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Cour d'appel de Versailles, 2ème Chambre, Section 1, 11 décembre 2014, n° 13/08766 31/03/2023

Cour d'appel de Versailles, 2ème Chambre, Section 1, 11


décembre 2014, n° 13/08766

Texte intégral

COUR D'APPEL

DE

VERSAILLES

2ème chambre 1ère section

ARRÊT N°

CONTRADICTOIRE

Code nac : 22A

DU 11 DÉCEMBRE 2014

R.G. N° 13/08766

AFFAIRE :

Abdelâli Xxxx

C/

Noura Yxxx

Décision déférée à la cour : Jugement rendu le 17 Octobre 2013 par le Juge aux affaires familiales de
NANTERRE

N° Chambre :

N° Cabinet :

N° RG : 12/08840

Expéditions exécutoires

Expéditions

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délivrées le :

à:

-Me Mélina PEDROLETTI,

-Me Cécile EVEN

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

LE ONZE DÉCEMBRE DEUX MILLE QUATORZE,

La cour d'appel de VERSAILLES, a rendu l'arrêt suivant dans l'affaire entre :

Monsieur Abdelâli Xxxx

né le 06 Février 1963 à FQUIH BEN SALAH (MAROC)

92000 NANTERRE

représenté par Me Mélina PEDROLETTI, avocat postulant - barreau de VERSAILLES, vestiaire : 626 - N° du
dossier 22604 assisté de Me Jean-pierre CUNY, avocat plaidant - barreau de VERSAILLES, vestiaire : 55

APPELANT

Madame Noura Yxxx

née le 27 Février 1973 à MARRAKECH (MAROC)

92000 NANTERRE

représentée par Me Cécile EVEN, avocat - barreau de HAUTS-DE-SEINE, vestiaire : PN 208

INTIMÉE

Composition de la cour :

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En application des dispositions de l'article 786 du code de procédure civile, l'affaire a été débattue le 30
Octobre 2014 en chambre du conseil, les avocats des parties ne s'y étant pas opposés, devant Mme Florence
LAGEMI, Conseiller chargé du rapport.

Ce magistrat a rendu compte des plaidoiries dans le délibéré de la cour, composée de :

Monsieur Xavier RAGUIN, Président,

Mme Florence LAGEMI, Conseiller,

Mme Florence VIGIER, Conseiller,

Greffier, lors des débats : Mme Françoise DUCAMIN,

FAITS ET PROCÉDURE

De l'union d'Abdelâli Xxxx et de Noura Yxxx dissoute par jugement du 30 juin 2009, est né un enfant, Hamdy,
le 1er octobre 2000, actuellement âgé de 14 ans.

Le jugement précité a notamment prévu l'exercice en commun de l'autorité parentale, fixé la résidence
de l'enfant en alternance au domicile de chacun des parents, fixé la part contributive du père à la somme
mensuelle de 130 euros.

Par requête du 24 août 2012, Abdelâli Xxxx a sollicité la suppression de sa part contributive, puis, à l'audience,
le transfert de résidence de l'enfant à son domicile.

Par jugement du 13 décembre 2012, le juge aux affaires familiales du tribunal de grande instance de
NANTERRE a, avant dire droit, ordonné une mesure d'enquête sociale.

Par jugement du 17 octobre 2013, ce magistrat a notamment :

- dit que l'autorité parentale s'exerce en commun,

- maintenu la résidence de l'enfant en alternance, une semaine sur deux chez chacun de ses parents, avec
changement de résidence le vendredi après les cours, ainsi que pendant la moitié des vacances scolaires,

- fixé la contribution paternelle à l'entretien et l'éducation de l'enfant à la somme mensuelle et indexée de


50 euros.

Par déclaration du 27 novembre 2013, Abdelâli Xxxx a formé un appel de portée générale contre cette
décision, aux termes de ses conclusions du 8 octobre 2014, il demande à la cour de :

- fixer la résidence habituelle de l'enfant à son domicile,

- accorder à Noura LE BADAOUI un droit de visite et d'hébergement selon des modalités classiques,

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- lui donner acte de ce qu'il ne sollicite pas de contribution à l'entretien et l'éducation de l'enfant,

- le décharger du montant de la contribution mise à sa charge.

Par conclusions du 29 septembre 2014, Noura Yxxx demande à la cour de :

- confirmer le jugement entrepris en ce qu'il a maintenu la résidence alternée,

- le compléter en précisant que le père exercera son droit de visite et d'hébergement la première moitié des
vacances les années paires et la seconde moitié les années impaires,

- fixer la contribution à l'entretien et l'éducation de l'enfant à la somme mensuelle de 130 euros,

- à titre subsidiaire, lui accorder un droit de visite et d'hébergement une fin de semaine sur deux, du
vendredi sortie des classes au dimanche 19 heures, et du mardi sortie des classes au mercredi 19 heures 'au
cours des semaines non concernée par le droit d'hébergement' ainsi que pendant la moitié des vacances
scolaires,

- condamner Abdelâli Xxxx au paiement de la somme de 1.500 euros sur le fondement de l'article 700 du
code de procédure civile.

Hamdy a été entendu par un magistrat de la cour le 25 juin 2014.

Pour un exposé plus détaillé des faits, de la procédure, des moyens et prétentions des parties, la cour renvoie
expressément à la décision déférée ainsi qu'aux écritures déposées et développées à l'audience.

SUR CE, LA COUR

Sur la résidence de l'enfant

Considérant qu'il résulte des dispositions de l'article 373-2-6 du code civil que le juge doit veiller
spécialement à la sauvegarde des intérêts des enfants mineurs ;

Que pour déterminer le lieu de résidence de ces derniers en cas de séparation des parents, il convient de
rechercher l'aptitude de chacun des parents à assumer ses devoirs et respecter les droits de l'autre, à assurer
aux enfants un cadre de vie stable et sécurisant, à préserver la permanence de leurs références et de leurs
liens sociaux, à favoriser leur épanouissement ;

Considérant qu'à la suite de la séparation de ses parents, Hamdy a résidé de manière alternée, une semaine
chez chacun d'eux, et ce jusqu'au mois d'avril 2012 ; qu'il est en effet constant que Noura Yxxx rencontrant
d'importantes difficultés avec son second époux dont elle a divorcé le 30 août 2013, a demandé à Abdelâli
Xxxx de prendre l'enfant en charge momentanément à son domicile ; que Hamdy a ainsi résidé chez son père
d'avril à octobre 2012, date à laquelle Noura Yxxx a pu réintégrer le domicile conjugal ;

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Considérant que lors de l'enquête sociale, l'enfant, alors âgé de 12 ans, a exprimé son souhait de continuer à
vivre chez ses parents, une semaine chez chacun d'eux ; qu'il a indiqué que son père était plus attentif à sa
scolarité, raison pour laquelle il lui fait part de ses difficultés tandis qu'il trouve plus d'affection auprès de sa
mère à qui il se confie lorsqu'il a des soucis personnels ; que l'enquêtrice sociale a pu en déduire que "cette
répartition des tâches dans l'éducation semblait très saine et rassurante' ;

Considérant que l'enquête sociale a révélé que le père tenait un discours dévalorisant à l'égard de la mère,
lui accordant peu voire aucun crédit en matière éducative et que Hamdy était nourri de cette mauvaise
image maternelle ; qu'il est par ailleurs apparu qu'Abdelâli Xxxx a entretenu une relation "plus ou moins
conviviale' avec le second mari de Noura Yxxx et qu'il n'a pas hésité à récupérer des courriers destinés à cette
dernière et détournés par son second époux afin de les utiliser contre elle, faisant ainsi preuve d'une attitude
particulièrement déloyale envers la mère de son fils qu'il estime par ailleurs incapable d'encadrer l'enfant, de
vérifier ses cahiers, ayant d'ailleurs précisé qu'en laissant Hamdy chez sa mère, même une semaine sur deux,
l'adolescent basculera dans la délinquance ;

Que l'enquêtrice sociale a en outre noté que Noura Yxxx rencontrait des problèmes d'autorité avec son fils
et qu'elle atteignait ses limites éducatives tout en restant très affectueuse avec lui ;

Considérant que le 11 mai 2013, Hamdy qui accompagnait son père au commissariat venu effectuer une
déclaration de main courante, a indiqué vouloir vivre avec ce dernier parce qu'il l'aidait à résoudre ses
problèmes et qu'il sortait plus avec lui pendant les vacances ;

Considérant que lors de son audition par un magistrat de la cour, l'enfant a réitéré son souhait de vivre chez
son père, expliquant se sentir mieux chez celui-ci, entretenir de mauvaises relations avec sa mère depuis
qu'il est au collège et avoir l'impression qu'il réussirait à mieux travailler s'il résidait chez son père qui est
plus attentif à son travail scolaire ;

Considérant par ailleurs qu'Abdelâli Xxxx a consulté Mme. MESTRE, psychologue psychothérapeute, qui a
établi un rapport le 15 mars 2014 et conclu notamment que Hamdy ressent plus d'affinité avec son père
qu'avec sa mère, que ce jeune adolescent respecte davantage l'autorité de son père qui peut suivre sa
scolarité et dont l'environnement social le sécurise plus, que les scènes de violences vécues au domicile
maternel entre sa mère et son second mari ont dû créer un sentiment d'insécurité chez l'enfant vis à vis de
sa mère, qu'il existe une réelle complicité entre le père et le fils sans pour autant qu'il puisse en être déduit
un rejet de la mère, qu'enfin, la résidence alternée impose

à l'enfant un changement de maison et l'oblige à penser à ses affaires chaque vendredi ;

Considérant qu'il résulte de ces éléments que les parents présentent tous deux les capacités et qualités
éducatives et affectives leur permettant de s'occuper de leur enfant ; qu'il persiste néanmoins entre eux un
important conflit, Hamdy ayant d'ailleurs indiqué lors de son audition que ses parents n'arrivaient toujours
pas à se parler et se disputaient encore ;

Considérant que la volonté d'Abdelâli Xxxx de voir fixée la résidence de l'enfant à son domicile est
essentiellement justifiée par les difficultés scolaires de l'enfant ; qu'il doit toutefois être relevé que les
parents résident tous deux à NANTERRE et que la résidence alternée mise en place dès l'origine est de nature
à permettre à Abdelâli Xxxx de suivre le travail scolaire de son fils une semaine sur deux, l'enfant, âgé de 14
ans, devant, en tout état de cause, commencer à acquérir une autonomie dans son travail ;

Considérant par ailleurs, que l'attitude dénigrante d'Abdelâli Xxxx envers la mère qui est fortement
préjudiciable pour l'équilibre de l'enfant et qui, de surcroît, ne peut que renforcer le manque de respect de
Hamdy à l'égard de sa mère, celui-ci ayant d'ailleurs admis lors de son audition qu'il lui arrivait de l'insulter,
n'est pas en faveur d'un transfert de la résidence de ce dernier ; qu'en outre, les propos contradictoires tenus
par Hamdy devant l'enquêtrice sociale, les services de police, Mme MESTRE et le conseiller de la mise en état

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ne permettent pas de considérer que l'enfant est en mesure d'apprécier de façon indépendante et raisonnée
son intérêt, la cour rappelant au surplus, que les sentiments qu'il a pu exprimer lors de son audition ne
s'imposent pas au juge ;

Considérant que la résidence alternée sur laquelle les parents étaient parvenus à un accord dans le cadre de
leur procédure de divorce, permet à l'enfant de partager son temps de manière équilibré avec chacun de ses
parents ; qu'il est en âge de pouvoir s'organiser une semaine sur deux et de gérer ses affaires tant scolaires
que personnelles au domicile de chacun de ses parents ;

Considérant ainsi qu'Abdelâli Xxxx ne démontre pas que le maintien de la résidence alternée est contraire
à l'intérêt de Hamdy ni qu'elle est de nature à nuire à son travail scolaire, aucun élément ne permettant
d'imputer les difficultés scolaires de l'enfant à sa mère ; qu'il convient donc, confirmant la décision
entreprise, de débouter l'appelant de ce chef de demande ;

Sur le droit de visite et d'hébergement

Considérant que dans le dispositif du jugement entrepris il a été prévu que l'enfant résidera en alternance
pendant la moitié de chacune des vacances scolaires, la première moitié des vacances les années paires et
la seconde moitié les années impaires sans plus de précision ; qu'il convient donc de compléter le jugement
ainsi qu'il sera précisé au dispositif ;

Sur la contribution à l'entretien et l'éducation de l'enfant

Considérant que, conformément aux dispositions de l'article 371-2 du code civil, chacun des parents
contribue à l'entretien et à l'éducation des enfants à proportion de ses ressources, de celles de l'autre parent,
ainsi que des besoins de l'enfant ; que cette obligation ne cesse pas de plein droit lorsque l'enfant est majeur
;

Considérant qu'Abdelâli Xxxx justifie par les courriers de Pôle emploi des 31 octobre 2013 et 22 mai 2014,
bénéficier de l'allocation de solidarité spécifique d'un montant journalier de 16,11 euros ;

Que selon la déclaration fiscale 2013, il a perçu à ce titre au cours de l'année écoulée la somme mensuelle de
482,91 euros ; que son avis d'impôt 2014 ne fait pas état d'autre revenu pour l'année 2013 ;

Considérant qu'il supporte les charges usuelles de la vie courante ; qu'il règle des charges de copropriété
pour l'appartement qu'il occupe et dont il est propriétaire de l'ordre de 236 euros par mois ainsi qu'il résulte
de l'appel de charges du premier trimestre 2014 ; qu'il produit une liste de ses dettes arrêtées en septembre
2014 à la somme globale de 14.300 euros correspondant à des sommes dues à plusieurs personnes en France
et au Maroc mais qui ne sont cependant pas justifiées ;

Considérant qu'il résulte du rapport d'enquête sociale, que Noura Yxxx qui était assistante maternelle, a
perdu son agrément ; qu'elle justifie par les attestations du Pôle emploi des 5 mars 2014 et 26 septembre
2014, percevoir l'allocation de solidarité spécifique qui, en février et mars 2014, s'est élevée à la somme de
413,76 euros pour chacun de ces mois ;

Qu'elle perçoit des prestations sociales (APL et RSA) d'un montant total de 493,16 euros ainsi qu'il résulte de
l'attestation de paiement de la CAF du 14 mars 2014 ;

Qu'au titre de l'année 2013, elle a perçu un revenu mensuel de l'ordre de 443,08 euros ainsi qu'il résulte de
l'avis d'impôt 2014 ;

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Considérant qu'elle supporte les charges usuelles de la vie courante et le paiement d'un loyer mensuel de
226,84 euros, APL déduite ;

Considérant en l'état des ressources et charges des parents, des besoins de l'enfant qui éprouve les besoins
usuels de son âge et de la résidence alternée de ce dernier, que le premier juge a fait une exacte appréciation
en fixant la contribution à son entretien et éducation à la somme mensuelle et indexée de 50 euros ; que le
jugement sera donc confirmé ;

Sur les dépens et les frais irrépétibles

Considérant que les parties qui succombent au moins partiellement en leurs prétentions, supporteront la
charge des dépens qu'elles ont exposés en appel ;

Considérant que l'équité ne commande pas de faire application en cause d'appel des dispositions de l'article
700 du code de procédure civile en raison de la nature familiale du litige ;

PAR CES MOTIFS


Statuant par arrêt CONTRADICTOIRE, en dernier ressort et après débats en chambre du conseil,

CONFIRME en toutes ses dispositions le jugement rendu le 17 octobre 2013 par le juge aux affaires familiales
de NANTERRE,

Y AJOUTANT,

DIT que l'enfant résidera avec son père pendant la première moitié des vacances scolaires les années paires
et la seconde moitié les années impaires et avec sa mère pendant la première moitié des vacances scolaires
les années impaires et la seconde moitié les années paires,

REJETTE toute autre demande,

DIT que chacune des parties conservera les dépens par elle engagés dans le cadre de la procédure d'appel.

arrêt prononcé par mise à disposition au greffe de la cour, les parties en ayant été préalablement avisées
dans les conditions prévues au deuxième alinéa de l'article 450 du code de procédure civile.

signé par Xavier RAGUIN, président, et par Natacha BOURGUEIL, greffier, auquel le magistrat signataire a
rendu la minute.

LE GREFFIER LE PRÉSIDENT

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