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A
Monsieur le Président de la Cour d’Appel
du Littoral (Chambre Civile)
Douala
Dire que du tout il sera donné avis aux parties par Monsieur le Greffier en
Chef de la Cour d’Appel de céans ;
EN LA FORME
Que les requérantes n’ayant pas reçu signification de ladite décision, leur
appel est recevable parce que fait dans les forme et délai de la loi ;
SUR LE FOND
Attendu qu’en date du 03 Avril 2020 et par exploit de Maître J.P Marcelle
EKINDI, Huissier de Justice à Douala, les nommés PAMENI ETIEU Rodrigue,
NGAMENI ETIEU Josiane, NGUEUMENI ETIEU Arsène Joël, KAMENI
ETIEU Yves Armel et YOUMENI ETIEU Boris Aubin ont assigné le nommé
NITCHEU ETIEU Eric Noel, fils de ETIEU Gabriel et de MBOHDA Thérèse
devant le Tribunal de Grande Instance du Wouri aux fins d’ouverture de la
succession de feu son père ;
Que Sieur NITCHEU ETIEU Eric Noel sera surpris de constater que ses
frères et sœurs consanguins pour cette seconde saisine du Tribunal de Grande
Instance du Wouri n’ont ni assigné sa petite sœur NOUDJEU Miraine Nathalie
encore moins sa mère MBOHDA Thérèse ;
Que cela sort davantage de l’ordinaire dans la mesure où ses mêmes frères
consanguins avaient en date du 11 Septembre 2019 cette fois-là par exploit de
Maître NGUESSON André, Huissier de Justice à Douala, assigné également
Dame NOUDJEU Miraine Nathalie en ouverture de la succession, en sollicitant
qu’elle soit également déclarée cohéritière ; (pièce n°2)
Que ladite procédure parce que mal montée, le ministère public avait
requis à l’irrecevabilité de l’action et le Tribunal y a fait droit ; (pièce n°3)
Que va naitre entre eux une passionnante histoire d’amour et ils vont
prendre à bail d’habitation un local sis à Barcelone ;
Que l’année 1982 sera une année de grâce et de bénédiction pour ledit
couple avec dans un premier temps la venue au monde de leur premier enfant le
nommé NITCHEU ETIEU Eric Noel et dans un second, l’emploi décent
d’employé à la Société Générale des Banques du Cameroun en abrégée SGBC
agence de terminus trouvé par ETIEU Gabriel ;
Qu’au regard des articles 321, 323, 326, 328 et 340 du code civil, Dame
NOUDJEU Miraine Nathalie est fondée à invoquer la possession d’état d’enfant
de feu ETIEU Gabriel ;
Que Dame MBOHDA Thérèse quant-à elle souhaite voir liquidée la
communauté de fait ayant existé entre elle et feu ETIEU Gabriel ;
Que le Tribunal de céans peut d’ailleurs ordonner une enquête civile pour
davantage asseoir sa conviction, ce conformément à l’article 101 alinéa 1 du
code de procédure civile ainsi conçu : « Si les parties sont contraires en faits
de nature à être établis par témoins, et dont le tribunal trouve la
vérification pertinente et admissible, il ordonnera la preuve, en déterminant
l’objet d’une façon précise et fixera la date de l’enquête en audience
publique » ;
Que c’est sous la base de ces éléments factuels qu’il a été demandé aux
premiers juges d’ordonner une enquête civile pour davantage asseoir sa
conviction ;
Que lesdites précautions n’ont pas été prises par les premiers juges qui ont
ipso facto exposé leur décision à la reformation en ce qui concerne les
requérantes ;
II/- DISCUSSIONS
Attendu qu’à la lecture des faits exposés plus haut par les requérantes, il
ne fait l’ombre d’aucun doute que le jugement n°683/Civ rendu le 28 Juin 2021
par le Tribunal de Grande Instance du Wouri statuant en matière civile, a été fait
en violation flagrante de plus d’une disposition ;
Qu’on peut aisément lire aux rôles 7, 8,15 et 16 du jugement entrepris que
les requérantes ont sollicité avec la dernière énergie devant le premier juge
qu’une enquête civile soit ordonnée pour que toutes les personnes utiles à la
manifestation de la vérité soient entendues ;
Qu’il a été versé aux débats la première assignation dans laquelle ses
frères consanguins Sieur PAMENI ETIEU Rodrigue et autres demandent qu’elle
soit reconnue cohéritière au même titre qu’eux, quoi que déclarée irrecevable
parce que mal montée ; (pièce n°2 &3)
Que bien plus, des reçus de virements EXPRESS UNION faits par ETIEU
Gabriel au profit de sa fille Dame NOUDJEU Miraine Nathalie avec pour mot
de passe papa ont été versées aux débats ; (pièce n°4)
Qu’en adoptant cette position au mépris des pièces et des témoignages les
premiers juges ont violé la disposition sus évoquée, exposant leur décision à une
infirmation partielle ;
Attendu que l’article 35 alinéa 1 (e) suscité dispose expressément que « la
violation de la loi » doit être sanctionnée par l’infirmation de la décision
querellée ;
Que les premiers juges ont procédé à une mauvaise interprétation des
articles 319, 320, 321 et suivants du Code Civil en raison de ce qu’ils n’ont pas
pris en considération l’instrument international ratifié par le Cameroun en
occurrence les articles 2 et 3 alinéa (1) de la convention internationale relative
aux droits de l’enfant ;
Que s’il est vrai que les dispositions du Code Civil sont ainsi conçues :
« Article 319 : la filiation des enfants légitimes se prouve par les actes de naissance
inscrits sur les registres de l’état civil ;
Article 321 : la possession d’état s’établit par une réunion suffisante de faits qui
indiquent le rapport de filiation et de parenté entre un individu et la famille à laquelle il
prétend appartenir.
Les principaux de ces faits sont :
Que l’individu a toujours porté le nom du père auquel il ^prétend appartenir ;
Que le père l’a traité comme son enfant, et a pourvu, en cette qualité, à son
éducation, à son entretien et à son établissement ;
Qu’il a été reconnu constamment pour tel dans la société ;
Qu’il a été reconnu pour tel par la famille. » ;
« Article 2 : les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour que
l’enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction
motivées par la situation juridique, les activités, les opinions déclarées ou les convictions
de ses représentants légaux ou des membres de sa famille ;
Article 3 (1) : Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le
fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des
autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit
être une considération primordiale ;
Que ces dispositions ratifiées par le Cameroun qui ont valeur Supra-légen
éliminent désormais toute forme de discrimination entre enfant légitime et
enfant naturel ;
Que bien plus, Gérard CORNU dans la 2eme édition de son ouvrage Droit
Civil La Famille aux éditions MONTCHRESTIEN indiquait à la page 276 que
la possession d’état s’applique aussi bien à l’enfant légitime qu’à l’enfant
naturel en ces termes : « b/- Domaine de la présomption
La possession d’état est une preuve générique, quelles que soient la nature et la
qualité du rapport à prouver.
Cette aptitude était semble-t-il, admise avant la loi de 1972 ; mais la réforme offre
au moins l’avantage de l’avoir souligné en plaçant la présomption au titre des
dispositions communes aux deux types de filiation.
La théorie générale de la possession d’état est suivie dans les chapitres qui
viennent, de nombreuses dispositions spéciales qui n’en sont que les applications : pour
la filiation légitime, l’art 320, pour la preuve de la maternité naturelle dans un cas
particulier, l’art 337 (textes où la possession d’état est expressément et spécialement
visée), etc.
Or jusqu’en 1982, l’art 334-8 ne reprenait pas la possession d’état parmi les
modes d’établissement de la filiation naturelle. La question s’était donc posée de savoir,
à propos de la preuve de la paternité naturelle, si ce texte, pris comme énumération
limitative de ces modes, devait être considéré comme empêchant la présomption de
vérité attachée à la possession d’état par les dispositions générale communes à toutes les
filiations de jouer en faveur de la paternité. La controverse ayant pris autant d’ampleur
que d’intensité (v.infra , n°257), la loi du 25 Juin 1982 a tranché en harmonisant la
disposition spéciale de l’art. 334-8 avec les dispositions générales. Elle a expressément
introduit la possession au rang (le second) des modes d’établissement de la filiation
naturelle. »
Que ce doctrinaire a dès lors mis en exergue dans les années 90 ce que
l’auguste Cour de céans se doit aujourd’hui de mettre en application surtout avec
l’avènement de la convention sus visée ;
Attendu que l’article 35 alinéa 1 (c) de la loi sus visée est ainsi conçu :
« le défaut, la contradiction ou l’insuffisance de motifs est un moyen
d’infirmation d’une décision ;
Que l’article 7 de la loi sur l’organisation judiciaire qui n’est pas des
moindres est ainsi libellé « toute décision judiciaire est motivée en fait et en
droit, l’inobservation de la présente disposition entraine nullité d’ordre public de
la décision » ;
Que la décision rendue par le premier juge est insuffisamment motivée
tant en ce qui concerne Dame MBOHDA Thérèse que Dame NOUDJEU
Miraine Nathalie ;
Qu’il a été indiqué aux débats que Dame MBOHDA Thérèse est
commerçante et a cohabité avec le De cujus jusqu’à la naissance de leur second
enfant ce qui n’a été contesté de personne ;
Que bien plus, une enquête civile a été sollicitée pour faire entendre des
témoins qui devaient édifier davantage le Tribunal mais ce dernier n’a mot dit ;
En la forme :
Au fond :
Constater que Sieur ETIEU Gabriel et Dame MBOHDA Thérèse se sont
rencontrés courant 1979 et ont vécu maritalement pendant de longues années ;
Dire dès lors que les articles 321, 323, 326, 328 et 340 du code civil sont
applicables en l’espèce ;
Constater que le premier juge n’a ni répondu aux écritures des appelantes
sur la demande d’enquête civile encore moins aux réquisitions du ministère
public n°472/Cc du 12 Avril 2021 ; (pièce n°5)
Constater que le premier juge n’a mot dit relativement aux pièces versées
aux débats en instance, en occurrence la première assignation en jugement
d’hérédité déclarée irrecevable parce que mal montée dans laquelle PAMENI
ETIEU Rodrigue et autres assignent Dame NOUDJEU Miraine Nathalie et
souhaitent qu’elle soit également déclarée cohéritière au même titre qu’eux ; Les
reçus de virement express union faite par feu ETIEU Gabriel à sa fille avec pour
mot de passe ‘papa’’ ; (pièces n°2&4)
EN CONSEQUENCE
En la forme :
Au fond :
Ordonner par Arrêt avant dire droit une enquête civile pour entendre
toute personne nécessaire à la manifestation de la vérité conformément aux
articles 101 alinéa 1 du Code de Procédure Civile et commerciale, 321 du Code
Civil, 2 et 3 alinéa 1 de la convention internationale relative aux droits de
l’enfant ;
Dire que Dame NOUDJEU Miraine Nathalie remplit les prescriptions sur
la possession d’état d’enfant de ETIEU Gabriel et lui reconnaître par ailleurs la
qualité de cohéritière de la succession de feu son père ETIEU Gabriel décédé le
16 Avril 2019 à Douala ;