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18 août 2022

Cour d'appel de Bordeaux


RG n° 22/03717

3ème CHAMBRE FAMILLE

Texte de la décision

Entête

COUR D'APPEL DE BORDEAUX

TROISIÈME CHAMBRE CIVILE

--------------------------

ARRÊT DU : 18 AOUT 2022

N° RG 22/03717 - N° Portalis DBVJ-V-B7G-M2JA

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[Y] [R] [F]

c/

[Z] [S] [K] [I]

Nature de la décision : AU FOND

SUR ASSIGNATION A JOUR FIXE

Jonction avec le RG 22/03603

Grosse délivrée le :

aux avocats :

Décision déférée à la Cour : jugement rendu le 07 juillet 2022 par le juge aux affaires familiales du tribunal de grande
instance de BORDEAUX (cabinet 3 , RG n° 22/02361) suivant déclaration d'appel du 25 juillet 2022 et sur assignation à
jour fixe déllivrée le 27 juillet 2022

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APPELANT :

[Y] [R] [F]

né le 14 Mars 1987 à PARIS (75012)

de nationalité Française

Profession : Directeur Adjoint,

demeurant 5 avenue de la Boëtie - 33320 LE TAILLAN MEDOC

Représenté par Me Kristell COMPAIN-LECROISEY, avocat au barreau de BORDEAUX

et demandeur à l'assignation à jour fixe

INTIMÉE :

[Z] [S] [K] [I]

née le 25 Août 1992 à PARIS (75014)

de nationalité Française

Profession : Commissaire aux comptes,

demeurant 6 allée du pas de séguis - 33460 ARSAC

Représentée par Me Pierre CUISINIER substituant Me Stéphanie LACREU, avocat au barreau de BORDEAUX

et défenderesse à l'assignation à jour fixe

COMPOSITION DE LA COUR :

En application des dispositions des articles 805 et 912 du cpc, l'affaire a été débattue le 09 août 2022 hors la présence du
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public, les avocats ne s'y étant pas opposés, devant Isabelle DELAQUYS, conseillère chargée du rapport,

Ce magistrat a rendu compte des plaidoiries dans le délibéré de la Cour, composée de :

Président : Véronique LEBRETON

Conseiller : Isabelle DELAQUYS

Conseiller : Laetitia DAUTEL

qui en ont délibéré.

Greffier lors des débats : Audrey COLLIN

En présence de M. Sébastien FOUQUET, stagiaire

ARRÊT :

- contradictoire

- prononcé publiquement par mise à disposition de l'arrêt au greffe de la Cour, les parties en ayant été préalablement
avisées dans les conditions prévues à l'article 450 al. 2 du code de procédure civile.

Exposé du litige

FAITS, PROCEDURE ET PRETENTION DES PARTIES

Des relations de M. [Y] [F] et de Mme [Z] [I] sont nés deux enfants, [U], le 24 octobre 2018 et [P], le 22 juillet 2016.

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Le couple originaire de la région parisienne, comme leurs enfants, tous deux nés à Paris, a déménagé en 2019 à
Bordeaux.

À la suite de sa séparation en août 2020, Mme [I] s'installant dès novembre 2020 avec un nouveau compagnon, M. [M], le
couple signait le 22 décembre 2020 une convention parentale fixant la résidence alternée des enfants, laquelle
convention était homologuée par le Juge aux affaires familiales le 14 juin 2021. Les parents s'organisaient pour quitter
une semaine sur deux le domicile commun, sis à Fargues Saint Hilaire, permettant aux enfants de demeurer dans leur
environnement.

Au cours de l'année 2021, chacun va prendre un logement, l'un à Arsac l'autre au Taillan-Medoc, la residence alternée
étant toujours pratiquée pour les enfants.

Suivant requête en date du 23 mars 2022, Mme [Z] [I], arguant d'une prochaine mutation professionnelle à Toulouse, a
saisi le Juge aux affaires familiales aux fins de fixation de nouvelles modalités de l'autorité parentale s'agissant des deux
enfants, demandant à titre principal un exercice conjoint de l'autorité parentale, la fixation de la résidence principale des
enfants à son domicile, un droit de visite et d'hébergement au profit du père un week-end par mois, la totalité des
vacances de la Toussaint et de février, la moitié des autres vacances et le partage par moitié des frais de scolarité, frais
extra-scolaires et frais de santé non remboursés.

Par jugement du 07 juillet 2022, le Juge aux affaires familiales du Tribunal Judiciaire de Bordeaux a :

- Dit que l'autorité parentale des deux parents s'agissant des enfants [U] et [P] s'exercera conjointement

- Fixé la résidence habituelle des enfants au domicile de la mère

- Attribué au père le droit de visite et d'hébergement suivant :

- En période scolaire, un week-end sur deux, les fins de semaine paires du vendredi sortie des classes au dimanche
18h30

- Pendant les vacances scolaires, la moitié de toutes les vacances scolaires d'une durée supérieure à cinq jours
consécutifs avec alternance annuelle (1ère moitié les années paires et 2nde moitié les années impaires).

- Mis à la charge du père le trajet aller et à la charge de la mère le trajet retour

- Partagé par moitié les frais de scolarité, frais extra-scolaires et frais médicaux communément décidés

- Décidé que chacune des parties conservait la charge de ses propres dépens.

Procédure d'appel

Suivant déclaration en date du 25 juillet 2022, M. [R] [F] a relevé appel du jugement rendu en première instance en
toutes ses dispositions à l'exception de celle relative à l'exercice conjoint de l'autorité parentale, non critiquée.
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Suivant requête en assignation à jour fixe déposée le 25 juillet 2022 M. [R] [F] a demandé que soit fixée une date
d'audience à laquelle l'affaire serait appelée.

Par ordonnance en date le 25 juillet 2022, le Premier président l'a autorisé à faire assigner Mme [Z] [I] à l'audience du 9
août 2022.

Par assignation du 27 juillet 2022, M. [F] a formulé devant la Cour les demandes suivantes :

A titre principal, infirmer le jugement dont appel, et statuant à nouveau :

- Fixer la résidence habituelle des enfants au domicile du père.

- Autoriser le père à inscrire les enfants dans l'école de sa commune d'habitation

- Fixer le droit de visite et d'hébergement de la mère comme suit :

*Période scolaire : le premier un week-end de chaque mois du vendredi sortie école au dimanche 19H.

* Toutes les vacances scolaires : de Toussaint et d'hiver sortie de l'école au dimanche précédent la rentrée scolaire à 19H

La moitié des petites vacances scolaires de Noël et de Pâques par alternance sortie de l'école, première semaine les
années impaires chez la mère, étant précisé que pour les vacances de Noël les 24 et 25 décembre sont chez le même
parent

Par quinzaine pendant les vacances d'été par alternance, première quinzaine chez la mère les années impaires

- Juger que les enfants passeront le week-end de la fête des pères chez le père et le week-end de la fête des mères chez
la mère.

- Juger que Mme [I] doit payer au père au titre de la contribution et à l'entretien des enfants la somme de 400 euros par
mois et par enfant, avec indexation et même lorsque les enfants seront majeurs, douze mois sur douze, payable
d'avance au plus tard le 5 de chaque mois et Condamner Mme [I] au paiement de la somme de 800 euros par mois.

- Juger que les frais exceptionnels exposés pour les enfants, comprenant les frais de voyage scolaires, les frais de séjours
linguistiques, les frais des activités extra-scolaires, et les frais de santé restés à charge seront payés à hauteur de 1/3 par
le père et 2/3 par la mère dès lors que ces frais ont fait l'objet d'un accord préalable entre les parents et Condamner
Mme [I] au paiement ce des frais.

-Juger et Fixer les trajets à la charge de Mme [I].

A titre subsidiaire

- Juger et infirmer les dispositions du jugement dont appel sur les modalités d'organisation du droit de visite et
d'hébergement du père et statuant à nouveau :

- Juger et Fixer le droit de visite et d'hébergement du père au gré des parties et à défaut d'accord entre les parents :

*Période scolaire : le premier un week-end de chaque mois du vendredi sortie école au dimanche 19H,

*Toutes les vacances scolaires de Toussaint et d'Hiver sortie de l'école au dimanche précédent la rentrée scolaire à 19H

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La moitié des petites vacances scolaires de Noël et de Pâques par alternance sortie de l'école, première semaine les
années paires chez le père, étant précisé que pour les vacances de Noël les 24 et 25 décembre sont chez le même parent

Par quinzaine pendant les vacances d'été par alternance, première quinzaine chez le père les années paires

- Juger que les enfants passeront le week-end de la fête des pères chez le père et le week-end de la fête des mères chez
la mère.

-Juger et Fixer les trajets à la charge de Mme [I].

- Juger et Infirmer les dispositions du jugement dont appel sur les modalités de partage des frais concernant les enfants
et statuant à nouveau :

- Juger que les frais exceptionnels exposés pour les enfants, comprenant les frais de voyage scolaires, les frais de séjours
linguistiques, les frais des activités extra-scolaires, et les frais de santé restés à charge seront payés à hauteur de 1/3 par
le père et 2/3 par la mère dès lors que ces frais ont fait l'objet d'un accord préalable entre les parents.

En toutes hypothèses,

- Juger et Fixer les trajets à la charge de Mme [I].

- Condamner Mme [I] à payer à M [F] la somme de 2500 euros au titre de l'article 700 du code de procédure civile.

- La condamner aux entiers dépens.

L'appelant considère en substance que l'intimée l'a mis devant le fait accompli en décidant de s'installer à proximité de
Toulouse. Ce déménagement, résultant du seul choix professionnel de la mère, mais également de son souhait de
reconstruire un quotidien avec son nouveau compagnon, M. [M], met à mal l'équilibre familial qui avait prévalu
jusqu'alors. Il soutient qu'a contrario, il s'est adapté depuis 2019 aux changements de vie voulus par sa compagne, avec
le souci constant de préserver l'intérêt des enfants pour lesquels il a toujours fait preuve d'investissement dans leur
éducation, ce que la décision dont appel a admis et que les nombreux témoignages de proches et membres de sa famille
viennent confirmer.

Suivant conclusions transmises par RPVA le 05 août 2018, Mme [I] a demandé à la cour de :

- Confirmer le jugement dont appel en ce qu'il a fixé la résidence habituelle des enfants mineurs chez la mère, ce qui est
conforme à leur intérêt.

- L'autoriser à inscrire les enfants dans l'école de sa commune d'habitation.

- Réformer jugement dont appel concernant le droit de visite et d'hébergement du père, et statuant de nouveau, le fixer
de la manière suivante (dans l'hypothèse où le père conserverait à sa charge les trajets aller-retour) :

- En période scolaire : le premier week-end de chaque mois, excepté le premier week-end du mois de septembre 2022
qui sera décalé au deuxième week-end de septembre 2022.

- Toutes les vacances scolaires de Toussaint et d'hiver sortie de l'école au dimanche 19h,
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- La moitié des petites vacances scolaires de Noël et de Pâques par alternance sortie de l'école, première semaine les
années paires chez le père, avec précision que pour les vacances de Noël les 24 et 25 décembre seront chez le même
parent

- Par quinzaine l'été, 1 ère quinzaine de juillet et 1 ère quinzaine d'aout pour le père, sans alternance, du vendredi soir au
vendredi soir (pratique actuelle afin de permettre aux parents de prendre leurs locations estivales du samedi au samedi.)

- Confirmer le jugement en ce qu'il a dit que les frais de scolarité, frais extra scolaires et frais médicaux restant à charge
communément décidés seront partagés par moitié,

- Réformer le jugement dont appel en ce qu'il a dit, pour l'exercice du droit d'accueil, que les trajets seront partagés par
moitié entre les parents, les trajets aller étant pris en charge par le père et les trajets retours par la mère, et statuant de
nouveau, fixer les trajets aller-retour à la charge du père pour l'exercice de son droit d'accueil,

Subsidiairement, si la Cour confirmait la prise en charge des trajets par moitié,

- Réformer le jugement dont appel en ce qu'il a fixé l'heure de fin du droit d'accueil du père à 18h30, et statuant de
nouveau, le Fixer à 17h00 compte tenu de temps de trajet à effectuer par la mère pour le retour au domicile.

- Confirmer le jugement dont appel en ce qu'il a dit que les frais de scolarité, frais extras scolaires, et frais médicaux
restant à charge communément seront partagés par moitié entre les parents.

A titre subsidiaire, si par impossible le jugement était infirmé et que la résidence habituelle des enfants était fixée au
domicile du père,

- Fixer le droit de visite et d'hébergement de la mère au gré des parties et à défaut de la manière suivante :

- En période scolaire : un week end sur deux

- Toutes les vacances scolaires de Toussaint et d'hiver sortie de l'école au dimanche 19h

- La moitié des petites vacances scolaires de Noël et de Pâques par alternance sortie de l'école, première semaine les
années paires chez le père, avec précision que pour les vacances de Noël les 24 et 25 décembre seront chez le même
parent,

- Par quinzaine l'été, 2nde quinzaine de juillet et 2nde quinzaine d'août pour la mère, sans alternance, du vendredi soir
au vendredi soir (pratique actuelle afin de permettre aux parents de prendre leurs locations estivales du samedi au
samedi)

- Fixer la pension alimentaire due par la mère à la somme de 200 € par mois par enfant,

- Juger que les trajets seront à la charge de la mère,

En toute hypothèse,

- Juger que les frais de scolarité, frais médicaux non remboursés, exceptionnels, extra scolaires et périscolaires seront
partagés par moitié entre les parents dès lors que ces frais ont fait l'objet d'un accord préalable entre les parents,

- Débouter M. [F] de ses demandes plus amples ou contraires,

- Le condamner à payer à Mme [I] la somme de 3.500 € sur le fondement de l'article 700 du Code de procédure civile,

- Le condamner aux entiers dépens.


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Pour l'essentiel, l'intimée soutient sa demande en fixation de la résidence habituelle des enfants à son domicile en
expliquant qu'elle a toujours constitué pour ses enfants la figure principale d'attachement. Elle invoque par ailleurs
certaines négligences dont aurait fait preuve son ex-concubin, oubliant des rendez vous médicaux ou se trompant dans
l'administration de produits médicamenteux.

Elle avance qu'elle peut offrir aux enfants un environnement très confortable, ayant acquis une vaste maison en région
toulousaine, au contraire du père qui ne dispose que d'un petit logement contraignant ceux ci à dormir dans la même
chambre.

Elle affirme que son d épart pour Toulouse a été rendu obligatoire par l'évolution de son emploi qui ne l'empêchera pas
pour autant d'être disponible pour [U] et [P]. Elle contredit à cet égard l'argument adverse selon lequel le père
bénéficierait d'horaires plus compatibles avec la prise en charge des enfants ; ce dernier bénéficiait en réalité d'horaires
fixes de 9h30 à 17h00 uniquement lorsqu'il recevait ses enfants dans le cadre de la garde alternée qui prévalait
auparavant. Autrement dit, ces horaires ne vaudraient pas de façon permanente si la résidence habituelle était fixée chez
le père.

En application des dispositions de l'article 455 du code de procédure civile, la cour renvoie aux conclusions des parties
pour l'exposé de leurs moyens.

Motivation

MOTIFS DE LA DÉCISION

Sur le choix de résidence des enfants

Il doit être rappelé que l'article 373-2-11 du code civil dispose que le juge doit, lorsqu'il se prononce sur les modalités de
l'autorité parentale, prendre notamment en considération la pratique que les parents avaient précédemment suivie ou
les accords qu'ils avaient pu antérieurement conclure, les sentiments exprimés par l'enfant mineur, l'aptitude de chacun
des parents à assumer ses devoirs et respecter les droits de l'autre, le résultat des expertises éventuellement effectuées,
les renseignements qui ont été recueillis dans le cadre de l'enquête sociale, les pressions ou violences à caractère
physique ou psychologique exercées par l'un des parents sur la personne de l'autre.

Il règle en toutes circonstances les questions qui lui sont soumises en veillant spécialement à la sauvegarde de l'intérêt
de l'enfant.

C'est au motif d'une plus grande disponibilité de la mère pour prendre en charge les enfants que le juge aux affaires
familiales a fixé leur résidence chez Mme [I] en mettant fin à la résidence alternée, devenue impossible du fait de
l'éloignement géographique de celle-ci. L'intimée avait par ailleurs souligné qu'elle était la principale figure
d'attachement pour les enfants. Elle réitère cet argument devant la cour, ce que conteste l'appelant.

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Des dires des parties, il est constant que M. [F] et Mme [I] ont entendu en 2019 quitter la région parisienne pour s'investir
dans une nouvelle vie, loin de la capitale. La cour n'est pas assurée par les pièces produites que ce choix l'ait été sous
l'impulsion d'un ou des deux partenaires, mais il est constant que l'appelant, qui s'est retrouvé dans une premier temps
au chômage pendant plus d'une année, n'ayant retrouvé un emploi qu'à compter de juin 2021, s'est pleinement investi
dans la prise en charge des enfants, dès lors que sa compagne avait retrouvé immédiatement un emploi dans sa
catégorie professionnelle.

Si l'intimée entend remettre en cause cet investissement paternel, s'attachant à démontrer qu'elle assumait en réalité
l'essentiel des besoins des enfants, en produisant de nombreuses attestations en ce sens ( cf pièces selon le bordereau
figurant en annexe des conclusions), et en remettant en cause les capacités éducatives du père, l'appelant verse aux
débats de nombreux témoignages de proches ou membres de sa famille ( notamment pièces 5 à 27) qui tous viennent
affirmer son implication dans la prise en charge au quotidien de [U] et [P] particulièrement depuis que la famille s'était
installée d'abord à Fargues Saint Hylaire puis rive gauche de la Garonne, dans le bas Médoc.

En tout état de cause, Mme [I] étant absente dans la journée du fait de son emploi, devant parfois faire des
déplacements hors département, ce qu'elle ne nie pas et que l'appelant démontre, il revenait en toute logique au père de
prendre le soin d'emmener les deux enfants à la crèche ou à l'école, de les accompagner dans leurs loisirs et d'assurer
d'une manière générale leur quotidien si leur mère n'était pas là.

M. [F] a été et reste donc, tout autant que la mère, une figure d'attachement pour les deux enfants. La résidence alternée
voulue par les deux parties et mise en oeuvre depuis près de deux ans a contribué à renforcer un peu plus cette place
privilégiée des deux parents dans la vie des enfants.

[U] et [P], arrivés en région bordelaise alors qu'ils avaient respectivement à peine un an et trois ans, ont depuis 2019
établi leurs repères en Gironde, d'abord en crèche, puis à l'école d'Arsac où ils sont à ce jour tous les deux scolarisés
(pièce 60 de l'intimée). Les témoignages d'amis de la famille résidant en Gironde témoignent de cet ancrage dans ce
nouvel univers que les deux parties avaient voulu offrir à leurs enfants.

Admettre leur départ pour la région toulousaine constituerait une nouvelle fracture dans leurs conditions de vie alors
qu'ils sont tous deux en plein apprentissage non seulement des acquis intellectuels mais des modes de sociabilité.

Mme [I] affirme n'avoir pas eu d'autre choix professionnel que d'accepter un poste à Toulouse, qui selon ses propres
dires n'est pas une promotion mais une simple mutation. Elle va cependant selon l'avenant à son contrat figurant au
dossier ( pièce 43 de l'intimée) avoir le grade de 'Manager' et aura a minima les mêmes contraintes que celles qu'elle
avait sur Bordeaux et notamment celles liées à des déplacements géographiques qu'elle devait assurer. Mais elle va
surtout avoir les contraintes de son statut de cadre qui ne connaît pas d'horaires d'autant que selon le profil de poste
que son supérieur hiérarchique lui a décrit ( pièce 53) elle va devoir développer un nouveau projet sur Toulouse avec une
nouvelle équipe et de nouveaux clients.

M. [F], coach sportif, fait la preuve d'une profession moins contraignante. Il produit en ce sens l'attestation de son
employeur qui assure qu'il pourra lui aménager un emploi du temps compatible avec la prise en charge des deux enfants
(pièce 37 de l'appelant ). Si Mme [I] a fait établir un constat d'huissier les 28 et 29 juillet 2022 établissant que M. [F] peut
être sur son lieu de travail au delà de 17 heures comme il le prétend, ces pièces, au demeurant isolées, ne peuvent
refléter la réalité du rythme professionnel de l'appelant lorsqu'il a les enfants.

Par suite, dans l'intérêt supérieur des enfants, dans un contexte de séparation et d'éloignement de leurs parents dont ils
ne peuvent que souffrir, de fin d'une organisation familiale à laquelle ils s'étaient adaptés après un premier changement
de vie lorsqu'ils ont quitté la région parisienne, de l'installation de leur mère dans une région où ils n'ont, faute de preuve
contraire, aucune attache, alors qu'ils avaient commencé à établir des liens, repères et habitudes en région bordelaise,
n'est pas de nature ni à les rassurer ni à les équilibrer.

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La décision est donc infirmée et la résidence sera fixée chez le père.

Les parties s'accordent pour l'essentiel sur le principe d'un droit de visite et d'hébergement qui permettent le maintien
des liens avec le parent qui n'a pas en résidence habituelle les enfants. Il sera fait droit aux demandes selon les
modalités reprises dans le dispositif qui tient compte de l'intérêt des enfants et des disponibilités de chacun des parents.

Mme [I] étant à l'origine de l'éloignement géographique et ayant des revenus supérieurs au père, celle-ci assumera seule
les trajets aller retour pour l'exercice de son droit de visite.

Sur la contribution à l'entretien et l'éducation des enfants

Il résulte des dispositions des articles 371-2 et 373-2-2 du Code civil que chacun des parents contribue à l'entretien et à
l'éducation des enfants à proportion de ses capacités contributives et des besoins des enfants. Cette obligation ne cesse
de plein droit ni lorsque l'autorité parentale ou son exercice est retiré ni lorsque l'enfant est majeur.

Elle peut prendre la forme d'une pension alimentaire versée selon le cas par l'un des parents à l'autre, laquelle peut
également consister en une prise en charge directe de tout ou partie des frais exposés au profit de l'enfant ou encore en
un droit d'usage et d'habitation. Elle peut également être versée en tout ou partie entre les mains de l'enfant.

Cette obligation d'ordre public en raison du caractère essentiel et vital de cette contribution doit être satisfaite avant
l'exécution de toute obligation civile de nature différente, notamment des emprunts immobiliers ou de consommation,
les père et mère devant adapter leur train de vie en fonction de cette obligation et s'efforcer d'offrir à leurs enfants un
niveau de vie et d'éducation en relation avec leur propre niveau culturel et socio-économique.

Des pièces produites par les parties il s'établit que leur situation économique peut être ainsi résumée :

M. [F] est responsable adjoint statut technicien moyennant un salaire mensuel de 1942 euros net.

Il assume, seul, des charges incompressibles, hors frais alimentaires et du quotidien, de 1053 euros par mois dont un
loyer de 739 euros.

Mme [I] est commissaire aux comptes statut cadre avec un salaire d'un peu moins de 4000 euros par mois.

Pour l'année 2021, elle a en effet déclaré un revenu annuel de 46582 euros soit 3888 euros par mois.

Elle affirme que sa mutation professionnelle ne correspond pas à une promotion, ce qui au demeurant ruine son
argument tendant à dire qu'elle était obligée d'en accepter la réalisation. Mais quoiqu'il en soit elle ne fournit aucun
élément sur ses perspectives salariales

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Elle va partager ses charges du quotidien avec son nouveau compagnon, M. [M], avec lequel elle a investi dans un
immeuble d'un peu plus de 947.446 euros, au moyen de deux emprunts, un relais de 301000 euros et un long terme de
611.446 euros (pièce 50 de l'intimée).

Le couple a déclaré avoir 8993 euros de revenus par mois.

Mme [I] affirme avoir à ce jour 3000 euros de frais en incluant cependant 800 euros de frais alimentaires. Elle fait face
pour l'heure à un crédit immobilier de 790 euros qui, selon ses dires, va évoluer du fait de son nouvel achat immobilier.

En considération des revenus et charges des parties, de l'âge des enfants, du coût des trajets que la mère devra assumer,
Mme [I] sera condamnée à verser une somme de 400 euros par mois et par enfant au titre de sa contribution à leur
entretien et éducation.

Il sera dit également que les frais exceptionnels exposés pour les enfants, comprenant les frais de voyage scolaires, les
frais de séjours linguistiques, les frais des activités extra-scolaires, et les frais de santé restés à charge seront payés au
prorata des capacités contributives des parents, soit à hauteur de 1/3 par le père et 2/3 par la mère dès lors que ces frais
ont fait l'objet d'un accord préalable entre les parents

Sur les frais irrépétibles et les dépens

Si en équité le premier juge avait dit que chaque partie conserverait la charge de ses dépens, échouant à la procédure,
Mme [I] sera condamnée aux dépens exposés en cause d'appel ainsi qu'à verser à M. [F] la somme de 2500 euros en
application de l'article 700 du code de procédure civile.

Dispositif

PAR CES MOTIFS

La cour statuant dans les limites de l'appel,

Infirme le jugement entrepris

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Statuant à nouveau,

Fixe la résidence habituelle des enfants [U] et [P] [F] au domicile du père ;

Autorise le père à inscrire les enfants dans l'école de sa commune d'habitation ;

Dit que le droit de visite et d'hébergement de Mme [I] sur les deux enfants s'exercera au gré des parties et à défaut
comme suit :

Durant les périodes scolaires : le premier week-end de chaque mois du vendredi sortie école au dimanche 19H.

Durant les périodes de vacances :

- Toutes les vacances scolaires de Toussaint et d'hiver sortie de l'école au dimanche précédent la rentrée scolaire à 19H

- La moitié des petites vacances scolaires de Noël et de Pâques par alternance sortie de l'école, première semaine les
années impaires chez la mère, et deuxième semaine les années paires, étant précisé que pour les vacances de Noël les
24 et 25 décembre sont chez le même parent ;

- Par quinzaine pendant les vacances d'été par alternance, première quinzaine chez la mère les années impaires et
deuxième quinzaine les années paires ;

Dit que les enfants passeront le week-end de la fête des pères chez le père et le week-end de la fête des mères chez la
mère ;

Dit que les trajets seront à la charge de la mère ;

Fixe la contribution à l'entretien des enfants que Mme [I] devra payer au père à la somme de 400 euros par mois et par
enfant, avec indexation et même lorsque les enfants seront majeurs, douze mois sur douze, payable d'avance au plus
tard le 5 de chaque mois et la condamne donc en tant que de besoin au paiement de la somme globale de 800 euros par
mois ;

Dit que les frais exceptionnels exposés pour les enfants, comprenant les frais de voyage scolaires, les frais de séjours
linguistiques, les frais des activités extra-scolaires, et les frais de santé restés à charge seront payés à hauteur de 1/3 par
le père et 2/3 par la mère dès lors que ces frais ont fait l'objet d'un accord préalable entre les parents et Condamner
Mme [I] au paiement ce des frais ;

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Condamner Mme [I] à payer à M [F] la somme de 2500 euros au titre de l'article 700 du code de procédure civile ;

Condamner Mme [I] aux entiers dépens.

Signé par Isabelle DELAQUYS, conseillère, remplaçant la présidente légitimement empêchée, et par Audrey COLLIN,
Greffière, auquel la minute de la décision a été remise par le magistrat signataire.

La Greffière La Présidente

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