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Les racines inquisitoriales de notre droit pénal s’accommodent a priori assez mal
d’une exigence de notification du droit de garder le silence, effectuée d’emblée,
avant toute audition de la personne que les enquêteurs ou les juges souhaitent
entendre. La fascination pour l’aveu, pourquoi ne pas dire la confession1, prend ses
racines tellement loin dans notre inconscient processuel, qu’il n’allait pas de soi
d’introduire en procédure pénale interne une notion pourtant popularisée sur nos
écrans.
Qui n’a en tête en effet, le fameux avertissement américain, maintes fois entendu,
issu de l’arrêt Miranda c/Arizona2 du 13 juin 1966, généralement résumé comme
étant le droit pour la personne gardée à vue d’être, préalablement à son
interrogatoire, clairement informée qu’elle a le droit de garder le silence et que
tout ce qu’elle dira pourra être retenu contre elle devant les tribunaux3 ; de
même, doit-elle être avisée de son droit de consulter un avocat et de la possibilité
pour cet avocat de l’assister durant l’interrogatoire, un tel professionnel lui étant
désigné d’office, si elle n’a pas les moyens d’en rémunérer un.
Plus proche de nous, mais avec des racines différentes, la Grande-Bretagne connaît
elle aussi cette même règle et depuis 19424 .
Mais la France « est un vieux pays » qui, s’il touche souvent aux règles du jeu
pénal, l’a rarement fait d’initiative ces dernières années, en ce qui concerne le
respect des droits fondamentaux5.
3 « You do not have to say anything. But it may harm your defence if you do not mention when
questioned something which you later rely on in Court. Anything you do say may be given in
evidence ».
4 Blunt v. Park Lane Hotel : « …the rule is that no one is bound to answer any question if the
answer thereto would, in the opinion of the judge, have a tendency to expose the deponent to any
criminal charge, penalty or forfeiture which the judge regards as reasonably likely to be preferred
or sued for ». Pour un panorama international du droit au silence, notamment au sein des tribunaux
internationaux, V. Mohammed Ayat, « Le silence prend la parole: la percée du droit de se taire en
droit pénal comparé et en droit international pénal », Archives de politique criminelle 2002-1 (n°
24) http://www.cairn.info/article_p.php...
5 On observera ainsi que l’article préliminaire pourtant complété en 2011 (L. no 2011-392 du 14 avr.
2011, en vigueur le 1er juin 2011) d’un ultime alinéa indiquant : « En matière criminelle et
correctionnelle, aucune condamnation ne peut être prononcée contre une personne sur le seul
fondement de déclarations qu'elle a faites sans avoir pu s'entretenir avec un avocat et être assistée
par lui», ne mentionne pas ce droit au silence.
!1
Ainsi, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’O.N.U. du 16
décembre 19666 , prévoit pour toute personne la garantie de : “ ne pas être forcée
de témoigner contre elle-même ou de s'avouer coupable »7.
!2
lesquelles elle serait amenée à admettre l’existence de l’infraction dont il
appartient à la Commission d’apporter la preuve12.
12 CJUE Orkem, 18 oct. 1989, Rec. CJCE, p. 03283 : « Le respect des droits de la défense, en tant
que principe de caractère fondamental, doit être assuré non seulement dans les procédures
administratives susceptibles d' aboutir à des sanctions, mais également dans le cadre de procédures
d' enquête préalable, telles les demandes de renseignements visées à l' article 11 du règlement n°
17, qui peuvent avoir un caractère déterminant pour l' établissement de preuves du caractère
illégal de comportements d' entreprises de nature à engager leur responsabilité .
Dès lors, si, dans le cadre d' une demande de renseignements en application de l' article 11 du
règlement n° 17, la Commission est en droit d' obliger une entreprise à fournir tous les
renseignements nécessaires portant sur des faits dont elle peut avoir connaissance et de lui
communiquer, au besoin, les documents y afférents qui sont en sa possession, même si ceux-ci
peuvent servir à établir, à son encontre ou à l' encontre d' une autre entreprise, l' existence d' un
comportement anticoncurrentiel, elle ne saurait toutefois, par une décision de demande de
renseignements, porter atteinte aux droits de la défense .
Ainsi, et bien que, s' agissant des infractions de nature économique, notamment dans le domaine
du droit de la concurrence, on ne puisse faire état dans le chef d' une entreprise d' un droit de ne
pas témoigner contre soi-même, que ce soit au titre d' un principe commun aux droits des États
membres ou au titre des droits garantis par la convention européenne pour la sauvegarde des
droits de l' homme et des libertés fondamentales ou par le pacte international relatif aux droits
civils et politiques, la Commission ne saurait imposer à une entreprise l' obligation de fournir des
réponses par lesquelles celle-ci serait amenée à admettre l' existence de l' infraction dont il
appartient à la Commission d' établir la preuve». V. également CJUE Hoechst/Commission, 21
septembre 1989 (46/87 et 227/88, Rec. 1989, p . 0000, point 15).
13 L. n° 2015-516, JORF 16 juin 2000, p. 9038 qui introduisait un droit sur lequel la loi n° 2003-239
du 18 mars 2003, JORF du 19 mars, revenait avant que la loi n° 2011-392 du 14 avril 2011 relative à
la garde à vue, JORF du 15 avril, ne rétablisse « le droit lors de ses auditions, après avoir déclaré
son identité, de faire des déclarations, de répondre aux questions qui lui sont posées ou de se
taire ». Avant 2000, et depuis la loi n° 93-1013 du 24 août 1993, JORF du 25 août, la personne
comparaissant pour mise en examen, ne pouvait « être interrogée immédiatement qu’avec son
consentement » qui ne pouvait être recueilli qu’en présence de son avocat.
14 L. n° 2016-731 du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur
financement, et améliorant l'efficacité et les garanties de la procédure pénale, art. 63, JORF
n°0129 du 4 juin 2016, texte n° 1.
15L. n°2014-535 du 27 mai 2014 portant transposition de la directive 2012/13/UE du Parlement
européen et du Conseil, du 22 mai 2012, relative au droit à l’information dans le cadre des
procédures pénales, JORF n°0123 du 28 mai 2014, p.8864, texte n° 2.
16 E. Allain, « Les nouveaux droits de la défense », AJ pénal 2014. 261 ; T. Cassuto, « Dernières
directives relatives aux droits procéduraux », AJ pénal 2016. 314.
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de certains aspects de la présomption d'innocence17, sera vraisemblablement faible
-car l’essentiel est déjà dit par la première-, même si la dernière n’y consacre rien
!4
de moins que neuf considérants introductifs et 6 points en son article 718 .
Au-delà de l’enquête, et depuis quelques années, notre code de procédure pénale
s’est donc trouvé confronté à l’obligation d’intégrer le droit au silence à divers
stades du processus pénal et la jurisprudence elle-même a eu à se saisir de nombre
de contestations sur son respect. Alors que certains enquêteurs renâclent toujours
à son application, quel bilan est-il possible d’établir ?
!5
1 – DEFINIR LE DROIT AU SILENCE.
Comme nombre d’évidences, celle-ci mérite quelques mots que l’on pourrait
résumer aux deux questions suivantes : comment le droit, généralement vu comme
actif, et le silence vécu comme passif peuvent-ils se concilier ? Si certains silences
en disent long, faut-il toujours chercher ce que peut bien vouloir nous dire celui
qui entend se prévaloir de son droit de se taire ? C’est sans doute autour de ces
deux axes que s’est progressivement construite la définition de ce droit
fondamental.
A) Contours progressifs.
Comment en effet ne pas voir d’emblée, que soutenir dans un même alinéa
que l’obligation de prêter serment n’était pas applicable aux personnes gardées à
vue, mais qu’il n’y avait rien de choquant, si elles l’avaient toutefois prêté, au
point d’entraîner la nullité de la procédure, tient d’un raisonnement qui est tout
sauf exigeant ? Comment ne pas supposer que l’absence de tout recours serait un
jour sanctionnée ? Comment ne pas apprécier en matière de protection des droits
fondamentaux, l’usage de l’adverbe « toutefois »… 20 ?
19 Décision n° 2016-594 QPC du 4 novembre 2016, JORF du 6 novembre 2016, texte n° 30.
20 On a pu parler ici « d’un oxymore » contraire aux droits de ne pas contribuer à sa propre
incrimination et de garder le silence, Damien Roets – RSC 2011. 211. V. également « Le droit au
silence de la personne soupçonnée se fait enfin entendre », H. Marquetty et M. Piquet, Dr. Pén.
2017, Et. 16.
21 Crim. 14 janvier 2003, n° 02-87062, Bull. crim. n° 6, JCP 2003, IV, 1528 ; D. 2003, IR, 808.
!6
Plus clairement, le Conseil constitutionnel indique dans le 8ème point de sa
décision que faire ainsi prêter serment à une personne entendue en garde à vue de
« dire toute la vérité, rien que la vérité », peut être de nature à lui laisser croire
qu'elle ne dispose pas du droit de se taire ou de nature à contredire l'information
qu'elle a reçue concernant ce droit. Et que dès lors, en faisant obstacle, en toute
circonstance, à la nullité d'une audition réalisée sous serment lors d'une garde à
vue dans le cadre d'une commission rogatoire, les dispositions contestées portent
atteinte au droit de se taire de la personne soupçonnée. Dans l’arrêt BRUSCO c./
France, dont il sera encore question, la Cour de Strasbourg avait d’ailleurs
précédemment retenu que le fait d'avoir dû prêter serment avant de déposer avait
constitué pour le requérant - qui faisait déjà depuis la veille l'objet d'une mesure
coercitive, la garde à vue - une forme de pression, et que le risque de poursuites
pénales en cas de témoignage mensonger a assurément rendu la prestation de
serment plus contraignante22 .
Mais c’est bien sûr en matière d’enquête sous contrainte et de garde à vue
que la question du droit au silence a été posée et ceci d’assez longue date par la
Cour de Strasbourg.
!7
de l’espèce. La décision posait bien néanmoins que le droit de ne pas contribuer à
sa propre incrimination est un élément du procès équitable.
Tout doute sur sa portée était cependant levé dès 1996, avec l’arrêt
Saunders c./Royaume-Uni, qui donnait toute la mesure du contrôle de la Cour sur
le respect de ce droit25 en indiquant : « … que, même si l'art. 6 Conv. EDH ne le
mentionne pas expressément, le droit de se taire et – l'une de ses composantes – le
droit de ne pas contribuer à sa propre incrimination sont des normes
internationales généralement reconnues qui sont au cœur de la notion de procès
équitable consacrée par l'art. 6. Leur raison d'être tient notamment à la
protection de l'accusé contre une cœrcition abusive de la part des autorités, qui
évite les erreurs judiciaires et permet d'atteindre les buts de l'art. 6. En
particulier, le droit de ne pas contribuer à sa propre incrimination présuppose
que, dans une affaire pénale, l'accusation cherche à fonder son argumentation
sans recourir à des éléments de preuve obtenus par la contrainte ou les pressions
au mépris de la volonté des accusés. En ce sens, ce droit est étroitement lié au
principe de la présomption d'innocence consacré par l'art. 6, § 2, Conv. EDH.
Toutefois, le droit de ne pas s'incriminer soi-même concerne en premier lieu le
respect de la détermination d'un accusé de garder le silence. Tel qu'il s'entend
communément dans les systèmes juridiques des Parties contractantes à la
convention et ailleurs, il ne s'étend pas à l'usage, dans une procédure pénale, de
données que l'on peut obtenir de l'accusé en recourant à des pouvoirs cœrcitifs
mais qui existent indépendamment de la volonté du suspect, par exemple les
documents recueillis en vertu d'un mandat, les prélèvements d'haleine, de sang et
d'urine ainsi que de tissus corporels en vue d'une analyse de l'ADN ».
25 CEDH 17 déc. 1996, Saunders c/ Royaume-Uni, §§ 68 et 69: Rec. 1996-VI ; CEDH 3 mai
2001, J.B. c/ Suisse, § 64: Rec. 2001-III ; CEDH 8 févr. 1996, Murray c/ Royaume-Uni, § 45: Rec.
1996-I ; CEDH 20 oct. 1997, Serves c/ France, § 46.
26CEDH 14 oct. 2010, n° 1466/07, Brusco c/ France , D. 2010. 2425, édito. F. Rome ; ibid. 2783,
chron. J. Pradel ; RSC 2011. 211, obs. D. Roets; Dalloz actualité, 22 oct. 2010, obs. M. Léna ; D.
2010. 2950 , note J.-F. Renucci ibid. 2696, entretien Y. Mayaud ;
27 Décision n° 2010-14/22 QPC du 30 juillet 2010, JORF 31 juillet, page 14198, texte n° 105, qui
fixait la prise d’effet de la déclaration d'inconstitutionnalité des articles 62, 63, 63-1 et 77 du code
de procédure pénale et des alinéas 1er à 6 de son article 63-4, au 1er juillet 2011 ; AJDA 2010. 1556,
obs. S. Brondel ; D. 2010. 1949, point de vue P. Cassia, et 2259, obs. J. Pradel ; sur la notion de
changement de circonstances, RTD civ. 2010. 513 et sur la modulation dans le temps des décisions
QPC, 517, obs. P. Puig
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des trois arrêts de la chambre criminelle du 19 octobre 201028 et des quatre arrêts
rendus par l’Assemblée plénière de la Cour de cassation le 15 avril 201129.
La première chose que semble donc vouloir nous dire le bénéficiaire du droit
au silence est qu’il est plus facile de parler lorsque l’on sait ce que celui qui vous
interroge recherche -raison pour laquelle en matière de garde à vue, la notification
de la qualification, de la date et du lieu présumés de l’infraction soupçonnée… a
toute son importance -, et que l’on a la certitude de ne pas lui apporter des
éléments dont il ne dispose pas déjà.
B) Portée.
28 Crim. 19 octobre 2010, n° 10-85.051, n° 10-82.902 et 10-82.306, Bull. crim. n° 163 à 165,
retenant, pour mémoire, des déclarations par lesquelles le prévenu s’était incriminé lui-même,
ayant, à l’occasion de ses interrogatoires, réalisés, pour l’essentiel, avant l’intervention de son
conseil, et, en conséquence, sans préparation avec celui-ci, ni information sur son droit de garder le
silence, été privé d’un procès équitable, procédure violant donc l’article 6 de la Convention EdH.
29Ass. Plén. 15 avril 2011, n° 10-17.049, 10-30.242, 10-30.316, 10-30.313, Bull. crim. Ass. plèn. n° 1
à 4.
30CEDH 13 oct. 2009, n° 7377/03, Gaz. Pal. 2-3 déc. 2009, note H. Matsopoulou ; D. 2009. 2897,
note J.-F. Renucci; AJ pénal 2010. 27, étude C. Saas ; RSC 2010. 231, obs. D. Roets. V. également
arrêt Salduz c/ Turquie du 27 novembre 2008.
31 Il est encore possible de citer ici les arrêts arrêt de Grande Chambre Jalloh c/ Allemagne du 11
juillet 2006, Requête n° 54810/00, et Göçmen c/ Turquie du 17 janvier 2007, qui sur notre sujet
relient expressément les articles 3 et 6 de la Convention.
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Dès ce stade le droit au silence est conçu comme un rempart contre toute
« coercition abusive »32.
Il est encore possible de citer sur ce point une jurisprudence33 ayant abouti à
la condamnation de la Principauté monégasque, pour défaut d’information sur le
droit au silence, alors même que les personnes poursuivies avaient déclaré là aussi
renoncer à l’assistance d’un avocat.
32 CEDH, 10 mars 2009, n° 4378/02, § 92, Bykov c. Russie. Sur l’administration de force de produits
vomitifs ou émétiques, à des trafiquants supposés de stupéfiants en détenant « in corpore », CEDH,
11 juillet 2006, Jalloh c/ Allemagne, requête n° 54810/00, §100, AJDA 2006. 1709. Dans cette
dernière décision, la cour rappelle (§102) que selon sa jurisprudence constante, le droit de ne pas
s’incriminer soi-même concerne en premier lieu le respect de la détermination d’un accusé à garder
le silence. Tel qu’il s’entend communément dans les ordres juridiques des Parties contractantes à la
Convention et ailleurs, il ne s’étend pas à l’usage, dans une procédure pénale, de données que l’on
peut obtenir de l’accusé en recourant à des pouvoirs coercitifs mais qui existent indépendamment
de la volonté du suspect, par exemple les documents recueillis en vertu d’un mandat, les
prélèvements d’haleine, de sang, d’urine, de cheveux et de tissus corporels en vue d’une analyse de
l’ADN ou encore les échantillons de voix (Saunders, arrêt précité, § 69, Choudhary c. Royaume-Uni
(déc.), n° 40084/98, 4 mai 1999, J.B. c. Suisse, arrêt précité, § 68, et P.G. et J.H. c. Royaume-Uni,
arrêt précité, § 80).Mais en l’espèce, l’obtention des éléments de preuve, par la force et selon une
procédure qualifiée de contraire à l’article 3, justifie de dire qu’il a été porté atteinte au droit de
l’intéressé de ne pas contribuer à sa propre incrimination et a donc entaché d’iniquité la procédure
dans son ensemble (§113 s., 122).
33 CEDH 24 oct. 2013, nos 62880/11, 62892/11 et 62899/11, Navonne c/ Monaco.
34 Crim. 11 mai 2011, n°10-84.251, Bull. crim. no 97; Dalloz actualité, 24 mai 2011, obs. Girault; D.
2011. Actu. 1421, obs. Girault; AJ pénal 2011. 371, obs. Ascensi; RSC 2011. 414, obs. Danet; Dr.
pénal 2011. Chron. 7, obs. Lesclous.
35 Crim. 6 déc. 2011, n° 11-80.326, Bull. crim. no 247; Dr. pénal 2012. Chron. 7, obs.
Lesclous ; Crim. 24 avr. 2013, Dalloz actualité, 16 mai 2013, obs. Bombled.
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après avoir admis le caractère non conventionnel de notre législation36 imposait
aux juridictions françaises l’application immédiate de l'article 6 tel qu'interprété
par la Cour européenne, sans attendre l'entrée en vigueur, prévue au 1erjuin 2011,
de la xième loi sur la garde à vue37.
C’est l’arrêt Murray c./Royaume-Uni39 qui pose le mieux à ce jour les limites
du droit au silence, dans une affaire où là encore le requérant avait fait choix de
se taire. On se doute en effet, sans nier la responsabilité qui pèse sur l’accusation
d’apporter la preuve des infractions qu’elle poursuit, que le silence systématique
peut être de nature à empêcher purement et simplement à la justice de passer, en
empêchant par exemple, toute confrontation d’un prévenu avec sa victime
supposée.
36Crim. 19 oct. 2010, D. 2010. Actu. 2434, obs. Lavric, et Jur. 2809, note Dreyer, et Chron. 2783,
par Pradel.
37L.n° 2011-392 du 14 avril 2011 et Ass. plén., 15 avr. 2011, D. 2011. Actu. 1080, Entretien 1128,
par Roujou de Boubée ; Dalloz actualité, 19 avr. 2011, S. Lavric ; JCP 2011. Act. 483, obs. Detraz).
38 Crim., 22 juin 2016 n° 15-87.752, Bull. crim.n° 196, V. infra.note 43.
39 CEDH 8 févr. 1996, Murray c/ Royaume-Uni, §§ 45 à 47.
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condamnation exclusivement ou essentiellement sur le silence du prévenu ou sur
son refus de répondre à des questions ou de déposer. D'autre part, il est tout aussi
évident pour la Cour que ces interdictions ne peuvent et ne sauraient empêcher de
prendre en compte le silence de l'intéressé, dans des situations qui appellent
assurément une explication de sa part, pour apprécier la force de persuasion des
éléments à charge. Où que se situe la ligne de démarcation entre ces deux
extrêmes, il découle de cette interprétation du "droit de garder le silence" qu'il
faut répondre par la négative à la question de savoir si ce droit est absolu. On ne
saurait donc dire que la décision d'un prévenu de se taire d'un bout à l'autre de la
procédure pénale devrait nécessairement être dépourvue d'incidences une fois que
le juge du fond tentera d'apprécier les éléments à charge. En particulier, comme
le Gouvernement le relève, si elles consacrent le droit de garder le silence et
l'interdiction de contribuer à sa propre incrimination, les normes internationales
établies sont muettes sur ce point. Pour rechercher si le fait de tirer de son
silence des conclusions défavorables à l'accusé enfreint l'article 6 (art. 6), il faut
tenir compte de l'ensemble des circonstances, eu égard en particulier aux cas où
l'on peut procéder à des déductions, au poids que les juridictions nationales leur
ont accordé en appréciant les éléments de preuve et le degré de coercition
inhérent à la situation ».
40 CEDH, Ibrahim et autres c./ Royaume Uni, 13 septembre 2016, req. n° 50541/08 : Les juges
doivent examiner le témoignage incriminé et juger, au regard du degré de contrainte appliqué, s’il
est compatible avec les dispositions de l’article 6 de la Convention européenne .
41 CEDH, C et autres c./France, 19 mars 2015, req. n°7494/11, § 33 à 37.
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Et c’est la troisième conclusion en forme d’interrogation du bénéficiaire du
droit au silence : il ne peut plus être déduit de mon silence une preuve de
culpabilité mais jusqu’où me taire m’est-il favorable ?
42Art. 803-6 : Toute personne suspectée ou poursuivie soumise à une mesure privative de liberté en
application d'une disposition du présent code se voit remettre, lors de la notification de cette
mesure, un document énonçant, dans des termes simples et accessibles et dans une langue qu'elle
comprend, les droits suivants, dont elle bénéficie au cours de la procédure en application du
présent code :
1° Le droit d'être informée de la qualification, de la date et du lieu de l'infraction qui lui est
reprochée ;
2° Le droit, lors des auditions ou interrogatoires, de faire des déclarations, de répondre aux
questions qui lui sont posées ou de se taire ;
6° Le droit qu'au moins un tiers ainsi que, le cas échéant, les autorités consulaires du pays dont elle
est ressortissante soient informés de la mesure privative de liberté dont elle fait l'objet ;
8° Le nombre maximal d'heures ou de jours pendant lesquels elle peut être privée de liberté avant
de comparaître devant une autorité judiciaire ;
Si le document n'est pas disponible dans une langue comprise par la personne, celle-ci est informée
oralement des droits prévus au présent article dans une langue qu'elle comprend. L'information
donnée est mentionnée sur un procès-verbal. Une version du document dans une langue qu'elle
comprend est ensuite remise à la personne sans retard.
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Dans les dernières étapes, la loi du 27 mai 2014, a ainsi introduit ou
réaménagé le « droit de faire des déclarations, de répondre aux questions
qui lui sont posées ou de se taire », au bénéfice de la personne susceptible
de faire l’objet d’une audition libre (C. pr. pén., art. 61-1)43, d’être entendu
comme témoin assisté (C. pr. pén., art. 113-4), ou interrogé en première
comparution (C.pr. pén., art. 116) 44. Il sera juste noté ici, que la décision de
refus de renvoi au Conseil constitutionnel d’une question prioritaire de
constitutionnalité relative à l’article 116 alinéa 4 dans sa rédaction issue de
la loi du 27 mai 2014, signait l’application générale du droit au silence, à
toutes les hypothèses procédurales de première comparution45.
43 C’est d’autant plus remarquable que la chambre criminelle avait jugé le 3 avril 2013 (n°
11-87.333, Bull. crim. n°72) que le droit au silence n’était reconnu qu’aux personnes gardées à vue
ou faisant l’objet d’une mesure de rétention douanière et ne s’appliquait pas dans le cas où la
personne n’était pas maintenue en état de contrainte, V. AJ Pénal 2013, p.411, obs. L. Ascensi.
44 Il n’est pas inintéressant de citer en matière de première comparution un arrêt du 22 juin 2016
(n° 15-87.752, Bull. crim. à paraître), qui, en matière de défaut d’enregistrement audiovisuel de la
première comparution, qui s'applique, aux termes de l'article 116-1 du code de procédure pénale,
sans distinction à l'ensemble de l'interrogatoire et dont la violation porte nécessairement atteinte
aux intérêts de la personne que le juge d'instruction envisage de mettre en examen, la chambre
criminelle a pu juger qu’il importait peu que le mis en examen ait déclaré à ce magistrat, dans le
cours de cet acte, faire usage de son droit de se taire. Par ailleurs, si une décision -antérieure à
l’entrée en vigueur de la loi de 2014-, avait pu refuser d'annuler la mise en examen pour défaut de
notification du droit de se taire en retenant qu'il résulte de la combinaison des articles 80-2 et 116
du Code de procédure pénale que l'interrogatoire immédiat de la personne mise en cause est
possible sans autre formalité que la notification des faits et de leur qualification dès lors que la
personne a été convoquée en vue de sa première comparution conformément aux prescriptions du
premier de ces textes, qu'elle a fait choix d'un avocat ou obtenu la désignation d'un avocat d'office,
que son défenseur a pu être convoqué au moins cinq jours ouvrables avant la première comparution
conformément à l'article 114 et qu'il est présent (Crim.4 juin 2014, n°14-81.120, JurisData n°
2014-012201, AJ pénal 2014. 589, obs. G. Royer), la chambre criminelle a intégré les effets de la
transposition de la directive 2012/13/UE du Parlement européen et du Conseil, du 22 mai 2012,
relative au droit à l’information dans le cadre des procédures pénales par la loi n° 2014-535, du 27
mai 2014 qui a modifié l’article 116 et dont l’alinéa 4 prévoit désormais que le juge d’instruction ne
peut procéder à l’interrogatoire de première comparution de la personne qu’il envisage de mettre
en examen, sans l’informer de son droit de faire des déclarations, de répondre aux questions qui lui
sont posées ou de se taire (Crim., 7 février 2017, n°16-84.353, Bull. crim. à paraître).
45 Crim. 10 janvier 2017, n° 16-84353, NP : « la question posée ne présente pas un caractère
sérieux, dès lors que l'article 116 du code de procédure pénale, modifiée par la loi n° 2014-535 du
27 mai 2014, impose sans distinction au juge d'instruction, avant tout interrogatoire de première
comparution, d'informer la personne dont il envisage la mise en examen, qu'elle a le droit de faire
des déclarations, de répondre aux questions qui lui sont posées ou de se taire, de sorte qu'aucun
interrogatoire ne peut avoir lieu si la personne choisit de garder le silence, et qu'il s'en déduit que,
dans tous les cas, mention de cet avertissement est faite au procès-verbal ».
46 L. 2016-731 du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur
financement, art. 48. C. Ribeyre, « Loi n° 2016-731 du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le
crime organisé, le terrorisme et leur financement et améliorant l’efficacité et les garanties de la
procédure pénale – Et maintenant ? », Dr. Pén. 2016, Et.17.
!14
est ici avisée à la fois que cette retenue ne peut donner lieu à audition…et
qu’elle a le droit de garder le silence !
47 Crim.14 avril 2015, n° 14-88.515, Bull. crim. n° 83, qui justifie la décision d’une chambre de
l'instruction qui, pour écarter le moyen de nullité tiré de la violation du droit au silence d'une
personne gardée à vue par le recueil de ses observations au juge d'instruction lors de la prolongation
de cette mesure, retient qu'elle ne saurait se faire un grief de ce que ses déclarations spontanées et
non incriminantes ont été reçues par ce magistrat hors la présence de son avocat, dès lors que les
droits mentionnés à l'article 63-1 du code de procédure pénale, et notamment celui de se taire, ont
été régulièrement notifiés à l'intéressée, et que la personne gardée à vue, en exécution d'une
commission rogatoire, dispose, selon les articles 63-1, 3°, et 154 du même code, du droit de
présenter au juge d'instruction des observations tendant à ce qu'il soit mis fin à la mesure lorsque ce
magistrat se prononce, en application de l'article 152, sur l'éventuelle prolongation de celle-ci.
48 Crim.2 novembre 2016, n°16-81537, NP.
49 CEDH 16 juin 2015, Schmid-Laffer c./Suisse, Requête n° 41269/08.
!15
qui, pour annuler un procès-verbal mentionnant de telles déclarations faites
aux enquêteurs par une personne gardée à vue au cours d'un transport dans
un véhicule, relève qu'aucune circonstance exceptionnelle n'empêchait
qu'elles fussent recueillies dans les locaux des services de police et dans les
conditions prévues par l'article 64-1 du code de procédure pénale50.
Le droit au silence a même connu une reconnaissance supplémentaire
par l’assemblée plénière de la Cour de cassation, lorsqu’elle est venue
décider que porte atteinte au droit à un procès équitable, au droit de se
taire et à celui de ne pas s'incriminer soi-même, ainsi qu'au principe de
loyauté des preuves le stratagème qui en vicie la recherche par un agent de
l'autorité publique, en l’espèce, le placement, au cours d'une mesure de
garde à vue, durant les périodes de repos séparant les auditions, de deux
personnes retenues dans des cellules contiguës préalablement sonorisées, de
manière à susciter des échanges verbaux qui seraient enregistrés à leur insu
pour être utilisés comme preuve51.
On verra aussi une forme d’extension du droit au silence au travers de
la décision ayant jugé que si l’enquêteur désigné par le juge d’instruction
pour faire rapport sur la personnalité et la situation matérielle, familiale ou
sociale de la personne mise en examen peut, à cette fin, s'entretenir avec
celle-ci, hors la présence de son avocat et sans que ce dernier ait été
appelé, il ne peut lors de cet entretien recueillir aucune déclaration de
l'intéressé sur les faits qui lui sont reprochés52. Dans un domaine voisin, celui
de l’expertise, la chambre criminelle a encore jugé que l'audition, par
l'expert psychiatre, de la personne mise en examen sur les faits qui lui sont
reprochés et la retranscription par cet expert, dans son rapport, des propos
qui lui ont été tenus au cours de l'examen, réalisé dans les conditions de
l'article 164, alinéa 3, du code de procédure pénale, ne sont pas contraires
aux droits de l'intéressée d'être assistée d'un avocat et de garder le silence,
dès lors que les déclarations recueillies dans ces conditions, d'une part,
seront, le cas échéant, soumises au débat contradictoire devant la
juridiction de jugement dans le respect des droits de la défense, d'autre
part, ne pourront, en application du dernier alinéa de l'article préliminaire
du code de procédure pénale, servir d'unique fondement à une déclaration
de culpabilité. N'encourt en conséquence pas la censure, dès lors qu'il n'était
pas soutenu que l'expert aurait manqué au devoir d'impartialité ou au
respect de la présomption d'innocence, l'arrêt qui écarte l'exception de
!16
nullité d'un rapport d'expertise psychiatrique retranscrivant des propos tenus
à l'expert par lesquels la personne mise en examen s'auto-incriminait 53.
Et que dire encore en termes de garanties procédurales conjointes
d’un arrêt du 22 juin 2016, ayant jugé qu’en matière criminelle, le défaut
d'enregistrement audiovisuel de la première comparution d'une personne
mise en examen, hors les cas où l'article 116-1 du code de procédure pénale
l'autorise, porte nécessairement atteinte aux intérêts de la personne
concernée, même si celle-ci a déclaré faire usage du droit de se taire 54.
Toujours depuis l’entrée en vigueur de la loi du 27 mai 201455
précitée, l’article 406 du code de procédure pénale, impose à la juridiction
correctionnelle, après avoir avisé le prévenu ne maîtrisant pas suffisamment
la langue française de son droit d’être assisté par un interprète, de
l’informer de son droit, au cours des débats, de faire des déclarations, de
répondre aux questions qui lui sont posées ou de se taire56. L’article 512 du
même code rend le texte applicable devant la Cour d’appel. Et
l’avertissement doit également être donné en matière de supplément
d’information.
!17
y compris devant feue la juridiction de proximité61, ou la juridiction d’appel
statuant en matière contraventionnelle62.
63 On indiquera ici un arrêt intéressant sur l’articulation du non-respect du droit au silence en garde
à vue et d’une condamnation devant la cour d’assises, la chambre criminelle ayant pu décider que
ne justifie pas la déclaration de culpabilité, la cour d'assises dont les motifs imprécis, énoncés dans
la feuille de motivation, ne mettent pas la Cour de cassation en mesure de s'assurer que la cour et
les jurés ne se sont fondés ni exclusivement ni essentiellement sur des déclarations incriminantes
de l'accusé recueillies au cours de sa garde à vue, courant décembre 2005, sans l'assistance d'un
avocat ni notification du droit de se taire, Crim. 16 décembre 2015, n°15-81.160, Bull.crim. n°307.
Cette dernière décision vient en quelque sorte en contrepoint parfait de celle rendue par la
chambre criminelle précédemment et qui retenait que l'arrêt d'une cour d'assises qui déclare
l'accusé coupable échappe à la critique dès lors que la motivation annexée à la feuille de questions
ne se fonde ni exclusivement ni essentiellement sur les déclarations faites par l'intéressé en garde à
vue sans l'assistance effective d'un avocat et sans avoir reçu notification du droit de se taire, Crim.,
12 décembre 2012, n° 12-80.788, Bull. crim. 2012, n° 275.
64 Ibid. Crim. 24 mai 2016, n° 15-82.516, Bull. crim. n°156 ; Crim. 7 juin 2016, n° 15-81.171, NP.
65 Crim., 9 janvier 2018, n° 17-80.200, à paraître.
66 Crim. 9 novembre 2016, n°14-86.842.
!18
régulièrement signées par le greffier et le président de la juridiction67 ou
bien-sûr du procès-verbal des débats devant la cour d’assises68.
!19
justifie « de fait » que sa déposition soit stoppée et qu’un autre statut
procédural lui soit donné 74.
Enfin, les dispositions relatives au droit de se taire ont été jugées non
applicables lors de la comparution d’un condamné devant le tribunal
correctionnel statuant sur les seuls intérêts civils76.
74A.Gogorza, « L’interrogatoire au stade policier, à propos d’un concept oublié », Dr. Pén. 2015, Et.
16.
75 Crim., 29 novembre 2017, n°16-85.490, à paraître.
76 Crim. 21 février 2017, n°16-81.871, NP.
77 Crim. 30 janvier 2007, n° 06-88.284, Bull. crim. n° 22, Gaz.Pal., 30-31 mars 2007, 22, note M. B.
78 Crim. 14 octobre 2014, n°14-85.555, Bull. crim. n°204.
!20
procédure pénale, en ce qu'elles régissent l'audience devant la chambre de
l'instruction en matière de détention provisoire, ainsi que l'audition de la
personne mise en examen, sans prévoir la notification à celle-ci du droit de
se taire portent-elles atteinte aux droits et libertés que la Constitution
garantit (et notamment au droit de ne pas contribuer à sa propre
incrimination), elle avait refusé de la renvoyer au Conseil constitutionnel. Sa
motivation aux termes de laquelle, lorsque la chambre de l'instruction est
appelée à statuer sur la détention provisoire d'une personne mise en
examen, l'audition de celle-ci a pour objet non pas d'apprécier la nature des
indices pesant sur elle, cette appréciation ayant déjà eu lieu à l'occasion de
la mise en examen, après que le juge d'instruction l'eut expressément
informée du droit de garder le silence, mais d'examiner la nécessité d'un
placement ou d'un maintien en détention au regard des conditions
particulières posées par les articles 144 et suivants du code de procédure
pénale, dont aucune ne suppose une appréciation des éléments à charge ;
qu'ainsi, l'absence de notification du droit de se taire dans cette phase de la
procédure n'est contraire ni aux droits de la défense, ni au principe d'égalité
devant la justice, est logique et ne peut qu’être approuvée79.
Une autre QPC n’avait pas eu plus de succès qui était ainsi formulée :
« Les dispositions de l'article 695-30 du code de procédure pénale dans son
3ème alinéa, en ce qu'elles régissent l'audition de la personne recherchée
dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen devant la chambre de
l'instruction sans prévoir la notification à celle-ci du droit de se taire
portent-elles atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit et
notamment au droit de se taire… ». La chambre criminelle refusant de la
renvoyer au Conseil constitutionnel, ladite question ne présentant pas, à
l'évidence, un caractère sérieux dès lors que la procédure d'exécution d'un
mandat d'arrêt européen ne conduit pas les juridictions françaises
compétentes à recueillir des éléments d'accusation à l'égard de la personne
concernée ; que l'audition, devant la chambre de l'instruction, de la
personne recherchée ne vise qu'à constater son identité, à recevoir ses
observations sur la procédure dont elle fait l'objet, et à lui permettre de
consentir ou non à sa remise, et non à la soumettre à un interrogatoire sur
les faits objet du mandat d'arrêt ; qu'ainsi, l'absence de notification du droit
de se taire dans cette phase de la procédure n'est pas contraire aux droits de
la défense, et notamment au droit de la personne de ne pas contribuer à sa
propre incrimination, ni au principe d'égalité80.
!21
disposition ne trouve pas à s'appliquer lorsque la juridiction correctionnelle
est saisie, en application des articles 148-1 et suivants du code de procédure
pénale, d'une demande de mise en liberté81. Le même grief a été jugé
inopérant en matière de demande de mise en liberté d’un appelant d’une
condamnation par la cour d’assises, la chambre criminelle répétant que la
notification du droit de se taire n’est pas prescrite lorsque la chambre de
l’instruction statue sur la détention provisoire82.
81Crim. 6 sept. 2016, n° 16-83.907, Bull. crim. à paraître, Dr. Pén. 2016, Comm. 162, obs. A. Maron
et C. Haas ; JCP 2016, éd. G, chron. 1190, note Jean-Baptiste Perrier ; Gaz. Pal. 2016, n° 39, p. 17,
note Rodolphe Mésa.
82 Crim. 3 nov. 2016, n° 16-84.964 NP.
83 Crim. 21 janvier 2015, n° 14-87380, NP, « En ce que la question posée ne présente pas un
caractère sérieux ; qu'en effet, la procédure d'extradition ne conduit pas les juridictions françaises
compétentes à recueillir des éléments d'accusation à l'égard de la personne réclamée ; que
l'audition, devant la chambre de l'instruction, de cette personne, assistée de son avocat, ne vise
qu'à constater son identité, à recevoir ses observations sur la procédure dont elle fait l'objet, et à
lui permettre de consentir ou non à sa remise, et non à la soumettre à un interrogatoire sur les
faits objet de la demande d'extradition ; que l'avis que donne la chambre de l'instruction, qui a
pour mission de vérifier la régularité formelle de la demande de remise, d'en contrôler les autres
conditions de légalité et de s'assurer du respect des droits fondamentaux de la personne réclamée,
ne la conduit pas à statuer sur le bien-fondé des poursuites pénales qui sont à l'origine de la
demande, l'appréciation de l'accusation appartenant exclusivement à l'Etat requérant, lequel n'est
pas partie à la procédure ; qu'ainsi, l'absence de notification du droit de se taire dans cette phase
de la procédure n'est pas contraire aux droits de la défense, et notamment au droit de la personne
de ne pas contribuer à sa propre incrimination » .
84 Crim.4 mars 2015, n° 14-87.042, NP.
85 Crim. 4 mars 2015, n° 14-87380, à paraître ; Crim. 4 mars 2015, n°14-87.377, NP.
86 Crim., 29 mars 2017, n° 17-80.308, NP.
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S’il y a là une volonté compréhensible de restreindre le champ
d’application du droit au silence, il faut s’autoriser à dire a contrario que
même dans un tel cadre procédural, un individu peut être pourtant amener à
s’auto-incriminer…par des déclarations « spontanées » et le critère des
auditions ou audiences n’ayant pas pour objet premier l’appréciation des
éléments à charge, reste en tout état de cause assez fragile87.
!23
méconnaissance desdites dispositions, de nature à porter atteinte aux droits de la
défense, n’a été commise 91.
Existe-t-il une bonne méthode, une manière de présenter les choses qui à
l’audience ne conduise pas tout droit à l’incident ? Assurément non, car tout
prévenu se différencie de son suivant par sa personnalité propre, son itinéraire
judiciaire, son appréhension de la parole donnée ou retenue devant les premiers
interlocuteurs qu’il a eu, les conseils de son avocat, le ton du juge…la nature des
enjeux bien sûr. Et les fonctionnements judiciaires ne sont pas nécessairement plus
homogènes.
Il est par ailleurs et bien évidemment un des éléments clefs des droits de la
défense.
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Il contribue au respect du principe d’égalité des armes.
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