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La Marque jaune

La Marque jaune est la troisième aventure et le


sixième album de la série de bande dessinée Blake et La Marque jaune
Mortimer, créée par le dessinateur belge Edgar P.
Jacobs. L'histoire est d'abord prépubliée dans Le 6e album de la série Blake et Mortimer
Journal Tintin du 5 août 1953 au 10 novembre 1954, au
rythme d'une planche par semaine, avant d'être éditée
en album en avril 1956 aux Éditions du Lombard, puis
rééditée en janvier 1987 aux Éditions Blake et
Mortimer.

Dans cette aventure, le capitaine Francis Blake et son


ami le professeur Philip Mortimer enquêtent sur les
méfaits d'un mystérieux criminel, surnommé la
Marque Jaune en raison de la signature qu'il appose à
la craie jaune sur les lieux de ses crimes. La nécessité
de retrouver l'individu se fait plus pressante lorsqu'il
enlève quatre notables londoniens au nez et à la barbe
de la police. La Marque jaune est la première aventure
de la série qui se déroule entièrement au Royaume-
Uni. Pour composer les décors de son album,
Edgar P. Jacobs effectue un repérage sur place et
cherche à s'imprégner au mieux de l'ambiance
londonienne pour représenter fidèlement la capitale
britannique. Le scénario, qui doit beaucoup aux Fresque murale du parcours BD de
échanges entre l'auteur et son ami Jacques Van
Bruxelles reproduisant la couverture de
Melkebeke, s'inscrit dans une longue tradition
cinématographique et littéraire, empruntant l'album,
notamment de nombreuses références au cinéma réalisée en 2005 par Art Mural.
expressionniste allemand des années 1920.
Auteur Edgar P. Jacobs
L'album, considéré comme le plus abouti et le plus
emblématique de Jacobs, est reconnu comme un chef- Genre(s) Aventure
d'œuvre de la bande dessinée franco-belge. Salué pour Policier
le suspense de son intrigue, qui maintient une tension Science-fiction
permanente autour de l'insaisissable criminel et du
personnage de savant fou du Dr Septimus, comme pour Personnages Francis Blake
la qualité de sa réalisation graphique, il occupe une principaux Philip Mortimer
place essentielle dans l'œuvre du dessinateur et sert en Lieu de Royaume-Uni
quelque sorte de matrice pour les autres aventures de l’action (Londres)
la série. Le réalisme expressif de Jacobs, sa précision
Époque de
du détail, son traitement de la couleur et la rigueur de l’action
Années 1950
ses compositions ont fait l'objet de nombreuses études.

Pays Belgique
La Marque jaune est traduit dans près d'une dizaine de Langue
Français
langues. L'aventure, adaptée en feuilleton originale
radiophonique, en dessin animé et en jeu vidéo, a fait Éditeur Les Éditions du Lombard
l'objet de plusieurs projets de films. Sa couverture Première Du 5 août 1953 au
emblématique a inspiré de nombreux dessinateurs et publication 10 novembre 1954 dans
subi de nombreux détournements. Elle est notamment Le Journal de Tintin
reproduite sur une fresque dédiée à la série dans le
Nombre de
parcours BD de Bruxelles. 66 planches
pages

L'histoire Adaptations La Marque jaune


(feuilleton radio, années
1950)
Résumé La Marque jaune
(jeu vidéo, 1988)
La Marque jaune
(dessin animé, 1997)
Albums de la série

Le Mystère de la L'Énigme de
Grande Pyramide l'Atlantide

À Londres, un soir de décembre, un homme parvient à dérober


la Couronne impériale malgré la surveillance étroite des
a1
gardiens de la Tour de Londres . Ce vol intervient à la suite
d'une série de méfaits commis par un mystérieux criminel qui
a 1, a
signe ses actes de la lettre μ tracée à la craie jaune .

Nul ne semble pouvoir arrêter ce personnage insaisissable


surnommé la « Marque jaune ». Le capitaine Francis Blake, du
MI5, est alors chargé par le Home Office d'assister l'inspecteur-
a 2
« La Marque Jaune » domine chef Glenn Kendall de Scotland Yard dans son enquête . Il
d'autres célèbres personnages de fait appel à son ami le professeur Philip Mortimer et tous deux
bande dessinée sur une toile peinte passent la soirée au Centaur Club en compagnie du rédacteur
de Johan De Moor exposée un en chef du Daily Mail, Leslie Macomber, du juge Hugh Calvin,
temps sur une face aveugle de du professeur Raymond Vernay et du docteur Jonathan
a 3
l'immeuble des Éditions du Lombard Septimus . Ces quatre hommes sont enlevés
a4
à Bruxelles. successivement .

Pendant que Blake et Kendall suivent plusieurs pistes,


Mortimer mène l'enquête de son côté et découvre un lien entre les quatre victimes : une affaire
remontant à 1922 concernant la publication d'un livre intitulé The Mega Wave (L'Onde Méga),
écrit par un mystérieux Dr Wade. Il déniche un exemplaire du livre et devine la véritable identité
a5
de son auteur, qui n'est autre que Septimus . Il se rend aussitôt en taxi à Limehouse Dock où la
a6
Marque jaune a tendu un piège au capitaine Blake pour tenter de l'éliminer . Mis en fuite par la
police, le criminel est intercepté par Mortimer. Ce dernier se lance dans une poursuite qui le mène
à son repaire. Là, il découvre avec stupeur que, sous les traits de la Marque jaune, se cache son
a7
grand ennemi Olrik, manipulé par le Dr Septimus lui-même .

Capturé, Mortimer se voit révéler toute l'histoire par Septimus. Blake et Kendall finissent par
a8
retrouver sa trace grâce au conducteur du taxi qui l'avait conduit à Limehouse Dock . La police
investit la maison de Septimus et s'attaque à la porte blindée qui mène au laboratoire secret du
professeur. Dans le même temps, au sein de ce dernier, Olrik est brusquement libéré de l'influence
de Septimus par une formule prononcée par Mortimer. Il se retourne alors contre son maître et

a9
a9
l'anéantit avec sa propre machine . Au moment où il s'apprête à faire connaître le même sort à
Mortimer, les hommes du Yard font leur entrée et le mettent en fuite. Les prisonniers sont libérés
a 10
et la Couronne impériale est finalement retrouvée alors que débute le jour de Noël .

Personnages

Comme dans les deux précédentes aventures, Edgar P. Jacobs met en scène les trois personnages
principaux de la série dans La Marque jaune : le capitaine Francis Blake et son ami le professeur
Philip Mortimer doivent affronter leur rival de toujours, le colonel Olrik, réduit au rôle de cobaye
a 11
du Dr Septimus, psychiatre au Psychiatric Institute . Un autre personnage récurrent de la série
est intégré au récit dans un rôle très secondaire : Ahmed Nasir, qui fait sa dernière apparition sous
h1
la plume de Jacobs, joue ici le rôle d'un simple domestique .

Parmi les autres personnages secondaires de l'aventure figurent :


a 12
Glenn Kendall, inspecteur-chef à Scotland Yard ;
a 13
Leslie Macomber, rédacteur en chef du Daily Mail ;
a 13
sir Hugh Calvin, juge à la Cour royale de justice ;
a 14
le professeur Raymond Vernay, médecin, président de la British Medical Association ;
a 15
Mrs Benson, logeuse de Blake et Mortimer ;
a 16
Dick, chauffeur de taxi qui conduit le professeur Mortimer à Limehouse Dock ;
1
Mister Stone, archiviste du Daily Mail .

Lieux

La majeure partie de l'action se déroule à Londres, au


Royaume-Uni, notamment dans le centre de la ville.
Cependant, l'épisode de l'accident du train se déroule dans le
comté d'Essex, quelque part entre Chelmsford et Colchester, à
a 17
environ deux miles de la gare de Witham . De plus, une
partie du récit de Septimus se situe dans l'actuel Soudan : il
explique s'être établi à Fanaka, petite localité de la province du
Nil Bleu, puis avoir été sollicité par le commissaire du district
a 18 La Tour de Londres où se déroule la
installé à Wisko, poste en plein désert .
première séquence de la bande
De nombreux monuments et de nombreuses rues de la capitale dessinée.
britannique sont représentés ou cités, notamment la Tour de
a 1 a 19
Londres , la gare de King's Cross , Piccadilly, où Jacobs
a 20 a 21
situe le Centaur Club, lieu de rendez-vous de Blake et Mortimer , Park Lane , où se trouve
r a 22 a 23
leur logement, Tavistock Square, où se trouve la maison du D Septimus , Fleet Street , la
a 24 a 25 a 26
salle de lecture du British Museum , Limehouse Dock (en) , le 10 Downing Street ,
a 27 a 28 a 28 a 29
Shaftesbury Avenue , New Oxford Street , Coptic Street , Great Russell Street , ou
a 30
encore le Charing Cross Hospital (en) .
Gare de King's Cross
Tavistock Square

British Museum

Tour
de
Piccadilly Fleet Street Londres
Park Lane

10 Downing Street

Création de l'œuvre

Contexte et écriture du scénario

Au moment de commencer l'écriture de La Marque jaune, Edgar P. Jacobs est, avec ses aventures
de Blake et Mortimer, un des piliers du magazine Le Journal de Tintin, l'un des principaux
2
hebdomadaires pour la jeunesse, édité en Belgique et en France . Le premier volet de la série, Le
b 1
Secret de l'Espadon, dont la publication commence en septembre 1946 , rencontre un succès
b 2, 3
immédiat, et devient le premier album de bande dessinée édité par Le Lombard en 1950 .

À cette époque, le rythme de parution hebdomadaire des


bandes dessinées tient en haleine les lecteurs et fait naître une
attente considérable d'une semaine à l'autre, au point que
certains lecteurs finissent par connaître par cœur les dernières
c1
péripéties de leur héros, avant de découvrir la suite du récit .
La deuxième histoire de Blake et Mortimer, Le Mystère de la
b 3
Grande Pyramide, paraît de mars 1950 à mai 1952 et
4
connaît le même succès .

L'écriture de La Marque jaune doit beaucoup à l'apport de


l'écrivain et scénariste Jacques Van Melkebeke. Benoît
Mouchart considère d'ailleurs l'album comme un « révélateur
Jacques Van Melkebeke, ami de de l'amitié » entre les deux hommes dans la mesure où ceux-ci
Jacobs, joue un rôle dans l'écriture
puisent de nombreux éléments de l'intrigue dans leurs lectures
du scénario.
et les films découverts pendant leur jeunesse, en particulier le
cinéma expressionniste allemand. Par conséquent, le récit
peut-être vu comme « le catalogue de toutes les passions qu'ils
c2
ont partagées ensemble jusque-là » .

Par ailleurs, Mouchart dresse un parallèle entre Jacques Van Melkebeke et le personnage du
Dr Septimus : tout comme le savant signe son livre The Mega Wave sous un pseudonyme, Van
Melkebeke, un temps inquiété pour ses travaux sous l'occupation allemande, est mis à l'index après
la guerre et réduit à un travail de l'ombre, influençant bon nombre de dessinateurs sans que sa
participation soit révélée au grand jour. Cette dédicace, dans laquelle Mortimer reconnaît l'écriture
de Septimus et parvient à résoudre l'intrigue, apparaît comme « un miroir tendu à la relation entre
c2
Jacobs et Van Melkebeke, où ce dernier avance masqué, tout comme le savant fou dans le récit » .

Travail de documentation

Décors extérieurs

Pour composer les décors de son nouveau récit,


Edgar P. Jacobs tient à s'imprégner de l'ambiance
c 3
londonienne . Il y séjourne pendant trois jours à la fin du
mois d'août 1952 avec sa nouvelle compagne Jeanne
h 2, b 4
Quittelier , lors d'un périple qui a tout d'une expédition
exotique pour un auteur qui ne parle pas un mot d'anglais et
c3
qui n'a pas l'habitude de voyager . Ce séjour est d'abord une
déception : alors que Jacobs veut éprouver le brouillard et la Le siège de Scotland Yard.
pluie londonienne pour s'imprégner au mieux du mystère qui
entourait la ville dans ses lectures de jeunesse, il découvre
c3
Londres au milieu d'un été caniculaire . Pour autant, les rues de la capitale britannique évoquent
encore l'Angleterre traditionnelle que l'on retrouve dans Blake et Mortimer, et le dessinateur se
plait à voir « des parapluies roulés et des chapeaux melons encore nombreux », ainsi que de
b4
« superbes Indiens enturbannés » qui rappellent « Kipling et les fastes de l'Empire ».

Edgar P. Jacobs en profite pour mener un vaste travail de repérage et de documentation. Il passe
b4
ses journées à arpenter les rues de la ville . De fait, l'aspect très réaliste des décors du récit est dû
au fait qu'à son retour à Bruxelles, le dessinateur travaille à partir de croquis et de photographies
5
qu'il a lui-même pris sur le terrain .

L'auteur prend de nombreux clichés des monuments emblématiques


de la ville, comme la Tour de Londres, Law Courts, la fontaine du
Shaftesbury Memorial au centre de Piccadilly Circus, le 10 Downing
Street, résidence officielle du Premier ministre, ou encore le siège de
c3
Scotland Yard sur Victoria Embankment . Il repère également Fleet
Street, véritable centre de la presse britannique où il situe
logiquement les bureaux du Daily Mail. Il reproduit d'ailleurs dans
l'album la célèbre horloge du Daily Telegraph Building et l'agitation de
cette rue alors que se dessine la coupole de la cathédrale Saint-Paul à
c3
l'arrière-plan .

Jacobs s'inspire également de bâtiments réels pour représenter des


lieux fictifs. Il reproduit notammant une maison à l'architecture
victorienne de Kensington Gate pour représenter l'entrée du Centaur
c 3
Club où se retrouvent chaque soir Blake et Mortimer . Mais alors
L'horloge du Daily qu'il avait prévu de situer la maison du Dr Septimus près de Gordon
Telegraph Building. Square, dans le quartier de Bloomsbury où se situe le Royal Hotel
dans lequel il séjourne avec sa compagne, il s'aperçoit que le lieu ne
convient pas à ses volontés et finit par trouver, un peu plus loin, un
b 4, c 3
immeuble à la façade de briques rouges et de stuc sur Tavistock Square .

La courte durée de son séjour ne permet pas au dessinateur de se rendre sur tous les lieux de
l'intrigue. Par conséquent, Jacobs rapporte un exemplaire du Picture Book of London dans lequel il
c 3
puise de nombreux éléments pour réaliser les décors extérieurs de son aventure . Il s'inspire
également de son environnement immédiat. Ainsi, le dessin de la ruelle observée par Mortimer à
travers une lucarne du Centaur Club, dans la cinquième planche, ressemble à la vue par la fenêtre
c 1
d'une taverne située près de la Grand-Place de Bruxelles . De même, une partie des décors de
c3
Limehouse Dock est réalisée à partir de photographies des docks du port de Bruxelles , ce qui
n'empêche pas le dessinateur de représenter brillamment l'état d'abandon de ces quais,
h3
conséquence de la crise qui résulte de l'accession de l'Inde à l'indépendance .

Le souci de crédibilité et de réalisme du récit pousse également Jacobs à représenter fidèlement


des véhicules réels : les voitures de police, dont celle volée par Olrik, sont des Wolseley 4/50,
tandis que le taxi que prend Mortimer est un authentique modèle de Low Loader de la marque
Austin datant de 1934. Blake conduit pour sa part un autre véhicule de cette marque, une Austin
A70 Hampshire, ressemblant dans certaines cases à une A40 Devon, Jacobs ayant visiblement fait
6
quelques légères confusions entre les deux voitures .

Décors intérieurs

Pour les besoins de son récit, Edgar P. Jacobs établit le domicile de


Blake et Mortimer au no 99 bis Park Lane, un immeuble fictif dans une
rue bien réelle, à proximité de Hyde Park. En réalité, l'immeuble qui
inspire Jacobs est situé au no 94 et fait l'angle de cette rue et d'Upper
7
Grosvenor Street. Seule la porte de service donne dans Park Lane . Le
dessinateur fait évoluer ses héros dans un salon typiquement
britannique, orné de nombreux objets d'arts et de souvenirs rapportés
par les deux amis de leurs aventures précédentes. Pour les besoins de
L'Affaire Francis Blake en 1996, le dessinateur Ted Benoit réalise un
plan très précis de l'appartement des héros, en s'appuyant sur la seule
représentation qu'en fait Jacobs dans La Marque jaune et où il
7
recense trente-quatre objets de toutes tailles .

La cheminée est dominée par un imposant masque égyptien du


pharaon Akhenaton, probablement rapporté du plateau de Gizeh au
Un buste d'Akhenaton.
terme du Mystère de la Grande Pyramide. Une petite statuette
figurant le scribe Thot est posée sur le rebord de cette cheminée,
tandis que deux autres statuettes sont disposées sur des socles qui
l'encadrent, l'une représentant le dieu Teotihuacan, l'autre d'origine zapotèque. Un tapis navajo est
accroché sur le mur à droite de la cheminée, devant lequel figure une statue précolombienne. Une
grande vitrine, à côté de laquelle est installé un panneau d'art japonais, renferme de nombreux
autres objets. Des éléments de plus grandes dimensions sont également disposés dans ce salon, à
l'image d'un grand sarcophage de granit auquel se heurte la Marque jaune, ou encore une grande
7
statue d'Anubis .

Recherches scientifiques

Edgar P. Jacobs étudie les travaux de nombreux scientifiques, comme le neurochirurgien


britannique Wylie McKissock, spécialiste de la lobotomie dont les théories sont à l'époque
b 5
vertement critiquées par la communauté scientifique , ou bien encore les recherches sur la
c 4
visibilité des ondes cérébrales menées par Arnold Taylor et Georges de la Warr . L'auteur
extrapole également les propriétés de l'onde Méga à partir des études du professeur Garbedian sur
h4
le surhomme .

Jacobs s'appuie sur des revues de vulgarisation pour mieux comprendre et documenter ces
théories. Un numéro de Science pour tous lui permet d'élaborer les générateurs et l'éclateur qui
réduit Septimus en fumée, tandis que le no 429 de juin 1953 du magazine Science et Vie, consacré à
l'exploration électrique des mécanismes du cerveau, lui fournit une abondante documentation
b 5, c 4, 8
pour dessiner le télécéphaloscope qui permet au savant de contrôler le cerveau d'autrui .

Par ailleurs, Edgar P. Jacobs est encouragé dans sa démarche par les déclarations de plusieurs
médecins, comme les docteurs Tow et Hugh Cairns (en) qui affirmaient que la question de la
modification de la personnalité avait largement dépassé le stade de l'hypothèse dans les camps des
b5
États totalitaires .

Références culturelles

La littérature

L'élaboration du scénario de La Marque jaune doit beaucoup


aux discussions de l'auteur avec son ami de toujours, Jacques
Van Melkebeke, qui possède une connaissance encyclopédique
de la littérature anglo-saxonne. Les deux hommes travaillent
dans l'appartement de Jacobs, situé avenue du Couronnement,
b 6
à Bruxelles . Edgar P. Jacobs imagine successivement
plusieurs titres pour ce nouvel album : L'Homme aux lunettes
jaunes, Un cas étrange, L'Onde Méga, L'Onde de Prométhée,
L'univers étrange de La Marque ou encore Le Fluide maléfique. Ces titres évoquent ceux de
jaune rappelle celui du roman de chefs-d'œuvre britanniques incontournables, tels que
Robert-Louis Stevenson, L'Étrange L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, de Robert
Cas du docteur Jekyll et de M. Louis Stevenson, ou Frankenstein ou le Prométhée moderne,
Hyde. b 6
de Mary Shelley , deux romans dans lesquels des créatures
terrorisent les habitants, à l'image d'un autre grand mythe
9
littéraire, le Golem .

Plus largement, ce récit, comme les autres conçus par Jacobs, est nourri des romans de merveilleux
scientifique, un genre très en vogue au début du xxe siècle dont l'auteur découvre quelques
c4
exemples dans les magazines qu'il affectionne comme Je sais tout et Lectures pour tous . Cette
littérature d'imagination scientifique regorge de personnages de savants fous aux inventions
c4
prodigieuses, comme peut l'être le Dr Septimus avec son télécéphaloscope .

Mais l'auteur puise également dans des lectures plus récentes. Jacques Van Melkebeke lui conseille
la lecture d'un roman de Curt Siodmak, écrivain berlinois exilé à New York, Le Cerveau du nabab,
dont la traduction française paraît en 1949 et qui développe le thème de la manipulation des
cerveaux. Plusieurs scènes de ce roman se retrouvent dans le récit didactique que propose le
b6
Dr Septimus à Mortimer à la fin de l'album . De même, par sa structure et son suspense, le rituel
d'élimination de La Marque jaune rappelle celui des Dix Petits Nègres, le roman policier d'Agatha
b7
Christie .

Sur un autre plan, en situant le lieu de rendez-vous entre le capitaine Blake et la Marque jaune
dans le quartier de Limehouse, Edgar P. Jacobs s'inscrit dans une tradition littéraire qui fait de ce
quartier de l'East End londonien « le lieu du crime exotique et ingénieux », à commencer par les
romans de l'écrivain britannique Sax Rohmer mettant en scène le docteur Fu Manchu, ou bien les
c5
œuvres du romancier belge Jean Ray consacrées aux aventures de l'inspecteur Harry Dickson .

Le cinéma
Les références cinématographiques sont nombreuses dans
l'album, en particulier celles tirées du cinéma expressionniste
allemand des années 1920, que Jacobs et Van Melkebeke
appréciaient beaucoup et dont l'esthétique et l'atmosphère
b 6, c 6
fantastique ont inspiré plusieurs générations d'artistes .

En premier lieu, Le Cabinet du


docteur Caligari, un film de
Robert Wiene datant de 1920, est
une importante source
d'inspiration pour La Marque
jaune, tant pour son atmosphère
onirique et cauchemardesque que
pour la relation de maître à esclave
qui se noue entre les protagonistes
c 6
de l'histoire . Dans cette œuvre,
le docteur Caligari use de
l'hypnose sur le personnage de
Cesare pour que ce dernier
L'affiche du film Le Cabinet La saga Fu Manchu évoque
commette des crimes à sa place, ce
du docteur Caligari, dont la l'atmosphère criminelle de l'East
qui permet au docteur d'assouvir
trame inspire Jacobs. End londonien.
son désir de vengeance envers la
société, à l'instar de Septimus dans
b6
La Marque jaune . Dans un premier temps, Olrik apparaît comme
une sorte de somnambule, manipulé et privé de toute volonté, avant de se retourner contre son
c6
maître .

Ce conflit opposant le maître à sa créature évoque le cas de Victor Frankenstein, tel qu'il apparaît
dans les deux films du réalisateur anglais James Whale, Frankenstein (en 1931) et surtout La
b 6
Fiancée de Frankenstein (en 1935) . Dans ce dernier film, le savant est secondé par un être
maléfique, le Dr Septimus Pretorius, interprété par l'acteur Ernest Thesiger, et qui inspire ainsi le
b 6, 8
nom du personnage de Jacobs . L'hypnose pratiquée par le docteur au moyen d'un disque
tournant évoque quant à elle une scène du film La Femme en vert, réalisé par Roy William Neill en
10
1945 . Septimus rappelle également le personnage du docteur Mabuse, créé par l'écrivain
luxembourgeois Norbert Jacques et mis en scène par Fritz Lang dans le film Docteur Mabuse le
c6
joueur en 1922. De même que Mabuse, Septimus menace l'ordre moral et politique de son pays .

Ses inspirations physiques sont multiples : Edgar P. Jacobs reprend


h5
les traits de l'oncle de sa compagne, Arthur Vasselio , mais s'inspire
également de l'acteur Conrad Veidt dans le film Le Crime du docteur
h 5
Warren de Friedrich Wilhelm Murnau, sorti en 1920 . La
personnalité de Septimus recouvre elle aussi de multiples
inspirations : outre le docteur Caligari et le docteur Mabuse déjà cités,
le docteur imaginé par Jacobs reprend également le côté savant fou,
mégalomane et meurtrier du Dr Gogol, incarné par Peter Lorre dans
h 5, c 6
Les Mains d'Orlac de Karl Freund en 1935 .

L'apparence de ce personnage, vêtu d'un chapeau, d'une cape et de


lunettes noires, sert également de modèle à Jacobs pour habiller Olrik,
quand celui-ci s'infiltre de nuit dans l'appartement de Blake et Conrad Veidt (en 1941)
Mortimer. Son visage masqué par d'imposantes lunettes évoque inspire les traits du
également l'apparence de l'acteur Claude Rains dans L'Homme Dr Septimus.
invisible de James Whale en 1933, un film adapté du roman éponyme
c6
de H. G. Wells, l'écrivain fétiche d'Edgar P. Jacobs . Olrik emprunte
aussi la force dévastatrice et le rire sardonique de ce
h 5
personnage . Sa longue cape rappelle celle du Fantômas de
h 5
Jean Sacha, sorti en 1947 , ou celle de Judex, le héros créé
c6
par le réalisateur Louis Feuillade en 1916 .

Dans un article publié dans la revue Positif en 1986, Sylvain


Bouyer croit déceler une ressemblance entre la silhouette du
personnage principal du film L'Homme au masque de cire,
réalisé par André de Toth en 1953, et celle de la Marque
11
jaune , ce que contredit Charles Dierick en s'appuyant sur un
Sur le tournage de L'Homme argument chronologique : le film est projeté dans les cinémas
invisible, en 1933. bruxellois à partir du 12 juin 1953, alors que Jacobs est déjà en
12
pleine préparation de son album et ce depuis un an au moins .
Par ailleurs, les deux images rapprochées par Bouyer
présentent un certain nombre de différences, en particulier les points de vue adoptés par le
12
réalisateur et le dessinateur .

Le M tracé à la craie jaune — à voir plutôt comme la capitale de


la lettre grecque « µ » (mu) que comme la lettre latine
c6
« M » — avec lequel Olrik signe ses forfaits, est une référence
explicite au film M le maudit de Fritz Lang, sorti en 1931. Dans
ce film, un assassin d'enfants est marqué d'un M à la craie par
la pègre qui le traque. Une case de l'album où l'on voit la
marque sur le dos du pardessus de Blake est directement
13, 14
reprise d'un plan du film . Edgar P. Jacobs transpose
également le regard halluciné de l'acteur Peter Lorre dans les Une peinture murale dans un café-
15
traits d'Olrik . dansant de Bavière évoque Peter
Lorre dans M le maudit.
D'autres séquences de l'album s'inspirent de scènes de films
célèbres. Ainsi, la traque de la Marque jaune dans les docks
désaffectés de Londres rappelle les scènes de course-poursuite dans un décor industriel de
L'Assassin sans visage de Richard Fleischer, sorti en 1949, tandis que la poursuite du malfaiteur
par Mortimer dans les égouts londoniens évoque la cavale du personnage joué par Orson Welles
b 8, c 6
dans le film de Carol Reed Le Troisième Homme, sorti la même année .

Clins d'œil historiques

Avec l'épisode du vol de la Couronne impériale, placé en


ouverture de La Marque jaune, Edgar P. Jacobs adresse un clin
d'œil à l'histoire contemporaine. La publication de son nouveau
récit commence le 5 août 1953, soit deux mois après le
couronnement de la reine Élisabeth II. La cérémonie est
mondialement diffusée en direct à la télévision, ce qui constitue
h 2
une première historique . Pour représenter la couronne, le
dessinateur n'a à sa disposition qu'une vieille photo en noir et
h6
blanc datant de 1911, seul document fiable qu'il ait trouvé .
Apparition de la reine sur le balcon
du palais de Buckingham après le Par ailleurs, le chef du gouvernement britannique dessiné par
couronnement. Edgar P. Jacobs dans La Marque jaune, cigare à la main,
évoque Winston Churchill, Premier ministre de 1940 à 1945
16
puis de 1951 à 1955 .
L'historienne Christèle Dedebant relève de nombreuses
similitudes entre l'intrigue de La Marque jaune et l'affaire Jack
l'Éventreur, du nom du tueur en série ayant sévi dans le district
de Whitechapel en 1888. Sa figure de monstre insaisissable
15
semant la panique sur son passage imprègne tout l'album . En
outre, de même que l'assassin envoyait des courriers à l'agence
Central News, le professeur Septimus apparaît comme un
expert en communication qui annonce ses forfaits en
15
s'adressant au Daily Mail .

Publications

En français

Comme les précédentes aventures de la série Blake et


Mortimer, La Marque jaune est publiée dans Tintin, le célèbre Fac-similé du recto de la lettre
magazine belge pour la jeunesse. Le récit est diffusé au rythme « Dear Boss » reçu par la Central
News de Londres et signée Jack
d'une planche par semaine entre le 5 août 1953 (no 31/53) et le
c 7 l'Éventreur.
10 novembre 1954 (no 45/54) . La première parution en
album a lieu en avril 1956 pour la Belgique et le mois suivant en
c7
France, aux éditions du Lombard . Les éditions Dargaud rééditent le titre dans la « Collection du
c7
Lombard » en juillet 1959 .

Cette même année, le directeur commercial de la maison d'édition demande à Edgar P. Jacobs de
recomposer son album pour le ramener de 66 à 62 planches, ce qui contraindrait le dessinateur à
reprendre entièrement certaines pages de la fin du récit. Finalement, ce nouveau projet de
c8
découpage est abandonné et l'album conserve sa pagination initiale . Il est réédité et réimprimé
plus d'une dizaine de fois entre 1959 et 1987, aux Éditions du Lombard pour la Belgique et aux
17
éditions Dargaud pour la France .

Créées en 1982, les Éditions Blake et Mortimer proposent une


autre version de l'album, qui bénéficie d'une nouvelle
c7
colorisation et d'un nouveau lettrage en novembre 1987 . La
Marque jaune fait également l'objet de nombreux tirages
exceptionnels. En 1977, l'éditeur Phigi publie l'album en noir et
blanc dans une version imprimée à seulement
800 exemplaires, puis en 1985, la maison Blue Circle le publie
Logo des éditions Blake et Mortimer.
en quadrichromie avec un dos toilé, dans un tirage limité à
17
5 000 exemplaires . En 1987, Dargaud publie une édition de
luxe sous emboitage toilé, accompagnée d'un disque
microsillon du feuilleton radiophonique La Marque Jaune enregistré dans les années 1950. Elle est
17
éditée à 1 250 exemplaires dont 100 hors commerce . La même année, l'album intègre la
18
collection France Loisirs .

En novembre 2012, les Éditions Blake et Mortimer font paraître l'aventure telle qu'elle fut publiée
à l'origine dans le magazine Tintin, dans un tirage limité à 5 000 exemplaires. L'album, qui
possède la couverture censurée et refusée par Hergé, est accompagné d'un cahier de 28 pages

19
19
comprenant des croquis, dessins, études et storyboards de la main d'Edgar P. Jacobs . En
b
novembre 2017, Dargaud fait paraître l'intégrale des six premiers albums de Blake et Mortimer
20, 21
dans la collection « Niffle » en noir et blanc .

Traductions

La Marque jaune fait l'objet de plusieurs traductions. Les éditions Blake et Mortimer en proposent
22
une version en néerlandais sous le titre Het gele teken (Le Signe jaune) , tandis que les éditions
23
Carlsen Comics diffusent l'album en allemand, sous le titre Das Gelbe M (Le M jaune) , ainsi
24
qu'en danois, sous le titre Det gule mærke . En anglais, The Yellow M (Le M jaune) est publié aux
25
éditions Cinebook . L'album est également édité en espagnol sous le titre La Marca Amarilla, aux
26 27
éditions Norma Editorial , en finnois sous le titre Keltainen merkki, aux éditions Semic , en
28
italien sous le titre Il Marchio Giallo, aux éditions Alessandro Editore , et en portugais sous le
29
titre A Marca Amarela, un album publié par plusieurs éditeurs .

Censure

Comme d'autres aventures de la série, La Marque jaune est


censurée à plusieurs reprises, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur
b 9, 30
du Journal de Tintin .

Directeur artistique du magazine, Hergé refuse le projet de


couverture réalisé par Edgar P. Jacobs pour le lancement de La
h 7
Marque jaune, sans en avertir le dessinateur . Dans cette
première version, Jacobs avait dessiné une silhouette sombre
L'affiche de Nosferatu le vampire, et monstrueuse surgissant du Palais de Westminster dans le
en 1922. ciel de Londres et menaçant la ville. Au premier plan, Blake et
Mortimer étaient représentés de face, observant l'ombre
menaçante du coin de l'œil et tenant chacun une arme à feu
dans la main. L'étrange silhouette évoque alors la célèbre illustration de Gino Starace pour la
promotion du roman Fantômas, de même que le personnage de Nosferatu le vampire de Friedrich
Wilhelm Murnau ou bien encore une scène du film Faust, une légende allemande de ce même
b 9
réalisateur, montrant le Diable enveloppant de sa cape les toits d'une cité médiévale . Cette
couverture est jugée trop effrayante par Hergé comme par l'ensemble du comité de rédaction, qui
recommande à Jacobs de remplacer l'énorme personnage central par un ciel gris et menaçant, tout
b9
en supprimant le revolver tenu par Blake . Ce dernier choix étonne le critique Jacques Langlois,
dans la mesure où il semble moins réaliste que ce soit un civil qui porte une arme et non un
h7
militaire, d'autant plus que l'effacement du revolver de Blake est « maladroitement réalisé » .

Edgar P. Jacobs garde un souvenir amer de cette censure


interne et refuse pendant près de cinq ans de livrer une
b 9
nouvelle couverture pour le magazine . Le
26 septembre 1953, à l'occasion des sept ans du Journal de
Tintin, il offre un dessin dédicacé à son directeur Raymond
Leblanc, fondateur du journal, dans lequel il se représente à sa
table de travail avec le fantôme menaçant de Tintin au-dessus
31
de lui, une allusion directe et non déguisée à cet épisode .

Par ailleurs, peu avant la disparition mystérieuse du


Logo du journal Tintin au moment
Dr Septimus dans le train, Edgar P. Jacobs le montre en train de la parution de La Marque jaune.
32
de consulter un numéro du magazine Illustrated . Il reproduit
alors fidèlement la couverture du numéro du 17 octobre 1953,

a 31 33
a 31, 33
qui montre la danseuse Violetta Elvin en tutu, assise sur une malle . Le détail, pourtant
insignifiant dans l'espace de la case, est inacceptable pour le comité de censure français, qui juge ce
34, b 10
contenu érotique et en demande la modification .

De même, la séquence d'autocritique forcée et obtenue par l'hypnose de Vernay, Calvin et


a 32
Macomber, située vers la fin du récit , scandalise Georges Dargaud, l'éditeur français du
magazine Tintin, qui craint qu'une telle scène n'alerte la censure. Du propre aveu de Jacobs, la
réalisation des dernières planches de l'aventure se fait alors dans une « atmosphère de
b 10
désapprobation » .

Analyse

La Marque jaune, album emblématique de la série

Le chef-d'œuvre de Jacobs ?

Le sémiologue Pierre Fresnault-Deruelle soutient que La


Marque jaune est le chef-d'œuvre du dessinateur et considère
que « cette histoire […] fait partie des quelques BD cultes de
9
l'âge d'or de l'École dite de Bruxelles » . Il la rapproche du
courant esthétique dit du « merveilleux noir », qu'il décrit
comme « un rejeton du romantisme anglo-saxon, où le plaisir
9
de la peur constitue le ressort majeur de la narration » . Pour
Claude Le Gallo, « La Marque jaune est le cœur de l'œuvre
5
jacobsienne, le carrefour de son monde » , tout comme pour le
journaliste Julien Bisson qui affirme qu'« il n'est pas d'album
plus abouti ni plus emblématique du style Jacobs que La
Marque jaune », dans la mesure où ce récit « concentre à lui
seul tous les éléments qui ont fait le succès du duo londonien :
35 Détail de la fresque dédiée à La
suspense, virilité et anticipation scientifique » .
Marque jaune sur le parcours BD de
Bruxelles.
Pour Benoît Mouchart et François Rivière, biographes d'Edgar
P. Jacobs, La Marque jaune est « un chef-d'œuvre de suspense
fondé sur la rythmique des coups de théâtre », dans lequel
b7
l'auteur « renoue avec un goût du mélodrame qu'il porte en lui depuis longtemps » . Ils affirment
b 11
que Jacobs livre « un thriller mi-policier, mi-fantastique » , qui « s'impose comme une subtile
b 11
réappropriation de matrices antérieures issues de la mythologie populaire » . Au contraire
d'Hergé, dont les Aventures de Tintin s'appuient le plus souvent sur des évènements réels, l'œuvre
d'Edgar P. Jacobs se nourrit des nombreuses références littéraires, graphiques et
cinématographiques que l'auteur accumule depuis l'enfance et qu'il reconstruit pour créer son
univers personnel. En ce sens, Benoît Mouchart et François Rivière qualifient Jacobs d'auteur
« postmoderne avant l'heure », et considèrent que La Marque jaune est l'exemple le plus expressif
b 8
de ce style . François Rivière met d'ailleurs en avant la noirceur et la sophistication du récit,
c 1
poussées plus loin encore que dans les deux premiers épisodes de la série . Pour l'historien
François Sigaut, il s'agit de « l'histoire de savant fou la plus épurée que la bande dessinée ait jamais
36
produite » .

Cette aventure suscite l'admiration des propres collègues d'Edgar P. Jacobs, comme l'explique le
dessinateur Albert Weinberg : « Ce qui nous frappait tous dans cette histoire, c'est qu'elle n'avait
rien à voir avec ce qui paraissait alors dans la presse pour enfants. C'était très éloigné des histoires
b 12
d'Hergé, qui restent bien innocentes en comparaison de ce récit angoissant . » Dès sa parution
dans le magazine Tintin, La Marque jaune rencontre un succès considérable, au point que de
c1
c1
jeunes lecteurs s'amusent alors à dessiner à reproduire le symbole sur les murs de leur ville . Plus
généralement, La Marque jaune est reconnue comme un chef-d'œuvre de la bande dessinée, et non
seulement de son auteur : en 2012, l'album est placé au quatrième rang du classement des 50 BD
35, 37
essentielles établi par la revue Lire . La Marque jaune reçoit majoritairement des
commentaires favorables sur les réseaux sociaux dédiés à la culture. Ainsi, en octobre 2023,
l'album reçoit la note moyenne de 7,7/10 sur SensCritique, sur une base d'environ 5 100 votes
38
d'internautes , tandis qu'il obtient une note moyenne de 4,14/5 sur Babelio, calculée à partir de
39
746 notes .

Place de l'album dans la série


a 33
La séquence de l'intrusion de la Marque jaune dans l'appartement de Blake et Mortimer est
b 13
décrite comme l'une des plus réussies de l'album , au point que le sémiologue Pierre Fresnault-
9
Deruelle lui consacre une étude dans la revue Communication et langages en 2003 . L'intrusion
d'Olrik renvoie implicitement à un épisode de l'aventure précédente, Le Mystère de la Grande
Pyramide, quand les héros et leur rival s'enfonçaient dans les souterrains de la pyramide de
Khéops à la recherche de la chambre d'Horus. L'ambiance des deux scènes est à ce point
comparable que Jacobs utilise les mêmes tons de couleur, éclairant l'appartement d'une lumière
orangée rappelant l'ambiance de la chambre souterraine, ce qui contribue à faire perdre son sang-
9, 40
froid à l'intrus . Ainsi, selon Pierre Fresnault-Deruelle, « cette séquence possède la rarissime
particularité de jouer sur la mémoire des couleurs, celle que retrouve le Méchant (Olrik, alias La
Marque jaune) mais aussi ― et ceci sans qu'il soit explicitement prévenu ― le lecteur. Comme s'il
s'était agi, pour Jacobs, de mettre ce dernier dans des circonstances psychiquement analogues à
9
celles déjà vécues, mais non verbalisées, par le maléfique personnage » . Par ailleurs, les
révélations apportées par le Dr Septimus à Mortimer à la fin de l'album permettent à l'intrigue de
La Marque jaune de s'imbriquer définitivement dans celle de l'aventure précédente, car elle
permet d'expliquer ce qu'il advient d'Olrik, errant dans le désert après l'effacement de sa mémoire
c9
par le cheikh Abdel-Razek au terme du Mystère de la Grande Pyramide .

De fait, La Marque jaune s'inscrit dans la continuité des précédents récits. Mais plus encore,
l'album sert de « mètre étalon » aux suivants. Le critique de bande dessinée Nicolas Tellop
constate que, depuis la reprise de la série en 1996 avec L'Affaire Francis Blake, première aventure
éditée depuis la mort de Jacobs, La Marque jaune est le canevas à partir duquel les autres auteurs
c9
peuvent continuer à faire vivre Blake et Mortimer, en dépit de la pluralité des thèmes abordés .

Troisième aventure écrite par Edgar P. Jacobs, La Marque jaune est en effet celle où l'auteur
introduit de nombreux éléments narratifs et graphiques qui seront repris dans les albums suivants,
c 9
y compris par les nouveaux auteurs de la série . Au début du récit, Blake et Mortimer se
retrouvent au Centaur Club, un de « ces lieux de code et d'une initiation propre à un groupe », dont
« l'aura feutrée irradie d'un fantasme typiquement britannique » et qui devient le lieu de rendez-
c9
vous habituel des deux amis lorsqu'ils séjournent à Londres . C'est aussi dans La Marque jaune
que le code vestimentaire des deux héros se fige : cravate et uniforme militaire pour Blake, veste en
c9
tweed beige ou vert et nœud papillon pour Mortimer .

Par ailleurs, l'intrigue est résolue en partie par les révélations de Septimus sur son passé, à la
manière d'un flashback. Ce procédé est utilisé régulièrement dans les autres albums de la série, de
même qu'un certain nombre d'ingrédients narratifs : la course-poursuite de La Marque jaune est
reprise dans L'Affaire Francis Blake, l'usage du masque porté par le méchant, qui s'inscrit dans la
tradition du roman-feuilleton, est repris dans Le Serment des cinq Lords, le laboratoire secret de
Septimus évoque ceux du professeur Miloch dans SOS Météores et Le Piège diabolique ou celui du
Dr Zong dans L'Étrange Rendez-vous, et la descente de Mortimer dans les égouts est comparable à
c9
celle de Blake dans ceux de Moscou dans La Machination Voronov .

Style graphique

Réalisme expressif et précision du détail

L'écrivain Jean-Paul Dubois, qui a consacré un ouvrage à


l'album, salue la précision du détail atteinte par le dessinateur
et considère qu'elle est au service de l'univers fantastique qu'il
souhaite mettre en place dans la mesure où elle renforce la
ligne de rupture entre le réel et l'étrange : « Les vues
ressemblent à la réalité, nous permettent d'identifier les lieux.
Mais elles fonctionnent avant tout comme des images-signes,
chargées d'un sens extraordinairement puissant. Le Londres
quotidien a disparu, pour faire place à l'univers imaginaire
jacobsien. C'est ce qui rend d’ailleurs à proprement parler
fantastique un récit comme La Marque jaune : la normalité et
les éléments science-fictionnels s'y interpénètrent
41
intimement . »

Benoît Mouchart et François Rivière louent eux aussi le


L'écrivain Jean-Paul Dubois
réalisme des compositions du dessinateur et précisent qu'en
consacre un ouvrage à La Marque
s'éloignant des simplifications graphiques de la ligne claire qu'il
jaune.
avait adoptées pour la réalisation du Mystère de la Grande
Pyramide, Edgar P. Jacobs « retrouve la possibilité de signifier
le mystère au moyen d'effets de plume nettement plus
b 14
subtils » . François Rivière insiste d'ailleurs sur la qualité graphique des planches originales en
c1
noir et blanc, dont le graphisme repose sur un travail de fines hachures tracées à la plume . Quant
à la structure des planches, Jacobs s'éloigne de la rigoureuse symétrie verticale qui marquait ses
premiers albums pour une composition qui repose sur l'alternance des plans d'ensemble et des
c 10
gros plans .

Jean-Paul Dubois souligne également « l'expressivité exacerbée » des personnages mis en scène
par Jacobs, influencée directement par le passé de comédien du dessinateur, duquel il retient
« l'importance du geste et de l'expression du visage, qu'il devait rendre suffisamment clairs pour
qu'ils soient perceptibles même par le spectateur du dernier rang ». Pour Jean-Paul Dubois, « il en
résulte une certaine emphase dans les positions des personnages, et une utilisation percutante de
42
certains gros plans », à l'image de la vignette plaçant le lecteur sous l'effet hypnotique du regard
43
du Dr Septimus .

Traitement de la couleur

Dans ce récit enfermé dans la pénombre et la nuit, Edgar P. Jacobs transcrit le célèbre brouillard
44
londonien par de fines hachures qui atténuent les couleurs . Pour Benoît Mouchart et François
Rivière, le fait que la ville de Londres soit presque toujours représentée de nuit dans l'album
témoigne de la volonté du dessinateur de mettre en place une ambiance morbide : « [D]ans des
ambiances savamment colorées, prenantes, et toujours propices à l'apparition du mystère, Jacobs
réussit à révéler la part d'inquiétude qui suinte des décors policés de son Londres de carte
b 13
postale . » Dès les premières planches, une atmosphère étouffante se met en place et, dans la
nuit londonienne, l'étrange fait irruption au sein du réel. Pour les deux écrivains, cette scène
introductive n'est pas seulement un « hommage sarcastique » au proche couronnement
b 14
d'Élisabeth II, mais aussi au « génie du clair-obscur d'Arthur Rackham » . Le critique de bande
dessinée Nicolas Tellop considère que ces trois premières planches contiennent « toute la magie de
Jacobs » : « La scène se déroule à l'époque contemporaine, et pourtant l'architecture moyenâgeuse
du décor la renvoie à une intemporalité gothique, qui brasse dans un même geste l'imaginaire
c 10
historique des romans de Walter Scott et les récits à énigmes d'Edgar Wallace ».

Cette ambiance nocturne permet au dessinateur de faire montre de toute sa maîtrise des jeux de
lumière, en s'inspirant largement des éclairages du cinéma expressionniste. La poursuite de la
Marque jaune dans les docks londoniens donne lieu à une profusion de rais de lumière qui
rappellent ceux éclairant Mortimer au sommet de la pyramide dans le premier tome du Secret de
c 10
l'Espadon . Frédéric Soumois relève l'utilisation constante du rouge pour exprimer la menace et
l'angoisse. Ainsi, dans la scène d'ouverture, le rouge est utilisé comme une lueur dans la nuit, de
même que dans la cabine du conducteur de l'express qui emmène Blake et le Dr Septimus loin de
Londres, ou à travers les braises rougeoyantes qui éclairent le salon de l'appartement de Blake et
Mortimer. De la même manière, le laboratoire souterrain de Septimus est représenté avec des
44
murs rougeâtres .

Par ailleurs, Jacobs dessine pour la première fois des images totalement monochromes, ce qui
44
constitue à l'époque une innovation dans la bande dessinée . Il utilise également la règle du
contraste pour ses récitatifs de couleur : là où les séquences de nuit sont majoritairement bleues,
13
les récitatifs sont bordeaux .

Composition, organisation de l'espace et disposition des personnages

Sylvie Freyermuth, qui propose une lecture sémiolinguistique de l'espace dans les aventures de
Blake et Mortimer, constate que « des régularités d'organisation spatiale qui passent par un
parallélisme entre les vignettes, une identité ou une symétrie des positions des personnages » se
45
dégagent de l'œuvre du dessinateur . D'après son analyse, Jacobs use d'une « stratification de
l'espace plus ou moins sophistiquée selon les aventures » qui repose « sur une forme contrastive
binaire repérable dans la même vignette, d'une vignette à l'autre, dans l'organisation de la planche
45
et la totalité de l'album » . D'une manière générale, toutes les représentations des personnages en
position haute témoignent de leur supériorité, et inversement. Ainsi la Marque jaune est
constamment représentée en position dominante par rapport aux policiers qui la traquent, un effet
parfois accentué par un cadrage du dessin en contre-plongée. Une position haute dans l'image
signifie alors tout autant le pouvoir que le danger. Dès son apparition dans les premières planches
de l'album, la créature maléfique apparaît en position de surplomb des gardiens de la Tour de
45
Londres désemparés et réduits à une situation d'infériorité . À son tour, Olrik est représenté à
plusieurs reprises à genoux sous le fouet du Dr Septimus, mais quand il se rebelle et se libère de
45
son asservissement, la position s'inverse .

Le récit de l'humiliation subie par Septimus au moment du scandale du livre The Mega Wave offre
un autre exemple de stratification de l'espace : le juge Calvin, qui condamne les théories de
Septimus, est représenté dans la partie supérieure de la vignette, surplombant la salle d'audience
45
du tribunal, le doigt pointé vers le ciel, sentencieux . Dans la vignette qui suit, Septimus
embarque pour le Soudan et gravit la passerelle du paquebot dans un mouvement ascendant qui
marque la première étape de sa vengeance et « représente bien la conquête du pouvoir que nourrit
45
sa rancœur imprescriptible » .

Séquence emblématique, l'intrusion d'Olrik dans l'appartement de Blake et Mortimer témoigne de


la maîtrise du dessinateur dans le symbolisme qui se dégage de ses compositions. La planche
repose sur une construction descendante où la lecture coïncide avec la lente progression du
personnage dans l'appartement. Pour le sémiologue Pierre Fresnault-Deruelle, son exploration
s'apparente à une quête dans le mesure où il se dirige « vers une sorte de Saint des saints, à savoir
le salon-musée où sont exposés les objets religieux rapportés par Mortimer des pays où ses
missions l'ont conduit ». De fait, les cases de la planche deviennent pour le lecteur « les étapes d'un
9
long creusement et les strips autant de corridors menant au lieu enfoui de quelque révélation » .
La sixième case, située au centre de la planche, montre Olrik dans l'escalier et joue un rôle essentiel
dans cette construction. D'une part, l'escalier « métaphorise à lui seul le cheminement du
personnage » et la case marque une limite « tant physique que dramatique » entre l'intrusion du
malfaiteur et ce qui lui arrive ensuite, quand il n'a plus de prise sur son environnement. D'autre
9
part, l'escalier confère au personnage une allure théâtrale .

Dans l'avant-dernière case de cette planche, la Marque jaune lâche une courte exclamation en
s'arrêtant sous l'effigie d'un pharaon. Pierre Fresnault-Deruelle insiste sur l'effet « saisissant » qui
se dégage de cette illustration, comme si le personnage et la statue échangeaient leur rôle, une
impression renforcée par le sourire porté par le masque du pharaon. Dans la dernière vignette, seul
le masque est représenté de profil et entouré d'une mystérieuse aura. Cette conclusion augmente
encore la tension de la planche tout en stimulant l'attente du lecteur, pressé de connaître la suite
9
des évènements .

Style narratif

Une œuvre « musicale »

Comme de nombreux spécialistes de l'œuvre d'Edgar P. Jacobs, François Rivière évoque l'influence
de l'opéra, la grande passion du dessinateur, dans la construction de ses récits : « Comme dans la
musique, [Jacobs] travaille toujours à partir d'une introduction pour ensuite donner forme à
plusieurs mouvements. Or, dans ses albums, le premier mouvement est toujours très beau, et celui
de La Marque jaune est éblouissant. Quand on dit qu'il a été marqué par l'opéra, ce n'est vraiment
c1
pas une légende . »

La journaliste Antoinette de Lornière décrit le scénario de La


c7
Marque jaune comme « un opéra en trois actes » .Le premier
s'ouvre par le vol spectaculaire de la couronne impériale à la
Tour de Londres une nuit de décembre et se poursuit jusqu'aux
enlèvements successifs du rédacteur en chef du Daily Mail,
Macomber, du juge Calvin, du médecin Vernay et du
Dr Septimus. Dans ce premier acte, qui présente les faits et les
différents protagonistes de l'aventure, la Marque jaune est
invisible et la police comme Blake et Mortimer ne peuvent
c 7
qu'assister impuissants à ses méfaits retentissants . Tout au
long de cette ouverture, la sonnerie de Big Ben rythme
l'aventure, annonçant par ses coups le danger à venir et
45
l'enlèvement des différents personnages . Dans le second acte,
l'aventure suit deux lignes parallèles, Blake enquêtant sur le
terrain tandis que Mortimer entame des recherches de son
côté. Ces deux lignes se rejoignent lorsque Mortimer, qui vient
de découvrir la véritable identité du Dr Wade se précipite à
Limehouse Dock où la Marque Jaune a donné rendez-vous à Les cloches de Big Ben rythment
Blake, un véritable guet-apens à l'issue duquel le criminel l'intrigue de La Marque jaune.
parvient à prendre la fuite. La capture de Mortimer inaugure le
troisième et dernier acte, celui des résolutions, qui s'achève
positivement par la libération des différentes victimes et la découverte de la couronne volée,
c7
cependant qu'Olrik parvient à s'échapper .
Le linguiste François Jacquesson salue d'ailleurs la construction de la deuxième partie de
46
l'aventure, dans laquelle les deux héros sont dissociés . Tandis que Blake se rend au rendez-vous
fixé par la Marque jaune à Limehouse Dock, le professeur Mortimer reçoit la visite de l'archiviste
du Daily Mail qui lui apporte le livre du Dr Wade contenant la clé de l'énigme dans sa dédicace.
Dès lors, le lecteur suit en alternance les deux héros, jusqu'à ce que Blake découvre Mortimer dans
le laboratoire souterrain du Dr Septimus par le biais d'un écran. François Jacquesson y voit une
trouvaille sur le plan narratif : « Avant cette page, je ne crois pas qu’il y ait d’exemple (dans
l’histoire de la fiction) où des héros séparés sur des fils distincts de l’action, se retrouvent d’abord
46
au moyen d’un écran . »

Structure narrative et tension du récit

À la manière des romans de H. G. Wells, le récit de La Marque jaune s'ouvre in medias res : la
créature a déjà perpétré plusieurs forfaits sensationnels qui sont évoqués par la presse au
lendemain du vol à la Tour de Londres. Ces crimes ne sont pas montrés au lecteur et l'auteur lui
laisse le soin de les imaginer. Jacobs use abondamment de l'ellipse dans cette aventure, de sorte
qu'il « affirme par l'exemple combien la bande dessinée porte en elle-même une imagination
beaucoup plus puissante que les seules images qu'elle déroule », selon l'analyse de Benoît
b 15
Mouchart et François Rivière . À tout moment, Jacobs offre au lecteur la possibilité de combler
b 15
par sa propre imagination ce qui n'est ni raconté, ni montré, mais seulement suggéré .

Contrairement aux deux premiers albums, qui s'étalent sur plus d'une centaine de planches, La
Marque jaune adopte une pagination plus conventionnelle qui impose à l'auteur un rythme plus
c1
soutenu, sans aucun temps mort, et d'une densité incomparable . François Rivière ne reconnaît
qu'un seul « écueil » dans cette aventure, le dénouement précipité de la dernière planche, faisant
c1
que « le récit se termine en queue de poisson » . Ce dernier épisode vaut à Jacobs de nombreuses
critiques qui regrettent une intrigue trop rapidement close, mais l'auteur l'explique par la
c 8
contrainte d'une pagination fixe imposée par l'éditeur . Jacques Van Melkebeke, qui conseille
Jacobs tout au long de la rédaction, considère que cette fin précipitée est due au trop nombreuses
digressions que l'auteur n'a su éviter dans les séquences précédentes, comme il le lui reproche dans
une lettre : « J'espère du moins que tu admets que c'est à la même charmante faculté que nous
devons de devoir comprimer à ce point les dernières planches, puisque tu t'es obstiné à délayer
c8
certains épisodes secondaires . » Selon Pierre Fresnault-Deruelle, la tension permanente culmine
dans la séquence de l'intrusion de la Marque jaune dans l'appartement de Blake et Mortimer, qu'il
rapproche, par son intensité, de celle du rêve de la momie Inca dans Les Sept Boules de cristal de
9
Hergé .

Pour Benoît Mouchart et François Rivière, « La Marque jaune s'inscrit dans une mythologie
b 16
d'autant plus trouble qu'elle reste toujours suggérée plutôt que montrée au lecteur » . La
créature qui terrorise la ville de Londres reste longtemps insaisissable, et la seule preuve de son
existence réside dans la fameuse Marque jaune tracée à la craie, ce « génial symbole graphique »
b 16
qui retarde sans cesse l'apparition du monstre tout en stimulant l'imagination du lecteur . De
même, « les avertissements répétés, à travers les insolentes missives envoyées aux héros ou à la
presse, appuient ce sentiment d'attente que renforce l'incidence médiatique des forfaits de la
Marque jaune : journaux, radio et télévision relaient tous en effet l'affaire avec un goût du
b 16
sensationnalisme qui amplifie encore […] l'attention du lecteur » . Quand la créature se
manifeste enfin et s'introduit dans l'appartement de Blake et Mortimer, son apparente invincibilité
est immédiatement remise en cause par l'inspecteur Kendall, un personnage cartésien : le fait qu'il
suspecte que les deux héros ont pu être abusés par l'obscurité et leur imagination fertile « ne fait
b 17
que réaffirmer la part interprétative laissée au lecteur » . De ce fait, le symbole de la Marque
jaune agit à la manière d'un MacGuffin dans cette aventure, dans le sens où il sert de prétexte au
scénario sans que la raison pour laquelle le criminel signe ses méfaits par ce symbole ne soit
c8
dévoilée au cours du récit .

Rôle du livre et de l'écrit

Le livre du Dr Wade, The Mega Wave, occupe une place centrale dans
l'intrigue car c'est à partir de la dédicace inscrite sur sa première page
que Mortimer et Blake découvrent tour à tour l'identité du
manipulateur de la Marque jaune : Benoît Mouchart et François
Rivière estiment que cette mise en abyme trouve son origine dans les
premières pages de L'Île du docteur Moreau, le roman de H.G. Wells,
au moment où le narrateur se remémore la couverture d'un livre écrit
par le docteur Moreau, bientôt contraint à l'exil en raison de ses
b 18
opinions et de la brutale franchise avec laquelle il les exprime .

Didier Barrière, qui consacre une étude à la place de l'écriture et du


livre en tant qu'objet dans les aventures dessinées par
Edgar P. Jacobs, considère La Marque jaune comme l'album
Les premières pages de 47
apportant le plus de matière dans ce domaine . Tout d'abord, le
L'Île du docteur Moreau ont
premier enjeu du récit consiste à trouver le sens de la mystérieuse
pu servir d'inspiration pour
lettre grecque μ, tracée à la craie jaune dans les rues de Londres et
La Marque jaune.
signature des méfaits d'un insaisissable criminel. Le monde de la
presse est omniprésent dans l'album, d'abord par les nombreux
commentaires que les journaux consacrent à l'affaire et que lit
notamment un soldat de la Tour de Londres dès la première planche, puis par les coupures de
presse que Jacobs dispose le plus souvent en travers de l'image, « comme autant de pièces versées
47 c9
au dossier » et qui représentent une économie de la narration en exposant les faits . Jacobs fait
ensuite entrer le lecteur au cœur même de la presse britannique, à Fleet Street, où sont regroupés
les principaux quotidiens. Le dessinateur représente la salle de rédaction du Daily Mail, le bureau
de son rédacteur en chef, et surtout l'imprimerie où les dernières nouvelles arrivent par un tube
pneumatique. Comme le souligne Didier Barrière, Jacobs, dans le soin porté au réalisme qui le
caractérise, montre l'univers bourdonnant de cette salle, des clavistes s'affairant sur les linotypes
47
aux ouvriers chargeant les paquets de journaux dans les camions .

Dans un second temps, c'est « le livre véritable » qui succède


aux journaux et aux magazines pour se retrouver au cœur de la
47
narration . Les scènes d'intérieur laissent entrevoir des
bibliothèques privées, comme celle, imposante, du
Dr Septimus, puis celle des héros. Tandis que Blake participe
activement à la traque de la Marque jaune, Mortimer
« s'arrach[e] à la tyrannie de l'événement ». Il entame ses
propres recherches au sein des volumes reliés des archives du
Daily Mail et parvient, avec l'aide d'un archiviste dévoué, à
trouver le lien qui unit les quatre personnalités enlevées par le La salle de lecture du British
malfaiteur : le scandale causé, en 1922, par la parution d'un Museum sert de cadre à l'une des
livre scientifique, The Mega Wave. Dès lors, convaincu que cet scènes du récit.
objet contient la clé de l'énigme, la priorité de Mortimer est de
retrouver le livre mystérieusement retiré de la circulation après
la mort de l'éditeur, ce qui l'amène jusqu'à la salle de lecture du British Museum où le livre vient
d'être dérobé. Le livre semble aussi insaisissable que La Marque jaune mais c'est bien sa lecture qui
permet à Mortimer de résoudre l'affaire, une lecture dont est privé le lecteur de la bande dessinée
mais que Jacobs lui révèle par les explications fournies par Septimus à Mortimer après sa
47
47
capture . Dans cet épisode, l'écriture apparaît surchargée, « la tête du savant fou paraît noyée
dans le texte qui sort de sa bouche, submergée par sa propre parole » selon l'expression de Didier
47
Barrière qui y voit « un remarquable contrepoint calligraphique soulignant le dessin » .

Pour ce dernier, il n'est d'ailleurs pas anodin que le poste de commande du laboratoire secret du
Dr Septimus soit dissimulé derrière sa bibliothèque, ce qui renforce d'autant plus le rôle essentiel
47
de l'écrit dans cette aventure .

Par ailleurs, Edgar P. Jacobs intègre comme à son habitude de nombreux récitatifs dans ses
planches. D'une part, ces textes informent le lecteur sur les circonstances de l'action en cours,
d'autre part leur utilisation permet de créer une soudure essentielle entre deux images dont
l'enchaînement pourrait s'avérer incompréhensible. Pour Benoît Mouchart et François Rivière,
leur lecture empêche aussi le regard de sauter trop rapidement d'une case à l'autre : les récitatifs
apparaissent donc comme « une invitation lancée au lecteur afin qu'il puisse mieux détailler et
b 19
savourer la composition complexe de chaque dessin » . Par ailleurs, Jacobs insère de fausses
coupures de presse dans ses vignettes, un procédé fréquemment utilisé par Hergé dans Les
Aventures de Tintin et qui permet une certaine économie de la narration en apportant des
c9
éclaircissements ou en faisant le bilan de l'action tout en évitant de longues scènes d'exposition .

Thèmes abordés dans le récit

Manipulation des cerveaux

Edgar P. Jacobs définit lui-même son album comme « une sorte de réaction instinctive contre la
b 20
tendance anti-individualiste et la mise en condition systématique de la personne » . La Marque
jaune aborde ainsi le thème de la manipulation des cerveaux, de même que les conséquences
engendrées quand l'Homme tombe sous le contrôle et la domination d'un autre et ne répond plus
qu'à ses pulsions. Pour Benoît Mouchart et François Rivière, ces deux thèmes « fascinent tant par
leur résonance avec le lavage de cerveau entrepris sous le Troisième Reich que par leurs
implications dans la société de consommation qui commence à se développer au lendemain de la
b 20
Seconde Guerre mondiale » . Ils soulignent d'ailleurs que ces thèmes narratifs sont repris
quelques années plus tard, et de façon humoristique, par Greg et Franquin dans Z comme Zorglub
b 20
et L'Ombre du Z, deux albums de la série Spirou et Fantasio .

L'œuvre de Jacobs peut, dans une certaine mesure, être qualifiée de visionnaire sur le plan
scientifique. Comme le dessinateur le rappelle lui-même dans ses Mémoires, la réalité finit par
rejoindre la fiction dans les années qui suivent la publication de son récit. Le magazine Science et
Vie révèle en 1956 qu'un ingénieur électronicien du nom de Schafer expose à la Conférence
nationale électronique de Chicago l'éventualité de transformer l'homme en un robot, par le biais
d'électrodes judicieusement placées dans le cerveau. Par ailleurs, des scientifiques soviétiques
mettent au point en 1958 une main bioélectrique mue par les influx du cerveau, tandis que le
magazine Match mentionne en 1965 l'usage aux États-Unis de l'électricité organique pour la
commande de membres artificiels, tels qu'un bras autodirigé reproduisant tous les mouvements
d'un vrai bras. Enfin, les scientifiques Guillemin et Schelly, qui mènent des travaux sur les
hormones hypothalamiques, révèlent en 1978 l'existence de neurohormones, ce qui fait dire à un
32
membre du comité Nobel « qu'ils [ont] établi un lien entre l'âme et le corps ».

Edgar P. Jacobs finit par recevoir la reconnaissance scientifique de neuropsychiatres de l'université


de Liège : en 1977, la doctoresse Levnen et le docteur Bataille lui affirment que le Dr Septimus est
c
l'exemple type du paranoïaque, la dix-septième planche de l'album étant pour eux « un
extraordinaire raccourci des symptômes de la maladie, constituant un véritable diagnostic
cliniquement conforme à la réalité ». Ils ajoutent que les fous mis en scène par son confrère Hergé
dans Les Aventures de Tintin ne le sont pas autant que les siens car moins conformes aux normes
32
32
psychiatriques . En 1978, le dessinateur est convié à une conférence organisée par des
neurochirurgiens et des neurologues, intitulée : Essai d'analyse sémiotique du concept folie dans
d, 32
la bande dessinée d'Hergé et de Jacobs .

Ésotérisme et légendes urbaines

Benoît Mouchart, qui rappelle que Jacobs et Van Melkebeke « ont eu une jeunesse de gothiques
avant l'heure », considère que la modernité scientifique à l'œuvre dans ce récit s'y intègre par un
prisme magique, les savants reproduisant les mêmes archétypes que ceux de la sorcellerie. Dans
cette aventure, l'auteur et son ami « charrient tout un ésotérisme du signe qui veut dire autre chose
que ce qu'il est censé signifier : une menace effroyable alors que ce n'est, à la base, qu'un
c2
graffiti » .

Par ailleurs, François Rivière et Benoît Mouchart voient dans la figure de la Marque jaune, qui
élève ses crimes au rang d'un art, une variation moderne des légendes urbaines qui terrorisent les
foules depuis la médiatisation des crimes de Jack l'Éventreur à la fin du xixe siècle, à la manière de
b 21
Fantômas, Judex ou Belphégor .

Le professeur Pierre Masson constate d'ailleurs que dans La Marque jaune, Edgar P. Jacobs utilise
le thème narratif de la malédiction et de l'élimination successive. Ce procédé, mis en avant par la
romancière Agatha Christie dans Dix Petits Nègres, est également repris par Hergé dans le
diptyque formé par Les Sept Boules de cristal et Le Temple du Soleil, dans lequel sept savants
européens sont tour à tour frappés d'une mystérieuse léthargie après avoir violé une sépulture
inca, et par Jacques Martin dans La Griffe noire, où cinq généraux romains sont l'objet d'une
48
vengeance .

Erreurs et incohérences
c 11
La Marque Jaune présente une logique temporelle hasardeuse . L'histoire est censée se dérouler
après Le Mystère de la Grande Pyramide, comme le rappelle le résumé de la vie d'Olrik proposé
par le Dr Septimus à Mortimer et comme l'indique le comportement du malfaiteur dans
l'appartement des deux héros. Le Mystère de la Grande Pyramide est censé lui-même se dérouler
après Le Secret de l'Espadon ainsi que cela est rappelé dans la première page de l'album lors de la
conversation entre Mortimer et Nasir dans l'avion qui les amène au Caire. Or, Septimus raconte à
Mortimer avoir recueilli Olrik amnésique et errant dans le désert à la suite des évènements de la
Grande Pyramide, puis être rentré à Londres avec lui alors que la guerre éclatait. Une note placée
sous la vignette indique qu'il s'agit de la troisième Guerre mondiale décrite dans Le Secret de
l'Espadon, ce qui semble totalement incohérent dans la mesure où Olrik, dans cette aventure
c 11
initiale, joue un rôle essentiel en tant que colonel dans l'armée du tyran Basam Damdu .

Selon Gérard Lenne, la référence à la Luftwaffe présente en début de l'album entretient la


confusion car, de fait, Septimus n'aurait pas eu le temps de faire construire un abri anti-aérien sous
sa maison pendant la Troisième Guerre mondiale, une guerre-éclair qui voit la destruction de
49, 50
Londres et son occupation immédiate .

L'album présente une autre incohérence temporelle. L'histoire, qui se déroule au mois de
décembre 1953, s'achève le jour de Noël. L'enlèvement de Leslie Macomber se déroule le
18 décembre, cependant le calendrier présent dans son bureau au Daily Mail affiche la date du
a 34
7 décembre . Par ailleurs, Edar P. Jacobs s'appuie sur un numéro du magazine Science et Vie
51
pour reproduire une voiture radio de la police française . L'image représente l'inspecteur Kendall
communiquant au micro à côté de son chauffeur, assis à sa gauche. Si la reproduction est fidèle,
elle est pourtant incohérente car au Royaume-Uni, les volants des voitures sont positionnés à
a 35
droite .

Postérité

Suites

En 2013 est publié L'Onde Septimus, le vingt-deuxième album


de la série, scénarisé par Jean Dufaux et dessiné par Antoine
Aubin et Étienne Schréder. Cette aventure est une suite de La
Marque jaune : l'histoire reprend quelques mois après la fin de
celle-ci et fait revenir plusieurs personnages déjà présents dans
h 8
l'album de Jacobs . En dépit de sa réussite sur le plan
graphique et de son succès commercial, l'album est plutôt mal
accueilli par la critique, en particulier le journaliste Olivier
Jean Dufaux (à droite) poursuit
Delcroix qui déplore un scénario ennuyeux et l'absence relative
l'intrigue de La Marque jaune dans 52
des deux personnages principaux de la série . En 2020, Jean
L'Onde Septimus.
Dufaux est au scénario d'une nouvelle suite, Le Cri du Moloch,
vingt-septième album de la série dessiné par Christian
Cailleaux et Étienne Schréder. Jugée peu convaincante, cette
53
aventure clôt une sorte de triptyque entamé par La Marque jaune .

En septembre 2021, les éditions Blake et Mortimer font


paraître La Fiancée du Dr Septimus, un album illustré écrit par
François Rivière et illustré par Jean Harambat qui figure parmi
les hors-série. Cette aventure est non seulement un hommage
direct à Edgar P. Jacobs et à La Marque jaune, mais également
aux films du réalisateur britannique James Whale comme La
54
Fiancée de Frankenstein, sorti en 1935 . Dans ce récit, ce
dernier revient à Londres dans les années 1950 dans le but
d'adapter au cinéma l'affaire de La Marque jaune. Le
professeur Mortimer, qui a participé à la résolution de l'affaire,
54
doit apporter son expertise pour le tournage . Une série François Rivière, l'un des
d'évènements mystérieux conduit les deux hommes, biographes de Jacobs et auteur de
accompagnés de Richard Murray, le neveu de Francis Blake, à La Fiancée du Dr Septimus.
55
se rendre au cottage abandonné du docteur Septimus .

Hommages et parodies en bande dessinée

Album emblématique de la série comme de l'histoire de la bande dessinée, La Marque jaune a


suscité de nombreux hommages à caractère parodique ou non. Le premier dessinateur à détourner
l'aventure est le Belge Dupa, en 1974, qui dessine une double page intitulée Cubitus et la Marque
jaune pour un numéro spécial du magazine Tintin dédié à la bande dessinée d'Edgar P. Jacobs Le
56
Rayon U . En 1977, François Rivière et Floc'h insèrent le livre The Mega Wave du Dr Septimus
57
dans Le Rendez-vous de Sevenoaks, qui paraît dans le magazine Pilote .

En 1996, Gilles Chaillet reprend la séquence d'ouverture de La Marque jaune à la Tour de Londres
58
dans le quatorzième volet de sa série Vasco, intitulé Sortilèges . En 2007, Philippe Geluck
59
parodie la couverture de l'album pour celle de son 14e album La Marque du Chat . La couverture
de La Marque jaune est également reprise dans deux albums
de la bande dessinée flamande De Kiekeboes, sur la couverture
de Paniek in Stripland de Tom Bouden, ainsi que dans des
caricatures politiques et sociales réalisées par Johan De
60
Moor .

Au début des années 1980, Yann et Didier Conrad publient des


histoires courtes et parodiques dans le magazine Spirou,
notamment Talk et Baltimore, un pastiche des personnages de
61
Blake et Mortimer . En 2005, les éditions Dargaud lancent à
leur tour une parodie, intitulée Les Aventures de Philip et
Francis, réalisée par Pierre Veys et Nicolas Barral. Dans cette
série, qui se veut un hommage humoristique à l'œuvre de
Jacobs, les femmes britanniques remettent en cause l'autorité
masculine et les deux héros sont chargés de les ramener à la
raison. Le célèbre M de La Marque jaune signifie alors
« Macho », tandis que les noms des principaux protagonistes
62
ont été conservés, y compris Olrik .
Philippe Geluck détourne la
couverture de La Marque jaune L'album a également été utilisé comme référence pour diverses
dans un album du Chat. campagnes publicitaires et promotionnelles. En 1987, Pascal
Fournier et Pascal Dubuck réalisent Les Aventures d'Alexandre
de la Mareneuve et d'Évry Cédex : 1 - La Marque bleue, un
63
album promotionnel pour le Groupe Accor . Cette même année, la mairie de Montreuil réalise un
dépliant, Mystère à Montreuil : Une enquête de Blake et Mortimer, dans lequel Bob de Moor met
en scène les deux héros enquêtant sur une mystérieuse marque « M », ce qui les conduit à
64
découvrir le fonctionnement du service propreté de la ville .

Autres références
65
En 2000, Eddy Mitchell en reprend les éléments pour l'affiche de sa tournée à travers la France .
La couverture de La Marque jaune est aussi celle choisie pour rendre hommage à la série Blake et
Mortimer dans le cadre du parcours BD de Bruxelles. Cette fresque, une réalisation des artistes
Georges Oreopoulos et David Vandegeerde du studio Art Mural, connaît cependant une histoire
mouvementée : en 1997, elle est peinte à l'angle de la rue d'Anderlecht et de la rue du Petit-
Rempart, puis déplacée en 2005 sur le pignon de la biscuiterie de la Maison Dandoy, rue du
66
Houblon . En 2019, une construction nouvelle occulte la fresque qui est une nouvelle fois
67, 68
déplacée. Elle est recréée en septembre 2021 par l'atelier 30 dans la rue du Temple .

En 2013, Georges Oreopoulos et David Vandegeerde reproduisent le même décor sur un mur de la
cour intérieure de la nouvelle librairie Bulle au Mans, spécialisée dans la bande dessinée. À cette
69, 70, 71
occasion, la libraire adopte un nouveau logo inspiré de La Marque jaune .

La société Hasbro annonce la sortie en 2023 d'une édition spéciale de son célèbre Monopoly
consacrée à Blake et Mortimer. Sur le plateau, les quatre gares sont remplacées par des véhicules
emblématiques de la bande dessinée, tandis que les cases portent les noms des albums de la série.
C'est le graphique de la couverture de La Marque jaune qui est choisi pour être reproduit sur la
72
boîte de jeu .

Dans un autre registre, la précision du détail qui anime Edgar P. Jacobs a probablement permis de
sauver la vie d'un touriste canadien en voyage à Londres. En 1973, ce dernier adresse au
dessinateur une lettre dans laquelle il explique qu'après s'être empoisonné en consommant du
jambon avarié, il a pu composer par téléphone le numéro d'urgence britannique, le 999, dont il
c8
s'est souvenu à la suite de la lecture de La Marque jaune . En effet, ce numéro est composé par
32
32
un employé du Daily Mail dans une des cases de l'album pour avertir la police . Pour Jacobs, ce
témoignage « démontre avec force l'importance du détail dans une bande dessinée et les
c8
conséquences imprévisibles qui peuvent en dépendre » .

Adaptations

Radio, télévision et jeux

Dans les années 1950, La Marque jaune est adaptée en feuilleton radiophonique repris par la suite
c 10
en disque 33 tours, en cassette audio et en CD . Jean Maurel est le narrateur de l'aventure,
tandis que Jean Topart et Yves Brainville prêtent leur voix à Blake et Mortimer, Maurice
Jacquemont au Dr Septimus et Pierre Marteville à l'inspecteur-chef Kendall. Le vinyle de La
Marque jaune est le premier titre de la collection « Le Disque d'aventure » pour les éditions
Festival. Cet enregistrement, réalisé par Jean Maurel avec le soutien de Maurice Chevit, est
73, 74, 75, h 9
récompensé du Grand prix de l'Académie Charles-Cros en 1956 .

En 1988, une adaptation en jeu vidéo d'action-aventure est commercialisée par le développeur et
éditeur français Cobrasoft. Le jeu, composé de cinq niveaux, est disponible sur ordinateur
76, 77
(Thomson TO8, Amstrad CPC et Atari ST) .

En 1997, l'aventure est adaptée en dessin animé par Éric Rondeaux dans la série d'animation Blake
et Mortimer. L'épisode est diffusé pour la première fois à la télévision le 26 avril 1997 avec Michel
Papineschi doublant le professeur Mortimer, Robert Guilmard le capitaine Blake et Mario Santini
78
le colonel Olrik .

La Marque jaune figure parmi les trois aventures adaptées dans le livre-jeu Escape Game Blake et
Mortimer, le troisième tome de la collection de livres-jeux en temps limité des Éditions Mango,
79
paru en 2017 .

Projets d'adaptation cinématographique

Plusieurs tentatives de porter La Marque jaune au cinéma ont


été entreprises, sans qu'aucun film ne voie finalement le jour. À
la fin des années 1970, le publicitaire Michel Marin contacte
Edgar P. Jacobs pour le convaincre d'adapter La Marque jaune
à l'écran. L'auteur, conscient qu'un tel projet lui permettrait
d'accroître la popularité de son œuvre, lui accorde une option
c 12
sur les droits de l'album en décembre 1977 . Au début des
années 1980, Michel Marin convainc la productrice Irène
Silberman de s'associer au projet, ce qui aboutit en avril 1983
au tournage d'un pilote scénarisé par Jean Van Hamme et qui
met en scène Yves Brainville dans le rôle de Mortimer, Pierre
Vernier dans celui de Blake, tandis que Michel Vitold interprète
b 22
le docteur Septimus et Patrick Laval le colonel Olrik . Jacobs
apprécie la démarche de porter ses personnages à l'écran et se
dit impressionné par la réalisation, mais il souhaite que
l'atmosphère du film se rapproche de celle de la série Chapeau
melon et bottes de cuir. Irène Silberman finit par écarter Pierre Vernier incarne le capitaine
Michel Marin et annonce en mai 1985, lors du Festival de Blake dans un pilote tourné par la
Cannes, avoir confié la réalisation du long métrage au Franco- productrice Irène Silberman dans
les années 1980.
vietnamien Lam Lê, assisté d'Olivier Assayas pour le scénario. Le projet, qui emporte l'adhésion de
b 22
Jacobs, est finalement abandonné .

Dans les années 1990, le producteur français Charles Gassot récupère les droits de La Marque
jaune et travaille sur un nouveau projet d'adaptation avec Alain Corneau, qui finit par abandonner
le projet. Au début de l'année 2000, Charles Gassot contacte alors le réalisateur James Huth pour
c 13
le lui confier . Ce dernier s'associe à Sonja Shillito pour la rédaction du scénario et le
storyboard. Après avoir envisagé de proposer le rôle de Mortimer à Philip Seymour Hoffman et
celui de Blake à Hugh Jackman, la production prévoit que les deux héros soient joués
80
respectivement par Hugh Bonneville et Rufus Sewell . James Huth, qui veut mettre en scène une
80, c 13
femme aux côtés des deux héros, écrit un rôle de scientifique à l'actrice chinoise Gong Li . Le
réalisateur effectue de nombreux repérages, notamment au cœur de la Tour de Londres, et obtient
c 13
l'autorisation de filmer plusieurs scènes dans la centrale électrique de Battersea . Le tournage,
au budget de 35 millions d'euros, doit débuter en février 2003 pour une sortie en salles en
81
octobre 2004 . Faute de trouver un studio suffisamment grand, le projet prend du retard et le
producteur Charles Gassot se consacre finalement au tournage d'une autre adaptation
c 13
cinématographique de bande dessinée, Immortel, ad vitam de Enki Bilal . L'adaptation de La
Marque jaune est définitivement abandonnée quand James Huth prend les commandes de la
82
réalisation de Brice de Nice en 2004 .

En juin 2008, un troisième projet d'adaptation voit le jour avec l'Espagnol Álex de la Iglesia à la
réalisation. Kenneth Branagh, David Thewlis et John Malkovich doivent camper respectivement
83
les rôles de Blake, Mortimer et Olrik . Un an plus tard, en 2009, c'est au tour de Kiefer
84
Sutherland et Hugh Laurie d'être annoncés dans les deux rôles principaux . Mais le réalisateur
85, 86
peine à rassembler les fonds nécessaires et en 2013 le projet est définitivement abandonné .

Notes et références

Notes
a. Vol qui fut précédé, comme l'annonce le numéro du Daily Mail visible planche 4, de plusieurs
autres méfaits : raid contre la Banque d'Angleterre ; vol d'une peinture de Thomas
Gainsborough dans la National Gallery ; enlèvement de la dague d'Aménopolis III, de la
collection Stockmann ; dépôt d'une fausse bombe dans le Cabinet Room du 10 Downing
Street ; disparition du traité secret anglo-iranien du coffre du Foreign and Commonwealth
Office. Voir La Marque jaune, planche 4.
b. Le Secret de l'Espadon, Le Mystère de la Grande Pyramide et La Marque jaune.
c. Ou peut-être la quinzième.
d. Agrémentée d'une projection de diapositives tirées de leurs albums. Suscitant un vif intérêt, son
texte fut publié dans Les Feuillets psychiatriques (vol.XI, fasc. 3, 1978).

Références
Renvois à l'album :
1. La Marque jaune, planches 1-3.
2. La Marque jaune, planche 5.
3. La Marque jaune, planche 6.
4. La Marque jaune, planches 7-19.
5. La Marque jaune, planches 20, 31.
6. La Marque jaune, planches 34-35.
7. La Marque jaune, planches 42-47.
8. La Marque jaune, planches 60-61.
9. La Marque jaune, planches 63-65.
10. La Marque jaune, planches 65-66.
11. La Marque jaune, planche 6, case 11.
12. La Marque jaune, planche 5, case 6.
13. La Marque jaune, planche 6, case 9.
14. La Marque jaune, planche 6, case 10.
15. La Marque jaune, planche 29, case 5.
16. La Marque jaune, planche 42, case 1.
17. La Marque jaune, planche 20, case 2.
18. La Marque jaune, planche 50.
19. La Marque jaune, planche 4, case 1.
20. La Marque jaune, planche 4, case 5.
21. La Marque jaune, planche 6, case 15.
22. La Marque jaune, planche 8, case 12.
23. La Marque jaune, planche 10, case 2.
24. La Marque jaune, planche 21, cases 4 à 10.
25. La Marque jaune, planches 32 à 39.
26. La Marque jaune, planche 55.
27. La Marque jaune, planche 7, case 1.
28. La Marque jaune, planche 7, case 11.
29. La Marque jaune, planche 12, case 2.
30. La Marque jaune, planche 14.
31. La Marque jaune, planche 18.
32. La Marque jaune, planche 59.
33. La Marque jaune, planche 23.
34. La Marque jaune, planche 10, case 5.
35. La Marque jaune, planches 32-34.
Benoît Mouchart et François Rivière, Edgar P. Jacobs, un pacte avec Blake et Mortimer,
2021 :
1. Mouchart et Rivière 2021, p. 105-112.
2. Mouchart et Rivière 2021, p. 162.
3. Mouchart et Rivière 2021, p. 164-169.
4. Mouchart et Rivière 2021, p. 173-175.
5. Mouchart et Rivière 2021, p. 178-179.
6. Mouchart et Rivière 2021, p. 175-178.
7. Mouchart et Rivière 2021, p. 179.
8. Mouchart et Rivière 2021, p. 183.
9. Mouchart et Rivière 2021, p. 193-194.
10. Mouchart et Rivière 2021, p. 195-196.
11. Mouchart et Rivière 2021, p. 176.
12. Mouchart et Rivière 2021, p. 187-188.
13. Mouchart et Rivière 2021, p. 182.
14. Mouchart et Rivière 2021, p. 184-185.
15. Mouchart et Rivière 2021, p. 186-187.
16. Mouchart et Rivière 2021, p. 185.
17. Mouchart et Rivière 2021, p. 186.
18. Mouchart et Rivière 2021, p. 181-182.
19. Mouchart et Rivière 2021, p. 187.
20. Mouchart et Rivière 2021, p. 184.
21. Mouchart et Rivière 2021, p. 179-180.
22. Mouchart et Rivière 2021, p. 337-345.
La Marque jaune, Le chef-d'œuvre de Blake et Mortimer, Les Cahiers de la BD, 2020 :
1. Nicolas Tellop, « Entretien avec François Rivière », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de
Blake et Mortimer, 2020, p. 40-43.
2. Nicolas Tellop, « Entretien avec Benoît Mouchart », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de
Blake et Mortimer, 2020, p. 6-10.
3. Antoinette de Lornière, « Un univers urbain décalqué », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 30-35.
4. Fleur Hopkins, « Jacobs et le merveilleux scientifique », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 22-29.
5. Xavier Mauméjean, « Les vrais bas-fonds de Londres », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 36-37.
6. Antoinette de Lornière, « Le cinéma intérieur de La Marque jaune », dans La Marque Jaune, le
chef-d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 13-21.
7. Antoinette de Lornière, « Un opéra en trois actes », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de
Blake et Mortimer, 2020, p. 11.
8. Vincent Bernière, « Les petits secrets de la Marque jaune », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 112-123.
9. Nicolas Tellop, « Tout était déjà dans La Marque jaune », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 99-105.
10. Nicolas Tellop, « Les 12 travaux d'Edgar P. Jacobs », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre
de Blake et Mortimer, 2020, p. 46-67.
11. « Problème de chronologie », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de Blake et Mortimer,
2020, p. 71.
12. « Un premier bout d'essai et une dispute », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de Blake et
Mortimer, 2020, p. 111.
13. Nicolas Tellop, « James Huth raconte sa Marque jaune », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 108-111.

Les personnages de Blake et Mortimer dans l'histoire, 2014 :


1. Didier Pasamonik, « Le fidèle Nasir », dans Les personnages de Blake et Mortimer dans
l'histoire, p. 22-23.
2. François Rivière, « En 1953 », dans Les personnages de Blake et Mortimer dans l'histoire,
p. 53.
3. « Limehouse Dock », dans Les personnages de Blake et Mortimer dans l'histoire, p. 48.
4. « Le télécéphaloscope », dans Les personnages de Blake et Mortimer dans l'histoire, p. 48.
5. Daniel Couvreur, « Olrik, le colonel indomptable », dans Les personnages de Blake et Mortimer
dans l'histoire, p. 45-47.
6. « God Save the Queen », dans Les personnages de Blake et Mortimer dans l'histoire, p. 47.
7. Jacques Langlois, « Les ciseaux d'Hergé », dans Les personnages de Blake et Mortimer dans
l'histoire, p. 49.
8. Rémy Goavec, « Jean Dufaux, la loi des séries », dans Les personnages de Blake et Mortimer
dans l'histoire, p. 109.
9. « D'ondes en ondes », dans Les personnages de Blake et Mortimer dans l'histoire, p. 55.
Autres références :
1. Marc Libert, « L’image de l’archiviste dans la bande dessinée belge », dans Archives,
archivistes, archivistique dans l'Europe du Nord-Ouest du Moyen Âge à nos jours : Entre
gouvernance et mémoire, Villeneuve d'Ascq, Publications de l’Institut de recherches historiques
du Septentrion, coll. « Histoire et littérature du Septentrion (IRHiS) » (no 36), 2007
(ISBN 9782905637796), p. 271-283.
2. De Weyer 2015, p. 51.
3. De Weyer 2015, p. 64.
4. Gérard Lenne, L'affaire Jacobs, Vélizy-Villacoublay, Megawave, novembre 1990, 126 p.
(ISBN 2-908910-00-4), p. 35.
5. Daniel Van Kerckhove, « La Marque jaune », dans Claude Le Gallo, Le Monde de Edgar P.
Jacobs, Bruxelles, Le Lombard, coll. « Nos auteurs » (no 2), 1984, 176 p.
(ISBN 2-8036-0481-7,
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Voir aussi

Bibliographie

: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Version de l'album, ouvrages et articles consacrés


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Ouvrages généraux

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l'humanité : Histoire, mythes, civilisations…, Beaux Arts Magazine, juin 2015, 144 p.
(ISBN 9791020401854). .
Collectif, Les personnages de Blake et Mortimer dans l'histoire : Les événements qui ont
inspiré l'œuvre d'Edgar P. Jacobs, Paris, Historia, Le Point, juillet 2014, 112 p.
(ISBN 979-10-90956-25-4). .
Collectif, Blake et Mortimer : Deux aventuriers dans l'histoire, Geo, octobre 2020, 128 p.
(ISBN 978-2-8104-2948-6). .
Collectif, Les voyages de Blake et Mortimer : Deux aventuriers à travers le monde, Prisma,
coll. « Geo », novembre 2022, 144 p. (ISBN 978-2-8104-3733-7). .
Geert De Weyer, La Belgique dessinée, Anvers, Ballon Media, coll. « Dragonetti », 2015,
352 p. (ISBN 9789462102200). .
Benoît Mouchart et François Rivière, Edgar P. Jacobs : Un pacte avec Blake et Mortimer,
Bruxelles/impr. en Bulgarie, Les Impressions nouvelles, 2021, 384 p.
(ISBN 978-2-87449-890-9). .

Article connexe
Blake et Mortimer
L'Onde Septimus, suite
Le Cri du Moloch, suite
La Fiancée du Dr Septimus

Liens externes
La Marque jaune (https://www.dargaud.com/bd/blake-mortimer/blake-mortimer/blake-mortime
r-tome-6-la-marque-jaune-bda5102080) sur le site des éditions Dargaud.

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