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BIBLIOGRAPHIE
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8e éd., 2011.
Ajouter :
Grands arrêts de la jurisprudence civile, t. 1 Dalloz, 12e éd. 2007, Henri Capitant, par
François Terré et Yves Lequette.
Sites Internet :
www.legifrance.gouv.fr
INTRODUCTION GENERALE
La notion de famille n’est définie ni par le Code Civil français, ni par le code civil
gabonais. Néanmoins, deux autres notions très importantes et beaucoup plus précises que
sont l’alliance et la parenté permettent de l’appréhender. Elles sont très étroitement liées
à la notion de famille.
alimentaire. La famille longtemps soumise à un modèle unique, est de nos jours éclatée en
plusieurs modèles.
s’agir du couple ou d’un seul parent avec enfant ou d’ensemble d’individus qui descendent
d’un ancêtre commun. Sociologiquement, la famille peut être définie comme un groupe
d’individus unis par une communauté de vie et, également, dans de nombreux cas par un
lien de sang.
Pour le droit, la famille est l’ensemble d’individus unis par la parenté ou l’alliance.
société dont l’alliance et la parenté sont le ciment. Jadis, identifiée sous un modèle unique,
la famille se mue à travers le temps vers un pluralisme des modèles familiaux. En effet,
l’alliance et la parenté constituent les deux liens qui unissent les personnes d’une même
famille (SECTION I). Le premier est un lien de droit alors que le second un lien biologique.
2
Section 1- / Notion d’alliance et de parenté
L’alliance et la parenté sont les deux liens qui peuvent réunir les personnes d’une
même famille. Elles sont donc les rapports juridiques entre les diverses personnes qui
composent une famille et qui donnent à chacune d’elles une place bien déterminée.
A-/ L’alliance
L’alliance est le lien qui unit une personne aux membres de la famille de son conjoint.
L’alliance est un lien purement juridique. Elle est donc un rapport individuel qui découle
du mariage. C’est ainsi qu’il est inexact de dire, malgré le langage courant que les épouses
En définitive, le mariage crée un lien d’alliance mutuelle entre les époux et leurs familles
respectives. Le lien d’alliance existe en ligne directe beaux-parents, bru, gendre) et en ligne
B-/La parenté
Le droit écrit gabonais était marqué par la diversité des liens de parenté. En effet,
on pouvait distinguer la filiation des enfants nés pendants le mariage : (art 391 du Code
civil gabonais) dite jadis légitime lorsque les parents étaient unis par les liens du mariage ;
la filiation hors mariage autrefois appelée naturelle lorsque les parents n’étaient pas mariés.
On affinait encore plus la distinction sur ce dernier point entre les enfants naturels simples
dont les parents étaient tous deux célibataires lors de leur conception ; les enfants naturels
adultérins dont l’un des parents voire les deux étaient engagés dans les liens du mariage
avec une autre personne lors de leur conception, enfin les enfants naturels incestueux dont
3
les parents ne pouvaient se marier en raison d’un cas d’empêchement légal découlant d’un
lien de parenté entre eux. Le droit français a mis fin à ces distinctions. L’ordonnance du 04
Juillet 2005 consacre l’égalité entre tous les enfants. Enfin, la filiation est dite adoptive
La parenté se caractérise par deux éléments : la nature du rapport que l’on qualifie
a. Les lignes :
La ligne directe est celle qui lie ceux qui descendent les uns des autres. En fait, la
ligne, c’est la suite des degrés. C’est la ligne entre grands-parents (ascendants), enfants et
(paternelle et maternelle) et, la ligne descente qui unit les père et mère à leurs enfants et
petits-enfants…
La ligne collatérale est celle qui relie ceux qui descendent d’un auteur commun sans
descendre les uns des autres. C’est la ligne qui relie les frères et sœurs entre eux, les
neveux, nièces à leurs oncles et tantes, les cousins germains entre eux.
b. Le degré de parenté
Les parents sont plus ou moins proches par le sang. C’est la proximité de parenté
qui s’établit par le nombre de générations. Donc la proximité de la parenté se compte par
degré qu’il s’agisse en ligne directe ou ligne collatérale. Pour savoir ce qui est un degré,
on pose comme règle que chaque génération forme un degré. Le degré est donc la relation
Illustration : En ligne directe, père et fils, mère et fille, parents et enfants directs sont
parents au premier degré (car il n’y a entre eux qu’une génération), grands-parents et
4
Dans la ligne collatérale, on compte autant de degré que de générations, à partir
intéressé. Ainsi, frères et sœurs sont parents au deuxième degré ; oncle et tante et nièces
mariage et des effets positifs comme l’obligation alimentaire. Observons que l’obligation
code civil, mais elle découle plutôt de la parenté et de l’alliance. En effet, l’obligation
alimentaire existe également dans la filiation hors mariage et dans l’adoption. Son
5
PREMIERE PARTIE : LE COUPLE
Il existe deux grands types ou modèles de couples. Le couple marié (titre I) et le
Le Code Civil gabonais n’avait pas défini le mariage. Le Code Civil français ne l’avait
pas fait non plus. Même l’article 143 du code civil issu de la loi N°2013-404 du 17 mai 2013
portant adoption du mariage pour tous ne le définit. Cet article déclare « Le mariage est
contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe » mettant fin ainsi à
Le mariage est l’acte civil public et solennel par lequel un homme et une femme
établissent entre eux une union légale et durable dont les conditions de formation, les
effets et la dissolution sont déterminés par la loi. Il ressort de cette définition, contrairement
au droit français de la loi du 17 mai 2013 que le mariage est l’union d’un homme et d’une
femme dont la constatation nécessite un acte juridique solennel et qui produit des effets
imposés de manière impérative par la loi. Par ailleurs, il faut retenir qu’en matière de
marier, de refuser le mariage et de choisir son conjoint. Il est reconnu en France par le
6
conseil constitutionnel et affirmé par la cour de cassation 1. Enfin, la question de la nature
Pour certains, le mariage serait un contrat. Supposant un accord des futurs époux, il
Pour d’autres, le mariage est une institution. Ici, l’accord des époux portera sur un
statut légal imposé impérativement par la loi, sans possibilité de modifications. On estime
que les personnes s’unissent dans le but de créer quelque chose. La conception du mariage
part de volonté est importante. Mais aussi une institution puisque l’intervention de l’autorité
publique est également substantielle. Ainsi, les époux ne peuvent pas supprimer ce statut
légal par leur seule volonté sous réserve des dispositions sur le divorce par consentement
(chapitre 1). Une fois célébré, le mariage produit des effets (chapitre 2).
des conditions physiologiques comme le sexe, l’âge et la santé (section 1). Ces conditions
de fond définies par le Code civil gabonais sont complétées par des exigences de forme.
En droits gabonais, seule la cérémonie civile (section 2) faisant intervenir l’officier de l’état
civil (art 219 code civil) est reconnue, même si les époux sont libres de se prêter après à
une célébration religieuse. Lorsque ces conditions de fond et de forme ne sont pas
1
Ass Plén 19 Mai 1978, D 1978 Jur, p 541, concl Schmelck, note Ardant ; JCP 1978, II, 19009, note R. Lindon
7
Section I : Les conditions de fond
Le mariage exige la réunion de trois séries conditions de fond. Il s’agit des conditions
La loi gabonaise en impose deux, à savoir : la différence de sexe (A), l’exigence d’un
conditions naturelles évidentes, car le mariage doit pouvoir entraîner des relations
Par définition donc le mariage, en droit gabonais, suppose une différence de sexe.
considérations sociales. En droit français, la position contraire est retenue à l’article 143 du
code civil issu de loi du 17 mai 2013 sur le mariage pour tous. Même en France, avant la
loi sur le mariage pour tous, l’article 75 du code civil laissait sous-entendre aussi cette
exigence de différence de sexe lorsque les parties déclarent qu’elles « veulent se prendre
pour mari et femme ».. Enfin, il en est de même de l’article 12 de la CESDHLF laquelle
prévoit que, « à partir de l’âge nubile, l’homme et la femme ont le droit de se marier et
fonder une famille selon les lois nationales régissant l’exercice de ce droit ». C’est ainsi que,
l’exigence de différence de sexe a été confirmée par la cour européenne des droits de
l’homme qui déclare que « pour se marier, les deux candidats doivent être de sexe
différent » 3.
8
En droit français, la cour de cassation affirmait le même principe en annulant les
du transsexualisme (2). Cette question demeure depuis la loi sur le mariage pour tous sans
importance.
peuvent rendre indéterminable le sexe d’un des époux. On parle dans ce cas de vice de
conformation.
l’annulation du mariage dès lors que le sexe de l’époux diffère de celui de son conjoint.
C’est ainsi qu’elle refusait la nullité du mariage en cas de faiblesse ou de l’imperfection des
organes génitaux. Mais elle prononçait la nullité lorsque le sexe est véritablement
indifférenciation ou méconnaissance de sexe à une nullité pour erreur sur les qualités
essentielles de la personne.
4
CJCE, Rees, 17 octobre1986, JDI, 1987, p 796 obs. Rolland ; Cossey, 27 septembre 1990, JDI 1991, p 806,
obs P.Tavernière, Sheffield, 30 Juillet 1998, RTDciv, 1998, P 1001, note J-P Marguénaud
5
Civ 6 Avril 1903, DP 1904,1, p 395, conclusion Baudoin, S 1904, 1, p 273, note A. Wahl
9
2. Mariage et transsexualisme
On entend par transsexualisme « Le syndrome qui affecte une personne dont le sexe
pénibles.
Le mariage des transsexuels est une question qui n’est abordée par le droit
une carte d’identité et une carte de sécurité sociale affichant son sexe apparent. La
rectification de son acte d’état civil au motif que l’état des personnes est indisponible.
Condamnée par la cour européenne des droits de l’homme le 25 Mars 1992, la cour de
cassation française admet depuis que le transsexuel pouvait faire modifier son état civil..
La première est de savoir si l’on peut célébrer le mariage d’un transsexuel qui a
obtenu son changement d’état ? La situation est la suivante : les actes d’état civil font état
de deux personnes de sexe différent, mais biologiquement, les futurs époux sont de même
sexe. Sur ce point particulier, la CEDH rejoint la position de la France 6 à savoir que l’officier
d’état civil qui célèbre le mariage doit s’en tenir à la mention du sexe telle qu’elle est portée
dans les actes d’état civil 7. Pour la CEDH, « aucune raison ne justifiait que les transsexuels
Quid en droit gabonais ? La question n’a pas été abordée ni par la doctrine, ni par
la jurisprudence.
6
D 1993. 101 ; JCP 1992, II, 21955.
7
TGI, Paris 13 décembre 1983, D 1984, 350, note M.L.Rassat
8
CEDH, Grande Chambre, 11 juillet 2002, 2895/95, Godwin c/Royaume-Uni, D 2002, JR, n° 2305 ; RTDCiv 2002,
p 782, obs J. Hauser
10
La deuxième est relative à l’avenir du mariage du transsexuel. Il s’agit du cas de deux
personnes de sexes différents qui se marient. Au cours de l’union, l’un des deux conjoints
se fait opérer et obtient le statut du transsexuel. Quel est le sort du mariage qui lie
En droit français, la question n’est pas tranchée mais certains auteurs proposent de
pour faute au tort du transsexuel. Cette solution n’est pas non plus convaincante11.
L’évolution du droit français règle le problème. Quid du droit gabonais ? La question n’a
L’article 203 du Code civil gabonais (144 du code civil français) donne l’âge minimum
exigé de la femme et de l’homme pour pouvoir contracter mariage. D’après l’articles 203 :
« L’homme, avant dix-huit ans révolus, la femme, avant quinze ans révolus, ne peuvent
contracter mariage ». Au Gabon, l’âge minimal requis pour l’homme est de 18 ans révolus
et 15 ans révolus pour la femme. L’article 205 ajoute que Même si les conditions exigées
par l’article 203 sont réunies, le jeune homme ou la jeune fille qui n’a pas atteint l’âge de
21 ans révolus ne peut contracter mariage sans le consentement de ses père et mère. Si
les père et mère sont morts ou dans l’impossibilité de manifester leur volonté, ou déchus
de leur autorité, le consentement doit être donné par le tuteur ou par le conseil de tutelle
et, à défaut, par les aïeuls ou aïeules les plus proches dans chaque ligne. Si l’enfant est
En France, la loi du 04 Mars 2006 dont le but est de lutter contre les violences
conjugales en particulier à l’égard des femmes a unifié l’âge légal du mariage. Cet âge
pour les hommes comme pour les femmes, est de 18 ans. La réforme a pour objet d’éviter
les mariages forcés encore très fréquents dans les familles d’immigration.
impubère. Néanmoins, selon l’alinéa 2 de l’article 203, l’individu en dessous de l’âge légal
11
requis, pour se marier, doit obtenir une dispense pour « motifs graves ». Celle-ci est
Par comparaison en droit français, la dispense pour « motifs graves » ou « motifs sérieux »
est demandée au procureur de la République. Le mariage contracté par des époux qui
n’avaient point encore l’âge requis ou dont l’un des deux n’avait point atteint cet âge, ne
peut plus être attaqué, lorsque l’époux ou les époux ont atteint cet âge, ou lorsque la
Enfin, la loi n’impose aucun âge maximum au mariage. Le mariage in extremis est
donc possible lorsque le consentement exprimé est lucide. Est prohibé donc, seul le
mariage des enfants mais pas celui des personnes âgées ou du troisième âge. C’est ainsi
que Honoré de BALZAC écrivait « les ancêtres peuvent s’opposer au mariage de leurs
enfants, mais les enfants ne peuvent pas empêcher les folies des ancêtres en enfance » 9.
période qui précède le mariage qui peut faire courir un risque d’atteinte à la liberté
Elle est l’occasion de trois situations qui peuvent être analysées comme des
matrimonial (1), des clauses de célibat rencontrées dans certains contrats (2) et surtout des
fiançailles (3). Elles ne constituent pas de véritables conditions de fond mais, sont traitées
comme telles à cause de leur aspect et effets psychologiques sur les intéressés.
9
H. de BALZAC, la cousine Bette
12
1. Le courtage matrimonial
Il est défini comme une convention par laquelle un professionnel s’entremet pour
considéré par la jurisprudence comme un contrat nul, car contraire à l’ordre public par son
objet. Il est admis depuis cette date à la condition qu’il ne porte pas atteinte à la liberté de
jamais ne doit inciter au mariage. Il doit avoir aussi une cause et un objet licite. En
matrimonial.
Le code civil ne le traite pas expressément dans les conditions de fond du mariage
mais, il est réglementé par une loi du 23 Juin 1989 dans le but d’éviter tous abus. Il est
conclu pour une durée déterminée qui ne peut excéder un an. Il ne peut être renouvelé
par tacite reconduction et le contrat doit prévoir une faculté de résiliation pour motif
légitime au profit des deux parties. Dans la pratique, le contrat de courtage ne peut être
2. La clause de célibat
On peut rencontrer cette clause dans un acte juridique. Elle a pour but de
subordonner les droits d’une personne à la condition qu’elle demeure célibataire. Elle peut
Dans les contrats à titre onéreux, cette clause se retrouve par excellence dans les
contrats de travail. Le principe est la nullité de la clause de célibat. On estime que le droit
au mariage constitue un droit individuel d’ordre public qui ne peut être limité ou aliéné.
C’est ainsi que la jurisprudence annulait les clauses de célibat insérées dans le contrat de
13
travail des hôtesses de l’air et des personnels navigants 10 sauf si la clause est justifiée pour
Dans les actes à titre gratuit, la clause de célibat suppose le cas où un individu pour
bénéficier d’un legs ou d’une donation doit rester célibataire ou doit se marier à telle
personne désignée. Un arrêt de principe a annulé cette clause lorsqu’elle est guidée ou
inspirée par un motif illégitime tel le sentiment de « jalousie posthume » 12. En d’autres
termes, la clause est valable à la condition d’être légitimement motivée. Elle est également
valable lorsqu’elle est motivée par l’intérêt du bénéficiaire de la donation ou lorsqu’elle est
3. Les fiançailles
La notion de fiançailles est particulière (a). Sa rupture (b) entraîne des effets (c).
a. L’étude de la notion
Les fiançailles constituent une notion qui est évoquée par le code civil gabonais. En
effet, le code civil gabonais ne traite pas les fiançailles comme une convention. L’Art 198
ou qui, par son fait, donne à l’autre fiancé de justes motifs de la rompre, peut être
condamné à réparer le préjudice matériel et moral causé à celui-ci ainsi qu’à ses père et
mère ou aux personnes ayant agi en lieu et place de ces derniers. Le tribunal pourra, dans
10
Paris 30 Avril 1963, D 1963, jur, p 428,1, Rouast
11
Soc, 10 Juin 1982, JCP 1984, II, 20230, obs. S. Hauriou- Moreau ; Ass Plén, 19 Mai 1978, D 1978, jur., p 541,
concl Smelck, note P. Ardant ou JCP 1978, II, 19009, note Lindon ; Soc, 17 Avril 1991, JCP 1991, II, 21724, note A.
Sériaux
12
Req, 18 Mars 1867, D 1867,1, p 322
13
Civ.2ème, 2 juin 1984, D 1984, jur. p 579, note R. Lindon et A. Bénabent ; JCP 1985, II, 20494, note C. Philippe
14
La même réparation peut être demandée aux personnes qui, ayant autorité sur un
mineur, ont incité ce dernier à rompre abusivement la promesse de mariage à laquelle ils
avaient consenti. ».
L’on tire deux conséquences de ces dispositions en droit gabonais. D’abord, les
fiançailles sont bien un fait juridique (un état). Ensuite, les fiançailles, n’engagent pas les
parties sauf lorsque leur rupture est fautive et crée un préjudice à une partie. En conclusion,
les fiançailles au Gabon sont un fait juridique quant à leur existence et aux effets qu’elles
peuvent produire en cas de rupture surtout lorsque celle-ci est fautive (art 198 et s.).
Elles s’entendent comme une promesse réciproque de mariage qui n’a aucune
valeur juridique et qui peut porter atteinte à la liberté du mariage. C’est–à–dire, chaque
fiancé conserve toujours le droit de rompre. La jurisprudence française dit des fiançailles
qu’elles constituent un simple fait juridique qui emporte, toutefois, un certain nombre de
mariage est nulle, en soi, comme portant atteinte à la liberté illimitée qui doit exister dans
le mariage » 14.
abusive, fautive (délictuelle), à la condition que le fiancé délaissé prouve l’existence d’un
préjudice ou le caractère injustifié de la rupture et son préjudice moral peut ouvrir droit à
réparation. Lorsque la rupture abusive, fautive ou injustifiée est prouvée, le fiancé délaissé
fiançailles constituant un fait, la preuve peut se faire aujourd’hui par tout moyen alors que
14
Cass. 30 mai et 11 Juin 1838 D 1938,1, p 492
15
Civ. 1re 4 Janvier 1995, D 1995, jur. p 251, note Bénabent
15
pendant longtemps elle avait exigé la preuve écrite de la promesse de mariage 16 ( art.
200).
rupture. Elle peut résider dans le caractère brusque, imprévisible ou sans motif légitime de
c. Le préjudice réparable
Le préjudice à réparer peut être matériel. Il s’agit du remboursement des dépenses
qui ont été engagées en vue du mariage 18 et non celles engagées pour les fiançailles. En
effet, le droit gabonais exclut toutefois, les sommes d’argent données aux beaux-parents
ne sont pas admises comme preuve de promesse de mariage et ne peuvent être restituées
(art 200).
Le préjudice moral aussi peut être réparé. C’est le cas lorsque la rupture a provoqué
Ne sont pas compris dans le préjudice réparable, la perte d’un profit escompté ou
Le fiancé doit aussi faire la preuve du lien de causalité entre le préjudice du fiancé
délaissé et la faute du fiancé ayant pris l’initiative de la rupture. Lorsque le préjudice causé
au fiancé est le fait d’un tiers par exemple lorsque le mariage n’a pas pu être conclu en
raison de l’accident mortel survenu au fiancé, la cour de cassation admet que la fiancée
éplorée peut obtenir de l’auteur de l’accident réparation. Le préjudice ici est à la fois moral
et aussi matériel.
16
Civ, 2 décembre 1907, DP 1908, 1, p 201 ; civ 12 Novembre 1935, S 1936, 1, p 15.
17
Colmar, 12 juin 1970, D 1970, jur., p 743 ; Civ. 1ere, 20 Juillet 1971 Bull civ. I, n° 247 ; Paris, 3 Déc 1976 D
1978, jur. p 339.
18
C.A. Bordeaux, 26 Mai 1998, Cahier jurisprudence Aquitaine, 1995, n°4951.
19
Civ. 1ere, 3 Nov. 1976, Bull civ. I, n° 322 ; civ. 1re, 29 Avril 1981, Bull civ. I, n° 144.
20
CA Paris, 12 Mai 1987, D 1987, JR, p 142, civ.1re , 4 Janv. 1955, D 1955, jur., p 251, note A. Bénabent.
16
Exemple, le remboursement des dépenses engagées en vue du mariage. Ce peut
être également la chance qu’elle avait, une fois mariée, de bénéficier du devoir de secours
En droit gabonais, Les fiancés peuvent, en cas de rupture, réclamer les présents
qu’ils se sont faits ou qu’ils ont donnés à leurs beaux-parents respectifs ; si ces présents
n’existent plus en nature, ce sera leur valeur en argent qui sera donnée à la place. Il n’y
aura jamais lieu à restitution des présents lorsque la rupture des fiançailles est causée par
la mort du fiancé ou de la fiancée ou par une démence non occasionnée par l’usage de
Quid des donations faites par les tiers aux fiancés et le sort des régimes des bagues
En droit français, les donations faites à l’occasion des fiançailles doivent être
restituées lorsque les fiançailles sont rompues. On estime qu’elles ont eu lieu à la condition
qu’il y ait mariage (art 1088 c. civ). Les présents ou cadeaux d’usage c’est-à-dire des
présents modiques eu égard à la fortune et au train de vie du donateur, sont conservés par
celui qui les a reçus sauf s’il s’agit de bijou de famille 22.. Enfin, la bague de fiançailles, est
en principe restituée sauf en cas de rupture fautive, la fiancée victime de la rupture fautive
la conserve. Mais, lorsque la bague est un bijou de famille, celle-ci est restituée quelle que
soit la nature de la rupture, car on estime que la bague est remise à la fiancée en vertu d’un
prêt à usage 23
21
Cass. crim, 5 Janv. 1955, D 1956, 216 ; JCP 1956, II, 9146.
22
Civ. 1ère, 19 Dec 1979, D 1981, jur. p 449, note I. Foulon-Piganiol
23
Civ. 1ère, 23 Mars 1983, D 1984, jur. p 81 ou JCP 1984, II, 20202, note J.F Barbéri.
17
B. La période concomitante au mariage : l’exigence du consentement des futurs
époux
nécessaire de la formation du mariage. L’échange des consentements des futurs époux (1)
déclaration universelle des droits de l’homme «…Le mariage ne peut être conclu qu’avec
le libre consentement des futurs époux». En droit gabonais, la loi exige, outre le
consentement des futurs époux, celui d’autres personnes aussi (2). Ce qui pose la question
pratique. L’exigence du consentement est prévue en droit gabonais, l’article 211 dispose
célébration ». (En droit français, à l’article 146 C. civ : « Il n’y a pas de mariage lorsqu’il n’y
immédiatement après mariage. En effet, une discordance peut se glisser entre la volonté
déclarée sous la forme de « oui » et la volonté réelle, soit parce que celle-ci fait entièrement
défaut pour une raison quelconque, soit qu’elle est viciée. Ainsi dit-on que le « oui »
exprimé est une présomption renforcée mais non irréfragable que le consentement est
valable 24. On en conclut que le consentement, pour être valable, doit exister et être
24
G. Cornu, Droit Civil, la Famille, Montchrestien, 9ème édition n°169, p. 291.
18
L’inexistence d’un consentement conscient et sérieux pose le problème de défaut
ce moment, de ses facultés mentales. C’est ainsi qu’une personne atteinte d’un trouble
mental se faisant sentir au moment de la célébration (état d’ivresse, personne sous l’empire
Toutefois, selon l’article 204 du Code civil gabonais, un incapable majeur peut
valablement se marier lors d’un intervalle lucide à la condition, qu’il ait lui-même,
préalablement donné son consentement 25. Le consentement du majeur incapable doit être
donné pendant cet intervalle lucide et il doit aussi obtenir les autorisations légales s’il est
de consentement lorsque l’époux qui le donne n’a, en lui, aucune intention réelle de se
marier. Est donc exclue ici, l’hypothèse où le défaut du consentement tient au trouble
mental de la personne qui le donne. L’hypothèse à retenir ici est celle où le « oui » formel
est vide d’intention matrimoniale réelle. On dit que la célébration du mariage n’est qu’un
25
Cass. Ch.Réunies, 21 Juin 1892, D 1892, 1, p 369 ; civ. 1ere 24 Mars 1998, D1999, jur., p 19, note J-J.
Lemouland
26
Civ. 1ère, 22 janv. 1968, D 1968 jur. p 309 ; JCP 1968, II, 15442 note R.L) voir aussi (Civ. 1ere, 31 Janv. 2006,
JCP 2006, IV, 1382)
19
simulacre. On parle alors du mariage simulé ou fictif ; c’est–à–dire le mariage est contracté
dans le but étranger à l’institution ou dans le but d’obtenir un avantage matériel 27.
C’est le cas des mariages célébrés « pour rire ». Exemple, le cas des fonctionnaires
d’outre-mer mariés aux femmes indigènes selon la coutume autochtone. C’est également
le cas du « mariage blanc » célébré dans le but exclusif d’acquérir la nationalité française.
Dans le mariage simulé ou fictif, c’est donc l’absence du consentement qui est en
cause. Il n’y a donc pas de consentement à mariage lorsque l’intention matrimoniale fait
défaut. Le principe, à savoir « le mariage est nul, faute de consentement lorsque les époux
matrimoniale » du célèbre arrêt Appiéto est resté toujours intact 28. En effet, plus tard, en
droit français, l’article 146 du code civil a consacré la même formule en substituant le mot
« but » à « résultat » et la jurisprudence est restée fidèle depuis au principe 29. Néanmoins,
l’application du principe soulève quelques difficultés. En effet, quand peut-on dire en droit
que le but envisagé par les époux est étranger au mariage alors qu’il n’existe pas de
révélateur très sûr de l’absence de l’intention conjugale » 30. C’est ainsi que les juges de
déterminer les buts réels des époux. Le mariage est nul, dès lors que les époux ne
27
Civ. 1ere, 5 Fev 1991, D 1991, IR, n° 60/JCP 1991, IV, 127
28
Civ. 1re, 20 Nov. 1965 ou 1963, D 1964, jur. p 465, note Raymond, JCP 1964, II, 13498, note J. Mazeaud
29
Civ. 1ere, 28 Octobre 2003, D 2004, J. Gridel
30
Cornu, op. cit. n° 171, p 294
31
Toulouse, 5 Avril 1994, JCP 1995, II, 22462, note F. Boulanger ; Grenoble, 3 Non 1978, D 1999, Somm, p 373,
obs. J-J Lemouland ; Civ. 1ere, 17 Nov. 1982, Gaz Pal 1982, 2, Guiho ; JCP 1982, II, 19842, note Gobert
32
Exemple lorsque l’union a des finalités uniquement successorales ; Civ. 1ere 20 Octobre 2003, D2004, jur., p 21,
note J. Gridel
42 C.A. Versailles (1ère Chambre), 8 Juillet 2005, D 2006, jur, p 772, note Bonnet
20
présente certains caractères physiques d’une femme, le but étant de conclure un mariage
personne de même sexe 33. Mais, le mariage est valable s’il est célébré en vue d’obtenir au
La volonté doit être exempte de vice. En matière du mariage, la loi retient deux vices
- La violence
Le consentement au mariage doit être libre. On dit qu’il est vicié lorsqu’il est donné
sous l’empire de la crainte approuvée par l’un des futurs époux, sous l’effet de la contrainte
exercée sur lui par l’autre époux ou par un tiers. L’article 212 du Code civil gabonais dispose
« Le consentement n’est point valable s’il a été extorqué par violence et des menaces
ou…. ». L’article 180 al, 1er du code civil français va dans le même sens. Il dispose « Le
mariage qui a été contracté sans le consentement libre des deux époux, ou de l’un d’eux,
ne peut être attaqué que par les époux, ou par celui des deux dont le consentement n’a
contrainte morale 35. La violence est appréciée in concreto comme en droit commun,
compte tenu de l’âge et du sexe de la victime 36. La violence doit présenter une certaine
gravité et doit avoir été injuste. Elle est difficile à prouver 37 . Mais à la différence de droit
33
CA. Versailles (1ère Chambre), 8 Juillet 2005, D 2006, jur, p 772, note Bonnet
34
Civ. 1ère, 20 Nov. 1963, Appietto, D 1964, jur. p 465
35
TGI Versailles ,25 Avril 1979, GP 1979, II, 132 (révélation faite au fiancé sur la fiancée à la veille du mariage,
impossible à décommander, auquel sept cents personnes étaient conviées)
36
Paris 20 Mai 1983 (fiancée de 16 ans de tradition familiale autoritaire), D 1959, p 215
37
C.A. Paris, 30 Juin 1997, JCP, 1998, I, 151, n°1, obs. M. Farge ; C. A Douai, 17 Janv. 2000, Dr Famille 2000,
n° 124, obs. H. Lecuyer
21
commun (art 1114 c civ.) la seule crainte révérencielle envers les parents peut désormais
suffire à constituer une contrainte au mariage depuis la loi du 4 avril 2006 38.
- L’erreur
réalité. En matière de mariage, l’erreur est prise en compte par les articles 212 du Code
civil gabonais (180 al 2 du code civil français) «…s’il n’a été donné que par suite d’une
erreur sur la religion du conjoint, sur son état grave de santé au moment de la célébration
du mariage, ou sur la conformation physique d’un conjoint qui ne possède pas les organes
L’erreur doit porter sur la personne ou sur les qualités essentielles de la personne.
L’erreur sur la personne ou encore erreur sur l’identité existait déjà dans le code civil
de 1804 (L’erreur sur la nationalité est considérée comme erreur sur l’identité civile - code
civil). Il s’agit de l’erreur sur l’identité physique qui s’entend une substitution d’une femme
Elle peut porter sur l’identité civile qui suppose l’usurpation de l’état civil d’une autre
des contrats, l’erreur, vice de consentement doit être déterminante pour être cause de
nullité 40.
L’erreur sur les qualités essentielles : ce type d’erreur a été consacré par la loi du
11 juillet 1975 suite à l’arrêt « Berthon » 41. La difficulté est donc de savoir ce qui est
essentiel dans les qualités d’une personne qui sont des caractéristiques morales,
38
civ. 17 mars 1959 D 1959. 540 ; Civ. 1ère 17 nove 1958 D 1959, 18, note G. Holleaux ; Paris 5 novembre 1954 D
1955 p 43
39
Paris 12 mars 1903 DP 1903, 2, p 191 ; S 1904, 2, p 47
40
CA Paris, 7 juin 1973 D 1974, Jur., p 174, note P. Gui ho ou JCP 1973, II, 17539, obs. G. Goubeaux ; Aix-en-
Provence, 23 avril 1996, Dr famille, Décembre 1996, n° 17, obs. : H. Lecuyer
41
Chambres réunies, le 24 avril 1862, D 1862, 1, p 153 / S 1862, 1, p 341 : une jeune fille de bonne famille avait
épousé un ancien forçat libéré, la cour de cassation a refusé l’annulation du mariage.
22
distinguer des autres. Mais seules les qualités qui sont essentielles sont à retenir sur la
personne (art 180 al 2 c civ.). Ne sont pas prises en compte les considérations touchant au
patrimoine de la personne (sa richesse, sa fortune) mais aussi ses déceptions personnelles.
Rentrent ainsi dans les qualités essentielles : l’ignorance de la qualité de divorcé 42,
l’aptitude à procréer (212 Code civil gabonais), l’ignorance que le futur conjoint était sous
L’erreur sur les qualités essentielles, pour être admise, doit être déterminante.
subjective de l’erreur suppose que la qualité essentielle pour un époux est si importante
que s’il avait su que son futur époux en était dépourvu, il n’eût pas contracté mariage.
L’erreur peut être aussi appréciée de façon objective. Ici, les qualités essentielles de
qualités qui sont si importantes dans le mariage que sans elles, il n’y aurait véritablement
pas mariage. L’appréciation ici de l’erreur est faite selon les critères sociologiques de
l’institution du mariage. Ce critère sociologique peut être évolutif car il est lié à l’opinion
L’action en nullité est exercée par l’époux seul dont le consentement a été vicié.
Mais l’action, semble-t-il, peut-être transmise aux ayants cause universels 45.
42
Trib civ. Bordeaux, 9 juin 1924, gaz pal 1924, II, p 201 ; civ. 1ère 2 décembre 1997, Dr famille 1998, n° 35, note
H. Lecuyer ; RTD Civ 1998, p 659, obs. J. Hauser
43
TGI Vesoul, 28 novembre 1989, D 1990, jur. p 590, note C. Philippe
44
TGI Rennes, 9 novembre 1976, D 1979, jur. p 539, note H-D Cosnard ; TGI Tarascon, 8 juillet 1981, gaz pal
1982, 1, Somm, p 91
45
Brahinsky, op. cit. n° 110, p 64
23
a. Le mariage des incapables mineurs
Selon l’article 205 du code civil, « Même si les conditions exigées par l’article 203
sont réunies, le jeune homme ou la jeune fille qui n’a pas atteint l’âge de 21 ans révolus ne
peut contracter mariage sans le consentement de ses père et mère ». Autrement dit seuls
les individus de plus de 21 ans peuvent consentir de façon autonome à leur mariage.
En cas de refus d’un des père et mère, le consentement d’un seul des deux suffit.
l’enfant sera toujours exigé. Si l’un des père et mère est mort ou dans l’impossibilité de
manifester sa volonté, le consentement de l’autre suffit, Il en sera de même pour les enfants
L’article 206 ajoute que si les père et mère sont morts ou dans l’impossibilité de
manifester leur volonté, ou déchus de leur autorité, le consentement doit être donné par
le tuteur ou par le conseil de tutelle et, à défaut, par les aïeuls ou aïeules les plus proches
dans chaque ligne. En cas de refus d’un ou de plusieurs de ces aïeuls ou aïeules, le
Pour ce qui concerne l’enfant adoptif, il ne peut contracter mariage avant l’âge de
S’il a été adopté par deux époux, les règles prévues à l’article 205 sont applicables.
Si l’adoptant ou les adoptants sont morts ou dans l’impossibilité de manifester leur volonté,
le consentement est donné par le tuteur. Toutefois, si l’enfant adoptif rentre dans sa famille
d’origine, les dispositions prévues aux articles 205 et 206 seront observées.
Aux termes de l’article 208 code civil, lorsque le père, la mère et les aïeuls sont
décédés, ou en état d’absence, ou que, leur résidence étant inconnue, ils n’ont pas donné
de leurs nouvelles depuis un an, l’enfant mineur dépourvu de tuteur et décidé à contracter
mariage doit faire une déclaration écrite de ces faits devant le tribunal de grande instance
du lieu où le mariage doit être célébré. Ce tribunal, après enquête, autorisera ou refusera
24
L’enfant mineur qui produit un acte de consentement d’un ou de plusieurs de ses
aïeuls ou d’un tuteur ou qui fait intervenir ceux-ci au moment de la célébration du mariage,
doit exhiber en même temps, l’acte de décès de ses père et mère ou bien une décision du
tribunal ou un acte de notoriété délivré par le Président du tribunal établissant que ces
paternelle (210 code civil). Il est à noter que le Président de la République ou, à défaut, le
Président de la Cour suprême, peut accorder des dispenses d’âge pour des motifs graves
Selon l’article 209 code civil, le consentement, hors les cas où il est donné par le
célébration du mariage ou par acte authentique dressé soit par le notaire, soit par l’Officier
le consentement.
tribunal autorisant la célébration du mariage projeté doit contenir, à peine de nullité, les
noms, prénoms, dates et lieux de naissance et domicile des futurs époux et de tous ceux
conforme aux bonnes mœurs et à l’ordre social. En conséquence, le législateur a prévu des
interdits que l’on appelle des empêchements au mariage. Certains de ces empêchements
ont leur origine dans les liens trop étroits de parenté ou d’alliance qui peuvent exister entre
25
les futurs époux (A) alors que d’autres viennent de l’existence de précédent mariage,
prohibition de l’inceste qui se justifie d’abord par des raisons eugéniques qui met l’accent
sur les dangers des unions consanguines entre proches parents et ensuite par des raisons
d’ordre moral mettant l’accent sur les risques des désordres familiaux.
On distingue ainsi l’inceste absolu dont l’interdit est justifié par l’ordre public
plusieurs hypothèses d’inceste absolu liées à la famille mariée, non mariée et au cas de
famille adoptive.
Au Gabon, selon l’article 216, le mariage est prohibé entre les ascendants et
descendants d’une même ligne et entre frère et sœur, oncle et nièce, tante et neveu,
Il est également prohibé entre l’adoptant et l’adopté, entre l’un d’eux et le conjoint
ou les descendants de l’autre, ainsi qu’entre les enfants adoptifs d’un même individu. Il est
fiancées, entre l’homme et l’ancienne épouse ou fiancée de son fils, entre l’homme et la
sœur de sa femme, à moins que la personne qui a créé l’alliance soit décédée.
Ces dispositions sont valables pour la famille hors mariage. Ainsi, est-il interdit à une
mère non mariée d’épouser son fils au motif qu’elle ne l’a pas reconnu. L’existence de la
26
En l’absence d’une filiation légalement établie, l’existence d’un lien notoire de
filiation suffit à entraîner les empêchements prévus à l’article précédent (Article 217 code
civil).
On dit que l’inceste est relatif lorsqu’on peut y déroger en levant sur autorisation
l’obstacle. Il est donc possible, contrairement à l’inceste absolu, de lever l’obstacle qui crée
l’interdiction au mariage. Lorsqu’il existe des causes graves tels que des cas de grossesse
de la femme, le président de la République peut lever l’interdiction (Art 218 code civil).
qui peuvent bénéficier de dispense. Il en est ainsi de certains alliés en ligne directe, tels
est dissous par décès. Il en est de même de mariage de certains parents en ligne collatérale
tels oncle-nièce, tante-neveu, entre adopté et enfant de l’adoptant ainsi qu’entre les
L’un tient à l’existence d’un précédent mariage liés au fait que l’un au moins des
futurs conjoints est déjà dans des liens d’un précédent mariage non dissous. Il s’agit de la
prohibition de la bigamie (1). L’autre vient du fait que même dissous, le précédent mariage
fasse encore obstacle pour un temps au remariage. En effet, le remariage exige parfois
l’écoulement d’un certain délai surtout à l’égard des femmes. C’est le respect du délai de
viduité (2).
Selon l’article 213 du Code civil gabonais, la femme ne peut contracter un second
mariage avant la dissolution du premier. Il en est de même de l’homme qui a opté pour le
27
Toute femme qui, étant engagée dans les liens d’un mariage, en aura contracté un
autre avant la dissolution du précédent sera punie d’un emprisonnement de cinq jours à
un mois et d’une amende de 2.000 francs à 24.000 francs, ou de l’une de ces deux peines
seulement. En cas de récidive, ces peines seront portées au double. Il en sera de même
pour l’homme ayant opté pour le mariage monogamique, sous réserve des dispositions de
l’article 178 code civil. Donc l’interdiction de la bigamie s’impose avant tout à la femme,
mariée non divorcée ou non veuve et à l’homme marié sous le régime de monogamie.
uniquement que la femme dont le mari vient de mourir ou de la femme qui vient de
divorcer. D’après l’article 214 code civil, « La femme ne peut se remarier qu’à l’expiration
du délai de viduité de trois cents jours de la dissolution du précédent mariage » (voir art
228 civ). Cette interdiction se justifie par le souci d’éviter ce que l’on appelle une confusion
de part, c’est-à-dire une incertitude sur la paternité de l’enfant qui viendrait à naître
pendant ce délai. Il s’agit de prévenir les difficultés qui pourraient surgir concernant
Cette interdiction serait devenue obsolète compte tenu des progrès techniques
constants réalisés dans la démonstration de l’exactitude, sur le plan biologique, des liens
de filiation. D’ailleurs, cette exigence a été abandonnée en droit français depuis la réforme
du divorce issue de la loi du 26 mai 2004. Mais le droit gabonais l’a encore maintenue.
(paragraphe 2) à la célébration. Ces formalités ont pour but de permettre à l’officier d’état
28
Paragraphe 1. Les formalités antérieures à la célébration
Elles sont généralement simples et sont réduites à trois étapes : la production des
- En droit gabonais les pièces exigées sont contenues dans les dispositions de l’article 220
du Code civil gabonais. On peut citer l’extrait d’acte de naissance des futurs époux ou
toute pièce en tenant lieu délivré depuis moins de trois (03) mois et, une copie des actes
accordant les dispenses prévues par la loi tel le justificatif des consentements des parents,
polygamie etc.
médical attestant que l’intéressé a été examiné en vue du mariage et dont la remise
conditionne la publication du projet. D’autres pièces peuvent être jointes en cas échéant :
acte de consentement des parents, justification de dissolution d’un premier mariage etc.
B. La publication du projet
Elle est inspirée par l’ancienne tradition canonique « des bans ». Le but est
qui peuvent être exprimées par des oppositions. La publication se fait par affichage de la
part de la mairie ou centre d’état civil du lieu de célébration du projet de mariage pendant
de la circonscription dans laquelle le mariage doit être célébré peut, pour les causes graves,
dispenser les futurs époux de l’observation du délai prévu à l’alinéa 2 de l’article 223, et
29
même de la publication du projet de mariage, exemple, en cas de mariage « in extremis ».
du célébrant (B), celles liées à la présence des époux (C) et celles du déroulement de la
cérémonie (D).
A. La cérémonie de célébration
La cérémonie a lieu à la date ou le jour retenu par les parties. La célébration se fait
à la mairie où l’un des époux à son domicile ou sa résidence établie depuis au moins un
mois (art 231 code civil). Le mariage est célébré en public, les portes de la mairie devant
résidence de l’un des époux (231 code civil) en cas d’empêchement grave ou de péril
imminent. Dans ce dernier cas, l’officier d’état civil se transporte au domicile avant toute
Même dans ces hypothèses exceptionnelles, les portes de la maison où est célébré
B. La qualité du célébrant
particulier le maire qui peut déléguer ses pouvoirs aux adjoints ou conseillers municipaux.
fonctionnaire municipal.
Enfin, l’officier d’état civil ne peut célébrer de mariage que sur l’étendue de sa
commune.
30
C. La présence des futurs époux
à la célébration de leur mariage (art 232 code civil). Ainsi, le défaut de comparution d’un
pour cause grave, lorsqu’ils sont appelés sous le drapeau en temps de guerre ou lorsqu’ils
Dans cette hypothèse, lors de la célébration, l’officier d’état-civil fait constater dans l’acte
que le consentement est lu. Le mariage produit rétroactivement ses effets au jour où le
La question de l’utilisation des TIC doit être abordée comme un palliatif au mariage
par procuration. Le développement des TIC peut être une solution pérenne pour célébrer
2. Mariage posthume
Ce type de mariage est autorisé par le président de la République qui dispose d’un
posthume pour des motifs graves tels attente d’un enfant ou enfant déjà né ou en faveur
du survivant de deux futurs époux séparés par une mort brutale, mais à la condition que
l’individu décédé ait accompli de son vivant des formalités officielles marquant sans
46
Civ. 1re, 6 décembre 1989, D 1990, jur, p. 225, note Hauser ; JCP 1990, II, 21557, note F. Boulanger ; CA,
Paris, 20 juin1995, Gaz Pal, 1995, 2, P 669, note JGM ; D 1995, JR, P 192
47
Cass., 30mars 1999, D1999, IR, P123 JCP 1999, IV, 1986
31
Ce mariage n’entraîne pas des droits successoraux ab intestat au profit de l’époux
survivant. En outre aucun régime matrimonial n’est réputé avoir existé entre les époux (art
171, al 3 c. civ) mais il peut entraîner des effets personnels tels le fait pour la femme de
D. Le déroulement de la cérémonie
Après s’être assuré de la présence des deux témoins, l’Officier de l’état civil donne lecture
aux futurs époux, des articles 177, paragraphes 5 et suivants, 252, 253 et 259, alinéas 1, 2
et 3 du code civil gabonais. L’Officier de l’état civil interroge ensuite successivement chacun
Dans le cas où les futurs époux confirment leur option pour l’engagement
monogamique, l’Officier de l’état civil leur demande alors de préciser également le régime
matrimonial qu’ils ont choisi, ou s’ils ont établi un contrat de mariage conformément à
En cas d’omission de l’Officier de l’état civil, les époux sont présumés, sauf preuve
séparation des biens. L’Officier de l’état civil demande enfin aux futurs époux s’ils veulent
s’unir par le lien du mariage. Après leur réponse affirmative, il les déclare légalement unis
sur-le-champ aux époux, ainsi qu’un certificat de mariage et le livret de famille. Le mariage
L’acte de mariage est la preuve unique et nécessaire du mariage, tel est le principe
(A). Les possibilités d’exception à ce principe sont réduites aux cas destruction ou de perte
32
D’après l’article 234 code civil « le mariage est prouvé par l’acte de mariage … ». Il
faut en déduire simplement que l’acte de mariage est la preuve par excellence du mariage.
L’article 234 code civil dispose en sus « … ou, à défaut, par la possession d’état
d’époux ou par un acte de notoriété ». Mais l’article 235 ajoute : « La possession d’état
n’est admise qu’en cas de perte, destruction, inexistence prouvées des registres d’état civil.
Elle s’établit par une réunion suffisante des faits qui supposent l’existence du lien
matrimonial. Les principaux de ces faits sont : que l’homme et la femme portent le même
nom ; qu’ils se traitent comme mari et épouse ; qu’ils sont reconnus comme tels par la
complément de preuve à la lecture de l’article 235 et n’est admise qu’en cas d’absence de
l’acte de mariage.
tribunal, au moyen d’acte de notoriété dressé soit par les agents diplomatiques et
L’acte de notoriété devra indiquer la date depuis laquelle le mariage existe, s’il y a
Section 3. Les sanctions des règles relatives aux conditions de formation du mariage
oppositions. Ces règles peuvent être aussi sanctionnées après la célébration par la nullité
(paragraphe 2).
33
Certaines situations peuvent empêcher (A) la réalisation ou la célébration du
mariage. Lorsque ces empêchements sont soulevés par certaines personnes avant la
validité. Ainsi les conditions de formation qui ne sont pas celles de validité constituent des
célébrer le mariage. Mais, au cas où le mariage est célébré, celui-ci n’est pas annulé. Un
d’un empêchement dirimant. Il existe plusieurs cas d’empêchement dont certains sont
la première n’est pas dissoute (art 213). Il y a aussi le délai de viduité. Cette règle suppose
qu’une femme ne peut se remarier qu’à l’expiration du délai de viduité de 300 jours à
compter de la dissolution du précédent mariage (art 214). Cette exigence est supprimée
d’alliance jusqu’au degré prohibé par la loi. Les interdictions de mariage entre parents ou
alliés peuvent souffrir de dispense souvent accordée par le président de la république pour
Lorsque Les cas d’empêchement sont signalés à l’officier d’état civil, alors l’on parle
d’opposition.
34
L’opposition au mariage ne doit pas se confondre avec le refus du mariage. Ce
leurs enfants mineurs. L’opposition est donc l’acte par lequel celui qui connaît un
fait défense de célébrer le mariage, les conditions de formation du mariage qui n’ont pas
dirimant. Elle permet aussi, dans le cas d’un empêchement dirimant d’éviter un mariage
L’opposition est donc un droit dont les titulaires sont limitativement énumérés par les
père et mère, à leur défaut, aux autres ascendants qui peuvent invoquer n’importe quel
empêchement. Selon l’article 226 code civil, le droit de faire opposition à la célébration
d’un mariage appartient au père et à la mère et, à défaut des père et mère, aux aïeuls et
aïeules et au tuteur. Toutefois, après main levée judiciaire d’une opposition formée par un
ascendant ou par le tuteur, aucune nouvelle opposition formée par un autre ascendant ou
membres de la famille dont la loi a pris soin de dresser la liste : le frère ou la sœur, l’oncle
fondant uniquement sur l’état de démence de leur parent ; mais cette opposition ne sera
35
reçue qu’à la charge par l’opposant de provoquer l’interdiction et d’y faire statuer dans le
personne liée par mariage à celle qui se propose d’en contracter un autre.
Le droit de former opposition appartient enfin au Ministère public (qui peut recueillir
l’opposition des tiers et verifier), toutes les fois qu’un empêchement d’ordre public est
porté à sa connaissance.
L’opposition est un acte grave dont l’exercice est soumis à un formalisme rigoureux.
Selon l’article 227 code civil « l’opposition doit être faite par écrit, avec signature légalisée.
Les personnes ne sachant signer y apposent leurs empreintes digitales devant l’Officier de
l’état civil du lieu où est situé le domicile de l’opposant ou, à défaut, devant le commissaire
qui donne à l’opposant le droit de la former, ainsi que les motifs de l’opposition.
l’état civil du lieu de célébration. Celui-ci est tenu d’écarter purement et simplement toute
Les époux sont immédiatement informés par l’Officier de l’état civil de ce qu’une
opposition a été reçue relativement à leur projet de mariage (Article 228 code civil).
Une opposition à mariage ne peut être prise en considération si son auteur n’adresse
pas au Président du tribunal du lieu de célébration, dans le même pli que son opposition
du mariage. Le Président du tribunal statue par voie d’ordonnance. Cette ordonnance est
susceptible d’appel et la juridiction d’appel est tenue de statuer dans les dix jours qui
36
Elle est faite en droit français par acte extrajudiciaire alors qu’au Togo, elle peut
prendre la forme d’une simple déclaration à l’officier d’état civil d’après l’article 65 du
Mais quelle que soit la forme, l’opposition est un acte personnel et nominatif, c’est-
à-dire il ne peut y avoir opposition sur dénonciation anonyme. L’opposition doit être
motivée. C’est dire que n’importe quelle raison ne peut servir de base à la demande
d’opposition.
effet limité dans le temps. En effet, une opposition ne peut durer au-delà d’un an. A défaut
L’opposition est limitée aussi par la demande de mainlevée judiciaire des futurs
époux. Enfin, une opposition malveillante ou « téméraire » expose son auteur à des
automatiquement la nullité, c’est-à-dire le mariage n’est pas nul de droit mais peut
mariage. Mais lorsque le mariage est célébré malgré l’empêchement, celui-ci encourt le
risque d’une annulation. Toutefois la nullité du mariage est la sanction spécifique des
donc aux causes de nullité dont certaines sont relatives (A) alors que d’autres sont absolues.
37
1. Les nullités absolues
Les nullités absolues sont les nullités d’ordre public. Le code civil gabonais énumère
les causes de nullité absolue du mariage (237 code civil). Ce sont la bigamie, l’inceste,
l’absence de consentement, identité de sexe, minorité (203 code civil), mariage clandestin
(219code civil), absence d’officier d’état civil (Art 231 code civil).
Peuvent agir en nullité absolue du mariage, toute personne intéressée et, du vivant
des époux, par le Ministère public (238 code civil). Le ministère public peut agir pour toutes
les causes de nullité, les époux eux-mêmes, les ascendants et toute personne à la condition
- la nullité pour impuberté ne plus être invoquée lorsque le conjoint a atteint l’âge de
- en cas de mariage clandestin, l’action en nullité est couverte par la possession d’état
d’époux (art 240 code civil) car estime-t-on « qu’en vivant publiquement, les époux ont
En droit français, l’action en nullité absolue se prescrit par trente (30) ans à partir de
la date de célébration, selon l’article 184 du code civil. En droit gabonais, l’action en nullité
absolue est imprescriptible, c’est-à-dire qu’il n’existe pas de délai qui limite ou empêche
2. La nullité relative
Les nullités relatives sont des nullités de protection. C’est-à-dire que l’action est
ouverte aux personnes que la loi protège. Les nullités relatives sanctionnent l’insuffisance
48
Civ 1er Août 1930, DP 1931, 1, 169, note H. Labou ; Paris, 2 décembre 1966 JCP 1967, II, 15278, note Boulbès
38
En cas d’erreur (erreur sur la personne ou sur les qualités essentielles de la personne)
la nullité peut être demandée par l’époux dont le consentement a été vicié, c’est-à-dire par
celui qui s’est trompé (ou a été trompé) (Art. 243 code civil). Tout mariage contracté sans
le consentement requis par les articles 205, 206, 207 et 208 peut être annulé par le tribunal
à la demande de ceux dont le consentement était requis, lorsque le mariage a été approuvé
nullité est également ouverte aussi au Ministère Public en cas de violence, qu’elle soit
physique ou morale.
Le droit gabonais a bien prévu l’hypothèse de nullité relative pour violence mais sans
dire si l’action peut être exercée par le ministère public (art. 212). La loi a limité l’exerce de
l’action en nullité relative à deux personnes ; d’abord, celui des époux dont le
consentement a été vicié et, ensuite, à celui dont l’autorisation familiale est requise.
consentement, lorsqu’il y a cohabitation des époux pendant six (6) mois ou depuis que
l’époux a eu sa pleine liberté ou a eu connaissance de l’erreur depuis six (6) mois (art 243).
mariage a été approuvé expressément ou tacitement par celui dont l’autorisation était
nécessaire, ou lorsque celui-ci, avant la majorité de l’époux, a laissé s’écouler une année
Lorsque le mariage est entaché d’une irrégularité qui n’est pas prévue par les textes,
mariage inexistant. Dans l’hypothèse de mariage inexistant, l’intervention du juge n’est pas
nécessaire. Les époux, semble-t-il, pourraient se remarier sans que l’annulation ait été
prononcée formellement.
39
Le fondement de la théorie de l’inexistence se trouve dans le principe « Pas de nullité
sans textes» 49. La théorie sur le plan pratique peut être invoquée dans trois hypothèses :
en cas d’identité de sexe et en cas d’absence de célébration par un officier d’état civil 50.
D’autres auteurs préfèrent, face à ces cas, invoquer la notion de nullité virtuelle qu’ils
l’avenir, mais en principe l’abolit dans le passé voire selon la formule de Gérard Cornu
« l’efface et l’extirpe de l’ordre juridique » 51. L’annulation est donc rétroactive (1). Toutefois,
il est des cas dans lesquels le législateur fait produire des effets à un mariage annulé (2).
1. La dissolution rétroactive
L’annulation mettant fin au mariage rétroactivement, elle produit les effets suivants :
o elle fait disparaître le droit au nom et les liens d’alliance à l’égard des personnes ;
faites par les tiers en vue du mariage ou entre époux sont nulles ou annulées, enfin
la possibilité pour les époux de succéder entre eux sont détruite ou anéantie ;
o l’annulation à l’égard des enfants ne produit aucun effet négatif. Les enfants sont
Dans la pratique, un mariage déclaré judiciairement nul peut produire des effets
nullité. Le mariage putatif est « le mariage qui, dans la pensée de l’un au moins de ceux
49
Bordeaux, 19 Avril 2005, D 2005, J, 1687, note Agostini.
50
CA Versailles, 27 Mai 1999, D 1999, Somm n°374 obs. Lemouland.
51
op, cit n° 189, p 315
40
qui le contractent, est valable par ignorance du vice qui légalement l’entache » c’est- dire
Le code civil gabonais n’a retenu la dissolution rétroactive comme effet de la nullité que
dans l’hypothèse où l’un ou les deux époux est de mauvaise foi. C’est donc dire que
désormais, la nullité n’est rétroactive qu’à l’égard de l’époux de mauvaise foi ou lorsque
les deux sont de mauvaise foi (Article 247 et 248). Quant à l’époux de bonne foi, la nullité
ne dissout le mariage que pour l’avenir. En effet, d’après l’article 246 « La nullité d’un
mariage ne produit ses effets qu’à partir du jour où la décision prononçant la nullité est
devenue définitive. Le mariage est réputé dissout à compter de ce jour ». (Voir Les articles
201et 202 code civil français). L’application de la théorie du mariage putatif est soumise à
des conditions (a). Seuls les époux et les enfants peuvent bénéficier de cette théorie (b).
o la bonne foi : elle suppose que l’un des époux au moins doit avoir ignoré la cause
nullité encourue.
cérémonie 52.
La théorie du mariage putatif fait produire au mariage ses effets à l’égard de l’époux
qui a contracté de bonne foi ou à l’égard des deux s’ils sont tous de bonne foi. Sont
52
Civ., 30 Juillet 1900, DP 1901, 1, 317.
41
Ainsi, l’époux de bonne foi peut conserver l’usage du nom de son mari 53 . En droit
Il faut tout de même signaler qu’en droit gabonais le risque de nullité d’un premier
mariage n’invalide pas un nouveau mariage contracté même avant l’annulation du premier
Le mariage produit des effets dans tous les cas à l’égard des enfants. Les enfants
restent légitimes, même si les époux sont tous deux de mauvaise foi.
53
Bordeaux, 16 Juin 1937, DH 1937, p. 539
54
Civ. 1re, 23 Octobre 1990, D 1991, jur. P. 156 notes Boulanger
42
Chapitre II. Les effets du mariage
Les effets du mariage entre les époux concernent à la fois leurs rapports personnels
et leurs rapports pécuniaires. Les rapports personnels sont ceux relatifs généralement aux
collaboration (Gabon).
Le règlement des rapports pécuniaires relève des régimes matrimoniaux des époux.
Cependant, il existe des règles dites « régimes primaires » ou « régime impératif » qui
s’appliquent à tous les époux quel que soit le régime matrimonial choisi. Ce sont
L’étude des effets du mariage sera faite en deux points. Nous étudierons les rapports
personnels entre époux (Section1) et les rapports pécuniaires entre époux (Section 2). Ce
dernier point sera étudié largement dans le cours sur les régimes matrimoniaux.
En se mariant, les époux sont liés par des engagements dont découlent des droits
et devoirs (paragraphe 1). Les époux tout en s’engageant n’abandonnent pas ou n’aliènent
Les époux sont liés par des droits et devoirs réciproques (A). Les époux exercent
Les droits et devoirs des époux sont énoncés aux articles 252 et suivants code civil
(articles 212 à 215 du Code civil français). Il s’agit du devoir de protection du mari (1),
43
d’obéissance de la femme (2), de cohabitation (3), du devoir de fidélité (4) et le devoir de
fort.
du mari. En effet, dès lors que l’homme est proclamé chef de famille, la femme ne saurait
être en concurrence avec lui de ce point de vue. Elle est donc « soumise » à son époux et
conséquemment doit lui obéir. Une telle situation n’est pas sans rappeler la position de la
femme en droit français avant la proclamation de l’égalité. En droit gabonais, il n’est pas
3. Le devoir de cohabitation
suppose que les époux vivent sous le même toit, qu’ils partagent la même vie, le même
en droit français par la loi du 11 Juillet 1975. Cette loi autorise que les époux puissent avoir
un domicile distinct à la condition que ce choix ne porte pas « atteinte aux règles relatives
est obligée d’habiter avec lui, et il est tenu de la recevoir (Article 254, al 1er). Lorsque la
résidence fixée par le mari présente pour la famille des dangers d’ordre physique ou
d’ordre moral, la femme peut être autorisée par le tribunal à avoir pour elle et ses enfants
55
Art 108 Civ. ; Civ. 1ère, 8 Juin 1999, Dr. Famille, 1999, n°110, note Lecuyer.
44
Le devoir de cohabitation va au-delà de la simple communauté de vie. La
Cela suppose en clair entre les époux des relations charnelles auxquelles les époux
consentent librement et de façon consensuelle. En effet, le refus des relations sexuelles par
un époux constitue une faute qui justifie le divorce 56 ou la séparation de corps et expose
mariage est aussi la création d’une famille. Cette obligation n’est pas susceptible
d’exécution forcée, ni même d’astreinte, même sous une forme atténuée 57. Toutefois,
parfois le refus des relations sexuelles peut être considéré comme légitime en cas
à l’abstinence 58. Toutefois, le devoir conjugal doit être accompli avec modération, en tout
cas sans excès 59 et surtout sans brutalité. Ainsi, la jurisprudence reconnaît-elle le viol entre
époux 60. « La présomption de consentement des époux aux actes sexuels accomplis dans
En principe, la communauté de vie ne peut cesser que par suite d’une décision
pratique, la jurisprudence estime qu’une dispense judiciaire n’est plus nécessaire lorsque
le refus de cohabiter est justifié par un motif légitime par exemple lorsque l’autre n’exécute
Enfin, les pactes de séparation amiable c’est-à-dire le fait que les époux décident de
pension alimentaire ou l’exercice de l’autorité parentale, sont nuls pour cause illicite 62.
56
Amiens, 28 Février 1996, Gaz Pal. 1996, 2, p. 445.
57
TGI, Brest, 9 Juillet 1974, D 1975, jur, p. 418, note J. Prévault.
58
Paris, 27 Octobre 1959, D 1960, jur, p. 144.
59
TGI, Dieppe, 25 Juin 1970, Gaz Pal 1970, 2, 243 ; JCP 1970, II, 16345 bis.
60
Crim 17 Juillet 1984, D. 1985, jur, p. 7 ; Crim 7 Septembre 1990, D 1991, jur, p 13 ; JCP 1991, II, 21629.
61
Crim 11 Juillet 1992, D 1993, jur, p. 117, note M.L Rassat ; JCP 1993, II, 22043, note T. Garé
62
Civ. 2ème, 22 Avril 1977, D 1977, IR, p. 359.
45
4. Le devoir de fidélité
L’articles 252 code civil (212 du Code Civil français) dispose que les époux se doivent
mutuellement fidélité tant que le mariage n’est pas dissout définitivement par décision de
justice. C’est ainsi qu’un juge a prononcé le divorce aux torts exclusifs de l’époux séparé
d’avec sa femme, mais dont le divorce n’avait pas été prononcé aux motifs que celui-ci est
Les textes ne définissent pas la notion de fidélité. La fidélité est un devoir qui
fidélité est avant tout une fidélité sexuelle qui interdit l’adultère. L’infidélité peut être à la
loi du 11 juillet 1975, en droit français l’adultère n’est plus un délit pénal. Elle est depuis
cette loi une violation des devoirs du mariage et constitue une faute au sens de l’article 242
du Code Civil relatif au divorce pour faute. Toutefois, si l’infidélité reste une faute, cause
de divorce, elle n’est plus une cause péremptoire de divorce. Elle est une faute facultative,
car le juge peut considérer que cette infidélité n’est pas suffisamment grave pour justifier
le divorce.
*L’infidélité morale suppose des intrigues amoureuses ou une attitude trop intime avec un
tiers sans consommation de relations sexuelles. Le grief, pour être retenu au sens de l’art
242 du Code civil français comme cause de divorce doit supposer une attitude qui rend le
63
Cass. civ., 4 mai 2011, n10-17.019..
46
3. Le devoir de secours et d’assistance
* Le devoir d’assistance
Il est prévu par les articles 252 code civil (212 du Code civil français). Il s’agit d’un
devoir matériel et moral qui se manifeste au cours du mariage à apporter une aide dans le
travail et des soins en cas de maladie ou d’infirmité. Les époux durant le mariage se doivent
* Le devoir de secours
Il est expressément prévu par le code civil gabonais pendant le mariage (252).
charges du mariage. Mais, cette analyse est parfois critiquée. Une partie minoritaire de la
doctrine estime qu’il n’y a pas de différence entre les devoirs d’assistance et de secours,
pas plus qu’avec l’obligation de contribuer aux charges du mariage. Les trois sont
Les époux aujourd’hui sont appelés à exercer des fonctions ensemble et à égalité.
On parle donc de codirection de la famille (1). Au Gabon, le code civil investit le mari, chef
famille etc… A vrai dire, le droit gabonais réduit l’épouse à une mission de collaboration
(2).
1. La codirection de la famille
La codirection de la famille est rendue possible par une diminution des prérogatives
64
C. Philippe, le devoir de secours et d’assistance entre époux, thèse Strasbourg, LGDJ 1981
47
Selon l’art 213 code civil français : « les époux assurent ensemble la codirection
morale et matérielle de la famille. Ils pourvoient à l’éducation des enfants et préparent leur
avenir ». Dire que les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la
famille signifie que les époux prennent toutes les décisions en commun et à égalité. Pour
permettre l’exercice de cette codirection, des lois successives ont permis l’émancipation
de la femme pour arriver à une égalité entre l’homme et la femme dans la direction de la
famille. C’est ainsi que la puissance maritale et l’incapacité de la femme mariée ont été
supprimées par les lois du 18 février 1938, et du 22 septembre 1942. Avec la loi du 4 juillet
Sur le plan de gestion, la loi du 13 Juillet 1965 a créé une sorte d’égalité entre
disposer. Enfin, par la loi du 23 Décembre 1985, l’administration légale pure et simple est
Chaque époux en toute hypothèse, doit pouvoir exercer sa mission dans l’intérêt de la
famille. L’article 213 du Code civil français pose le principe de la codirection de la famille
un accord. Mais l’art 243 du Code civil français n’a rien prévu en cas d’un éventuel
dissentiment. On estime que le désaccord d’un conjoint constitue une sorte de droit de
veto qui empêche toute action. Mais si le désaccord devait persister, sur le plan pratique,
il trouve sa solution dans le recours soit au juge aux affaires familiales, lorsque le désaccord
concerne les enfants ou au juge du tribunal de Grande Instance, pour les autres problèmes :
les articles 217 du Code civil français, 220 du Code civil français.
doit être prise alors que l’un des époux était éloigné : art. 257 code civil
48
o ensuite, la loi présume entre époux un pouvoir de représentation réciproque
mari par la femme, à la direction du mariage : « La femme concourt avec le mari à assumer
donc la collaboration de la femme aux prérogatives de son mari sous réserve des
de l’exercice du pouvoir dans le ménage dépendra d’abord de bon vouloir du mari. Mais,
on peut aussi dire que l’exercice à égalité des affaires du ménage sera aussi à l’image de
personnalité par l’autre : même lit, rêves différents ». Nous avions dit que la codirection de
la famille suppose l’accord entre les époux. Mais chaque époux a le droit de prendre seul
les décisions mettant en cause sa personnalité. Même en droit gabonais, en dépit du fait
que le mari demeure encore le seul chef de la famille, la loi a prévu des dispositions en
faveur de la liberté des époux, en particulier des femmes mariées. En effet, l’article 255 du
code civil déclare que « Le mariage ne porte pas atteinte à la capacité juridique des époux,
mais leurs pouvoirs peuvent être limités par le régime matrimonial ou par la loi ». La loi
reconnaît donc à chaque époux de conserver sa liberté individuelle (A) qui doit être exercée
49
A. La reconnaissance de la liberté des époux
1. La liberté de corps
Elle suppose que chaque époux conserve une pleine liberté de son corps. Le mari
chirurgicales qui les concernent. Ainsi, en France, en tant que femme, l’épouse s’est-elle
17 Janvier 1975).
abandonné l’ancienne règle selon laquelle le viol commis par le mari, ne serait pas criminel.
2. La liberté d’esprit
On range ici tout ce qui concerne les droits de la personnalité. Chaque époux doit
ainsi respecter le droit à l’image, le droit au respect de la vie privée de son conjoint, le droit
3. La liberté d’action
Elle a été longtemps étouffée voire niée au nom de la puissance maritale. Depuis, dans la
pratique, la liberté d’action de la femme est devenue complète, qu’il s’agisse de son
activité professionnelle, de ses relations surtout avec sa famille, ses déplacements, ses
La liberté des époux est cependant limitée afin que soit préservée l’unité du couple.
65
Crim 17 Juillet 1984 D 1985, 7 ; Crim 5 Septembre 1990, D 1991, 13 ; Crim 11 Juin 1992, JCP 1993, II, 22043.
50
B. Le respect de l’unité du couple
L’idée est que le mariage est un engagement. L’exercice par chacun des époux de
sa liberté doit se faire dans le respect des droits et devoirs du mariage, et plus
généralement dans le respect de son conjoint. Le doyen Carbonnier écrivait « On peut dire
que le mariage crée une obligation particulière de réserve dans l’exercice de la liberté : un
époux avant d’agir doit se souvenir qu’il n’est pas seul ». En conséquence, la liberté de
corps trouve-t-elle ses limites dans l’obligation de fidélité ; la liberté d’esprit dans le respect
Les rapports entre époux, sont interdépendants (Paragraphe 1). Mais des règles
Elle est observée d’abord au niveau des charges du mariage (A). Ensuite, le
logement familial aussi en est l’objet (B). Dans les pays occidentaux, l’interdépendance des
époux existe aussi en période de crise. Ce dernier point ne sera pas étudié ici.
est le patrimoine qui doit le prendre en charge. Autrement dit, il s’agit de déterminer le
régime des dépenses qui naissent de l’entretien du ménage et l’éducation des enfants
d’abord dans les rapports entre époux. C’est la contribution aux charges du ménage (1)
d’où il est question ici. Mais le régime doit aussi être recherché dans les rapports des époux
avec les tiers que l’on identifie sous l’appellation d’obligation à la dette (2).
51
La loi impose aux époux de contribuer aux charges du mariage. - Au Gabon, cette
obligation trouve sa source dans l’article 259 dont l’alinéa 1er dispose : « Si les conventions
matrimoniales ne règlent pas la contribution des époux aux charges du ménage, ceux-ci y
ou le montant (b), son exécution (c) et enfin la sanction en cas de défaillance d’un époux
(d). – Par comparaison, l’article 214 Code Civil français prévoit : « Si les conventions
matrimoniales ne règlent pas la contribution des époux aux charges du mariage, ils y
contribuent à proportion de leurs facultés respectives. Si l’un des époux ne remplit pas ses
obligations, il peut y être contraint par l’autre dans les formes prévues au code de
procédure civile ».
a. Le domaine de la contribution
Il s’agit de rechercher quelles sont les personnes qui sont mises à contribution et
les dépenses prises en compte. L’article 259, al 1er code civil visent uniquement les époux
(214 Code civil français). Sont donc exclut les concubins. Aucun texte ne les oblige à la
contribution aux charges de la vie commune 66. Les concubins supportent, chacun de son
correspond en fait au train de vie fixé par les époux. Elle englobe donc les dépenses
courantes et nécessaires, les dépenses élevées et exceptionnelles. Sont pris en compte, les
d’emprunt 68.
Les revenus professionnels des époux peuvent servir à pourvoir aux charges du
66
Civ 1ère, 17 Octobre 2000, JCP 2001, II, 10568, note T. Garé ; D 2001, jur, p 497, obs. : R. Cabrillac
67
Civ 1ère, 19 Mars 1991, JCP 1991, IV, p 190
68
Civ. 1ère, 6 Mars 1996, D 1998, jur, p 163, note Claudel
52
mari, chef de famille : art. 259, al 1er. En fait chacun des époux y contribue en prélevant sur
notions. Celle-ci estime que l’article à la contribution des charges du mariage pouvait
absorber le devoir de secours de l’article 214 Code civil français doit être distingué du
devoir de secours de l’article 213 Code civil français relatif à l’obligation alimentaire par
Bien que les deux notions soient très proches par certains aspects, (même
communauté de vie. Mais la cour de cassation invite les juges de fonds à tenir compte des
b. L’assiette de la contribution
époux, elle pèse à titre principal sur le mari. En effet, aux termes de l’article 259, alinéa 1er
« Si les conventions matrimoniales ne règlent pas la contribution des époux aux charges du
mariage incombent au mari, à titre principal. Il est obligé, selon ses facultés et son état, de
fournir à la femme tout ce qui est nécessaire pour les besoins de la vie. La femme s’acquitte
69
Civ 1ère, 27 Octobre 1967, Défrénois 1977, art 31343, obs. H. Souleau.
70
Civ 1ère, 16 Février 1983, D 1984, jur, p. 39, note J. Revel ; Gaz Pal 1983, II, Panorama, p. 258.
53
jouissance, par ses apports en communauté et par son activité au foyer ou sa collaboration
à la profession du mari ».
En France, les époux peuvent déterminer leur contribution par une convention, soit
par contrat de mariage ou autrement 71. A défaut la contribution des époux se fait selon ses
époux en tenant compte des dépenses et des ressources de chacun. L’époux qui s’est
appauvri volontairement pour se soustraire par ce moyen à ses obligations, y sera contraint
c. Exécution de la contribution
Au Gabon, l’article 259, al. 2 prévoit que les époux contribuent aux charges du
le travail au foyer ou dans l’entreprise de l’autre époux. D’autres moyens ne sont pas exclus.
conjoint.
En France, les époux fixent librement par convention, les modalités de contribution
aux charges du mariage. Toutefois, il est interdit aux époux que l’un dispense l’autre
totalement de la contribution, même s’il n’est pas dans le besoin. De même, il est interdit
de prévoir qu’un époux reverse la totalité de ses revenus, mêmes professionnels. A défaut
71
Civ 1ère, 3 Février 1987, Gaz Pal 1987, 2, p. 384, note J. M.
72
Civ 1ère, 23 Juin 1970, D 1971, jur, p.162.
73
Civ 1ère, 23 Juin 1970, D 1971, jur, p.162.
54
de clause expresse, la contribution des époux se fait proportionnellement à leurs facultés
d. Sanction de l’obligation
ménage peut être condamné à s’exécuter. En effet, aux termes de l’article 259, alinéa 2 du
code civil, Si l’un des conjoints ne remplit pas ses obligations, il peut y être contraint, à la
requête de l’autre époux, par décision du tribunal. D’autre part, les juges peuvent prescrire
aux débiteurs de l’époux défaillant, d’effectuer le tout ou partie de leurs paiements entre
les mains de l’autre conjoint ; ils peuvent également prescrire toutes les mesures urgentes
que requiert la sauvegarde des intérêts de la famille, notamment en effectuant des saisies
sur salaire. Le recouvrement de la pension portera sur tous les biens de l’époux débiteur :
revenus et capital. L’époux débiteur qui refuse toujours d’exécuter la pension fixée par le
juge s’expose à des poursuites pour abandon de famille. Au surplus, lors de la dissolution
du régime matrimonial, l’époux qui n’a pas contribué peut être tenu de rendre compte
Le principe est que chaque époux a le pouvoir d’agir seul en matière ménagère,
chacun peut donc engager les biens du ménage. Dans le domaine ménager, un époux
peut contracter seul sans l’accord de l’autre. Toute dette contactée à cet effet oblige
solidairement les deux époux, sauf refus de l’autre porté préalable à la connaissance des
créanciers. Les dettes doivent être celles relatives à l’entretien du ménage et l’éducation
On peut entendre par ménage et entretien au sens de l’article 258 code civil les
deux époux, les enfants mineurs ou majeurs vivants ou non au foyer, toute personne qui vit
et s’intègre de manière continue au foyer. Le ménage peut être celui séparé de fait. Quant
à la notion d’entretien, elle recouvre les dépenses de la vie courante concernant l’entretien
55
physique et intellectuel (nourriture, vêtements, eau, électricité, téléphone, assurances, frais
La solidarité est écartée dans certains cas, lorsque la dette n’est destinée ni à
l’entretien du ménage, ni à l’éducation des enfants 74. En effet, selon les alinéas 2 et 3 de
l’article 258, la solidarité n’a pas lieu pour des dépenses manifestement excessives, eu
la bonne ou mauvaise foi du tiers. La solidarité n’a pas lieu non plus pour les obligations
résultant d’achats à tempérament, s’ils n’ont pas été conclus par consentement des deux
époux.
3. Le logement familial
dispose que « les époux ne peuvent l’un sans l’autre disposer des droits par lesquels est
assuré le logement de la famille, ni les meubles meublants dont il est garni ». L’alinéa 4
ajoute « Celui des époux qui n’a pas donné son consentement à l’acte de disposition peut
en demander l’annulation ; l’action en nullité lui est ouverte dans l’année à partir du jour
où il a eu connaissance de l’acte, sans pour autant être intentée plus d’un an après la
l’interdiction de disposer des droits par lesquels est assuré le logement de la famille et des
familial. La même démarche est retenue en droit français. C’est ainsi que l’article 215 Code
civil français, al 3 dispose « les époux ne peuvent l’un sans l’autre disposer des droits par
lesquels est assuré le logement de la famille, ni les meubles meublants dont il est garni ».
Il faut essentiellement retenir que les époux sont ici cotitulaires du droit au bail
servant à l’habitation de la famille. Ce droit de cotitularité du bail concerne tout local loué,
peu importe que la conclusion du bail ait eu lieu avant ou après le mariage. Mais, il doit
74
Civ 1ère, 15 Novembre 1994, JCP 1995, I, 3869, n° 2 ; Civ 1ère, 14 Février 1995, JCP 1995, II, 22498 ; Civ 2ème,
24 Novembre 1999, JCP 2000, II, 10284, note Casey.
56
s’agir d’un local servant à l’habitation de la famille. Autrement dit, le local doit être
effectivement habité par les deux époux. Est donc exclue la résidence secondaire. Par ce
texte, l’accord des époux est indispensable pour tout acte de disposition portant sur le bail.
De même, le congé signifié par le bailleur, pour être efficace, doit avoir été délivré
à chaque époux, sinon il demeure inopposable au conjoint qui ne l’a pas reçu, sauf si le
En cas de défaut de consentement d’un époux, une action en nullité relative est
ouverte au conjoint dans l’année à partir du jour où il a eu connaissance de l’acte sans aller
individuel ou personnel (A) mais de façon relative dans la vie professionnelle de l’épouse
(B)
En droit gabonais, l’article 368 76 relatif au régime de séparation des biens dispose
que chacun des époux conserve dans le régime de séparation des biens, l’administration,
la jouissance et la libre disposition de ses biens personnels. Donc, le principe est que
Désormais, dans le régime de communauté des biens réduite aux acquêts, les biens
communs sont conjointement administrés par les époux, qui administrent chacun son
propre.
75
Loi du 21 Juillet 1994 reformant l’article 9-1 de la loi du 6 Juillet 1989
76
« Dans le régime légal de la séparation des biens, et sous réserve de l’article 306 du présent code, chacun des
époux conserve l’administration, la jouissance et la libre disposition de ses biens personnels.
Chacun d’eux reste seul tenu des dettes nées en sa personne, avant ou pendant le mariage, hors le cas de l’article 258
du présent code ».
57
L’indépendance des époux en matière de gestion de leurs biens à caractère
individuel est atténuée dans certaines situations. D’abord, lorsqu’on est en face d’un
logement de famille, même s’il est le propre d’un époux, celui-ci ne peut être aliéné sans
le consentement de l’autre (art. 254, al 3 du code civil et art. 215, al 3 Code civil français).
Ensuite, les revenus que procurent les biens propres dans un régime de communauté, ont
Enfin, le principe de l’indépendance des époux est atténué par le jeu des mandats
entre époux ou par le mécanisme des habilitations judiciaires en cas d’abus ou de mise en
Elle trouve son origine dans les dispositions de l’article 261 code civil dispose « La
femme peut exercer la profession de son choix, à moins que le mari demande au tribunal
de lui interdire, dans l’intérêt de la famille, l’exercice de cette profession ». On ne peut pas
parler de véritable autonomie de la femme mariée au Gabon lorsque celle-ci exerce une
activité professionnelle. Dans ce cas, elle peut administrer et disposer pendant le mariage
des biens qu’elle a acquis dans son activité professionnelle pour les besoins de son
commerce.
Les articles 261 code civil gabonais et s permettent, non seulement de laisser à
chaque époux une liberté dans le choix de sa profession, mais également dans la
profession ne doit pas constituer un manquement grave de l’épouse à ses devoirs mettant
Par comparaison, l’article 223 Code civil français dispose : « Chaque époux peut
librement exercer une profession, percevoir ses gains et salaires et en disposer après s’être
58
Sous-titre deuxième. La rupture du mariage
La mort et le divorce constituent les deux principales causes de dissolution du lien
conjugal. Alors que le mariage se dissout par la mort naturelle de l’un des époux, le divorce
est la dissolution judiciaire du mariage. A ces deux causes s’ajoute par assimilation au
divorce l’absence déclaré d’un époux, même si par la suite, le jugement déclaratif
d’absence est annulé avec le retour de l’absent ou de la présence de son existence (Article
264 du code civil). Il faut ajouter la nullité comme mode de dissolution du mariage.
donc deux types d’atteintes au lien matrimonial qui sont le divorce (chapitre 1) et la
Il convient donc d’analyser les différentes causes de divorce (section 1), les points
communs des différentes causes de divorce (Section 2). Il convient ensuite de parler de la
Aux termes de l’article 266 du code civil : Le divorce peut être prononcé à la
demande de l’un des époux en cas : 1°) d’adultère du conjoint (Paragraphe 1);
2°) de condamnation ferme de l’autre époux à une peine privative de liberté égale ou
77
De 1804 à 1975, le droit français a officiellement connu deux types de divorce qui sont le divorce par
consentement mutuel et le divorce pour faute. La loi de 1975 avait organisé quatre types de divorce qui sont :
le divorce sur requête conjointe, le divorce sur double aveu, le divorce pour rupture de la vie commune,
subdivisé en divorce pour altération des facultés mentales et divorce pour séparation de fait prolongée et le
divorce pour faute. Avec la loi du 26 Mai 2004, des modifications ont été apportées à ces cas de divorce. On
n’a désormais le divorce par consentement mutuel, le divorce pour faute, le divorce par acceptation du
principe de la rupture ou tout simplement divorce accepté, le divorce pour altération définitive du lien
conjugal et enfin le divorce pour faute.
59
3°) d’excès, sévices et injures graves rendant la vie conjugale intolérable ; (Paragraphe 3)
5°) de violation grave par le conjoint des devoirs résultant du mariage ; (Paragraphe 5)
6°) de rupture de l’engagement pris sur le choix du mariage monogamique prévu à l’article
177, paragraphe 5 du présent code, sous réserve des dispositions de l’article 178 du
Le divorce peut également être prononcé à la demande de l’un des époux lorsque le
conjoint mène une vie si déshonorante que la vie commune devient insupportable au
aux dispositions des articles 130 et suivants du présent code (Paragraphe 8).
Lorsque deux époux vivent séparés de fait depuis au moins trois ans, le divorce peut être
prononcé à la requête conjointe des deux époux ou à la demande de l’un d’eux, pour ce
Selon l’alinéa 1er de l’article 266 du code civil, le divorce peut être prononcé à la
demande de l’un des époux en cas d’adultère du conjoint. L’adultère est entendu comme
le fait d’avoir volontairement des rapports sexuels avec une autre personne que son
conjoint. Il s’agit d’une atteinte portée au devoir de fidélité. Toutefois, il faut distinguer
peut avoir une approche extensive de la notion d’adultère et l’étendre à des flirts très
poussés. Autrement dit, l’on peut avoir une analyse matérielle et une analyse
gabonais.
divorce si son conjoint est condamné fermement à une peine privative de liberté égale ou
60
supérieure à un an pour crime ou délit volontaire de droit commun. L’hypothèse ici est celle
de l’époux qui a commis un délit volontaire. Non seulement celui-ci aurait enfreint les règles
sociales mais au surplus il sera emprisonné. Parce qu’en prison, il ne pourra plus par
Paragraphe 3. Le divorce pour les excès, sévices et injures graves rendant la vie conjugale
intolérable
Il faut ici insister sur la définition que l’on doit avoir des propositions du législateur.
Il faut entendre par excès tout comportement qui dépasse ce qui est normalement
(socialement) autorisé. Il s’agit d’une notion dont on ne peut avoir une définition statique.
Elle doit être entendu de façon large et en prenant en considération tous les éléments de
Pour ce qui est des sévices, il s’agit des mauvais traitements physiques exécutés sur
Les injures sont des offenses envers une personne, il peut s’agir d’expression
outrageante, terme de mépris ne renfermant l'imputation d'aucun fait précis. L’injure est
un délit lorsqu'elle est publique et une contravention dans le cas contraire. Il faut noter qu’il
Ces différents faits pour être constitutifs de cause de divorce doivent rendre la vie
conjugale intolérable.
L’alcoolisme est l’addiction à l’éthanol (alcool éthylique) contenu dans les boissons.
Il est retenu par le législateur comme cause de divorce. L’organisation mondiale de la santé
définit l’alcoolisme comme une maladie et l’entend comme des troubles mentaux et
législateur gabonais ne retient pas la même définition, mais retient plutôt l’alcoolisme
61
comme une déviance sociale susceptible de troubler la vie en famille. L’usage des
Paragraphe 5. Le divorce pour cause de violation grave par le conjoint des devoirs résultant
du mariage
Les devoirs résultant du mariage ont été envisagés plus haut. Il s’agit du devoir de
par le conjoint des devoirs du mariage ouvre la voie à une action en divorce.
monogamique
Code civil. Sa rupture est une cause de divorce. Les époux lors de la célébration du mariage
doivent indiquer le choix de leur option matrimoniale. Ce choix est ouvert entre l’option
l’époux, la polyandrie n’étant pas prévue par le Code civil. Lorsque l’engagement est pris
sur l’option monogamique, l’époux ne peut rompre cet engagement. Il y a lieux de préciser
que cette rupture unilatérale n’est pas possible, mais néanmoins, les dispositions de l’article
178 du code prévoient la pour les époux peuvent, au cours du mariage, de renoncer à
l’option monogamique. Une exigence accompagne cette renonciation, c’est qu’elle soit
constatée par une déclaration conjointe faite devant un notaire ou un Officier d’état civil
Le divorce peut également être prononcé à la demande de l’un des époux lorsque
le conjoint mène une vie si déshonorante que la vie commune devient insupportable au
demandeur. La qualification du déshonneur est une question de fait qui sera certainement
62
appréciée souverainement par les juges du fond. L’on a ici deux conditions cumulatives qui
peuvent ouvrir la voie à une demande en divorce. En effet, non seulement, la vie doit être
L’absence est l’état d'une personne dont on ignore si elle est encore en vie alors qu'aucun
événement particulier connu ne fait présumer le décès. Aux termes de l’article 130, alinéa
1er du Code civil « Lorsque deux ans se sont écoulés depuis les dernières nouvelles du
présumé absent, les parties intéressées peuvent demander que son absence soit déclarée
son mariage. Cette possibilité est prévue par l’article 142 du Code civil. En effet, selon cet
article, Le mariage de l’absent peut être dissout, à la demande de l’autre conjoint, après
Lorsque deux époux vivent séparés de fait depuis au moins trois ans, le divorce
peut être prononcé à la requête conjointe des deux époux ou à la demande de l’un d’eux,
pour ce seul fait. La prescription est logique tant elle semble en phase avec la conception
du mariage par le législateur. Une séparation de fait qui dure depuis plus de trois mois
de ce fait.
Les causes de divorce sont énumérées sous l’article 266-1, à 7. Cet article regroupe
les motifs pour lesquels le divorce peut être demandé et prononcé. Il s’agit de :
63
1°) d’adultère du conjoint ;
2°) de condamnation ferme de l’autre époux à une peine privative de liberté égale ou
6°) de rupture de l’engagement pris sur le choix du mariage monogamique prévu à l’article
177, paragraphe 5 du code civil, sous réserve des dispositions de l’article 178 du code civil.
7 ) Le divorce peut également être prononcé à la demande de l’un des époux lorsque le
conjoint mène une vie si déshonorante que la vie commune devient insupportable au
demandeur.
A l’analyse, l’on se rend compte que les comportements énumérés par le législateur
faute d’un époux est une cause de divorce lorsque les faits qui lui sont imputables
rendant intolérable le maintien de la vie commune 78. Quels sont les éléments constitutifs
divorce ?(paragraphe 2)
La faute, cause de divorce doit être un fait personnel (1), illicite (2) et imputable (3)
1. Un fait personnel
La notion de « faits » constitue une catégorie très large englobant « tout fait quelconque »
de l’article 1382 du code civil aux faits de toute nature : atteintes physiques, morales,
78
Droit civil, la famille, 9ème éd, Montchrestien 2006, n° 368, p 551.
64
gestes, paroles, écrits, comportements, conduites, mode de vie, relations etc…Il peut s’agir
de faits positifs que de faits d’abstention (défaut de soins, privation d’affection, non
contribution aux charges du foyer etc…) correspondant. Un seul fait peut suffire à constituer
2. L’illicéité du fait
Les faits reprochés ne peuvent être admis comme cause de divorce que s’ils
constituent une « violation des devoirs et obligations du mariage ». Le fait qualifié comme
cause de divorce est un manquement aux devoir conjugaux. Tous les devoirs et obligations
du mariage peuvent être pris en considération. La violation de l’un quelconque d’entre eux
Ainsi, sont pris en compte, la violation de l’ensemble des devoirs nommés tels que
familiale), la violation du devoir de fidélité (ici, il ne s’agit pas seulement d’adultère mais
aussi de toute intimité c’est-à-dire fréquentation persistante avec un tiers et qui menace
l’unité du couple), tout comme les devoirs innommés, c’est-à-dire le devoir de respecter
l’autre dans l’ensemble de ses droits et intérêts légitimes (honneur, affection familiale) ;
2.
3. L’imputabilité du fait
Un fait est imputable à faute si son auteur avait, en agissant, une volonté consciente
et libre. Donc seul un fait imputable à son auteur peut être retenu comme faute. C’est ainsi
que l’altération des facultés mentales tout comme la force majeure constitue ainsi des
65
causes de non-imputabilité. La victime d’un viol ne peut donc pas se voir reprocher la
1. La violation grave
La violation des devoirs et obligations du mariage, avions-nous dit, doit être grave.
La gravité signifie que la faute ne doit pas être insignifiante et que la répétitivité est
assimilée à la gravité ; ce qui permet de retenir une succession de fautes même bénignes
qui s’accumulent. Les juges apprécient de façon souveraine la faute 79. Les juges apprécient
des époux.
intolérable le maintien de toute vie commune. C’est un critère décisif. Donc la faute ou la
violation d’une obligation du mariage ne doit pas être seulement grave 80 . En fait la violation
des devoirs conjugaux doit avoir un effet psychologique intolérable pour l’un des époux.
La raison est de ne pas laisser la porte ouverte à des demandes en divorce fondées sur des
fautes passagères susceptibles d’être vite oubliées et surtout l’incompatibilité d’humeur 81.
79
Civ. 2ème, 25 Mai 1994, JCP 1995, I, 3813, Obs : Ferré-André ; Civ 2ème, 20 Juin 1996, Bull civ II, n° 170 ; Civ
2ème
, 4 Mars 1998, Bull civ II, n° 68
80
Civ 2ème, 8 Novembre 1989, D 1990, Somm, p. 97 ; civ 2ème, 25 Mai 1994 JCP 1995 I 3813
81
civ 2ème, 8 0ctobre 1986, D 1987, Somm, p. 276.
66
Le divorce répond à un minimum d’exigence commune au niveau de la
qui veut former une demande en divorce présente, en personne, sa requête au Président
du tribunal ou le juge délégué au divorce par le Président du tribunal (les articles 269 et s.).
C’est également lui qui a compétence pour prononcer les conséquences du divorce.
A. La phase de conciliation
les époux sont détenteurs de l’action en divorce (1). Cette action est dirigée contre les
époux (2).
1. La demande
En droit gabonais, « L’époux qui veut former une demande en divorce présente, en
demande en divorce. Elle ne contient pas non plus les faits à l’origine de la demande. C’est
dire que l’époux demandeur en divorce reste libre de choisir dans la seconde phase de la
procédure le cas de divorce sur lequel il entend fonder son action. On peut noter
l’originalité du droit gabonais qui n’exige pas la présence de l’avocat et fait la part belle à
divorce ne comporte plus les motifs du divorce. Selon l’article 251 Code civil français :
« l’époux qui forme une demande en divorce présente, par avocat, une requête au juge.
67
La requête initiale comprend les demandes relatives aux mesures provisoires. Une
demande nouvelle est possible à l’audience lorsque les deux parties comparaissent à
grave, il peut solliciter des mesures urgentes. Ces mesures urgentes consistent dans
2. La tentative de conciliation
Au Gabon, selon l’article 270, « le juge, après avoir entendu le demandeur et lui
avoir fait les observations qu’il croit convenables, ordonne au bas de la requête que les
parties comparaîtront devant lui au jour et à l’heure qu’il indique, pour conciliation, et
commet un agent d’exécution pour notifier la citation. La citation en conciliation doit être
signifiée, à peine de nullité, huit jours au moins avant la date de l’audition de conciliation,
outre les délais de distance. Elle est délivrée sous pli fermé ». (art. 270 code civil).
Au jour indiqué, le juge entend les parties séparément, puis les réunit afin de tenter
une conciliation. Si l’une des parties se trouve dans l’impossibilité de se rendre auprès du
pour entendre le défendeur. Les époux sont tenues de comparaître en personne, sans
pouvoir se faire assister d’avocats ni de conseils. Art. 271 code civil. Lorsque le conjoint
82
« En cas de non-conciliation, de défaut ou d’ajournement, le juge peut autoriser les époux à résider
séparément ou enjoindre à l’un deux de quitter la résidence commune. Il statue, le cas échéant, sur la remise des effets
personnels, sur les demandes relatives aux aliments pour la durée de l’instance et sur les autres provisions.
Il peut autoriser l’un des époux à prendre des mesures conservatoires sur les biens de la communauté et sur les biens
dont l’autre époux a l’administration ou la jouissance. Il peut notamment autoriser l’apposition des scellés et nommer,
s’il y a lieu, un administrateur séquestre de ces biens ou de certains d’entre eux.
Les scellés sont levés à la requête de la partie la plus diligentée ; les objets et valeurs sont inventoriés et prisés, et l’époux
qui est en possession en est constitué gardien judiciaire, à moins qu’ils ne soient remis à l’administrateur séquestre.
Le juge peut également, sur la demande de l’un des époux, d’un membre de la famille, du Ministère public ou même
d’office, ordonner toutes mesures qui lui paraissent nécessaires dans l’intérêt des enfants mineurs. A cet effet, il a la
possibilité de commettre toute personne qualifiée pour recueillir des renseignements sur les conditions dans lesquelles
vivent et sont élevés les enfants, et sur les mesures à prendre quant à leur garde ».
68
présent et l’invite à la réflexion. En définitive lorsque le défendeur ne se présente pas à une
En droit français, le juge convoque par lettre recommandée avec demande d’avis
art 1107 al 1 CPC. Cette convocation a lieu 15 jours au moins avant la date de la
conciliation.
présenter en personne, seul ou assisté d’un avocat. Elle doit préciser que l’assistance d’un
mariage : art 1108 al 2 CPC. La convocation est accompagnée d’une notice sur les
dispositions des articles 252 à 254 et 255-1 et 2 civ relatifs à la médiation familiale et jointe
à la convocation.
b. L’issue de la tentative
o il peut rendre une ordonnance renvoyant les parties à une nouvelle tentative de
conciliation dans un délai maximum de 6 mois : art 252 et 252-2 code civil français ;
de commun par les époux) des effets du divorce : art 252-3 al 2 code civil français .
tribunal.
tribunal.
69
Toutefois, avant d’autoriser le demandeur à assigner son conjoint, le juge peut,
suivant les circonstances, ajourner les parties pour une durée qui ne peut excéder 6 mois.
A l’expiration de ce délai et sur une nouvelle citation, le juge procède à une autre tentative
statue, le cas échéant, sur la remise des effets personnels, sur les demandes relatives aux
Il peut autoriser l’un des époux à prendre des mesures conservatoires sur les biens
peut notamment autoriser l’apposition des scellés et nommer, s’il y a lieu, un administrateur
Les scellés sont levés à la requête de la partie la plus diligente ; les objets et valeurs
sont inventoriés et prisés, et l’époux qui est en possession en est constitué gardien
Le juge peut également, sur la demande de l’un des époux, d’un membre de la
famille, du Ministère public ou même d’office, ordonner toutes mesures qui lui paraissent
nécessaires dans l’intérêt des enfants mineurs. A cet effet, il a la possibilité de commettre
toute personne qualifiée pour recueillir des renseignements sur les conditions dans
lesquelles vivent et sont élevés les enfants, et sur les mesures à prendre quant à leur garde
Les mesures prévues au précédent article peuvent également être prescrites avant
la comparution des époux en conciliation par une ordonnance du juge, sur requête de
70
ordonnées, rapportées ou modifiées par le juge statuant en référé. (Article 274).
reconventionnelles (2), Les fins de non-recevoir (3), la preuve (4), le jugement de divorce
1. L’assignation
L’époux demandeur qui a été autorisé à assigner son conjoint doit user de cette
autorisation dans un délai de vingt jours à compter de l’ordonnance ; à défaut, les mesures
provisoires ordonnées à son profit cessent de plein droit à expiration de ce délai. Lorsque
le tribunal est saisi, il peut ordonner, rapporter ou modifier les mesures provisoires prévues
personnelle des époux. Sauf empêchement grave dûment constaté, le demandeur qui ne
comparaît pas est débouté de sa demande et le défendeur qui ne comparaît pas, est
Les débats ne sont pas publics, mais le jugement est rendu en audience publique (276 al.
6 Code civil). Le défaut de publicité est encadré par le législateur gabonais. En effet, selon
les articles 282 et 283, la reproduction des débats par la voie de la presse dans les instances
disposition sera puni d’un emprisonnement de dix jours à 3 mois et d’une amende de
De même, quiconque aura, par tout moyen, tenu ou tenté de tenir son conjoint dans
71
dernier, sera puni d’une peine d’emprisonnement d’un mois à 6 mois et d’une amende de
20.000 francs à 500.000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement. Sera punie des
mêmes peines, toute personne qui, par tout moyen, aura fait engager ou poursuivre une
époux, le défendeur réplique par une demande visant à faire reconnaître un partage des
torts. En droit gabonais les demandes reconventionnelles peuvent être formées en appel
divorce en une demande en séparation de corps peut avoir lieu, même en appel. Au
contraire, une séparation de corps ne peut être transformée en demande en divorce devant
la juridiction d’appel.
sur une demande principale de même nature, mais le demandeur en instance de séparation
En droit français, selon l’article 257-1 Code civil français, suite à l’ordonnance de non
prévu par l’article 246, al. 1er du Code civil français. Ainsi entre une demande pour altération
définitive du lien conjugal et une demande pour faute, la priorité est donnée à la demande
pour faute. Le divorce est prononcé aux torts exclusifs du conjoint si la demande est
72
accueillie. Si elle est rejetée alors, le juge statue sur la demande pour altération définitive
du lien conjugal : art 246 al 2 Code civil français. Si les conditions de l’article 238 Code civil
définitive du lien conjugal, le divorce est prononcé de droit quelle que soit la durée de la
principale en divorce, le juge examine d’abord la demande en divorce : art 297-1 Code
civil français.
Il peut aussi invoquer une fin de non-recevoir qui permet de rejeter la demande
mariage. De même, le décès d’un époux qui intervient avant ou pendant l’instance jusqu’au
moment où le divorce est devenu définitif est une fin de non-recevoir absolue. La
réconciliation entre les époux qui suppose que l’époux outragé pardonne à l’époux
coupable qui accepte son pardon rend irrecevable l’action en divorce fondée sur des faits
La réconciliation des époux intervenue depuis les faits allégués empêche de les
invoquer comme cause de divorce, (art 267 al 1er code civil). Le juge dans ce cas déclare la
demande irrecevable. Mais, une nouvelle demande peut être formée à partir des faits
nouveaux survenus ou découverts depuis la réconciliation. Dans ce cas, les faits anciens
peuvent être rappelés à l’appui de la nouvelle demande (art 267 al 2 code civil). Si le
demandeur en divorce nie qu’il y ait eu réconciliation, le défendeur en fera la preuve, soit
4. La preuve
73
La preuve du divorce incombe à l’époux demandeur qu’il soit demandeur principal
restrictions (b).
etc…Les lettres missives ne doivent pas avoir été obtenues par fraude ou violence
de chacun des époux au risque d’être écarté des débats. De même, le constat d’huissier
peut ordonner une enquête sociale pour l’aider à se déterminer sur les modalités d’exercice
de l’autorité parentale.
o La première restriction trouve sa source dans le refus toute violence et fraude pour
obtenir la preuve.;
o La troisième restriction, qui est la plus importante a son origine dans l’article 276,
alinéa 3 Code civil qui refusent que les descendants des conjoints soient entendus
sur les griefs invoqués par les époux à l’appui de leur demande en divorce ou
5. Le jugement de divorce
74
Aux termes, de l’article 286 code civil, le dispositif du jugement ou de l’arrêt qui
prononce le divorce doit énoncer, le cas échéant, la date de la décision ayant autorisé les
époux à résider séparément. Cette date doit figurer dans la mention marginale ou dans la
Une fois le jugement prononcé, son dispositif ou celui de l’arrêt le prononçant est
transcrit sur les registres de l’état civil du lieu où le mariage a été célébré. Mention de ce
Si le mariage a été célébré à l’étranger, la transcription est faite sur les registres de
l’état civil du lieu où les époux avaient leur dernier domicile au Gabon et à défaut, sur les
jugement ou de l’arrêt est faite en marge de l’acte de mariage et de naissance si ces actes
figurent sur un registre tenu par une autorité gabonaise (Art 287 code civil).
mariage et donne aux époux un nouvel état, celui de conjoint divorcé sous réserve des
dispositions de l’article 214 du code civil relatif au remariage de la femme : (Article 288).
Toutefois, il n’est opposable aux tiers que du jour de la transcription à moins qu’il soit établi
qu’ils en ont eu connaissance. D’autre part, il remonte quant à ses effets entre époux, en
appel pourra lui-même faire l’objet d’un pourvoi en cassation dans les délais de droit
commun. Ainsi, les effets du divorce sont-ils suspendus jusqu’à épuisement des voies de
recours ou jusqu’à expiration des délais de voies de recours (art 284 code civil) sauf pour
les décisions relatives aux charges du mariage de même que les mesures prises en
75
Section 4. Les effets du divorce
Le divorce produit deux grandes sortes d’effets. D’abord, les effets personnels
entre les époux puisque le divorce a pour conséquence de dissoudre le mariage. Ensuite
des effets pécuniaires lesquels sont très nombreux, ce qui nous oblige à éluder dans notre
étude certains effets pécuniaires relatifs au sort du logement familial, aux avantages
Mais quels que soient les effets, ceux-ci doivent être réglés dans les rapports entre
époux d’abord (Paragraphe 2), et à l’égard des tiers, ensuite (Paragraphe 3). Cela suppose
préalablement que soit fixée et établie la date de départ des effets (Paragraphe 1) qui
varient selon que ces effets sont relatifs aux rapports personnels entre époux ou relatifs à
leurs biens.
Selon l’article 288, alinéa 1er code civil « Le jugement ou l’arrêt prononçant le
divorce dissout le mariage du jour où il devient définitif… ». Cet article fixe la règle relative
Dans les rapports entre époux, le divorce remonte quant à ses effets, en ce qui
touche leurs biens, au jour de la signification de la citation en conciliation (288 al. 3 code
civil).
Vis-à-vis des tiers et concernant les biens des époux, le divorce leur est opposable
au jour où les formalités de mention en marge des actes de l’état civil des époux ont été
effectuées (art. 288, alinéa 3 code civil, art 262 Code civil français), à moins qu’il soit
Sur le plan personnel, le divorce signe la disparition des droits et obligations des
époux (A) et du droit de porter le nom de l’ancien conjoint ou de son ex mari (B).
76
A. La disparition des droits et obligations des époux
Cela suppose que chacun des époux retrouve la liberté de se remarier même à
nouveau entre eux. Dans cette hypothèse, une nouvelle célébration sera nécessaire : (art
prononcé. Elle est tenue d’observer un délai de 300 jours appelé délai de viduité qui court
En effet, aux termes de l’article 214, la femme divorcée, veuve ou dont le mariage
a été annulé ne peut, moins de 300 jours après le divorce, le décès du conjoint ou
l’annulation du mariage, contracter une nouvelle union sans avoir présenté un certificat de
Ce délai peut être abrégé conformément aux dispositions de l’article 215 code civil
par le Président du tribunal civil dans le ressort duquel le mariage doit être célébré, par
ordonnance rendue lorsqu’il résulte avec évidence que depuis 300 jours, le précédent mari
n’a pas cohabité avec sa femme. Par ailleurs, ce délai prend fin en cas d’accouchement.
dit, l’enfant né plus de 300 jours après que le divorce soit devenu définitif ne peut
obligations des parents : (art 286 Code civil français, art 295 et 296 code civil).
Par ailleurs, par le divorce, le lien d’alliance disparaît entre les époux mais certains
Avec le divorce, chacun, en particulier la femme reprend son nom : art 290 code
civil (art 264, al. 1er du code civil français). Dans tous les cas, la femme qui se remarie perd
77
définitivement l’usage du nom de son ex-époux. De même, selon l’article 98, alinéa 2 du
code civil, le décès du mari ne prive pas la femme du droit de porter le nom du défunt ou
L’époux aux torts duquel le divorce a été prononcé perd tous les avantages que
l’autre époux lui avait faits, soit par son contrat de mariage, soit depuis le mariage (Article
292 code civil). L’époux qui obtenu le divorce conserve les avantages à lui faits par l’autre
époux, encore qu’ils aient été stipulés réciproques et que la réciprocité n’ait pas lieu.
En revanche, Si le divorce a été prononcé aux torts réciproques des époux, chacun
d’eux perd les avantages que l’autre lui avait faits et ne peut se prévaloir des dispositions
de l’article 292 (Article 293 code civil). De façon générale, les effets pécuniaires peuvent
être rangés en deux catégories, la pension alimentaire (A) et les dommages-intérêts (B)..
A. La pension alimentaire
Le divorce normalement met fin à tous les devoirs et obligations du mariage. Mais,
le devoir de secours peut subsister au profit de l’époux qui a obtenu le divorce. En pratique,
Selon l’article 292 code civil, Si les époux ne s’étaient fait aucun avantage, ou si les
avantages stipulés ne paraissent pas suffisants pour assurer la subsistance de l’époux qui a
obtenu le divorce, le tribunal peut condamner le conjoint coupable à lui verser une pension
alimentaire. Si le divorce a été prononcé aux torts réciproques des époux, chacun d’eux
perd les avantages que l’autre lui avait faits et ne peut se prévaloir des dispositions de
l’article 293.
au quart du revenu du conjoint, si celui-ci est marié à deux femmes, au sixième s’il est marié
78
à trois femmes, au huitième s’il est marié à quatre femmes et, s’il est marié plus de quatre
est révisable en fonction des modifications intervenues dans les ressources et les besoins
de chacun des époux. La charge est transmissible aux héritiers du débiteur. Mais la pension
pension peut être modifiée ou supprimée en cas de changement survenu dans la situation
du créancier et du débiteur. Elle peut également être supprimée dans le cas d’inconduite
En droit français, depuis la réforme du 26 mai 2004 entrée en vigueur le 1er janvier
2005, le nouvel article 270, al 1er du code civil français dispose : « le divorce met fin au
devoir de secours entre époux ». On peut donc dire que la loi de 2004 a supprimé le devoir
de secours ou la pension alimentaire quelle que soit la cause du divorce. Toutefois, l’alinéa
2 du même article offre la possibilité à l’un des époux d’être tenu de verser à l’autre une
mariage crée dans les conditions de vie respectives. Cette prestation a un caractère
forfaitaire qui prend la forme d’un capital dont le montant est fixé par le juge. Ce dernier
peut d’ailleurs refuser de l’octroyer si l’équité le lui commande selon les critères retenus
par l’article 271 du code civil français , soit lorsque le divorce est prononcé aux torts
particulières de rupture : art. 270, al. 3 du code civil français. Cette prestation à caractère
B. Les dommages-intérêts
réparations dues par l’époux contre lequel le divorce a été prononcé, les juges peuvent
79
allouer au conjoint qui a obtenu le divorce des dommages-intérêts pour le préjudice
matériel ou moral à lui causé par la dissolution du mariage. La demande est présentée à
De même, l’époux victime d’un divorce peut également exercer cette action sur le
fondement de l’article 1382 du code civil français en réparation du préjudice. Dans ce cas,
démontrer l’existence d’une faute, d’un préjudice et d’un lien de causalité. Le préjudice
La loi française de 2004 a largement modifié les termes de l’article 266 Code civil
conjugal qui n’a lui-même formé aucune demande en divorce, peut se voir accorder des
dommages-intérêts. Il en est de même de celui dont le divorce est prononcé aux torts
mariage. Tout comme avant, la demande est formée à l’occasion d’une action en divorce :
Au prononcé du divorce, les enfants sont confiés à celui des parents qui a obtenu
le divorce, à moins que le tribunal, sur la demande de l’un d’eux, d’un ascendant, d’un
oncle, tante, frère ou sœur des enfants, ou du Ministère public, et au vu des renseignements
recueillis, n’ordonne, dans l’intérêt des enfants, que tous ou quelques-uns d’eux seront
confiés soit à l’autre parent, soit à une tierce personne (Article 294 code civil).
A moins que l’intérêt de l’enfant ne s’y oppose, les père et mère conservent
même réserve, ils jouissent également du droit de visite dans les conditions fixées par le
juge.
80
Lorsque la personne à laquelle est confiée la garde de l’enfant n’aura pas rempli
ses obligations vis-à-vis de celui-ci, l’un des parents ou le Ministère public pourra demander
Enfin, le parents chez qui les enfants n’ont pas leur résidence habituelle ou qui n’a
alimentaire. Sont concernés par la pension, non seulement les enfants mineurs mais aussi
le parent qui assume à titre principal la charge d’un enfant majeur qui ne peut par lui-même
Au Togo, les enfants en dessous de l’âge de 7 ans sont confiés à la femme, sauf si
le juge, sur la demande soit du mari ou du conseil de famille ou du Ministère public décide
de confier, pour le grand avantage des enfants, certains à la mère, d’autres au père soit à
une tierce personne : art 151 al 1 Code togolais des personnes et de la famille. Au-delà de
à une tierce personne : art 151 al 2 Code togolais des personnes et de la famille.
Quelle que soit la personne à qui l’enfant est confié, les père et mère conservent
l’enfant (Art 125 Code togolais des personnes et de la famille). Le juge fixe les modalités
du droit de visite du parent privé de la garde de l’enfant. Le juge peut à tout moment
circonstances l’exigent.
81
Chapitre deuxième : Le relâchement du lien conjugal
Entre le mariage et le divorce, existent des situations intermédiaires, que l’on dit
mélangées d’union et de rupture. C’est le cas par exemple de prédécès d’un époux qui
laisse survivre certains effets du mariage surtout, lorsque le conjoint survivant ne s’est pas
remarié alors que la mort d’un conjoint suppose la rupture la plus totale du mariage. Ces
situations de désunions sont dites intermédiaires parce qu’on ne sait si elles sont
situation de fait qui est la situation la plus courante mais désorganisée même si elle
ensemble. Le mariage est maintenu, mais les époux ne cohabitent plus. L’existence de la
corps peut être prononcée pour les mêmes causes que le divorce (297 code civil). Les
dispositions des articles 267, 268 et 269, alinéas premier code civil sont applicables à la
séparation de corps (Article 298, code civil). Le tuteur d’une personne judiciairement
82
En droit français, la séparation de corps était comprise comme le divorce des
Elle fut supprimée par la loi du 20-25 Septembre 1792 qui introduisit le divorce.
Réintroduite par le code Napoléon de 1804, elle fut maintenue en 1816 puis par la loi
nom du mari. Entre époux, la séparation de corps fait cesser la vie commune et met fin aux
pouvoirs prévus aux articles 253 et 257 (Article 299 code civil). Elle laisse subsister entre
époux les devoirs de secours et d’assistance. Le devoir de secours subsiste et comme il n’y
alimentaire qui tient compte des besoins de l’époux qui la réclame et de la fortune de celui
qui la doit.
Mais l’époux contre lequel la séparation a été prononcée est tenu au devoir de
fidélité (Art. 299, al. 2). Les époux ne peuvent se remarier à un tiers et sont tenus du devoir
corps avec indulgence 83. La femme séparée de corps cesse d’avoir pour domicile légal le
domicile de sort mari (Art. 299, al. 3). Toute signification faite à un époux séparé de corps
relativement à une question d’état doit également être adressée à l’autre époux, à peine
de nullité.
code civil). Le jugement de séparation de corps produit ses effets du jour où il devient
définitif. Il n’est opposable aux tiers que du jour de la transcription prévue à l’article 287
du présent code, à moins qu’il soit établi que ceux-ci en ont eu connaissance auparavant.
Il remonte, quant à ses effets entre époux en ce qui touche leurs biens, au jour de la
83
Cass, civ 2ème 5 Mars 1997 JCP 1997 II 22853, note Th. Garé.
83
Les dispositions des articles 291, 292, 293 et 294 code civil sont applicables à la
séparation de corps.
pas nécessairement définitive. Elle peut se convertir en divorce ; la conversion est de droit
lorsque la séparation a duré 2 ans en droit français et 3 ans en droit gabonais à compter
Elle peut cesser aussi par la réconciliation des époux, ce qui redonne vie au lien
conjugal. Aux termes de l’article 303 code civil la reprise volontaire de la vie commune fait
cesser les effets du jugement de séparation de corps. L’accord de volonté des époux en
vue de reprendre la vie commune suffit. La réconciliation unilatérale est exclue. La preuve
de la réconciliation peut se faire par écrit ou par témoin (267 code civil).
La séparation de fait n’est pas une institution bien que plus courante. La loi y fait
référence seulement dans l’article 238 du code civil français. Elle sera étudiée à travers sa
Paragraphe 1. Définition
A. L’élément intentionnel
Il s’agit de l’intention des époux de ne plus vivre ensemble pendant une période
plus ou moins longue. Faute d’intention, il n’y a pas de séparation de fait. Il en est ainsi en
travail ou encore la force majeure (lorsque l’un des époux est prisonnier ou si le couple est
84
séparé pour cause de guerre). Ici, bien qu’il n’y ait pas cohabitation, d’une certaine manière,
même toit les époux n’ont plus même lit, même table, même chambre, ni sentiments
n’y a pas de séparation de fait même s’il n’y a plus communauté de vie entre les époux.
o Elle est peut exister à la suite d’un accord ou d’une convention entre les époux. On
parle alors de séparation de fait amiable. C’est le cas des couples en discorde ayant
des intérêts communs à régler ou préserver et qui ne veulent pas étaler leurs
o Ce peut être également le cas d’un couple en crise qui espère que la crise n’est que
passagère.
85
TITRE 2. Le couple hors mariage
Le couple hors mariage existe dans les faits et en droit dans l’ordre juridique
gabonais. Le législateur gabonais a consacré cette forme de vie sociale à travers l’union
libre qui caractérisé par l’absence de véritable statut (Chapitre 1er ). En France en revanche,
depuis la loi du 15 Novembre 1999 le couple hors mariage existe sous deux formes. Le
concubinage défini à l’article 515-8 Civ et et le pacte civil de solidarité des articles 515 et
de fait hors la loi qui recouvrait une pluralité de situation de faits. Néanmoins, le droit
prenait en compte la situation du concubinage. Il en était ainsi pour le droit civil à travers
la filiation naturelle hors mariage, la responsabilité civile. Le droit social, administratif, fiscal
faisait aussi produire des effets au concubinage. Bref, il existait autant de conception du
En droit gabonais, l’union libre est entendue comme une union hors mariage
présentant une certaine durée et une certaine stabilité. C’est l’union de fait d’un homme
ou d’une femme vivant maritalement. Selon l’article 377 du Code civil, le concubinage se
définit comme : « L’union libre est le fait, pour un homme et une femme, de vivre ensemble
dans la même maison comme mari et femme, sans avoir contracté mariage l’un avec
l’autre. » 84. D’après la loi, l’union libre exige la réunion d’un certain nombre de conditions
84
Comparer. Selon le Code civil français, le concubinage est « une union de fait, caractérisée par une vie commune
présentant un caractère de stabilité ou de continuité, entre deux personnes, de sexe différent ou de même sexe, qui
vivent en couple ».
86
Section 1. Les conditions de l’union libre
L’union libre est établie entre des personnes majeures. Selon les dispositions de
l’article 377, l’union libre suppose une vie maritale (paragraphe 1). Cependant, le couple
ainsi formé ne doit pas être marié (paragraphe 2). Elle est prouvée par la possession d’état.
Elle doit être distinguées de la liaison irrégulière qui consiste pour un homme d’entretenir
des relations sexuelles sans vivre dans la même maison (Article 388 Code civil). La liaison
irrégulière ne produit aucun effet juridique entre ceux qui y sont engagés, sauf stipulation
La vie maritale postulée par l’article 377 suppose le fait d’un homme et d’une
femme (A). La différence de sexe est donc une exigence en lien avec l’existence de relations
sexuelles (B), une communauté de vie (C) et des relations stables (D).
sur la question en passant du refus (1) à une reconnaissance progressive (2) du concubinage
homosexuel.
Le refus était à la fois législatif et jurisprudentiel. En effet, sur le premier point, la loi
vivant maritalement avec un assuré social ne s’appliquait pas aux concubins homosexuels.
Selon l’esprit de ce texte, des concubins de même sexe ne peuvent vivre maritalement.
Par plusieurs fois, la jurisprudence française avait refusé de reconnaître une valeur
87
sexe, les mêmes avantages découlant d’un contrat de travail qu’à un conjoint non marié 85
malgré la loi du 27 Janvier 1993 et son décret d’application du 27 Mars 1993, qui accordent
des effets de droit à l’assuré social ayant à la charge effective, totale et permanente, toute
personne qui vit sous son toit depuis 12 mois. En effet, la cour de cassation a clairement
dit en 1997 que « le concubinage ne résulter que d’une relation stable et continue ayant
l’apparence du mariage donc, entre un homme et une femme » 86. Depuis la position
française a évolué.
La loi du 27 Janvier 1993 a reconnu la qualité d’ayant droit à toute personne vivant
à la charge effective, totale et permanente d’un assuré social. Cette loi fait bénéficier à la
personne en charge des droits à la condition de vivre sous le toit de l’assuré depuis au
moins 12 Mois et qu’elle produise une attestation sur l’honneur cosignée par l’assuré. Ce
texte ne faisant aucune référence à un quelconque lien, liant l’assuré à la personne qui vit
avec lui (art L. 161-14 et R. 161-8-1 Css), les auteurs ont estimé qu’il est donc applicable
du code civil qui parle de « vie comme mari et femme ». Cette exigence est d’une
prépondérant du concubinage.
85
Soc, 11 Juillet 1989 Gaz Pal 1990, 1, p 217, Concl : Dowling-Carter ; JCP 1990 II 21553, note Meunier). Elle
refuse la délivrance d’un certificat de concubinage etc… (CE, 4 Mai 2002, Somm, p 537, note Lemouland ; Dr fam,
2001, N° 68, note Lecuyer : refus de délivrer la carte de couple de la SNCF aux concubins de même sexe).
86
Civ 3è, 17 Décembre 1997 D 1998, Jur, p 111, Concl J-P Weber ; JCP 1998, II, 10093, note Djigo
87
C. Renault-Brahinsky, Droit de la famille, N° 517, p 248.
88
Aujourd’hui, la rigueur de la doctrine est tempérée. Tout comme dans le mariage,
l’existence de relations sexuelles dans l’union libre ne fait pas de doute, seulement, la
preuve de leur absence ne suffit pas pour écarter la qualification d’union libre. C’est donc
dire qu’en l’absence de relations sexuelles, pour juger si la situation peut être qualifiée
d’union libre, il faut recourir à l’examen des volontés des deux personnes. D’ailleurs, ce
n’est plus l’existence de relations sexuelles seule qui prouve l’existence de l’union. Dans
d’autres circonstances, l’union va être basée sur la communauté de vie pour produire
C. La communauté de vie
Les situations d’union libre sont caractérisées par la communauté de vie. Le
législateur intègre cet élément dans sa définition en prévoyant à l’article 377 du code civil
que l’union libre est le fait de « vivre ensemble dans la même maison comme mari et
de vie. En effet, selon l’article 378 du Code civil « L’union libre est prouvée par la possession
d’état.
Un homme et une femme ont la possession d’état de gens vivant en union libre lorsque,
sans être mariés, ils se comportent comme mari et femme et sont considérés par leurs
familles et leurs voisins comme des gens mariés ou vivant à foyer commun ».
défaut de vie commune, l’union libre doit se caractériser par une stabilité et une durée des
relations pour produire des effets.En définitive, il faut comprendre que les relations hors
mariage présentent une grande variété. Elles peuvent être passagères ou permanentes,
secrètes ou publiques, adultérines ou licites. L’important est que ces relations s’inscrivent
89
dans la durée, ce qui laisse présumer aussi sa stabilité. Bref, les relations isolées ne font pas
l’union libre.
Le législateur gabonais a été précis sur ce point. Pour qu’il y ait union libre, il ne faut
pas que l’homme et la femme soient dans les liens du mariage. Il faut comprendre
l’exclusion qui est ici consacrée. Si les deux partenaires sont mariés, ils seront soumis au
régime du mariage.
Il faut, du reste avoir une lecture extensive de cette disposition, car des personnes
déjà engagées, par ailleurs dans une relation maritale ne peuvent développer
Les effets de l’union libre ne sont effectifs que si l’union a duré au moins deux années
consécutives, et si ceux qui y sont engagés ne sont pas mariés à d’autres personnes. La
durée est abolie si l’homme ou sa famille s’est présentée aux parents de la femme pour
leur demander d’établir avec celle-ci une union libre (379, al. 2). Nous étudierons donc
deux points, l’un relatif aux effets pendant la vie commune (paragraphe 1) et l’autre à la
Tout comme dans le mariage, l’union libre fait naître des relations à la fois
pécuniaires.
90
Dans leurs rapports personnels, les partenaires ne sont soumis à aucune règle. Le
réciproques (Art. 380 al, 1er). A priori, il est permis de penser que le devoir de fidélité, par
demander sur le fondement des articles 1382 et 1383 Code civil français à la condition de
prouver la faute or l’infidélité entre concubins n’est pas une faute pas plus que l’abandon.
Sur ce plan, l’union libre, en principe ne produit aucun effet de droit. Pas d’obligation
régime matrimonial alors que la vie commune entraîne nécessairement une certaine
confusion des ressources, des biens et des dettes. Cependant, lorsque les personnes sont
engagées dans l’union depuis plus de deux ans, elles se doivent, aux termes de l’article
380 alinéa 2 « assistance mutuelle en cas de maladie non contractée par l’ivresse, l’usage
des stupéfiants ou l’inconduite notoire du conjoint malade ». Cette assistance ne peut être
réclamée si l’union a cessé avant le début de la maladie de l’homme onde la femme (Article
l’article 381, alinéa 1er, il n’en demeure pas moins que s’il y a eu acte de donation de la part
du défunt, le survivant ne peut prétendre à rien d’autre sur des biens du de cujus (art. 381,
alinéa 2). Autrement dit, la donation est acquise au survivant. S’il n’y a pas eu donation, le
survivant qui serait dans l’impossibilité de subsister par ses propres moyens, pourra
l’union. Durant la vie commune, chacun acquiert pour lui. Les biens acquis en commun sont
réputés indivis sauf stipulation particulière dans l’acte d’acquisition. Sont également
réputés indivis, les biens acquis durant l’union et dont on ne peut prouver appartenir à l’un
ou à l’autre.
91
Par ailleurs, il n’existe pas entre les personnes engagées dans une union libre de
solidarité à la dette de ménage (art. 384 Code civil). Le principe est chacun pour soi. Les
personnelles à chacun. C’est dire que les dettes contractées par les personnes engagées
dans une union libre, fût-ce pour l’entretien du ménage et l’éducation des enfants
n’engagent pas l’autre 88. Enfin, concernant le logement du couple, il n’existe pas de règles
Il faut ajouter que l’union libre ne crée aucun lien d’alliance entre l’homme et les
dispositions relatives aux empêchements à mariage entre alliés sont applicables dans le cas
Lorsque des enfants naissent d’un homme et d’une femme engagés dans une union
libre sont légitimes s’ils sont légalement reconnus. Leur filiation est établie conformément
aux règles prescrites au titre « De la filiation » dans le code civil (Article 386 et 387 Code
civil).
En l’absence de règles spécifiques, les personnes engagées dans une union libre
règlent directement entre eux les conséquences de leur rupture. La rupture a des aspects
l’union libre ne créant aucun lien de droit, il n’y a donc pas de lien à dissoudre. Selon
l’article 382 du code civil « Toute personne engagée dans une union libre peut, en tout
88
Civ 1ère, 2 Mai 2001, JCP 2002 II 10009, note : R. Cabrillac.
92
C’est ainsi que le départ d’une personne engagée dans une union libre ne peut être
considéré comme une faute. Chacun d’eux peut mettre fin unilatéralement à la vie
commune. C’est donc le principe de la liberté de rupture qui prévaut dans l’union libre.
abandonnés. La faute serait alors donc soit dans les circonstances de la rupture, soit dans
mise à la charge d’un concubin qui a pris certains engagements vis-à-vis de son ex-
concubin. Cette obligation civile résulte d’une obligation naturelle transformée par le jeu
couple, s’était engagé vis-à-vis compagne avec laquelle il a eu deux enfants, à lui permettre
d’occuper un immeuble sa vie durant ainsi qu’au paiement d’une pension alimentaire, puis
s’était rétracté. La cour de cassation reproche à la cour d’appel de n’avoir pas recherché
conscience et n’avait pas transformé une obligation naturelle en obligation civile » 90.
quelle que soit la cause de la dissolution, celle-ci soulève le problème de la liquidation des
intérêts patrimoniaux (1). En plus, lorsque l’union libre a pris fin suite au décès des
concubins, cela soulève la question des éventuels droits du concubin survivant (2).
89
Civ 1ère, 23 Novembre 1977, Gaz Pal 1978 2 p 345, note Massip ; Civ 1ère, 7 Avril 1998, Dr Famille 1998, n° 81,
note Lécuyer.
90
Civ 1ère, 17 Novembre 1999, JCP 2001 II 10458, note Chassagnard ; Dr famille n° 19, obs : Lécuyer ; Civ 1ère, 11
Janvier 1984, Gaz Pal 1985 2 p 133, note J M.
93
1. La liquidation des intérêts des concubins
règlent les conséquences de l’indivision qui a pu exister quant aux biens des partenaires.
Hormis ce cas, ils peuvent aussi soulever dans certains cas la question de l’existence d’une
Sur la question de l’existence de société de fait, on peut faire observer que la vie
quotidienne des partenaires peut entraîner une confusion des patrimoines de chacun des
concubins.
La jurisprudence française a reconnu l’existence d’une société de fait qui est liquidée
lors de la dissolution selon les règles du droit des sociétés, permettant ainsi à chacun des
« créée » de fait ou la « société de fait » n’est pas seulement l’existence d’un ménage
commun entre concubins, ni même une cohabitation prolongée mais, les éléments
constitutifs d’une société qui doivent être présents, à savoir, l’intention de s’associer,
Sur la question de l’enrichissement sans cause, celui-ci ne peut être invoqué par un
concubin qui a travaillé dans le commerce de l’autre sans que cette activité soit rémunérée.
Aux termes de l’article 383 : « L’homme ou la femme qui, au cours de l’union libre, a
travaillé pour l’autre sans être rémunéré peut, en cas de cessation de l’union, demander au
tribunal de condamner son ex-concubin à lui payer une indemnité destinée à récompenser
les services ainsi rendus. Cette indemnité ne peut être accordée lorsque le travail fourni a
suppose que l’un des compagnons a travaillé sous la subordination de l’autre et ne peut
apporter la preuve de l’enrichissement sans cause. Au surplus, le travail fourni ne doit pas
94
2. Les droits du partenaire survivant
En droit comparé, le décès accidentel d’un concubin peut ouvrir droit, selon la
droit à réparation est également reconnu à la fois à la concubine et à l’épouse 92. Ce droit
n’est pas exclu dans le cadre d’un concubinage adultérin puisque l’adultère n’est plus un
délit pénal, mais, à la condition tout de même que le concubinage présente un caractère
stable 93. Dans tous les cas, le dommage réparable peut être matériel ou moral.
Le concubin survivant peut être assimilé au veuf ou même en cas d’abandon de domicile,
la loi peut lui faire bénéficier de certains avantages. Il en est ainsi en matière de contrat de
bail lorsqu’une communauté de vie a existé entre les concubins notoires pendant l’année
qui a précédé le décès. Par contre, est exclu le droit au maintien dans les lieux du concubin
91
Cass, Ch mixte, 27 Janvier 1970, D 1970, Jur p 201, note Combaldieu ; JCP 1970 II 16305.
92
Riom, 9 Novembre 1979, JCP 1979, II, 19107, note G. Almairac.
93
Crim, 8 Janvier 1985, JCP 1986, II, 20588, note Endréo.
95
Chapitre deuxième. Le Pacte Civil de Solidarité
dispositions qui sont venues préciser son texte (Décision N° 99-419 DC sur la loi relative au
Pacs, JO du 16 Novembre 1999, p 16962). Par ailleurs, la loi du 23 Juin 2006 relative à la
dans le sens de simplification du statut. L’article 515-1 civ définit le Pacs comme « un
contrat conclu par deux personnes physiques majeures, de sexe différent ou de même
Bien que figurant dans le livre consacré aux personnes, le Pacs est bien un contrat,
mais un contrat particulier conclu par deux personnes « en vue d’organiser leur vie
commune ». En conséquence, le Pacs est régi par le droit commun des contrats et quelques
règles propres. Mais, la loi relative au Pacs ne modifie en rien l’état des personnes. En effet,
le Pacs n’apporte aucune modification dans les dispositions relatives à l’état civil, la filiation,
l’autorité parentale, droit des mineurs, successions et même celles relatives au code de la
santé publique issue de la loi n° 94-654 du 29 Juillet 1994 réservant aux seuls couples
du Pacs (section 1), les effets (section 2) et la dissolution du Pacs (section 3).
Étant un contrat, le Pacs, à l’instar du mariage est soumis à des conditions de fond
D’abord le Pacs selon l’article 515-1 du code civil français est un contrat ; c’est donc
normalement qu’il est soumis aux règles de contrat. Mais, le Pacs intéresse aussi l’état des
96
A. La capacité
Le Pacs ne peut être conclu que par deux personnes physiques majeures. L’article
506-1 du code civil français exclut du Pacs une personne en tutelle. Rien n’est prévu pour
les personnes en curatelle mais, on estime, après interprétation des articles 510 et 514 du
code civil français que le Pacs est un contrat que ne peut conclure aussi une personne sous
curatelle. Le Pacs, semble-t-il, est ouvert au majeur sous sauvegarde de justice, encore faut-
il que sa volonté soit saine et exempte de vice. Par ailleurs, la Pacs est interdit, selon l’article
o entre ascendant et descendant en ligne directe, entre deux alliés en ligne directe ou
o entre deux personnes dont l’une est mariée ou est déjà liée par un Pacs.
L’inobservation de cette condition est sanctionnée par la nullité absolue fondée sur
mariage.
B. Le consentement
Les règles applicables au Pacs sont celles du droit commun des contrats et celles du
mariage. Le consentement est donc exigé et il doit exister et être exempt de vice tel l’erreur
(je croyais me pacser avec une personne de mon sexe, mais mon partenaire se révèle être
un transsexuel qui avait obtenu son changement de sexe à l’état civil) ; la violence et le dol
que l’erreur, le dol et la violence seraient sanctionnés par la nullité relative. Par ailleurs, il
n’y a pas de confirmation en Pacs en cas de cohabitation prolongée comme ce peut être
C. L’objet et la cause
97
Régi en principe par le droit commun des obligations, le Pacs doit avoir un objet et
une cause.
Concernant l’objet, il est admis qu’il doit être licite, conforme à l’ordre public.
Seraient donc non écrites, les clauses du contrat par lesquelles les parties chercheraient à
se soustraire aux règles impératives édictées par la loi (telles que l’obligation d’entraide
mutuelle et matérielle, solidarité pour les dettes de la vie courante) ou encore les règles
qui limiteraient leur liberté par la création d’une obligation de fidélité ou modifiant les
A. La rédaction du contrat
Le contrat relatif au Pacs doit être un écrit dont la production en double exemplaire
est faite au greffe. Mais, aucune forme particulière d’écrit n’est exigée. Ainsi, admet-on que
ce peut être un acte sous seings privés ou préparé sous les auspices d’un professionnel de
droit.
Par contre, l’acte notarié, même en brevet est exclu pour des raisons techniques
propres au notariat (exemple : les originaux ne quittent pas l’étude, et l’acte en brevet n’est
B. La déclaration au greffe
Selon l’article 515-3 al 1er du code civil français, les partenaires ayant conclu un Pacs
duquel ils fixent leur résidence commune. Les partenaires doivent se présenter en
personne ; mais en cas de convention modificative, la déclaration peut être faite par
courrier.
98
Les partenaires doivent fournir, à peine d’irrecevabilité (art. 515-3, al 2 du code civil
C. L’enregistrement du Pacs
inscrit la déclaration conjointe des deux partenaires sur un registre spécial prévu à cet effet.
d’irrecevabilité.
conventionnelles qui lient les partenaires, sous réserve du respect de l’ordre public et des
bonnes mœurs. Les autres sont déterminés par la loi. Mais, fondamentalement, on a, à un
Dans le Pacs, il n’y a ni lien de famille, ni lien d’alliance. Bref, il n’y a aucun lien de
nature juridique entre chacun des partenaires et la famille de l’autre. Par ailleurs, le Pacs ne
l’article 515-4 du code civil français est avant tout d’ordre patrimonial.
Le Pacs produit très peu d’effets personnels entre les partenaires ou du moins, ces
effets sont discrets. Néanmoins, on ne peut exclure l’obligation du respect mutuel entre les
partenaires.
99
Paragraphe 2. Les effets patrimoniaux
découlent directement de la loi. Le Pacs crée ainsi une solidarité entre les partenaires pour
les charges de la vie courante mais aussi une vocation au partage des biens acquis pendant
la vie commune. Enfin, le Pacs procure divers avantages en droit civil, social ou fiscal.
(Paragraphe 1) mais, rien n’est dit sur les conséquences de la dissolution (Paragraphe 2).
Le Pacs peut prendre fin par consentement mutuel des partenaires, par volonté
o Les partenaires peuvent décider de mettre fin de commun accord au Pacs par une
déclaration conjointe écrite : art 515-7 al 1er du code civil français. Aucune forme
particulière n’est exigée par contre. La déclaration est soumise aux conditions de
inscription sur le registre prévu à cet effet en prenant soin de faire mention de la
o Le Pacs peut aussi prendre fin par volonté unilatérale d’un des partenaires. La
rupture unilatérale peut avoir lieu à tout moment, sauf motif et sans sanction autre
unilatérale est signifiée par exploit d’huissier. La déclaration de rupture est soumise
aux conditions de fond des actes juridiques. La rupture unilatérale prend effet trois
mois après la signification faite par voie d’huissier. Le greffe du tribunal reçoit l’acte
100
o Le mariage met fin automatiquement au Pacs et la dissolution intervient à la date du
o Enfin, la mort d’un partenaire met fin naturellement au Pacs à la date du décès : art
nécessaires.
Avec la dissolution du Pacs, les effets de celui-ci prennent fin : solidarité, obligation
les intérêts communs et, si possible, à obtenir réparation des préjudices subis.
101