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REQUETE D’APPEL

A
Monsieur le Président de la Cour d’Appel
du Littoral (Chambre Civile)
Douala

Mesdames NOUDJEU Miraine Nathalie et MBOHDA Thérèse,


respectivement étudiante et commerçante, demeurant pour la première à
Ebolowa et la seconde à Douala, tous deux ayant pour Conseil Maître Eric
CHOUPE, Avocat au Barreau du Cameroun avec résidence professionnelle à
Douala, au Cabinet du quel domicile est élu pour les présentes et ses suites, Tél :
679.90.96.91/697.21.80.54 ;

ONT L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER :

Que par la présente, elles relèvent appel contre le jugement n°683/Civ


rendu le 28 Juin 2021 par le Tribunal de Grande Instance du Wouri statuant en
matière civile et dont le dispositif est ainsi conçu : «----- Statuant
publiquement, contradictoirement à l’égard des parties, en matière civile, en
formation collégiale, en premier ressort et après en avoir délibéré
conformément à la loi ;
----- Reçoit les demandeurs en leur action ;
----- Les y dit fondés en partie ;
----- Reçoit les intervenants volontaires en leur action et les y dit non
fondés ;
----- Déclare la succession de sieur ETIEU Gabriel ouverte par son
décès survenu le 16 avril 2019 à Douala ;
----- Déclare les enfants PAMENI ETIEU Rodrigue, NGAMENI
ETIEU Josiane, NGUEUMENI ETIEU Arsène Joël, KAMENI ETIEU Yves
Armel, YOUMENI ETIEU Boris Aubin et NITCHEU Eric Noel tous
cohéritiers de la succession de leur défunt père ;
----- Déboute les demandeurs du surplus de leur demande comme non
fondé ;
----- Désigne sieur YOUMENI ETIEU Boris Aubin et NITCHEU Eric
Noel coadministrateurs des biens de la succession de feu ETIEU Gabriel ;
----- Rejette la demande de dame MBOHDA Thérèse sur la liquidation
de la communauté de fait ayant existé entre elle et feu ETIEU Gabriel ;
----- Mets les dépens à la charge de la succession ;
----- Ainsi fait, jugé et prononcé en audience publique les mêmes jours,
mois et an que dessus…  » ;

C’EST POURQUOI LES REQUERANTES SOLLICITENT QU’IL


PLAISE, A MONSIEUR LE PRESIDENT DE :

Leur donner acte du dépôt de la présente requête ;

Fixer la date à laquelle la cause sera appelée à l’audience ;

Dire que du tout il sera donné avis aux parties par Monsieur le Greffier en
Chef de la Cour d’Appel de céans ;

Advenue ladite date, les exposantes concluront ce qui plaira à la Cour ;

EN LA FORME

Attendu que par exploit de Maître ENAME NKWAME Samuel, Huissier


de Justice à Douala, en date du 19 Novembre 2021, Sieur YOUMENI ETIEU
Boris Aubin a fait signifier le jugement n°683/Civ aujourd’hui querellé à toutes
les parties à l’exception des Dames MBOHDA Thérèse et NOUDJEU Miraine
Nathalie ; (pièce n°1)

Qu’aux termes de la lecture combinée des articles 192 et 193 du Code de


Procédure Civile et Commerciale, il est constant que le délai de trois mois pour
interjeter appel court à compter de la signification du jugement à personne ou à
domicile réelle ou d’élection ;

Que les requérantes n’ayant pas reçu signification de ladite décision, leur
appel est recevable parce que fait dans les forme et délai de la loi ;

SUR LE FOND

Attendu que le jugement n°683/Civ rendu le 28 Juin 2021 par le Tribunal


de Grande Instance du Wouri statuant en matière civile a été fait au mépris de
certains éléments factuels et en violation flagrante de certaines dispositions
légales, toute chose qui mérite reformation ;
Que pour permettre à l’Auguste Cour d’Appel de céans de mieux cerner la
cause, un bref rappel des faits et de la procédure sera exposé avant toute
discussion juridique ;

I/-BREF RAPPEL DES FAITS ET DE LA PROCEDURE

Attendu qu’en date du 03 Avril 2020 et par exploit de Maître J.P Marcelle
EKINDI, Huissier de Justice à Douala, les nommés PAMENI ETIEU Rodrigue,
NGAMENI ETIEU Josiane, NGUEUMENI ETIEU Arsène Joël, KAMENI
ETIEU Yves Armel et YOUMENI ETIEU Boris Aubin ont assigné le nommé
NITCHEU ETIEU Eric Noel, fils de ETIEU Gabriel et de MBOHDA Thérèse
devant le Tribunal de Grande Instance du Wouri aux fins d’ouverture de la
succession de feu son père ;

Que Sieur NITCHEU ETIEU Eric Noel sera surpris de constater que ses
frères et sœurs consanguins pour cette seconde saisine du Tribunal de Grande
Instance du Wouri n’ont ni assigné sa petite sœur NOUDJEU Miraine Nathalie
encore moins sa mère MBOHDA Thérèse ;

Que cela sort davantage de l’ordinaire dans la mesure où ses mêmes frères
consanguins avaient en date du 11 Septembre 2019 cette fois-là par exploit de
Maître NGUESSON André, Huissier de Justice à Douala, assigné également
Dame NOUDJEU Miraine Nathalie en ouverture de la succession, en sollicitant
qu’elle soit également déclarée cohéritière ; (pièce n°2)

Que ladite procédure parce que mal montée, le ministère public avait
requis à l’irrecevabilité de l’action et le Tribunal y a fait droit ; (pièce n°3)

Que c’est en raison de la disparition du nom de Dame NOUDJEU Miraine


Nathalie dans la seconde assignation du 03 Avril 2020 visée plus haut qu’elle a
de concert avec sa maman Dame MBOHDA Thérèse en date des 05 et 06 Août
2020 par exploit de Maître NGANKO Didier, Huissier de Justice à Douala,
intervenu dans le cadre de l’ouverture de la succession de feu son père ETIEU
Gabriel pour que leur droit soit également reconnu ;

Qu’au soutient de leur assignation en intervention, les requérantes ont


porté à l’attention du premier juge que :
« Attendu que Madame MBOHDA Thérèse commerçante de profession a
fait la rencontre de Monsieur ETIEU Gabriel qui officiait dans une société de
construction courant 1979 à Douala ;

Que va naitre entre eux une passionnante histoire d’amour et ils vont
prendre à bail d’habitation un local sis à Barcelone ;

Que Sieur ETIEU Gabriel et Dame MBOHDA Thérèse vivant en union


libre sous la bénédiction de certains membres de leur famille vont à la suite des
sacrifices réciproques procéder à de grandes acquisitions et réalisations ;

Que l’année 1982 sera une année de grâce et de bénédiction pour ledit
couple avec dans un premier temps la venue au monde de leur premier enfant le
nommé NITCHEU ETIEU Eric Noel et dans un second, l’emploi décent
d’employé à la Société Générale des Banques du Cameroun en abrégée SGBC
agence de terminus trouvé par ETIEU Gabriel ;

Que quatre années après et plus précisément en 1986, le couple va assister


à la venue au monde de leur merveilleuse petite fille en la personne
de NOUDJEU Miraine Nathalie ;

Que cette naissance intervient dans des situations troubles du couple en ce


que sous la pression de sa maman qui exigeait de lui qu’il épouse une fille de
leur village, Sieur ETIEU Gabriel contre sa volonté a délaissé Dame MBOHDA
Thérèse pour convoler en juste noce avec Dame KAMENI Catherine ;

Que sous la pression d’icelle et de ses proches il n’a jamais pu


reconnaitre sa fille avant son décès, mais de son vivant a toujours pris soin
de cette dernière comme la prunelle de ses yeux ;

Que Sieur ETIEU Gabriel a toujours contribué considérablement pour son


éducation, sa santé et son entretien et ses frères et sœurs consanguins ne peuvent
dire le contraire ; (pièce n°3)

Que les frères et sœurs de feu ETIEU Gabriel peuvent témoigner de


l’affection paternelle qu’il a toujours porté à l’égard de ses enfants et en
particulier vis-à-vis de NOUDJEU Miraine Nathalie ;

Qu’au regard des articles 321, 323, 326, 328 et 340 du code civil, Dame
NOUDJEU Miraine Nathalie est fondée à invoquer la possession d’état d’enfant
de feu ETIEU Gabriel ;
Que Dame MBOHDA Thérèse quant-à elle souhaite voir liquidée la
communauté de fait ayant existé entre elle et feu ETIEU Gabriel ;

Que le Tribunal de céans peut d’ailleurs ordonner une enquête civile pour
davantage asseoir sa conviction, ce conformément à l’article 101 alinéa 1 du
code de procédure civile ainsi conçu : « Si les parties sont contraires en faits
de nature à être établis par témoins, et dont le tribunal trouve la
vérification pertinente et admissible, il ordonnera la preuve, en déterminant
l’objet d’une façon précise et fixera la date de l’enquête en audience
publique  » ;  

Que c’est sous la base de ces éléments factuels qu’il a été demandé aux
premiers juges d’ordonner une enquête civile pour davantage asseoir sa
conviction ;

Que la cause une fois communiquée au ministère public, ce dernier a pris


toutes les garanties légales et factuelles pour requérir convenablement dans le
cadre de ladite procédure ;

Que lesdites précautions n’ont pas été prises par les premiers juges qui ont
ipso facto exposé leur décision à la reformation en ce qui concerne les
requérantes ;

II/- DISCUSSIONS

Attendu qu’à la lecture des faits exposés plus haut par les requérantes, il
ne fait l’ombre d’aucun doute que le jugement n°683/Civ rendu le 28 Juin 2021
par le Tribunal de Grande Instance du Wouri statuant en matière civile, a été fait
en violation flagrante de plus d’une disposition ;

Que l’Auguste Cour d’Appel de céans n’aura aucune gène à reformer le


jugement entrepris en ce qui concerne les dispositions sur les requérantes tant il
est constant qu’il a été rendu au mépris de l’article 35 f, b, c et e de la loi
n°2006/16 du 27 Décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de la
Cour Suprême, de l’article 7 de la loi de 2006 portant organisation judiciaire,
l’article 320 du Code Civil et les dispositions de la Convention Internationale
relative aux droits de l’enfant de 1989 ratifiée par le Cameroun en 2018 ;

A/- Sur la violation de l’article 35 alinéa 1(F) de la loi de 27 Décembre


2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour Suprême.
Attendu qu’il ressort expressément de l’article 35 alinéas 1 (f) suscité que
la non réponse aux conclusions des parties et aux réquisitions du ministère
public est une cause de nullité d’ordre public d’une décision. » ;

Qu’on peut aisément lire aux rôles 7, 8,15 et 16 du jugement entrepris que
les requérantes ont sollicité avec la dernière énergie devant le premier juge
qu’une enquête civile soit ordonnée pour que toutes les personnes utiles à la
manifestation de la vérité soient entendues ;

Que malheureusement dans le dispositif dudit jugement entrepris, les


premiers juges n’ont pas cru devoir répondre à cette sollicitation des
requérantes, exposant ainsi la décision à la reformation ;

Attendu que la cause une fois communiquée au ministère public,


icelui a en date du 12 Avril 2021 à travers ses réquisitions n°472/cc après
avoir entendu les frères et amis du Decujus ETIEU Gabriel, requis
favorablement pour que Dame NOUDJEU Miraine Nathalie, bénéficie de la
possession d’état ; (pièce n°5)

Que curieusement, au moment de vider leur saisine, les premiers juges


n’ont pas cru devoir répondre aux réquisitions pertinentes du ministère public ;

Que pour cette double violation, le jugement entrepris encourt infirmation


partielle ;

B/- Sur la violation de l’article 35 alinéa 1(B) de la loi n°2006/16 du 27


Décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour Suprême

Attendu que la disposition susvisée mentionne clairement que « la


dénaturation des faits de la cause ou des pièces de procédure est un élément
suffisant d’infirmation d’une décision. » ;

Qu’en l’espèce, les premiers juges en estimant qu’aucun lien de filiation


n’a été établi entre Dame NOUDJEU Miraine Nathalie et feu ETIEU Gabriel
l’ont fait au mépris des pièces versées aux débats ;

Qu’il a été versé aux débats la première assignation dans laquelle ses
frères consanguins Sieur PAMENI ETIEU Rodrigue et autres demandent qu’elle
soit reconnue cohéritière au même titre qu’eux, quoi que déclarée irrecevable
parce que mal montée ; (pièce n°2 &3)
Que bien plus, des reçus de virements EXPRESS UNION faits par ETIEU
Gabriel au profit de sa fille Dame NOUDJEU Miraine Nathalie avec pour mot
de passe papa ont été versées aux débats ; (pièce n°4)

Qu’en adoptant cette position au mépris des pièces et des témoignages les
premiers juges ont violé la disposition sus évoquée, exposant leur décision à une
infirmation partielle ;

C/- Sur la violation de l’article 35 alinéa 1 (e) de la loi n°2006/16 du 27


Décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour
Suprême ensemble les articles 319,320 et 321 du Code Civil et les articles 2
et 3 alinéa 1 de la convention internationale relative aux droit de l’enfant de
1989 ratifiée par le Cameroun

Attendu que l’article 35 alinéa 1 (e) suscité dispose expressément que « la
violation de la loi » doit être sanctionnée par l’infirmation de la décision
querellée ;

Que les premiers juges ont procédé à une mauvaise interprétation des
articles 319, 320, 321 et suivants du Code Civil en raison de ce qu’ils n’ont pas
pris en considération l’instrument international ratifié par le Cameroun en
occurrence les articles 2 et 3 alinéa (1) de la convention internationale relative
aux droits de l’enfant ;

Que s’il est vrai que les dispositions du Code Civil sont ainsi conçues :

« Article 319 : la filiation des enfants légitimes se prouve par les actes de naissance
inscrits sur les registres de l’état civil ;

Article 320 : A défaut de ce titre, la possession constante de l’état d’enfant légitime


suffit ;

Article 321 : la possession d’état s’établit par une réunion suffisante de faits qui
indiquent le rapport de filiation et de parenté entre un individu et la famille à laquelle il
prétend appartenir.
Les principaux de ces faits sont :
Que l’individu a toujours porté le nom du père auquel il ^prétend appartenir ;
Que le père l’a traité comme son enfant, et a pourvu, en cette qualité, à son
éducation, à son entretien et à son établissement ;
Qu’il a été reconnu constamment pour tel dans la société ;
Qu’il a été reconnu pour tel par la famille. » ;

Il n’en demeure pas moins que les dispositions sus évoquées de la


Convention Internationale Relative aux droits de l’enfant sont ainsi conçues :

« Article 2 : les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour que
l’enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction
motivées par la situation juridique, les activités, les opinions déclarées ou les convictions
de ses représentants légaux ou des membres de sa famille ;

Article 3 (1) : Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le
fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des
autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit
être une considération primordiale ;

Que ces dispositions ratifiées par le Cameroun qui ont valeur Supra-légen
éliminent désormais toute forme de discrimination entre enfant légitime et
enfant naturel ;

Que depuis la ratification de ladite convention, les enfants naturels


peuvent désormais se prévaloir des dispositions du Code Civil qui en son temps
s’appliquaient uniquement aux enfants légitimes ;

Que bien plus, Gérard CORNU dans la 2eme édition de son ouvrage Droit
Civil La Famille aux éditions MONTCHRESTIEN indiquait à la page 276 que
la possession d’état s’applique aussi bien à l’enfant légitime qu’à l’enfant
naturel en ces termes : « b/- Domaine de la présomption

Générale, la présomption attachée par la loi à la possession d’état a vocation à jouer


pour l’établissement de tout rapport de filiation et de parenté (ce sont les termes mêmes
de l’art. 311). La possession d’état peut indifféremment servir à l’établissement de
n’importe quel lien de filiation, qu’il s’agisse de paternité ou de maternité, et aussi bien
dans la famille légitime que dans la famille naturelle.

La possession d’état est une preuve générique, quelles que soient la nature et la
qualité du rapport à prouver.

Cette aptitude était semble-t-il, admise avant la loi de 1972 ; mais la réforme offre
au moins l’avantage de l’avoir souligné en plaçant la présomption au titre des
dispositions communes aux deux types de filiation.

Sur les conséquences positives de cette présentation et la portée pratique à lui


reconnaître, une question a cependant surgi : ces dispositions communes ont-elles la
valeur de règles autonomes, suffisante ? S’agit-il seulement d’une déclaration de
principe ? S’agit-il de dispositions opérationnelles ? Où est l’intérêt pratique du débat ?

La théorie générale de la possession d’état est suivie dans les chapitres qui
viennent, de nombreuses dispositions spéciales qui n’en sont que les applications : pour
la filiation légitime, l’art 320, pour la preuve de la maternité naturelle dans un cas
particulier, l’art 337 (textes où la possession d’état est expressément et spécialement
visée), etc.

Or jusqu’en 1982, l’art 334-8 ne reprenait pas la possession d’état parmi les
modes d’établissement de la filiation naturelle. La question s’était donc posée de savoir,
à propos de la preuve de la paternité naturelle, si ce texte, pris comme énumération
limitative de ces modes, devait être considéré comme empêchant la présomption de
vérité attachée à la possession d’état par les dispositions générale communes à toutes les
filiations de jouer en faveur de la paternité. La controverse ayant pris autant d’ampleur
que d’intensité (v.infra , n°257), la loi du 25 Juin 1982 a tranché en harmonisant la
disposition spéciale de l’art. 334-8 avec les dispositions générales. Elle a expressément
introduit la possession au rang (le second) des modes d’établissement de la filiation
naturelle. »

Que ce doctrinaire a dès lors mis en exergue dans les années 90 ce que
l’auguste Cour de céans se doit aujourd’hui de mettre en application surtout avec
l’avènement de la convention sus visée ;

Qu’ayant adopté une position contraire à ladite convention qui élimine


toute forme de discrimination entre les enfants, les premiers juges ont procédé à
une discrimination négative, exposant ipso facto leur décision à la reformation ;

D/- Sur la violation de l’article 35 alinéa 1 ( c ) de la loi n°2006/16 du 27


Décembre 2016 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour Suprême,
ensemble l’article 7 de la loi de 2006 modifiée portant organisation judicaire

Attendu que l’article 35 alinéa 1 (c) de la loi sus visée est ainsi conçu :
« le défaut, la contradiction ou l’insuffisance de motifs est un moyen
d’infirmation d’une décision ;

Que l’article 7 de la loi sur l’organisation judiciaire qui n’est pas des
moindres est ainsi libellé « toute décision judiciaire est motivée en fait et en
droit, l’inobservation de la présente disposition entraine nullité d’ordre public de
la décision » ;
Que la décision rendue par le premier juge est insuffisamment motivée
tant en ce qui concerne Dame MBOHDA Thérèse que Dame NOUDJEU
Miraine Nathalie ;

Que pour débouter Dame MBOHDA Thérèse, le premier juge estime


qu’elle n’a pas rapporté la preuve de la communauté de vie avec le défunt,
encore moins les pièces qui attestent qu’ils ont constitué un patrimoine ;

Qu’il a été indiqué aux débats que Dame MBOHDA Thérèse est
commerçante et a cohabité avec le De cujus jusqu’à la naissance de leur second
enfant ce qui n’a été contesté de personne ;

Que bien plus, une enquête civile a été sollicitée pour faire entendre des
témoins qui devaient édifier davantage le Tribunal mais ce dernier n’a mot dit ;

Qu’il s’agit là ni plus ni moins que de la traduction de ce que le jugement


querellé est insuffisamment motivé ;

Que bien plus en ce qui concerne Dame NOUDJEU Miraine Nathalie,


affirmer de manière péremptoire que la possession d’état permet d’établir la
filiation d’enfant légitime sans aucune autre forme d’explication est une mise à
l’écart des conventions internationales et de la doctrine et par ricochet une
motivation insuffisante ;

Que pour ces autres violations, le jugement entrepris mérite infirmation ; 

PAR CES MOTIFS 

En la forme :

Constater que le jugement n°683/Civ rendu le 28 Juin 2021 par le


Tribunal de Grande Instance du Wouri statuant en matière civile a été signifié à
toutes les parties à l’exception des Dames MBOHDA Thérèse et NOUDJEU
Miraine Nathalie pourtant parties au procès, suite à leur intervention volontaire ;
(pièce n°1)

Dire que conformément aux articles 192 et 193 du Code de Procédure


Civile et Commerciale l’appel des Dames MBOHDA Thérèse et NOUDJEU
Miraine Nathalie est recevable comme fait dans les forme et délai de la loi ;

Au fond :
Constater que Sieur ETIEU Gabriel et Dame MBOHDA Thérèse se sont
rencontrés courant 1979 et ont vécu maritalement pendant de longues années ;

Constater qu’en 1982 survenaient deux événements heureux dans la vie de


ce couple à savoir : la naissance de leur fils NITCHEU ETIEU Eric Noel et
l’emploi de Sieur ETIEU Gabriel à la SGBC agence de Terminus ;

Constater que quelques années après notamment en 1986, le couple va


assister à la venue au monde de leur second enfant NOUDJEU Miraine
Nathalie ;

Constater que cette naissance intervient dans des situations troubles du


couple en ce que sous la pression de sa maman qui exigeait de lui qu’il épouse
une fille de leur village, Sieur ETIEU Gabriel contre sa volonté a délaissé Dame
MBOHDA Thérèse pour convoler en justes noces avec Dame KAMENI
Catherine ;

Constater que sous la pression d’icelle et de ses proches il n’a jamais pu


reconnaitre sa fille avant son décès, mais de son vivant a toujours pris soins de
cette dernière comme la prunelle de ses yeux en contribuant considérablement
pour son éducation, sa santé et son entretien et ses frères et sœurs consanguins
ne peuvent dire le contraire ;

Dire dès lors que les articles 321, 323, 326, 328 et 340 du code civil sont
applicables en l’espèce ;

Constater que le premier juge n’a ni répondu aux écritures des appelantes
sur la demande d’enquête civile encore moins aux réquisitions du ministère
public n°472/Cc du 12 Avril 2021 ; (pièce n°5)

Constater que le premier juge n’a mot dit relativement aux pièces versées
aux débats en instance, en occurrence la première assignation en jugement
d’hérédité déclarée irrecevable parce que mal montée dans laquelle PAMENI
ETIEU Rodrigue et autres assignent Dame NOUDJEU Miraine Nathalie et
souhaitent qu’elle soit également déclarée cohéritière au même titre qu’eux ; Les
reçus de virement express union faite par feu ETIEU Gabriel à sa fille avec pour
mot de passe ‘papa’’ ; (pièces n°2&4)

Constater qu’en indiquant que la possession d’état ne permet que d’établir


la filiation légitime, le premier juge a fait abstraction des articles 2 et 3 alinéa
1de la convention internationale relative aux droits des enfants qui élimine toute
forme de discrimination entre enfant légitime et enfant naturel ;

Constater qu’outre ces dispositions internationales ratifiées qui indiquent


clairement que l’enfant naturel a les mêmes droits que l’enfant légitime, même
la doctrine l’a consacré : Gérard CORNU dans la 2eme édition de son ouvrage
Droit Civil. La famille édition MONTCHRESTIEN page 276 ;

Dire que ce faisant, le premier juge n’a pas suffisamment motivé sa


décision ;

EN CONSEQUENCE

En la forme :

Recevoir l’appel de Dame MBOHDA Thérèse et Dame NOUDJEU


Miraine Nathalie comme fait dans les forme et délai de la loi ;

Au fond :

Infirmer partiellement le jugement n°683/Civ rendu le 28 Juin 2021 par le


Tribunal de Grande Instance du Wouri statuant en matière civile ;

Evoquant et statuant à nouveau

Ordonner par Arrêt avant dire droit une enquête civile pour entendre
toute personne nécessaire à la manifestation de la vérité conformément aux
articles 101 alinéa 1 du Code de Procédure Civile et commerciale, 321 du Code
Civil, 2 et 3 alinéa 1 de la convention internationale relative aux droits de
l’enfant ;

Après enquête civile ;

Dire que Dame NOUDJEU Miraine Nathalie remplit les prescriptions sur
la possession d’état d’enfant de ETIEU Gabriel et lui reconnaître par ailleurs la
qualité de cohéritière de la succession de feu son père ETIEU Gabriel décédé le
16 Avril 2019 à Douala ;

Ordonner en outre la liquidation de la communauté de fait ayant existé


entre Dame MBOHDA Thérèse et Sieur ETIEU Gabriel de 1979 à 1986 ;
Mettre les dépens à la charge de la succession de feu ETIEU Gabriel dont
distraction au profit de Maître CHOUPE Eric Avocat aux offres de droit.

SOUS TOUTES RESERVES

Douala, 16 Février 2022

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