art Islamique en Espagne (pour exemple
l'Alhambra).

L'art médiéval comporte de nombreuses techniques, comme la mosaïque et la sculpture.

L'immense majorité de l'art qui nous est parvenu de cette période relève du domaine du religieux et renvoie à un
cadre qui incorpore à la fois une pensée théologique ou cosmogonique et des fonctions proprement liturgiques. À
cet aspect strictement religieux, il convient encore d'ajouter une dimension sociale ou civique. Ainsi, une œuvre
pourra être étudiée et comprise sous ces différents aspects : un contenu proprement théologique qui s'exprimera
souvent par des choix iconologiques de la part du ou des créateurs ; une fonction liturgique ou cérémonielle
concrète qui sera une contrainte matérielle de l'œuvre, définissant parfois sa forme, sa structure ou ses
dimensions ; une fonction publique d'exaltation du commanditaire, du donateur ou du récipiendaire.

Époque moderne

Pour les historiens, l’époque moderne – on dit parfois les « Temps modernes » – couvre la période historique qui
commence avec la fin du Moyen Âge. Les historiens français la font se terminer avec la Révolution française. Cette
convention spécifiquement française ne sera pas utilisée dans ce chapitre, dans lequel on a préféré utiliser la
convention internationale qui fait se terminer l'époque moderne 75 ans avant le présent.
On fait habituellement commencer la Renaissance artistique en Italie au
25
xve siècle . Les Italiens nomment cette période le quattrocento. Elle se
prolonge au xvie siècle où elle atteint alors, dans de nombreux pays d'Europe,
son apogée. Si elle redécouvre la mythologie et l'art antique, elle ne constitue
pourtant pas un retour en arrière : les techniques nouvelles, le nouveau
26
contexte politique, social et scientifique permettent aux artistes d'innover .
On redécouvre et on perfectionne considérablement la perspective. On
développe la technique de la peinture à l'huile. Alors qu'au Moyen Âge la
création artistique était essentiellement tournée vers Dieu et la religion
chrétienne, c'est l'homme que la Renaissance artistique place au centre de ses
préoccupations. Pour la première fois, l'art pénètre dans la sphère du privé : les
œuvres ne sont plus seulement commandées par le pouvoir religieux ou
25
séculier ; elles entrent dans les maisons bourgeoises .

Léonard de Vinci, page de croquis


sur l'anatomie humaine.

La Cité idéale à Urbino longtemps attribuée à Piero


della Francesca.

On appelle habituellement
« baroque » le style qui a succédé à
la Renaissance au début du
xviie siècle, mais ce mot n'a été
employé que bien plus tard, par des
auteurs qui trouvaient ce style
grotesque et qui estimaient que les
éléments de l'art antique n'auraient
jamais du être employés autrement
qu'à la manière des Grecs et des Joseph Mallord William Turner,
27 L'Incendie du Parlement, 1835.
La Venus d'Urbin par le Titien, 1538. Romains . L'architecture baroque
utilise plus de courbes et de volutes,
elle se lance dans le grandiose,
note 3
comme dans le cas du palais de Versailles qui sera imité dans toute l'Europe. La peinture utilise plus de
couleurs et de lumière. La musique de cette époque voit apparaître l'opéra. Ce mouvement atteint son apogée dans
28
l'Europe catholique des années 1700 .

Dans le courant du xviiie siècle, d'abord en Angleterre, on commence à


remettre en question les habitudes du classicisme. Certains
connaisseurs, souhaitant se distinguer des autres, sont en recherche
d'originalité, notamment dans le domaine de l'architecture qui cherche
une nouvelle inspiration jusque vers la Chine et l'art gothique. À la fin
du siècle et au début du suivant, le romantisme s'efforcera de réhabiliter
le sentiment face à la raison : des artistes comme Turner évoquent, à
travers leur représentations de la nature, les émotions de l'humain face
29
aux puissances qui le dépassent .

Château de Versailles. Ce rejet des traditions donne naissance à de nombreux mouvements,


dont chacun se pare comme d'un étendard d'un nouveau nom en « -
30
isme » (réalisme, naturalisme, impressionnisme, symbolisme…). Il a
aussi pour conséquence une complexité plus grande des rapports entre les artistes et les acheteurs d'œuvres d'art:
L'artiste ne souhaite plus nécessairement s'adapter aux goûts de ses clients. S'il le fait, il a parfois le sentiment de
faire des concessions humiliantes. Mais s'il préfère travailler dans un splendide isolement, il risque d'être réduit à
31
la misère . Bientôt certains artistes en viennent à se considérer comme appartenant à une espèce différente et à
afficher avec vigueur leur mépris des conventions et de la respectabilité. Au xixe siècle, le gouffre se creuse entre
31
les artistes à succès et les non-conformistes, qui furent surtout appréciés après leur mort .

L'Art moderne naît à la fin du xixe siècle et au début xxe siècle. Il voit apparaître en peinture les figures de
Picasso,Malevitch,Matisse, Miro, Max Ernst et de nombreux mouvements comme le surréalisme, l'Oulipo, la
Nouvelle Vague. Des architectes comme Frank Lloyd Wright osent privilégier l'organisation des pièces à
32
l'ornement des façades et abandonnent le dogme de la symétrie .
En France, avec la modernité, les peintres se détachent peu à peu du système
des salons et de l'emprise de la bourgeoisie. Les grands collectionneurs
contemporains, les galeries et les critiques jouent un rôle important. Le marché
de l'art s'internationalise.

Marcel Duchamp représente l'objecteur fondateur de l'art conceptuel. Il ne se


rattache pas plus à ses précurseurs que son intention n'est d'établir un art de
l'objet. Ce qu'il cherche au contraire c'est sortir de l'art. Pourtant les ready-
made de Duchamp (dont il est le concepteur) et ses objets cinétiques apportent
une nouvelle dimension à la conscience esthétique, ainsi qu'une immense
contribution à l'historiographie de la sculpture moderne, bien contre sa
34
volonté .

Dans le domaine de la peinture, un pas décisif est franchi dans les années 1910
lorsque Kandinsky ose l'art abstrait, qui ne représente pas des sujets ou des
objets du monde naturel, réel ou imaginaire, mais seulement des formes et des
Juan Gris, Portrait de Picasso,
couleurs pour elles-mêmes.
1912.
À cette époque, même lorsqu'ils ne renoncent pas aussi radicalement à la
représentation d'un sujet, de nombreux
artistes estiment que ce qui compte en art,
c'est d'abord la forme, le sujet ne venant
35
qu'en second . Ils sont en recherche
perpétuelle de nouveauté. Avec le
surréalisme, ils cherchent même à créer
quelque chose de plus vrai que la réalité
36
elle-même , à tenter d'atteindre une
37
« réalité supérieure » .

Époque contemporaine

33 Plus on se rapproche de notre époque et Carré noir sur fond blanc de Kasimir
Alfred Stieglitz, photographie de la note 4 Malevitch (1923).
plus il devient difficile , au milieu des
Fountain de Marcel Duchamp, 1917.
modes éphémères, de distinguer les
réalisations qui, par leur influence, relèvent
38
de l'histoire de l'art . Quelques grandes lignes de l'art de l'époque
note 5
contemporaine semblent cependant pouvoir être tracées.

En peinture, à partir des années 1950, certains artistes concentrent leurs


recherches sur l'acte physique de peindre et réalisent des œuvres abstraites en
peignant, égouttant ou projetant de la couleur sur la toile. La structure du
tableau résulte alors de l'intuition de l'artiste, mais aussi des divers
comportements de la couleur (coulures…). Peindre apparaît alors comme un
moment d'existence irréfléchi et pulsionnel et l'œuvre est un témoignage du
corps vivant, en action et en mouvement dans l'instant. Ce mouvement sera
dénommé tachisme, expressionnisme abstrait ou encore action painting aux
États-Unis. L'Américain Jackson Pollock se fera particulièrement remarquer Sculpture de Salvador Dalí.
par cette technique. Il n'est pas sans évoquer la calligraphie chinoise dans sa
38
recherche d'un jaillissement rapide et spontané .

Beaucoup d'artistes contemporains sont fascinés par les effets de « texture » et renoncent à l'emploi de la peinture
pour d'autres matières, dans des productions qui se situent parfois à mi-chemin de la peinture et de la sculpture.
Le Op Art, notamment avec Vasarely, accorde un intérêt particulier à l'interaction des formes et des couleurs visant
38
à produire des sensations de relief ou de mouvement . Plus près de nous encore, dans les années 1960, le
Happening, le Fluxus, (Joseph Beuys, Wolf Vostell, Nam June Paik), et l'Art vidéo. Pop Art utilise des symboles
populaires et prend en compte l'influence de la publicité, des magazines, des bandes dessinées et de la télévision
dans les sociétés de consommation. Par des techniques industrielles, il remet en cause le principe d'unicité d'une
œuvre d'art. Ainsi Andy Warhol reproduit les siennes par centaines, parfois même par milliers.

Plus généralement, l'art contemporain est traversé par les concepts et les thèmes qui agitent la société
contemporaine: la dématérialisation de l'œuvre (Yves Klein), l'écologie profonde (Hundertwasser), la propagande
visuelle et la publicité (Warhol), l'entreprise œuvre d'art ou vice-versa (Hybert), la fascination pour la révolution
technique et les biotechnologies (Eduardo Kac), la chirurgie esthétique et la recréation corporelle de soi (Orlan).
Toutefois, la course effrénée à la nouveauté
et le triomphe du modernisme conduisaient
les non-conformistes à une contradiction :
« Fallait-il être non-conformiste comme
39
tout le monde ? » Ceci explique peut-être
qu'on assiste depuis la fin des années 1970
à un retour du figuratif et à l'apparition
d'une autre attitude, plus que d'un (encore)
nouveau style, parfois dénommée post-
modernisme. L'ère post-moderne est
l'occasion d'une multiplication des
mouvements et tendances artistiques :
La Robe MondrianYves Saint (Appropriation, Bad Painting, Figuration
Laurent 1966. libre, Néo-géo, Trans-avant-garde, Art
corporel, Art numérique, Bio-art, Netart,
Esthétique relationnelle, Art urbain,
Cyberart, etc.

Jean Prouvé (1901-1984), est un architecte et un designer autodidacte français.


Le Manifesto de George Maciunas,
Au cours des années 1930, il collabore avec l'agence d'architecture dirigée par
lors du Festum Fluxorum Fluxus,
Marcel Lods et Eugène Beaudouin pour des bâtiments considérés comme
Düsseldorf, février 1963.
précurseurs de l'architecture moderne en France : la cité de la Muette à Drancy
ou la Maison du peuple à Clichy. Réalisateur également de mobilier, ses
réalisations « sculptures dans l’espace quotidienne » – chaises, lits Antony,
bibliothèques, bureaux Compas – sont exemplaires et figurent aujourd’hui
parmi les plus cotés du xxe siècle (un fauteuil Kangourou s'est vendu
152 449 €, une bibliothèque peut valoir jusqu’à 160 000 €).

Le sculpteur Remus Botarro (né en 1946, en Roumanie), il travaille à Vienne et


à Paris. Auteur de monuments publics dans plusieurs capitales en Europe, il est
aussi l'inventeur du concept auquel il a donné le nom de « l'Habitat de
l'Avenir » ; le concept Botarro consiste à transformer l'espace immobilier
habité en une œuvre d'art unique dans sa création, en harmonie et en relation
étroite avec son occupant, lui conférant ainsi une valeur d'exception.

Truncated Pyramid Room de Bruce


Océanie Nauman (Museum am Burghof de
Lörrach, 1982-1998).
L'art d'Océanie comprend les productions, anciennes ou contemporaines, des
peuples de Mélanésie, de Micronésie, de Polynésie, ainsi que celles des peuples
traditionnels d’Australie et de Nouvelle-Zélande et d'autres îles du Pacifique. En revanche, on ne classe pas dans
40
cette catégorie les productions des artistes australiens et néo-zélandais d'origine occidentale .

Son histoire débute lorsque la première vague de migrants, venus d'Asie du Sud-Est, s'installe en Australie et en
Nouvelle-Guinée, il y a probablement environ 50 000 ans. Les plus anciennes œuvres d'art qu'on ait retrouvées
d'eux sont des figures de pierre, des mortiers et des pilons ornés de motifs zoomorphes mêlés à des figures
40
anthropomorphes .
41
Vers 1500 av. J.-C. apparaît la civilisation Lapita (du nom d'un site archéologique de Nouvelle-Calédonie) . Il
s'agit d'une civilisation originale, notamment pour ses décors à poterie, qui semble être apparue sur les îles
Bismarck, au Nord-Est de la Nouvelle-Guinée. Elle est associée aux peuples austronésiens qui allaient conquérir
l'Océanie éloignée à partir de l'Océanie proche, à l'origine du groupe linguistique océanien. Plusieurs centaines de
sites archéologiques lapita ont été retrouvés dans une aire allant de la Nouvelle-Guinée jusqu'aux îles Samoa
(archipel de Bismarck, îles Salomon, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie, Fidji, Tonga, Samoa, Wallis-et-Futuna).

Dans chaque archipel, cette culture s’est adaptée à son milieu particulier et a connu son évolution propre, mais elle
n'a pas perdu pour autant son unité. L'ensemble des îles du Pacifique a ainsi conservé une certaine homogénéité
40
culturelle .

En Australie
Les Aborigènes sont de remarquables peintres, sur écorce dans le nord des
Territoires du Nord, sur tissu et toile dans la partie centrale du désert.
Actuellement reconnu comme beaux-arts, aussi bien qu'être utilitaire et
décoratif, on pense que l'art indigène australien est la tradition continue la plus
ancienne de l'art dans le monde. Les exemples les plus anciens de l'expression
42
artistique ont lieu plus de 30 000 années .

Il y a trois modèles régionaux d'Art des Aborigènes d'Australie. Premièrement :


figures géométriques gravées, telles que des cercles, des cercles concentriques,
des arcs, des voies animales et des points - en Australie centrale, en Tasmanie,
le Kimberleys, et Victoria. Le deuxième est le modèle figuratif simple des
silhouettes peintes ou gravées qui sont trouvées au Queensland. La troisième
forme est les peintures figuratives complexes, telles que l'art de rayon X, qui
montre les organes internes des humains et des animaux. Ce sont communs à
42
la région du terre d'Arnhem .

Les dessins et figures qu'ils peignent ont tous une signification bien particulière
liée à la mythologie du rêve et pouvant être assimilés à une forme d'écriture. À
l'exception des peintures rupestres, la plupart des œuvres aborigènes étaient
éphémères : peintures corporelles, dessins sur le sable, peintures végétales au
sol. Urnes funéraires aborigène (hollow
log tombs) du National Museum of
À partir des années 1970, les Aborigènes ont abordé la peinture acrylique sur Australia.
toile. Les œuvres aborigènes évoquent souvent le temps du rêve qui relate le
mythe de la Création selon leur culture. Ce mouvement d'art - le Western
Desert Art Movement - est devenu l'un des mouvements d'art les plus
42
significatifs du xxe siècle . En 2007, le tableau d'Emily Kame Kngwarreye,
Earth's Creation s'est vendu pour l'équivalent de 671 000 euros.

Des exemples d'Art rupestre peuvent être trouvés dans les parcs publics et
même dans les villes principales : comme au Parc national Ku-ring-gai Chase à
Sydney. Les Parcs nationaux d'Uluṟu-Kata Tjuṯa et Kakadu, en Territoire du
Nord, sont classés sur la liste de l'UNESCO en tant que patrimoine culturel et
présentent une histoire des techniques et du comportement illustrée par des Shearing the Rams, par Tom
43, 44, 45 Roberts du Heidelberg School.
peintures .

L'Australie a produit beaucoup d'artistes notables à partir des traditions


occidentales et indigènes depuis 1788. Le caractère sacré de la terre est un thème commun trouvé dans les deux
histoires d'art. Les origines de l'art occidental australien sont souvent associées à l'école de Heidelberg des années
46
1880-1890 . Des artistes comme Arthur Streeton, Frederick McCubbin et Tom Roberts se sont efforcés de donner
une image plus vraie de la lumière en Australie. L’Australie a eu une école de peinture importante dès les premiers
jours de la colonisation européenne et possède des peintres de réputation internationale. On peut citer : le
Surréalisme de Sidney Nolan, Arthur Boyd et Russell Drysdale ; l'avant-garde de Brett Whiteley ; les
peintres/sculpteurs William Dobell et Norman Lindsay ; les peintres de paysages Albert Namatjira et Lloyd Rees
47
ainsi que le photographe moderne Max Dupain. Chacun a aidé à définir le caractère des arts visuels australiens .

Théories de l'art

Les théories classiques : l'esthétique

La philosophie de l'art désigne à la fois l'intérêt presque constant des philosophes pour l'art depuis l'Antiquité et
48
une discipline plus ou moins conçue comme autonome depuis la fin du xviiie siècle . Pour l'historien de la
philosophie Michel Blay, il convient de distinguer deux approches de la philosophie de l'Art. D'une part elle
recouvre tout le corpus des textes philosophiques qui, depuis l'Antiquité grecque, abordent la question de
l'esthétique (de Platon à Kant en somme) ; d'autre part il s'agit de la discipline née avec Schelling au début du
xixe siècle.

L'apport de l'antiquité tourne autour de la notion de « mimésis », avec Platon dans Sophiste, et surtout avec
Aristote, dans sa Poétique. La mimésis est selon lui l'art de représenter la réalité; l'Art serait donc représentation
du réel et du Beau. Cependant, c'est avec la mise à l'écart du concept de mimésis que « la première théorie de l'art
comme activité du génie émerge chez Kant ». En plus de distinguer les différents arts, Kant permet de déplacer le
principe intime du caractère artistique vers le pôle de la réception, l'assimilant à l'idée esthétique en tant
qu'expression de l'entendement et de l'imagination.

Dans son cours intitulé Philosophie de l'art (1802-1803), Schelling rejette le nom d'esthétique et annonce que
seule la philosophie est à même de développer une « vraie science de l'art ». Un autre grand nom concernant la
philosophie de l'art est celui d'Hegel, qui, dans son Esthétique (1828-1829) montre que le but de cette discipline est
le Beau et l'Art, entendus comme distincts de la religion et de la philosophie. La période moderne est dominée par
49
deux courants majeurs . Le premier, représenté par Adorno pose la question de l'autonomie de l'art, notamment
vis-à-vis du social. Theodor W. Adorno, héritier de la pensée de Karl Marx, conclut que sans le social l'art ne peut
exister. Le second courant est celui de l'esthétique analytique. Il pose le problème de la définition de l'art. Les
usages du mot sont analysés par Ludwig Wittgenstein alors que son fonctionnement comme pratique est étudié
par Nelson Goodman.

Le début du xviiie siècle voit l'émergence d'une conscience de l'art, comme le siècle précédent avait révélé la
conscience du sujet. Née de la modernité philosophique, l'esthétique reste une discipline philosophique qui malgré
ses tentatives ne s'est pas émancipée en science de l'art. Ce n'est que par simplification qu'on s'accorde à dire que
l'esthétique (philosophie des sens et de l'art) est une réflexion sur l'art, car l'objet de cette réflexion n'est pas donné
d'avance. De fait ce sont les pratiques artistiques elles-mêmes qui sont devenues réflexives et de nos jours il n'est
guère possible de séparer l'œuvre d'art du discours qui la fonde : « esthétique » et « artistique » sont deux adjectifs
pratiquement interchangeables [réf. nécessaire].

Cependant, à l'origine du terme, se trouve Alexandre Baumgarten, l'auteur à qui l'esthétique doit son nom, qui
50
avait considéré « l'art esthétique » . Selon son idée, la beauté fournissait l'occasion à la connaissance perceptible
de parvenir à son accomplissement parfait : un art du beau était l’équivalent de la théorie bâtie sur la causalité.
Une médiation s'effectuait par ce troisième terme, « la beauté », introduit entre art et esthétique.

Tout comme le regard moderne s'est exercé à découvrir un certain art primitif, l'esthétique a découvert des
précurseurs chez des auteurs anciens. Par exemple le dialogue de Platon Hippias majeur porte traditionnellement
le sous-titre De la beauté et il est devenu un texte canonique de l'esthétique. Alors il n'est guère étonnant de
trouver qu'il anticipe certaines questions dont on débat encore de nos jours. Les textes issus des civilisations non
européennes peuvent aussi être soumis à une pareille lecture et, de cette manière, on reconstruit aussi, par
exemple, une esthétique chinoise ou indienne.

Tant qu'on concevait l'art comme une activité réglée, le besoin d'un système pour juger de ses résultats ne se faisait
pas sentir. Ce n'est que rétrospectivement que les divers Arts poétiques écrits depuis l'antiquité sont devenus
représentatifs d'une esthétique normative. La Querelle des Anciens et des Modernes montre qu'en fait le caractère
conventionnel des normes ou règles était bien perçu. La première ébauche de l'esthétique a été une tentative de
naturaliser l'art, et cette tentation reste toujours vivace.

C'est à Emmanuel Kant que l'on doit la solution de compromis qui, sous une
forme ou une autre, est actuellement en cours. Selon son idée originale, « le
génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne les règles à
51
l'art » . Si la beauté, ou plutôt l'idée de beauté, intemporelle et
universellement valable, liait l'art au discours qui le concerne, l'innovation
(artistique ou esthétique) pose problème. Accepter l'apparition de génies,
définis par leur « talent naturel », ouvre la voie au changement ; l'art reste une
activité soumise à certaines règles, mais celles-ci peuvent changer. L'esthétique
qui était réduite par Baumgarten à la perception se développe en jugement sur
le perçu.

Ce jugement ne s'appuie cependant pas sur des concepts définis. Le « Beau »


est universel sans concept. C'est dire au fond que c'est l'œuvre géniale qui
donne un nouvel aperçu sur le « Beau ». L'œuvre belle n'est pas réductible à un
concept, mais constitue une Idée esthétique, qui donne à penser, bien qu'elle
soit accessible par l'intuition seulement et qu'elle transcende donc
Le Voyageur contemplant une mer
l'entendement. Kant interprète le sentiment esthétique comme le fruit d'un
de nuages (1818) Caspar David
rapport inconceptualisable entre nos facultés, l'intuition, l'imagination et la
Friedrich.
raison. C'est dire que le « Beau » s'enracine dans l'unité profonde de la
personne humaine, à laquelle l'expérience n'a pas accès. De plus, et Hegel le
critiquera, Kant accorde un primat du « Beau » naturel sur le Beau artistique.
Ou plutôt, le génie humain fait partie de la nature. Edmund Burke puis Kant estiment que la beauté n’est pas
l’unique valeur esthétique. On peut lier leur réflexion à l'essor du préromantisme à partir du milieu du xviiie siècle.
Devant une tempête déchaînée ou une symphonie de Beethoven, c’est le sentiment du sublime, plus que du beau,
qui dominerait. Né de la volonté d’exprimer l’inexprimable, le goût du sublime détrône celui du beau que les deux
52
philosophes opposent systématiquement .

De l'approche kantienne, on peut dériver une bonne partie des vues et pratiques artistiques ultérieures. On notera
plus particulièrement l'idiosyncrasie de ceux qu'une partie de la société accepte comme grands artistes, la
transgression conçue comme acte esthétique ou les manifestes et autres programmes par lesquels les mouvements
note 6
artistiques modernes s'affirment .

Cette façon de procéder en instaurant un troisième terme, beauté, génie, culture ou autre, entre ce que l'on nomme
« art » et ce que l'on appelle « esthétique » parvient tout au plus à différer le problème, car à chaque fois revient la
question ; qu'est-ce que la beauté, le génie ou la culture ? Comment s'accorde-t-on sur la validité de la réponse ?
Que l'art propose ses œuvres à une esthétique ou que l'esthétique circonscrive le domaine de l'art, il y a là une
circularité que l'on évite difficilement sans faire appel aux dimensions historiques et sociales de ces phénomènes.

Les théories modernes de l'art

Sans que la distinction soit claire, on peut soutenir que les théories de l'art traitent ce sujet d'une manière plus
53
générale que l'esthétique. Par exemple une théorie sociologique de l'art a été proposée par Pierre Bourdieu , une
54
théorie sémiologique par Nelson Goodman , etc. Un même auteur présente parfois les deux approches, par
exemple Hegel qui considère l'esthétique dans un cours spécial, tandis que sa philosophie affirme que l'art est une
55
forme en déperdition .

Le projet inachevé de Theodor W. Adorno est paru sous le titre Théorie esthétique. Un point de distinction utile est
de noter qu'une esthétique peut être normative, ce qu'une théorie ne saurait être. L'énigme de l'art, qui est son
propre, se retrouve aujourd'hui être également l'objet d'étude de celui-ci à l'époque contemporaine :

« Toutes les œuvres d'art, et l'art en général sont des énigmes. Le fait que les œuvres disent quelque
chose et en même temps le cachent, place le caractère énigmatique sous l'aspect du langage. (...)
L'exemple typique de cela c'est celui, avant tous les autres arts, de la musique, qui est à la fois
énigme et chose très évidente. Il n'y a pas à résoudre, il s'agit seulement de déchiffrer sa structure.
Mais le caractère énigmatique ne constitue pas le dernier mot des œuvres; au contraire, toute œuvre
56
authentique propose également la solution de son énigme insoluble . »

Le seul point sur lequel les théories de l'art s'accordent est qu'il s'agit d'un fait humain, et d'une pratique sociale.
Deux grandes alternatives sont possibles selon qu'on accorde à cette pratique un rôle subordonné ou autonome.
Envisager la subordination est une approche réductionniste; elle propose généralement une vue de l'art comme
communication - représentation ou expression. Dans l'autonomie, que l'on compare à celle des jeux, l'art se
propose comme « activité autotélique », c'est-à-dire sans autre but que lui-même, ce que résume la célèbre formule
de « l'art pour l'art ». Les artistes et ceux qui gravitent autour de l'art ont de bonnes raisons pour défendre des
conceptions de ce type et leurs stratégies théoriques ont souvent recours à une des deux options opposées :
renvoyer à une ontologie propre - l'art serait lié à l'aspect spécifique de l'être - ou, paradoxalement, se faire
57
nominaliste en insistant qu'il y a des œuvres d'art, mais non « de l'art » . Les réductionnismes, issus
principalement d'autres milieux, tiennent généralement que c'est par exagération qu'on arrive à ces vues-limites.
58
Parmi les philosophes contemporains, Martin Heidegger dit se mettre à l'écoute de l'art et des artistes pour se
laisser dire quelque chose de leur énigme. Ce faisant il s'est orienté dans une méditation sur « L'Origine de l'œuvre
d'art », qui n'est pas à comprendre comme une recherche dans le passé mais comme l'affirmation que l'art est lui-
même origine et création du monde. Ce travail va de pair avec une destruction de toute la tradition.

Pour Guy Debord, la société capitaliste de consommation est devenue au xxe siècle une société de la publicité, de
l'image et de la représentation qu'il appelle la société du spectacle. L'artiste y a un rôle particulier; il peut soit
contribuer à la prolifération infinie et aliénante de nouvelles images, perpétuant de fait activement le modèle, soit
se situer en porte-à-faux par une attitude critique.

Une forme d'interaction et d'échange

Aujourd'hui, l’art établit une relation qui permet d’englober dans une même interaction, dans un même échange,
59
une œuvre, son créateur et le récepteur, le destinataire de cette œuvre (spectateur, auditeur, etc.) . Les différentes
formes que peuvent revêtir cette médiation concrétisent certaines relations entre l’homme et la nature, c’est-à-dire
entre un esprit humain et son environnement. Une pensée à la fois consciente et inconsciente, individuelle et
collective, un esprit libre et imaginatif communique avec le monde extérieur. Hegel, dans ses Leçons sur
l'esthétique, a tenté de définir la transcendance de cette relation en posant a
priori, que : « Le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature
[puisqu’il] dégage des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait
et instable la vérité contenue dans les apparences, pour la doter d’une réalité
60
plus haute créée par l’esprit lui-même . »

Chercher la vérité derrière l’apparence. Peut-on envisager finalité plus


captivante ? L’art devient alors le prolongement de l’action. Cette philosophie
61
de l’action, développée notamment par Hannah Arendt , émerge quand le
geste artistique devient l’expérience d’une relation particulière. Aussi l’art ne
Calligraphie animée.
cherche-t-il pas à imiter ou à reproduire, mais à traduire une réalité
métasensible. Il peut alors faire poindre le spirituel dans le champ de
l’expérience commune.

La forme comme dynamisme du sensible

En art du moins, la forme n'est donc pas un principe étranger au contenu, et


qui y serait imprimé du dehors, mais la loi de son développement, devenue
transparente. Elle n'est pas pensée par le spectateur, ce qui voudrait dire
qu'elle est de l'ordre du concept, et donc étrangère à la perception proprement
dite, qu'elle ne se donne pas à voir.

Paul Valéry pouvait écrire que « la belle architecture tient de la plante. La loi de
croissance doit se sentir. De même la loi de ménagement des ouvertures. – Une
fenêtre ne doit pas être un trou percé comme par un vilebrequin dans une
planche, mais être comme l'aboutissement de lois internes, comme la
muqueuse et les modelés des orifices naturels ».

Avant d'être transcrite dans la notation, la mélodie existe comme déploiement


même du son, exploitation de certaines possibilités insoupçonnées de ce
matériau. La couleur ne remplit pas l'espace impressionniste, mais en est la
vibration. La poésie ne consiste pas à imposer à la langue une signification
préétablie ni à produire des bouts-rimés. Elle laisse plutôt la parole aux mots
eux-mêmes, comme si elle n'était le discours de personne. Il s'agit de révéler un Feu d'artifice à Hambourg.
mouvement inhérent à une dimension sensible du monde. L'art donne à voir
comment le sensible s'engendre : le regard du peintre demande à la lumière,
aux ombres, à la couleur « Comment ils s'y prennent pour faire qu'il y ait soudain quelque chose, et cette chose ? »
(L'œil et l'esprit, Maurice Merleau-Ponty).

Les grands thèmes de réflexion sur l'art

Art et attention au sensible

L'art ne se contente donc pas de copier la nature. Pour autant, il ne se détourne


pas d'elle, mais remonte jusqu'à la source. Dans la peinture de Cézanne,
rappelle Merleau-Ponty, il ne s'agit jamais de la couleur en tant que simulacre
des couleurs de la nature, mais de la dimension de couleur, où notre cerveau et
l'univers se rejoignent. L'artiste est sensuel, il aime saisir la personnalité
propre, le visage des choses et des matières, comme le petit morceau de mur
jaune dont parle Proust à propos de Vermeer.

C'est justement parce que la nature morte n'est pas la pomme, mais la
représentation de la pomme, que pour la première fois je puis la voir au lieu de
Paul Cézanne
la penser ou de la croquer, considérer son aspect, et non son essence ou son
Les Joueurs de cartes 1892-95.
utilité. C'est en ce sens que l'art déréalise son objet, comme le souligne Jean-
62
Paul Sartre , à la suite de Kant. La mer est pour le peintre impressionniste
une surface colorée, une apparence, et non le milieu de vie des organismes marins. Dans Qu'est-ce que la
littérature ?, le même Sartre peut, sans contradiction, montrer que c'est la poésie qui constitue pour la première
fois le mot en objet, en chose, quand il n'était auparavant qu'un organe d'exploration du monde, comme les
antennes des insectes.
C'est que « l'art de voir (au sens dessin et peinture) est opposé au voir qui reconnaît les objets » (Paul Valéry). Le
visible est sensuel, lui aussi : tenu ainsi à distance, il brille pourtant des feux de nos propres désirs.

Être attentif au sensible, c'est encore, comme nous y invite Henri Focillon dans sa Vie des formes (1934), étudier
les possibilités propres d'un matériau, comme le bois, la pierre, le fil d'encre en calligraphie. Prenons pourtant ici
le mot « matériau » en un sens plus large : l'architecture gothique est tout autant faite de lumière, ou de verticalité,
que de pierre. D'un point de vue esthétique, le temps et l'espace eux-mêmes sont l'étoffe de l'expérience, comme
une langue celle de la pensée. Ce ne sont pas seulement des formes abstraites. Et, certes, l'art ne se contente pas
d'explorer les soubassements de l'expérience sensible, il tire de la connaissance intime de cette logique, ou de cette
géométrie, des structures et des effets insoupçonnés d'abord.

Arts et représentations

La notion de « représentation » dépend de la question que l'on se pose au


début de la problématique et au commencement de l'art lui-même. Elle prend
un sens tout particulier si l'on veut saisir le sens de l'œuvre d'art, et son rapport
à la beauté. L'œuvre de l'art est une forme de « re-présentation », c’est-à-dire
qu'elle présente autrement la réalité de l'univers. L'œuvre d'art ne vit pas de
son rapport plus ou moins adéquat au réel, mais des affects qu'elle produit ; par
exemple, les toiles de Munch ne représentent pas une forme de tristesse, mais
produisent un sentiment, une émotion, qui pour certains s'appelle la tristesse,
pour d'autres l'abomination. C'est peut-être parce qu'elle est productrice
d'affects, et qu'elle est à elle seule un « univers », que l'œuvre d'art est belle
(l'art contemporain est beau quand on a accroché à l'initiation que l'artiste
cherche à nous procurer). Ou alors, comme le fait Arthur Danto, il faut écarter
la beauté qui, pour les anciens n'était qu'un critère de conformité de l'œuvre
aux jugements esthétique. C'est ce qu'il explique, à travers l’analyse de
63
certaines œuvres contemporaines .
Henri Rousseau
C'est la grande difficulté des arts de notre époque : ils sont souvent liés par des Les Joueurs de football.
directions intellectuelles et des expérimentations qui ne peuvent pas être
lisibles directement et sans connaissance de leur genèse : ce sont des friches de
découvertes qui deviendront peut-être de vraies œuvres aux yeux des machines humanisées (post-futurisme).

Jamais une œuvre jeune n'est comprise sans avoir assimilé sa généalogie. Cependant on remarquera que le terme
d'« art » est trop couramment appliqué à toute médiatisation spectaculaire, et cela à son détriment.

Les médiations artistiques dépassent et transcendent tous les problèmes de la connaissance du monde. L’étude des
phénomènes physiques et l’évolution des technologies y jouent un rôle important, puisqu’elles influencent souvent
les outils de création. Une expérimentation artistique, parallèle à l’expérimentation scientifique, vient ainsi fonder
l’élaboration d’une nouvelle esthétique, soutenue par la place croissante des techniques dans la vie quotidienne.

L'art pourrait donc servir à reproduire des concepts éternels conçus ou imaginés par la seule contemplation.
L'origine de l'art provient bien de la connaissance des idées et des choses, mais transcende cette connaissance pour
la présenter autrement, devenant de ce fait représentation. Si tant est que l'art se fixe des objectifs (ce qui va bien
sûr contre sa nature), un des buts marquants de l'art serait donc de communiquer la connaissance profonde
acquise non seulement par les sens, mais aussi par l'esprit. L'art de pure imitation sera toujours très loin du vrai :
l'œuvre ne peut être aussi belle que la chose réelle ; elle est d'un autre ordre, et n'en saisira jamais qu'une toute
petite partie. L'imitation de la nature ne traduit jamais son niveau de beauté, cependant que la représentation
artistique dévoile un absolu propre à l'artiste, une vérité de notre espace naturel et inimitable puisque personnel.

Imitation et représentation

Mais cette production n'est pas obligatoirement de nature volontaire. Contrairement aux autres productions
humaines, l'acte de création se situe le plus souvent hors du champ de la conscience. Il nous permet d'accéder à
une communication du spirituel, de l'universel, de l'intemporel. Nietzsche pense également que l'art doit servir à
64
masquer ou à embellir tout ce qui est laid dans la nature humaine . Pourtant, aujourd'hui, certains arts nés de la
modernité, tel le cinéma, cherchent autant à embellir la nature humaine, qu'à mettre en évidence toute sa noirceur
dans l'espoir peut être d'en extraire les germes de l'incompréhension et de l'intolérance.

Le cinéma, en limite de l'art, donne à voir des crédibilités quotidiennes, qui mettent à jour, comme le roman, mais
en plus restreint, une expérience humaine que nous ne saurions découvrir autrement.
Cette logique conduit l’art vers une nécessité, vécue de l’intérieur par l'artiste.
La musique, plus que « l’art d’organiser les sons » reflète l’expression d’une
entité sonore « autre », d’une forme irréelle et non conceptualisable de la
communication ; elle est une imagination totale, qui réunit à la fois de
nouvelles représentations et une conception neuve de leur construction.
Comme les autres arts, elle exprime le rationnel et l'irrationnel, mais en
s'écartant du mythe ou de la magie.

Tous les processus créatifs opèrent, par l’esprit même qui les guide, une
catharsis qui garantit un dépassement des limites posées à la connaissance du La Grande Vague de Kanagawa.
monde. La symbiose sensorielle qui nourrit l’action créatrice n’est que la forme
élémentaire de la représentation qui infère l’imaginaire.

En tant qu’approche différente, plus tournée vers l’esprit que vers la pensée,
l’art doit inéluctablement déboucher sur le prolongement de l’œuvre d’une
nature dominatrice et confinée à des transformations évolutionnistes. Tentant
de s’affranchir de ces limites de la pensée humaine, l’art retrouve la substance
spirituelle, quasi mystique, quasi magique, de la création. Cette volonté
d’apaiser notre soif de connaissance n’est pas obligatoirement malsaine. Mythe
et magie ne sont pas foncièrement des échappatoires aux manques de
rationalité des événements qui nous entourent, même s’ils sont, pour certains,
des aveux de faiblesse, des limitations transfigurées.

Ils peuvent parfois marquer aussi la recherche d’une spiritualité absente. L’art Danse indienne.
en revanche est lui toujours une nécessité d’exprimer le monde de cette façon-
là. Il ne cherche pas à remplacer la réalité par une autre entité de meilleure
consistance ; il ne cherche pas non plus à transgresser des limites inhérentes à notre nature, mais il cherche à les
transcender. L’art cherche à utiliser le monde des sens pour pénétrer dans un monde de l’esprit, ou peut-être
même dans celui de l’âme. Ce faisant, l’art cherche l’immanent derrière le permanent. Il essaye de prouver que le
potentiel humain ne se réduit pas à la transformation, mais qu’il a conquis la dimension de la création.

Sources

Notes
1. Par exemple, pour le domaine de la production visuelle humaine : Laurent Gervereau (dir.), Dictionnaire
mondial des images, Nouveau monde, 2006, et Laurent Gervereau, Images, une histoire mondiale, Nouveau
monde, 2008.
2. À titre d'exemple, une statue de femme Sénufo s'est vendue 72 750 € en juin 2008 chez Sothebys Paris (http://
www.sothebys.com/app/live/lot/LotDetail.jsp?lot_id=159462255).
3. Bien qu'en France même, l'adjectif « baroque » soit souvent réservé à des édifices plus tardifs, moins
« classiques », plus « excessifs ».
4. Voir les critiques des logiques de l'art contemporain dans, parmi d'autres, Yves Michaud, La crise de l'art
contemporain : utopie, démocratie et comédie, Paris, PUF, 2005 (1re éd. 1997), 285 p.
(ISBN 978-2-13-054846-1, BNF 39936505 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39936505b.public)) ; Christine
Sourgins, Les mirages de l'art contemporain, Paris, La Table Ronde, 2005, 261 p. (ISBN 978-2-7103-2791-2,
BNF 40068237 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40068237j.public), présentation en ligne (http://www.canal
academie.com/ida1566-Les-mirages-de-l-art-contemporain.html)). Voir aussi la section Débats de la
bibliographie.
5. Dans un sens dit « international » du terme, c'est-à-dire des 75 dernières années.
6. On peut ajouter ici encore la contemplation désintéressée ou le sublime. Cf. Thiery de Duve, 1989, Au nom de
l'art, Paris, Éditions de Minuit ; P. Bourdieu, Les Règles de l'art, Paris, Seuil, 1992.

Références
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plutôt qu'un seul ? (http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/old2/articles.php?lng=fr&pg=7187), Site ac-
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cette unité, il nous est impossible de ne pas prendre en compte la réalité plurielle non pas tout d'abord des arts,
mais des œuvres d'art. »
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Voir aussi
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Article connexe
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Bibliographie

ainsi que les références en Art premier, Histoire culturelle, Anthropologie de l'art, Économie de la culture,
Enseignement de l'art, etc.

Ouvrages fondateurs

Anthologies

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Thématiques

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Liens externes

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Notices d'autorité : BnF (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11934758p)
(données (http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb11934758p)) · LCCN (http://id.loc.gov/authorities/sh85007461) ·
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