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Jurisprudence
PAR CES MOTIFS : Les parents d’intention invoquent une discrimination entre
La cour, les demandeurs en annulation qui ont consenti à la recon-
Vu l’article 24 de la loi du 15 juin 1935 sur l’emploi des naissance et doivent prouver un vice de consentement d’une
langues en matière judiciaire, part, et le père biologique qui peut avoir consenti – fut-ce im-
Statuant contradictoirement, plicitement – à la reconnaissance mensongère et est recevable à
Entendu madame Brigitte GOBLET, substitut du procureur agir en annulation sans devoir rapporter la preuve d’un vice de
général, en son avis verbal donné à l’audience du 12 octobre consentement d’autre part. Relevant que le père biologique n’a
2015, nullement consenti à laisser reconnaître l’enfant qu’il ne savait
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Filiation
Le 8 janvier 2014, les appelants ont reçu le test de paternité Le 24 septembre 2015, les appelants interjettent appel de
effectué sur L. par le biais d’un laboratoire anglais. Ce test a cette décision.
confirmé la paternité de J.-M.G. Par un arrêt rendu le 11 avril 2016, la cour, autrement com-
Le 19 février 2014, J.-M.G. assigne C.C. et F.J., devant le tri- posée :
bunal de première instance de Liège en vue d’obtenir l’an- – rappelle l’exercice conjoint de l’autorité parentale.
nulation de la reconnaissance de L. par F.J. intervenue le – précise que L. restera scolarisée à l’école libre de Deigné.
1er août 2012. – fixe jusqu’au 1er juillet 2016 un hébergement principal
Par conclusions déposées le 28 mars 2014, Ca.C. intervient de L. chez F.J. et un hébergement secondaire chez C.C. les
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l’article 330 du Code civil ne viole-t-il pas : 1° les articles 10 L’action du père, de la mère ou de la personne qui a reconnu
et 11 de la Constitution ; 2° l’article 22 de la Constitution l’enfant doit être intentée dans l’année de la découverte du
combiné à l’article 8 de la Convention européenne de sau- fait que la personne qui a reconnu l’enfant n’est pas le père
vegarde des droits de l’homme et/ou 3° l’article 22bis de la ou la mère; celle de la personne qui revendique la filiation
Constitution combiné à l’article 3 de la Convention interna- doit être intentée dans l’année de la découverte qu’elle est le
tionale des droits de l’enfant du 20 novembre 2008 ? ». père ou la mère de l’enfant; (...)
Le tuteur ad hoc conclut à la confirmation du jugement en- §2. Sans préjudice du § 1er, la reconnaissance est mise à
trepris et à ce qu’il soit statué comme de droit quant aux néant s’il est prouvé par toutes voies de droit que l’intéressé
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Filiation
– qu’il est reconnu comme son enfant par la famille et dans consorts C.C.-J.-M.G. les quinze premiers jours de sa vie (du
la société ; 17 septembre 2012 au 2 octobre 2012). J.-M.G. était présent
– que l’autorité publique le considère comme tel. ». aux côtés de C.C. pour l’épauler et s’occuper de L.
La possession d’état doit revêtir certaines qualités pour pro- – le suivi ONE de l’enfant a eu lieu dans les deux milieux
duire ses effets. Elle doit être : de vie de l’enfant.
– continue, ce qui suppose une durée suffisante, appréciée – Ca.C. et F.J. ont permis à C.C. et J.-M.G. de nourrir un lien
en fait et souverainement par le juge dans chaque cas d’es- privilégié avec l’enfant, laquelle est hébergée régulièrement
pèce (Nicole GALLUS, « La filiation », R.P.D.B., Bruylant, par C.C. et J.-M.G. depuis sa naissance jusqu’en décembre
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marginal de l’intérêt de l’enfant, viole l’article 22bis, alinéa Question préjudicielle
4, de la Constitution.
Il ressort de la jurisprudence de la Cour européenne des La question préjudicielle que les intimés demandent à la
droits de l’homme que lorsqu’il s’agit de familles, les autori- cour de poser est irrelevante dès lors que :
tés doivent, dans leur évaluation de la proportionnalité, te- – J.-M.G. n’a pas donné son accord (et n’avait d’ailleurs pas
nir compte de l’intérêt supérieur de l’enfant. A cet égard, la à le donner) pour que C.C. dispose de son corps.
cour européenne souligne qu’il existe actuellement un large – J.-M.G. n’a, à aucun moment, accepté de faire don aux in-
consensus – y compris en droit international – autour de timés d’un enfant dont il serait le père.
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