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Edito par Damien page 2

La Hammer Films, histoire d’un monstre sacré du


cinéma européen page 3

Pris dans les griffes de la Hammer, interview de


Nicolas Stanzick page 7

Ils firent du cinéma fantastique un art :

- Les réalisateurs page 13


- Les acteurs page 19
- Le bestiaire page 23
- Les Scream Queen page 27

Il était une fois à Down Place page 28

Du côté de Oakley Court page 29

Le retour de la Hammer ? page 30

© Dossier Cinemafantastique.net réalisé par :

Gore Sliclez – Mise en page et chroniqueur

Damien – Rédacteur en chef et chroniqueur

Mae Nak - Chroniqueur

Hellrick - Chroniqueur
Damien, redac’ chef Cinemafantastique.net

« La Hammer n’est pas morte ! » tentent de nous persuader certains


énergumènes depuis quelques années en nous serinant que, tel le phénix,
la firme renaîtra de ses cendres et recouvrera sa superbe d’antan. Devant
les railleries de leurs compagnons de chambrée, ces illuminés se sont
recroquevillés et ont édifié quelques bastions épars dans les sous-sols
desquels ils vénèrent en secret les films de Christopher Lee et de Peter
Cushing, les sous-vêtements de Carreras ou les mèches de cheveux de
Fisher récupérés dans une obscure vente aux enchères au large de la
Tamise. Depuis l’annonce de la création de Beyond the Rave, une série
vampirique qui se déroule sur la Toile, les ricanements goguenards se sont
tus, les médisances des persifleurs se sont éteintes au profit d’une attitude
dubitative proche du transpirant « cogito ergo olem » (je pense donc je
sue).

Ces visionnaires nostradamiens auraient-ils laissé traîner les oreilles des les studios d’Endemol ou, pis,
dans la chambre à coucher reluisante de flanelle de John De Mol au patronyme peu enviable alors qu’il
tentait de courtiser la frangine en lui entonnant une sérénade intitulée « Je t’aime Hammer » ? Ou se sont-
ils adonné à nombre de séances de spiritisme en invoquant tout à tour les esprits des plus grands
personnages hammeriens, qui de Dracula, qui de Frankenstien, pour obtenir une révélation d’outre-
tombe ? Peu importe à vrai dire tant que la résurrection a bel et bien lieu.

Aussi, enchantés par cette renaissance relative et plongeant à pieds joints sur l’occasion toute trouvée de
vous concocter un nouveau dossier, nous sommes-nous plongés dans les entrailles de la Hammer pour y
puiser les clés essentielles pour expliquer le phénomène que fut cette formidable aventure qui sut
refaçonner force monstres mythiques pour leur redonner une place de choix au sein de la production
fantastique. Découpé en quatre grands chapitres, ce dossier n’entend aucunement se poser comme une
étude inébranlable et exhaustive de cette aventure longue de quatre décennies (pour l’essentiel).
S’appuyant sur de grandes thématiques (l’histoire de la firme, les personnages mythiques, les artisans de
la Hammer, la récente renaissance) et sur l’interview éminemment intéressante de Nicolas Stanzick (qui
vient de publier un essai sur le thème intitulé Dans les Griffes de la Hammer), la présente publication n’a
pour seule ambition que de fournir quelques informations précieuses aux néophytes et un nouveau voyage
thématique pour les aficionados.

Bonne lecture !

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La Hammer Films, histoire d’un monstre sacré du cinéma européen…
La Hammer Films est une compagnie anglaise qui, à une certaine époque, représenta à elle seule la réussite
du cinéma de genre européen. Elle remit l’horreur au goût du jour et s’installa, contre la volonté de critiques
médusés, à la tête d’un véritable empire. Aujourd’hui disparue (les balbutiements contemporains de Beyond
the rave mis à part), elle fait l’objet d’un véritable culte et certaines actions laissent à penser que l’aventure
n’est peut-être pas finie. Voyons un peu comment cette prodigieuse aventure a commencé…

Rencontre d’un comédien raté et d’un immigrant espagnol

Enrique Carreras, un immigrant espagnol, attiré par le rêve américain débarque en Angleterre un beau jour de
1913 avec la ferme intention d’y réussir et d’assurer l’avenir de sa famille (bon, il s’est paumé de continent, ça
arrive). Il achète alors son premier cinéma à Londres et construit petit à petit une véritable chaîne de
distribution par le biais de sa compagnie, l’Exclusive Films. En 1935, il décide de s’associer avec William Hinds,
un comédien raté qui ne s’est signalé que sous le pseudonyme Will Hammer dans sa participation à la série
vaudevillesque Hammer and Smith. Hinds, en businessman avisé, possédait déjà sa propre société, la
Hammer Productions, créée un an plus tôt.

Quelques films naissent alors de cette alliance : la comédie The Public life of Henry 9th de Bernard Mainwaring
fait place à un film à suspense de Denison Clift, avec Bela Lugosi, The Mystery of Mary Celeste. L’entreprise
décide alors de changer de nom et récupère le patronyme Exclusive Films avant de produire quelques séries B
à bas prix qui, si elles ne remportent pas un réel succès, permettent tout de même à Hinds et Carreras de
mener une existence bourgeoise. Mais la guerre et ses tourments amènent leur lot de chamboulements…

Les fistons s’en vont en guerre…

En 1939, James Carreras, le fils d’Enrique, et Anthony Hinds, le fils de William, intègrent la société.
Malheureusement, la guerre 40-45 débute et les jeunes hommes sont appelés sous les drapeaux pour sauver
l’Europe des atrocités nazies (plus virulentes que celles, fictives, dépeintes par Eurociné). L’entreprise familiale
met donc ses activités de côté pendant ces tristes événements et attend le retour de ses fils chéris. 1945
sonne donc la reprise des activités mais aussi l’intronisation du tout jeune fils de James, Michael, dans la
société qui produit, en 1948, quelques œuvres mineures réalisées par Francis Searle, dont Cloudburst et
Whispering Smith Hits London.

En 1949, la société adopte le nom de Hammer Film Productions Limited (loin d’être un présage) et se dote
d’une véritable structure. Anthony Hinds s’occupe du développement des projets tandis que James Carreras
s’attèle aux tâches administratives. Plus familiale que jamais, la société enchaîne alors les téléfilms pour la
BBC : Dr. Morelle – The Case of the Missing Heiress, The Man in Black et Room to let me ne laissent pas un
souvenir impérissable mais engrangent tout de même de belles audiences. En 1951, James tente de
développer la société en embauchant des vedettes américaines pour ses propres films (il en réalisa 37 lui-
même de 1949 à 1957). Il s’associe alors avec le producteur californien Robert Lippert et engage un cinéaste
alors méconnu, répondant au doux nom de Terence Fisher. Ce dernier a la charge de tous les projets policiers
de l’entreprise : The last page, Wings of Danger, Stolen Face, Mantrap, Blood Orange, Face the music, Murder
by proxy, The stranger came home,… C’est alors qu’un virage inattendu intervient qui influencera l’avenir de la
Hammer : face à l’essor de la science-fiction au début des 50’s, Michael Carreras décide de produire deux
métrages de Fisher, Spaceways et Le Triangle à quatre côtés (pas doué en maths, le bougre !).

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La SF à la rescousse !

C’est alors que le jeune Nigel Kneale entre dans la danse. Agé de 31 ans, ce
scénariste à l’immense talent prépare, pour le compte de la Hammer, une série
nommée Quatermass Experiment, destinée à être diffusée sur la BBC. Le succès
est fulgurant et la série est acclamée par l’Angleterre toute entière, devenant de
ce fait un véritable phénomène de société. Il n’en faut pas plus à Hinds et
Carreras pour imaginer l’exploitation du film en salles. Dès lors, le premier film
The Quatermass Experiment (Le Monstre), réalisé par Val Guest, voit le jour en
1955 et narre la terrible aventure d’un astronaute frappé de mystérieuses
radiations dans l’espace et victime d’une effroyable mutation à son retour sur
Terre. Le succès du métrage est immédiat et son impact est encore renforcé par
la conquête de l’espace sur fond de guerre froide que se livrent à cette époque
Russes et Américains.

Un deuxième opus, toujours écrit par Kneale et réalisé par Guest, charme en 1957 un public déjà conquis mais
attire aussi l’attention des majors hollywoodiennes. La machine Hammer est lancée et le studio croule sous les
propositions en tous genres…

L’horreur remise au goût du jour

Hinds et Carreras flairent le bon coup : alors que l’engouement du public pour le fantastique connaît une
recrudescence grâce à Quatermass et à une série B américaine de Gene Fowler Jr., I was a teenage werewolf
(mes premiers poils ont poussé à l’adolescence en français dans le texte), la Hammer opère un nouveau
virage. L’avenir de la société de production est sans aucun doute le domaine horrifique et Carreras veut se
lancer dans l’adaptation d’œuvres fantastiques qui, jusque-là, étaient l’apanage du géant américain Universal.
Il eut donc l’idée de puiser dans le patrimoine anglo-saxon, riche en créatures maléfiques et autres
abominations. C’est avec Frankenstein s’est échappé de Terence Fisher que le studio signe, en 1957, ses
premiers pas dans l’univers de l’horreur gothique. Distribué par la Warner, le film engrange un vif succès des
deux côtés de l’Atlantique, ce qui convainc la Universal d’offrir les droits de ses monstres mythiques.

La Hammer fonde alors une équipe talentueuse qui sera à la base d’un essor considérable : Terence Fisher au
poste de réalisateur, Jimmy Sangster dans le rôle de scénariste, Jack Asher à la photographie, Bernard
Robinson en tant que décorateur, James Bernard pour la musique et Anthony Hinds producteur. Cette fine
équipée révolutionne le cinéma de genre et défraie la chronique dès 1958 avec le fabuleux Cauchemar de
Dracula dans lequel Christopher Lee incarne un comte séducteur digne du roman original. L’érotisme latent,
contenu dans le roman original, et l’atmosphère gothique de l’œuvre ont tôt fait d’embraser la foule et de
diviser les critiques. Ce succès annonce un véritable âge d’or, amorcé par des œuvres diverses telles que La
revanche de Frankenstein, La malédiction des Pharaons, Les deux visages du Dr. Jekyll et Le fantôme de
l’opéra. Tous ces métrages, réalisés par Fisher et son équipe, forcent l’admiration de tous et annoncent le
véritable raz-de-marée cinématographique provoqué par la Hammer dans les 60’s…

La folie Hammer

C’est donc au cours des 60’s que la Hammer connut son apogée, se
déchaînant sur tous les fronts et sortant des films qualitativement
supérieurs à la pelle. Les maîtresses de Dracula (Fisher, 1960), La nuit du
loup-garou (Fisher, 1961), Dracula, Prince des Ténèbres (Fisher 1965),
Raspoutine, le moine fou (Don Sharp, 1965), La femme reptile (John
Gilling, 1966), L’invasion des morts-vivants (Gilling, 1966), Frankenstein
créa la femme (1967, Fisher), le retour aux sources Les Monstres de
l’espace (Quatermass and the Pit, de Roy Ward Baker, 1967), Les vierges
de Satan (Fisher, 1968),… sont autant de succès immédiats et de chefs-
d’œuvre inébranlables qui attestent de l’âge d’or de la production
hammerienne. L’omnipotente Hammer choisit ces moments pour se
diversifier afin d’offrir au public des œuvres différentes, plus accessibles,
telles que des thrillers comme Hurler de peur de Seth Holt ou encore

Paranoïaque de Freddie Francis. Ces métrages se noient malheureusement dans la masse de films surfant sur la
vague initiée par le fabuleux Psychose d’Hitchcock (1960).

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Dès lors, la Hammer cherche à élargir ses horizons par un autre biais en se lançant dans la construction de
films d’aventures qui, à l’instar des héros horrifiques reconquis, permettent de se replonger dans un genre
prisé dès les prémisses du septième art. Entre autres exemples, on évoquera La déesse de Feu (1965, Robert
Welch , Le défi de Robin des Bois (1967, Pennington Richards , La déesse des sables (1968, Cliff Owen ,
Quand les dinosaures dominaient la Terre (197 , Val Guest . Ces œuvres sont malheureusement froidement
reçues par le public et les professionnels qui y voient un signe de faiblesse notamment imputable aux budgets
rachitiques qui y sont injectés et aux thématiques antédiluviennes que le façonnement universaliste seul et
l’exotisme provoqué ne peuvent totalement colmater. C’est le moment choisi par les distributeurs américains
pour déserter petit à petit le navire. Tandis que la Warner et la Universal ont totalement disparu des tablettes
de la Hammer, l’ambitieuse 2 th Century Fox vient en aide au studio durant quelques années avant de
l’abandonner elle aussi.

Les distributeurs se font la belle, ou la chronique d’une mort annoncée

Après une courte collaboration avec l’American International Pictures, où un certain Roger Corman (c’est qui
encore ? se fait déjà remarquer, les films de la Hammer sont co-financés de piètre manière par Rank Films
Distributors, EMI et Warner. Le studio s’oriente alors vers des œuvres mêlant nudité et lesbianisme qui
transforment peu à peu les productions en cinéma d’exploitation tendance Z. Sous la houlette de Roy Skeggs
et Michael Carreras (fils de James , la Hammer livre une pléiade de films où vampirisme, nudité et sexualité
règnent en maîtres (ou maîtresses, pour les masochistes excités par la moindre torture corporelle : Vampire
Lovers (197 , Roy Ward Baker , Comtesse Dracula (1971, Peter Sasdy , Les sévices de Dracula (1971, John
Hough sont les meilleurs représentants de cette période moins glorieuse.

Acculée, la compagnie s’enfonce dans la surexploitation de ses plus belles œuvres, ne proposant rien d’autre
que des relectures de mythes éculés. Les sept vampires d’or (1973, Roy Ward Baker va même jusqu’à faire
interagir vampirisme et kung-fu, poussant encore un peu plus la société dans le mauvais goût. Le studio paraît
dès lors incapable de s’adapter aux nouvelles technologies et ne peut lutter contre l’évolution du cinéma
d’horreur qui trouve dans le slasher un nouveau souffle d’une puissance incomparable. Cette incapacité de
rivaliser avec des œuvres telles que L’exorciste ou Massacre à la tronçonneuse pousse la Hammer vers la
porte de sortie. La dernière production exploitée en salles, Une fille pour le diable (1976, Peter Sykes sonne
définitivement le glas des aventures cinématographiques de la Hammer.

Dans un dernier sursaut, la compagnie se tourne vers la télévision pour produire deux séries télévisées.
Hammer, la maison de tous les cauchemars, série de moyens-métrages de 5 minutes assez comparable aux
modernes Masters of Horror, fait office de dernier baroud d’honneur pour les vieux de la vieille, bien décidés à
sauver ce qui peut encore l’être. Proposant des thèmes surannés tournés avec des budgets risibles, la
Hammer prouve une fois de plus qu’elle ne sait pas se renouveler et se voit promise à la mort face à une
concurrence américaine de plus en plus présente. Quatre ans après ce flop, Hammer, la maison du mystère et
du suspense fait réellement office de seconde session désastreuse et fut largement ignorée par le public.

C’est donc de cette triste manière que la Hammer a quitté le devant de la scène, laissant sur le carreau des
milliers de fans nostalgiques qui entament, le cœur lourd, des pèlerinages incessants vers les Bray studios en
repensant au temps d’avant (celui où c’était bien parce qu’on savait faire des films . Ceux-ci rêvent toujours
d’un énième retour à l’avant plan, d’autant que la compagnie fut rachetée en février 2 7 par John De Mol en
vue de la faire revivre. Cette aventure aboutit en une première œuvre fantastique, Beyond the Rave, une
histoire de vampire contemporaine. D’autres initiative, telles que Wake Wood (le film de David Keating sera le
premier film aux salles de cinéma de la Hammer depuis Une jeune fille pour le Diable en 1976, fallait suivre…
pourraient s’avérer être payantes.

Au-delà de ces minces espoirs quant à une potentielle renaissance de la firme, la Hammer continue à
influencer le cinéma de genre actuel grâce à sa « griffe » si spécifique qu’elle a su instiller à chacune de ses
œuvres. Ces dernières, quant à elles, restent indémodables et indispensables pour tout cinéphile qui se
respecte.

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TITRE VF TITRE VO RÉALISATEUR ANNÉE

Le Monstre The Quatermass Val Guest 1955


Experiment

La Marque Quatermass Two : Val Guest 1957


Enemy From Space

Le Redoutable The Abominable Val Guest 1957


Homme des Snowman
Neiges
Frankenstein s’est Curse of Terence Fisher 1957
échappé Frankenstein

Le Cauchemar de Horror of Dracula Terence Fisher 1958


Dracula

La Revanche de The Revenge of Terence Fisher 1958


Frankenstein Frankenstein

La Malédiction des The Mummy Terence Fisher 1959


Pharaons

Les deux visages The Two Faces of Terence Fisher 1959


du Dr. Jekyll Dr. Jekyll

Les maîtresses de Brides of Dracula Terence Fisher 196


Dracula

La nuit du Loup- The Curse of the Terence Fisher 1961


Garou Werewolf

Le fantôme de The Phantom of the Terence Fisher 1962


l’Opéra Opera

Le baiser du Kiss of the Vampires Don Sharp 1963


Vampire

Dracula, Prince Dracula, Prince of Terence Fisher 1965


des Ténèbres Darkness

Raspoutine, le Rasputin, the Mad Don Sharp 1965


moine fou Monk

La femme reptile The Reptile John Gilling 1966

L’invasion des The plague of the John Gilling 1966


Morts-vivants Zombies

Frankenstein créa Frankenstein Terence Fisher 1967


la femme created Woman

Les Monstres de The Quatermass Roy Ward Baker 1967


l’Espace and the Pit

Les vierges de The Devil rides out Terence Fisher 1968


Satan

Dracula et les Dracula has risen Freddie Francis 1968


femmes from the Grave

Une messe pour Taste for the Blood Peter Sasdy 197
Dracula of Dracula
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Pris dans les griffes de la Hammer…

Entretien avec Nicolas Stanzick

Quel est ton parcours personnel jusqu'ici?


Nicolas Stanzick : J’ai grandi à Poitiers où je suis né en 1978. Mon
parcours a toujours été guidé par deux passions indissociables pour moi :
le cinéma et la musique. Tout a démarré lorsque j’ai vu mon premier film
en salle vers 1981 : The Blues Brothers de John Landis. J’étais vraiment
petit – 3 ans à peine – et j’ai du dormir la moitié de la séance. Mais j’ai
littéralement adoré, autant pour le choc esthétique causé par le blues, la
soul et le rock’n’roll que pour le coté magique du cinéma : le noir dans la
salle, l’étrange silence du public, l’effet de réalité de l’image, l’écran qui
tout à coup s’illumine et semble relier deux mondes, le nôtre, bien réel et
celui imaginaire du film…

Le cinéma en soit était une expérience fantastique. Toujours dans la petite enfance, le clip de Thriller
de Michael Jackson, là aussi réalisé par John Landis, a été un autre grand choc visuel et musical : le
coté extrêmement macabre et graphique de ce petit chef d’œuvre du court-métrage m’a
profondément étonné et séduit. J’en ai fait de nombreux cauchemars, mais je ne ratais jamais une
occasion de le revoir dès qu’il passait à la télé. A peu près au même moment, Le Retour du Jedi en
1983 a été le vrai déclencheur de mon gout pour le fantastique. Pas simplement pour le coté
surnaturel des situations ou pour l’étonnante galerie de monstres de l’intro avec Jabba the Hutt, mais
pour une séquence précise qui à mes yeux offre une définition parfaite de ce qu’est le fantastique au
cinéma : celle où Dark Vador enlève son masque effrayant et révèle un deuxième visage, celui d’une
victime dont les traits sont ceux d’un vieillard ayant connu une infinie souffrance. Le cinéma
fantastique, c’est vraiment cela pour moi, la superposition de deux images contradictoires, le réel et
l’imaginaire entremêlés, la représentation du double qui sommeille en tout homme. Je n’ai pas su
pourquoi immédiatement, mais j’ai été absolument bouleversé par cette séquence, fasciné par ce
personnage schizophrène, et je crois que c’est finalement l’origine de mon goût pour Terence Fisher
qui est le grand cinéaste du double : c’était déjà l’un des thèmes de son premier film gothique,
Frankenstein s’est échappé en 1957, où la créature interprétée par Christopher Lee était une sorte de
double inversé du baron qui l’avait crée, l’un figurant la pulsion, la nature déchainée, l’autre le savoir,
la culture consciente d’elle-même. On retrouvait le même genre d’opposition dans Le Cauchemar de
Dracula en 1958, toujours avec Lee et Cushing, à ceci près que la dualité de chacun des personnages
était cette fois renforcée : Dracula avait tour à tour le visage de l’aristocrate hautain et de la bête
fauve, et Van Helsing celui d’un scientifique calme et avisé mais néanmoins capable d’une violence
inouïe. Le dernier film de Fisher, Frankenstein et le monstre de l’enfer en 1974 est allé au terme de
cette thématique en traitant cette fois de la folie : or qu’est-ce que la folie si ce n’est le
dédoublement ?... Bref, Le Retour du jedi a été déterminant pour le gamin que j’étais comme. Dans
les années qui ont suivis, je me suis mis à avoir un goût pour les monstres, les icônes maléfiques du
cinéma, goût qui est allé de pair d’ailleurs avec ma découverte parallèle des héros rock’n’roll sixties et
seventies comme les Stones, Hendrix, les Doors, Led Zeppelin ou les Sex Pistols. Je ne l’ai compris
qu’après, une fois adolescent, mais j’aimais le coté rebelle et subversif de tous ces personnages.
Dracula ou Frankenstein étaient des personnages mythiques qui personnifiaient le mal du point de
vue de la détestable bourgeoisie victorienne, Mick Jagger, Jim Morrison ou Johnny Rotten quant à
eux jouaient volontiers les petits démons, non sans jubilation, vis-à-vis des conservateurs de leur
temps.

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Bref, tout cela était un tout pour moi. Si je suis devenu musicien avec de nombreux groupes de rock à
partir de 13 ans, j’ai vite réinvesti parallèlement mon gout du ciné au cours de mes études d’histoire en
me débrouillant pour travailler là-dessus le plus possible. Lorsque j’ai entamé ma maîtrise en 2003 à la
Sorbonne, la Hammer Films s’est imposé immédiatement à moi comme le sujet idéal et finalement le plus
personnel possible. J’adorais ces films, je voulais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour travailler à
leur légitimation définitive et dès cette époque j’avais à cœur de faire davantage qu’un mémoire
universitaire : un livre. Après tout, il n’existait aucun livre à proprement parler sur le studio, même si des
gens comme Jean-Marie Sabatier, Gérard Lenne ou Jean-Pierre Bouyxou lui avaient consacré des textes
brillants dans le cadre d’ouvrages sur le cinéma fantastique. J’ai opté dès le début de mes recherches pour
une perspective inédite : je voulais tenter de faire une histoire culturelle du fantastique en France via le
prisme de la Hammer. Plus simplement : je voulais écrire une histoire française de la Hammer en me
focalisant sur le regard de ceux qui ont aimé ou détester les films ici, sur les réactions du grand public en
termes de box-office, en évoquant les étranges salles de quartier ou ces films étaient diffusés... J’ai achevé
la première mouture du texte (le mémoire) au terme de deux années d’intenses recherches. C’est à ce
moment-là que j’ai commencé à écrire comme critique télé et ciné dans différentes publications : d’abord à
Télécinéobs le supplément du Nouvel Obs, à La Saison télévisé, puis de manière régulière à l’Ecran
fantastique. Courant 2006, au cours d’une soirée à la Cinémathèque, Jean-François Rauger m’a annoncé
l’organisation d’une Rétrospective Terence Fisher pour l’année suivante. C’était l’occasion rêvée pour être
publié, et il me fallait donc saisir cette chance : j’ai commencé à retravailler le texte, à oublier le public
des profs pour m’adresser à celui des cinéphiles et des amateurs d’histoire, à y ajouter des entretiens que
je n’avais pas pu faire à l’époque…. Lorsque la rétrospective a enfin eut lieu en juin-juillet 2007, Jean-
François Rauger a eu l’amabilité de m’inviter à une table ronde Fisher en compagnie de Jean-Pierre
Bouyxou et de Jean-Pierre Dionnet. Ça a été le déclic que j’attendais : Robert de Laroche qui était présent
dans le public m’a présenté Alain Pozzuoli qui était directeur de collection aux éditions Scali et les choses
se sont vite décidées. Un an après, Dans les griffes de la Hammer est sorti.

D'où t'est venue cette passion pour la firme anglaise?

N.S. : D’une vision manquée ! Et à vrai dire, ce n’est pas si rare chez les cinéphiles fantastiques. C’est le
chemin classique : on fantasme les films faute d’avoir la possibilité de les voir à causes des interdictions
aux jeunes spectateurs, on attend des années ainsi, et on finit par éprouver une vraie jouissance de la
transgression lorsqu’enfin on voit son premier film d’horreur. Même si je n’appartiens pas à proprement
parler à la génération Hammer – je suis né quand le studio a cessé de produire pour le grand écran – c’est
néanmoins avec la Hammer que ce processus a eu lieu pour moi : tout est né de l’impossibilité de voir Le
Cauchemar de Dracula, en deuxième partie de soirée à la télé. C’était en 1985, j’avais sept ans, et j’ai eu
beau supplier mes parents de me laisser voir ce film dont notre hebdo télé parlait avec force de photos,
rien n’y a fait : j’étais beaucoup trop jeune pour ce genre de choses… Néanmoins, mon père connaissait
ces films et m’a expliqué à cette occasion qui était Christopher Lee, ce qu’était la Hammer, il m’a raconté
quelques unes de ces séances de minuit à l’époque. Il y avait là quelque chose d’à la fois dangereux et
d’attractif, quelque chose qui parlait à l’enfant que j’étais mais qui semblait appartenir à un domaine adulte
réservé. Je dois avouer que je ne me suis pas focalisé dès cette période sur la Hammer stricto sensu : mon
grand rêve, c’était de voir tous les Dracula avec Christopher Lee, et plus largement tous les films de
vampire possibles et inimaginables. Ce qui m’a d’ailleurs amené plus tard à découvrir aussi Polanski,
Herzog, Murnau, Dreyer, Browning… Ce genre de films était tellement rare à la télé ! Chaque semaine
pendant deux ans, j’ai surveillé mon magazine télé, lorsqu’enfin une nouvelle occasion est
intervenue durant l’été 1987 : Dracula prince des ténèbres était programmé sur FR3, à nouveau dans le
cadre de la Dernière séance si je me souviens bien.
Cette fois ci a été la bonne. J’ai été absolument fasciné, terrorisé et conquis au point
que dès le lendemain, je me suis mis en tête d’adapter le film en nouvelle. J’ai
d’ailleurs dessiné à cette occasion une couverture dont je me suis aperçu en la
retrouvant par hasard l’autre jour, qu’elle ressemble très fortement au célèbre visuel
retenu pour Dans les griffes de la Hammer : Dracula, yeux injectés de sang, canines
proéminente sur fond de château gothique. Très amusant rétrospectivement ! Peu
après ce Dracula enfin visionné, j’ai eu droit à une nouvelle vision manquée
fondatrice à propos de la Hammer.

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C’était au cours d’un gouter d’anniversaire chez un ami, nous avions 10 ans et nous mourrions d’envie de
voir Le Chien des Baskerville dont quelqu’un avait la VHS. Finalement nous n’avons pas pu dépasser la
légendaire séquence d’introduction, celle du meurtre de la servante et de la mise à mort de Hugo de
Baskerville par le chien infernal : certains gamins, dont je n’étais pas peu fier de ne pas faire parti, n’ont
tout simplement pas tenu le choc et la séance a donc été interrompue par les parents… Heureusement j’ai
pu voir le film très peu de temps après à la télé. Je crois que j’ai vraiment pris conscience de toute la
richesse du cycle Hammer, ses Frankenstein, ses momies, son loup-garou etc. grâce à un cadeau de Noël
de mes parents vers l’âge de 12 ans : le très beau livre de Gérard Mangin, Les Affiches du cinéma
fantastique. C’est un livre que j’ai énormément feuilleté en rêvant de voir chacun des films dont l’affiche
était présentée. Je me faisais des filmographies : les Terence Fisher, les Hammer au sens large, mais au
aussi les Bava, Freda, Corman, Franco… Durant les années 90, j’ai commencé à en voir un certain nombre
grâce aux réeditions en VHS, puis j’ai vraiment comblé mes lacunes en arrivant à Paris en 199
notamment grâce à la Cinémathèque et au Vidéo-Club de Norbert Moutier rue Pierre Semard.

En quoi les œuvres de la Hammer ont-elles initié la France au ciné fantastique?

N.S. : Pour faire court, disons que c’est avec la Hammer que la très grande majorité des français a fait la
connaissance de Dracula, Frankenstein, la Momie ou le Loup-garou ! Rien de moins ! Certes, les
productions Universal avaient traversé l’Atlantique durant les années 30, mais tout ce pan de cinéma non
seulement n’avait pas été vraiment assimilé par le public de l’époque, mais avait été englouti dans l’oubli
le plus total avec la seconde guerre mondiale. Seules quelques figures marginales comme Jean Boullet
vantaient les « fabuleux chefs d’œuvre » de cet âge d’or méconnu dans d’obscures revues des années 50.
Aux USA, c’était tout l’inverse : les films de Browning ou Whale déjà étaient considérés comme des
classiques, et ils étaient régulièrement rediffusés à la télévision. Quand Frankenstein s’est échappé sort sur

les écrans américains, tout le monde attend cette remise au gout du jour du
mythe, tout en technicolor, et le choc de la nouveauté aidant, le film bat Le Pont
de la rivière Kwaï au box-office ! En France, le film fera dix fois moins d’entrées
que le film de David Lean… Plus symptomatique encore, c’est parce que les
productions ont connus d’honnêtes succès répétés sur les écrans français qu’on
a eu enfin droit à des traductions complètes et dignes de ce nom des livres de
Stoker et de Shelley… Plus largement, non seulement on découvre en France les
grands mythes du cinéma fantastique avec la Hammer, mais pour la première
fois est posée la question du genre.

Et là on touche à un paradoxe français : il existe depuis Cazotte au XV ème siècle une littérature
fantastique française qui passe par Dumas, Gautier, Mérimée ou Maupassant, il existe depuis Méliès un
cinéma fantastique français enrichi depuis par Cocteau, Carné et d’autres, et néanmoins la question du
fantastique comme genre fait au mieux jusqu’en 1957 l’objet d’un total désintérêt critique, au pire l’objet
d’un mépris d’une rare virulence. ci, l’auteur prime, le genre n’intéresse pas : Cocteau c’est d’abord du
Cocteau avant d’être du fantastique, et les films fantastiques français sont toujours des prototypes isolés
qui ne s’inscrivent pas en tant que tel dans une culture du genre. Anecdote très parlante : alors que la
Hammer triomphe à l’écran, Bava lance un mouvement gothique en talie avec Le Masque du démon en
1960, Corman fait de même aux USA la même année tandis qu’en France, Franju signe un chef-d’œuvre
absolu avec Les Yeux sans visage, mais celui-ci ne lancera strictement aucun mouvement ! Bref, avec la
Hammer la question du genre fait son entrée dans sur la place publique. Au moment où la critique
traditionnelle se lance dans une croisade contre « ce cinéma qui va créer des générations de détraqués et
de pervers », la cinéphilie fantastique française naît avec la création de la première revue européenne
consacrée au genre, Midi-Minuit Fantastique. Paru en 1962, le numéro Un est consacré à Fisher et fait de
la Hammer, pour toute la décennie, son emblème le plus identifiable. Cette jeune cinéphilie est alors un
pur produit des années 60 : provocante subversive, contre-culturelle, à la fois populaire et très cultivée,
elle est menée par de jeunes gens, Michel Caen et Jean-Claude Romer en tête, pas peu fiers d’être les
seuls rédacteurs en chef mineurs d’une revue interdite aux mineurs…

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Tout au long des années 60, le midi-minuisme va gagner en influence jusqu’au point de triompher en
1968 : c’est en cette turbulente année que la Hammer s’impose vraiment au-delà des seuls cercles
d’amateurs de fantastique. Les Cahiers du cinéma, la plus influente revue de la cinéphilie française
s’entend avec sa rivale, Positif, pour sacrer Fisher en véritable auteur moderne, la presse communiste qui
condamnait l’horreur fantastique parce qu’elle était censé détourner de l’horreur politique réelle du monde
finit par admettre la beauté des productions Hammer, de même que la presse catholique qui jusque là ne
voyait dans les aventures du Comte Dracula qu’une attaque en règle contre la religion… Bref, avec la
Hammer le fantastique a fini par devenir un véritable phénomène social et culturel qui a triomphé au cours
des années 70 avec les premiers grands festivals (celui du Rex par exemple qui comprenait une
rétrospective annuelle consacrée à la Hammer), l’explosion du Fandom (L’Ecran fantastique et Mad Movies
naissent respectivement en 1969 et 1972)…

Quelles sont les ruptures amenées par la Hammer par rapport au cinéma de genre traditionnel
version Universal?

N.S. : La Hammer a repris l’idée commerciale de la Universal en réutilisant la plupart des monstres de son
bestiaire et en produisant de nombreuses suites. Elle a également repris certains codes du genre initiés de
manière spontanée par les géniaux pionniers qu’étaient Tod Browning et James Whale, mais pour le reste,
c’était un cinéma d’une radicale nouveauté. La première rupture évidente, c’est évidemment l’usage du
Technicolor. Les productions Hammer sont les premières à penser le fantastique en couleurs. Le vrai génie
ici c’est Fisher, bien qu’il ne faille pas oublier son admirable chef-opérateur Jack Asher. Par son talent de
metteur en scène, sa très grande rigueur dans le traitement des mythes fantastiques, et sa constance d’un
film à l’autre, Fisher s’est révélé être véritable créateur de forme. Bien qu’il s’agisse d’abord d’un cinéaste
thématique – son évolution vers une totale épure le montre – il est le premier, bien avant Bava, a avoir
fait un usage formaliste de la couleur, ce qui lui a permis de développer une esthétique sanglante qui était
aussi transgressive pour l’époque que personnelle. Chez lui, le sang est toujours un signe qui renvoie à
d’angoissantes questions métaphysiques : il symbolise la pulsion sexuelle chez Dracula, l’idée d’âme au
sens philosophique du terme chez Frankenstein. Et néanmoins, ce perpétuel questionnement
métaphysique débouche toujours sur l’athéisme : Dracula n’est pas en lutte contre Dieu, mais contre son
représentant qui prétend agir en son nom, Van Helsing, et de même l’échec de Frankenstein vient non de
dieu mais des limites du monde dans lequel il vit. C’est pour cette raison qu’on a parlé à propos de Fisher
de « matérialisme fantastique ». Et lorsque Fisher ne filme pas le sang directement, une tâche rouge se
promène systématiquement à l’écran, comme une déflagration qui contraste par sa violence avec les ton
pastels ou automnaux qui dominent souvent ses films : c’est tel ou tel effet d’éclairage, un détail de
mobilier, un rideau, un tableau, comme le signe d’une pulsion qui sommeille en tout homme et qui
contamine nécessairement son point de vue sur le monde. Ce n’est pas pour rien que la critique bien
pensante à parlé « d’obscénité de la couleur » chez Fisher. Et l’on touche ici à la deuxième grande rupture
vis-à-vis du cycle Universal : les films de la Hammer étaient aussi des films érotiques.
Non pas parce qu’on pouvait y voir la moindre nudité (ça n’a jamais été le
cas à l’exception de quelques Hammer tardifs des années 70), mais parce
que la sexualité était bien souvent le vrai sujet de ces films. Prenons
Dracula : certes la composante sexuelle est présente dès Murnau, dès
Browning, mais chez Fisher elle n’est plus à la périphérie, elle est le sujet
même du film. Pour faire court, La Cauchemar de Dracula, c’est ni plus ni
moins qu’un appel à l’orgasme, à une sexualité libre, folle, qui fait fi de

toutes les conventions sociales, morales ou culturelles, et Van Helsing combat très clairement le comte
vampire en se vivant comme un gardien de l’ordre moral. Ce qui m’amène à la troisième rupture vis-à-vis
du cycle Universal : toutes les productions Hammer avaient pour cadre une société et une période
historique très précises, l’ère victorienne, tandis que chez la Universal, tout se passait dans une
Transylvanie d’opérette à une époque non identifiée. C’est toute la force de subversion des films Hammer :
les monstres y mettent à mal les valeurs puritaines du XIXème siècle, qui pour une part encore, perdurent
durant les années 60. En France, outre l’incompréhension face au genre, le rejet de ces films par les
milieux catholiques, communistes et plus largement par tous les « culs-serrés » d’avant 1968 ne s’explique
pas autrement. La Hammer a participé en quelque sorte, avec quelques années d’avance sur les Beatles
et les Rolling Stones à l’émergence de la Révolution pop et de la contre-culture.

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Bref, si l’on reprend l’histoire du cinéma fantastique, il y a d’abord eu l’âge d’or allemand des années 20
qui offrait une sorte de représentation de l’inconscient collectif, puis l’ère américaine de la Universal durant
les années 30 qui s’assumait comme la représentation poétique et déréalisée d’un imaginaire fantastique,
puis la génération Tourneur, Wise, Robson sous l’égide de Val Lewton qui créa un cinéma de l’indicible et
de l’invisible dans la décennie suivante. Avec la Hammer à la fin des années 50, pour la première fois nous
avons droit à des monstres de chair et de sang qui évoluent comme autant de forces symboliques dans un
monde bien réel : le nôtre.

Cinq films incontournables de la firme?

Parmi les Dracula, il y a évidemment Le Cauchemar de Dracula ( 958), qui à tout point de vue est un film
parfait : mise en scène, acteurs, scénario, musique… C’est un film qui réinvente totalement l’iconographie
du comte vampire, modernise le mythe tout en revenant à la source du roman et qui formellement est une
authentique leçon de cinéma : les apparitions du comte, le travail de cadence dans le montage qui ne
cesse d’opposer Van Helsing et Dracula jusqu’à la sublime confrontation finale. Tellement a déjà été dit sur
ce film… Parmi les Frankenstein, c’est plus compliqué : Fisher a réussi une saga parfaite, où le personnage
du baron incarné par Cushing se renouvelle de manière passionnante d’un film à l’autre. C’est tout
simplement l’une des sagas les plus intelligentes du cinéma fantastique, au même titre par exemple que
celle de Romero consacrée aux morts-vivants. S’il fallait que je ne retienne qu’un Frankenstein, je dirais
peut-être Le Retour de Frankenstein ( 969), qui fait du baron un véritable héros lucif érien en révolte
contre le monde : c’est une grave réflexion sur le Mal, un film d’une noirceur très rare, où la notion
anglaise « d’horror », c'est-à-dire d’épouvante psychologique et morale prend tout son sens. t là aussi
c’est une grande leçon de cinéma : la manière dont Fisher construit mathématiquement la montée
inéluctable vers l’horreur tient du manifeste esthétique. D’ailleurs dans son Frankenstein suivant, il fait dire
à l’un de ses personnages que « les mathématiques sont plus belles encore que la musique », manière de
signifier qu’elles débouchent invariablement sur la poésie… n dehors de Dracula et Frankenstein, j’ai un
très gros faible pour Le Chien des Baskerville ( 959) qui est une parfaite démonstration de la tr ès forte
personnalité de Fisher à la mise en scène, de son statut d’auteur de cinéma. Voilà un roman de Conan
Doyle dans lequel, Sherlock Holmes oblige, le fantastique n’est qu’un leurre dans une manipulation
criminelle. Fisher reprend l’histoire à lettre, mais lui donne une autre signification par ses choix de mise en
scène : couleurs, cadrage, découpage... La malédiction agit à un double niveau : comme leurre criminel, à
l’instar du roman, mais aussi comme réalité fantastique : les comploteurs qui sont aussi des Baskerville
mourront dans la lande désertique la nuit, soit dévorés par le chien infernal, soit noyés dans les marais
putrides… La malédiction des Baskerville a bel et bien lieu ici et Sherlock Holmes ne dit donc pas sans
raison qu’il lutte non pour la vérité, comme dans les romans, mais contre « les forces du mal ». Bref,
Fisher reprend cette histoire qui lui préexiste, et en fait une matière propre passionnante qui s’inscrit
pleinement dans sa filmo. t au-delà, quel sens de l’atmosphère, du suspense et du rythme ! C’est
vraiment un idéal de cinéma gothique. Toujours de Fisher, j’adore Les Deux visages du Dr Jekyll ( 960)
qui est un film quasiment inconnu en France : il n’a eu droit qu’à une exploitation illégale, dans une seule
salle parisienne en 968, et j’espère de tout cœur qu’une édition DVD vienne corriger cette injustice. C’est
de loin la meilleure version du mythe, avec la version de Robert Mamoulian en 932, même si elle prend le
contre-pied total du classicisme de cette dernière : Jekyll est cette fois un triste bourgeois barbu et cocu,
tandis que son double, Hyde, est un beau jeune homme aussi séduisant que malfaisant et qui deviendra
l’amant de la femme de Jekyll ! Sur ce scénario vertigineux, Fisher réalise une tragédie absolument
bouleversante et multiplie les idées de mise en scène : toutes les séquences de miroirs sont des modèles
du genre. l a beaucoup été reproché au film, de ne pas avoir joué la carte classique du monstre physique
Hyde. C’est au contraire une absolue réussite : le Hyde de Fisher est tellement moderne, qu’il peut à bon
droit passer pour une sorte de chainon manquant qui mènera au célèbre Alex joué par Malcom McDowell
dans Orange mécanique de Kubrick. Si les deux films sont évidemment très différents, Alex et Hyde ont en
commun un sens évident de la séduction, un même goût pour le dandysme et une même passion pour
l’ultra-violence, pulsionnelle chez Hyde, intellectuelle chez Alex… Tu me demandes de citer les 5 Hammer
les plus importants et je m’aperçois que j’ai tendance à ne citer que des films de Fisher. C’est assez
logique : il est le véritable inventeur du label Hammer, il est celui qui a vraiment bâti toute une œuvre en
son sein. Cela dit ne soyons pas injuste : il y a eu également quelques autres réalisateur qui ont su, le
temps de quelques films, utiliser, prolonger, parfois s’approprier les innovations fisheriennes, pour nous
offrir de vraies réussites. Le dytique de John Gilling L’Invasion des mort-vivants/ La Femme reptile, touts
deux réalisés en 966, est mémorable par exemple, a vec un fantastique plus ouvertement politique que
chez Fisher. De même, Don Sharp a fait un excellent film de vampire avec Le Baiser du vampire en 963,
et Peter Sasdy a réussi un petit chef d’œuvre romantique et pervers avec La Fille de Jack l’éventreur en
972. Mais hors Fisher, mon préféré reste Roy War d Baker qui a substitué à l’ambiguë lutte du bien et du
mal fisherienne, une fascinante lutte des genres. Son Docteur Jekyll & Sister Hyde en 97 est de ce point
de vue absolument remarquable : loin d’être grivois comme son titre pourrait le suggérer, Baker ose
transformer le mythe en une fascinante tragédie transsexuelle.

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Les réalisateurs
Les réalisateurs

Terence Fisher
Sans conteste le plus célèbre des cinéastes employés
par la Hammer. Né en 1904, il sera élevé par sa mère
et ses grands-parents suite au décès de son père.
Après une éducation classique et une formation à
l’école militaire, il entre dans la marine. Durant 5 ans,
il va beaucoup voyager mais, à 23 ans, il changera
complètement de vie pour devenir apprenti chez un
marchand de tissu. Durant la dépression des années
30, Terence Fisher, devenu passionné par le cinéma,
décide de devenir monteur. Il débute sa carrière dans
le cinéma à 28 ans, acceptant à peu près tous les
boulots jusqu'à toucher son but en devenant
assistant monteur puis finalement monteur en chef.
Fisher exercera ce métier durant une dizaine
d’années avant de diriger son premier film en 1947,
un moyen-métrage fantastique (Colonel Bogey).
Fisher fera ses premières armes avec ces moyens-
métrages destinés aux premières parties de
programme dans les cinémas. Il en réalisera deux
autres avant de passer au format « long »,
bénéficiant de moyens plus importants et de
techniciens mieux rodés.

Fisher commence sa collaboration avec la Hammer au


début des années 50, se pliant aux exigences de la
compagnie (budget restreint, préparatifs réduits,
durée de tournage minime). Au fil du temps, son

talent de réalisateur va éclore. Après des débuts anodins dans l’urgence (Fisher tourne alors jusque quatre
films par an), le cinéaste réalise son premier film d’importance pour la Hammer, un récit de science-fiction
intitulé Le Triangle à quatre cotés. Enquête dans l’espace (un titre qui résume bien le propos mélangeant
policier et science-fiction) suit peu après. Et, au cours des cinq années suivantes, Fisher réalise encore une
douzaine de longs-métrages et une poignée d’épisodes de série télévisée, oeuvrant par exemple pour la série
télévisée inspirée de John Dickson Carr consacrée au Colonel March, incarné par Boris Karloff.

Mais c’est en 1956 que nous verrons vraiment la carrière de Terence Fisher décoller au sein de la Hammer.
Suite au succès du « Monstre », la compagnie décide de se lancer dans le fantastique et de revisiter les grands
mythes et commence par Frankenstein, lequel sera interprété par Peter Cushng durant toute la saga. Dans
Frankenstein s’est échappé, c’est Christopher Lee qui interprète le Monstre mais ce-dernier n’aura jamais
l’importance qu’il possédait dans la saga de la Universal. Cette fois, le véritable « héros » est le baron
Frankenstein, un personnage de plus en plus perverti et mégalomane au fil des épisodes qui débute
scientifique oeuvrant pour la Connaissance et finira violeur et assassin. Le succès énorme de ce métrage
entraîne la mise en route du Cauchemar de Dracula, une superbe réussite en dépit des nombreuses libertés
et simplifications prises avec le roman de Stoker. Pour des raisons budgétaires et vu la durée réduite du film
(80 minutes), Fisher va condenser l’intrigue avec l’inévitable scénariste Jimmy Sangster et offrir à Christopher
Lee le rôle qui le rendra célèbre, opposé à un Peter Cushing impérial en chasseur de vampires. Ce nouveau
succès conforte la Hammer à poursuivre dans le fantastique et l’épouvante et Fisher retrouve Cushing pour
une Revanche de Frankenstein très réussie. Au cours des années suivantes Fisher va illustrer les autres
grands mythes de la littérature ou du cinéma populaire : Sherlock Holmes (Le Chien des Baskerville,
Sherlock Holmes et le Collier de la mort), Robin des Bois (Le Serment de Robin des Bois), la Momie (La
Malédiction des Pharaons), Jekyll & Hyde (Les Deux Visages du Dr Jekyll), la secte Thugs (Les
Etrangleurs de Bombay), le lycanthrope (La Nuit du Loup-garou) sans oublier Le Fantôme de l’Opéra et
La Gorgone.

Au milieu des années 60, le réalisateur s’essaie aussi à la science-fiction avec trois titres anecdotiques (Earth
Dies Screaming, L’île de la Terreur et La Nuit de la grande chaleur, ce dernier ayant été truffé d’inserts
porno par son distributeur français peu scrupuleux). Fisher tourne encore un nouvel épisode de Dracula
(Dracula Prince des Ténèbres) mais, suite à un accident, le cinéaste se voit remplacé par Freddie Francis
sur le suivant, l’excellent Dracula et les femmes.

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Les réalisateurs

Fisher livrera encore une œuvre intéressante consacrée à la sorcellerie (Les Vierges de Satan) avant de
consacrer les dernières années de sa carrière à approfondir le thème de Frankenstein (Frankenstein
créa la femme, Le Retour de Frankenstein et Frankenstein et le Monstre de l’Enfer qui restera
son dernier film en 1973). Très affaibli, Fisher, malade d’un cancer, arrête de tourner à l’âge de 70 ans.
La Hammer annonce un ultime Dracula qui ne verra jamais le jour. Terence Fisher, sans doute un des
plus grands réalisateurs anglais du cinéma fantastique, nous quitte en 1980.

1973 – Frankenstein et le Monstre de l’Enfer.


1969 – Le Retour de Frankenstein
1968 – Les Vierges de Satan
1967 – Frankenstein créa la femme
1967 – La Nuit de la grande chaleur
1966 – Dracula prince des ténèbres
1966 – L’île de la terreur
1965 – The Earth Dies Screaming
1964 – La Gorgone
1963 – The Horror of it all
1962 – Sherlock Holmes et le collier de la mort
1962 – Le Fantôme de l’opéra
1961 – La Nuit du Loup-garou
1960 – Les Deux Visages de Docteur Jekyll
1960 – Les Maitresses de Dracula
1960 – Les Etrangleurs de Bombay
1960 – Le Serment de Robin des Bois
1959 – La Malédiction des Pharaons
1959 – Le Chien des Baskerville
1958 – La Revanche de Frankenstein
1958 – Le Cauchemar de Dracula
1957 – Frankenstein s’est échappé
1948 – Le Mystère du camp 27

Tenrence Fisher 1904-1980

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Les réalisateurs

Val Guest
Val Guest (1911 – 2006) fut d’abord un acteur de théâtre avant de
continuer sa carrière au cinéma où il trouva quelques petits rôles au
début des années 30. Il s’oriente ensuite vers l’écriture et travaille en
tant que scénariste aux studios Gainsborough à partir de 1935. Il
réalise quelques courts-métrages avant de passer aux longs en 1943.
Spécialisé dans la comédie, Val Guest touche néanmoins à tous les
genres et réalise en 1954 La Revanche de Robin des Bois pour le
compte de la Hammer. Le cinéaste trouve pourtant sa voie via la
science-fiction avec le premier épisode de la saga Quatermass, réalisé
en 1955. Ce Monstre, sympathique série B teintée par l’épouvante,
rencontre suffisamment de succès pour accoucher deux ans plus tard
d’une séquelle : La Marque (Terre contre satellite). Toujours pour
la compagnie britannique, Val Guest va réaliser Le Redoutable
Homme des Neiges, Section d’assaut sur le Sittang, Croisière en
torpilleur, L’île du camp sans retour, Traitement de choc…

Il dirigea ensuite le petit classique du cinéma catastrophe Le Jour où la Terre prit feu et la parodie
d’espionnage Passeport pour l’oubli avec David Niven. Val Guest retrouva Niven pour Casino Royale, la
version parodique de James Bond dont la paternité est disputée par pas moins de cinq réalisateurs. Il
poursuivit ensuite sa carrière avec Quand les dinosaures dominaient le monde, à nouveau produit par
la Hammer en 1970, réalise le film d’action Les Mercenaires en 1976 avant de se tourner vers la
télévision où il s’occupe de quelques épisodes des séries Cosmos 1999 et Sherlock Holmes. Enfin, Val
Guest revient à la Hammer pour mettre en scène trois épisodes de la série télévisée « Hammer House of
Mystery and Suspense » au milieu des années 80 avant de prendre sa retraite en 1986 et de décéder 20
ans plus tard à l’âge honorable de 94 ans.

1985 – Hammer House of Mystery and Suspense (TV)


1976 – Les Mercenaires
1970 – Quand les dinosaures dominaient le monde
1967 – Casino Royale
1967 – Passeport pour l’oubli
1961 – Traitement de choc
1961 – Le Jour où la Terre prit feu
1959 – Section d’assaut sur le Sittang
1958 – L’île du camp sans retour
1958 – Croisière en torpilleur
1957 – Le Redoutable Homme des Neiges
1957 – Scotland Yard appelle le FBI
1956 – La Marque
1955 – Le Monstre
1954 – La Revanche de Robin des Bois

Peter Sasdy
Ce réalisateur d'origine hongroise (né en 1935) a immigré en Angleterre et fit ses débuts à la BBC avant
de devenir un des principaux pourvoyeurs de la Hammer lors de sa dernière période. On lui doit ainsi
Une Messe pour Dracula, Comtesse Dracula, La Fille de Jack l'éventreur, etc. Il réalisa d’autres
films fantastiques comme Evil Baby, Welcome to Blood city, Doomwatch et plusieurs épisodes des
séries télévisées de la Hammer avant de gagner un Razzie du pire réalisateur pour The Lonely Lady, un
drame romantique avec Pia Zadora en 1983. Peter Sasdy a essentiellement travaillé pour la télévision,
réalisant d’innombrables épisodes de feuilletons depuis les années 60, et semble avoir cessé sa carrière
au début des années 90.

1983 – The Lonely Lady 1972 – Doomwatch


1977 – Welcome to Blood city 1971 – La fille de Jack l’Eventreur
1975 – Evil Baby 1971 – Comtesse Dracula
1973 – Nothing but the night 1970 – Une messe pour Dracula

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Les réalisateurs

Roy Ward Baker


Micha Ce talentueux réalisateur (né en 1916) travailla indifféremment pour la Hammer
et sa rivale, la Amicus. Il débuta sa carrière après la Seconce Guerre Mondiale
avec The October Man. Un de ses titres les plus fameux reste Atlantique,
latitude 41° (A Night To Remember) consacré à la tragédie du Titanic. Pour la
Hammer, Roy War Baker réalisa plusieurs classiques comme Les Monstres de
l'Espace et Dr Jekyll & Sister Hyde. Dans Les Monstres de l'Espace, inspiré
par la mythologie de Lovecraft, le professeur Quatermass revient pour une
troisième aventure, cette fois en couleurs flamboyantes, qui le confronte à
nouveau à des dangereux extra terrestres. Avec Dr Jekyll & Sister Hyde, il
illustre brillamment un scénario de Brian Clemens qui revisite audacieusement le
roman de Stevenson : Ralph Bates, sous l’influence du fameux sérum, devient
une femme aussi séduisante que dangereuse jouée par Martine Beswick.

A la même époque, Roy Ward Baker mit aussi en scène de nombreux épisodes de séries télévisées à
succès comme Chapeau Melon et Bottes de Cuir, Amicalement Vôtre et Le Saint. Durant les années 70, il
participa à la décadence de la Hammer avec les pourtant réussis et flamboyants The Vampire Lovers
(épouvante + érotisme) et Les 7 Vampires d'Or. Ce dernier, dont il partage la paternité avec Chang
Cheh, est coproduit par la Shaw Brothers et voit Dracula combattre des experts en kung fu menés par
David Chiang et supervisé par Peter Cushing. Une œuvre déjantée, sexy et rythmée.
Parallèlement, Roy Ward Baker tourna une poignée de titres pour la Amicus pour laquelle il livra quelques
films à sketches dont le classique Asylum.
Il termina sa carrière cinématographique avec le piteux Monster Club en 1980 mais continua de travailler
pour la télévision, nous donnant un Sherlock Holmes télé filmé à l'orée des années 80 (Les Masques de
la Mort) où il retrouve une cinquième fois Peter Cushing. Roy Ward Baker prend sa retraite définitive au
début des années 90.
1980 – Monster Club
1974 – La Légende des 7 Vampires d’Or
1973 – Lachez les monstres
1973 – Le Caveau de l’Horreur
1972 – Asylum

Jimmy Sangster
Le plus grand et le plus prolifique des scénaristes anglais (né en 1927) débuta sa
carrière comme assistant réalisateur pour la Hammer dès la fin des années 40. Son
importance et son apport à la Hammer furent donc immenses et réellement décisifs
tant il sut réactualiser tous les classiques du fantastique traditionnel. Sangster
écrivit la plupart des grands succès de la firme, réinventant tous les grands mythes
en les mettant respectueusement au goût du jour, de Frankenstein s'est
échappé à la Malédiction des Pharaons en passant par le Cauchemar de
Dracula, Dracula prince des ténèbres. Il lança aussi la mode des thrillers
inspirés par Psychose en écrivant Hurler de Peur, Maniac, Confession à un
Cadavre, Meurtre par procuration, Hysteria, Le Mannequin Défiguré et
Sueur Froide dans la Nuit (qu'il réalise lui même). Il tourna aussi deux œuvres
décadentes: Les
Horreurs de Frankenstein et Lust For A Vampire qui misaient sur le gore et le sexe pour attirer le public
et un troisième titre pour la Hammer, Sueurs froides dans la nuit, qui restera sa dernière réalisation. A
partir des années 70, Jimmy Sangster se consacre essentiellement à la télévision, rédigeant des scripts pour
Kolchak, Wonder Woman et bien d’autres séries. n 1978 Sangster revient au long métrage cinéma en
écrivant Psychose Phase 3 de Richard Marquand et 1980 il participe au scénario de Phobia de John
Huston. Plus dernièrement (2000) on le retrouve de manière étonnante au scénario de Flashback, un
slasher allemand de Michael Karen.

1972 – Sueurs froides dans la nuit


1971 – Lust for a vampire
1970 – Les Horreurs de Frankenstein

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Les réalisateurs

Michael Carreras
Micha Fils du fondateur de la Hammer, Michel Carreras (1927 1994) assura diverses
fonctions, entre autre producteur exécutif, au sein de la compagnie de son père.
Il en prit le contrôle durant toutes les années 70 et travailla, souvent sous
pseudonyme, sur de nombreux films avant d'en réaliser une poignée: Maniac,
Les Maléfices de la Momie, Les Femmes Préhistoriques et le Peuple des
Abîmes.

1974 – Shatter
1968 – Le Peuple des Abîmes
1967 – Femmes Préhistoriques
1964 – Les Maléfices de la momie
1963 Maniac

John Gilling
John Gilling (1912 – 1984) a débuté sa carrière de metteur en scène à la fin des
années 40 mais connut surtout la célébrité grâce à son classique horrifique
L’Impasse aux violences sorti en 1960. Après cette réussite dans laquelle brille
le grand Peter Cushing, le cinéaste poursuivit sa carrière en retrouvant l’acteur
dans Les Pirates de la Nuit. Il réalisa ensuite le film d’épouvante Shadow of
the Cat avant d’aborder les genres les plus divers au cours des années 60
(thriller, films de pirates, romance, comédie d’espionnage, etc.). John Gilling
revient à l’horreur et la science fiction via le prometteur Blood Beast From
Outer Space avant de réaliser trois classiques de la Hammer. Le premier,
L’Invasion des Morts-Vivants, est un excellent suspense horrifique et l’unique
métrage de la compagnie à aborder le thème des zombies. La Femme Reptile
s’attache pour sa part à décrire une malédiction planant sur un petit village à
l’atmosphère bien rendue. Enfin, Dans les griffes de la momie conclut la
trilogie de la Hammer consacrée au monstre en bandelettes dont la tombe a été
profanée par des explorateurs inconscients. Après ce métrage mineur mais
sympathique John Gilling va se consacrer à la télévision et aux séries (Le Saint)
durant près de 10 ans. Il effectue son retour au cinéma pour La Cruz del Diablo,
dérivé de la saga des Templiers Aveugles initiée par Amando de Ossorio. Réalisé
durant ses vacances en Espagne pour répondre à une demande de son ami Paul
Naschy, scénariste en quête d’un réalisateur compétent, La Cruz del Diablo
restera la dernière œuvre du cinéaste.

1975 – La Cruz del Diablo


1967 – Dans les griffes de la momir
1966 – La Femme Reptile
1966 – L’invasion des Morts Vivants
1961 – Shadow of the Cat
1961 – Les Pirates de la nuit
1959 – L’Impasse aux violences
1958 – Signes particuliers : Néant
1957 – Police Internationale

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Les réalisateurs

Freddie Francis
Considéré comme un des plus grands directeurs photos, Freddie
Francis (né en 1917 et décédé en 2007) travailla pour John
Huston, Jack Cardiff et David Lynch. Devenu cinéaste, on le
considère comme un « très bon artisan du film d’horreur » (in
Dictionnaire des réalisateurs, Jean Tulard), genre qu’il affectionne
particulièrement au point de léguer quelques classiques à la
Hammer et à l’Amicus.

Né à Londres, Francis commence sa carrière dans les années 30,


exerçant divers jobs liés au cinéma avant d’entrer à l’armée en
1938. Il travaille pour le service cinématographique durant la
Seconde Guerre Mondiale et sera finalement démobilisé en 1947.
Devenu caméraman, Francis va participer à de nombreux longs-
métrages, entre autres pour John Huston avec Plus fort que le
Diable, Moulin Rouge ou Moby Dick. Sur ce dernier, Freddie
Francis est également directeur de la photographie de la seconde
équipe et, à partir du milieu des années 50, il va s’illustrer sur
quelques œuvres prestigieuses. Il obtient son premier Oscar de la

meilleure photographie pour Amant et Fils de Jack Cardiff en 1960 et signe ensuite celle du classique de
l’épouvante Les Innocents.

Durant les années soixante, Freddie Francis devient réalisateur, d’abord sur La Révolte des Triffides, qu’il
co-réalise avec Steve Sekely sans être crédité. Il dirige aussi une comédie (Two and Two Makes Six)
avant de se spécialiser dans l’épouvante. Dès 1962 il réalise La Vengeance du Docteur Corrie d’après
Curt Siodmak puis entre à la Hammer. Il va diriger une série de "thrillers psychotiques" écrits par Sangster
tels que Paranoïaque, Meurtre par Procuration (Nightmare) ou Hysteria, dont l’ambition (jusque dans
les titres) est de concurrencer le récent Psychose.

En 1964, Freddie Francis livre le troisième (et très décevant) épisode de la saga Frankenstein (L’empreinte
de Frankenstein) qui sera distribué par Universal, ce qui permettra à la Hammer de changer d’orientation
et de rendre hommage aux films des années 30, notamment en ce qui concerne le maquillage de la
Créature. Malgré la présence de Peter Cushing, le film est loin d’être une réussite mais Francis montrera
beaucoup plus de talent sur l’autre grand mythe du fantastique en réalisant Dracula et les Femmes qui
rivalise avec les précédents métrages signés Fisher. Freddie Francis partagera aussi sa carrière avec la
compagnie Amicus, rivale de la Hammer, pour laquelle il signe une série d’anthologies horrifiques souvent
écrites par Robert Bloch. De belles réussites nostalgiques comme Le Train des Epouvantes, Le Jardin des
Tortures, Contes au bord de la Folie et surtout Histoires d'outre-tombe, le modèle du genre. Les films
qu’il réalise dans les années 70, excepté le très distrayant La Chair du Diable son malheureusement moins
réussis et témoignent de la décrépitude du cinéma d’épouvante britannique condamné au budget restreint, à
la parodie facile et aux redites (The Ghoul, La Légende du Loup Garou, Son of Dracula, Craze).

Revenu à la photographie à plus de soixante ans, Francis travaille alors sur des productions prestigieuses
comme La Maitresse du Lieutenant Français, Un été en Louisiane, Son Alibi, Les Nerfs à vifs ou
Glory pour lequel il obtient un second Oscar. Il collabore également à trois reprises avec David Lynch,
signant la photo de Elephant Man, Dune et Une Histoire Vraie.
Ses dernières mises en scène pour le cinéma seront Le Docteur et les assassins en 1985 et Dark Tower
en 1987, ce dernier étant terminé par Ken Wiederhorn et signé du pseudonyme de Ken Barnett. Enfin, il livre
un épisode de la série télévisée Tales From the Crypt en 1996, un quart de siècle après avoir popularisé ces
bandes dessinées macabres via Histoires d’outre tombe, sans doute son chef-d’œuvre.

1975 – The Ghoul 1967 – Le Jardin des tortures


1975 – La légende du loup-garou 1966 – Poupées de cendres
1974 – Son of Dracula 1966 – The Deadly Bees
1974 – Contes au bord de la folie 1965 – The Skull
1973 - Craze 1965 - Hysteria
1973 – La Chair du Diable 1965 – Le Train des épouvantes
1972 – Histoires d’outre tombe 1964 – L’empreinte de Frankenstein
1970 – Trog 1963 - Paranoïaque
18
Les acteurs

Christopher Lee : Dracula est son nom…


Né à Londres en 1922, Christopher Lee est un des plus
celebres acteurs britanniques du XXème siècle, ayant
plus de 250 films à son actif. Après ses études dans de
prestigieuses écoles, il s’engage dans la Royal Air Force
durant la Seconde Guerre Mondiale et termine
capitaine. Il va ensuite décrocher un contrat avec la
firme Rank en 1946. Christopher Lee débute sa carrière
avec L’étrange rendez-vous de Terence Young puis
joue aux côtés de Laurence Olivier et de Peter Cushing
dans l’adaptation de Hamlet. Durant toutes les années
50, Christopher Lee tourne de très nombreux films
d’aventures avant de trouver la consécration publique
grâce à la Hammer en incarnant d’abord le Monstre
dans Frankenstein s’est échappé puis Dracula dans
Le Cauchemar de Dracula.

Cette dernière interprétation va coller à la peau de Lee


qui reprendra le rôle une dizaine de fois au cours des
vingt années suivantes, pour la Hammer bien sûr mais
aussi pour Jésus Franco (Les Nuits de Dracula), Jerry
Lewis (One More Time) et même Edouard Molinaro (la
parodie Dracula père et fils). Pour la Hammer,
Christopher Lee sera encore la momie de La
Malédiction des Pharaons et jouera par la suite dans
Le Chien des Baskerville, La Gorgone, Raspoutine
le moine fou ou Les Vierges de Satan..

Christopher Lee décide ensuite de changer de registre en incarnant le frère de Sherlock Holmes dans La
vie privée de Sherlock Holmes, Fu Manchu (dans cinq films consacrés au personnage de Sax Rohmer),
Rochefort dans la trilogie les Trois Mousquetaires, un cow-boy dans Un Colt pour trois salopards ou
le méchant adversaire de James Bond dans L’Homme au pistolet d’or.

En 1976, après Une Fille pour le Diable, il quitte l’Angleterre pour s’établir en Californie où il tourne une
des trois suites de Airport, Les Naufragés du 747. Toujours aussi prolifique, Lee devient une véritable
icône du fantastique et on le voit dans 1941 de Steven Spielberg aussi bien que dans Gremlins 2 de Joe
Dante. Malheureusement, Lee se compromet aussi dans des films indignes de son talent comme
Hurlements 2 ou Police Academy VII. Alors que sa notoriété a décliné, il trouve une belle fin de
carrière auprès de fans qui souhaitent le voir figurer dans leurs œuvres. Tim Burton fait appel à lui pour
Sleepy Hollow, Les Noces Funèbres et Charlie et la Chocolaterie, Peter Jackson lui confie le rôle de
Saroumane dans la trilogie du Seigneur des Anneaux et George Lucas pense à lui pour incarner le
Comte Dooku dans deux épisodes de la nouvelle saga Star Wars et le dérivé animé Clone Wars.
Dernièrement on vit encore Christopher Lee dans Les Rivières Pourpres 2 et dans La Boussole d’or.

Le cauchemar de Dracula 1958 Dracula, Prince des Ténèbres 1966


Le chien Des Baskerville 1959 Raspoutine : le moine fou 1966
L’homme qui trompait la mort 1959 Les vierges de Satan 1968
La Malédiction des Pharaons 1959 Dracula et les femmes 1968
Les Deux visages du Docteur Jekyll 1960 Une messe pour Dracula 1970
L’empreinte du Dragon Rouge 1961 Les cicatrices de Dracula 1970
Hurler de Peur 1961 Dracula 73 1972
L’attaque de San Cristobal 1962 Dracula vit toujours à Londres 1973
La Gorgone 1964 Une fille pour le diable 1976

19
Les acteurs

Peter Cushing : le gentleman de la Hammer

Ce gentleman anglais (1913 – 1994) incarna


tout au long de son impressionnante carrière
nombre de personnages distingués, courtois,
loyaux, courageux et déterminés. Si
Christopher Lee fut le plus grand "méchant"
de l'épouvante classique, Peter Cushing
symbolisa souvent le "Bien", malgré
quelques exceptions. Il fut ainsi un fascinant
Baron Frankenstein dans six films, devenant
plus dépravé et machiavélique au fil des
ans: d'abord savant génial motivé par les
seuls progrès de la science, il termina en
violeur assassin assoiffé de puissance et
mégalomane. il incarna également le Grand
Moff Tarkin, commandant impérial, dans La
Guerre des étoiles.
Son rôle le plus célèbre reste pourtant celui
du fameux chasseur de vampires Van
Helsing qu'il incarna à cinq reprises, dont

dont trois face à Christopher Lee, lequel tenait le rôle de Dracula. Mais il fut également le Shériff de
Nottingham (dans Le Serment de Robin des Bois), Sherlock Holmes (Le Chien des Baskervilles),
l'archéologue suscitant le courroux d'une momie égyptienne dans La Malédiction des Pharaons, le
célèbre héros anglo-saxon Docteur Who (dans Dr Who & The Daleks et Les Daleks envahissent la
terre), etc.

Il fut, durant une vingtaine d'années, la grande star de la Hammer Films et travailla avec les grands
réalisateurs de la firme, en particulier Terence Fisher et Freddie Francis, quoiqu'il ait également été dirigé
par Peter Sasdy, Roy Ward Baker et Jimmy Sangster. Au cours des années soixante et soixante-dix,
Cushing apparut également dans de nombreux films à sketches qui exploitèrent sa notoriété et son talent.
Citons ainsi Le Train des épouvantes, Le Jardin des Tortures, La Maison qui tue, Asylum, Histoires
d'outre-tombe, Frissons d'outre-tombe et The Uncanny.

Au cours des années 80, on le retrouve dans le film nostalgique de Pete Walker House of the long
shadows, dans la parodie Top Secret, dans le téléfilm Les Masques de la Mort pour lequel il reprend le
rôle de Sherlock Holmes et enfin dans Biggles, son dernier long-métrage adapté des célèbres romans
pulp.

Frankenstein s’est échappé 1957 Frankenstein créa la femme 1967


Le redoutable homme des neiges 1957 Dans les griffes de la momie 1967
Le cauchemar de Dracula 1958 Le retour de Frankenstein 1969
La revanche de Frankenstein 1958 Dracula 73 1972
Le chien des Baskerville 1959 Sueur froide dans la nuit 1972
La Malédiction des Pharaons 1959 Dracula vit toujours à Londres 1973
La Gorgone 1964 Shatter 1974
Frankenstein et le monstre de l’Enfer 1973
La légende des 7 vampires d’or 1974

20
Les acteurs

Oliver Reed : les deux visages…

Né à Londres en 1938 Oliver Reed (neveu du


réalisateur Carol Reed, réalisateur du
Troisième Homme) a servi dans l’armée avant
d’entamer une carrière cinématographique à la
fin des années 50. Sans avoir suivi de cours de
comédie et sans avoir d’expérience théâtrale,
Oliver Reed entame pourtant une belle carrière
dans une série de films de la Hammer comme
Le Serment de Robin des Bois, Les Deux
visages du Dr Jekyll, Le Fascinant Capitaine
Clegg, Paranoïaque, The Brigand of
Kandahar et trouve un de ses meilleurs rôles
pour la compagnie dans La Nuit du loup-
garou. Oliver Reed va fréquemment collaborer
avec Michael Winner (Le grand sommeil) et
Ken Russell (Debussy, Women In Love, Les
Diables, Mahler, Tommy, Listztomania).
Dans le registre du fantastique on retrouve
Reed en 1967 dans une sympathique adaptation
de Lovecraft, La Malédiction des Whateley.

A cette époque sa popularité est d’ailleurs suffisante pour que Reed soit envisagé comme le nouveau James
Bond en remplacement de Sean Connery. Une opportunité manquée pour l’acteur qui incarnera ensuite Athos
dans Les Trois Mousquetaires (1973), On l’appelait Milady (1974) et Le Retour des Trois
Mousquetaires (1989), une trilogie signée Richard Lester.

Retour à l’horreur avec deux classiques (Chromosome 3 de David Cronenberg et Trauma de Dan Curtis) et
deux titres mineurs (Venin de Piers Haggard et Spasmes de William Fruet). Au début des années 80, la
carrière d’Oliver Reed alterne d’ailleurs les grosses productions boursouflées (Condorman, L’Arnaque 2),
l’érotisme (Fanny Hill), la parodie (Dr Hekyll & Mr Hype), la fantasy au rabais (Gor), adaptations de Poe
(Le Puit et le Pendule, La chute de la maison Usher)…

Oliver Reed retrouve finalement une production prestigieuse en incarnant le dieu Vulcain dans Les Aventures
du Baron Munchausen de Terry Gilliam en 1988. Son dernier film, Gladiator, est terminé après sa mort,
survenue en 1999, conséquence de son important alcoolisme. Oliver Reed n’avait que 61 ans.

Les deux visages du Docteur Jekyll 1960


Les maléfices de la Momie 1964
Le fascinant capitaine Clegg 1962
Paranoïaque 1964

21
Les acteurs

Michael Ripper : s’il devait n’en rester qu’un…

Cet acteur anglais (1913 – 2000) est resté


célèbre pour sa collaboration avec la Hammer
puisqu’il joua dans 35 long-métrages de la firme
entre 1948 et 1972. Dès son jeune âge, Michael
Ripper s’intéressa à l’art dramatique et il se
lança dans une carrière théâtrale professionnelle
dès ses 16 ans. Entre 1930 et 1950, ce
talentueux homme de l’ombre va aussi
enchaîner les petits rôles, souvent de simples
apparitions non créditées au générique, dans
des productions au rabais tournés en moins de
deux semaines. Malheureusement pour Michael
Ripper une opération médicale va, en 1952,
l’empêcher de parler suffisamment fort pour
continuer à se produire sur scène. Il se
concentra donc sur le cinéma mais fut
pratiquement toujours cantonné aux seconds
rôles, voire aux rôles plus secondaires encore de
patron de taverne, de fabricant de cercueil, de

de pirate, de pileur de tombe ou de policier.

On retrouve Michael Ripper interprétant pas moins de 9 petits rôles différents en 1963 dans le musical What a
Crasy World réalisé par Michael Carreras, le fils du fondateur de la Hammer. Comme beaucoup, Michael
Ripper se consacre essentiellement à la télévision à partir de la fin des années 60, apparaissant encore dans
les derniers métrages de la Hammer comme Une Messe pour Dracula ou La Chair du Diable. Il trouve son
dernier rôle, celui d’un pilier de comptoir, dans la comédie horrifique The Revenge of Billy The Kid en 1992.
Ripper restera comme l’acteur Hammer personnifié…

Quatermass 2 1957 Le fantôme de l’Opéra 1962


L’île du camp sans retour 1958 L’épée écarlate 1963
La revanche de Frankenstein 1958 Les pirates du diable 1964
L’homme qui trompait la mort 1959 Les maléfices de la Momie 1964
The Ugly Duckling 1959 Le secret de l’Ile sanglante 1965
La malédiction des Pharaons 1959 L’invasion des mort-vivants 1966
Les maîtresses de Dracula 1960 La femme reptile 1966
La nuit du Loup Garou 1961 Raspoutine : le moine fou 1966
L’attaque de San Cristobal 1962 Dans les griffes de la Momie 1967
Le peuple des abîmes 1968
Dracula et les femmes 1968
Une messe pour Dracula 1970
Les cicatrices de Dracula 1970

22
Le bestiaire

Le docteur Frankenstein

Sa créature…

Front proéminent et
regard d’ahuris. A court
de neurones pour son
protégé, le baron dû
Mains tendues vers parer au plus pressé. Il
l’avant permettant de ramena du cimetière le
ne pas se prendre tous cerveau d’une blonde
les poteaux de locale…
Londres. L’occasion de
peloter un peu la
Scream Queen du coin
également.

La manteau, très Les jambes arquées et


saillant au demeurant, très rigides rendent la
permet, été comme marche moins
hiver, de cacher la chaloupée que le
multitude de cicatrices cousin Zombie. Passe
disgracieuses… néanmoins
Pratique pour la remarquablement bien
drague en rue ! Âmes les bordures de
sensibles… trottoir.

Chipé lui aussi du bestiaire Universal, ce personnage incontournable deviendra vite une des figures
de proue de la Hammer. Le baron docteur Victor Frankenstein fut, à une exception près, toujours
interprété par l’acteur anglais Peter Crushing, acteur phare de la Hammer. Ralph Bates, reprenant
une fois le rôle pour un des épisodes les moins réussis de la série.
Le héros gothique de Mary Shelley est considéré comme le précurseur de la Science-Fiction.
Frankenstein est motivé par l'horreur que lui a inspirée la mort de sa mère, horreur qu'il veut
éviter de revivre ou de voir revivre en découvrant le secret de la vie. Il se lance alors dans des
expériences abominables pour créer un monstre à Ingolstadt. Il se dévoue alors corps et âme à
cette tâche qui l'occupe pendant des mois, et donne naissance à un être surhumain mais hideux
d'apparence. Alors qu'il prend vie, courageux, Frankenstein, horrifié… fuit laissant le monstre
s’échapper.

Végétarien (ouf c’est déjà ça !), livré à lui-même, le monstre apprend tout seul à survivre. Mais les
humains qu’il rencontre, effrayés par son aspect difforme, le chassent (ben oui, imaginez ça
débouler dans votre jardin!). Il entreprend alors de retrouver son créateur et lui demande alors de
concevoir une femme (ouf, il n’est pas PD), pour qu'ils puissent (hum, hum !) vivre tous deux
isolés et heureux. Mais le docteur refuse et commence alors une traque incessante entre les deux
personnages.

23
Le bestiaire

Lee Dracula

Brushing parfait, Dracula


Sourire ultrabright, évite toujours la mèche
canines aiguisées rebelle et ne supporte pas
permettant la succion les cheveux en bataille.
instantanée. Une vraie
bête de combat l’ami
Dracu…

La cape, noire extérieur,


rouge intérieur, permet
Costume cintré, très
le camouflage parfait
près du corps,
dans l’obscurité avant de
permettant
dévoiler… la chose !
l’aérodynamisme en vol
et… de ne pas se faire
accrocher en défense.

Le personnage de Dracula, personnage phare de chez Universal, commence ses débuts à la Hammer en
1958 avec le Cauchemar de Dracula (Horror of Dracula) avec celui qui le personnifiera à merveille pendant
plusieurs décennies, Christopher Lee. Il est le premier d'une série de plusieurs films sur Dracula par la
Hammer. Les autres seront : Dracula, Prince Of Darkness (Dracula, Prince Des Ténèbres) (1966) de
Terence Fisher, qui sera la suite officielle du premier film, Dracula Has Risen Of The Grave (Dracula Et Les
Femmes) (1968) de Freddie Francis, Taste The Blood Of Dracula (Une Messe Pour Dracula) (1970) de Peter
Sasdy, l'un des plus violents de la série soit Scars Of Dracula (Les Cicatrices De Dracula) (1970) de Roy
Ward Baker, Dracula A.D. 1972 (Dracula 1973) (1972) de Alan Gibson, Dracula Is Dead And Well And
Living In London (Dracula Vit Toujours À Londres) (1973) de Alan Gibson, et finalement Legend Of The 7
Golden Vampires (Les Sept Vampires D'Or) (1974) de Roy Ward Baker, avec cette fois, l'acteur John
Forbes-Robertson dans le rôle du comte Dracula. Le tandem Christopher Lee et Peter Cushing va devenir
véritablement mythique avec les rôles respectifs de Dracula et de son ennemi juré, le docteur Van Helsing.

Ceux qui s’imaginaient assister à une adaptation de l’œuvre initiale de Bram Stoker ont donc été quelque
peu retournés en regardant des interprétations libres du mythe. Sans compter cet érotisme qui émanait de
la série et laissait libre court à notre imagination lubrique.

24
Le bestiaire

La Momie

Ah ben c’est
malin ça, vois
plus rien
maintenant !

Poche
intérieure.
Chez certaines
momies, les
bandelettes
partent en couille
et mériteraient un
lavage en machine La momie
n’urine
jamais, trop
compliqué…

La Momie est un classique du cinéma hollywoodien d'horreur des années trente. Réalisé par
Karl Freund pour le compte des studios Universal, ce film a largement contribué à
populariser la figure de la Momie, qui sera repris, comme les autres figures de proue
d’ailleurs, par la Hammer. C’est la découverte, en 1922, de la tombe de Toutânkhamon qui
va donner l’idée à Carl Laemmle Jr., alors directeur d'Universal, de rajouter ce monstre au
bestiaire déjà bien rempli des célèbres studios.

Remise au goût du jour par l’immense Terence Fisher en 59, avec Christopher Lee dans le
rôle du monstre aux bandelettes, La Momie, tout comme le Loup-Garou, ne fut pas une icône
chez la Hammer, comme put l’être Dracula ou Frankenstein. Néanmoins, les trois films dans
lesquels elle apparaît sont de bons films.

26
Le bestiaire

Bernard Quatermass

Bernard
Quatermass
cherche déjà
des poux…

Le
coiffeur…

Le client…
décontracté !

Le professeur Bernard Quatermass est un physicien de fiction, à l'origine créé par l'écrivain
Nigel Kneale pour BBC Television. Il est le personnage principal de cinq séries télévisées et
de trois longs-métrages de science-fiction britanniques, et le héros également de
dramatiques radio et de récits imprimés.

Quatermass est un scientifique intelligent et d'une grande conscience morale, qui se


retrouve sans cesse confronté avec de sinistres forces extra-terrestres menaçant d'anéantir
l'humanité. Dans les trois serials originaux, c'est un pionnier du programme spatial
britannique, à la tête d'un groupe de recherches baptisé le "British Experimental Rocket
Group".

Daniel Rapina réalisera les deux Quatermass les plus célèbres de la Hammer avec The
Quatermass Xperiment (Le Monstre) (1955) et Quatermass 2 (La Marque) (1957).

26
Les Scream Queen

Martine Beswick Caroline Munro


Née en Jamaïque un 26 Née en janvier 1950 à
septembre 1941, Martine Windsor, débute tôt la
Beswick est sans conteste la célébrité avec une première
scream queen la plus célèbre apparition à 16 ans dans le
de la Hammer. James Bond’s magazine Vogue. Après
girl dans Dr. No (1962), Bons quelques apparitions
baisers de Russie (1963) mais oubliables, la belle débute
aussi dans Opération Tonnerre réellement sa carrière avec
(1965) faisant d’elle l’unique son rôle dans L’abominable
actrice à avoir tourné dans Docteur Phibes (1971).

trois Bond. Devenue sex symbol, la jeune actrice Très vite, cette bombe érotique va devenir
va alors tourner pour la célèbre maison de l’égérie du cinéma fantastique anglais avec
production anglaise. En pleine libération des notamment deux productions de la Hammer :
mœurs, elle n’hésite pas à interpréter des rôles Dracula 73 (1972) et Capitaine Kronos contre
fortement dénudés et fort demandés à l’époque les vampires (1974).
par un public impatient dans une surenchère En 1977, Caroline est choisie par Cubby Broccoli
érotique jugée excessive par l’actrice elle-même. pour interpréter Naomi, la voluptueuse Jame’s
Elle débute donc avec One Million Years B. C. aux Bond Girl de L’espion qui m’aimait (1977).
côtés de Raquel Welsh (aah ces bikinis en peau de Suivront deux films joués avec Joe Spinell
bêtes…), enchaîne avec Slave Girls (1967), « le Maniac de Lustig (1980) et The Last Horror Film
film le plus idiot que j’ai fait », mais son meilleur (1982).
film, selon elle, restera Dr. Jekyll and Sister Hyde Malheureusement, la suite sera moins glorieuse
(1971) pour lequel elle reçut un prix à Paris, « Je sous forme d’apparitions ci et là dans des films
suppose que c’était un de mes meilleurs films ». à oublier très vite. Après Edwige Fenech dans
Sa dernière apparition date maintenant de 1995 Hostel 2, une Caroline Munro dans un troisième
au cinéma avec Night of the Scarecrow. opus ?

Veronica Carlson Barbara Shelley


Cette superbe blonde aux Née en août 1933,
yeux verts, née en Barbara Shelley est
septembre 1944, fait ses considérée à ce jour
débuts au cinéma en 1967. comme la plus grande
Dès l’année suivante elle star du cinéma
entre par la grande porte fantastique anglais.
dans l’univers fascinant de la Très tôt, elle tourne
Hammer grâce à son rôle de avec le réalisateur
Maria dans Dracula et les culte Terence Fisher en
femmes (1968) face à Christopher Lee himself. 1952 avant de commencer une carrière
Deux ans après, elle remet ça en compagnie de gothique prolifique à la Hammer avec des tires
Peter Cushing dans Le retour de Frankenstein comme The Camp on Blood Island (1958), The
(1970). Film dans lequel elle se fait violer par le Gorgon (1964), The secret of Blood Island
docteur dans une scène censurée en Angleterre (1964), Dracula : Prince of Darkness (1966) ou
mais disponible en France. encore Rasputin, the mad Monk (1966). Elle fut
Frankenstein ne la lâche plus puisqu’on la revoit également à l’affiche du film culte Village of The
dans The Horror of Frankenstein (1970), troisième Damned (1960).
et dernière collaboration pour la compagnie Durant les années 70, elle se tournera plus
anglaise. souvent vers la télévision, délaissant
Elle ne tournera plus que dans quatre films entre ce définitivement le cinéma.
dernier et maintenant.

27
Il était une fois à Down Place…
Techniquement parlant, un studio est un ensemble de locaux destiné à réaliser des prises de vue
cinématographiques. Pour réductrice qu’elle soit, la définition n’en est pas pour autant erronée même si elle
ne prend pas en considération le statut historique du studio filmique. Bien plus qu’un simple endroit rendant
possible des prises de vue inconcevables en pleine nature, le studio se révèle déterminant dans la création
d’une œuvre cinématographique puisqu’il confère une certaine âme aux métrages en cours, baignés qu’ils sont
dans la nostalgie bienfaitrice des précédentes réalisations qui y accueillirent nombre de décors et y défièrent
les lois physiques les plus primaires, singeant alternativement un coucher de soleil sur une plaine désertique
ou une pluie torrentielle en pleine mer. Les fondations mexicaines de la Fox se situèrent à la genèse du Titanic
de James Cameron de même que les studios Leavesden conférèrent une aura particulière à l’action sise dans
une Angleterre profonde de la franchise des Harry Potter. Sans oublier la dimension humaine de ces
embarcations artistiques au sein desquelles nombre d’acteurs ont transpiré, force réalisateurs se sont
époumoné et une multitude d’assistants ont préparé le café salvateur sans lequel il n’est pas de tournage
possible. Comme le soulignait très justement le montréalais Sylvain Trudel dans sa Terre du roi Christian,
traitant pour le coup d’un tout autre sujet : « C'est le lieu de conception qui est le véritable lieu de naissance,
car c'est là que tout commence ».

Forts de cette maxime, les dirigeants de la Hammer décident


d’investir un lieu de tournage fixe qui permettra de centraliser
les shots autant qu’il constituera une marque de fabrique pour
la firme au même titre que les studios Pinewood. Dès l’entame
en 1951, le dévolu est placé sur Down place, énorme
construction sise sur les bords de la Tamise, à deux pas de
Bray et de Windsor. Un an plus tard, après expiration du bail,
la Hammer décide de s’installer définitivement en mettant en
chantier la construction de studios sur les terres de Down
place, studios qui seront baptisés du doux nom de Bray en
référence au village local.

Les lieux, aménagés afin de coller au maximum à l’atmosphère gothique, permettent à la firme de quitter le
monde de la série B pour commencer à sortir des films d’une qualité nettement supérieure, semblables à peu
de choses près aux productions de studios plus importants comme la Pinewood londonienne ou la MGM. De
1951 à 1966, une kyrielle de métrages hammeriens employant les décors envoûtants des studios voient le
jour, témoins de l’âge d’or que connaîtra la firme durant ces deux décennies. Les chiens de Baskerville,
Dracula, prince des ténèbres, L’abominable homme des neiges et autres La revanche de Frankenstein y
naissent, jouissant au mieux des bâtiments à l’architecture gothique finement ciselée, déguisant les lieux à
l’envi au gré des tournages. Ainsi, le Down place se verra tour à tour transformé en cour de monastère
(Dracula, 1965), en prison (Frankenstein s’est échappé, 1957) et en marché urbain (Rasputin, 1965) pour les
besoins de la production. Plus tirés et retirés que Brigitte Bardot, les Bray studios ne connaissent durant ces
années qu’altérations et métamorphoses, devenant un véritable Monopoly cosmopolite grandeur nature selon
les tournages qui s’y opèrent. En effet, les terrains additifs subiront également leur lot de liftings autant
géographiques que temporels accueillant successivement le château transylvanien de Dracula, un village
anglais, espagnol puis russe, des bâtisses moyenâgeuses ou des maisonnettes victoriennes.

Leur abandon progressif ira de paire avec le déclin de la production, un déclin entamé dès 1966, année du
dernier métrage shooté (The Mummy’s shroud) dans ces sites devenus mythiques. Depuis, les lieux subsistent
tant bien que mal, accueillant ponctuellement les tournages épars d’illustres exemples (The Rocky Horror
picture show, Alien ou les deux saisons de la célèbre série télévisuelle science-fictionnelle Cosmos : 1999).
Une reconversion entamée dans le monde télévisuel qui permet à ces vestiges d’un autre temps de perdurer
autrement qu’en tant que lieu de pèlerinage de milliers de nostalgiques de l’une des plus grandes compagnies
cinématographiques de tous les temps…

28
Du côté de Oakley Court…
Oakley Court, à quelques pas des studios Bray à Down Place, est un château de style français bâti en 1859
et acheté par Ernest Olivier en 1919. A la mort de celui-ci, la propriété est restée vide, servant pendant 14
ans de décors naturels à plus de 200 films de la Hammer tournés dans le château ou sur la propriété. The
House in Nightmare Park, The Old Dark House, The Reptile et Dracula sont quelques exemples…
C’est son côté gothique qui allait enthousiasmer les producteurs et styliser les œuvres réalisées entre ses
murs. Nombreuses d’entre elles regorgent de scènes dans lesquelles on aperçoit très vite certains pans de la
façade ou des toits de la vaste bâtisse. Un décors idéal pour fantasmer les foules et créer une atmosphère
angoissante propice à l’univers de la Hammer.
Pour la petite histoire, c’est également là que fut réalisé le Rocky Horror Picture Show. Mais déjà la bâtisse
était délabrée. L'équipe de tournage a dû travailler en évitant les seaux dans lesquels tombait la pluie
passant à travers les trous du toit et marcher avec précaution sur les vieux planchers vermoulus.
Parmi les nombreux films tournés citons : Die Monster die (1965), The Plague of the Zombies (1966),
Nightmare (1964) ou encore The Brides of Dracula (1960).
Devenu hôtel de luxe, Oakley Court reste un lieux mythique du cinéma anglais et pour ceux qui en ont les
moyens il est encore possible de visiter certaines pièces restées intactes.

Nightmare (1964)

29
Et maintenant.. ?
Ensommeillée et promise à la mort, la fameuse Hammer a dû patienter plus
de vingt ans avant de refaire surface. Une résurrection entérinée par le
rachat de la société par John De Mol (patronyme évoquant ses appétences
sexuelles ?), ce milliardaire néerlandais à la tête d’Endemol recensé parmi
les cinq cents plus grosses fortunes de la planète. Quand, en 2007, il rachète
la célèbre firme cinématographique qui tomba en déclin dès 1979 avec une
dernière œuvre filmique (The Lady Vanishes), deux types de clans se
forment. Les aficionados, réticents au rachat par une major de leur
compagnie idolâtrée et les éternels optimistes, satisfaits de pouvoir de
nouveau rêver à des lendemains meilleurs en matière de cinoche horrifique
par le truchement d’un réexamen du catalogue hammerien.

Mettant la mainmise sur le catalogue complet de la firme (qui contient pas moins de 00 films), De Mol
entend également redynamiser la production anglaise afin de lui redonner sa superbe d’antan. Unissant
esprit gothique et modernisation filmique, joignant l’aura hammerienne aux technologies contemporaines,
De Mol cède à l’idée de mettre en route le projet de Beyond the Rave, série s’inspirant de Dracula A. D.
1972, signée par le néophyte Matthias Hoene et diffusée bihebdomadairement sur Myspace TV afin de
toucher autant les nostalgiques qui pleuraient quotidiennement sur les cendres de la Hammer et les djeunz
heureux de pouvoir jouir d’une nouvelle série horrifique tout en restant scotchés à leur ordi à temps plein.
D’autant que les diffusions du lundi et du mercredi leur permettent de légitimer au mieux une utilisation plus
fréquente de leur connexion sur la Toile.

La série, déversée par mini-vagues de quatre minutes sur le net, narre les
dernières heures de liberté d’un soldat, Ed, juste avant de partir au front
irakien se faire charcuter pour le bien de sa patrie. Pour sa dernière nuit de
permission, le jeune homme se rend à une rave party qui est en réalité
organisée par des vampires assoiffés de sang. Pitch réactualisé (où est
Saddam ?), mise en scène tendance clubbers, jeunes adultes comme
proies, le renouveau de la Hammer laisse un goût amer dans la bouche
des fanas du genre qui s’attendaient davantage à une relecture du Dracula
de Fisher qu’à une variation amphétaminée des icônes de leur enfance.
Plus proche d’un épisode de Buffy contre les vampires que d’un film
vampirique de Coppola, la série souffre également du format sur lequel elle
se déploie et de son rythme de diffusion (quatre minutes auxquelles il faut
encore amputer le générique). Un retour peu résurrectionnel en réalité,
marqué par une volonté frappante d’essuyer les plâtres avant que
d’ambitieux desseins ne se mettent en place.

Ambitieux, The wake wood ne l’est certainement pas au niveau des budgets avancés. En revanche, côté
pitch… Mis en chantier depuis cette année, ce prochain film hammerien réalisé par l’Irlandais David
Keating, est centré sur un drame familial que de vagues espoirs démoniaques viennent atténuer. Patrick et
Louise, traumatisés par la mort de leur fille unique, mordue par un chien enragé, déménagent pour tenter
d’oublier et parviennent dans une bourgade reculée de l’Eire nommée Wake wood. Sur place, ils
apprennent qu’un rite païen permet à ceux qui s’y exercent de passer trois journées avec un être cher
disparu. Cartésiens jusqu’à l’os, les époux se laissent pourtant attendrir par la proposition du maire et
décident de pactiser avec lui afin de connaître d’ultimes retrouvailles avec leur chère enfant.

Une intrigue qui flaire bon un véritable retour aux sources de ce qui fit la
gloire de la production Hammer et permet de se laisser transporter dans
des rêveries indescriptibles en imaginant un noyau villageois
communautaire embrumé par un épais brouillard tellement en phase avec
les réalisations gothiques ténébreuses des Terence Fisher, Val uest et
autres faiseurs de miracles hammeriens. Quand la mélancolie laisse place
à l’espoir, la brume se dissipe au profit d’éclaircies salvatrices. Hammer is
dead ? Maybe no…

30
The End

© Dossier Cinemafantastique.net réalisé par :

Gore Sliclez – Mise en page et chroniqueur

Damien – Rédacteur en chef et chroniqueur

Mae Nak - Chroniqueur

Hellrick - Chroniqueur

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