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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

TRIBUNAL DE PREMIERE INSTANCE ABIDJAN-PLATEAU

FORMATION PRESIDENTIELLE

JUGEMENT CIVIL CONTRADICTOIRE N° 174 DU 08/03/2018

AFFAIRE

DS

C/

LH

LE TRIBUNAL

Vu la loi n° 64- 376 du 07 octobre 1964 modifiée par la loi 83- 801 du 02 août
1983 relative au divorce et à la séparation de corps ;

Vu les pièces du dossier ;

Vu les conclusions écrites du Ministère Public du 12 février 2018 ;

Ouï les parties en leur demande, fins et conclusions ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

EXPOSE DU LITIGE

D S et dame L H ont contracté mariage, le 25 mai 2002, par-devant l’officier de


l’état civil de la commune de Cocody, sous le régime de la séparation des biens ;

De cette union sont nés 04 enfants, tous encore mineurs ;

Suite à sa requête aux fuis de divorce du 11 juillet 2017, D S a été autorisé, par
ordonnance n° 1934/17 du 12 juillet 2017 du juge aux affaires familiales, à faire citer
son épouse en tentative de conciliation ;

Au cours de celle-ci, des observations propres à opérer un rapprochement entre


les époux ont été faites ;

Toutefois, D S a persisté dans sa volonté de divorcer ;

Au titre des mesures provisoires, celui-ci expose que depuis environ une
décennie, il s’est élevé entre son épouse et lui, un désaccord quant à l’orientation de
leur vie commune, notamment en ce qui concerne l’instruction des enfants et les
investissements financiers hasardeux entrepris par celle-ci ;

En effet, le requérant note que la propension de son épouse aux mondanités


est telle que celle-ci ne s’est jamais impliquée dans l’éducation de leurs enfants, dont
certains sont à l’âge critique de la puberté ;

Toutes choses qui selon lui l’ont conduit dans une dépression ayant nécessité
de nombreuses hospitalisations ;

Toutefois, selon lui, à aucun moment, il n’a reçu le soutien qu’il était en droit
d’espérer de son épouse, laquelle au contraire et en complicité avec sa mère installée
chez eux, n’a eu de cesse d’accentuer la situation déjà délétère de leur couple ;

C’est la raison pour laquelle, afin de ménager sa santé fragile et l’équilibre des
enfants, D S affirme que le 21 mars 2017, il a sollicité et obtenu une ordonnance aux
fins de résidence séparée, bien que leur domicile conjugal constitue un bien qui lui est
propre ;

Il tient à préciser que son épouse est elle-même propriétaire de deux maisons ;

Aussi, entend-t-il obtenir de la juridiction de céans outre l’expulsion de celle-ci


et de sa mère du domicile conjugal afin de s’y installer, la garde des enfants, la
contribution de son épouse à leur entretien à hauteur de la somme de 100.000 francs,
par mois et par enfant, le partage à parts égaies de tous les autres frais les concernant,
notamment ceux relatifs à leurs scolarité, santé et voyages ;

Par ailleurs, il sollicite qu’il soit imparti un délai raisonnable à son épouse, afin
de lui permettre de récupérer ses effets personnels, et ce, en présence d’un huissier
de justice ;

En réplique, dame L H plaide, pour sa part, le mal fondé de l’action de son


époux;

Elle estime que pour autant qu’elle lui appartienne, la villa dans laquelle elle vit,
à ce jour, avec ses enfants demeure le domicile conjugal, qu’au demeurant, celui-ci a
librement choisi de quitter, avant même l’obtention de l’ordonnance de résidence
séparée dont il se prévaut ;

A ce titre, la défenderesse entend y être maintenue jusqu’à l’issue de la


présente procédure en divorce, d’autant que les 02 villas dont elle est propriétaire, ont
été mises en location ;

Relativement à la garde des enfants, elle s’étonne que D S qui la décrit comme
une mère irresponsable et mondaine ait pu les abandonner entre ses mains pour aller
vivre avec sa maîtresse ;

Elle fait remarquer que c’est grâce aux soins et à l’amour qu’elle leur a toujours
porté, que ceux-ci ont pu surmonter le traumatisme qui a résulté pour eux, de cette
situation ;
C’est la raison pour laquelle, elle entend obtenir leur garde ;

A ce titre, elle sollicite de la juridiction de céans, la condamnation de son époux,


à lui payer mensuellement la somme de 5.520.000 francs se décomposant comme
suit:

- 400.000 francs par enfant au titre de leur scolarité et des différents frais y
afférents ;
- 800 000 francs, au titre de la prise en charge alimentaire ;
- 540 000 francs, au titre des salaires du personnel domestique ;
- 2.363.670 francs, au titre des factures d’électricité et d’eau, ainsi que divers
autres frais ;

Le Ministère Public, à qui la cause a été communiquée, s’en est rapporté à la


décision du tribunal ;

SUR CE

Dame L H ayant fait valoir ses moyens de défense, il y a lieu de statuer par
décision contradictoire ;

EN LA FORME

Sur la recevabilité de l’action initiée par D S

Ladite action ayant été introduite suivant les prescriptions légales de forme et
de délai, il y a lieu de la recevoir ;

AU FOND

SUR LA TENTATIVE DE CONCILIATION

Tout rapprochement paraissant impossible, à ce jour, entre les époux


DIOMANDE SOUALIHO, il y a lieu, dès lors, de constater l’échec de la tentative de
conciliation ;

SUR LES MESURES PROVISOIRES Sur la garde juridique des enfants


mineurs

La garde juridique n’est régie par aucune disposition légale spécifique, de sorte
qu’en la matière, il revient au juge, dans son office, de rendre sa décision en tenant
compte des éléments factuels mis à sa disposition par les parties ;

En l’espèce, il est acquis aux débats, comme résultant des écritures des parties
elles-mêmes, que les enfants mineurs du couple vivent, à ce jour, avec leur mère dame
L H au domicile conjugal ;

Il est tout autant constant que ceux-ci poursuivent leur année scolaire dans un
établissement scolaire se trouvant dans les environs dudit domicile ;

Il y a donc, lieu, en vue de maintenir leur équilibre, de confier leur garde juridique
à la mère ;

Il convient, toutefois, d’organiser un droit de visite et/ou d’hébergement de


l'époux D S, lequel s’exercera, les premier et troisième week-ends du mois, allant du
vendredi à 18 heures au dimanche à 16 heures et pendant la première moitié des
congés et des grandes vacances scolaires, suivant les modalités susvisées ;

Les époux D S vivant déjà séparément, il convient d’en prendre acte, et de


maintenir chacun d’eux en sa résidence actuelle, tout en leur faisant défense de se
troubler l’un et l’autre ;

Sur la contribution à l’entretien des enfants D S

En droit positif, cette contribution s’entend essentiellement de la pension


alimentaire poulies enfants mineurs, laquelle, par principe, n’est due que par l'époux
qui ne s'est pas vu octroyer le droit de garde ;

Le quantum de ladite pension alimentaire est souverainement fixé par le juge,


suivant les circonstances de la cause ;

En l’espèce, il est constant comme résultant des précédents développements,


que la garde juridique des 04 enfants mineurs du couple D S a été confiée à la mère ;

Dans ces conditions, il y a lieu de fixer le montant de la pension alimentaire


desdits enfants à hauteur de la somme de 1.000.000 francs par mois, en raison de
250.000 francs par enfant, et de condamner D S à payer à dame L H, ladite somme
d’argent, pour le compte de leurs enfants mineurs ;

Sur les frais de scolarité et de santé de tous les enfants D S

En raison des facultés contributives de chacun des époux, et notamment du fait


que chacun d’eux dispose de revenus substantiels, il convient de dire et juger que les
frais de scolarité, ainsi que de santé de tous les enfants du couple seront à la charge
des deux parents, chacun à concurrence de moitié ;

SUR LES DEPENS

L’instance restant encore pendante devant la juridiction de céans, il y a lieu,


dans ces conditions, de réserver les dépens ;

PAR CES MOTIFS

Statuant en chambre de conseil, contradictoirement, en matière civile et en


premier ressort ;

- déclare recevable la demande aux fins de mesures provisoires formulée par


D S à l’encontre de dame L H ;
- constate l’échec de la tentative de conciliation ;

AVANT DIRE DROIT

- constate la séparation de résidence des époux D S ;


- maintient chacun en sa résidence actuelle ;
- fait défense à chacun de troubler son conjoint dans sa résidence et en tant
que de besoin, les autorise à faire cesser le trouble, à s’opposer à
l’introduction du conjoint au domicile, et à le faire expulser avec l’assistance
de la force publique ;
- autorise D S à se faire remettre avec l’assistance de la force publique, le
cas échéant, ses effets et linges à usage personnel;
- confie la garde juridique des enfants mineurs du couple à leur mère, et
accorde au père un droit de visite et d’hébergement qui s’exercera les
premier et troisième week-ends du mois, allant du vendredi à 18 heures au
dimanche à 16 heures, et pendant la première moitié des congés et grandes
vacances scolaires ;
- fait interdiction à chaque parent de sortir du territoire de la République avec
l’un quelconque des enfants sans l’autorisation écrite de l’autre parent ou
en cas de refus injustifié, de celle du juge aux affaires familiales ;
- condamne D S au paiement mensuel d’une pension alimentaire à hauteur
de la somme de un million (1000. 000) francs, pour le compte des enfants
mineurs;
- met les frais de scolarité et de santé des enfants mineurs à la charge des
deux parents, chacun pour moitié ;

Réserve les dépens ;

Renvoie la cause et les parties à l’audience du 29 mars 2018 pour le dépôt des
conclusions sur le fond ;

AINSI FAIT JUGE ET PRONONCE LES JOUR MOIS ET AN QUE


DESSUS ;

ET AVONS SIGNE AVEC LE GREFFIER.

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