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VU

- La convention internationale des droits de l'enfant ;


- Le code civil ;
- Le code de justice administrative ;

Je demande au tribunal :
- De suspendre cette décision de refus de visa opposé à mon fils et notifiée le 1 er Mars 2023
ce du ministère de l’intérieur
- D’enjoindre le ministère de l’intérieur de procéder à une instruction du dossier de mon fils
avec une décision sous un délai de 10 jours en s’appuyant sur tous les éléments et pièces
justificatives que j’apporte à ce référé afin de permettre à mes deux enfants de voyager
ensemble.

Rappel des faits :

- Le 26/07/2022 j’ai obtenu une attestation de décision favorable pour ma demande de titre de séjour
mention passeport talent salarié qualifié suivi 12/08/2022, par une récupération de mon titre de
séjour

- Le 09 septembre 2022, soit 4 semaines après, j’ai déposé une demande de visa pour mes deux
enfants les nommés DJAPA Scholastique Danielle Océane et NGOCK DIME DIMONO Christ
Osiris âgé respectivement de 6 et 4 ans qui Après plusieurs relances que j’ai effectuées auprès des
services consulaires m’a fait un retour par mail Le 02/02/2023, m’informant que l’instruction du
dossier de mes enfants est à présent terminée et qu’Océane a eu le visa cependant mon fils Osiris a
eu un rejet.

- Ne comprenant pas le motif de rejet car les dossiers de mes enfants étaient identiques à la seule
différence des actes d’états civils et le père d’Océane vivant au Cameroun m’avait fourni un acte
notarié me transférant les droits de tutelle sur l’enfant à la différence du père d’Osiris qui vit en
France ici présent m’avait fourni uniquement un document légalisé auprès de la mairie me
transférant les mêmes droits.
- Je tiens à souligner qu’au départ je pensais que c’était ce document qui faisait défaut au dossier de
mon fils, toute fois une personne m’a conseillée de vérifier également les actes d’états civils et après
vérification auprès de la mairie, elle m’a informé que l’acte de mon fils n’avait pas de souche.
Grande était ma surprise car à l’époque, le père de l’enfant et moi-même avions confié la rédaction
de l’acte de l’enfant auprès d’un officier d’état Civil mais qui sans doute ne l’a pas fait
correctement.

- J’ai donc récupéré l’attestation de non-existence de souche et j’ai déposé une demande de jugement
supplétif auprès du tribunal de grande instance de Yaoundé qui a été jugé favorablement le 23
février 2023.

- Le 09/03/2023 j’ai déposé un recours auprès de la CRRV et un référé suspension auprès du tribunal
de grande instance au regard du caractère urgent de la situation et du toute sérieux quant à la légalité
de la décision.

- Par réplique enregistré le 04 avril 2023, le ministère de l’intérieur demande au tribunal de rejeter ma


demande d’annulation du refus de visa opposé à mon fils NGOCK DIME DIMONO Christ Osiris.
A l’appui de sa réplique, le ministère de l’intérieur et des outres mers questionne l’absence des
éléments justifiant une possession d’état, le lien de filiation ainsi que la situation d’urgence.

DISCUSSION JURIDIQUE :
1) Concernant le lien de filiation que j’ai démontré par le jugement supplétif qui a été jugé
favorable en date du 23 Février 2023 (pièce N°13 de la requête) et expliquant que l’acte de
naissance était en cours d’établissement par l’officier d’état civil, le ministère de l’intérieur
considère que ce jugement supplétif ne peut se substituer de l’acte d’état civil.

A ça, je répondrai que :

Le Tribunal judiciaire de Toulouse a déclaré lors d’un procès pour légitimité d’un Jugement supplétif d’acte
de naissance (Minute N°21/395) du 05 Juillet 2021 que <<Le tribunal est compétent pour constituer l’acte
d’état civil manquant par jugement déclaratif de naissance >>.
Le jugement supplétif est en effet une décision du tribunal visant à suppléer l’absence d’un acte d’état civil.
Il donne ordre à l’officier d’état civil de procéder à l’établissement de l’acte de naissance.
Ce jugement supplétif qui a été prononcé par le tribunal me reconnait jusqu’à preuve de contraire en la
qualité de mère de l’enfant du nommé NGOCK DIME DIMONO Christ Osiris et l’acte d’état civil en cours
d’établissement par l’officier d’état civil qui dont je disposerai le 06 avril 2023 portera le même numéro que
ce jugement supplétif à cet effet, ces deux documents administratifs sont donc indissociables.
De plus, sur l’impossibilité d’obtenir un acte d’état civil, l’article 46 du code civil autorise non seulement la
preuve tant par titre que par témoins.

Sur ces fondements l’argument du ministère de l’Intérieur stipulant que le jugement supplétif ne peut se
substituer de l’acte d’état civil et ou ne représente pas une preuve devrait être écarté sauf dans le cas où le
ministère de l’intérieur remettrait en cause les compétences du Tribunal de Grande Instance ce qui ne relève
pas dans le cas express de ses attributs.

D’autant plus que le conseil d’état considère je cite «il n'appartient pas aux autorités administratives
françaises de mettre en doute le bien-fondé d'une décision rendue par une autorité juridictionnelle étrangère,
hormis le cas où le document aurait un caractère frauduleux » (CE, 20 novembre 2009, n° 332369).
Concernant l’authenticité du jugement supplétif produit, Le ministère de l’intérieur a admis que les
autorités consulaires n’ont pas pu procéder à l’examen de l’authenticité du jugement supplétif sans donner
de raisons valables à ce manquement ce qui relève tout simplement d’une mauvaise foi car ce jugement
supplétif a été déposé en pièce complémentaire le 28 mars 2023 soit 6 jours ouvrés avant la date de
l’audience, à cet effet, le ministère de l’intérieur disposait du temps pour faire les vérifications nécessaires
du dit jugement. C’est ainsi qu’il appartenait au ministère de l’intérieur de renverser la présomption
d’authenticité qui pèse sur ce jugement supplétif pendant ce temps en rapportant, le cas échéant, la preuve
du caractère irrégulier, falsifié ou non conforme du jugement en question lors de la préparation de
l’audience.
Ainsi, le jugement supplétif produit et établi au Cameroun ayant force exécutoire doit être présumés
authentiques, A charge du ministère de l’intérieur d’en démontrer le contraire. Or, il ne ressort pas des
éléments communiqués que des arguments étayés en ce sens ont été présentés.
Sur ces fondements, le moyen utilisé par le du ministère de l’intérieur pour justifier de l’extinction de
son obligation est non fondé.

2) Les éléments de possession d’état.


Dans le silence des textes réglementaires du CESEDA sur la nature des justificatifs à produire, les
administrations doivent permettre aux demandeurs de prouver leur état civil par tous moyens. Ceux-ci sont
les mots du ministère de l’Intérieur <<lui-même>>, résultant d’une jurisprudence constante rappelée
dans le courrier du 11 décembre 2019 je cite : « Vous indiquez que la preuve de sa nationalité et de son
état civil, par un étranger qui sollicite la délivrance d’un titre de séjour, peut être apportée par
d’autres moyens que la production d’un passeport en cours de validité. Je vous confirme que cette
analyse est partagée par le ministère de l’Intérieur, l’article R. 311-2-2 du CESEDA ne comportant
pas de liste de documents exigibles du demandeur pour prouver l’état civil du demandeur lequel peut
donc être apportée par tous moyens>>
Sur ces fondements l’argument du ministère de l’intérieur stipulant que les quelques échanges avec les
interlocuteurs pour la plus part inconnue ne permettent en rien de justifier d’une possession d’état vient
contredire ses allégations ainsi suscité et doivent être rejeté d’autant plus que, ces échanges ont été capturés
depuis mon téléphone portable et il en ressort clairement les dates des échanges qui ont eu lieu pour la plus
part en début d’année 2022 lorsque je n’étais alors qu’une étudiante et que je n’avais pas idée que
j’obtiendrai un travail qui me donnerai droit d’effectuer un changement de statut d’étudiant à salarié
qualifié bénéficiaire d’un passeport talent. (Pièce de la requête n°10).
De plus, j’ai apporté la preuve d’avoir effectué un suivi gynécologique pendant toute la durée de ma
grossesse qui est une attestation du Dr Stéphane KAYAWA médecin gynécologue enregistré sous le numéro
7418 à l’ordre des médecins du Cameroun. (Pièce N°15). 

Enfin, lorsque le ministère de l’intérieur affirme que :

Il n’a pas fait un examen de fond sur la situation en affirmant de telles allégations signifiant que je résidais
régulièrement au Maroc ce qui est faux car que je suis entrée à Casablanca le 16 octobre 2019 avec un Visa
étudiant obtenu le 07 octobre 2019 par les autorités consulaires du Maroc au Cameroun (pièce jointe N°2)
soit lorsque mon fils était âgé de presqu’un an.
Il est donc évident au regard de ces pièces complémentaires que sont la copie de mon passeport avec le visa
d’entrée au Maroc et le cachet mentionnant la date d’entrée au Maroc (pièce jointe N°2), le récépissé de
mon premier titre de séjour obtenu au Maroc je n’étais pas au Maroc lorsque l’enfant est né ni pendant sa
première année et je pourrais le prouver si le juge me le permet via la clé USB que je détiens ici qui contient
de dizaines de vidéos de ma famille ( mon fils, ma fille et le père d’Osiris ) que j’étais bien au Cameroun.

J’ai également fourni des photos d’Osiris étant bébé et moi-même (pièce N°14 de la requête).
Sur ce fondement, les arguments du ministère de l’intérieur suscités étant dépourvu de vérité et les preuves
apporter à l’appui de cette requête le démontre très clairement.
A cet effet, nous demandons le rejet de ces arguments.

3) Légitimité de la condition d’urgence

Aux termes de l’article L. 521-1 du code de justice administrative : « Quand une décision administrative,
même de rejet, fait l’objet d’une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés, saisi d’une
demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l’exécution de cette décision, ou de certains de ses
effets, lorsque l’urgence le justifie et qu’il est fait état d’un moyen propre à créer, en l’état de l’instruction,
un doute sérieux quant à la légalité de la décision.
Le cas échéant, l’urgence est respectée lorsqu’elle constitue une entrave aux droits de l’enfant protégé par
l’article 3 de la convention relative aux droits de l’enfant stipulant que <<Dans toutes les décisions qui
concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection
sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur
de l'enfant doit être une considération primordiale>>.
En effet, cet enfant restera éloigné de sa famille et même de sa sœur avec qui il vivait tous les jours et se
retrouvera en compagnie de ma mère la nommée NGO BILONG qui avait été diagnostiqué une
hypertension depuis 2020 n’a plus de force de bien veiller sur l’enfant ou de l’accompagner
quotidiennement dans son éducation. (Pièce N°16 et 17 de la requête).
De plus le ministère de l’intérieur n’a pas pu établir au regard de cet élément que l’enfant ne bénéficierai pas
des conditions nécessaires pour assurer son éducation, sa protection et sa santé.
Je dispose des ressources financières nécessaires pour continuer de prendre soin de mes enfants, il est inscrit
depuis septembre 2022 à l’école maternelle de la citadelle à chalon sur Saône (pièce N°6, 7 et 8 de la
requête).
Il a été enregistré au même titre que sa sœur dans la mutuelle dont je bénéficie par le biais de l’entreprise
ALSTOM dans laquelle je travaille afin de pourvoir aux soins de santé de l’enfant si besoin. (Pièce jointe
N°4).
Pour finir, L’article 1353 du code civil stipule que << Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit
la prouver. Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a
produit l'extinction de son obligation>>.

Sur ces fondements, j’ai apporté la preuve :


- Par le biais du jugement supplétif (pièce N°13) qui été jugé favorable donnant ordre à l’officier
d’état civil d’établir l’acte de naissance à mon fils NGOCK DIME DIMONO Christ Osiris me
reconnaissant ainsi en ma qualité de mère de l’enfant.
- Que j’ai vécu avec mon fils la première année de sa naissance au travers des photos (pièce N°14) et
des vidéos via la clé USB ;
- Que j’ai porté dans mon ventre NGOCK DIME DIMONO Christ Osiris au travers de l’attestation de
suivi de grossesse du Dr KAYAWA Stéphane (pièce N°15)
- Que j’ai vécu avec mon fils la première année de sa naissance et donc que je n’ai voyagé au Maroc
qu’à partir de 2019 au travers de la copie de mon passeport avec les visas et cachet d’entrée, ainsi
que le récépissé de mon premier de titre de séjour marocain.
- Que j’échange régulièrement avec l’enfant ce qui constitue la preuve par tous moyens de mon lien
de filiation avec l’enfant jusqu’à preuve de contraire.

A contrario :

- Le ministère de l’intérieur n’a pas apporté la preuve suivant ses allégations que : Le jugement
supplétif serait dépourvu de force probante en admettant manifestement ne pas avoir vérifié
l’authenticité de ce document sans raison valable dû à ce manquement alors qu’il en va de sa
responsabilité ce qui constitue une erreur manifeste de ses obligations conformément à L'article 1er
du décret n° 2015-1740 du 24 décembre 2015 qui prévoit qu’en cas de doute sur l'authenticité
ou l'exactitude d'un acte d'état civil, l'autorité administrative peut procéder ou faire procéder aux
vérifications utiles auprès de l'autorité étrangère compétente.

- Le ministère de l’intérieur a rejeté les échanges avec les interlocuteurs qu’il dit <<inconnus>> en ce
qu’ils ne constitueraient pas selon lui un élément de possession d’état alors qu’a lui-même partagé
l’avis de l’article R. 311-2-2 du CESEDA stipulant que ne comportant pas de liste de documents
exigibles pour prouver l’état civil du demandeur il peut donc être apportée par tous moyens.
Sur les fondements suscités, le lien de filiation entre NGOCK DIME DIMONO Christ Osiris est ainsi
probant et force est de constater que les arguments du ministère de l’intérieur pour en démontrer le contraire
sont non seulement infondées mais également dépourvus d’examen de fond.

Ayant rempli mes obligations suivant L’article 1353 du code civil, il en va de la responsabilité du ministère
de l’intérieur de justifier de l’extinction de ses obligations en prouvant que tous les éléments de preuve que
j’ai ainsi apportés sont faux ou ne justifie pas un doute sérieux quant à la légalité de sa décision de refus de
visa opposé à mon fils pour raisons de lien de filiation et d’urgence.

Je demanderai à cet effet au juge de statuer en prenant en compte l’intérêt supérieur de l’enfant et ainsi les
preuves apportées par les différents partis
Car :

- Lorsque le ministère stipule que le sujet n’est pas en l’état urgent et ne nécessite pas l’intervention
du juge des référés alors qu’Il en va de l’épanouissement, de l’éducation, de la santé et de la sécurité
d’un enfant de 4 ans, qui est en l’état extrêmement important il méconnait l’article 3 de la
convention relative aux droits de l’enfant.
- Lorsque le ministère de l’intérieur manque à ses obligations de vérifier l’authenticité du jugement
supplétif pour établir le lien de filiation entre Osiris et moi par ce document administratif ayant
force exécutoire alors que disposait de 6 jours ouvrés pour le faire, il méconnait L'article 1er du
décret n° 2015-1740 du 24 décembre 2015
- Lorsque le ministère affirme que je ne vivais pas avec mon fils pendant son année de naissance car
je suis allée au Maroc et je me suis vue délivrée un titre de séjour sans toutefois vérifier ma date
d’entrée au Maroc, il avance des allégations dépourvus de vérité,
- Lorsque Le ministère de l’intérieur réfute les échanges quotidiens que j’ai eu avec les membres de
ma famille alors qu’ils constituent sans doute une preuve par tous moyens, il se contredit et
méconnait l’article R. 311-2-2 du CESEDA,
- Lorsque le ministère ne soutient qu’avec l’appui de seuls éléments que sont mon visa d’entrée en
France et mon titre de séjour ses allégations qui n’ont d’ailleurs aucun rapport avec le lien de
filiation ainsi discuté,

On peut comprendre incontestablement que ce n’est en aucun cas l’intérêt supérieur de l’enfant qui est
priorisé dans sa démarche, qu’aucun élément tangible n’a été apporté pour contester le lien de filiation
entre mon fils et moi et qu’enfin cette requête en référé n’a pas fait l’objet d’un examen de fond par le
ministère.

Telles sont les observations que je souhaite soumettre à l’appréciation du juge des référés du tribunal
Administratif.

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