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UNIVERSITÉ JEAN MOULIN - LYON 3 Année universitaire 2022-2023

FACULTÉ DE DROIT

LICENCE DE DROIT PRIVE


SÉRIES A et C
DROITS ET LIBERTÉS FONDAMENTAUX

Cours magistral : Julie FERRERO et Loïc ROBERT


Travaux dirigés : Thomas LEONE, Romane PONCET, Mathieu ROUY, Maïlys TETU

Séance 1 : Les mécanismes de protection


Exemple : la Cour européenne des droits de l’Homme

Doc 1 : Convention de sauvegarde des droits de Bibliographie :


l’homme et des libertés fondamentales, Rome, 4
novembre 1950, extraits ROBERT L., « Enfants de « djihadistes » retenus
Doc 2 : Schéma du cheminement d’une requête en Syrie : vers une obligation de rapatriement en
Doc 3 : Guide pratique sur la recevabilité droit européen des droits de l’homme ? », Revue
(disponible à l’adresse suivante : trimestrielle des droits de l’homme., 2019, p. 779
http://www.echr.coe.int/Documents/Admissibi (disponible en ligne sur la bibliothèque
lity_guide_FRA.pdf ) numérique).
Doc 4 : Protocole n° 16 à la Convention de MILANOVIC M., « Repatriating the Children of
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés Foreign Terrorist Fighters and the Extraterritorial
fondamentales, Strasbourg, 2 octobre 2013, Application of Human Rights », novembre 2020,
entrée en vigueur le 1er août 2016. EJIL Talk, https://www.ejiltalk.org/repatriating-
Doc 5 : Rapport explicatif du Protocole n° 16 à la the-children-of-foreign-terrorist-fighters-and-
Convention de sauvegarde des Droits de the-extraterritorial-application-of-human-rights/.
l'Homme et des Libertés fondamentales,
https://www.echr.coe.int/Documents/Protocol DEUMIER P. et FULCHIRON H., « Première
_16_explanatory_report_FRA.pdf demande d’avis à la CEDH : vers une
Doc 6 : Avis de la Cour sur le projet de Protocole no 16 jurisprudence « augmentée » ? », D., 2019, n° 4, p.
à la Convention élargissant la compétence de la Cour afin 228.
de lui permettre de rendre des avis consultatifs sur FULCHIRON H., « Le contrôle de
l’interprétation de la Convention (adopté par la Cour proportionnalité au service du principe de
plénière le 6 mai 2013). subsidiarité », D., 2018, p. 649.
https://www.echr.coe.int/Documents/2013_Pr HINCKER L., « La procédure de saisine de la
otocol_16_Court_Opinion_FRA.pdf Cour européenne des droits de l’homme :
Doc 7 : Cour EDH, 19 avril 2019, Avis consultatif pratiques et perspectives », AJ fam., 2004, p. 393.
relatif à la reconnaissance en droit interne d’un lien de SUDRE F., Le principe de subsidiarité au sens du droit
filiation entre un enfant né d’une gestation pour autrui de la Convention européenne des droits de l’homme,
pratiquée à l’étranger et la mère d’intention, n° P16- Nemesis, 2014.
2018-001. MARGUENAUD J. P., La Cour européenne des
Doc 8 : Communiqué de presse du 1er août 2021 droits de l’homme, Paris, Dalloz, 6e éd., 2012, 208 p.
relatif à l’entrée en vigueur du Protocole n° 15 de VELU J. et R. ERGEC, La Convention européenne
la Convention européenne des droits de l’homme des droits de l’homme, Bruxelles, Bruylant, LGDJ, 2e
Doc 9 : Cour EDH, 27 septembre 2011, Diamante éd., 2014, 1252 p.
et Pelliccioni c. Saint‑Marin, Requête n° 32250/08). BURGORGUE-LARSEN L., La Convention
Doc 10 : H.F. et M.F. c. France (affaire européenne des droits de l’homme, Paris, LGDJ, 3e éd.,
communiquée), 24384/19 février 2020 2019, 330 p.
HERTIG RANDALL M. et MARQUIS J.,
« L’accès à la Cour européenne des droits de l’homme »,
Tangram, 2016, pp. 63-65.

1
ROBERT L. et SURREL H., (dir.), Quel avenir pour
le système européen de protection de droit de l’homme?,
Limal, Anthémis, 2020, 254 p.

Travail obligatoire à rendre lors de la séance 1 :


Répondez au propre aux questions suivantes :

1. Quelles différences pouvez-vous faire dans l’office de la Cour européenne selon qu’elle soit saisie d’une
requête individuelle ou d’une demande d’avis consultatif en vertu du protocole n° 16 ?

2. Définissez le principe de subsidiarité.

Travail à rendre sur la base du volontariat : Cas pratique à la fin de la fiche.

Doc 1 : Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, Rome, 4
novembre 1950, extraits.

Titre II – Cour européenne des Droits de Article 23 – Durée du mandat et révocation


l'Homme 1 Les juges sont élus pour une durée de neuf ans.
Ils ne sont pas rééligibles.
Article 19 – Institution de la Cour 2 Le mandat des juges s’achève dès qu’ils
Afin d'assurer le respect des engagements atteignent l’âge de 70 ans.
résultant pour les Hautes Parties contractantes de 3 Les juges restent en fonction jusqu’à leur
la présente Convention et de ses protocoles, il est remplacement. Ils continuent toutefois de
institué une Cour européenne des Droits de connaître des affaires dont ils sont déjà saisis.
l'Homme, ci-dessous nommée «la Cour». Elle 4 Un juge ne peut être relevé de ses fonctions que
fonctionne de façon permanente. si les autres juges décident, à la majorité des deux
tiers, que ce juge a cessé de répondre aux
Article 20 – Nombre de juges conditions requises.
La Cour se compose d'un nombre de juges égal à
celui des Hautes Parties contractantes. Article 25 – Assemblée plénière
La Cour réunie en Assemblée plénière :
Article 21 – Conditions d'exercice des a élit, pour une durée de trois ans, son président
fonctions et un ou deux vice-présidents; ils sont rééligibles;
1 Les juges doivent jouir de la plus haute b constitue des Chambres pour une période
considération morale et réunir les conditions déterminée;
requises pour l'exercice de hautes fonctions c élit les présidents des Chambres de la Cour, qui
judiciaires ou être des jurisconsultes possédant sont rééligibles;
une compétence notoire. d adopte le règlement de la Cour;
2 Les juges siègent à la Cour à titre individuel. e élit le greffier et un ou plusieurs greffiers
3 Pendant la durée de leur mandat, les juges ne adjoints;
peuvent exercer aucune activité incompatible f fait toute demande au titre de l’article 26,
avec les exigences d'indépendance, d'impartialité paragraphe 2.
ou de disponibilité requise par une activité
exercée à plein temps; toute question soulevée en Article 26 – Formations de juge unique,
application de ce paragraphe est tranchée par la comités, Chambres et Grande chambre
Cour. 1 Pour l’examen des affaires portées devant elle,
la Cour siège en formations de juge unique, en
Article 22 – Élection des juges comités de trois juges, en Chambres de sept juges
Les juges sont élus par l'Assemblée parlementaire et en une Grande Chambre de dix-sept juges. Les
au titre de chaque Haute Partie contractante, à la Chambres de la Cour constituent les comités pour
majorité des voix exprimées, sur une liste de trois une période déterminée.
candidats présentés par la Haute Partie 2 A la demande de l’Assemblée plénière de la
contractante. Cour, le Comité des Ministres peut, par une
décision unanime et pour une période

2
déterminée, réduire à cinq le nombre de juges des question de savoir si cette Partie a contesté
Chambres. l’application de la procédure du paragraphe 1.b.
3 Un juge siégeant en tant que juge unique
n’examine aucune requête introduite contre la Article 29 – Décisions des Chambres sur la
Haute Partie contractante au titre de laquelle ce recevabilité et le fond
juge a été élu. 1 Si aucune décision n’a été prise en vertu des
4 Le juge élu au titre d’une Haute Partie articles 27 ou 28, ni aucun arrêt rendu en vertu de
contractante partie au litige est membre de droit l’article 28, une Chambre se prononce sur la
de la Chambre et de la Grande Chambre. En cas recevabilité et le fond des requêtes individuelles
d’absence de ce juge, ou lorsqu’il n’est pas en introduites en vertu de l’article 34. La décision sur
mesure de siéger, une personne choisie par le la recevabilité peut être prise de façon séparée.
président de la Cour sur une liste soumise au 2 Une Chambre se prononce sur la recevabilité et
préalable par cette Partie siège en qualité de juge. le fond des requêtes étatiques introduites en vertu
5 Font aussi partie de la Grande Chambre, le de l'article 33. Sauf décision contraire de la Cour
président de la Cour, les vice-présidents, les dans des cas exceptionnels, la décision sur la
présidents des Chambres et d'autres juges recevabilité est prise séparément.
désignés conformément au règlement de la Cour.
Quand l'affaire est déférée à la Grande Chambre Article 30 – Dessaisissement en faveur de la
en vertu de l'article 43, aucun juge de la Chambre Grande Chambre
qui a rendu l'arrêt ne peut y siéger, à l'exception Si l'affaire pendante devant une Chambre soulève
du président de la Chambre et du juge ayant siégé une question grave relative à l'interprétation de la
au titre de la Haute Partie contractante intéressée. Convention ou de ses protocoles, ou si la solution
d'une question peut conduire à une contradiction
Article 27 – Compétence des juges uniques avec un arrêt rendu antérieurement par la Cour, la
1 Un juge unique peut déclarer une requête Chambre peut, tant qu'elle n'a pas rendu son arrêt,
introduite en vertu de l’article 34 irrecevable ou la se dessaisir au profit de la Grande Chambre, à
rayer du rôle lorsqu’une telle décision peut être moins que l'une des parties ne s'y oppose.
prise sans examen complémentaire.
2 La décision est définitive. Article 31 – Attributions de la Grande
3 Si le juge unique ne déclare pas une requête Chambre
irrecevable ou ne la raye pas du rôle, ce juge la La Grande Chambre :
transmet à un comité ou à une Chambre pour a se prononce sur les requêtes introduites en vertu
examen complémentaire. » de l'article 33 ou de l'article 34 lorsque l'affaire lui
a été déférée par la Chambre en vertu de l'article
Article 28 – Compétence des comités 30 ou lorsque l'affaire lui a été déférée en vertu de
1 Un comité saisi d’une requête individuelle l'article 43;
introduite en vertu de l’article 34 peut, par vote b se prononce sur les questions dont la Cour est
unanime, saisie par le Comité des Ministres en vertu de
a la déclarer irrecevable ou la rayer du rôle l’article 46, paragraphe 4 ; et
lorsqu'une telle décision peut être prise sans c examine les demandes d'avis consultatifs
examen complémentaire; ou introduites en vertu de l'article 47.
b la déclarer recevable et rendre conjointement un
arrêt sur le fond lorsque la question relative à Article 32 – Compétence de la Cour
l’interprétation ou à l’application de la 1 La compétence de la Cour s'étend à toutes les
Convention ou de ses Protocoles qui est à questions concernant l'interprétation et
l’origine de l’affaire fait l’objet d’une l'application de la Convention et de ses protocoles
jurisprudence bien établie de la Cour. qui lui seront soumises dans les conditions
2 Les décisions et arrêts prévus au paragraphe 1 prévues par les articles 33, 34, 46 et 47.
sont définitifs. 2 En cas de contestation sur le point de savoir si
3 Si le juge élu au titre de la Haute Partie la Cour est compétente, la Cour décide.
contractante partie au litige n'est pas membre du
comité, ce dernier peut, à tout moment de la Article 33 – Affaires interétatiques
procédure, l'inviter à siéger en son sein en lieu et Toute Haute Partie contractante peut saisir la
place de l'un de ses membres, en prenant en Cour de tout manquement aux dispositions de la
compte tous facteurs pertinents, y compris la Convention et de ses protocoles qu'elle croira

3
pouvoir être imputée à une autre Haute Partie 3 Dans toute affaire devant une Chambre ou la
contractante. Grande Chambre, le Commissaire aux Droits de
l’Homme du Conseil de l’Europe peut présenter
Article 34 – Requêtes individuelles des observations écrites et prendre part aux
La Cour peut être saisie d'une requête par toute audiences.
personne physique, toute organisation non
gouvernementale ou tout groupe de particuliers Article 37 – Radiation
qui se prétend victime d'une violation par l'une 1 A tout moment de la procédure, la Cour peut
des Hautes Parties contractantes des droits décider de rayer une requête du rôle lorsque les
reconnus dans la Convention ou ses protocoles. circonstances permettent de conclure :
Les Hautes Parties contractantes s'engagent à a que le requérant n'entend plus la maintenir; ou
n'entraver par aucune mesure l'exercice efficace b que le litige a été résolu; ou
de ce droit. c que, pour tout autre motif dont la Cour constate
l'existence, il ne se justifie plus de poursuivre
Article 35 – Conditions de recevabilité l'examen de la requête.
1. La Cour ne peut être saisie qu’après
l’épuisement des voies de recours internes, tel Toutefois, la Cour poursuit l'examen de la requête
qu’il est entendu selon les principes de droit si le respect des droits de l'homme garantis par la
international généralement reconnus, et dans un Convention et ses protocoles l'exige.
délai de quatre mois à partir de la date de la 2 La Cour peut décider la réinscription au rôle
décision interne définitive. d'une requête lorsqu'elle estime que les
2. La Cour ne retient aucune requête individuelle circonstances le justifient.
introduite en application de l’article 34, lorsque a)
elle est anonyme ; ou b) elle est essentiellement la Article 38 – Examen contradictoire de
même qu’une requête précédemment examinée l'affaire
par la Cour ou déjà soumise à une autre instance La Cour examine l’affaire de façon contradictoire
internationale d’enquête ou de règlement, et si elle avec les représentants des parties et, s’il y a lieu,
ne contient pas de faits nouveaux. procède à une enquête pour la conduite efficace
3. La Cour déclare irrecevable toute requête de laquelle les Hautes Parties contractantes
individuelle introduite en application de l’article intéressées fourniront toutes facilités nécessaires.
34 lorsqu’elle estime : a) que la requête est
incompatible avec les dispositions de la Article 41 – Satisfaction équitable
Convention ou de ses protocoles, manifestement Si la Cour déclare qu'il y a eu violation de la
mal fondée ou abusive ; ou b) que le requérant n’a Convention ou de ses protocoles, et si le droit
subi aucun préjudice important, sauf si le respect interne de la Haute Partie contractante ne permet
des droits de l’homme garantis par la Convention d'effacer qu'imparfaitement les conséquences de
et ses Protocoles exige un examen de la requête cette violation, la Cour accorde à la partie lésée,
au fond. s'il y a lieu, une satisfaction équitable.
4. La Cour rejette toute requête qu’elle considère
comme irrecevable par application du présent Article 42 – Arrêts des Chambres
article. Elle peut procéder ainsi à tout stade de la Les arrêts des Chambres deviennent définitifs
procédure. conformément aux dispositions de l'article 44,
paragraphe 2.
Article 36 – Tierce intervention
1 Dans toute affaire devant une Chambre ou la Article 43 – Renvoi devant la Grande
Grande Chambre, une Haute Partie contractante Chambre
dont un ressortissant est requérant a le droit de 1 Dans un délai de trois mois à compter de la date
présenter des observations écrites et de prendre de l'arrêt d'une Chambre, toute partie à l'affaire
part aux audiences. peut, dans des cas exceptionnels, demander le
2 Dans l'intérêt d'une bonne administration de la renvoi de l'affaire devant la Grande Chambre.
justice, le président de la Cour peut inviter toute 2 Un collège de cinq juges de la Grande Chambre
Haute Partie contractante qui n'est pas partie à accepte la demande si l'affaire soulève une
l'instance ou toute personne intéressée autre que question grave relative à l'interprétation ou à
le requérant à présenter des observations écrites l'application de la Convention ou de ses
ou à prendre part aux audiences. protocoles, ou encore une question grave de
caractère général.

4
3 Si le collège accepte la demande, la Grande 1 La Cour peut, à la demande du Comité des
Chambre se prononce sur l'affaire par un arrêt. Ministres, donner des avis consultatifs sur des
questions juridiques concernant l'interprétation
Article 44 – Arrêts définitifs de la Convention et de ses protocoles.
1 L'arrêt de la Grande Chambre est définitif. 2 Ces avis ne peuvent porter ni sur les questions
2 L'arrêt d'une Chambre devient définitif: ayant trait au contenu ou à l'étendue des droits et
a lorsque les parties déclarent qu'elles ne libertés définis au titre I de la Convention et dans
demanderont pas le renvoi de l'affaire devant la les protocoles ni sur les autres questions dont la
Grande Chambre; ou Cour ou le Comité des Ministres pourraient avoir
b trois mois après la date de l'arrêt, si le renvoi de à connaître par suite de l'introduction d'un
l'affaire devant la Grande Chambre n'a pas été recours prévu par la Convention.
demandé; ou 3 La décision du Comité des Ministres de
c lorsque le collège de la Grande Chambre rejette demander un avis à la Cour est prise par un vote
la demande de renvoi formulée en application de à la majorité des représentants ayant le droit de
l'article 43. siéger au Comité.
3 L'arrêt définitif est publié.
Article 48 – Compétence consultative de la
Article 45 – Motivation des arrêts et décisions Cour
1 Les arrêts, ainsi que les décisions déclarant des La Cour décide si la demande d'avis consultatif
requêtes recevables ou irrecevables sont motivés. présentée par le Comité des Ministres relève de sa
2 Si l'arrêt n'exprime pas en tout ou en partie compétence telle que définie par l'article 47.
l'opinion unanime des juges, tout juge a le droit
d'y joindre l'exposé de son opinion séparée. Article 49 – Motivation des avis consultatifs
1 L'avis de la Cour est motivé.
Article 46 – Force obligatoire et exécution des 2 Si l'avis n'exprime pas en tout ou en partie
arrêts l'opinion unanime des juges, tout juge a le droit
1 Les Hautes Parties contractantes s'engagent à se d'y joindre l'exposé de son opinion séparée.
conformer aux arrêts définitifs de la Cour dans les 3 L'avis de la Cour est transmis au Comité des
litiges auxquels elles sont parties. Ministres.
2 L'arrêt définitif de la Cour est transmis au
Comité des Ministres qui en surveille l'exécution.
3 Lorsque le Comité des Ministres estime que la
surveillance de l’exécution d’un arrêt définitif est
entravée par une difficulté d’interprétation de cet
arrêt, il peut saisir la Cour afin qu’elle se prononce
sur cette question d’interprétation. La décision de
saisir la Cour est prise par un vote à la majorité
des deux tiers des représentants ayant le droit de
siéger au Comité.
4 Lorsque le Comité des Ministres estime qu’une
Haute Partie contractante refuse de se conformer
à un arrêt définitif dans un litige auquel elle est
partie, il peut, après avoir mis en demeure cette
Partie et par décision prise par un vote à la
majorité des deux tiers des représentants ayant le
droit de siéger au Comité, saisir la Cour de la
question du respect par cette Partie de son
obligation au regard du paragraphe 1.
5 Si la Cour constate une violation du paragraphe
1, elle renvoie l’affaire au Comité des Ministres
afin qu’il examine les mesures à prendre. Si la
Cour constate qu’il n’y a pas eu violation du
paragraphe 1, elle renvoie l’affaire au Comité des
Ministres, qui décide de clore son examen.

Article 47 – Avis consultatifs

5
Doc 2 : Schéma du cheminement d’une
requête

ARRET DEFI NI TI F
Obligatoire (art 46§1) et transmis au Comité des ministres qui en surveille l’exécution (art 46§2). Il peut introduire une procédure devant la
Cour dès lors qu'un Etat refuse de se conformer à un arrêt et demander à la Cour l'interprétation d'un arrêt

COUR EUROPEENNE DES DROI TS DE L’HOM M E


Grande Chambre – Formation de 17 juges

COLLEGE DE 5 JUGES
Renvoi
La demande de renvoi peut émaner
de toute partie (Etat ou requérant) (art 43)

3 mois

I RRECEVABI LI TE REGLEM ENT ARRET DESAI SI SSEM ENT


AM I ABLE Recevabilité, AU PROFI T DE LA
Établissement des faits Règlement au fond (art GRANDE
et conciliation (art 38). 29) Satisfaction CHAM BRE (avant
Radiation du rôle (art équitable s’il y a lieu l’arrêt) si Question
39) (art 41) grave relative à
l’interprétation de la
Convention ou de ses
protocoles (art 30)

COUR EUROPEENNE DES DROI TS DE L’HOM M E


Chambre de 7 juges
- La cour est composée d’un juge par Etat partie à la Convention (art 20)
- élus par l’Assemblée parlementaire au titre de chaque
Haute Partie contractante, à la majorité des voix exprimées, sur une liste
de trois candidats présentés par la Haute Partie contractante (art 22) pour une durée de 9 ans non renouvelable (art 23)

I RRECEVABI LI TE
Requête manifestement irrecevable
Unanimité (art 28)

COM I TE DE 3 JUGES
Filtrage des requêtes individuelles (art 28)

FORM ATI ON DE JUGE UNI QUE


déclarer une requête irrecevable ou la rayer du rôle
lorsqu’une telle décision peut être prise sans
examen complémentaire (art. 27).

COM PETENCE CONTENTI EUSE : Requêtes COM PETENCE CONTENTI EUSE : Requêtes
individuelles étatiques
(art 34 et 35) (art 33)
Dirigées contre un autre Etat partie à la Convention
CONDITIONS DE RECEVABILITE
- Personne physique ou morale victime de violation d’une
disposition de la convention (art 34) COM PETENCE CONSULTATI VE : Le Protocole n°
- Qui a subi un « préjudicie important » (art. 35§3) 16 à la Convention prévoit la possibilité pour les plus
- Avoir épuisé les voies de recours internes (35§1) hautes juridictions des Etats parties, d’adresser des
- 6 mois à compter de la dernière décision interne demandes d’avis consultatif à la Cour sur des questions
définitive (35§1). Sera porté à 4 mois avec l’entrée en de principe relatives à l’interprétation ou à l’application
vigueur du Protocole 15 des droits et libertés définis par la Convention ou ses
- Pas de requête anonyme (art 35§2a) protocoles. Il entrera en vigueur lorsque 10 Etats l'auront
- Ne pas avoir déjà été jugée par la Cour ou soumise à 6 signé et ratifié, mais uniquement à l'égard de ces derniers
l’examen d’une autre instance internationale (art 35§2b) (à ce jour, 6 ratifications).
Doc 3 : Guide pratique sur la recevabilité 2 Lorsque le collège accepte la demande, la
(disponible sur à l’adresse suivante : Grande Chambre rend un avis consultatif.
http://www.echr.coe.int/Documents/Admissibi 3 Le collège et la Grande Chambre, visés aux
lity_guide_FRA.pdf ) paragraphes précédents, comprennent de plein
droit le juge élu au titre de la Haute Partie
Doc 4 : Protocole n° 16 à la Convention de contractante dont relève la juridiction qui a
sauvegarde des droits de l’homme et des procédé à la demande. En cas d’absence de ce
libertés fondamentales, Strasbourg, 2 octobre juge, ou lorsqu’il n’est pas en mesure de siéger,
2013, entrée en vigueur le 1er août 2016 une personne choisie par le Président de la Cour
(extraits) sur une liste soumise au préalable par cette Partie
siège en qualité de juge.

Les Etats membres du Conseil de l’Europe et les Article 3


autres Hautes Parties contractantes à la Le Commissaire aux droits de l’homme du
Convention de sauvegarde des Droits de Conseil de l’Europe et la Haute Partie
l’Homme et des Libertés fondamentales, signée à contractante dont relève la juridiction qui a
Rome le 4 novembre 1950 (ci-après dénommée « procédé́ à la demande ont le droit de présenter des
la Convention »), signataires du présent observations écrites et de prendre part aux
Protocole, audiences. Le Président de la Cour peut, dans
Vu les dispositions de la Convention, notamment l’intérêt d’une bonne administration de la justice,
l’article 19 établissant la Cour européenne des inviter toute autre Haute Partie contractante ou
droits de l’homme (ci-après dénommée « la Cour personne à présenter également des observations
») ; écrites ou à prendre part aux audiences.
Considérant que l’extension de la compétence de
la Cour pour donner des avis consultatifs Article 4
renforcera l’interaction entre la Cour et les 1 Les avis consultatifs sont motivés.
autorités nationales, et consolidera ainsi la mise en 2 Si l’avis consultatif n’exprime pas, en tout ou en
œuvre de la Convention, conformément au partie, l’opinion unanime des juges, tout juge à le
principe de subsidiarité ; droit d’y joindre l’exposé de son opinion séparée.
Vu l’Avis n° 285 (2013) adopté par l’Assemblée 3 Les avis consultatifs sont transmis à la
parlementaire du Conseil de l’Europe le 28 juin juridiction qui a procédé à la demande et à la
2013, Haute Partie contractante dont cette juridiction
Sont convenus de ce qui suit : relève.
Article 1 4 Les avis consultatifs sont publiés.
1 Les plus hautes juridictions d’une Haute Partie Article 5
contractante, telles que désignées conformément Les avis consultatifs ne sont pas contraignants.
à l’article 10, peuvent adresser à la Cour des Article 6
demandes d’avis consultatifs sur des questions de
principe relatives à l’interprétation ou à Les Hautes Parties contractantes considèrent les
l’application des droits et libertés définis par la articles 1 à 5 du présent Protocole comme des
Convention ou ses protocoles. articles additionnels à la Convention, et toutes les
dispositions de la Convention s’appliquent en
2 La juridiction qui procède à la demande ne peut conséquence.
solliciter un avis consultatif que dans le cadre
d’une affaire pendante devant elle. Article 7
3 La juridiction qui procède à la demande motive 1 Le présent Protocole est ouvert à la signature
sa demande d’avis et produit les éléments des Hautes Parties contractantes à la Convention,
pertinents du contexte juridique et factuel de qui peuvent exprimer leur consentement à être
l’affaire pendante. liées par :
Article 2 a la signature sans réserve de ratification,
d’acceptation ou d’approbation ; ou
1 Un collège de cinq juges de la Grande Chambre
se prononce sur l’acceptation de la demande b la signature sous réserve de ratification,
d’acceptation ou d’approbation, suivie de
d’avis consultatif au regard de l’article 1. Tout
refus du collège d’accepter la demande est motivé. ratification, d’acceptation ou d’approbation.

7
2 Les instruments de ratification, d’acceptation ou de distinguer selon que l’enfant est conçu ou non
d’approbation seront déposés près le Secrétaire avec les gamètes de la « mère d’intention » ?
général du Conseil de l’Europe. […]
2. Dans l’hypothèse d’une réponse positive à
Article 9 l’une des deux questions précédentes, la
Aucune réserve n’est admise aux dispositions du possibilité pour la mère d’intention d’adopter
présent Protocole au titre de l’article 57 de la l’enfant de son conjoint, père biologique, ce qui
Convention. constitue un mode d’établissement de la filiation
Article 10 à son égard, permet-elle de respecter les exigences
de l’article 8 de la Convention ? »
Chaque Haute Partie contractante à la
Convention indique, au moment de la signature
ou du dépôt de son instrument de ratification,
LE CONTEXTE ET LA PROCÉDURE
d’acceptation ou d’approbation, au moyen d’une
INTERNE DANS LE CADRE DESQUELS
déclaration adressée au Secrétaire général du
S’INSCRIT LA DEMANDE D’AVIS
Conseil de l’Europe, quelles juridictions elle
désigne aux fins de l’article 1, paragraphe 1, du (…)
présent Protocole. Cette déclaration peut être
16. Par une décision du 16 février 2018, la cour
modifiée à tout moment de la même manière.
de réexamen des décisions civiles a fait droit à la
demande de réexamen du pourvoi en cassation
Doc 7 : Cour EDH, 19 avril 2019, Avis déposée le 15 mai 2017 en application de l’article
consultatif relatif à la reconnaissance en droit L. 452-1 du code de l’organisation judiciaire par
interne d’un lien de filiation entre un enfant les époux Mennesson, agissant en qualité de
né d’une gestation pour autrui pratiquée à représentants légaux des deux enfants mineurs,
l’étranger et la mère d’intention, n° P16-2018- contre l’arrêt de la cour d’appel de Paris du 18
001. mars 2010 qui avait annulé la transcription sur les
registres de l’état civil français des actes de
naissance américains de ces derniers.
PROCÉDURE
17. C’est dans le cadre du réexamen de ce pourvoi
1. Par une lettre du 12 octobre 2018 adressée au en cassation que la Cour de cassation a saisi la
greffier de la Cour européenne des droits de Cour de la présente demande d’avis consultatif.
l’homme (« la Cour »), la Cour de cassation
française a demandé à la Cour, en vertu de l’article 18. La Cour de cassation a sursis à statuer jusqu’à
1 du Protocole no 16 à la Convention de l’avis de la Cour.
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés (…)
fondamentales (« le Protocole no 16 »), de rendre
un avis consultatif sur les questions reprises au L’AVIS DE LA COUR
paragraphe 9 ci-dessous. (…). I.CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES
25. La Cour rappelle que, comme l’indique le
LES QUESTIONS POSÉES préambule du Protocole no 16, la procédure
d’avis consultatif a pour but de renforcer
9. Les questions posées par la Cour de cassation l’interaction entre elle et les autorités
dans sa demande d’avis consultatif sont ainsi nationales et de consolider ainsi la mise en
formulées : œuvre de la Convention, conformément au
« 1. En refusant de transcrire sur les registres de principe de subsidiarité, en donnant la
l’état civil l’acte de naissance d’un enfant né à possibilité aux juridictions nationales désignées de
l’étranger à l’issue d’une gestation pour autrui, en lui demander un avis sur « des questions de
ce qu’il désigne comme étant sa « mère légale » la principe relatives à l’interprétation ou à
« mère d’intention », alors que la transcription de l’application des droits et libertés définis par la
l’acte a été admise en tant qu’il désigne le « père Convention ou ses protocoles » (article 1 § 1 du
d’intention », père biologique de l’enfant, un État- Protocole no 16) qui se posent « dans le cadre
partie excède-t-il la marge d’appréciation dont il d’une affaire pendante devant elle[s] » (article 1 §
dispose au regard de l’article 8 de la Convention 2 du Protocole no 16). L’objectif de la
de sauvegarde des droits de l’homme et des procédure n’est pas de transférer le litige à la
libertés fondamentales ? À cet égard, y a-t-il lieu Cour, mais de donner à la juridiction qui a
procédé à la demande les moyens nécessaires

8
pour garantir le respect des droits de la de la mère porteuse. Les questions de la Cour de
Convention lorsqu’elle jugera le litige en cassation ne visent du reste pas cette situation.
instance (voir le point 11 du rapport explicatif).
30. Il en résulte de plus que l’avis ne portera ni
La Cour n’est compétente ni pour se livrer à
sur le droit au respect de la vie familiale des
une analyse des faits, ni pour apprécier le
enfants ou des parents d’intention, ni sur le droit
bien-fondé des points de vue des parties
au respect de la vie privée des parents d’intention.
relativement à l’interprétation du droit
interne à la lumière du droit de la Convention, 31. L’avis de la Cour portera en conséquence sur
ni pour se prononcer sur l’issue de la deux points.
procédure. Son rôle se limite à rendre un avis en 32. Il portera en premier lieu sur la question de
rapport avec les questions qui lui ont été
savoir si le droit au respect de la vie privée, au sens
soumises. C’est à la juridiction dont émane la
de l’article 8 de la Convention, d’un enfant né à
demande qu’il revient de résoudre les l’étranger à l’issue d’une gestation pour autrui, qui
questions que soulève l’affaire et de tirer, selon
requiert la reconnaissance en droit interne du lien
le cas, toutes les conséquences qui découlent de
de filiation entre celui-ci et le père d’intention
l’avis donné par la Cour pour les dispositions du
lorsqu’il est le père biologique, requiert également
droit interne invoquées dans l’affaire et pour la possibilité d’une reconnaissance en droit
l’issue de l’affaire.
interne d’un lien de filiation entre cet enfant et la
26. La Cour déduit par ailleurs de l’article 1 §§ 1 mère d’intention, désignée dans l’acte de
et 2 du Protocole no 16 que les avis qu’elle est naissance légalement établi à l’étranger comme
amenée à rendre en application de ce étant la « mère légale », dans la situation où
protocole doivent se limiter aux points qui l’enfant a été conçu avec les gamètes d’une tierce
ont un lien direct avec le litige en instance au donneuse, et où le lien de filiation entre l’enfant
plan interne. Leur intérêt est également de et le père d’intention a été reconnu en droit
fournir aux juridictions nationales des interne.
orientations sur des questions de principe
33. Il portera en second lieu sur la question de
relatives à la Convention applicables dans des cas
savoir si, dans l’affirmative, le droit au respect de
similaires. la vie privée de l’enfant, au sens de l’article 8 de la
27. La présente demande d’avis consultatif Convention, requiert que cette reconnaissance se
s’inscrit dans le contexte d’une procédure interne fasse par la transcription sur les registres de l’état
visant au réexamen du pourvoi en cassation des civil de l’acte de naissance légalement établi à
requérants dans l’affaire Mennesson, affaire dans l’étranger, ou s’il admet qu’elle puisse se faire par
laquelle la Cour a conclu qu’il n’y avait pas eu d’autres moyens, tels que l’adoption de l’enfant
violation du droit au respect de la vie familiale des par la mère d’intention.
requérants, mais du droit au respect de la vie 34. Pour formuler son avis, la Cour prendra
privée des enfants (paragraphe 11 ci-dessus). Il
dûment en compte les observations écrites et
apparaît ainsi que le litige interne porte sur la les pièces produites par les divers
reconnaissance dans l’ordre juridique français, eu participants à la procédure (paragraphes 4-6
égard au droit au respect de la vie privée des
ci-dessus). Elle souligne toutefois qu’il ne
enfants, d’un lien de filiation entre une mère s’agit pas pour elle de répondre à chacun des
d’intention et des enfants nés à l’étranger par
moyens et arguments qui lui sont soumis ni
gestation pour autrui et issus des gamètes du père de développer en détail les fondements de sa
d’intention et d’une tierce donneuse, dans un cas
réponse, dès lors que, en application du
où l’acte de naissance étranger peut faire l’objet Protocole no 16, son rôle n’est pas de statuer
d’une transcription en ce qu’il désigne le père contradictoirement sur des requêtes
d’intention dès lors qu’il est le père biologique des
contentieuses par un arrêt ayant force
enfants.
obligatoire, mais, dans un délai aussi rapide
28. Le litige interne ne concerne donc pas le cas que possible, de fournir à la juridiction qui a
où l’enfant né d’une gestation pour autrui procédé à la demande une orientation lui
pratiquée à l’étranger est issu des gamètes de la permettant de garantir le respect des droits de
mère d’intention. la Convention lorsqu’elle jugera le litige en
29. Il en résulte également que l’avis ne instance.
concernera pas le cas où il y a eu procréation pour
autrui, c’est-à-dire où l’enfant est issu des gamètes
II.SUR LE PREMIER POINT

9
( …) des circonstances particulières de l’espèce, si et
quand ce lien s’est concrétisé.
III.SUR LE SECOND POINT
53. On ne saurait déduire de l’intérêt supérieur de
48. Le second point concerne la question de
l’enfant ainsi compris que la reconnaissance du
savoir si le droit au respect de la vie privée de
lien de filiation entre l’enfant et la mère
l’enfant né d’une gestation pour autrui pratiquée
d’intention que requiert le droit de l’enfant au
à l’étranger, dans la situation où l’enfant a été
respect de la vie privée, au sens l’article 8 de la
conçu avec les gamètes d’une tierce donneuse,
Convention, impose aux États de procéder à la
requiert que cette reconnaissance se fasse par la
transcription de l’acte de naissance étranger en ce
transcription sur les registres de l’état civil de
qu’il désigne la mère d’intention comme étant la
l’acte de naissance légalement établi à l’étranger,
mère légale. Selon les circonstances de chaque
ou s’il admet qu’elle puisse se faire par d’autres
cause, d’autres modalités peuvent également
moyens, tels que l’adoption de l’enfant par la mère
servir convenablement cet intérêt supérieur, dont
d’intention.
l’adoption, qui, s’agissant de la reconnaissance de
49. Il est dans l’intérêt de l’enfant qui est dans ce lien, produit des effets de même nature que la
cette situation que la durée de l’incertitude dans transcription de l’acte de naissance étranger.
laquelle il se trouve quant à sa filiation à l’égard de
54. Ce qui compte c’est qu’au plus tard lorsque,
la mère d’intention soit aussi brève que possible.
selon l’appréciation des circonstances de chaque
Comme indiqué précédemment, tant que le lien
cas, le lien entre l’enfant et la mère d’intention
entre lui et celle-ci n’est pas reconnu en droit
s’est concrétisé (paragraphe 52 ci-dessus), il y ait
interne sa situation se trouve fragilisée s’agissant
un mécanisme effectif permettant la
de plusieurs aspects de son droit au respect de la
reconnaissance de ce lien. Une procédure
vie privée (paragraphe 40 ci-dessus).
d’adoption peut répondre à cette nécessité dès
50. On ne saurait toutefois en déduire que les lors que ses conditions sont adaptées et que ses
États parties soient tenus d’opter pour la modalités permettent une décision rapide, de
transcription des actes de naissance légalement manière à éviter que l’enfant soit maintenu
établis à l’étranger. longtemps dans l’incertitude juridique quant à ce
51. La Cour constate en effet qu’il n’y a pas de lien. Il va de soi que ces conditions doivent inclure
une appréciation par le juge de l’intérêt supérieur
consensus européen sur cette question : lorsque
de l’enfant à la lumière des circonstances de la
l’établissement ou la reconnaissance du lien entre
l’enfant et le parent d’intention est possible, leurs cause.
modalités varient d’un État à l’autre (paragraphe 55. En somme, vu la marge d’appréciation dont
24 ci-dessus). Elle observe ensuite que l’identité disposent les États s’agissant du choix des
de l’individu est moins directement en jeu moyens, d’autres voies que la transcription,
lorsqu’il s’agit non du principe même de notamment l’adoption par la mère d’intention,
l’établissement ou de la reconnaissance de sa peuvent être acceptables dans la mesure où les
filiation, mais des moyens à mettre en œuvre à modalités prévues par le droit interne garantissent
cette fin. La Cour estime en conséquence que le l’effectivité et la célérité de leur mise en œuvre,
choix des moyens à mettre en œuvre pour conformément à l’intérêt supérieur de l’enfant.
permettre la reconnaissance du lien enfant-
56. La Cour de cassation indique dans sa
parents d’intention tombe dans la marge
demande d’avis que la loi française facilite
d’appréciation des États.
l’adoption de l’enfant du conjoint (paragraphe 14
52. Outre ce constat relatif à la marge ci-dessus). Il peut s’agir d’une adoption plénière
d’appréciation, la Cour considère que l’article 8 de ou d’une adoption simple.
la Convention n’impose pas une obligation
57. Le gouvernement français fait ainsi valoir
générale pour les États de reconnaître ab initio un
qu’entre le 5 juillet 2017 et le 2 mai 2018 la quasi-
lien de filiation entre l’enfant et la mère
totalité des demandes d’adoption entre conjoints
d’intention. Ce que requiert l’intérêt supérieur de
concernant des enfants nés à l’étranger d’une
l’enfant – qui s’apprécie avant tout in concreto
gestation pour autrui ont été satisfaites. La Cour
plutôt qu’in abstracto – c’est que ce lien,
relève cependant que cette procédure n’est
légalement établi à l’étranger, puisse être reconnu
ouverte qu’aux parents d’intention mariés. De
au plus tard lorsqu’il s’est concrétisé. Il appartient
plus, il ressort notamment des observations en
en principe non pas à la Cour, mais en premier
intervention du Défenseur des droits que des
lieu aux autorités nationales d’évaluer, à la lumière
incertitudes persistent quant aux modalités de

10
l’adoption de l’enfant du conjoint dans ce Doc 8 : Communiqué de presse du 1er août
contexte, s’agissant par exemple de la nécessité 2021 relatif à l’entrée en vigueur du Protocole
d’obtenir le consentement préalable de la mère n° 15 de la Convention européenne des droits
porteuse. de l’homme
58. Ceci étant, il n’appartient pas à la Cour de Le Protocole n° 15, amendant la Convention
se prononcer dans le cadre de son avis européenne des droits de l’homme, est entré en
consultatif sur l’adéquation du droit français vigueur le dimanche 1er août 2021.
de l’adoption avec les critères énoncés aux
Ce Protocole introduit dans le préambule de la
paragraphes 54-55 ci-dessus. Il revient au
Convention une référence au principe de
juge interne de le faire (paragraphe 25 ci-
subsidiarité et à la doctrine de la marge
dessus), en tenant compte de la situation
d’appréciation. Par ailleurs, le délai de 6 mois
fragilisée dans laquelle se trouvent les enfants
durant lequel la Cour peut être saisie après une
tant que la procédure d’adoption est
décision nationale définitive sera ramené à 4 mois
pendante.
à compter du 1er février 2022.
59. Enfin, la Cour est consciente de la complexité
Il apporte également à la Convention les
des questions que pose la gestation pour autrui.
modifications suivantes :
Elle observe que la conférence de La Haye de
droit international privé a entrepris des travaux – concernant le critère de recevabilité du
destinés à proposer une convention « préjudice important », la seconde condition,
internationale permettant d’y répondre sur la base empêchant le rejet d’une affaire n’ayant pas été
de principes acceptés par les États qui adhéreront dûment examinée par un tribunal interne, est
à cet instrument (paragraphe 20 ci-dessus). supprimée ;
PAR CES MOTIFS, LA COUR, À – les parties à une affaire ne peuvent plus
L’UNANIMITÉ, s’opposer au dessaisissement d'une Chambre au
profit de la Grande Chambre ;
Rend l’avis suivant :
– les candidats au poste de juge à la Cour doivent
Dans la situation où, comme dans l’hypothèse
être âgés de moins de 65 ans à la date à laquelle la
formulée dans les questions de la Cour de
liste de trois candidats est attendue par
cassation, un enfant est né à l’étranger par
l’Assemblée parlementaire.
gestation pour autrui et est issu des gamètes du
père d’intention et d’une tierce donneuse, et où le Adopté en 2013, le Protocole 15 a été ratifié par
lien de filiation entre l’enfant et le père d’intention tous les Etats membres du Conseil de l’Europe.
a été reconnu en droit interne :
1. le droit au respect de la vie privée de l’enfant, Doc 9 : Cour EDH, 27 septembre 2011,
au sens de l’article 8 de la Convention, requiert
Diamante et Pelliccioni c. Saint‑Marin,
que le droit interne offre une possibilité de
Requête n° 32250/08)
reconnaissance d’un lien de filiation entre cet
enfant et la mère d’intention, désignée dans l’acte The Government’s preliminary objection
de naissance légalement établi à l’étranger comme regarding the first applicant’s standing also to act
étant la « mère légale » ; on her child’s behalf
2. le droit au respect de la vie privée de l’enfant,
au sens de l’article 8 de la Convention, ne requiert
1. The parties submissions
pas que cette reconnaissance se fasse par la
transcription sur les registres de l’état civil de 143. The Government submitted that the second
l’acte de naissance légalement établi à l’étranger ; applicant did not have standing to act in the
elle peut se faire par une autre voie, telle que proceedings given her young age. In order to act
l’adoption de l’enfant par la mère d’intention, à la on behalf of her child, the first applicant should
condition que les modalités prévues par le droit have obtained the father’s authorisation and/or
interne garantissent l’effectivité et la célérité de sa that of the judge (giudice tutelare), but she had
mise en œuvre, conformément à l’intérêt not done so. Awarding her that status could
supérieur de l’enfant. create a conflict situation in that even her father
could lodge an application before the Court on
her behalf. Moreover, certain aspects of her
complaints, such as those relating to procedural

11
aspects of the proceedings, could clearly have no Doc 10 : H.F. et M.F. c. France (affaire
effect on the second applicant, as she was not a communiquée), 24384/19 février 2020.
party to the domestic proceedings.
144. Referring to the court’s case-law, the Article 3 al. 2 du Protocole n° 4 Entrer dans son
applicants submitted that the second applicant pays Refus d’organiser le rapatriement d’une
had locus standi. This was even clearer, ressortissante partie rejoindre l’ancien territoire
considering that the first applicant was not only de l’ « État islamique » , et de ses jeunes enfants :
the biological mother, but also had joint custody affaire communiquée
of the child and enjoyed parental rights.
Les requérants sont les parents d’une
(…) ressortissante française qui a quitté la France en
2014 pour rejoindre, avec son compagnon, le
3. The Court’s assessment
territoire alors contrôlé par l’organisation dite
146. The Court points out that in principle a État islamique, où elle eut par la suite des enfants.
person who is not entitled under domestic law to Ces enfants et leur mère – visée en France par un
represent another may nevertheless, in certain mandat d’arrêt pour association de malfaiteurs en
circumstances, act before the Court in the name lien avec une entreprise terroriste – se
of the other person. In particular, minors can trouveraient détenus depuis février 2019 dans un
apply to the Court even, or indeed especially, if camp du nord-est de la Syrie administré par les
they are represented by a mother who is in Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition
conflict with the authorities and who criticises de milices kurdes et de combattants arabes
their decisions and conduct as not consistent with opposés au gouvernement de Damas). Les
the rights guaranteed by the Convention. In the requérants demandèrent vainement aux autorités
event of a conflict over a minor’s interests françaises, d’organiser, d’une façon ou d’une autre
between a natural parent and a person appointed – la France n’ayant actuellement plus de relations
by the authorities to act as the child’s guardian, diplomatiques avec la Syrie –, le rapatriement de
there is a danger that some of those interests will leurs fille et petits-enfants. Leur recours en référé
never be brought to the Court’s attention and that d’urgence fut rejeté aux motifs : que le
the minor will be deprived of effective protection rapatriement demandé supposait l’engagement de
of his or her rights under the Convention. négociations avec des autorités étrangères, ou une
Consequently, even where a mother has been intervention sur un territoire étranger ; et que
deprived of parental rights - and indeed that is pareilles mesures n’étaient pas détachables de la
one of the causes of the dispute which she has conduite des relations internationales de la
referred to the Court - her standing as the natural France, dont aucun tribunal n’avait compétence
mother suffices to afford her the necessary power pour connaître. La politique de la France en la
to apply to the Court on the child’s behalf, too, in matière, telle qu’elle ressort de diverses prises de
order to protect his or her interests. Moreover, positions, est inspirée entre autres par la volonté
the conditions governing individual applications de laisser d’abord les autorités des pays victimes
are not necessarily the same as national criteria de l’organisation susmentionnée se prononcer sur
relating to locus standi. National rules in this la responsabilité pénale de ses ressortissants
respect may serve purposes different from those majeurs, dans un double souci de non-ingérence
contemplated by Article 34 of the Convention et de sécurité. Affaire communiquée sous l’angle
and, whilst those purposes may sometimes be de l’article 3 de la Convention et de l’article 3 du
analogous, they need not always be so (see Protocole n° 4, seuls ou combinés avec l’article 13
Scozzari and Giunta v. Italy [GC], nos. 39221/98 de la Convention, les questions posées aux parties
and 41963/98, §§ 138-39, ECHR 2000‑VIII). portant également, entre autres : sur la juridiction
et la responsabilité de la France au sens de l’article
1 de la Convention, dans ce contexte
147. The Court accordingly concludes that the extraterritorial ; et sur la qualité des requérants
first applicant, the natural mother who still has pour agir au nom de leur fille et de ses enfants, en
parental rights, the exercise/limitations of which plus de leur nom personnel.
she is disputing before the Court, has standing to
act on behalf of her child, and therefore the
Government’s preliminary objection must be
dismissed.

12
Cas pratique :
John et Jane se sont rencontrés lors d’une soirée
à Paris il y a quelques années. De leur passion,
naquit deux enfants, John junior et Jane juniore.
Mais l’idylle se transforma par la suite en drame.
John qui aime bien les enfants, mais chez les
autres, ne supporte pas les siens qui font trop de
bruits. Quand il n’en peut plus, il se défoule sur sa
femme. Il devient progressivement de plus en
plus violent, et se met également à frapper ses
enfants. Un soir, après une crise de colère, Jane a
l’arcade ouverte, des bleues sur les jambes et les
bras, ses enfants ont également des traces de
coups sur le corps. Elle les emmène à l’hôpital et
demande qu’un certificat soit fait pour attester de
violences conjugales/familiales. Jane porte plainte
mais le Procureur de la République estime que les
violences ne mettent pas en danger sa vie ni celles
de ses enfants et décide de ne pas poursuivre
John.
En août 2022, John apprend que Jane avait porté
plainte contre lui. Sa réaction est immédiate et il
roue de coups sa femme. John junior, qui était
présent dans la pièce, reçoit également des coups
et sa tête heurte violemment le coin de la table. Il
chute, mort sur le coup.

John est arrêté et une enquête est ouverte pour


homicide. Jane, dévastée, n’a plus confiance dans
les institutions françaises et désire saisir
directement la Cour européenne des droits de
l’Homme. Elle veut faire de son histoire un
exemple et souhaite une condamnation
internationale de la France pour qu’enfin celle-ci
prenne à bras le corps le problème des violences
conjugales. Elle veut agir en son nom mais aussi
au nom de son enfant décédé sous les coups de
son père.

Pensez-vous qu’une telle requête individuelle soit


recevable ? Vous ne traiterez pas l’affaire sur le
fond.

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